3.0. LE SECTEUR FORESTIER EN 2020
Les forêts en République Démocratique du Congo couvrent une superficie d’environ 1.280.000 Km², représentant environ 54% de l’étendue nationale. Celles-ci sont cependant d’inégales potentialités en fonction de différents types de forêts existants.
D’une manière générale, il existe une nette corrélation entre la végétation, les facteurs pédo-climatiques et le relief. Ainsi, toute la zone climatique Af de Köppen, y compris la frange située dans la partie orientale de haute altitude constitue le domaine la forêt dense ombrophile. Les régions à climat de type Am, exception faite de celles situées dans la région du Graben à l’Est, sont celles de la forêt ombrophile de transition. Dans cette dernière catégorie, on inclut également les régions du Lac Mai-Ndombe et du Nord-Ouest du pays, qui bien que se trouvant en réalité dans la bande climatique Aw, soutiennent ce type forestier à la suite de leur fort engorgement en eau des sols qui compense le faible pluviométrie.
Les régions à climat Aw sont le domaine de la forêt claire ou de la savane plus ou moins arborée en fonction de la latitude et de la durée de la saison sèche. Les zones climatiques Cf et Cw de haute altitude correspondent aux forêts de montagne et aux formations de bambous. La région sud-est moins élevée du Katanga est le domaine de la savane boisée.
Le tableau ci-après reprend les superficies des principales formations végétales du pays.
Tableau 4: Superficie des principales formations végétales en République Démocratique
du Congo
|
FORMATION VEGETALE |
SUPERFICIE (Km²) |
% SUPERFICIE FORESTIERE TOTALE |
% TERRITOIRE NATIONAL |
|
Forêt dense humide (sempervirente & semi-décidue) |
872.251,16 |
68,14 |
37,20 |
|
Forêt de Montagne - Forêt dense de montagne - Forêt de bambou |
38.612,39 1.666,72 |
3,01 0,13 |
1,65 0,07 |
|
Forêt dense claire - Forêt dense tropophile - Forêt claire (Miombo) |
51.946,17 102.225,61 |
4,06 7,99 |
2,22 4,36 |
|
Forêt sur sol hydromorphe |
88.614,08 |
6,92 |
3,78 |
|
Galeries forestières |
2.500,05 |
0,19 |
0,11 |
|
Forêt de Mangrove |
555,07 |
0,04 |
0,02 |
|
Forêt secondaire |
121.670,70 |
9,54 |
5,19 |
|
TOTAL FORET |
1.280.042,46 |
100,00 |
54,59 |
|
Mosaïque Forêt-Savane Plantations Savanes herbeuses et arbustives Eau Non interprété (nuages) |
165.838,83 555,57 768.358,82 62.502,24 67.502,24 |
7,07 0,02 32,77 2,67 2,88 |
|
|
TOTAL PAYS |
2.344.800,00 |
100,00 |
Source: SPIAF, 1995; Carte forestière synthèse du Zaïre
3.2. Potentialités forestières
La République Démocratique du Congo possède un fort potentiel de développement forestier compte–tenu de son immense ressource forestière globalement sous-exploitée.
Les différentes formations forestières hautes mentionnées peuvent utilement être regroupées ainsi:
Tableau 5: Importance relative de principaux types d’écosystèmes naturels
|
TYPE DE FORET |
SUPERFICIE (x 1000 ha) |
% |
|
- Forêts denses humides - Forêts mésophiles semi-caducifoliées - Galeries forestières - Forêts du Mayumbe - Forêts marécageuses - Savanes guinéennes et soudano-zambéziennes |
101.025 26.400 430 240 280 112 |
78,4 20,5 0,6 0,2 0,2 0,1 |
|
TOTAL |
128.787 |
100,0 |
A l’heure actuelle, il n’existe pas encore un inventaire exhaustif qui puisse permettre d’évaluer dans leur ensemble, le potentiel en bois des forêts. Les quelques informations quantitatives fiables pouvant permettre d’estimer les volumes de bois des principales formations forestières susceptibles d’être allouées à l’exploitation industrielle se rapportent aux résultats d’Inventaire réalisé dans un bloc forestier de la Cuvette Centrale par une firme canadienne (1977) et de quelques inventaires sporadiques exécutés par le SPIAF dans quelques formations forestières du pays. Ces données paraissent toutefois insuffisantes pour apprécier, à leur juste valeur, les volumes en bois exploitables sur pied.
En matière d’exploitation forestière, seules les forêts sempervirentes, semi-décidues et mixtes (sempervirentes et semi-décidues) sont susceptibles de soutenir un développement important. Celles-ci sont localisées de part et d’autre de l’Equateur. Circonscrites essentiellement par les limites de la Cuvette Centrale, elles couvrent approximativement une superficie de 101 millions d’hectares.
Le bloc forestier du Mayumbe, constituent le prolongement du massif forestier guinéo-congolais, se trouve actuellement épuisé à la suite d’une surexploitation favorisée par sa proximité de voie de sortie.
Les autres formations forestières restantes, moins intéressantes en ce qui concerne l’exploitation industrielle et soutenue de bois, ne sont pas pour autant moins importantes étant donné qu’elles contribuent à satisfaire, à des degrés certes divers, les besoins locaux en bois des populations et d’industries (bois de feu, bois de mine (perche de raffinage), bois de services et autres produits forestiers non ligneux. Et, c’est paradoxalement dans ces zones moins nanties que la densité humaine, est plus forte et les besoins en bois et en terres cultivables sont plus accrus.
Du point de vue de bois d’œuvre et d’industrie, les potentialités pour les deux principaux massifs intéressants se présentent ainsi:
1) Bloc forestier de la Cuvette Centrale
Les données de base, tirées des résultats de l’inventaire forestier de la Cuvette Centrale sont reprises dans le tableau ci-après:
Tableau 6: Synthèse des résultats de l’inventaire forestier de la Cuvette Centrale
|
CLASSIFICATION SUIVANT LA CATEGORIE D’UTILISATION |
% |
VOLUME BRUT (m3/ha) |
VOLUME BRUT UTILE (m3/ha) |
VOLUME COMMERCIALE (m3/ha) |
|
- Bois rouges principaux - Bois rouges secondaires - Bois blancs de tranche et de déroulage - Autres bois blancs - Bois divers |
4,3 42,9 14,3 15,2 23,3 |
2,45 24,21 8,04 8,58 13,13 |
2,45 6,05 4,02 2,15 3,28 |
1,47 3,63 2,41 1,29 1,97 |
|
TOTAL |
100,0 |
56,41 |
17,95 |
10,77 |
Source : Rapport Général de l'inventaire forestier d'une partie de la cuvette centrale, 1977.
Les hypothèses suivantes ont été émises pour calculer les volumes bruts utiles des groupes d’essences repris au tableau ci-haut en adoptant des taux de réfraction suivante à partir des volumes bruts:
Bois rouges principaux 0 %
Bois rouges secondaires 75 %
Bois blancs de tranchage et de déroulage 50 %
Autres bois blancs 75 %
Bois divers : 75 %
Un coefficient moyen de réfraction de 40 %, issu de plusieurs études de « récolement » en Afrique, a été appliqué sur les volumes bruts, utiles pour évaluer les volumes commerciaux.
Partant de ce qui précède et estimant que sur les 101 millions d’hectares de la cuvette, il faut retrancher les superficies allouées aux aires protégées, celles constituée de la forêt marécageuse (environ 34 millions d’hectares) ainsi que les superficies inaccessibles (environ 2 millions d’hectares), la superficie économiquement exploitable peut raisonnablement être ramenée à 60 millions d’hectares.
Ainsi, les volumes bruts utiles et les volumes commerciaux disponibles sur pied dans la cuvette centrale seraient donc approximativement les suivants:
Tableau 7: Estimation des volumes bruts et volumes commerciaux (cuvette centrale) en milliers de m3
|
TYPES DE BOIS |
Volumes bruts utiles |
Volumes commerciaux |
|
- Bois rouges principaux - Bois rouges secondaires - Bois blancs de tranchage et de déroulage - Autres bois blancs - Bois divers |
147.000 363.000 241.200 129.000 196.800 |
88.200 217.800 144.600 77.400 118.200 |
|
TOTAL |
1.077.000 |
646.200 |
Source : Rapport Général de l'inventaire forestier d'une partie de la cuvette centrale, 1977.
Globalement les volumes bruts utiles et les volumes commerciaux sur pied sont évalués respectivement à environ 1 milliard de m3 et 650 millions de m3 pour le bloc de la Cuvette.
En adoptant une rotation de 65 ans, les volumes commerciaux exploitables annuellement seraient de l’ordre de 10 millions de m3.
2) Les forêts du Mayumbe
La superficie des forêts du Mayumbe était estimée à environ 500.000 ha dans le début des années 50. Les estimations grossières font état d’une superficie de l’ordre de 240.000 ha alors que les résultats d’inventaire forestier réalisé par le SPIAF (1981) lui accorde 100.000 ha. Actuellement on peut raisonnablement tabler sur une superficie forestière résiduelle d’environ 80.000 ha compte tenu de la pression toujours croissante des exploitants forestiers et de la population locale sur la ressource.
La richesse actuelle des peuplements de Mayumbe est inconnue. Cependant, en se basant sur des résultats empiriques de différentes prospections, on peut tabler sur une production moyenne de 5,5 m3/ha pour une vingtaine d’essences commercialisables. Le limba intervenant pour plus de 40%.
En regroupant les essences par catégories commerciales, le potentiel en bois commercialisables dans ce territoire est, à titre indicatif, donné dans le tableau ci-après:
Tableau 8: Estimation des volumes bruts et des volumes commerciaux (Bloc du Mayumbe)
|
ESSENCES |
VOLUME BRUT (m3/ha) |
VOLUME COMMERCIALE (m3/ha) |
POTENTIEL COMMERCIAL TOTAL SUR PIED (milliers de m3/ha) |
|
Groupe 1 : Essences à commercialisation assurée (Sapellii, Sipo, Kosipo, Tiama, Bossé, Diambi, Acajou, Iroko, Bubinga, Dibetou, Limba, …) Groupe 2 : Essences dont la commercialisation est à promouvoir (Ilomba, Tola, Bilinga, Aiélé, Ako, …) Groupe 3 : Autres essences à promouvoir (Niové, Longhi, Emien, Padouk, Olonvogo, Diana, Limbali, ..) |
9
12 15 |
5,4
7,2 9 |
432
576 720 |
|
TOTAL |
1.728 |
||
En adoptant également une rotation de 65 ans pour ce massif, le volume annuel permissible de coupe ne représente que 26.585 m3 pour l'ensemble des groupes d'essences identifiées.
3.3. Aménagement des forêts
Des dispositions d'aménagement ont existé avant 1960. Elles se rapportaient aux enrichissements des forêts au rythme de 5.000 hectares par an pour la production de bois d'œuvre. Toutefois, sur l'ensemble de superficies de plantations existantes, on estime qu'environ 4 % seulement ont réellement bénéficié d'un aménagement forestier intensif, impliquant des traitements sylvicoles et des plans d'aménagement. Parallèlement à ces travaux, des recherches ont été menées sur les méthodes d'enrichissement par layons et plus spécialement sur la méthode sylvo-bananière qui ont abouti à l'établissement de plusieurs milliers d'hectares de plantations de Limba dans le Mayumbe au Bas-Congo.
Actuellement, à part des travaux du SPIAF qui restent expérimentaux et la production par ce dernier de quelques plans d'aménagement qui n'ont jamais été mis en exécution, il n'existe pas d'aménagement intensif des forêts en République Démocratique du Congo.
Cependant, compte - tenu de nombreuses initiatives internationales sur les critères et indicateurs d'aménagement durable des forêts tropicales et de la volonté du pays à exploiter durablement cette ressource, on devrait s'attendre, au cours de ces deux prochaines décennies, à un regain et une généralisation des actions d'aménagement dans le pays.
Des plans d'aménagement déjà élaborés pour quelques formations forestières seront ainsi actualisés en vue de leur mise œuvre effective.
Les premières plantations d'arbres en vue de produire du bois date de 1933 et était l'œuvre des collectivités locales, des sociétés d'exploitation forestière, des missions, …
La politique de reboisement ainsi adoptée comportait deux volets:
Le reboisement de production en forêts naturelles du Kasaï, du Maniema, de la Province Orientale et du Bas-Congo. Il se rapportait essentiellement aux techniques d'enrichissement des forêts naturelles avec des essences dites de valeur;
Le reboisement de protection réalisé au Kivu par le Comité National du Kivu (CNK) et la Mission Anti-érosive (MAE) avec les Pins, Eucalyptus, cyprès, Grevillea at Acacia. En région de savane, le Comité Spécial du Katanga (CSK) et le Service Forestier de l'Etat avait planté d'importantes superficies des Pins et d'Eucalyptus pour satisfaire les besoins en bois énergie, bois de service et de mines. Enfin, toujours dans le but de protection, des plantations d'alignement ont été effectué le long des principales avenues des villes comme Likasi, Lubumbashi, Kinshasa, Kananga, etc…
La diversité et la dispersion des actions passées ne permettent pas de réaliser une évaluation exhaustive des plantations existantes. Néanmoins, en ce qui concerne l'Etat, les actions réalisées peuvent se scinder en trois périodes :
1- La période d'avant l'indépendance (1939 - 1960).
Les superficies reboisées sont évaluées à 57.330 hectares reparties entre différentes provinces comme ci-après :
Bandundu 10.108 hectares
Bas-Congo 14.087 hectares
Equateur 3.214 hectares
Kivu 8.520 hectares
Katanga 5.965 hectares
Kasaï-Occidental 8.246 hectares
Kasaï-Oriental 1.014 hectares
Province Orientale 6.176 hectares
__________________________________________
TOTAL : 57.330 hectares
2- La période s'étendant de 1960 à 1977
Celle-ci est caractérisée par une démission de l'Etat en ce qui concerne le reboisement alors confié aux exploitants forestiers suivant le principe :"Qui déboise reboise". La seule intervention qui mérite d'être signalée est celle appuyée par le PNUD/FAO de 1967 à 1973 et qui a permis de reboiser quelques centaines d'hectares d'essences à croissance rapide (Pins, Eucalyptus, …) dans les environs immédiats de Kinshasa, à Kasangulu. Les autres interventions réalisées dans la période ont été plutôt décevantes et pas du tout facile à évaluer.
3- La troisième période, allant de 1978 à nos jours, est caractérisée par plusieurs mesures en faveur du reboisement. Il y a eu d'abord la reprise en main des activités par l'Etat qui a créé à cet effet un Service National de Reboisement (SNR). Ce dernier démarra ses activités avec les plantations de Kinzono en 1979 et n'y a jusqu'en 1985 planté que 300 hectares en essences diverses (Racosperma auriculiforme, Cassia siamea, Eucalyptus camaldulensis et Millettia laurentii). Suite aux recommandations du 1er symposium sur la forêt tenue en 1984, on a créé le Fonds de Reconstitution du Capital Forestier (FRCF) qui reçut pour mandat d'assurer la pérennité et l'amélioration du capital forestier du pays en finançant les activités d'aménagement et de reboisement.
La productivité des parcelles établies à l'époque coloniale en vue de la production de bois d'œuvre ont atteint la maturité. Le volume disponible et actuellement immobilisé est assez important si l'on table sur une production moyenne d'environ 200 m3/ha. C'est pourquoi, les plantations du Mayumbe sont actuellement mise en exploitation et peuvent contribuer significativement à la production actuelle compte - tenu du fait qu'une bonne partie des forêts denses exploitables se trouvent dans le territoire occupé.
Aux environs de Kinshasa, dans le Plateau Bateke, grâce à la coopération avec l'Union Européenne, 7.200 hectares de plantations pour la production de bois de feu ont été réalisés. La productivité moyenne observée à 5 ans est de l'ordre de 12 m3/ha/an.
Le SNR a eu pour objectif de réaliser 1.000 hectares par an de reboisement à travers le pays. Malheureusement, en 12 ans de campagne (1986 - 1998), celui-ci n'a réalisé qu'environ 2.065 hectares, soit 17,1 % seulement de ses prévisions.
L'activité de reboisement devra être redynamisée durant ces deux prochaines décennies en vue de pallier au déficit en bois de feu et à la dégradation des terres observés aux périphéries des principaux centres urbains.
3.5. Etat de la conservation des ressources forestières
En République Démocratique du Congo, la conservation de la nature se conçoit en termes des aires protégées et des espèces à préserver. Elle se fait soit in-situ, soit ex-situ. Les aires protégées couvrent actuellement une superficie estimée à quelques 22.653.178 hectares représentant 9,6 % du territoire national. L'objectif étant de porter cette couverture à 12 ou 15 % de la superficie nationale et d'y inclure différents écosystèmes naturels traduisant la diversité biologique du pays.
La gestion de ces aires se fera suivant une approche participative avec les populations riveraines et de manière à encourager la resdistribution juste et équitable des bénéfices pouvant découler des activités lucratives qui pourront y être menées: tourisme, safari de chasse, …
Des mesures incitatives sont envisagées afin d'amener, de façon libre et consciente, la population locale à adopter des attitudes positives à la préservation de ces aires, notamment en les faisant participer à leur gestion.
3.6. Etat des industries forestières
Au cours de deux prochaines décennies, l'industrie forestière congolaise devrait faire l'objet d'une attention particulière en vue de sa modernisation et de son renforcement dans les zones de production forestière. Ainsi, par une transformation plus poussée des bois exploités, les coûts de transport des produits destinés à l'exportation seront amoindris (augmentation de la valeur ajoutée), des espèces exploitées seront diversifiées et les besoins locaux en bois transformés satisfaits.
3.6.1. Performances actuelles
Entre 1989 et 1998, on a répertorié 58 entreprises impliquées dans l'exploitation de bois. Le tableau ci-après indique la variation des effectifs et les productions déclarées.
Tableau 9 : Evolution des effectifs des entreprises forestières et des volumes déclarées (1989-1998)
|
ANNEE |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|
Nombre d'entreprises |
28 |
32 |
30 |
28 |
28 |
25 |
22 |
25 |
18 |
16 |
|
Volumes déclarés (000m3) |
394,5 |
446,8 |
295,6 |
330,3 |
287,5 |
272,2 |
225,7 |
308,9 |
257,6 |
244,0 |
Source : Direction de la Gestion des Forêts et de la Chasse - Ministère de l'Environnement
On note que la production forestière reste sensible à la situation socio-politique du pays. Ainsi, les pillages des années 1991 et 1993 ainsi que les guerres successives en 1997 et 1998 se sont soldés par des baisses de production.
D'une manière générale, les volumes déclarés après coupe représente environ 30 % des volumes autorisés lors de l'octroi des permis de coupe. Ceci s'explique par les faits suivants:
Plusieurs permis de coupe sollicités et accordés aux exploitants n'ont pas été mis en valeur par les requérants soit puisqu'ils ne les ont pas tout simplement retirés auprès de l'administration; soit encore puisqu'ils les ont sollicité plus qu'ils ne peuvent exploiter. Ainsi, durant les années 1996, 1997 et 1998, les permis de coupe non retirés par leurs requérants représentaient respectivement 27 %, 23 % et 55 % des permis de coupe octroyés. En une année, la plus grande entreprise forestière "SIFORCO" a sollicité 50 permis de coupe; mais n'a pu exploiter que la moitié de ceux-ci.
Certaines entreprises ne déclarent pas simplement leurs productions soit par manque de formulaires de déclaration (ceux-ci ne sont plus produits en quantité suffisante par manque des moyens depuis la rupture de la coopération structurelle en 1991 d'où provenait l'essentiel de financement), soit encore par mauvaises fois.
D'après les volumes de production observés en 10 ans (1989-1998), les entreprises exploitatrices de bois se structurent de la manière suivante:
Une seule entreprise (SIFORCO) a fournit plus de 40 % de la production nationale;
La SODEFOR (ex-FORESCOM) y a contribué à hauteur de 11 % durant la période;
Quatre entreprises (AMEXBOIS, FORABOLA, SOCOBELAM et SOFORMA) ont intervenu pour environ 15 % avec une production moyenne annuelle se situant entre 9.000 et 13.000 m3;
Une cinquantaine d'entreprises se distribuent le reste de la production. Parmi celles-ci, une trentaine ont arrêté leurs productions après quelques années d'exploitation et en même temps, une dizaine se sont constituées.
Concernant les exportations, la R.D.C n'a exporté, de 1992 à 1997, qu'un faible volume global d'environ 900.000 m3, soit une moyenne de 150.000 m3/an. Ce volume représente à peine 3 % du potentiel disponible. Le tableau ci-après nous donne les statistiques d'exportation de bois en RDC de 1992 à 1997.
Tableau 10 : Statistiques d'exportation de bois en RDC de 1992 à 1997
|
ANNEE |
GRUMES |
SCIAGES |
PLACAGES |
TOTAL |
|
1992 |
72.431 |
34.688 |
6.361 |
113.480 |
|
1993 |
75.575 |
39.161 |
6.186 |
120.922 |
|
1994 |
118.160 |
40.590 |
7.532 |
166.282 |
|
1995 |
111.273 |
44.613 |
7.867 |
163.753 |
|
1996 |
121.551 |
55.013 |
7.718 |
184.282 |
|
1997 |
103.111 |
31.553 |
5.637 |
140.301 |
|
Total |
602.101 |
245.618 |
41.301 |
889.020 |
Source : Office Congolais de Contrôle (OCC)
Sur base de ces statistiques, nous constatons que la RDC exporte plus le bois brut que les produits transformés suite au manque des moyens de transformation au niveau local; ce qui explique sa faible part sur le marché international. D'où il y a réduction de la main-d'œuvre.
Le volume exporté en 1997 a permis de drainer une masse monétaire en devises étrangères de l'ordre de 9.700.000 $US. Près de 57 % de cette masse monétaire a été générée par l'exportation des grumes; 32 % par les bois sciés et 11 % par les placages.
Tableau 11 : Volumes et valeurs déclarées par produit exporté
|
PRODUIT |
VOLUMES (m3) |
VALEURS DECLAREES ($US) |
VALEURS MOYENNES ($US/m3) |
|
Grumes |
103.111 |
5.464.883 |
53 |
|
Sciages |
31.553 |
3.060.641 |
97 |
|
Placages |
5.637 |
1.133.037 |
201 |
|
Total |
140.301 |
9.658.561 |
Source : Banque Centrale du Congo.
L'intensification de l'exportation de bois brut réduit la valeur déclarée des produits ainsi que leurs valeurs moyennes. Les produits transformés permettent d'augmenter la valeur déclarée et la valeur moyenne; ce qui permet de drainer une masse monétaire importante en devises étrangères.
Les marchés locaux sont habituellement incapables d'absorber les produits ne présentant pas des qualités nécessaires pour leur expédition; ce qui fait que les scieries doivent déterminer leurs marges de profit en se basant sur le marché extérieur.
3.6.2. Procédure en matière d'attribution des concessions forestières
La procédure d'attribution se réalise suivant les trois principaux modes ci-après :
Autorisation de prospection, octroyée à tout promoteur d'un projet d'exploitation forestière après avis de vacance de l'autorité compétente au niveau de la province où l'exploitation est envisagée. Elle a une validité d'un an au cours duquel le requérant est tenu de réaliser à ses frais un inventaire d'allocation.
Lettre d'intention ou contrat signé entre l'exploitant et l'Etat Congolais dès qu'il aura complété l'étape précédente. Sa validité est de trois ans au terme desquels l'exploitant devra réaliser au moins 50 % de son projet d'investissement.
Garantie d'approvisionnement, ayant une validité de 25 ans renouvelable, est octroyée à l'exploitant disposant d'au moins une unité de transformation de bois viable. La superficie maximale pouvant être octroyée par le Ministère ayant à sa charge la gestion des forêts est de 250.000 hectares. Au-delà, l'octroi de la garantie d'approvisionnement fait l'objet de délibération par le Conseil des Ministres.
La coupe de bois, qui peut être effectuée durant les deux dernières étapes, est subordonnée à la possession d'un permis de coupe délivré à l'issue d'un inventaire d'exploitation sur la superficie sollicitée. La superficie maximale d'un permis de coupe est de 1.000 hectares et un exploitant peut en solliciter, suivant sa capacité réelle, autant qu'il désire. Il existe deux types de permis de coupe : ordinaire et spécial. Ce dernier est délivré pour l'exploitation de certaines essences nobles et protégées par la loi nationale et le CITES (Ex: Millettia laurentii, Diospyros sp, Pericopsis elata, …). Ces permis déterminent le volume maximal à exploiter pour chaque essence.
Les superficies annuellement allouées à l'exploitation forestière se situent en deçà de 100.000 hectares. Durant les années 1996, 1997 et 1998, elles ont respectivement totalisé 87.924 hectares, 87.550 hectares et 68.609 hectares. Dans celle-ci, environ 98 % appartiennent aux exploitants industriels et 2 % seulement aux scieurs de long. Ces derniers opèrent principalement dans les provinces du Nord-Kivu, Orientale, Sud-Kivu et Maniema.
La répartition des superficies sollicitées en vue de l'exploitation forestière par province se présente ainsi :
Tableau 12 : Répartition des superficies des permis de coupe octroyés (années: 1996, 1997, 1998) par province
|
PROVINCE |
ANNEE 1996 |
ANNEE 1997 |
ANNEE 1998 |
TOTAL |
|
HECTARES |
HECTARES |
HECTARES |
||
|
Kinshasa Bas-Congo Bandundu Equateur Orientale Maniema Katanga Sud-Kivu Kasaï-Occidental Kasaï-Oriental Nord-Kivu |
2.000 10.927 15.377 33.474 25.029 610 - 362 - - 85 |
- 6.628 17.261 33.503 29.450 50 100 308 - - - |
- 7.283 4.686 40.995 10.500 100 50 - 2.280 50 1.795 |
2.000 24.838 37.324 107.972 64.979 760 150 670 2.280 50 1.880 |
|
TOTAL |
87.864 |
87.300 |
67.739 |
242.903 |
Source : Compilation des données de DGFC
Au regard de ce tableau, on constate que les provinces de l'Equateur, Orientale et de Bandundu constituent le Pool actuel de l'exploitation forestière. Malgré l'épuisement des forêts du Bas-Congo, celles-ci continuent encore à faire la convoitise des exploitants. Cette province se place ainsi en quatrième position.
L'industrie du bois, généralement vétuste, reste rudimentaire. La transformation est limitée aux produits de sciage et de placages. La quasi-totalité des placages produits est exportée. Environ 25 % de sciage sont également destinés à l'exportation et la part de grumes exportées représente environ 30 % de la production.
C'est en majorité sous forme de grumes (près de 70 % du total) que la République Démocratique du Congo vend son bois sur le marché international. Les volumes de sciages et placages exportés forment ensemble environ 30 % des exportations. En vendant d'avantage la matière première et non le produit transformé, le pays mène ainsi une politique à l'encontre du plein emploi.
La tendance actuelle est d'encourager des industries possédant des unités de transformation en leur garantissant un approvisionnement soutenu. Ainsi, celles qui n'en possèdent pas seront petit à petit appelées à disparaître.
Dans l'ensemble, des investissements destinés au secteur forestier restent marginaux : une seule entreprise (SIFORCO) fait partie d'une cinquantaine de plus grosses entreprises de la République Démocratique du Congo. Environ 75 % des sciages, 100 % des placages tranchés et 75 % des déroulés et contre-plaqués sont produits par 10 % seulement des entreprises forestières installées.
3.7. Situation de l'offre et de la demande de bois
Au cours de deux prochaines décennies, l'offre en bois rond d'industrie restera excédentaire par rapport à la demande. Toutefois la demande intérieure en produits transformés (sciages et placages) ne saura être satisfaite que si une imposante industrie du bois est installée. Ceci n'est pas évident compte - tenu de la conjoncture économique difficile que traverse le pays. Ainsi, les besoins en produits transformés, essentiellement les placages, seront satisfaits à partir des importations.
Sur le plan international, l'essentiel de la production nationale continuera à être écoulée vers l'Europe où s'exerce déjà une dure concurrence avec les produits provenant des pays asiatiques. L'industrie forestière devra ainsi être compétitive en fournissant des produits de qualité et en quantité suffisante.
Compte - tenu de l'importance du bois dans la consommation énergétique totale des ménages, les axes de forte densité humaines et les périphéries des villes seront particulièrement déboisés. Le seuil de dégradation irréversible sera d'autant plus facilement atteint que le milieu naturel est faiblement boisé. Les plantations et l'aménagement des forêts à des fins de production énergétique reste encore au stade embryonnaire et ce, malgré les efforts réalisés ces dernières années et la prise de conscience croissante par les autorités du problème de l'énergie-bois et de la déforestation.
La consommation de bois de service (principalement poteaux et piquets de construction) estimée à environ 1.800.000 m3 continuera à être satisfaisante à partir des forêts naturelles en zones forestières alors qu'un déficit sera observé aux périphéries des grandes agglomérations et autour des principaux axes de peuplement humain.
3.8. Implications sociales et économiques
Bien structuré, le secteur forestier est à même de contribuer significativement au relèvement des conditions socio-économiques du pays.
Outre le bois de feu, le milieu forestier procure aux populations rurales nombreux produits nécessaires à leur vie quotidienne : écorces, racines, feuilles, fruits, gibiers, poissons chenilles, …
Ces différents rôles et fonctions de la forêt continueront à être satisfaits étant donné que la majorité des ruraux restera encore tributaire des produits de la forêt pour sa subsistance.
3.9. Les forêts et l'environnement
Les écosystèmes forestiers de la République Démocratique du Congo constituent le foyer d'une immense richesse biologique qualifiée de méga - biodiversité. Étant donné que la vie humaine est étroitement liée à l'existence de ressources biologiques, il importe donc de les gérer durablement. Cette gestion devra se fonder sur les principaux aspects suivants : utilitaire, esthétique, moral et écologique.
La République Démocratique du Congo est partie prenante à différentes conventions internationales relatives à la gestion des ressources naturelles, notamment: la convention sur le changement climatique, la convention sur la biodiversité et la convention sur la lutte contre la désertification et la sécheresse. A cet égard, une impulsion sur la gestion durable des ressources de l'environnement s'est de plus en plus manifesté depuis la conférence de Rio en 1992. Ceci s'est traduit par l'élaboration des plans et programmes nationaux tels que : le PNAE et la stratégie nationale et plan d'action de la biodiversité. La mise en œuvre de ceux-ci devra se traduire par une amélioration de la gestion des ressources biologiques afin qu'elles profitent, non seulement aux générations présentes, mais aussi à celle à venir.
Le rôle de la forêt en tant que puits d'absorption des GES (gaz à effet de serre), notamment le CO2, a été mis en évidence à l'issue de l'étude nationale sur les sources et les puits d'absorption.
L'importance de la couverture forestière se manifeste de plusieurs manières:
Protection contre l'érosion et la stérilisation des sols : la fonction anti-érosive est particulièrement importante dans les zones montagneuse de l'Est et au Mayumbe. L'effet négatif de la disparition des forêts devient parfois spectaculaire. Ainsi l'on note par exemple autour du lac Kivu, où les sols descendent littéralement la montagne pour se jeter dans le lac. Il en est de même en milieux urbains où l'urbanisation anarchique, combinée à la dénudation des sols et les fortes pluies, provoquent des ravinements et même des glissements de terrain (Ex à Bukavu).
Régulation du cycle de l'eau et des climats locaux et régionaux : selon VANGU LUTETE (1988), environ 80 % des précipitations annuelles dans la cuvette centrale proviendrait de l'évapotranspiration des végétaux. L'exploitation incontrôlée des forêts conduirait à une catastrophe (réchauffement du sol, assèchement du climat, perturbation des courants atmosphériques);
Protection des bassins versants; cette fonction de protection par les forêts est particulièrement importante car le fleuve Congo et ses affluents constituent des axes vitaux pour le pays en tant que voies de communication, mais aussi en tant que milieu de vie d'une riche faune ichtyologique;
Préservation de l'habitat indispensable à la survie de nombreux végétaux et animaux et à la conservation de la diversité biologique exceptionnelle du pays.
Toutes ces fonctions continueront à être remplies si la population est suffisamment informée de la nécessité de maintenir le couvert végétal afin que celui continue à assurer durablement son rôle.
3.10. Cadre institutionnel du secteur forestier
1. Structure et fonction des administrations en charge des forêts
Le secteur forestier est au point de rencontre d'une multitude d'actions relevant des autres secteurs et nécessite qu'il soit traité sous un plan global et intégré.
En République Démocratique du Congo , le secteur forestier a généralement évolué à l'intérieur d'une macro-structure ministérielle qui semble diluer ses actions. Ainsi, l'on a de plus en plus envisagé, mais sans succès, la création d'un Ministère à part entière qui s'occuperait uniquement des eaux et forêts ou encore, de l'érection d'une Direction Générale ad hoc.
Traditionnellement, le Ministère en charge de la gestion des forêts a exécuté ce mandat à travers ses principaux services et directions suivants :
La Direction de la Gestion des Forêts et de la Chasse (chargée du contrôle et de suivi de l'exploitation forestière ainsi que de la gestion des activités de chasse et des spécimens animaux vivants);
Le Service Permanent d'Inventaire et d'Aménagement Forestiers (Inventaires et Plans d'aménagement Forestiers, recherche - développement);
Le Service National de Reboisement (activités de reboisement y compris ses aspects normatifs);
Le Centre d'Adaptation des Techniques d'Energie-bois (recherche, vulgarisation, formation dans l'utilisation efficiente de l'énergie-bois);
Le Centre de Promotion du Bois (recherche et promotion de bois peu connu sur les marchés national et international);
Le Fonds de Reconstitution du Capital Forestier (financement des projets liés à l'aménagement et à la reconstitution de la ressource forestière);
A la longue, les besoins de consolidation de la gestion du secteur forestier ont apparu et conduit à la création des nouveaux services; à savoir :
Le Centre National de l'Information Environnementale, chargé de la collecte, la capitalisation et la valorisation de l'information environnementale en vue d'une bonne planification de la gestion;
La Direction des Ressources en eau, pour la gestion des eaux en tant qu'écosystème;
Secrétariat Permanent du Comité Interministériel de l'Environnement, chargé de la coordination des actions relevant des autres ministères et intéressant le domaine de l'environnement.
Parmi les autres ministères intéressés au secteur des forêts, on cite notamment :
Le Ministère de l'Agriculture; en ce qui concerne l'exploitation des terres forestières pour l'agriculture;
Le Ministère du Commerce Extérieur à travers l'Office Congolais de Contrôle (production et consommation forestière);
Le Ministère de l'Énergie à travers la Commission Nationale de l'Énergie s'occupant de la définition de la politique énergétique nationale, de la promotion de la recherche et la valorisation des ressources énergétiques.
Dans le domaine de la Conservation, le Ministère de tutelle compte en son sein deux organismes publics, à savoir : l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (conservation in-situ) et l'Institut des Jardins Zoologiques et Botaniques du Congo (pour la conservation ex-situ). Les réserves de la biosphère 'en nombre de trois) sont sous la supervision du Comité National MAB. Quelques unes de ces aires protégées souffrent d'un bicéphalisme dans leur gestion à cause de la multiplicité des services impliqués.
2. Rôle du secteur privé et des communautés locales dans la gestion forestière
La forêt est une ressource communautaire et sa gestion intéresse tout le monde. De plus en plus, l'Etat prône une gestion participative qui devra impliquer différentes parties dans l'exploitation de cette ressource. Elle doit être gérée et utilisée uniquement selon les principes d'un aménagement durable définis aux niveaux national (directives nationales) et international (OIBT, OAB, ATIBT, …).
En effet, les différentes politiques de développement jusqu'ici mises en place ont encouragé le déboisement en sous-évaluant les ressources forestières et en fixant des prix trop bas pour les produits forestiers. Dans le futur, il sera important d'assurer un meilleur fonctionnement des marchés des produits forestiers et de prendre en compte les produits non marchands dans les décisions concernant l'utilisation des forêts. Ceci devra se faire grâce à un processus de dialogue avec les divers intervenants. Les nouvelles politiques et lois doivent donc être basées sur les principes fondamentaux de la transparence et de la volonté politique. Elles devront également s'appuyer sur des incitations économiques; les actions de police et de contrôle jouant alors un rôle complémentaire.
Les entreprises forestières du secteur privé continueront à jouer leur rôle dans le développement du pays en général et des localités particulièrement à travers différentes réalisations socio-économiques de base bien que pesant sur leur coût de revient et relevant des prérogatives de l'Etat.
D'une manière générale, les exploitants forestiers et les industriels devront adopter un code de bonne conduite devant permettre:
Leur contribution à l'amélioration des conditions de vie des communautés locales;
La promotion de la gestion durable des écosystèmes forestiers;
L'amélioration de l'image de marque de la profession;
Leur contribution à l'amélioration et au renforcement du commerce des produits forestiers.
Au plan de l'aménagement des concessions forestières; les entreprises forestières devront considérer que la forêt, la biodiversité et les écosystèmes en général doivent faire l'objet de soins et de ce fait un équilibre entre gestion économique viable et préservation de l'environnement devra être trouvé et respecté. Elles devront par ailleurs réduire l'impact de la chasse dans les concessions forestières, en s'assurant que les employés, leurs familles et d'autres personnes respectent la législation nationale en matière de la faune sauvage. L'exploitation forestière se fera suivant des pratiques rationnelles et les normes respectueuses de l'environnement et de la protection de la ressource.
Dans la stratégie de participation communautaire, les interventions seront conçues dans un contexte qui tient compte de l'ensemble des besoins et des intérêts de la collectivité, tels que définis par les populations locales.
Étant donné l'attachement de l'humanité pour la préservation des forêts, les exploitants forestiers devront y contribuer en développant leurs efforts dans le sens d'une gestion durable par l'amélioration de leurs méthodes de travail.
A travers ce processus, les exploitants forestiers et les industriels de la filière bois doivent apparaître comme des acteurs privilégiés. Ils devront intégrer la nouvelle dimension de la gestion forestière et participer à l'élaboration et à la mise en œuvre des plans de gestion et des travaux d'aménagement.
Les communautés locales devront quant à elles, être responsabilisées de façon effective à la gestion des forêts et en tirer de façon juste et équitable, les bénéfices découlant de l'exploitation des ressources forestières. Elles devront être considérées comme parties prenantes à toutes concertations relatives à la conception et à la mise en œuvre des mesures nécessaires à une meilleure gestion globale de la forêt.
Les confessions religieuses ont une présence plus marquée sur le terrain que celle des administrations. Elles possèdent une forte capacité de mobilisation de personnes et disposent généralement des services chargés de développement en faveur des communautés rurales. Il en est de même des ONG dont on estime qu'au moins 40 % fournissent sous différentes formes une aide au développement des communautés rurales et même certaines d'entre-elles sont engagées dans les activités de reboisement communautaire. Ces différentes initiatives devraient cependant faire l'objet d'un encadrement et d'une coordination afin d'éviter de disperser des efforts et de faire de doubles emplois.
3- Nouveaux accords pour l'éducation et la recherche
Déjà en 1969, la FAO avait fourni des indications sur l'évolution probable de la consommation de principaux produits forestiers en Afrique Tropicale à travers son Plan Indicatif Mondial (PIM). Il en est ressorti que l'insuffisance du personnel forestier qualifié comptait parmi les facteurs de production les plus cruciaux pour le développement du secteur forestier. Afin d'éviter un déséquilibre entre les différents niveaux de formation (universitaire, technique et professionnel), l'éducation visera à satisfaire aux divers besoins en mains d'œuvre forestière et insistera sur les éléments suivants:
Enseignement forestier universitaire et post-universitaire comprenant des programmes de recherche et de recyclage;
Enseignement de niveau technique;
Enseignement visant la formation de gardes forestiers, du personnel de maîtrise et d'ouvriers forestiers;
Programmes d'éducation du public faisant appel à tous les moyens d'actions, y compris la prise en compte des défis environnementaux dans les programmes scolaires.
Par ailleurs, compte - tenu du fait que le milieu forestier constitue une plate-forme où se côtoient divers utilisateurs, l'enseignement du futur devra privilégier une approche globale et intégrée afin que les utilisations concurrentes soient prises en compte dans la gestion.
La recherche quant à elle, constitue un auxiliaire indispensable à la définition des objectifs de la politique forestière et contribue aussi à adapter aux besoins locaux, les connaissances et innovations en matière de foresterie. Compte - tenu des capitaux considérables qu'exigent certains types de recherche, il ne serait pas opportun de les envisager. Les recherches à entreprendre devront se concentrer sur des travaux s'adaptant mieux aux besoins et mentalités des populations concernées.