ANNEXE IX - RAPPORT NATIONAL SUR LE SECTEUR FORESTIER (Cont.)
par
Bardoum N.
et
Ahamat Haggar M.
1.1 Caractéristiques générales
Avec une superficie de 1 284 000 km2, le Tchad s'étend de cancer au 8o degré Nord sur 1 760 km et du Lac Tchad au Soudan (1 100 km), est l'un des pays les plus continentaux du monde et le plus grand des Etats intérieurs d'Afrique. Il est le cinquième pays le plus vaste de l'Afrique. Il est le plus étendu de tous les pays du CILSS. Il est situé entre le 8ème et 24ème degré de latitude Nord et entre le 14ème et 24ème degré de longitude Est. Pays de transition entre les zones saharienne et soudanienne, il est frontalier à 6 pays: au Nord la Libye, à l'Est le Soudan et à l'Ouest le Niger, le Nigéria et le Cameroun et au Sud, la République Centre africaine (RCA).
Administrativement, le territoire national est subdivisé en 14 préfectures et en 52 sous-préfectures.
Superficie totale: 128 400 000 hectares;
Superficie des terres en 1992: 125 920 000 hectares;
Superficie au fond des eaux en 1992: 1,9%;
Ensemble des terres agricoles en pourcentages de la superficie totale en 1993: 38,3%;
Terres irriguées en pourcentages de terres arables en 1993: 0,3%;
Variation en pourcentage des forêts et des terrains boisées entre 1988-1993: -3% soit 0,6% par an (FAO, 1993).
Relief: Le pays se présente comme une vaste plaine s'inclinant du Sud au Nord vers la dépression du Djourab (Nord du Lac). Cette plaine rarement accidentée est entourée au Nord et à l'Est par des massifs montagneux. Le plus haut sommet, l'Emi-kossi, se trouve dans le Tibesti à l'extrême nord et culmine à 3 414 mètres. Ces massifs sont entourés par des vastes plateaux granitiques. Plus au Nord, le long des frontières soudanaises, s'étendent les massifs granitiques du Ouaddaï. A l'Est, l'altitude ne s'élève jamais au delà de 1 450 mètres. A cette demi-ceinture montagneuse, on peut ajouter un massif au Centre, celui de Guera et à l'extrême Ouest, le Mont de Lam.
Réseau Hydrographique: Le réseau hydrographique se concentre dans la moitié sud du pays tels que le Chari (1 200 km) et son affluent le Logone (1 000 km). Les lacs se situent en majeure partie dans la moitié Sud du territoire: Le Lac-Tchad (20 000 km2), les lacs de Tikem, de Léré, ou encore le Lac-Fitri au centre, les Lac Iro et Ounianga où l'on rencontre des cours d'eau temporaires (Ouadis et Enneri).
Contexte climatique: Trois zones climatiques correspondant à trois domaines de végétation se partagent le territoire:
Au Sud du pays, un climat tropical humide où s'étend la vaste zone arborée. Le climat et les sols sont favorables à l'agricultures: pluviométrie comprise entre 600 mm et 1 200 mm;
Au Centre (latitude de Ndjamena à Abéché) s'étend le climat sahélien caractérisé par une courte saison des pluies, domaines de la savane herbacée et de la steppe: pluviométrie comprise entre 300 et 600 mm. Cette zone comprend également la zone soudano- sahélienne intermédiaire entre les deux autres;
Au delà, c'est le climat désertique où les précipitations sont très faibles et irrégulières.
La végétation se réduit à un tapis de graminées qui apparaît juste après les rares pluies, et à quelques palmeraies.
Contexte démographique: La population du Tchad se chiffre à 6,3 millions d'habitants (recensement d'avril 1993) et les densités moyennes sont les suivantes:
zone sahélienne: 0,12 hab/km2;
zone sahélienne: 4,46 hab/km2;
zone soudano-sahélienne: 8,52 hab/km2;
zone soudanienne / 22,4 hab/km2;
moyenne nationale: 4,9 hab/km2.
2. SITUATION ECONOMIQUE ET POLITIQUE ECONOMIQUE
Le contexte de développement économique du pays est contraignant. Le pays est immense, enclavé, les densités de population y sont faibles et les conditions climatiques ne sont pas des plus favorables. L'économie est peu diversifiée, l'économie formelle est de petite taille, et il existe des différences prononcées entre les diverses régions. Près de trente années de guerre civile ont laissée de lourdes séquelles sur l'économie ainsi que les ressources humaines du pays. Cette situation rend plus complexe toute approche de développement car elle doit tenir compte des spécificités locales du pays, ce qui rend la réalisation et la pérennisation des actions souvent plus onéreuse que dans d'autres pays d'Afrique.
Le Tchad demeure un des pays les plus pauvres au monde. Le dernier rapport mondial sur le développement humain des Nations Unies de 1997 classe le Tchad au rang de 164ème sur un total 175 pays. Derrière ce chiffre se cache de réelles situations de détresse humaine marquées, notamment, par des graves et persistants problèmes de sécurité alimentaires et des difficultés d'accès aux services d'éducation et de santé de base.
La forte croissance démographique ne fait qu'accentuer ces tendances et la pauvreté est le problème majeur auquel est confronté le pays.
A titre de résumé, le tableau ci-dessous présente la situation économique et sociale du pays. Selon le recensement de 1993, la population du Tchad est de 6 288 261 environ 6 300 000 habitants.
taux de croissance de la population: 2,4%;
taux d'urbanisation: 21.4%;
espérance de vie: environ 50 ans;
taux de natalité: 41 pour 1 000;
taux de mortalité info-juvénile: 194 pour 1 000;
PIB( Banque mondiale 96 en million $ USA): 1M.$;
PIB/ habitant (Banque mondiale):460$;
revenu moyen / habitant: 180 à 190 $;
salaire minimum garanti: 41$;
taux d'analphabétisme: 85.5%;
taux de scolarisation: 51.1%;
taux de couverture vaccinale: 11%;
pourcentage de la population ayant accès à l'eau potable: 30%.
Depuis 1994, la priorité a été accordée à la démocratisation de la vie politique et à la reconstruction du pays. Ceci a permis le retour progressif à la paix civile, des progrès dans la réhabilitation des infrastructures de base et dans la remise en route des administrations publiques et de l'appareil productif, ainsi que des progrès vers le rétablissement d'une situation macro-économique plus viable.
Le Gouvernement a adopté un programme d'assainissement financier et de réforme économique tout en définissant et mettant en _uvre une nouvelle stratégie de développement à moyen et long terme, en redéfinissant le rôle de l'Etat et le partage des responsabilités avec ses partenaires.
En poursuivant la gestion rigoureuse de l'économie, le taux de croissance en volume du produit intérieur brut (PIB) est particulièrement amélioré. Le PIB mesuré au prix de 1997 se présente de la manière suivante: 195,2 milliards en 1993; 215,3 milliards en 1994; 223,1 milliards en 1995; 229,9 milliards en 1996; et 258,0 milliards en 1997. Le taux de croissance annuelle moyenne sur la période 1993 -1997 est de 7,2%.
Les projections pour l'années 1998 conduisent à une croissance de 7,0% qui serait la résultante de la valeur ajoutée du secteur primaire (+3,1%), du secteur secondaire (+15,7), du secteur tertiaire (+6,9) et d'une augmentation des impôts indirects (+15,6%).
Le maintien de la gestion rigoureuse de l'économie et d'une bonne pluviométrie constituent le support de la hausse.
A titre d'exemple, le secteur primaire a connu une hausse de production en 1997 de 13,8%. Celle-ci résulte d'une hausse de la production agricole de 17,8% et d'une hausse de la production de la viande de 2,7%.
L'élevage représente la deuxième ressource du pays et constitue la principale source de revenus pour 40% de la population. Il contribue pour 17% au PIB et représente 30% exportations du pays. Le cheptel est essentiellement constitué de bovins, ovins et caprins de l'ordre de 4 500 000, 2 150 000 et 3 350 000 de têtes. Le système d'élevage est extensif avec transhumance Nord-Sud. La superficie des pâturages est estimée à 48 000 000 ha.
La troisième composante du secteur primaire basée sur les produits forestiers non-ligneux; notamment la gomme arabique dont la production annuelle se situe entre 500 et 5 000 tonnes destinés aux marchés extérieurs.
Le secteur rural procure emploi et revenu à environ 80% de la population et continue de jouer un rôle central dans le développement économique du Tchad. En effet aucune atténuation de la pauvreté n'est possible sans amélioration des revenus et des indicateurs sociaux de la population rurales.
Au Tchad, le secteur secondaire se charge de transformer certaines matières premières en produits semi-finis. Ce secteur a connu des hausses ces dernières années grâce à la facilité d'ajustement structurel renforcé et a atteint un taux de 15,1% en 1997. Il résulte de la contribution de la production industrielle, des bâtiments et travaux publics, des mines, de l'eau et de l'électricité.
Dès l'accession du Tchad à l'indépendance, les nouvelles autorités jugèrent les différentes interventions économiques "trop faibles et trop éparses pour mettre véritablement en jeu les mécanismes du développement". Pour un développement harmonieux, une planification s'avère très nécessaire.
Résumons les grandes lignes de cette planification: développer la production des cultures d'exploitation; réduire le déficit commercial du Tchad; et créer les bases d'une croissance économique continue.
Pour ce faire, la politique de développement à long terme s'inspire du plan d'orientation décennal, le Tchad à l'horizon 2000. Ce document sert de cadre de base pour la préparation de la Quatrième Conférence de Table Ronde de Genève. Il sera renforcé par la définition d'une stratégie globale de réduction de la pauvreté.
La politique économique du Gouvernement est centrée sur l'amélioration des conditions de vie des populations à travers quatre objectifs dont la restauration et la sauvegarde des équilibres écologiques et des écosystèmes en mettant un accent particulier sur les problèmes environnementaux liés à l'activité humaine.
Dans le cadre de la politique générale de développement socio-économique et consécutivement à la table Ronde de 1998, le Gouvernement a mis en place quatre cellules techniques dont le Cellule Technique du Développement Rural. Cette cellule prend en compte les aspects liés à l'élevage, à l'agriculture et à l'environnement et l'eau. Le secteur de développement a fait l'objet d'une consultation sectorielle en juin 1999. Cette consultation a permis une mise en cohérence des différentes stratégies sectorielles liées au développement rural, y compris celles liées à la mise en _uvre des conventions internationales ratifiées par le Tchad: couche d'ozone, changements climatiques, biodiversité, lutte contre la désertification.
Le Tchad, pays charnière entre l'Afrique noire et l'Afrique blanche renfermant une grande diversité de communauté culturelle généralement regroupée en cinq grands groupes. La multiplicité des populations recouvre une riche diversité culturelle et linguistique. Il est ainsi dénombré 110 langues parlées et pouvant être réduites à cinq groupes linguistiques.
L'Islam, le Christianisme et l'Animisme sont les trois principales religions pratiquées au Tchad. Environ 54% des populations Tchadiennes sont musulmanes. Le christianisme (catholiques et protestants) introduit par les missionnaires au début du siècle est la religion de 35% des Tchadiens majoritairement issus des régions méridionales et d'une partie du centre Nord du Guéra.
2.4 Contexte social du secteur forestier
Plus que tous les pays du Sahel, le Tchad est certainement le pays le plus affecté par le processus de la sécheresse et de la désertification qui se sont installées depuis plusieurs années à cause de la conjonction des autres facteurs défavorables: conditions climatiques de plus en plus rigoureuses, instabilité politique et par voie de conséquence la désorganisation du service forestier.
En outre, les mouvements des populations engendrés par les facteurs sus énumérés ont créé de nouvelle situation de déséquilibre sur les forêts naturelles, voire classées: défrichement anarchique du domaine forestier pour l'implantation des cultures vivrières; coupe abusive des arbres; pratique des feux de brousse; et surexploitation des pâturages.
Toutes ses activités ont conduit ce secteur forestier à connaître une dégradation alarmante d'un taux de dégradation: 0.6 ha par an ( FAO, 1995).
Il est vrai que ce résultat énuméré provient des deux actions: aléas climatiques et l'homme. Mais celle de l'homme serait à plus de 75%. Autrement dit, malgré les efforts déployés par le service forestier dans le cadre de la sensibilisation, la plupart des populations demeurent encore moins conscientisées vis-à-vis du secteur forestier.
Malgré la tendance vers la dégradation, la forêts contribue de façon non négligeable socialement et économiquement au pays.
La forêts fournit presque la totalité la consommation (80%) en bois-énergie. Le bois de service composé diverses espèces (Anogeissus l., Combrtum sp., etc.) est estimé à 400 000 m3. Ce qui représente un poste très important dans l'économie rurale. Pour ce qui est de la contribution sociale des autres produits de la forêts, elle est d'une importance inestimable. La plus grande part revient à la gomme arabique, le karité, la spiruline, les dattes, etc. S'ajoutent à cela, la pharmacopée traditionnelle, les diverses utilisations et pratiques culturelles.
Au Tchad, la terre est considérée comme un patrimoine collectif appartenant à des groupes sociaux (tribus, clans, lignages). Pour le droit islamique, le rôle de la collectivité est primordial: tout homme a le droit de posséder une parcelle et d'en donner une portion à celui qui n'en a pas et de la louer en cas de besoin.
Dans ce système traditionnel, un gestionnaire du patrimoine foncier est désigné en la personne du chef de terre qui a un rôle à la fois social et religieux. En outres, l'accès à la terre est un droit conditionné: simple droit de jouissance, d'un droit de propriété, l'on constate par rapport au droit foncier, deux limites au principe d'accès à la terre: le principe d'inaliénabilité de la terre empêche la transmission du droit de jouissance d'autres personnes, sauf en cas de décès; et une terre peut être transmise d'une génération à une autre.
On note également une inégalité entre les individus dans l'accès de la terre. L'accès à la terre est obtenu en vertu de l'appartenance a un groupe de parenté donné et du principe de la propriété collective de la terre. Ainsi, les personnes appartenant aux clans qui détiennent le contrôle de la terre sont assurées d'accès facile à la terre, et celles appartenant aux clans étrangers ne revendiquent aucune prérogative foncière, mais ont tout de même la capacité juridique d'accès à la terre sous certaines conditions.
Les venus (allogènes) accèdent à la terre par voie de cession avec droit de jouissance. A leur départ, ils doivent la rétrocéder à la collectivité. Les immigrants saisonniers reçoivent la même hospitalité sur les terres des autochtone. Ce traitement discriminatoire s'étend aux âges et sexes.
Ce sont surtout les femmes, de part leur statut social et des considérations socio-culturelles (société patriarcale) qui rencontrent d'énormes problèmes pour accéder à la propriété foncière. Dans la plupart des zones, elles ont rarement accès à la terre par voie d'héritage. Cependant, elles peuvent accéder à la terre, soit par attribution par le chef de terre ou par paiement de redevances. En plus de ce système foncier qui leur est peu favorable, elles sont confrontées à la dégradation des terres car ce sont souvent des champs très pauvres qui leur sont attribués.
Malgré tous ces critères, l'accès à la terre est toujours possible pour toute personne vivante (ou autorisée à vivre) dans un terroir donné. Concernant les systèmes fonciers actuels, il y a une juxtaposition des pratiques relevant de deux grands systèmes fonciers actuellement en vigueur, le système traditionnel basé sur les droits coutumiers et islamiques et celui moderne hérité du système colonial français.
En somme, nous osons dire que le droit foncier traditionnel présente un caractère plus collectif qu'individuel quoique l'individu y occupe une place importante. L'accès à la terre est toutefois un droit conditionnel et les individus en fonction de leur origine ou de leur statut social, peuvent bénéficier d'un droit de jouissance de propriété sur cette terre.
Le Tchad est un pays a vocation agro-pastoral dont ses terres sont utilisées à cette fin utile. L'agriculture occupe la majeure partie des terres cultivables. En effet, pour l'exploitation de la terre, l'individu y accède par intermédiaire du groupe auquel il appartient. Cette pratique relève du droit coutumier. Au niveau des usagers, les conditions d'exploitation des terres, sans être très rigoureuses, sont toutefois déterminées par certaines considérations:
le statut social: autochtone;
l'appartenance au clan qui détient le contrôle de la terre;
la disposition de la qualité des terres cultivables;
la nature de l'activité: activités durables (vergers gommeraies) ou temporaires (cultures d'hivernage, maraîchage).
l'existence d'un pacte social: cas des alliances ancestrales établies entre certaines tribus arabes sédentaires et les populations locales du Guéra.
De même, l'exploitation des terres "allouées" ne fait l'objet d'aucune réglementation stricte hormis le cas des terres à valeur agronomique élevée qui généralement, constituent la propriété d'un clan ou d'une famille lignage.
En outre, le pâturage occupe une partie des terres du Nord, du centre et du sud lors des transhumances.
Environ 60% des 128 millions d'hectares du territoire se trouvent en zone saharienne soit à peu près 47% de sa superficie. La zone sahélienne qui couvre 55 millions d'hectares représentent environ 43% du territoire. La zone soudanienne représente quelque 10% du territoire avec 13 millions d'hectares.
La superficie des terres cultivables est estimée à 20 millions d'hectares, ce qui représente près de 30% du territoire national.
En zone soudanienne, l'ONDR estime les terres cultivables à 11,7 millions d'hectares. Les différents types de sols rencontrés du nord au sud sont: les sols minéraux bruts et sols peu évolués subdésertiques; les sols ferrugineux tropicaux; les sols hydromorphes; et les vertisols et sols ferralitiques. Les estimations concernant le potentiel d'irrigation font état d'une réserve théorique de 5 millions d'hectares.
Les différents systèmes de production sont:
le système oasien propre à la zone saharienne: système complexe associant production dattière, agriculture irriguée de subsistance, petit élevage sédentaire et élevage camélin transhumant. On dénombre à 1,5 millions de dattiers répartis entre 6 à 7 000 hectares.
le système pastoral avec une agriculture marginale et la probabilité de récolte reste toujours aléatoire (mil dunaire). En revanche, l'irrigation est partout pratiquée où il existe une nappe peu profonde.
le système agro-pastoral sahélien juxtapose élevage transhumant et agriculture pluvial.
le système agricole diversifié de la zone soudanienne: avec une pluviométrie régulière, on rencontre une association classique céréales (mil, sorgho), oléagineux, élargies au maïs, niébé etc. C'est la zone d'excellence de coton, la culture de rente.
4. RESSOURCES FORESTIERES NATURELLES
Le domaine forestier, terme utilisé pour désigner les massifs dont le service forestier est responsable tels que les forêts classées, les forêts protégées et mises en défens, les parcs nationaux, les réserves de faunes, et les réserves cynégétiques. S'ajoutent à cela les périmètres de reboisement, présents dans les domaine public de l'Etat. Le domaine privé appartenant à des collectivités locales a une superficie négligeable. Pour la suite, nous utiliseront le terme de forêts naturelles qui semble préférable.
Plusieurs documents parlent des superficies des forêts naturelles du Tchad. Les estimations connues jusque là sont de l'ordre de 16 550 000 à 31 170 000 hectares. Les superficies des forêts classées (593 000 ha), les parcs nationaux (414 000 ha) et réserves de faunes (11 080 000 ha) sont estimées à 12 187 000 hectares. En ce qui concerne les superficies par formations végétales ligneuses (NHC, NHc/NhO, nH), seule la FAO a pu fournir quelques indications à travers différentes consultations.
D'après Keita (document 43), les forêts naturelles se répartissent comme suit: hectares de forêts denses et forêts galeries (NHC); 4 970 000 hectares de forêts claires et savanes boisées (NHc/NHO1); 10 200 000 hectares de formations arborées (NHC/NH021); et 12 500 000 hectares des formations arbustives (nH); Soit un total de 31 170 000 hectares.
Une étude réalisée en 1989 par Louis Berger International, INC et BCEOM en sous-traitance avec le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT), a estimé les différences par préfectures en utilisant divers document cartographiques notamment: la carte de végétation de J. Pias de1970 couvrant au sud de 16 ème parallèle et les cartes de l'IEMVT de 1974/76.
Pour cela, les calculs des surfaces ont été effectués par grilles des points. Puis chaque classe de légende a été affectée à l'une ou l'autre des classe de la nomenclature FAO. Selon les auteurs, le problème majeur a été surtout les classe hétérogènes du type arborée passant progressivement, en fonction de l'hydromorphie, à des savanes très claires.
Les surfaces calculées dans un premier temps correspondent aux surface totales potentielles puisqu'elles ne tiennent pas compte des surfaces prises par l'agriculture (1 544 000 ha en 1986/87), des jachères (1 000 000 ha au total selon la FAO en 1985), et de la dégradation due à la sécheresse, au surpâturage, aux feu de brousse et à l'homme (chiffre difficilement appréciable).
Pour réactualiser ces chiffres, il faut tenir compte de la déforestation due au développement de l'agriculture et de l'élevage extensif et de la dégradation.
Le total des formations ligneuses naturelles d'après le CTFT en 1989 serait de 23 450 000 ha et qui se repartit comme suit: NHC : 200 000 à 300 000 ha; NHc/NHO1: 3 500 000 à 4 000 000 ha; NHc/NH021: 8 000 000 à 9 000 000 ha; Nhc/NHO2r: 414 000 ha; NH 9 500 000 à 10 500 000 ha; soit un total de 21 614 000 à 24 121 400 hectares.
Depuis cette date (1989), soit dix années plus tard, l'évolution des ressources forestières n'est pas assurée de manière fiable. Il n'y a que des extrapolations qui se basent sur des consultations réalisées d'une manière éparse.
En utilisant le taux de dégradation annuelle (0,6 hectare) avancée par la FAO en 1995, nous pouvons estimer à 21 929 624 ha; avec un accroissement variable selon le type de forêts.
Les mêmes études du CIRAD/CTFT ont tenté d'avancer des ordres de grandeur sur la biomasse ligneuse et le volume sur pied par type de formation et par préfecture des volumes unitaires estimées, à partir des données de terrain du CTFT/FAO de 1975 (document 37) et du rapport de TIRION de 1979 (document 6). Ils sont exprimés en m3/ha brut sur écorce (VOB) et volume commercialisés (VAC).
Tableau 5: Estimations des volumes bruts sur écorces (VOB)et volumes bruts commercialisés (VAC) par formations végétales et par préfectures en 1988.
m3/ha |
NHC |
NHC |
NHc/NHO1 |
NHc/NHO21 |
nH | |
VOB |
VAC |
VOB |
VAC |
|||
Biltine |
- |
- |
- |
- |
7 |
3 |
Ouaddaï |
- |
21 |
2 |
8 |
5 | |
Batha |
- |
- |
6 |
3 | ||
Kanem |
- |
|
- |
- |
2 | |
Lac |
- |
|
- |
- |
2 | |
Chari-B. |
- |
22 |
|
12 |
7 | |
Guera |
- |
22 |
13 |
7 | ||
Salamat |
120 |
24 |
13 |
8 | ||
Mayo-K. |
120 |
27 |
14 |
9 | ||
Tandjilé |
120 |
29 |
15 |
11 | ||
Logone occ. |
120 |
37 |
16 |
12 | ||
Logone Or |
120 |
40 |
16 |
13 | ||
M.Chari |
120 |
31 |
31 |
16 |
12 |
La moyenne par formations est pour:
les forêts denses et galeries forestières (NHC) : 120 m3/ha;
les forêts claires et savanes boisées (NhcNHO1): 26 à 28 m3/ha;
les formations arborées (Nhc/NHO2) : 12,36 m3/ha;
les formations arbustives (nh) : 6,5 m3/ha.
Plusieurs autres études ont été menées dans le but de déterminer le volume sur pieds, mais dans le cadre de projet d'aménagement très limités, souvent, à titre expérimental et limités dans l'espace.
4.3 Changement de superficie et de volume au cours du temps
En absence d'études fiables et généralisées pour estimer les changements intervenus dans le temps et dans l'espace, nous nous baserons sur les mêmes hypothèses que le CIRAD/CTFT. Ces hypothèses sont faites à partir des estimations de l'empiétement de l'agriculture; des jachères; des feux de brousses; etc.
5. RESSOURCES FORESTIERES (plantEes)
5.1 Superficie des forêts plantées
Au Tchad, les actions de reboisement ont débuté dès 1950. Dans un premier temps, les plantations ont été réalisées pour lutter contre la dégradation des sols. En 1961, selon Goudet J., un encouragement aux plantations d'arbres par les particuliers et les collectivités a pu réalisé 365 hectares.
Par la suite, les services des forêts ont réalisé des reboisements pour la protection de la ville de Ndjamena, appelés couramment la "ceinture verte". Aujourd'hui, la presque totalité de la "ceinture verte" proprement dite se trouve presque insérés dans le tissu urbain de Ndjamena.
Les principales espèces plantées sont: Acacia sénégal; Azadiractha indica; Eucalyptus sp.; Parkinsonia; Acacia nilotica; et Prosopis juliflrora.
Depuis, le résultat cumulatif de l'ensemble des plantations menées à travers le pays fait état de 13 500 ha (données de la Direction des Forêts, 1999); avec une augmentation annuelle de l'ordre de 300 ha ( plantations menées dans le cadre de la Semaine Nationale de l'Arbre (SNA) par le service forestier et celles menées par les ONG et Associations locales).
C'est à partir de la répartition du volume entre quelques essences (forêts naturelles et forêts naturelles enrichies) au niveau de la ceinture verte de Ndjamena, qu'un ordre de grandeur a été donnée par le projet FAO/CHD/87/016. En effet, un volume de 14,45 m3/ha a été obtenu dans ces formation mixtes.
5.3 Changement de volume dans le temps
Dans le cadre des plantations, il n'est possible de donner l'évolution de façon exhaustive car toutes les plantations qui s'effectuent chaque année à travers tout le pays ne sont pas suivi par les services responsables.
6. PRODUCTION, COMMERCE ET CONSOMMATION DES PRODUITS FORESTIERS
Dans cette rubrique, les formations naturelles du Tchad fournissent essentiellement du bois de service. La consommation en bois d'_uvre, la pâte, les papiers cartons et autres panneaux dérivés du bois sont importés. Les données d'importation sont souvent enregistrées au niveau des douanes. Dans ce contexte, il n'est pas possible d'affirmer ou d'infirmer les données avancées par la FAO.
Les principales espèces sont le rônier (Borassus aethiopium), l'Anogeissus leiocarpus, le Khaya sénégalensis, le Balantès aegyptiaca, etc. Le volume exploité au niveau national toutes essences confondues est estimé à 400 000 m3 (CILSS, 1997).
7. AUTRES PRODUITS DU SECTEUR FORESTIER ET LEUR RÔLE
7.1 Bois de feu et charbon de bois
Au Tchad, l'essentiel de la consommation énergétique est le fait des ménages. Cette consommation nationale est essentiellement consacrée à la cuisson des aliments, qui utilisent les combustibles ligneux comme principales sources d'énergie. Les zones rurales, qui consomment environ 75% du volume total d'énergie domestique, utilisent uniquement le bois de feu pour la cuisson des aliments. A Ndjamena, 80% de la population utilise le bois de feu comme principal combustible de cuisson alors que le charbon est d'usage pour une frange de 16% de la population.
Les données sur le bois et le charbon de bois ont été rassemblées en 1993 par l'ESMAP (Eléments de Stratégie, Energie domestique urbaine). Globalement, la consommation annuelle d'énergie du pays est estimée à 1,25 millions de tonne-équivalent pétroles (tep) soit 200 tep/hab. Sur ce total, le bois de feu et le charbon de bois représentent 80 à 90%, soit 1 à 1,1 millions de tep.
Le total de bois-énergie correspond à 775 000 tep en utilisant un coefficient multiplicateur 1,4 de réajustement correspondant au rapport de 1 100 000 tep sur 775 000. Il a été possible d'évaluer schématiquement, la consommation en bois correspondante. Ces évaluations s'appuient sur des facteurs de conversion suivantes: une tep correspond à 2,5 tonnes de bois et 3,1 m3 (0,8t/m3); et une tep correspond à 1,4 tonnes de charbon, soit 9 tonnes de bois (rendement 15%) et 11,6 m3. En somme, on totalise la consommation à 4 millions de mètres cubes/an.
7.2 Approvisionnement en bois des zones non forestières
Les déficitaires sont principalement les préfectures de B.E.T., du Lac et du Kanem. Dans les zones les plus reculées comme le B.E.T., l'approvisionnement se fait sporadiquement à l'aide des véhicules chargés de charbon de bois.
A l'intérieur de certaines zones, telle que la capitale, l'approvisionnement se fait à partir d'un rayon de 150 à 200 km autour de Ndjamena avec des camions toutes catégories confondues.
7.3 Les produits forestiers non ligneux
Au Tchad, le gommier représente une source particulièrement importante. Le gommier est largement représenté en climat sahélien à l'intérieur des formations arborées, sur un territoire total de l'ordre de 380 000 km2. Ces potentialités peuvent placer le Tchad parmi les premiers producteurs de la gomme au niveau mondial. A noter également l'importance, selon les régions, du karité, du néré et bien d'autres produits de cueillettes, généralement alimentaires, fourragères ou pharmaceutiques, faisant l'objet d'autoconsommation ou de transactions traditionnelles. Il en résulte que, dans le contexte de la gestion des terroirs, ces produits de cueillettes peuvent constituer une composante non négligeable de l'économie rurale.
Le Plan d'Orientation de la décennie 1991-2000 a clairement défini les axes majeurs de la politique de développement du pays. Il s'agit à titre de rappel de relancer la croissance économique par une augmentation de la production et par la modernisation des infrastructures.
La stratégie de diversification des exportations par la relance des filières Gomme arabique et Karité s'inscrit donc parfaitement dans cette logique.
A défaut d'études exhaustives sur ces deux filières, il est difficile de juger l'impact précis de ces actions. Néanmoins, en partant de certaines données de base et sous des hypothèses réalistes, on peut affirmer que l'économie tchadienne tirera avantage de l'exécution de ces projets.
Les principales espèces qui fournissent des produits non-ligneux sont: Ziziphus mauritiana; Balanites aegyptiaca; Tamarindus ndica; Diospyros espéliformis; Sclerocarya birrea; Acacia senegal; Acacia seyal; Acacia nilotica; et Acacia laeta.
La gomme arabique: La production annuelle moyenne de gomme arabique est d'environ 5 000 tonnes. Certaines années, la production peut atteindre les 12 000 tonnes. Les informations sur la gomme arabique, diverses sources, sont empreintes d'un grand écart, preuve que la production du Tchad est mal connue et sans doute sous-estimée, du fait entre autre, de la fraude et de la désorganisation des circuits de collecte et de commercialisation. Le Tchad produit environ 6,7% de la gomme arabique consommée au niveau mondial. Il est placé au 2 ème rang mondial après le Soudan. L'essentiel de la production est écoulée vers l'extérieur. Si l'on admet l'hypothèse que la production se situe à 7 000 tonnes et que le cours mondial atteint 4 000 tonnes; sur la base d'une parité de 1 $ = 600 FCFA, la gomme peut rapporter en recettes d'exploitation 16,8 milliards par an.
Le karité: La filière karité regorge également d'importantes potentialités encore mal connues. Une évaluation au niveau de trois préfectures (Moyen Chari et les deux Logone) fait état de l'existence d'environ 4 600 000 pieds producteurs. La production correspondante serait de l'ordre de 500 000 tonnes de noix/an, le Tchad pourrait ainsi produire annuellement environ 1 800 000 tonnes de fruits. Faute de données sur le cours mondial de beurre de karité, il est difficile d'apprécier l'impact de cette filière sur le balance de paiement. Mais les marchés extérieurs existent incontestablement car le karité est apprécié à travers le monde entier pour les vertus de son beurre. Pour l'instant, l'essentiel de sa production est écoulé sur le marché local ou autoconsommé.
Le tourisme et la récréation sont basés sur la valorisation de la faune. La faune aviaire est utilisée par le tourisme cynégétique. L'administration a concédé par adjudication les droits de chasse et les infrastructures hôtelières à un opérateur privé.
8. POLITIQUES LEGISLATION ET INSTITUTIONS FORESTIERES
8.1 Lois et politiques d'aménagement des forets
La loi No14/PR/98 définissant les principes généraux de la protection de l'environnement, qui a été délibérée et adoptée par l'Assemblée Générale du Parlement en sa séance du 14 juillet 1998, en son article 28 stipule que les forêts doivent être gérées de façon rationnelle et équilibrée. Les plans de gestion et les plan d'aménagement et d'exploitation doivent intégrer les préoccupations d'environnement de sorte que, leurs fonctions protectrices ne soient pas compromises par leurs utilisations économiques, sociales, culturelles ou récréatives.
La loi 36/PR/94 portant sur l'organisation de la commercialisation dans les grandes agglomérations et la fiscalité qui lui est applicable, en son article 7, précise que les forêts naturelles et les forêts plantées sur des terrains publics appartiennent au domaine de l'Etat. Elles sont, sur l'étendue du territoire national, délimitées et éventuellement aménagées et classées.
La volonté politique s'est traduite par la création d'un Haut Comité National pour l'Environnement (HCNE) qui a pour rôle d'orienter, de suivre toutes les activités liées à la gestion de l'environnement. Cette volonté se traduit aussi par la signature et la ratification de différentes conventions internationales par le Tchad.
La loi 36 /PR/94, citée ci haut, stipule que les forêts appartenant au domaine de l'Etat peuvent faire l'objet d'une concession au profit d'une collectivité territoriale, d'une communauté rurale ou villageoise, d'une entreprise nationale, dans des conditions et formes définies par décret.
Les personnes physiques ou morales sont propriétaires des forêts plantées sur des terrains leur appartenant. Elles jouissent sans restriction ni entrave. Les propriétaires des forêts privées peuvent obtenir, à la demande, l'immatriculation de leur forêt, auprès de l'administration de forêts de leur préfecture.
La loi 36 permet le transport du bois vers les villes à des fins commerciales, s'il est agréé commerçant transporteur de bois.
8.3 Investissement dans le secteur forestier
La loi 36, dans sa section III précise l'exploitation, le transport et la commercialisation au niveau national.
8.4 Renforcement institutionnel et accroissement des capacités
Le domaine de l'environnement, caractérisé par la multiplicité des intervenants et la complexité de leurs relations tant au niveau central que régional a nécessité de définir un cadre plus cohérent pour une bonne coordination des actions. De ce fait les services ont été réorganisés en changeant des attributions.
Les nouvelles attributions sont:
la mise en _uvre et le suivi de la politique nationale en matière de l'Environnement et des Forêts;
la planification et la programmation des opérations s'y rapportant;
l'appui aux activités paysannes en matière de gestion des terroirs;
la mise en application de la réglementation nationale, des accords et conventions régionaux;
la conception et l'élaboration des stratégies de lutte contre la désertification et la coordination des programmes s'y rapportant;
la prévention et la lutte contre les nuisances de la nature;
l'élaboration des programmes de recherches en matière de l'environnement et des forêts en collaboration avec les services et organismes concernés;
l'établissement d'un système de collecte, d'analyse, d'échanges d'informations spécifiques, techniques, socio-économique et juridiques relatifs à l'environnement et aux eaux et forêts.
Les contraintes institutionnelles: Les effectifs des services forestiers du Tchad sont insuffisants en nombre et en compétences pour gérer efficacement la base des ressources forestières. On compte 283 cadres toutes catégories confondues. Le personnel responsable au premier chef de l'exécution des programmes de foresterie, les conseillers techniques et leurs agents représentent 16% de l'ensemble des effectifs, ce qui porte en moyenne à 29 000 km2, le territoire que doit surveiller un agent forestier.
8.5 Aménagement durable des forets
Un certain nombre de projets forestiers à buts multiples, réalisés ou en cours, ont consacré une part importante de leur activité à l'aménagement et à la gestion durable des formations ligneuses.
Les acquis de ces différents projets a permis à la Direction des Forêts et de la Protection de l'Environnement à redéfinir sa politique de développement forestier et protection de l'environnement par l'aménagement sur une base participative et une gestion rationnelle et durable du potentiel forestier du Tchad.
Dans cette perspective un certain nombre de proposition ont été retenues.
Identification et délimitation des formation ligneuses naturelles encore aménageables dans la zone d'influence des principaux centres de consommation, en commençant par le bassin d'approvisionnement de N'Djamena;
Inventaires forestiers;
Elaboration, avec les communautés rurales concernées, d'un aménagement et du plan de gestion sur dix ans en application du Plan d'Action Détaillé, l'ensemble des aménagements d'un même bassin constituant le schéma directeur;
Mise en _uvre par les gestionnaires avec l'appui technique de la Direction des forêts et de la Protection de l'Environnement, du contrôle du flux de produits ligneux et de l'application de la nouvelle réglementation et suivi de la mie en _uvre du plan directeur.
8.6 Biodiversité et durabilité des écosystèmes
Dans le cadre des consultations sectorielles, le sous-programme de la conservation et la valorisation de la biodiversité a été adopté avec comme objectif principal la sauvegarde et la réhabilité du patrimoine naturel en faune et en flore, objectif, certes, d'intérêt national et international.
La sauvegarde des aires protégées joue un rôle de réservoirs de biodiversité et de stabilisation du milieu naturel pour l'ensemble du territoire. De ce fait, plusieurs textes ont été pris pour renforcer la durabilité des écosystèmes. Entre autres:
la ratification par le Tchad de la convention sur la Biodiversité;
le décret nr 0822/MET/95 du 20 octobre portant création d'un Haut Comité pour l'Environnement (HCNE);
la ratification par le Tchad de la Convention Internationale de Lutte contre la désertification, la Convention Cadre des nations Unies sur les Changements Climatiques.
8.7 Conservation des eaux et des sols
La conservation des eaux des sols au Tchad est un problème crucial tant que par la superficie très vaste du territoire national que par les divers aspects de dégradations des milieux. Les régions les plus touchées sont le B.E.T, le Lac, le Kenem et la Batha par l'ensablement et le Biltine, le Ouaddaï et le massif de Guera par l'érosion hydrique.
Lutte contre l'ensablement: Le Tchad, contrairement à d'autres pays sahélo-saharien, a très peu d'expérience en matière de fixation des dunes. Par l'intermédiaire du projet pilote, un certain nombre d'objectifs ont été fixés. Entre autres, il consiste en la réalisation d'études et d'aménagement pilotes dans toute les régions menacées. Il s'agit de multiplier les aménagements pilotes concernées pour tester les approches curatives et préventives, dans le cadre de gestion des terroirs, par des techniques adaptées au niveau des micro-réalisations et aussi la protection des aménagements hydrauliques, agricoles et pastoraux par des techniques adaptées aux conditions climatiques. Les principales techniques utilisées sont:
protection mécanique par clayonnage en désertique;
reboisement, brise-vents, quant les conditions les permettent;
association clayonnage et reboisement pour la protection des forages, des puits pastoraux, marres permanentes;
protection des agglomérations, en références notamment aux constatations faites sur la ceinture verte de Ndjamena.
Protection contre l'érosion hydrique: Les problèmes d'érosion hydrique se manifestent à une grande échelle dans les massifs du Ouaddaï, de Biltine et du Guera. Sur le reste du territoire, ils apparaissent beaucoup plus localisés, sous forme de ravines en bordures des cours d'eaux temporaires ou sous forme de décapage de surface par ruissellement. Les érosions des berges des grands cours d'eau représentent un problème particulier justifiant des actions d'urgence, particulièrement dans la traversée des agglomérations. Jusqu'à présent, les actions menées pour la protection contre l'érosion hydrique l'ont été surtout dans le cadre de micro-réalisations assistées par les ONG. Il faut citer l'action de l'AICF (Action Française Contre la Faim) dans son centre d'Arengha à partir duquel il a été possible de diffuser des méthodes d'aménagement de DRS/CES et aussi de plantations des haies.
Il est institué une taxe unique sur le transport de bois dite `taxe forestière'; dont tout transporteur est assujetti au paiement selon l'Article: 20 de la Loi 36/PR/94. Le taux de la taxe est fonction de la nature du produit et des quantités transportées.
10. PERSPECTIVES POUR LES RESSOURCES FORESTIERES
Les perspectives pour les ressources forestières sur les 5 à 10 prochaines années s'appuient sur la connaissance de la consommation annuelle du bois qui est de l'ordre de 6 000 000 de tonnes par an et la situation de la population de 6 300 000 hab. avec un accroissement naturel de 2.4% par an. Sur cette base, on peut arriver à quantifier les besoins futurs.
Dans l'ensemble, la population tchadienne augmente au taux annuel moyen de 2,5%; elle devrait atteindre 9,35 millions d'habitants en 2010. La population urbaine, qui représenterait environ 21% du total en 1993, devrait s'accroître à un taux plus élevé d'environ 3,5% par an. A ce rythme, l'effectif de la population urbaine doublera d'ici à 2010. Si les tendances de la consommation d'énergie domestique se maintiennent, la demande en bois ne représentait que 59% du volume total du bois consommé dans la région de Ndjamena (Projet Energie Domestique, 1997).
Toujours selon le Projet Energie Domestique, eu égard aux tendances prévues de la demande; la production de bois, au plan national, restera supérieure à la demande. Cependant, dans les grands centres urbains, en particulier à Ndjamena, ces tendances indiquent d'éventuelles pénuries de bois. La population de la capitale devrait atteindre 1,5 million d'habitants d'ici à 2010, soit le triple du niveau actuel.
Compte tenu de cette tendance, l'exploitation de bois dans la région de Ndjamena passera de 410 000 tonnes en 1995 à 730 000 tonnes en 2010. De plus, dans la mesure où d'autres activités telles que l'agriculture nécessiteront également l'utilisation des zones forestières, les tensions sur l'utilisation des terres pourraient compromettre la viabilité de l'équilibre entre l'offre et la demande.
Il convient de souligner que les politiques efficaces en matières d'énergie domestique pour faire face à la demande citée ci-haut restent très mitigées. Toutes les actions ont été prévues et adoptées dans le cadre du Plan Directeur de Lutte Contre la Désertification élaboré en 1989.
Ce plan comporte la protection des ressources écologiques par des efforts visant à réaliser le potentiel forestier, notamment l'amélioration de l'aménagement des cultures, la protection des sols, la rationalisation des activités d'abattage des arbres, différents types d'opération de boisement et la sensibilisation de la population à l'utilisation efficace du bois. S'ajouter à cela, l'élaboration d'un plan d'aménagement des terres à mettre en _uvre au niveau des villages et enfin sil y a le renforcement des capacités.
Par ailleurs, de nouveaux textes sont prévues pour améliorer la gestion du domaine forestier. Mais les projets destinés à améliorer l'offre n'ont pas donner les résultats escomptés. Il reste encore à améliorer l'état des routes pour atteindre les zones forestières, à explorer des combustibles de substitution.
En perspectives, plusieurs projets sont prévus pour renforcer la production de bois-énergie.
Le Tchad est un territoire qui regorge d'énormes potentialités économiques, minières, touristiques non encore exploitées. Les années de guerre ont freiné la mise en place des richesses du pays. Cependant, depuis 1990, la stabilité politique et sociale retrouvée a permis de doter le pays d'un arsenal de textes juridiques, d'un code des investissements très incitatif. L'économie va bientôt dégager des excédants et des taux de croissance encourageantes, le processus de privatisation des entreprises publiques déficitaires suit son cours, les prospections minières sont très avancées et le Tchad de cette ère du 20 ème siècle offre l'image d'une nation en pleine reconstitution.
Direction des Forêts et de la Protection de l'Environnement. M.E.E. Tchad.
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