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II. Situation du bois-energie au Burkina Faso

 

2.1. Considérations générales

2.1.1. Différents types de produits énergétiques ligneux

Tenant compte des définitions des différents produits ligneux contenus dans le document portant "définition des termes relatifs aux combustibles d'origine ligneuse", on peut retenir pour le Burkina Faso, deux types de produits énergétiques ligneux :

Le bois de chauffage (ou bois de feu) de petite ou de grande taille issu des forêts naturelles ou de forêts artificielles. Les espèces locales d'arbres utilisées pour le bois de chauffage sont d'une gamme assez variée. La capacité calorifique établie de façon empirique par les utilisateurs explique la forte demande d'une espèce déterminée. Cependant, la notion de capacité calorifique est de moins en moins déterminante compte tenu de la raréfaction des ressources ligneuses.

Le charbon de bois, résidu solide dérivé de la carbonisation, distillation, pyrolyse et torréfaction du bois (du tronc et des branches) et des dérivés ligneux provenant de systèmes de production traditionnelle.

Les copeaux de bois existent et proviennent des menuiseries mais ne sont point utilisés comme source d'énergie. Ils servent plutôt à des usages artisanaux. Il ne s'agit donc pas de bois qui a été intentionnellement réduit en petits morceaux à partir de bois brut ou de résidus appropriés pour des emplois énergétiques.

Les briquettes de charbon de bois, la liqueur noire et autres combustibles d'origine ligneuse ne se rencontrent pas au Burkina Faso pour l'instant même si quelques tests expérimentaux ont été réalisés dans ce sens. Un projet de production de briquettes à base de résidus de récolte et de tiges de coton est en cours mais n'utilise pas la biomasse ligneuse comme matière première. D'autre part, un projet de production d'électricité par la gazéification de la biomasse est présentement dans la phase d'étude et ne peut être pris en compte dans la présente étude.

2.1.2. Les utilisateurs du bois-énergie

Deux catégories d'utilisateurs peuvent être considérées :

Résidentiel ou domestiques : ce sont les ménages urbains ou ruraux.

Commercial se rapportant à des utilisateurs comme les restaurants, les brasseurs traditionnels (bière de mil ou dolo). Dans la pratique, les estimations de quantités à grande échelle(nationale ou régionale) de produits énergétiques ligneux consommés font très peu de différences entre le domaine commercial et le domaine résidentiel (ou domestique).

Le domaine industriel quant à lui (ex : production d'électricité par la gazéification de la biomasse) est inexistant pour les raisons tantôt évoquées.

2.1.3. Production et consommation

L'utilisation du paramètre consommation est synonyme de la demande. Quant à la production, elle est synonyme d'approvisionnement.

2.1.4. Le niveau de stratification

Le niveau national sera privilégié tout au long du rapport. Ceci se fera en faisant une distinction entre le milieu rural et le milieu urbain. Le niveau local sera pris en compte en fonction de la disponibilité des données.

 

2.2. Les données disponibles

Les données chiffrées ici présentées proviennent de deux sources d'information : l'étude ESMAP (Energy Sector Management Assistance Programme) publiée en 1991 et l'étude sur l'état de la désertification et des ressources naturelles (CONAGESE, 1998).

2.2.1. La demande en bois de feu

Demande en bois de chauffe

Le tableau 1 présente la demande en bois de feu pour les cinq dernières années.

 

Tableau n° 1 : Demande en bois de feu (en tonne) de 1994 à 1999

ANNEES

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Total demande bois de feu de 4 villes

484558

525945

571047

620205

673796

732231

Total demande bois de feu autres villes

69689

71919

74220

76595

79047

81576

Total demande urbaine

554245

597864

645267

696801

752843

813807

Total demande rurale

3180637

3250774

3320214

3388657

3455765

3521164

Total

3734883

3848638

3965481

4085457

4208608

4334970

Source : ESMAP, 1991

Les données sont disponibles pour une période allant de 1987 à l'an 2010. La demande industrielle et commerciale n'est pas spécifiquement ressortie. La demande commerciale qui concerne l'activité des restaurateurs et autres brasseurs traditionnels a été combinée à l'ensemble de la demande domestique des ménages. La demande industrielle n'a aucune donnée chiffrée parce que tout simplement inexistante. Le tableau 1 présente la situation de la demande pour 4 villes (Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et Ouahigouya), pour les autres villes, pour l'ensemble de la demande urbaine et enfin pour l'ensemble de la demande rurale. Le niveau local est limité aux quatre villes ci-dessus mentionnées. La fragilité de ces données repose essentiellement sur la longue période de projection (1987 à 2010) en se basant sur des données calculées pour l'année 1987. L'ensemble du calcul se base sur une certaine hypothèse du taux d'accroissement annuel de la population qui est le suivant:

LOCALITE

TAUX D'accroissement moyen

Ouagadougou

9,88%

Bobo-Dioulasso

7,13%

Koudougou

3,42%

Ouahigouya

4,21%

Autres villes

3,2%

Population rurale :

3,2%

Ce sont des taux d'accroissement moyen. D'autres hypothèses telles que le taux bas et le taux fort auraient pu être évoquées. Il revient à dire que ces chiffres (ESMAP) ont l'avantage de présenter la situation de la demande de façon globale mais l'analyse au niveau local demanderait une actualisation des données sur la base des taux d'accroissement les plus récents calculés à partir du recensement le plus récent de la population qui est celui de 1996. Les graphiques ci-après permettent d'apprécier l'évolution de la demande dans l'espace et dans le temps.

 

Graphique 1

 

Graphique 2

 

L'approvisionnement en bois de chauffe

Le tableau n°2 présente la situation de l'approvisionnement en bois de feu pour les cinq dernières années et ceci en fonction de la source d’approvisionnement.

 

Tableau n° 2 : Approvisionnement en bois de feu (1994-1999)

Années

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Production bois naturel en tonnes

6899468

6884350

6869036

6853522

6837806

6821887

80 % de production naturelle = bois de feu

5519575

5507480

5495228

5482818

5470245

5457509

Bois de feu des exploitations agricoles en tonnes

227682

230642

233641

236678

239755

242872

Total approvisionnement

5747257

5738122

5728869

5719495

5710000

5700381

Source: ESMAP, 1991

 

 

 

 

 

 

 

 

Graphique 3

L'analyse des données du tableau 2 indique une légère stabilité (une légère décroissance) de la quantité de bois produite au cours des cinq dernières années. La quantité de bois de feu provenant du bois naturel constitue la quasi-totalité du bois de feu car le bois provenant des exploitations agricoles (défrichements de champs ) est en quantité marginale.

c) Analyse de l'offre et de la demande

 

Tableau n° 3 : Balance de l'offre et de la demande (1994 à 1999)

ANNEES

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Total demande de bois de 4 villes

484558

525945

571047

620205

673796

732231

Total demande urbaine

554245

597864

645267

696801

752843

813807

Total demande bois de feu

3734883

3848638

3965481

4085457

4208608

4334970

Approvisionnement bois de feu naturel

5519575

5507480

5495228

5482818

5470245

5457509

Total approvisionnement bois de feu

5747257

5738122

5728869

5719495

5710000

5700381

Bilan

2012374

1889484

1763388

1634038

1501392

1365411

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Graphique 4

 

L'analyse de l'offre et de la demande indique un bilan brut positif mais qui décroît d'année en année. Cette décroissance quoique faible n'est pas moins inquiétante car l'offre est stable et la demande croissante. Les données ESMAP n'ont pas un caractère spatial ce qui cache les disparités éventuelles d'une région à une autre. Les données de l'étude sur l'état de la désertification et des ressources naturelles au Burkina Faso présente une alternative dans la spatialisation des données. La seule difficulté réside dans la limitation des données à une seule année de référence (1998). Là également, les chiffres sont obtenus à partir d'études antérieures. Ainsi on obtient la répartition des volumes de bois sur pied selon les résultats de l’Inventaire forestier national (Parkan, 1986) :

Forêts naturelles :349,347 millions de m3 dont 32,5 millions de m3 pour le domaine classé

Jachères et champs cultivés :152,852 millions de m3;

Total:502,199 millions de m3.

Compte tenu de l'inaccessibilité des forêts, un total de 271,346 millions de m3 est jugé exploitable, dont :

2,1 millions de m3 sous forme de bois d’œuvre,

30,8 millions de m3 en bois de service,

238,4 millions de m3 en bois de feu.

 

De la même manière que les superficies sont réparties, les volumes les plus importants de bois sur pied se trouvent concentrés dans l'extrême Sud-Ouest et au Sud-Est du pays.

Dans l'hypothèse où l'ensemble des superficies forestières serait exploité, les prélèvements annuels possibles (correspondant aux volumes qu'on pourrait prélever chaque année sans entamer la base de production) ont été estimés entre 3 à 10,3 millions de m3. Cependant, eu égard aux problèmes d'accès aux formations forestières, les utilisations locales sont telles que seulement 1/3 (soit 3,4 millions de m3) du volume produit annuellement serait effectivement disponible pour des transferts internes au niveau national. Toutefois, on peut affirmer que l'accessibilité du nombre de zones est nettement améliorée aujourd'hui.

Les superficies des plantations forestières, industrielles ou villageoises, restent relativement faibles, en dépit des efforts déployés ces dernières années pour promouvoir davantage la reforestation.

Le tableau 4 suivant présente le bilan actuel (1998) entre les prélèvements annuels possibles qui sont les produits des productivités moyennes annuelles et les superficies des formations végétales, et la consommation nationale annuelle du bois calculée à partir des consommations moyennes en bois énergie, bois de service et d’œuvre par personne et par jour ou par an, soit 1,5 kg et 0,03 m3 respectivement (Parkan, 1986), et de la population actuelle du Burkina.

La production concerne à la fois les formations forestières et les jachères ; quant à la consommation il s’agit du bois de feu, du bois de service et du bois d’œuvre

Le tableau 4 donne un bilan brut positif. En admettant que l’accessibilité des ressources ligneuses s’est effectivement améliorée, passant ainsi d’un tiers (1/3) à 50%, seulement 5.000.000 de m3 de bois sont disponibles pour la consommation, ce qui se traduirait par un déficit annuel de l’ordre de 3.000.000 m3.

Comme on pouvait s’y attendre, les provinces déficitaires sont essentiellement les provinces du Plateau Central, à l’exception, curieusement du Banwa, du Houet et de Ioba. Au prime abord, on est étonné que ces trois dernières provinces se retrouvent parmi celles qui sont déficitaires en bois. Mais à y regarder de près on peut admettre que le découpage administratif actuel du territoire national a privé le Houet de l’essentiel de ses superficies forestières alors qu’il est la deuxième province la plus peuplée après le Kadiogo ; en outre, les trois provinces sont situées dans les zones d’accueil des migrants avec des taux d’accroissement de 88% pour le Houet (ancien) et 64% pour la Kossi (ancienne) entre 1975 et 1985, par exemple (Kessler et Geerling, 1994). La province du Ioba est formée par la partie la plus occupée de l’ancienne province de la Bougouriba.

Source: Etude sur l'état de la désertification et des ressources naturelles au Burkina Faso. CONAGESE 1998

Tableau 4 : Bilan de la Production forestière et de la consommation nationale annuelle du bois

Volume total

Consommation

Bilan

(a)

totale par an (b)

a - b

Province

m3

m3

m3

Bam

152933

159031

-6097

Banwa

147330

158349

-11019

Bazéga

101323

178741

-77418

Bougouriba

104704

63674

41029

Boulgou

215075

266120

-51045

Boulkiemdé

89349

354327

-264979

Comoé

755091

173874

581218

Ganzourgou

93992

191387

-97395

Gnagna

296996

224156

72840

Gourma

350444

168715

181730

Houet

426153

480063

-53910

Ioba

101496

140618

-39122

Kadiogo

65636

727611

-661976

Kénédougou

330568

139015

191553

Komondjari

219264

33608

185656

Kompienga

343568

22710

320858

Kossi

312724

173298

139426

Koulpélogo

201043

142159

58884

Kourittenga

62212

188158

-125946

Kourwéogo

37069

99130

-62062

Léraba

110930

78063

32866

Les Bâles

167786

129799

37987

Loroum

152123

77704

74419

Mouhoun

198635

169949

28686

Nahouri

143083

102871

40212

Namentenga

240055

19456

220599

Nayala

89673

114400

-24727

Noumbiel

111239

42773

68466

Oubritenga

55051

146732

-91681

Oudalan

435516

103879

331637

Passoré

106506

218950

-112444

Poni

250844

187574

63270

Sanguié

145590

214496

-68905

Sanmatenga

352237

359708

-7471

Séno

292107

118146

173961

Sissili

219354

113682

105672

Soum

708619

215589

493030

Sourou

183710

147850

35860

Tapoa

574136

155396

418740

Tuy

235489

108706

126783

Yagha

292151

92503

199647

Yatenga

195792

345951

-150159

Ziro

130741

86990

43751

Zondoma

60512

102679

-42167

Zoundwéogo

122836

152476

-29640

Total

9981684

7866163

2115521

Remarque: Il y a une grande différence entre le bilan de l'année 1998 présenté dans l'étude CONAGESE et l'étude ESMAP (2115521 tonnes contre 1365411 tonnes). Les bases de calcul de l'étude CONAGESE n'étant pas connues, il est difficile d'apprécier de façon objective ces différences.

2.2.2. La demande en charbon de bois

La demande en charbon de bois a été estimée seulement pour les quatre villes que sont : Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et Ouahigouya. Cette quantification très partielle de la consommation de charbon de bois est liée d'une part au fait que le charbon provient en grande quantité de la consommation de bois de feu des brasseurs traditionnels (donc un produit dérivé d'une première consommation ) et d'autre part au fait que la demande provient essentiellement du milieu urbain.

 

Tableau N°5 : Demande en charbon de bois pour 4 villes

Années

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Ouagadougou

8306

9127

10028

11019

12108

13304

Bobo-Dioulasso

7522

8059

8633

9249

9908

10615

Koudougou

873

903

934

966

999

1033

Ouahigouya

351

366

381

397

414

431

Total

17052

18455

19976

21631

23429

25383

 

2.3. La commercialisation

2.3.1. Le bois de feu

Le prix du bois de feu a toujours été fixé par stère de bois. Pour les zones soumises à l'aménagement et donc une gestion contrôlée, le stère a coûté pendant longtemps 1610 FCFA. A partir de 1997, ce prix a connu une évolution et est de nos jours de 2200 FCFA.

Ces prix structurés sont seulement le fait des zones d’approvisionnement soumises à gestion rationnelle. En dehors de ces zones, les prix sont fixés suivant les lois de l'offre et de la demande. Dans la vaste majorité des cas, les fonctions d'exploitant de bois, de grossiste transporteur et de détaillant sont assumées par la même personne. Il est tenu de payer les taxes liées à la coupe et à la circulation. En dehors de ces deux taxes qui sont reconnues sur l'ensemble du territoire, l'exploitant et grossiste transporteur fixe son prix librement.

2.3.2. Le charbon de bois

Il n'y a pas de structure officielle de prix pour le charbon de bois étant donné le niveau de consommation assez bas mais du fait également que la principale source d'approvisionnement est la brasserie traditionnelle (bière de mil). Selon les données ESMAP le prix de détail le plus élevé est de 89 FCFA/kg à Ouagadougou, 48 FCFA/kg à Bobo-Dioulasso, 38 FCFA/kg à Ouahigouya et 28 FCFA/kg à Koudougou.

 

 

 

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