Directeur général QU Dongyu

Allocution d’ouverture de la 38e session de la Conférence régionale pour l’Amérique latine et les Caraïbes

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

18/03/2024

Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre,

Chers collègues, Bonjour,

Assalamu alaykum.

Je vous souhaite un bon ramadan. Ramadan kareem.

Je suis ravi d’être à Georgetown pour ouvrir la 38e session ministérielle de la Conférence régionale de la FAO pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Avant toute chose, je tiens à remercier le peuple et le Gouvernement du Guyana de leur accueil chaleureux et de leur hospitalité pour cette importante rencontre régionale qui se tient pour la première fois dans ce beau pays au carrefour de l’Amérique latine et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).

Je remercie tout particulièrement M. Zulfikar Mustapha, Ministre de l’agriculture du Guyana et Président de la Conférence régionale, qui a veillé à l’excellente qualité du travail préparatoire. Je me réjouis de travailler avec lui, lors du prochain exercice biennal, à la mise en œuvre des priorités régionales qui seront dictées par les membres de la région dans les prochains jours.

Je suis fermement convaincu que cette session de la Conférence régionale sera une tribune importante qui permettra aux membres d’échanger des idées et de partager des connaissances sur les solutions innovantes et les pratiques optimales de la région.

Ce centre de conférence est un cadre harmonieux qui vous permettra de débattre et de trouver des solutions et des plans d’action pour l’avenir.

En profitant de l’élan et de l’engagement politique insufflés par cette réunion de haut niveau, nous pouvons accélérer et renforcer l’action collective menée en vue de transformer les systèmes agroalimentaires dans la région et au-delà.

Au niveau mondial, il s’agit de la troisième réunion ministérielle d’une conférence régionale de la FAO cette année, et je me réjouis de constater à quel point les membres de l’Organisation se mobilisent et collaborent dans l’ensemble des régions, à commencer par l’Asie et le Pacifique et le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, où les conférences régionales respectives se sont récemment réunies.

La réaffirmation et la consolidation de nos partenariats aux niveaux national, régional et mondial illustrent la réussite de la collaboration que nous poursuivons sans relâche.

Conformément au Cadre stratégique de la FAO pour 2022‑2031 que les membres ont adopté, cette session de la Conférence régionale s’articulera essentiellement autour de quatre priorités régionales.

Ces priorités sont interdépendantes et correspondent à l’ambition de réaliser les quatre améliorations.

Je suis heureux de voir l’épanouissement de ces quatre améliorations ici, qui prouve que votre région est une partie prenante et une partenaire impliquées et qui est le fruit de la collaboration entre les ministres de l’agriculture, les gouvernements, les citoyens et les partenaires.

Les «quatre améliorations» visent à ce que personne ne soit laissé de côté:

  • Première amélioration: amélioration de la production, par une production efficace, inclusive et durable;
  • Deuxième amélioration: amélioration de la nutrition, par la lutte contre la faim et la malnutrition et par l’action en faveur de la sécurité alimentaire;
  • Troisième amélioration: amélioration de l’environnement, par une gestion durable des ressources naturelles et l’adaptation au changement climatique;

Quatrième amélioration: amélioration des conditions de vie, par les opérations d’urgence et de relèvement dans les zones critiques, la réduction des inégalités et de la pauvreté et le renforcement de la résilience et de la sécurité sociale.

Je suis profondément admiratif du Guyana, et particulièrement de son Président, qui a toujours œuvré en faveur de la sécurité alimentaire dans cette région et aussi dans d’autres régions. Il a joint les actes à la parole en adoptant des stratégies et des plans d’action destinés à améliorer le sort de ce pays et de cette région.   

Le Cadre stratégique de la FAO s’appuie sur un certain nombre d’initiatives phares, qui sont toutes activement mises en œuvre en Amérique latine et dans les Caraïbes, et toutes fortement axées sur la science, l’innovation, la technologie et l’informatisation.

Dans le cadre de son initiative Main dans la main, la FAO collabore avec 14 pays de la région afin d’élaborer des plans d’investissement d’une enveloppe totale d’environ 772 millions d’USD. Cela passe par la mobilisation de ressources via, notamment, des banques de développement et le secteur privé, ainsi que des investissements publics dans des domaines prioritaires mis en évidence par l’approche territoriale de l’initiative Main dans la main.

Cette initiative a également donné lieu à deux initiatives régionales, à savoir:

  • L’initiative régionale concernant le couloir de la sécheresse: lancée lors du Forum de l’investissement Main dans la main en 2022, son champ d’action couvre désormais 13 pays de la région, où elle accompagne les gouvernements au plus haut niveau et en étroite collaboration avec les partenaires sous-régionaux.
  • L’initiative régionale pour l’Amazonie:  lancée en 2023, elle vise à recenser les domaines d’intervention potentiels soutenus par une nouvelle économie qui favorise l’inclusion, la bioéconomie et un climat juste. Elle ouvre des possibilités en vue de rendre les systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

Ajoutons à cela l’initiative phare de la FAO «1 000 villages numériques», qui participe au financement de 52 projets d’agrotourisme dans 14 pays de la région et qui renforce les moyens informatiques des communautés rurales et en améliore les conditions de vie.

L’initiative «Un pays, un produit prioritaire» de la FAO fait la promotion de 11 produits agricoles spéciaux dans 14 pays de la région, ce qui permet d’améliorer la sécurité alimentaire, d’agir en faveur du développement durable et de renforcer la compétitivité des produits agricoles de la région.

De plus, la Plateforme technique régionale pour l’agriculture familiale est une grande priorité de l’Organisation, destinée à promouvoir la transformation des systèmes agroalimentaires à l’échelle mondiale.

Par son contenu en ligne et interactif, elle facilite les échanges d’expériences et de connaissances entre les gouvernements, les organisations du secteur de l’agriculture familiale, le milieu universitaire et le secteur privé.

Sa première édition a permis de mettre en relation des participants de plus de 40 pays.

Chers collègues,

Comme bien d’autres régions, l’Amérique latine et les Caraïbes se heurtent à de nombreux défis, notamment le ralentissement économique, la crise climatique et les conflits.

La région est certes un acteur majeur de l’exportation de denrées alimentaires, mais sa dépendance au commerce des produits de base la rend vulnérable aux fluctuations économiques et politiques.

Par ailleurs, le maintien des prix alimentaires à un niveau élevé continue de poser des problèmes de sécurité alimentaire et de nutrition à l’échelle locale.

Cette région est en outre vulnérable aux effets de la crise climatique, en particulier dans les Caraïbes, où les catastrophes liées au climat pèsent de plus en plus sur les communautés locales.

La FAO travaille en étroite collaboration avec les gouvernements de la région en vue d’améliorer la préparation et la rapidité des interventions face aux effets de la crise climatique et de renforcer la résilience.

Notre approche repose sur des stratégies globales visant à promouvoir un développement rural inclusif et une gestion durable des ressources naturelles en associant les connaissances traditionnelles aux innovations scientifiques et technologiques de pointe afin de remédier à ces problèmes complexes.

La FAO a fixé comme priorité le renforcement de la résilience des populations les plus vulnérables, notamment les femmes, les jeunes et les peuples autochtones.

Nous avons aussi renforcé notre collaboration avec les petits États insulaires en développement (PEID), ce qui s’est notamment traduit par la constitution d’une équipe d’experts dont les travaux visent à apporter le soutien nécessaire aux PEID en fonction de leurs priorités et de leurs besoins particuliers. Cette équipe est dirigée par l’Économiste en chef Máximo Torero qui, étant originaire du Pérou, peut communiquer avec vous en espagnol et en anglais.

Chers collègues,

Dans toutes les régions, les personnes les plus pauvres supportent un fardeau disproportionné car leur perte de revenu est deux fois supérieure à la moyenne.

Face à ces problèmes, nous devons de toute urgence transformer nos systèmes agroalimentaires afin que personne ne soit laissé pour compte.

Il est indispensable de recueillir, d’analyser et de diffuser dans les meilleurs délais les données et les informations sur les marchés, la sécurité alimentaire et la nutrition, afin d’améliorer la prise de décision.

En aidant les membres à suivre les décisions et les mesures politiques, la FAO veut atténuer les effets négatifs des flambées de prix sur les coûts alimentaires et empêcher les perturbations des chaînes d’approvisionnement.

Depuis le Sommet du G20 de 2011, la FAO héberge le secrétariat du Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS). Nous poursuivons notre étroite collaboration avec les présidences du G20, à l’heure actuelle avec le Gouvernement brésilien dont nous remercions tout particulièrement le Président Lula pour son esprit d’initiative. Nous leur apporterons un soutien technique dans le cadre de l’initiative de lutte contre la faim et la malnutrition et continuerons à les soutenir dans les années à venir.

Grâce à ces efforts, la FAO continue d’être un acteur incontournable des progrès réalisés en matière de sécurité alimentaire et de développement durable dans la région et dans le monde entier.

Si nous voulons que notre action soit efficace à grande échelle, nous devons favoriser des partenariats encore plus solides afin de coordonner les mesures et de cibler les investissements.

J’ai pris note des informations fournies par le Gouvernement du Guyana sur sa volonté d’accroître les investissements dans les systèmes agroalimentaires. C’est un bon signal et une initiative politique forte. La FAO est disposée à apporter un soutien technique, en collaboration avec d’autres institutions financières internationales.

La réussite de l’expérience concrète de l’Amérique latine et des Caraïbes a montré que la transformation des systèmes agroalimentaires nécessitait une action multisectorielle concertée.

Nous devons garder à l’esprit que la durabilité est un objectif et que nous devons construire des ponts, bâtir des stratégies claires et concevoir les instruments nécessaires à la réalisation de notre objectif.

Pour cela, nous devons aussi gagner en efficience et en efficacité, et améliorer la cohérence des réformes, afin de tirer parti de la coopération, des investissements, de l’innovation et de la technologie, au sein de la région comme en dehors.

Je compte, lors de cette session ministérielle, sur votre collaboration et votre implication active pour aller de l’avant. Mon objectif est de renforcer les bureaux de pays de la FAO dans la région, ainsi que les bureaux sous-régionaux et le bureau régional, afin d’atteindre plus rapidement les objectifs de développement durable et de parvenir à un développement durable.

Au niveau multilatéral, le G20, présidé par le Brésil en 2024, offre un cadre idéal pour débattre des sujets d’intérêt commun à un haut niveau et faire campagne pour l’éradication de la faim et la réduction des inégalités au sein d’un important forum multilatéral mondial.

Par exemple, le groupe de travail du G20 chargé de mettre en place l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, qui a été proposé par la présidence brésilienne et qui bénéficie du soutien énergique de la FAO, vise à rassembler des ressources et des connaissances pour la mise en œuvre de politiques publiques éprouvées et de technologies pertinentes pour réduire la faim et la pauvreté dans le monde.

La FAO travaille en étroite collaboration avec la présidence brésilienne du G20 pour faire valoir cette initiative majeure.

Je tiens par ailleurs à souligner la pertinence du nouveau Plan de sécurité alimentaire, de nutrition et d’élimination de la faim proposé par la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, qui vise à relever les défis actuels des systèmes agroalimentaires par l’intégration régionale.

Chers amis,

L’Amérique latine et les Caraïbes sont en bonne place pour apporter une précieuse contribution aux progrès mondiaux, malgré les nombreux défis qu’elles doivent relever.

Bénéficiant de ressources naturelles abondantes et d’une faible densité de population, cette région représente 14 pour cent de la production alimentaire mondiale, 45 pour cent du commerce international net de produits agroalimentaires et 12 pour cent de la population mondiale, et elle détient 47 pour cent des réserves d’eau potable de la planète.

La région est également connue pour sa biodiversité, puisqu’elle abrite une concentration notable d’espèces endémiques et indigènes.

Vous disposez d’importants moyens d’accélérer les progrès et d’en faire encore plus avec moins de moyens.

La FAO est déterminée à vous accompagner sur cette voie, en fournissant des données scientifiques, en proposant des solutions innovantes et inclusives et en accélérant les efforts.

Cette conférence régionale est l’occasion de déterminer et de fixer des objectifs concrets pour accélérer les progrès nationaux et régionaux vers la transformation des systèmes agroalimentaires dans le cadre des quatre améliorations.

J’espère que cette réunion ministérielle régionale, organisée ici, dans le superbe cadre naturel du Guyana, territoire très particulier où se mêlent les traits singuliers des Caraïbes et de l’Amérique du Sud, donnera lieu à des échanges féconds et à des résultats productifs. 

À l’origine, le mot «Guyana» signifie «pays où l’eau est abondante»: faites honneur à cet héritage en agissant pour le bien et la prospérité de ce pays et de son peuple.

Mettons-nous ensemble au travail!

Je vous remercie de votre attention.