Directeur général QU Dongyu

Réunion conjointe du Comité du Programme (cent trente-troisième session) et du Comité financier (cent quatre-vingt-onzième session) Allocution d’ouverture de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

16/05/2022

Réunion conjointe du Comité du Programme (cent trente-troisième session)

et du Comité financier (cent quatre-vingt-onzième session) 

Allocution d’ouverture

de   

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

telle que prononcée 

16 mai 2022

 

Mesdames et Messieurs,

Chères et chers collègues,

Bonjour,

 

1.     Les répercussions des catastrophes et des crises que sont la pandémie de covid-19, la guerre en Ukraine, d’autres points d’instabilité et la crise climatique, et les ralentissements et replis économiques qui en résultent, continuent d’imposer un lourd tribut à l’agriculture, à la sécurité alimentaire et au développement rural.

 

2.     L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde confirme que la faim continue de se répandre et nous ne sommes pas sur la voie de son élimination, et pas davantage en voie d’éliminer l’insécurité alimentaire ni la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030.

 

3.     Le Rapport mondial sur les crises alimentaires, publié le 4 mai, nous informe qu’environ 193 millions de personnes dans 53 pays et territoires ont connu la faim aiguë en 2021, soit une augmentation de près de 40 millions de personnes par rapport à 2020. 

 

4.     La guerre en cours en Ukraine continue de faire ressentir ses effets sur les consommateurs dans l’ensemble du monde, en particulier sur les plus pauvres, en raison des hausses des prix qui en résultent, s’agissant des produits alimentaires, de l’énergie et des engrais, ce qui compromet les prochaines récoltes et la sécurité alimentaire au plan mondial.

 

5.     Je réaffirme que la FAO est solidaire de tous ceux qui pâtissent de cette guerre et d’autres conflits et situations d’urgence humanitaire dans l’ensemble du monde.

 

6.     La FAO reste en Ukraine, où elle se consacre à l’accomplissement de sa mission selon les termes de son mandat, tout comme dans d’autres régions.

7.     Nous avons renforcé notre équipe sur le terrain et pris toutes mesures garantissant sa sécurité.

 

8.     Le Plan d’intervention rapide de la FAO en Ukraine, qui aide les agriculteurs à accéder aux intrants nécessaires aux cultures et à l’élevage dans l’immédiat et à moyen terme, touchera près d’un million de personnes, soit approximativement 370 000 ménages.

 

9.     Toutefois, une grande partie des 115 millions d’USD que nécessite ce plan de mai à décembre 2022 n’a pas encore été reçue.

 

10.    Comme nous le savons, l’Ukraine et la Fédération de Russie sont des acteurs importants sur les marchés mondiaux des produits de base, et l’incertitude inhérente à ce conflit a entraîné une nouvelle hausse sensible des prix sur les marchés mondiaux, en particulier ceux du blé, du maïs et des graines oléagineuses.

 

11.    Cette augmentation vient rehausser des niveaux de prix déjà élevés, soutenus par une demande forte et l’élévation des coûts des intrants qu’explique la relance à l’issue de la pandémie de covid-19 et des interventions qu’elle a motivées.

 

12.    En mars 2022, l’indice FAO des prix des produits alimentaires a connu son plus haut niveau jamais atteint (160 points), et se situe à présent (avril 2022) à 158,2 points, ce qui reste un niveau historique.

 

13.    La transparence du marché est déterminante: le Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) est un pilier de la transparence des marchés agricoles et un outil indispensable pour entretenir la confiance dans les marchés agricoles mondiaux.

 

14.    La FAO demande que tout soit mis en œuvre pour renforcer et étendre le système AMIS.

 

15.    Les ministres de l’agriculture du G7 ont invité pour la première fois le Directeur général de la FAO à participer à leur réunion, au cours de laquelle ils ont dit leur reconnaissance de ce que la FAO avait accompli au cours des derniers mois et des dernières années, et ont indiqué qu’ils continueraient d’apporter leur appui à l’exercice du mandat de la FAO, afin qu’il remplisse son objet et aide les agriculteurs du monde entier.

 

16.    Les prix des engrais ont également augmenté de manière sensible, et ceux-ci sont moins abordables.

 

17.    Les principaux pays exportateurs de céréales et de produits de valeur élevée sont tributaires des engrais de la Fédération de Russie, dans des proportions qui vont de 20 à plus de 70 pour cent.

 

18.    Nous devons assurer que les principaux pays exportateurs de produits alimentaires aient accès aux engrais nécessaires pour garantir une disponibilité alimentaire suffisante l’année prochaine.

 

19.    La FAO encourage tous les pays à accroître leur efficacité d’utilisation des engrais, en recourant notamment à des cartes pédologiques et à une meilleure application des engrais.

 

20.    La FAO insiste sur la nécessité de maintenir la continuité des travaux agricoles en Ukraine, tout en prêtant appui aux chaînes de valeur agroalimentaires.

 

21.    Cette crise est porteuse de difficultés pour la sécurité alimentaire de nombreux pays, en particulier les pays à faible revenu tributaires d’importations de produits alimentaires, et les catégories de population vulnérables.

 

22.    Comme élément de solution aux difficultés croissantes que connaissent les budgets nationaux en raison de la hausse des prix des produits alimentaires, la FAO a élaboré une proposition de mécanisme mondial de financement des importations de produits alimentaires, avant de la présenter aux ministres des finances du G20 et au Fonds monétaire international (FMI); le but de cette proposition est d’apporter une solution à la hausse des coûts des importations de produits alimentaires et d’intrants.

 

23.    Le recours à ce mécanisme serait fonction des besoins et limité aux pays à revenu faible ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, et à certains bénéficiaires de l’Association internationale de développement.

 

24.    Près de 1,8 milliard de personnes dans 61 pays parmi les plus vulnérables pourraient bénéficier de ce mécanisme.

 

25.    Cette proposition a aussi été avancée par mes soins lors de la récente réunion des ministres de l’agriculture du G7.

 

Chères et chers collègues,

 

26.    Les répercussions de la pandémie de covid-19 sur la santé, l’économie et les systèmes sociaux continuent d’évoluer et il est vraisemblable qu’elles se poursuivent au cours des prochaines années, même si j’espère qu’elles ne le fassent que sur les prochains mois, en causant un impact négatif inégal sur les pauvres et les plus vulnérables.

 

27.    L’écart entre les femmes et les hommes dans le taux d’incidence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave s’est encore accentué sous l’effet de la pandémie de covid-19, l’insécurité alimentaire ayant été 10 pour cent plus élevée parmi les femmes que parmi les hommes en 2020, contre 6 pour cent en 2019.

 

28.    S’il est vrai que les systèmes agroalimentaires mondiaux sont restés résilients pendant cette crise, les pertes de revenus et la flambée des prix des denrées alimentaires se sont néanmoins traduites par une aggravation des inégalités.

 

29.    Le Programme FAO d’intervention et de redressement dans le contexte de la covid-19, inauguré en juillet 2020, continue d’apporter son appui aux pays qui en ont besoin.

 

30.    Le Programme a reçu des contributions, confirmées ou annoncées, pour un total de 466 millions d’USD, soit près de 35 pour cent de son objectif.

 

31.    Il est axé sur les dimensions de sécurité alimentaire et de nutrition que comporte la crise, et vise à amortir ses impacts immédiats, tout en renforçant la résilience des systèmes agroalimentaires et des moyens de subsistance sur le long terme.

 

32.    Le retour dans les locaux, tant au Siège de la FAO que dans les bureaux extérieurs, se déroule dans le respect des directives des Nations Unies et des mesures locales en vigueur destinées à contenir la propagation de la pandémie.

 

33.    Au Siège de Rome, le taux d’occupation souhaité est aujourd’hui fixé à 50 pour cent des capacités, par roulement.

 

34.    La sécurité et la santé de tous les employés de la FAO demeurent prioritaires.

 

Chères et chers collègues,

 

35.    La semaine dernière, la Conférence régionale pour l’Europe et l’Asie centrale a conclu ses travaux, mettant ainsi un point d’orgue à la série des sessions des conférences régionales de 2022.

 

36.    Nous avons réussi cela grâce aux efforts extraordinaires de tous les Membres et collègues de toutes les régions, ce qui n’a pas été facile, et je vous invite tous à applaudir l’ensemble des efforts mis en œuvre.

 

37.    Je voudrais faire le point des principaux éléments d’actualité qui ressortent de ces conférences régionales:

 

38.    Tout d’abord, j’ai le plaisir d’annoncer que les Membres ont salué les efforts que la FAO a mis en œuvre dans chaque région pour adapter le Cadre stratégique de la FAO 2022-2031 aux réalités locales, notamment les propositions de chaque bureau régional visant à relier les 20 domaines prioritaires du Programme (DPP) aux priorités et initiatives régionales.

 

39.    Ensuite, les conférences régionales ont accueilli avec satisfaction l’élaboration de la nouvelle Stratégie thématique relative au changement climatique et la toute première Stratégie thématique de la FAO en matière de science et d’innovation, comme outils essentiels de la mise en œuvre du Cadre stratégique.

 

40.    Troisièmement, toutes les régions ont fait part de leurs préoccupations concernant la persistance de la pandémie de covid-19 et ses conséquences socioéconomiques, la reprise économique inégale et l’augmentation sensible des taux de pauvreté et d’incidence de la faim et de l’insécurité alimentaire.

 

41.    Quatrièmement, les conférences régionales ont demandé un point d’actualité relatif aux effets de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale et ont adhéré aux recommandations stratégiques de la FAO conçues pour faire face aux conséquences de la hausse des prix des produits alimentaires, de l’énergie et des intrants dans les pays fragiles et tributaires de leurs importations.

 

42.    Sur ce point, les organes directeurs régionaux ont souligné le rôle fondamental des systèmes agroalimentaires à l’appui de la reprise économique, qui créent des emplois en zones rurales et en zones urbaines, gèrent les ressources naturelles sur un mode durable et accélèrent le mouvement vers la concrétisation des ODD.

 

43.    Et ils ont mentionné que la transformation numérique que connaissent les filières agroalimentaires était déterminante pour la concrétisation des ODD, et salué les efforts de la FAO à l’appui d’une transformation numérique inclusive.

 

44.    Je tiens à dire ici ma reconnaissance des efforts que déploient tous les collègues pour rendre la FAO intégralement numérique.

 

45.    La Plateforme géospatiale de la FAO s’est vu décerner le Prix mondial d’excellence en agriculture et sécurité alimentaire lors du Geospatial World Forum 2022, la qualifiant ainsi de meilleure plateforme collaborative pour l’agriculture fondée sur les données.

 

46.    Je tiens à rendre hommage à toutes les équipes de la FAO qui ont contribué à l’obtention de ce prix et j’applaudis leurs efforts exceptionnels.

 

47.    Cinquièmement: des préoccupations ont été soulevées au sujet du péril que constitue pour la sécurité alimentaire la propagation transfrontière d’organismes nuisibles aux végétaux et de maladies des animaux, et l’adoption de l’approche «Une seule santé» a été préconisée.

 

48.    Sixièmement: les membres ont insisté sur la nécessité de faire du renforcement de la résilience aux chocs et aux crises un pilier essentiel des stratégies et des plans nationaux de sécurité alimentaire, et ont mis en exergue les besoins des pays touchés par des conflits, en rappelant l’extrême vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID) aux chocs climatiques.

 

49.    Enfin, septièmement: les conférences régionales ont salué les partenariats noués avec la société civile, le monde universitaire, les établissements de recherche et les institutions régionales.

 

50.    Et elles ont insisté sur le rôle du secteur privé et des investissements dans l’agriculture, et sur la nécessité d’améliorer l’accès des systèmes agroalimentaires aux technologies agricoles et non agricoles.

 

Chères et chers collègues,

 

51.    La FAO collabore étroitement avec les Membres dans le cadre d’un exercice stratégique commun portant sur le Programme de coopération technique (PCT), destiné à repenser le Programme et à affiner son approche et les critères de ses affectations de ressources aux régions.

 

52.    L’utilité de l’assistance que dispense le PCT et la demande dont elle fait l’objet continuent d’être fortes, et cette assistance, par ses financements à effets catalyseurs, joue un rôle important auprès des Membres.

 

53.    L’efficacité de la mise en œuvre des réponses aux demandes d’assistance a permis d’assurer la pleine exécution du PCT, malgré les nombreuses limitations résultant de confinements répétés et d’un ralentissement général des activités.

 

54.    Le souci accru d’une utilisation efficace des fonds du PCT a conduit à une mobilisation de ressources d’ampleur extraordinaire: en 2020-2021, le PCT a apporté son appui à la mobilisation de 1,7 milliard d’USD pour les Membres.

 

55.    Le Rapport sur l’exécution du Programme 2020-2021 fait état d’un exercice biennal particulier, marqué par la pandémie de covid-19, qui est venue aggraver des taux de pauvreté et d’incidence de la faim et de la malnutrition déjà en augmentation, des inégalités préexistantes au sein des pays et d’un pays à l’autre, et la hausse des prix des produits alimentaires et des intrants agricoles.

 

56.    En 2020-2021, le monde a également été confronté à des événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, à des maladies végétales et zoonotiques transfrontières, à des taux élevés de pertes alimentaires dans les filières, de la production à la vente au détail.

 

57.    Et à un retard marqué des petits producteurs d’aliments dans l’évolution des revenus et celle de la productivité, en particulier chez les femmes.

 

58.    Mais cet exercice biennal a aussi été celui de promesses d’une intensification des mesures destinées à transformer les systèmes agroalimentaires, auxquelles le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires a donné un écho mondial.

 

59.    Il y a d’autres raisons d’être optimiste:

 

  • le niveau des dépenses publiques dans l’agriculture a progressé au cours de la dernière décennie par rapport à la part de l’agriculture dans le PIB mondial;
  • l’utilisation de l’eau gagne en efficacité;
  • le rythme de la déforestation s’est ralenti;
  • les droits d’accès des artisans pêcheurs ont progressé.

 

60.    Comme le signale le Rapport sur l’exécution du Programme, la FAO s’est montrée proactive et a déployé des initiatives, en particulier un train de mesures intégré qui a porté ses fruits face à la pandémie et ses suites, en permettant d’éviter que la crise sanitaire n’évolue en crise alimentaire.

 

61.    La FAO a joué un rôle dans le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, en accueillant le pré-Sommet et en contribuant aux dialogues nationaux et régionaux.

 

62.    Au cours de l’exercice biennal écoulé, nous n’avons cessé de mettre à contribution notre force de rassemblement et notre expertise pour aider les Membres à rendre les systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

 

63.    Nous avons fait cela en mettant à profit des innovations technologiques, en facilitant les investissements, en mobilisant des partenaires, notamment dans le secteur privé, et en nous employant à faire en sorte que tous les points de vue soient pris en compte, en particulier ceux des femmes, des jeunes et des peuples autochtones, en ne laissant personne de côté.

 

64.    Nous avons déployé des outils de pointe, parmi lesquels la technologie spatiale, pour produire des éléments factuels utiles à l’action publique en matière de productivité des eaux, de prix des produits alimentaires, de production des cultures, d’utilisation de l’eau, et de systèmes d’alerte rapide.

 

65.    Par le biais de nos initiatives phares, nous avons aidé à diffuser et à exploiter ces données, mais aussi aidé à la mobilisation d’investissements à l’appui de chaînes de valeur dotées d’un fort potentiel, en visant plus particulièrement les petits producteurs.

 

66.    Nous avons scellé des collaborations avec d’autres institutions du système des Nations Unies à l’échelon des pays, sous la houlette des coordonnateurs résidents.

 

67.    C’est la démarche qui m’est habituelle lorsque j’effectue une visite dans un pays: j’essaie de rencontrer le Coordonnateur résident et j’encourage mes collègues à toujours se coordonner avec le Bureau du Coordonnateur résident.

 

68.    Et j’ai mis en œuvre un processus de transformation de l’Organisation qui doit la rendre plus moderne, plus efficiente, efficace et inclusive.

 

69.    C’est ainsi que nous avons tenu huit consultations informelles sur la Stratégie de la FAO relative au changement climatique, et quatre autres consultations informelles ont été organisées afin d’élaborer la Stratégie thématique en matière de science et d’innovation.

 

70.    Ces modifications nous ont permis d’être souples, novateurs et de nous adapter à un environnement changeant avec agilité.

 

71.    Le monde change rapidement – la modernisation et les technologies sont la clé de la transformation de nos systèmes agroalimentaires, de la réalisation de la sécurité alimentaire et du développement rural.

 

72.    L’organigramme a gagné en horizontalité et en modularité, et comporte à son sommet une équipe de direction centrale soudée, agissant en coordination et en coopération optimales avec les différentes équipes autonomes de la FAO; il est aussi pourvu de mécanismes de reddition de comptes clairement définis.

 

73.    Les systèmes de gestion des risques et de contrôle interne sont plus solides.

 

74.    Les stratégies et les principes appliqués en matière de ressources humaines privilégient l’intégrité, l’innovation, la collaboration et l’excellence.

 

75.    Et le Comité des femmes et le Comité de la jeunesse offrent un espace sûr où peuvent être comprises et mises en relief les contributions des femmes et des jeunes employés, en particulier des jeunes femmes employées, mais aussi les difficultés auxquelles ils et elles sont confrontés.

 

76.    Malgré les défis, la quasi-totalité du budget de base a été dépensée, les dépenses extrabudgétaires ont progressé et un niveau record de ressources a été mobilisé dont le total de 2,7 milliards d’USD est sans précédent.

 

77.    Dans mes échanges avec les ministres de l’agriculture du G7, j’ai souligné leur rôle de premier plan dans l’appui apporté aux travaux et au mandat de la FAO.

 

78.    Pour entretenir et augmenter cette capacité d’adaptation, il est important d’augmenter la proportion des contributions volontaires sans affectation particulière ou d’affectation générale, afin d’orienter les ressources là où elles sont le plus nécessaires.

 

79.    Le nouvel exercice biennal apportera son lot de défis, mais nous sommes prêts à continuer de travailler avec vous de manière efficiente, efficace et cohérente pour les relever,

 

80.    Guidés en cela par le Cadre stratégique de la FAO 2022-2031.

 

Chères et chers collègues,

 

81.    Le Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires est entré en fonction au cours des premiers mois de 2022.

 

82.    Entre janvier et mars 2022, le Pôle s’est consacré aux activités suivantes:

 

•     Parachever la structure du Pôle et les modalités de son accueil à la FAO;

•     Mettre en place l’équipe du Pôle avec un personnel détaché, dont l’affectation relève d’institutions de l’ONU;

•     Une étude d’évaluation a été menée auprès des Membres à l’effet de recenser leurs besoins d’un appui dans la poursuite de leur élaboration et de leur mise en œuvre d’itinéraires nationaux et d’une action coalisée, à travers notamment l’octroi d’une assistance technique à l’échelon des pays et d’une aide à l’élaboration de politiques, fondée sur des données scientifiques et des éléments probants;

•     Un webinaire présentant les résultats de cette évaluation a été organisé le 24 mars 2022, qui a regroupé plus de 600 participants;

•     À la suite de ce webinaire, une suite de «Dialogues sur les solutions des systèmes alimentaires» a été programmée pour la période d’avril à décembre 2022.

 

83.    En avril, le Groupe directeur chargé de la supervision du Pôle a été mis sur pied avant d’approuver le plan de travail du Pôle et le mandat du Groupe de mobilisation des parties prenantes.

 

84.    L’efficience et l’efficacité de la passation entre le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires et le Pôle ont été saluées avec reconnaissance par la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.

 

85.    Les initiatives phares de la FAO, qui conservent leur caractère de priorité, sont des instruments indispensables à la mise en œuvre du Cadre stratégique.

 

86.    Depuis 2021, sept autres pays ont rallié l’Initiative Main dans la main, ce qui porte à 52 le nombre total de pays qui y participent actuellement.

 

87.    Il s’agit notamment de pays confrontés à des conflits, où l’Initiative concourt à raffermir les liens qui rattachent le travail humanitaire au processus de développement.

 

88.    Les pays se servent de l’Initiative pour renforcer des programmes existants ou en élaborer de nouveaux, en vue de développer leurs capacités nationales et de profiter de perspectives d’investissement inexplorées.

 

89.    L’Initiative stimule l’appropriation nationale des processus de développement durable en vue de transformer les systèmes agroalimentaires.

 

90.    En Afrique, 29 pays progressent de manière constante.

 

91.    Par exemple, le Mali met à profit l’Initiative pour créer, à titre pilote, deux zones de croissance agricole dont l’objectif est de faire croître les revenus de la population rurale et de favoriser son accès à une alimentation saine.

 

92.    En Asie, 11 pays collaborent avec les équipes de «Main dans la main» à l’élaboration de plans d’investissement concrets.

 

93.    Au Népal, le Gouvernement a repris ses travaux visant à intégrer un plan d’investissement en agriculture intelligente face au climat à l’échelon de provinces sélectionnées à cette fin. 

 

94.    En Amérique latine et les Caraïbes, des travaux d’échelon national sont menés avec intensité dans huit pays.

 

95.    L’Équateur, par exemple, s’est servi de cartes typologiques de l’Initiative pour organiser des projets relatifs à l’élevage, aux forêts et à l’agriculture dans le cadre de son Plan agricole national.

 

96.    En outre, la FAO procède à une évaluation qui doit permettre de trouver des solutions aux problèmes d’insécurité alimentaire dans le couloir de la sécheresse.

 

97.    J’ai prié mes collègues – la Directrice générale adjointe, Mme Bechdol; le Sous-Directeur général et représentant régional, M. Julio Bergegue; et l’économiste en chef, M. Maximo Torero – de se pencher sur les causes de l’existence de ce couloir de la sécheresse.

 

98.    En région Europe, le Tadjikistan crée des débouchés dans le secteur des produits laitiers.

 

99.    Au Proche-Orient, le Yémen, qui compte parmi les trois pays participants, s’emploie avec l’équipe de l’Initiative à mobiliser des ressources pour investir dans des chaînes de valeur du café et du secteur halieutique, avec pour objectif général d’améliorer la sécurité alimentaire.

 

100.   La mise au point d’un tableau de bord, conçu pour suivre et améliorer l’exécution de l’Initiative et accroître ses retombées, s’est poursuivie, ce qui a permis de présenter sur la première plateforme du tableau de bord des données préliminaires mises à disposition par sept pays participants.

 

101.   La Plateforme géospatiale, qui est l’outil technique principal de l’initiative Main dans la main, a récemment été reconnue comme meilleure plateforme collaborative au service d’une agriculture s’appuyant sur des données, lors du Geospatial World Forum 2022 à Amsterdam, ce qui a valu à cette plateforme d’être distinguée par le Prix mondial d’excellence en agriculture et sécurité alimentaire – comme je l’ai mentionné précédemment.

 

Chères et chers collègues,

 

102.   L’initiative «1000 villages numériques» est en cours de déploiement à l’échelle mondiale.

 

103.   En Europe, nous évaluons les dispositions à la transformation numérique que présentent certains villages en vue de distinguer ceux qui offrent le meilleur potentiel pour devenir des villages numériques.

 

104.   Cet outil, qui sera à l’essai à compter de juin, renforcera le travail stratégique de la FAO en matière d’agriculture numérique, car il doit fournir une méthode d’évaluation des zones rurales allant au-delà du secteur agricole.

 

105.   Sept pays ont été sélectionnés en 2021 pour faire partie de l’initiative pilote des villages numériques en Afrique.

 

106.   Des ateliers de sensibilisation et d’autres, destinés aux parties prenantes, ont été organisés et l’on a effectué des études de cadrage des conditions optimales de mise en œuvre de l’initiative.

 

107.   Trente villages ont été retenus, et une prestation initiale de services d’agriculture numérique a été financée dans certains pays.

 

108.   Un rapport sur les conclusions et les recommandations d’une mise en œuvre effective de l’initiative en Afrique est en préparation, qui paraîtra à la fin de l’année.

 

109.   Dans la région Amérique latine et Caraïbes, l’initiative profite à 52 sites d’agrotourisme tournés vers des villages situés dans 14 pays de la région.

 

110.   Un cours de marketing numérique diffusé en ligne ainsi qu’une «communauté virtuelle» ont été inaugurés dans le but d’accroître les compétences numériques et de créer un espace permettant aux participants d’expériences de tourisme rural de se connecter et d’échanger leurs expériences.

 

111.   En Asie, des activités pilotes sont en cours dans 10 pays et l’on met au point une plateforme où plus de 100 villages numériques seront promis à un développement potentiel et un accompagnement des pouvoirs publics.

 

112.   Le mécanisme d’exploitation de la Plateforme internationale pour l’alimentation et l’agriculture numériques, comprenant le Groupe des représentants intergouvernementaux, a été mis en place; il permet aux groupes régionaux de présenter des candidats appelés à compléter la composition du Groupe, qui comptera 27 hauts fonctionnaires et experts techniques des pays membres de la FAO.

 

113.   La FAO a également organisé des réunions avec d’autres organisations internationales appelées à rejoindre le Comité consultatif et a entamé des discussions avec les parties prenantes en vue d’obtenir leur adhésion à la composition du forum multipartite en ligne.

 

114.   Cette initiative étant conduite par les Membres, j’invite instamment les Membres et les groupes régionaux à mener à bien les démarches de désignation des candidats à la Plateforme.

 

115.   Les technologies numériques offrent des possibilités exceptionnelles, mais ce n’est qu’avec le soutien des Membres, et en disposant de ressources qui leur soient consacrées, que la FAO peut aller de l’avant dans ce domaine.

 

116.   L’initiative «Un pays, un produit prioritaire» déploie sa dynamique depuis son lancement le 7 septembre 2021.

 

117.   Cette initiative, en rapport direct avec le Cadre stratégique de la FAO 2022-2031, s’adapte à la demande de chaque Membre et se moule sur ses besoins.

 

118.   Des Membres des cinq régions ont fait connaître leur souhait de prendre part à l’initiative, et des lancements régionaux ont déjà été organisé en Afrique et en Asie et Pacifique afin de mettre en exergue des produits régionaux susceptibles d’être prioritaires et de sélectionner des pays de démonstration. 

 

119.   La promotion des efforts de mobilisation de ressources est aussi en cours. 

 

120.   Soixante et une villes ont reçu un appui de la part de l’initiative Villes vertes depuis septembre 2020 et 11 projets sont en cours d’exécution dans neuf villes de sept pays.

 

121.   Des activités supplémentaires sont en cours de conception dans huit autres pays, et un Programme d’action régional pour l’Afrique est en cours d’élaboration, auquel sont associées 30 villes de 10 pays.

 

122.   Un projet du Mécanisme multidonateurs flexible d’un budget d’un million d’USD est en cours d’exécution, et un projet supplémentaire d’un million d’USD a été soumis récemment.

 

123.   En matière de mobilisation de ressources supplémentaires, deux programmes sont en préparation: les Villes vertes pour la restauration des écosystèmes le long de la Grande Muraille verte, et le programme des Oasis urbaines vertes.

 

124.   La FAO travaille aussi à l’intégration de l’initiative verte pour le climat dans le domaine de travail du programme «Villes durables» du Fonds pour l’environnement mondial (huitième reconstitution).

 

125.   Dans le sillage du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, il a été créé la Coalition des systèmes alimentaires urbains, placée sous la direction de la FAO et de l’Alliance mondiale pour l’amélioration de la nutrition.

 

Chères et chers collègues, 

 

126.   La FAO continue de progresser dans sa mobilisation du secteur privé, qui s’opère dans des cadres structurés et non structurés, la participation et les contributions du secteur privé aux solutions qu’appellent les défis mondiaux étant capitales.

 

127.   Nous sommes déterminés à constituer un portefeuille de collaborations avec le secteur privé caractérisé par l’équilibre de la couverture géographique, des types d’entités concernées et des domaines de collaboration.

 

128.   Depuis ma dernière allocution prononcée devant vous il y a six mois, nous avons augmenté dans notre portefeuille mondial la part représentée par les entités avec lesquelles nous travaillons en Afrique et en Asie centrale, ainsi que celles des micro-entreprises, des petites et moyennes entreprises et des associations.

 

129.   La FAO met l’accent sur la collaboration avec les organisations professionnelles, qui nous offrent la possibilité d’influer sur la durabilité des entreprises, les stratégies et les pratiques commerciales, ainsi que de mettre à profit et de faciliter des investissements et des collaborations supplémentaires visant la transformation des systèmes agroalimentaires.

 

130.   Rien qu’au cours des derniers mois, nous avons signé des accords importants avec l’Association internationale de l’industrie des engrais, la Plateforme mondiale des produits laitiers et la Chambre de commerce internationale.

 

131.   Ces collaborations procurent des économies d’échelle et nous permettent de mobiliser les membres de ces organisations sur des thèmes d’intérêt mutuel et collectif.

 

132.   La première évaluation conjointe indépendante de la collaboration entre les organisations ayant leur siège à Rome, effectuée en 2021, a montré que cette collaboration était importante par sa profondeur et son étendue, en particulier au niveau des pays.

 

133.   Cette évaluation nous invite à continuer d’inscrire notre collaboration dans le contexte de la réforme de l’ONU, à la renforcer sur les points où elle montre un bon rapport coût‑efficacité et à prier les Membres de la doter de ressources suffisantes.

 

134.   Les Membres ont demandé une étude de faisabilité sur l’intégration des services administratifs entre les organismes des Nations Unies ayant leur siège à Rome, et un appel d’offre conjoint a été émis afférent à l’étude devant être effectuée à la fin de l’année. 

 

135.   Le quinzième Congrès forestier mondial, accueilli et organisé conjointement par la République de Corée en collaboration avec la FAO, avait pour thème «Construire un avenir respectueux de l’environnement, sain et résilient avec les forêts».

 

136.   Le Congrès a débouché sur la Déclaration de Séoul sur les forêts, l’Appel des jeunes à l’action, l’Appel ministériel sur le bois de production durable et une série de recommandations concrètes.

 

137.   La Déclaration reconnaît que les solutions forestières passent par les agriculteurs familiaux, les petits exploitants, les communautés forestières, les peuples autochtones, les femmes et les jeunes, et qu’elles doivent respecter leurs droits et leur donner les moyens de participer équitablement aux décisions et aux chaînes de valeur forestières durables.

 

138.   Le Congrès a recommandé de transmettre ces résultats aux Conférences des Parties des conventions de Rio et à d’autres importantes enceintes traitant des forêts, et a appelé tous les acteurs à prendre des mesures immédiates pour créer un meilleur avenir pour tous.

 

139.   Cette année, la FAO fournira de nouveau son appui technique au G20 sous la présidence de la République d’Indonésie, dans l’intérêt d’une meilleure coopération et d’une intensification des efforts en faveur de la sécurité alimentaire.

 

140.   La FAO apportera son appui sur les thématiques importantes que sont la résilience agricole, l’utilisation des technologies numériques dans l’alimentation et l’agriculture, et les pertes et gaspillages alimentaires.

 

141.   La FAO a récemment participé à la quinzième Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP15), à Abidjan.

 

142.   La FAO soutient les Membres dans leur mise en œuvre de la Convention, en travaillant en étroite collaboration avec celle-ci, en encourageant la gestion durable des terres et la restauration des terres dégradées et des sols appauvris, en particulier dans les zones arides, et en plaidant pour une action proactive de préparation à la sécheresse.

 

143.   Les conclusions de la COP15 représenteront un moment important sur lequel s’enchaîneront la quinzième Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique et la vingt-septième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), où la rareté de l’eau, la dégradation des terres et la sécheresse figurent en bonne place dans l’ordre du jour politique.

 

144.   La FAO participe activement aux préparatifs de la COP27, ainsi qu’aux initiatives menées par la présidence égyptienne en matière d’agriculture et d’eau.

 

145.   La FAO a été proposée comme organisation chef de file pour l’agriculture résiliente face au climat, et désignée pour participer aux initiatives sur les déchets et la nutrition.

 

146.   La FAO continue de s’impliquer en profondeur dans les processus mondiaux afférents à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité et des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture, et de contribuer à l’élaboration du Cadre mondial pour la biodiversité pour l’après 2020, qui doit être adopté par la COP15 de la Convention sur la diversité biologique plus tard dans l’année.

 

147.   Je suis heureux de constater que les responsables politiques et les décideurs reconnaissent de plus en plus la capacité technique de la FAO d’intégrer la biodiversité dans les secteurs agricoles.

 

Chères et chers collègues,

 

148.   J’attends avec intérêt les délibérations et les recommandations à l’intention du Conseil qui émaneront du Comité du Programme, du Comité financier et de la Réunion conjointe.

 

149.   Nous sommes à un moment critique, plus critique encore que lors de notre dernière réunion.

 

150.   Nous devons à présent plus que jamais continuer d’œuvrer ensemble de manière efficiente, efficace et cohérente à la transformation de nos systèmes agroalimentaires et réaliser les quatre améliorations.

 

151.   Je vous remercie de votre attention.