Directeur général QU Dongyu

Dialogue préalable au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires: Transformer les systèmes alimentaires pour atteindre les objectifs de développement durable

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

01/07/2021

Dialogue préalable au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires:

Transformer les systèmes alimentaires pour atteindre les objectifs de développement durable

Allocution de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Texte avant allocution

1er juillet 2021

Mesdames et Messieurs,

1. L’objectif de développement durable (ODD) 2 est d’éliminer la faim et la malnutrition en assurant l’accès de tous à une alimentation saine, nutritive et suffisante et de mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes.

2. L’Afrique n’est pas sur la bonne voie pour atteindre cet objectif!

3. La détérioration progressive de la sécurité alimentaire sur le continent africain est due à divers problèmes, souvent convergents.

4. Parmi ces problèmes figurent les conflits, les phénomènes météorologiques extrêmes, les ralentissements économiques, et, récemment, les conséquences de la pandémie de covid-19.

5. La situation devrait continuer de se dégrader en 2021, puisque les mesures prises pour contenir la pandémie entravent davantage encore le rétablissement de la sécurité alimentaire et des marchés alimentaires.

6. En 2020, la FAO a mené des enquêtes dans plus de 24 pays de la région.

7. Il en est ressorti que les mesures prises face à la pandémie entraînent une baisse de la demande sur les marchés agroalimentaires et donc une diminution des revenus.

8. Les jeunes sont plus vulnérables que les adultes à l’impact des perturbations causées par la pandémie.

9. La majorité des jeunes qui travaillent sont pauvres et occupent des emplois de moindre qualité dans le secteur non structuré, et le chômage des jeunes dans les zones rurales reste critique.

10. Bien qu’elle soit fragile, l’agriculture dans la région fournit un travail à 60 pour cent des personnes âgées de 15 à 34 ans.

11. Cela montre bien qu’il faut placer les jeunes au cœur de toute stratégie visant à «reconstruire en mieux» et à transformer nos systèmes agroalimentaires actuels.

12. L’analyse des tendances démographiques nous montre qu’il faudra créer entre 10 et 12 millions d’emplois chaque année, sur les 20 prochaines années, pour employer les nouveaux arrivants sur le marché du travail.

13. Les systèmes agroalimentaires doivent jouer leur rôle dans la création d’emplois décents pour les jeunes.

 

Mesdames et Messieurs,

14. Malgré les perturbations, les systèmes agroalimentaires en Afrique continuent d’évoluer.

15. Par exemple, l’urbanisation rapide fait apparaître de nombreuses petites villes secondaires sur tout le continent.

16. L’accès des agriculteurs et des entreprises agroalimentaires aux marchés s’en trouve modifié, car cette urbanisation étend les chaînes de valeur à des zones qui étaient auparavant difficiles à atteindre.

17. En outre, l’agriculture représente environ un cinquième du PIB des pays africains, mais l’économie alimentaire est encore plus importante.

18. Voici ce qui ressort des chiffres récents:

  • la production agricole représente 24 pour cent du PIB en Afrique subsaharienne;
  • les petites et moyennes entreprises agroalimentaires contribuent à hauteur de 20 pour cent supplémentaires du PIB;
  • à cela s’ajoute la contribution des exportations de la région, à hauteur de 10 pour cent du PIB.

19. Globalement, on estime que le secteur agroalimentaire africain deviendra un marché de mille milliards de dollars d’ici à 2030.

20. Ces tendances débouchent sur un contexte propice à l’innovation et à l’investissement dans les systèmes agroalimentaires nationaux et régionaux,

21. en vue de fournir aux consommateurs locaux, régionaux et internationaux des produits agroalimentaires issus d’une production durable, nutritifs, abordables et sains. 

 

Chers collègues,

22. La Zone de libre-échange continentale africaine jouera un rôle important dans le développement de ces tendances et l’exploitation de ces possibilités,

23. tout comme la transformation de nos systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

24. Ces tendances montrent également la nécessité d’une approche systémique assortie de cadres stratégiques intégrés du secteur public, du secteur privé et de la société civile.

25. Il importe d’exploiter l’expertise tirée d’un large éventail de disciplines:

  • le commerce, la production et la finance;
  • la santé, l’environnement et la sécurité sanitaire des aliments;
  • la planification urbaine et le développement du numérique.    

26. Cette approche transdisciplinaire a des conséquences sur le rôle que les universités doivent jouer dans la transformation des systèmes agroalimentaires,

27. sur la façon dont elles conçoivent et organisent leurs cours et leurs recherches concernant le secteur agroalimentaire de sorte que les jeunes acquièrent les compétences et les connaissances requises par le secteur privé et le secteur public.        

28. Les universités peuvent se tourner vers de multiples initiatives à travers le continent, telles que: 

  • Le programme Avenir rural du NEPAD;
  • Le Réseau panafricain des incubateurs d’entreprises agroalimentaires;
  • Les lignes directrices de la FAO et de la Commission de l’Union africaine pour l’investissement des jeunes dans les systèmes agroalimentaires.

29. Le développement du numérique est également en train de changer rapidement la donne dans l’agriculture, en renforçant la productivité, la rentabilité et la résilience face au changement climatique.

30. Cette évolution pourrait engendrer une plus forte participation des jeunes et des femmes et créer des possibilités d’emploi dans l’ensemble des systèmes agroalimentaires.

31. Le numérique s’est certes développé ces dix dernières années, mais on progresse lentement lorsqu’il s’agit de desservir les petits exploitants et les entreprises agroalimentaires qui sont à l’origine de 80 pour cent de la production agricole de l’Afrique.

 

Chers collègues,

32. Pour tirer parti du potentiel des technologies de l’information et de la communication (TIC), les universités peuvent également exploiter les travaux de la FAO sur la réduction des risques dans les systèmes agroalimentaires grâce au numérique.

33. Pour ce faire, elles ont à leur disposition de nombreuses solutions, par exemple les outils géospatiaux. 

34. L’Initiative Main dans la main de la FAO peut également aider les universités de la région grâce à des projets ciblés de développement rural qui traitent des enjeux suivants:

  • la restauration des écosystèmes;
  • la foresterie;
  • la biodiversité;
  • la réduction des émissions de gaz à effet de serre;
  • la gestion des sols et de l’eau.

35. Outre cet aspect de développement du numérique, les universités d’Afrique doivent être à la pointe de toutes les disciplines liées à la transformation des systèmes agroalimentaires:  

  • en menant des recherches innovantes qui rapprochent les préoccupations du secteur public et les besoins du secteur privé;
  • en organisant la formation de sorte que les jeunes qui entrent sur le marché du travail soient à même de diriger le développement des systèmes agroalimentaires en puisant dans un large éventail de disciplines et d’expertises.

36. En définitive, la science et la recherche doivent sous-tendre toutes les conversations intersectorielles sur la transformation durable des systèmes agroalimentaires.

37. Parce que chacun a un rôle à jouer dans la réalisation des quatre améliorations: amélioration de la production, amélioration de la nutrition, amélioration de l'environnement et amélioration des conditions de vie pour tous, sans laisser personne de côté!

38. Je vous remercie de votre attention.