Directeur général QU Dongyu

Cérémonie de remise de certificats SIPAM Allocution d’ouverture

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

22/05/2023

Cérémonie de remise de certificats SIPAM

Allocution d’ouverture

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

22 mai 2023

 

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

 

1.       Je vous souhaite la bienvenue, depuis Rome, à la cérémonie de remise de certificats organisée dans le cadre du programme des Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM).

 

2.       Nous célébrons aujourd’hui la désignation officielle de 24 nouveaux sites SIPAM, répartis dans 12 pays et quatre régions du monde.

 

3.       Je présente mes félicitations au Brésil, à la Chine, à l’Équateur, à l’Espagne, à l’Italie, à l’Iran, au Japon, au Maroc, au Mexique, à la République de Corée, à la Thaïlande et à la Tunisie pour la reconnaissance de leurs systèmes parmi les SIPAM.

 

4.       Qu’il s’agisse d’oasis ou de la forêt amazonienne, de systèmes pastoraux nomades ou de pêcheries dans les lagunes méditerranéennes, ces différents sites illustrent l’ingéniosité qui caractérise chacun des membres du programme SIPAM.

 

5.       J’adresse des félicitations particulières aux agriculteurs de ces nouveaux sites SIPAM, qui sont à la fois les créateurs et les gardiens de ces systèmes! Bienvenue dans la grande famille des SIPAM!

 

6.       Nous allons continuer à œuvrer ensemble en faveur du développement rural durable en mettant en œuvre de nouvelles actions, en élaborant des projets communs et des programmes de jumelage, en renforçant les capacités et en apprenant les uns des autres.

 

7.       Grâce au soutien des membres de la FAO, on dénombre à présent 74 sites. Il s’agit d’un jalon important pour le programme SIPAM, qui entame sa troisième décennie d’existence.

 

8.       Je tiens tout particulièrement à saluer et à remercier les hauts responsables et les délégations nationales qui sont parmi nous aujourd’hui, ainsi que nos pays donateurs: la Chine, l’Espagne, l’Italie et le Japon.

 

9.       La FAO a instauré le programme SIPAM il y a 21 ans dans le but de préserver les systèmes agricoles traditionnels et de rendre hommage aux communautés qui en sont à l’origine.

 

10.    Depuis des siècles, voire des millénaires, ces méthodes traditionnelles contribuent à la sécurité alimentaire, garantissent une alimentation diversifiée et nutritive et assurent une production alimentaire en harmonie avec la nature.

 

11.    Dans bien des cas, ces méthodes ont permis aux communautés agricoles de s’adapter à des conditions géographiques et climatiques difficiles.

 

12.    À l’heure où nous nous trouvons confrontés à une crise climatique, nous pouvons nous inspirer de ces pratiques et de cette sagesse, léguées par la tradition. Nos ancêtres savaient comment mettre en place des systèmes d’adaptation et d’atténuation pour survivre, et même prospérer.

 

13.    Ainsi, les acquis de la civilisation tiennent une place importante dans l’optique de la modernisation. Si nous ne prenons pas appui sur les fondements des systèmes agroalimentaires et des civilisations alimentaires traditionnels, toute tentative de modernisation sera un échec.

 

14.    Tous les systèmes agroalimentaires se rapportent à une culture alimentaire. L’alimentation n’est pas seulement une affaire de nourriture et de nutrition. Elle est aussi liée à la culture, au patrimoine et à la civilisation.

 

15.    Si de nombreux systèmes du patrimoine agricole sont devenus des réservoirs de diversité biologique, c’est parce que les pratiques traditionnelles favorisent une démarche de préservation durable et intégrée.

 

16.    Il ne saurait y avoir de développement durable sans respect de la nature et des usages traditionnels. Ce principe trouve un écho particulier en ce jour où nous célébrons la Journée internationale de la diversité biologique, laquelle offre l’occasion de faire mieux comprendre et mieux connaître les enjeux de la biodiversité.

 

17.    Je l’ai dit à maintes reprises au cours des 40 dernières années, y compris lorsque j’étais moi-même chercheur: pour préserver la biodiversité, nous devons créer de la diversité alimentaire.

 

18.    Dans le contexte des systèmes agroalimentaires et des zones rurales, la préservation de la biodiversité doit s’envisager en combinaison avec celle de la diversité alimentaire. C’est en effet la manière la plus pragmatique de sensibiliser le public à la biodiversité.

 

19.    Cette journée internationale vise également à rendre hommage aux communautés locales qui sont les gardiennes de la biodiversité. Elle nous rappelle que nous devons protéger et restaurer la nature dans l’intérêt des populations et de la planète.

 

20.    Cette vision des choses s’inscrit dans le droit fil de la Stratégie de la FAO relative à l’intégration de la biodiversité dans tous les secteurs de l’agriculture, ainsi que de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030).

 

21.    Sans biodiversité, l’humanité ne pourrait pas s’alimenter et l’agriculture ne pourrait pas continuer à se développer.

 

22.    Les systèmes du patrimoine agricole mettent en avant des pratiques qui offrent des solutions face au changement climatique et à l’appauvrissement de la biodiversité, en particulier au niveau local.

 

23.    Nous avons accompli beaucoup de choses ensemble, mais il reste encore beaucoup à faire.

 

24.    Des dossiers de candidature officiels sont actuellement à l’étude pour 18 systèmes supplémentaires qui prétendent au statut SIPAM.

 

25.    C’est le Groupe scientifique consultatif sur les SIPAM qui a pour tâche d’examiner ces dossiers.

 

26.    Certains de ses membres sont aujourd’hui présents parmi nous et je tiens à les remercier de leur dévouement et de leur assistance.

 

27.    Par ailleurs, nous explorons les moyens d’accroître les débouchés sur les sites SIPAM, notamment grâce aux secteurs du commerce électronique et du tourisme, et envisageons des synergies avec d’autres programmes de la FAO tels que l’initiative Un pays, un produit prioritaire, l’initiative 1 000 villages numériques ou encore le Partenariat de la montagne.

 

28.    Je tiens à rappeler à tous les membres du Groupe consultatif scientifique que l’examen des sites et des pays candidats doit se référer aussi à des critères d’inclusion, et que l’on ne doit pas se contenter de prendre en compte l’existence d’une longue tradition agricole, car de nombreux pays en sont dépourvus.

 

29.    Il convient également de tenir compte des contributions scientifiques et du caractère exemplaire des pratiques adoptées, et de définir des normes différentes selon les produits et les systèmes. En procédant ainsi, vous sensibiliserez davantage le public et permettrez au programme SIPAM de nouer ultérieurement un plus grand nombre de partenariats.

 

30.    Nous collaborerons également avec l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies en vue de créer des possibilités de promotion des sites SIPAM dans le secteur de l’agrotourisme. Il s’agit là d’une illustration concrète de la collaboration au sein du système des Nations Unies, les zones rurales étant un domaine d’activité commun à de nombreuses institutions des Nations Unies, comme celles intervenant dans le domaine de l’agrotourisme ou même l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

 

31.    Le développement rural couvre de nombreux aspects au-delà de l’agriculture, notamment l’éducation, les transports, la science, la religion, la santé et bien d’autres encore.

 

32.    Lorsque j’exerçais des responsabilités locales en Chine, nous avons mobilisé plus de 26 secteurs différents à l’appui du développement rural, parmi lesquels les femmes, les jeunes, la religion, la culture, l’éducation, l’histoire, l’innovation et les nouvelles technologies numériques.

 

33.    Nous devons collaborer avec un maximum d’institutions apparentées du système des Nations Unies pour renforcer les moyens de subsistance et promouvoir une gestion durable des systèmes agroalimentaires et des paysages.

 

34.    Aux nouveaux membres de la famille des SIPAM, je tiens à dire ceci: l’obtention de votre certificat de reconnaissance ne constitue pas une fin en soi, bien au contraire, car cette distinction s’accompagne d’un surplus de travail et de responsabilités.

 

35.    En effet, les sites détenteurs du statut SIPAM nécessitent des efforts en matière d’entretien, d’amélioration constante et de collaboration, de façon à pouvoir être adaptés aux problématiques actuelles et futures, qu’il s’agisse des incidences de la crise climatique, de l’urbanisation ou de l’industrialisation.

 

36.    Parmi ces sites, j’en connais un certain nombre qui pourraient être directement exposés à l’avenir aux effets de l’urbanisation et de l’industrialisation. C’est là un défi futur. Pour cette raison, il est important d’exercer une surveillance constante de l’état de ces sites et de les soumettre à une gestion adaptative pour faire en sorte qu’ils ne s’écartent pas des normes auxquelles ils sont soumis.

 

37.    En veillant au respect et à l’amélioration des normes, nous renforcerons et étendrons le programme SIPAM destiné à préserver ces systèmes dans l’intérêt des générations futures, afin de contribuer à l’éradication de la faim et de la pauvreté et de réaliser les quatre améliorations – en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie – sans laisser personne de côté. 

 

38.    C’est ainsi que les quatre améliorations se concrétiseront grâce aux villages, aux communautés et aux bonnes pratiques des agriculteurs, et pas seulement grâce au Cadre stratégique de la FAO ou aux politiques nationales.

 

39.    Joignons le geste à la parole et respectons les pratiques traditionnelles tout en les intégrant aux nouvelles technologies pour moderniser les systèmes agroalimentaires et les rendre mieux adaptés à l’objectif d’élimination de la faim.

 

40.    Je vous remercie de votre attention.