Directeur général QU Dongyu

RÉUNION DE 2023 DES CHEFS DE SECRÉTARIAT MEMBRES DU GROUPE DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE Point 2

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

03/05/2023

RÉUNION DE 2023 DES CHEFS DE SECRÉTARIAT MEMBRES DU GROUPE DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Point 2 de l’ordre du jour: Positionner le Groupe des Nations Unies pour le développement durable de façon à appuyer l’accélération de la concrétisation des ODD
en opérant des transitions clés

Intervention sur les systèmes agroalimentaires 

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO 

3 mai 2023



Madame la Vice-Secrétaire générale, Amina Mohammed,

Chers collègues,

 

1. Je vous remercie. Merci, Madame Mohammed, de m’offrir cette occasion de prendre la parole au sujet de l’une des transitions clés pour l’accélération de la concrétisation des ODD, à savoir la transformation des systèmes agroalimentaires.

 

2. Je tiens à réaffirmer le plein engagement de la FAO en faveur de l’orientation stratégique axée sur l’avenir que le Groupe des Nations Unies pour le développement durable fournit et du contrôle que celui-ci assure.

 

3. Vous n’êtes pas sans savoir l’étendue des défis mondiaux auxquels nous faisons face, qui compromettent la sécurité alimentaire mondiale, en particulier dans les pays les plus pauvres et parmi les populations vulnérables. En 2021, pas moins de 828 millions de personnes souffraient de la faim, soit une augmentation de 150 millions depuis l’apparition de la pandémie de covid-19. En 2022, la répartition de la faim était plus extrême et davantage déséquilibrée à l’intérieur des pays et entre eux.

 

4. Et les tendances que l’on observe continuent de pointer dans la direction d’une augmentation, dans les années à venir, du nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire et ayant peu d’espoir d’accéder à une alimentation saine et nutritive. Cela est particulièrement vrai pour les pays les plus pauvres – les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral – et les populations les plus vulnérables.

 

5. Les systèmes agroalimentaires doivent devenir plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables si l’on veut pouvoir combattre les nombreuses crises imbriquées que le monde traverse aujourd’hui.

 

6. Si les systèmes agroalimentaires existants contribuent aux émissions de gaz à effet de serre et à la perte de biodiversité et sont très gourmands en eau douce, nous avons des raisons d’espérer que nous puissions les transformer, à court et à long terme.

 

7. Quels sont les facteurs clés de la transformation des systèmes agroalimentaires et les principaux goulets d’étranglement qui la freinent?

 

8. Afin de mettre fin à l’extrême pauvreté et à la vulnérabilité et d’éradiquer la faim, il faut que nous transformions ces systèmes de façon à créer des conditions propices aux investissements économiques, à l’expansion du commerce et à la croissance des services et d’autres segments du marché.

 

9. Les étapes à franchir pour appuyer la transformation des systèmes agroalimentaires sont les suivantes:

 

10. Premièrement, collecter des données et des éléments probants fondés sur la science et exploiter le potentiel offert par la science, l’innovation et la technologie, y compris les technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle, l’internet des objets et les mégadonnées.

 

11. Deuxièmement, assurer une meilleure coordination des politiques et des cadres institutionnels afin d’offrir des solutions globales à tous les niveaux.

 

12. Troisièmement, faire œuvre de sensibilisation et renforcer les capacités humaines. Les décideurs du secteur public devraient avoir connaissance des défis concernant les systèmes agroalimentaires et disposer de moyens suffisants pour appuyer les efforts intersectoriels nationaux visant à les relever. Tous les acteurs des systèmes agroalimentaires, des petits producteurs et transformateurs aux grandes entreprises agroalimentaires, devraient disposer des capacités nécessaires pour participer aux systèmes agroalimentaires durables.

 

13. Quatrièmement, prendre des mesures pour accroître les contributions des femmes à la transformation des systèmes agroalimentaires. La FAO vient de publier un nouveau rapport exhaustif sur la situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires, qui confirme que nous devons: renforcer l’autonomisation des femmes; mettre en œuvre des approches porteuses de transformation en matière de genre pour faire évoluer, à grande échelle, les normes sociales restrictives; améliorer l’accès des femmes aux terres, à l’innovation et à la finance; faciliter l’accès des mères à des moyens de garde d’enfants formels et à des service de vulgarisation.

 

14. Cinquièmement: mobiliser les financements publics, privés et mixtes pour que soient réalisés les investissements nécessaires à la transformation.

 

15. Et enfin sixièmement: la transformation doit être prise en main par les pays et opérée en partenariat avec les entités du système des Nations Unies et différentes parties prenantes, issues notamment du secteur public, du secteur privé, de la société civile, des milieux universitaires et des instituts de recherche, ainsi qu’avec les partenaires de développement.

 

16. Il existe de possibles goulets d’étranglement pouvant freiner la transformation des systèmes agroalimentaires, qui doivent être éliminés, notamment les lacunes en matière de gouvernance, de capacités institutionnelles, de financement et d’infrastructure qui empêchent que des progrès soient réalisés à l’échelle mondiale. Par ailleurs, des facteurs structurels majeurs, tels que le passage au numérique, l’urbanisation et l’impératif de neutralité carbone, mènent les systèmes agroalimentaires au-devant de défis et d’opportunités immenses.

 

17. Les questions qui se posent à nous sont les suivantes: Comment le système des Nations Unies pour le développement peut-il appuyer la transformation des systèmes agroalimentaires? Et comment la FAO peut-elle l’y aider?

 

18. Forte du rôle particulier qui est le sien en tant qu’institution spécialisée des Nations Unies, la FAO s’emploie à susciter et à orienter une action mondiale qui permette d’exploiter les nombreuses possibilités d’opérer la transformation dont nous avons besoin.

 

19. En tant qu’organisation hôte du Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, la FAO héberge une plateforme permettant à toutes les institutions et tous les fonds et programmes du système des Nations Unies de rationaliser l’appui qu’ils prêtent aux pays en vue d’accélérer la concrétisation des ODD au moyen de la transformation des systèmes agroalimentaires, sous la conduite dynamique de la Vice-Secrétaire générale. À ce jour, 117 pays ont élaboré des feuilles de route nationales pour la transformation des systèmes alimentaires dans le cadre de la suite donnée au Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021. Certains ont commencé à les mettre en œuvre, tandis que d’autres ont besoin d’une aide technique et financière supplémentaire pour pouvoir le faire.

 

20. Le Bilan de la transformation des systèmes alimentaires à l’échelle des Nations Unies de 2023 se tiendra au siège de la FAO du 24 au 26 juillet. Il sera coordonné par le Secrétaire général et la Vice Secrétaire générale et accueilli par le Gouvernement italien en collaboration avec les organismes des Nations Unies ayant leur siège à Rome (FAO, FIDA et PAM) et le système des Nations Unies dans son ensemble. L’on constate une très forte volonté politique à cet égard, comme en témoigne le grand nombre de chefs d’État et de gouvernement ayant prévu de participer au Bilan. Madame la Vice-Secrétaire générale, je vous prie de leur adresser un message clair ou une invitation le plus tôt possible.

 

21. Nous devons mettre à profit la dynamique créée par le Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021 en offrant aux pays un espace propice à l’examen des engagements pris et en leur permettant d’échanger sur leurs réussites et sur les premiers signes de transformation.

 

22. À cet égard, l’appui des coordonnatrices et coordonnateurs résidents et des équipes de pays des Nations Unies en amont du Bilan est essentiel.

 

23. Enfin, qu’est-ce qui doit être fait au niveau des pays pour faire progresser la transformation des systèmes agroalimentaires?

 

24. Il est essentiel de disposer, à l’échelle des pays:

  • Premièrement, de cadres stratégiques et réglementaires harmonisés et intégrés faisant l’objet d’une forte volonté politique;
  • Deuxièmement, d’un dialogue multipartite amélioré et de catalyseurs de réalisation des ODD;
  • Troisièmement, de capacités humaines et institutionnelles accrues au niveau des parties prenantes publiques et privées.

 

25. C’est pourquoi la FAO a créé le Forum mondial de l’alimentation. Celui-ci, qui se tient à la mi-octobre depuis 2021 – de façon à coïncider avec l’anniversaire de la FAO, le 16 octobre –, vise à faire une place à la transformation des systèmes agroalimentaires dans la sphère internationale, à donner aux femmes et aux jeunes des moyens d’action, à promouvoir la science et l’innovation et à attirer des investissements dans les zones rurales faisant face à de nombreux défis.

 

26. Je me réjouis à la perspective des échanges que nous aurons aujourd’hui, qui permettront de mettre en évidence les interconnexions entre les six transitions au moyen d’approches intégrées, à savoir une méthode globale axée sur l’alimentation, l’énergie et le climat et une approche consistant à recentrer les efforts sur les objectifs de développement durable de façon à contribuer à la sécurité alimentaire et à la sécurité sanitaire ainsi qu’à la paix et à la prospérité, à améliorer plus avant les capacités de programmation commune des Nations Unies, à renforcer les partenariats institutionnels et à améliorer l’obtention de résultats à l’échelle des pays en vue d’accélérer la réalisation des ODD.

 

27. Je vous remercie.