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4. DISTRIBUTION DES STOCKS

Tous les Etats côtiers de la sous-zone septentrionale du COPACE ont revendique l'extension de leur juridiction sur les ressources halieutiques de leur littoral. Bien qu'ils ne poussent pas tous leurs revendications jusqu'à la limite des 200 milles nautiques, celles-ci sont toutes d'une ampleur suffisante pour recouvrir l'étroit plateau continental et englober les stocks de poisson qui ont le plus de valeur.

Toutefois, la délimitation précise des frontières maritimes entre Etats côtiers adjacents ou se faisant vis-à-vis n'est pas encore achevée, sauf pour le Sénégal et la Gambie. Comme dans d'autres parties du monde, il pourra s'écouler plusieurs années avant que toutes les contestations soient réglées et les frontières maritimes fixées.

Comme la détermination de ces frontières entraîne la répartition de richesses, elle ne peut être résolue que par les Etats concernes. Bien que le principe de la ligne médiane1/ soit en général accepté comme l'une des bases les plus importantes de délimitation d'une frontière, ce n'est pas le seul. L'importance relative des différents principes est toujours en discussion dans les débats de la 3ème Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer.

1/ Conformément au principe de la ligne médiane, on trace une ligne telle que chacun de ses points soit équidistant des points les plus proches situés sur les bases des Etats côtiers adjacents, ou se faisant vis-à-vis.
Si les frontières maritimes n'ont encore fait l'objet d'aucune décision, il n'en est pas moins vrai qu'un grand nombre des stocks les plus précieux de la sous-zone sont partagés entre deux Etats côtiers, ou davantage. Cela pose un problème particulièrement délicat pour les céphalopodes dont les stocks ont une très grande valeur. La Figure 5 montre la situation de leurs principaux lieux de pêche. On a estimé que 75 pour cent environ des prises récentes se sont effectuées dans la zone comprise entre le cap Garnett et le cap Barabas (du 26°N au 22°30'N) (FAO, 1978a). Comme les rentes économiques potentielles de cette zone sont extrêmement élevées et qu'il y a apparemment une très forte surexploitation, il est donc de la plus grande urgence que les pays concernés par l'exploitation de ces ressources parviennent à un accord sur la répartition des bénéfices et sur l'aménagement des stocks.

Au sud du Cap-Vert, la Guinée-Bissau et la République de Guinée se partagent les terrains de pêche des céphalopodes. Bien que l'on ait estimé à 2 pour cent seulement du total capturé les prises récentes dans ce secteur, il s'agit la d'un fait nouveau et ce développement est probablement appelé à prendre une autre dimension dans le futur (FAO, 1978a)2/. Il est donc important que la Guinée-Bissau et la République de Guinée s'entendent rapidement sur l'aménagement et la répartition des stocks.

2/ D'après une estimation plus récente, les prises de céphalopodes dans ce secteur auraient été d'environ 8 pour cent du total capturé entre février 1978 et février 1979 (Yamamoto et Ansa Emmim, 1979a).
Fig. 5 - Principaux fonds de pêche des céphalopodes
Source: FAO 1978a, Fig. 1, 2, 3.
La Figure 6 montre la distribution des zones de pêche de la sardine. Leur importance relative a beaucoup varie ces dernières années. Entre 1976 et 1978, les prises dans la zone B sont passées de 15 pour cent à 42 pour cent du total, tandis que celles de la zone C tombaient de 60 à 16 pour cent (FAO, 1978b). Ce changement est du presque entièrement au fait que les flottilles soviétiques et polonaises ont cesse de pêcher dans la zone C. Comme le montre la carte, la zone était partagée entre le Maroc et la Mauritanie. De même que pour les céphalopodes, il y a urgence à ce qu'un accord intervienne entre les deux Etats sur l'aménagement des stocks et le partage des bénéfices.

La plupart des autres stocks importants sont plus largement distribués dans la sous-zone septentrionale du COPACE. Pour les chinchards, Trachurus trachurus se rencontre au nord de la latitude 13°N (Boely et Fréon, 1979) et est donc partagé entre le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc. Trachurus trecae est présent en grande abondance de la Gambie à Nouadhibou, et Caranx ronchus de la Guinée au nord de la Mauritanie (Boely et Fréon, 1979). Pour les sardinelles rondes et plates, la distribution est à peu près la même que pour Caranx ronchus (Boely et Fréon, 1979).

En ce qui concerne le merlu, il existe trois espèces distinctes dont la distribution se chevauche. Bien que Merluccius merluccius se trouve jusqu'au sud de Dakar, les principaux fonds de pèche sont au Maroc (FAO, 1978e). Quant à Merluccius senegalensis, on le pêche surtout entre 13°N (juste au sud de la Gambie) et environ 20°N en Mauritanie, et M. cadenati, de 8°N environ (au large de Conakry) à 22°N en Mauritanie (FAO, 1978e). Les autres espèces démersales se répartissent dans toute la zone, avec des différences de distribution liées à la nature des fonds (FAO, 1979e). Un grand nombre de ces espèces peuvent être constituées de stocks distincts, qui tombent sous la juridiction de différents Etats côtiers.

A part certaines espèces du dernier groupe démersal, la plupart de celles mentionnées ci-dessus appartiennent à des stocks communs à la juridiction de deux Etats côtiers ou davantage et, par conséquent, relèvent de décisions conjointes sur l'aménagement et l'allocation des quotas. Pour plusieurs de ces espèces, notamment les pélagiques, ces décisions se compliquent des migrations saisonnières et des différences de vulnérabilité selon les zones. Ces complications, toutefois, ne remettent pas en cause la nécessité de décisions communes.


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