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4. CONTENU DU STAGE

4.1 Echange d'expériences et rapports nationaux

Avant le stage, il avait été demandé à chaque participant de préparer une brève contribution écrite décrivant l'état actuel de la pisciculture dans leur pays respectif, et les problèmes qu'y rencontre son développement.

Ces rapports nationaux servirent de base aux exposés faits, au cours de quatre séances, par les participants, à l'exception des Ivoiriens. Après avoir évoqué l'historique du développement piscicole, son organisation actuelle, les projets en cours et les obstacles rencontrés, une discussion générale s'ensuivit.

Les animateurs s'attachèrent au cours de ces discussions à mettre l'accent sur la vulgarisation et les problèmes qu'elle rencontre (organisation, technique, finances, personnel, formation …), tout en insistant sur la similitude des problèmes dans les différents pays.

4.2 Aspects techniques de la pisciculture

Cinq matinées furent consacrées à différents aspects techniques de la pisciculture du tilapia telle qu'elle est pratiquée en Côte-d'Ivoire. Les principales technologies discutées eurent pour sujets: les méthodes d'élevage appliquées en milieu rural, la production d'alevins d'empoissonnement, les élevages piscicoles associés au petit élevage, le programme UNICEF des étangs scolaires, et les élevages de poissons en cages flottantes.

Chaque séance débuta par une brève visite d'installations piscicoles illustrant le thème technique du jour.

Deux excursions dans le Centre-Ouest et le Nord du pays permirent aux stagiaires de voir des réalisations piscicoles variées: ferme piscicole pilote de Natio-Kobadara (Korhogo), Groupement à Vocation Coopérative (GVC) de Nambekaha, petites et moyennes entreprises privées, centre d'alevinage, élevage en cage lacustre et recyclage des déchets d'abattoir par la pisciculture.

Ces visites furent complétées au niveau de la recherche et de la formation par celles des installations de recherche piscicole de l'IDESSA, du Centre de Formation Piscicole de Bouaké, et des installations du Projet d'aquaculture lagunaire à Jacqueville.

4.3 Communication et vulgarisation

4.3.1 Notions de base et méthodes

La vulgarisation étant un processus éducatif, l'on s'y trouve toujours en situation de communication. Il était donc important au départ de discuter les notions de base de la communication et de décrire un certain nombre de techniques/méthodes qu'elle utilise.

La communication pédagogique est un processus par lequel il y a transfert d'information entre deux ou plusieurs “organismes” et par lequel il y a une rétention de l'information (mémorisation).

Quelques importantes caractéristiques de la communication furent soulignées :

  1. La communication a trois composantes: l'émetteur, le récepteur et le message. A chaque information transmise, il faut un feed-back du récepteur pour que l'émetteur puisse estimer l'impact de son message et le réajuster si nécessaire.

  2. Le message doit être formulé selon un code qui doit être parfaitement compréhensible par le récepteur. En vulgarisation rurale, il ne faut pas seulement parler la même langue mais, d'une manière générale, il faut utiliser un langage de signes compréhensible du paysan.

  3. Le rapport récepteur/émetteur permet de distinguer divers types de communication: individuelle, de groupe, de masse.

  4. Pour faciliter la commumication et augmenter son efficacité, surtout quand le nombre de récepteurs augmente, on utilise divers moyens ou supports, soit audio-visuels, soit scripto-visuels. L'ouïe et la vue sont en effet, dans ce domaine, les deux sens fondamentaux les plus importants.

Les stagiaires s'efforcèrent ensuite de mieux cerner ce qu'était la vulgarisation agricole, quels pouvaient être ses objectifs et le rôle des vulgarisateurs. Ils apprirent à faire la distinction entre une action d'encadrement où l'on dicte aux gens ce qu'ils doivent faire et une action de vulgarisation où, par l'éducation, l'on amène les gens à faire quelque chose de nouveau ou de mieux pour résoudre un problème. En cours de vulgarisation, les bénéficiaires doivent être considérés non comme des subalternes, mais comme des partenaires que le vulgarisateur commence par écouter, avant d'élaborer et de transmettre un message basé sur ses connaissances techniques.

De nombreux exemples ont ensuite permis d'illustrer les multiples problèmes de communication qui peuvent se poser en vulgarisation rurale, comme par exemple: le problème de langue et la déformation du message qui en résulte, la traduction du vocabulaire technique, le choix du lieu de vulgarisation, l'importance des traditions locales, l'identité du récepteur, et le manque de polyvalence des vulgarisateurs.

Les stagiaires se familiarisèrent alors avec les principaux moyens/supports audio-visuels et scripto-visuels servant à la communication et à la vulgarisation, tant au niveau individuel qu'au niveau de groupe. Leur utilisation ainsi que leurs avantages et inconvénients respectifs, des points de vue pédagogique et financier, furent présentés.

Les réalisations faites dans ces domaines par l'IAB et par le projet piscicole PNUD/FAO telles que livrets, T-shirts, films fixes, flanellographe, et disques Viewmaster permirent de bien illustrer les débats. La portée que pouvaient avoir les affiches, en tant qu'outil de vulgarisation, et leurs schémas de construction furent également décrits.

Dans l'intervention consacrée à la dynamique de groupe, l'on se limita à traiter de la formation mutuelle, c'est-à-dire des techniques utilisées pour faire en sorte que la discussion d'un groupe progresse d'elle-même, l'animateur ne venant en appoint qu'une fois que les ressources du groupe sont épuisées. Par exemple, pour faire adopter une nouvelle technique agricole l'on dynamise un groupe restreint de paysans en vue de l'identification des problèmes, de l'encadrement, et de la prise de responsabilité. Le schéma directeur consiste alors successivement en une approche sociologique plus ou moins détaillée du groupe; un inventaire des techniques et méthodes utilisées; la constitution d'un ou plusieurs groupes, avec les problèmes de composition des groupes (acceptation, homogénéité, richesse), les problèmes techniques, et ceux liés à la définition des objectifs et sous-objectifs (processus par étapes); le suivi et l'assistance de groupes.

L'intervention et les discussions consacrées à la conduite de réunions permirent d'examiner les types de réunion en fonction de leurs objectifs, les phases de déroulement d'une réunion, les conditions de bon déroulement d'une réunion, et le rôle qu'y joue l'animateur. Le succès d'une réunion, quelqu'en soit le type (information, discussion, créativité, formation), réside principalement dans une bonne préparation par l'animateur: précision des objectifs, choix des participants, préparation d'un plan de réunion, et préparation matérielle de la réunion.

Cette préparation de la réunion en assure le bon déroulement à condition que l'animateur respecte les deux rôles qui lui sont dévolus, à savoir :

  1. faire progresser la réunion en l'introduisant, en dirigeant les débats, en posant des questions, en reformulant ce qui est dit, et en faisant les synthèses partielles et finales;

  2. régulariser les relations entre les participants, en gardant une stricte neutralité.

4.3.2 Exercices de communication

En guise d'exercice pratique, les stagiaires organisèrent une mini-réunion où ils se partagèrent les différents rôles d'animateur, d'observateur et de participants, pour discuter des résultats d'un sondage d'opinion. Ceci permit de rappeler certains principes énoncés auparavant, en insistant sur les problèmes rencontrés au cours de cette session pratique.

Les stagiaires eurent également l'occasion au cours de deux longues séances de s'exercer, en groupe, à l'usage du flanellographe et au montage sonorisé de diapositives (diaporama), avec l'aide du matériel du projet PNUD/FAO.

4.3.3 Exemples de vulgarisation rurale

Au cours de quatre exposés, les stagiaires se firent une idée de la manière dont on pouvait organiser un programme de vulgarisation, qu'il s'agisse de développement agricole (cas de la Compagnie Ivoirienne de Développement des Textiles - CIDT et du Projet Agricole Centre-Ouest - PACO) ou de développement piscicole (projets de vulgarisation de la pisciculture en Côte-d'Ivoire et en République Centrafricaine).

La localisation du stage à Bouaké permit aux participants de mieux comprendre le fonctionnement d'un projet de vulgarisation piscicole. De multiples contacts avec le personnel technique du projet piscicole, avec les agents responsables de vulgarisation sur le terrain, ainsi qu'avec les pisciculteurs ruraux purent être facilement organisés.

Les stagiaires purent également voir comment travaillent les agents piscicoles de vulgarisation en assistant à une séance d'animation dans un village.

4.3.4 La communication par les médias

La communication par les médias fut étudiée au travers de trois exposés concernant les presses écrites et radio-télévisées qui, en Côte-d'Ivoire, sont fréquemment utilisées pour la vulgarisation.

Les objectifs complémentaires de sensibilisation, d'information, de démonstration et d'animation de la Radio-Télévision Ivoirienne dans ce domaine furent présentés.

Il est important d'avoir une relation suivie entre le producteur, le technicien et l'auditeur. Grâce au feed-back, ceci permet de corriger et d'adapter l'information pour qu'elle puisse mieux passer. Il faut aussi avoir une caméra descriptive qui délivre un message simple et clair, plûtôt qu'une caméra artistique qui empêche le message d'être bien perçu. Un exemple concret fut donné avec la présentation de “Télé pour tous”, une émission thématique de sensibilisation à des problèmes spécifiques, qui peuvent être indifféremment agricoles, piscicoles ou éducatifs.

La présentation de “Terre et Progrès”, journal trimestriel de vulgarisation publié en Côte-d'Ivoire, permit aux stagiaires de mieux comprendre les processus de conception et de fabrication d'un journal destiné au milieu rural. L'objectif de ce journal est l'amélioration qualitative et quantitative des productions agricoles afin de relever le niveau de vie des paysans. Ce type de journal, qui arrive directement en support d'une campagne d'alphabétisation, constitue le premier matériel de lecture pour la masse rurale et permet de soutenir les connaissances acquises.

Afin d'assurer son rôle de vulgarisation, ce journal contient une grande partie (50%) de conseils pratiques pour les productions agricoles, l'hygiène et la cuisine, le reste étant constitué d'informations régionales et nationales. Il met aussi l'accent sur le dialogue entre les dirigeants et la masse rurale. Il est conçu de manière simple, avec illustrations, gros titres et mots accessibles. Il gagne encore en efficacité par la lecture de certains articles à la radio.

4.3.5 Table ronde sur la vulgarisation

Après trois semaines de stage, une table ronde a rassemblé autour des stagiaires un certain nombre de conférenciers qui étaient déjà intervenus à l'un ou l'autre titre, dans le cadre du stage. son objectif était de faire le point sur ce qui avait été dit et vu. Tout particulièrement, il fallait d'une part cerner les rôles et qualités d'un bon vulgarisateur et, d'autre part, récapituler les différentes méthodes utilisées, leurs caractéristiques, leurs avantages et inconvénients.

Les discussions portèrent longuement sur l'importante distinction à faire entre l'encadreur qui réfléchit à la place des paysans pour leur faire atteindre un objectif et le vulgarisateur qui fait réfléchir les paysans en vue d'adopter la technique qui permet d'atteindre l'objectif.

Pour résumer ce qui avait été dit les semaines précédentes, les participants à la table ronde s'attachèrent alors à réunir en un tableau synthétique (Tableau 1) les différentes méthodes de vulgarisation. Ceci leur permit d'en discuter leurs cibles, leurs objectifs, leurs supports audio-visuels et scripto-visuels, ainsi que les avantages et inconvénients de chacune.

4.4 Planification et évaluation de projets de développement

Il est nécessaire qu'au niveau national, le Gouvernement ait la volonté politique d'intégrer la pisciculture au développement. Dans cette optique, une politique axée sur l'autosuffisance alimentaire est généralement profitable au développement de la pisciculture.

Au niveau sectoriel, on a souligné l'absence quasi complète de planification piscicole à long-terme et, d'une manière générale, l'absence d'étude des grands facteurs environnementaux qui entrent en ligne de compte comme par exemple le milieu physique et institutionnel, l'espace terre/eau, la technologie, la production, et la commercialisation.

Généralement l'on se contente d'études à court terme ou à moyen terme. Celles-ci permettent à la fois une utilisation rationnelle des moyens nécessaires à la réalisation d'objectifs précis et une évaluation aisée des progrès réalisés. Dans ce cadre, on utilise le système de projets qui sont des activités planifiées et entreprises pour un laps de temps déterminé, souvent court, et avec des objectifs bien précis.

Les contraintes sont bien souvent celles des bailleurs de fonds et des gouvernements qui limitent la durée des projets pour des raisons financières, tout en imposant aux techniciens des objectifs trop ambitieux, pour des raisons de prestige.

On souligna également la nécessité d'inclure dans la planification d'un projet, son évaluation et de définir pour ce faire des critères mesurables.


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