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5. PRODUCTION ET MARCHÉS


Les données des recensements agricoles nationaux et les statistiques officielles des importations ne font normalement pas la distinction entre les terres et les produits certifiés et non certifiés. Ainsi, les chiffres présentés dans ce chapitre sont des estimations, basées sur des sources d’information multiples.

Des marchés individualisés existent essentiellement pour les produits certifiés qui portent un label. Sur les programmes examinés dans le chapitre précédent, seuls les produits certifiés biologiques et du commerce équitable portent un label, ainsi qu’une petite quantité de café certifié SAN. Les marchés de ces produits avec label sont étudiés dans un premier temps de manière générale dans la section 5.1, puis les marchés des bananes biologiques et des bananes du commerce équitable sont examinés en détail comme études de cas dans la section 5.2. Enfin sont étudiés dans la section 5.3 les «marchés» moins différenciés pour la certification SAN, SA8000 et EurepGap sans label.

5.1 MARCHÉS DES PRODUITS AVEC LABEL

Production biologique et marchés

Selon l’enquête SÖL de février 2003[59], près de 23 millions d’hectares dans le monde sont gérés selon des méthodes biologiques. Plus de la moitié de cette superficie est constituée de terres de pâturage extensif. Les principaux pays avec un climat tropical sont le Brésil (275 500 ha certifiés), l’Ouganda (122 000 ha) et la Chine (environ 100 000 ha). Le pourcentage de terres agricoles cultivées sous gestion biologique est le plus élevé au Costa Rica, avec 2 pour cent, suivi par l’Ouganda (1,4 pour cent) et le Belize (1,3 pour cent). Les principaux produits biologiques certifiés sont le café, la banane, le cacao, le sucre de canne, le thé, le coton et l’ananas[60].

Les marchés locaux sont habituellement très limités pour ces produits, bien qu’existent certains marchés dans les pays en développement, y compris l’Argentine, le Brésil, la République populaire de Chine et l’Égypte. En Amérique latine, la forme la plus populaire de commerce biologique local est le marché des exploitants. La plupart des pays d’Amérique latine ont également des magasins spécialisés, et les supermarchés commencent à vendre des produits biologiques, essentiellement des fruits et légumes frais. De même existent des systèmes de paniers et de livraison à domicile. Souvent aucune prime de prix n’est perçue sur le marché local. Inspirés du Teikei japonais et du Community Supported Agriculture (CSA) américain, des systèmes CSA similaires (la Comunidad Sustenta a la Agricultura) ont été mis en place; par exemple dans le sud du Brésil et autour de Lima au Pérou. Dans ce système, un groupe d’environ 40 familles de consommateurs soutient une exploitation et partage la planification, les risques et les décisions relatives à la fixation des prix[61].

En Asie, des magasins spécialisés existent en Malaisie et aux Philippines. En Inde, en particulier dans les grandes villes, le marché des produits biologiques s’accroît[62]. En Afrique, les plus grands marchés sont l’Afrique du sud, avec des supermarchés commençant à vendre des produits biologiques, et l’Égypte, où Sekem a développé les marchés locaux du coton et du thé biologiques. Des efforts se poursuivent pour établir des marchés locaux au Kenya, au Malawi et en Ouganda[63].

La plupart des produits biologiques tropicaux certifiés sont produits pour les marchés d’exportation. Les principaux marchés sont l’Europe, le Japon et les États-Unis.

Les États-Unis sont le pays ayant le plus grand marché des aliments et boissons biologiques dans le monde. Les ventes biologiques au détail ont été estimées par le CCI à près de 9,5 milliards de $E.-U. en 2001 et devaient atteindre 12 milliards de $E.-U. en 2003[64]. Les fruits et légumes frais constituent la principale catégorie d’aliments. Le marché alimentaire de détail des États-Unis pour les produits frais biologiques est segmenté en deux secteurs primaires. Le segment des magasins d’alimentation naturelle représentait 833 millions de $E.-U. en fruits et légumes frais biologiques en 1999, alors que les supermarchés conventionnels représentaient 618 millions de $E.-U. Ensemble ils représentaient 1,45 milliards de $E.-U. en vente de produits frais biologiques en 1999, ce qui représentait 22 pour cent des ventes alimentaires biologiques totales aux États-Unis en 1999[65]. Les ventes supplémentaires de fruits et légumes cultivés dans le pays s’effectuent par le biais des réseaux de commercialisation directe. Une enquête de la Fondation de recherche en agriculture biologique (Organic Farming Research Foundation) en 1997 a établi que les exploitants biologiques ont vendu des produits représentant 23 pour cent de leur superficie de légumes directement aux consommateurs[66]. L’importance relative des ventes directes a probablement baissé depuis en raison de la croissance des ventes des magasins d’alimentation naturelle et des supermarchés. Selon le Nutrition Business Journal, les ventes totales de fruits et légumes biologiques ont augmenté pour atteindre 2,2 milliards de $E.-U. en 2000[67].

En 2001, la taille du marché de l’alimentation biologique en Europe était estimée à 9 milliards de $E.-U.. Les prévisions pour 2003 se situaient entre 10 et 11 milliards de $E.-U. La plus grande part des ventes est réalisée dans les pays de l’Espace Économique Européen, la Suisse étant largement en tête. La Suisse détient la part biologique la plus importante des ventes alimentaires totales[68]. Le marché de l’UE pour les fruits et légumes biologiques certifiés a été estimé entre 1,3 et 1,5 milliards de $E.-U. en 2000, représentant 15-20 pour cent des ventes totales au détail de produits biologiques. Ce marché a bénéficié d’une croissance rapide à la fin des années 90, mais la croissance s’est ralentie en 2002[69].

Avant la nouvelle réglementation NAJ d’avril 2000, aucune définition claire de «produit biologique» n’existait au Japon. Un seul et même terme se référait tant aux produits «biologiques» qu’aux produits «cultivés de manière plus favorable à l’environnement». On estime qu’avec la réglementation NAJ seulement 1 pour cent de ces produits «verts» se qualifiait pour le label biologique. Selon le CCI[70], on estime que la valeur à la vente au détail des produits certifiés biologiques véritables était d’environ 400 millions de $E.-U. en 2003, soit moins de 0,5 pour cent des ventes alimentaires totales au Japon. Les ventes de fruits et légumes biologiques ont été réduites par la nouvelle réglementation NAJ. De plus, les importations de produits frais subissent des contrôles phytosanitaires stricts et de nombreux conteneurs sont désinfectés par fumigation. Pour les produits, la fumigation entraîne la perte du label biologique (ils sont alors commercialisés comme étant «sans produit chimique, désinfecté par fumigation»)[71].

La tendance dans les pays développés est de vendre les produits biologiques avec des primes considérables au niveau des détaillants. Cependant, les primes de plus de 50 pour cent présentent habituellement des contraintes inhérentes liées à l’offre et sont souvent temporaires et imprévisibles. Sur des marchés immatures, les prix peuvent être très instables, avec des primes de prix variant de 0 à 100 pour cent en peu de temps. Des primes élevées à long terme reflètent souvent de graves problèmes de production liés à des ravageurs et des maladies endémiques chroniques qui ne peuvent pas être gérés efficacement par les techniques biologiques et culturelles existantes. Pour les situations dans lesquelles les coûts de production biologique sont aussi bas que les coûts de production conventionnelle ou inférieurs à ceux-ci, les exploitants ne percevront souvent que peu ou pas de primes de prix, en particulier lorsque le marché mûrit[72].

Une expansion équilibrée de l’offre et de la demande sera un facteur du maintien de la prime de prix biologique. Les primes de prix actuelles à la consommation reflètent non seulement des prix à la production plus élevés, mais également des coûts de traitement post-récolte et de traçabilité plus importants (par ex. le transport et l’entreposage isolés), et des inefficacités dans la chaîne en raison de volumes moindres et d’un manque d’informations.

Produits portant le label Rainforest Alliance

Parmi les produits vendus par des exploitations certifiées Rainforest Alliance/SAN, seule une partie du café est présente sur les marchés des États-Unis et du Japon avec le label Rainforest Alliance. L’Amérique centrale est le principal fournisseur du café portant le label Rainforest Alliance.

Production du commerce équitable et marchés

Les initiatives de commerce équitable visaient au début à inclure des origines très variées, à la fois pour répartir les bénéfices et pour être en mesure de raconter diverses «histoires du produit». Le résultat fut la forte dispersion de la base de producteurs, avec des procédures logistiques complexes et l’absence d’économies d’échelle.

Les volumes totaux des ventes portant le label FLO ont augmenté de 21 pour cent en 2002, pour atteindre 58 800 tonnes. Le revenu pour les initiatives nationales de licences commerciales pour l’utilisation du label a augmenté pour passer à 4,5 millions d’euros en 2001. Les ventes se sont diversifiées, le café ne représentant que 57 pour cent du revenu de la licence, contre 71 pour cent en 1997, alors que les ventes totales de café ont augmenté au cours de la même période.

Les frais de certification étant payés à partir des redevances de licence commerciale, la certification de nouveaux groupes de producteurs doit être scrupuleusement coordonnée avec les commerçants. L’offre de produits portant le label FLO ne peut pas être étendue au-delà de la demande du marché. Cela conduit parfois à manquer des opportunités de marché, parce que les produits ne peuvent pas être livrés immédiatement après qu’un commerçant manifeste son intérêt. En particulier pour les produits pour lesquels une norme doit encore être élaborée, un délai de livraison plus long est nécessaire. Les normes génériques développées récemment devraient réduire le temps requis pour l’élaboration de normes spécifiques aux cultures. La FLO recherche également une structure de financement alternative pour ses activités de certification, afin d’être en mesure de certifier des producteurs indépendamment des développements du marché.

Marchés de certains produits avec label

Le tableau 1 donne des estimations des volumes d’importation sur les marchés majeurs de la banane, le café, le thé et les jus d’agrumes avec label, représentant la plus grande part des produits tropicaux et horticoles avec label. La section suivante donne de plus amples informations sur les marchés des bananes biologiques et des bananes du commerce équitable.[73]

Tableau 1 - Chiffres des ventes et des importations pour les principaux marchés d’une sélection de produits avec label

Importations (tonnes)

Amérique du Nord

Europe(3)

Japon

Total(4)

Bananes 2002(7)

Biologique

48 000

87 500

5 400

141 300

Commerce équitable

-

36 600

balangon(6)

36 600

Total(1)

48 000

115 000

5 400

168 400

Part de marché(2)

1,1%

2,9%

0,6%

-

Total 2001

39 000

97 500

5 000

141 500

Café 2002(8)

Biologique

11 000

13 500?

2 000

26 500

Commerce équitable

2 300

13 500

9

15 800

Ombrage(5) (2001)

2 700

100

150

2 950

Total(1)

14 000

19 500

2 000

35 500

Part de marché(2)

0,9%

0,7%

0,5%


Total 2001

8 800

19 000

1 400

29 200

Thé 2001(8)

Biologique

2 000

2 000

NC

> 4 000

Commerce équitable

26

1 039

12

1 077

Total(1)

2 000

2 500

NC

> 4 500

Part de marché(2)

2,2%

1,2%

-

-

Agrumes frais 2002(10)

Biologique

64 000

130 000

2 000

196 000

Part de marché(2)

2%

2%

0,1%

-

Jus d'agrumes 2002(10)

Biologique (SSE)

30 000

24 000

NC

54 000

Commerce équitable

0

1387

0

944

Total

30 000

25 390

NC

> 55 400

NOTES: (1) Les totaux ne s’ajoutent pas toujours parce qu'une partie du commerce équitable est également biologique (le pourcentage de commerce équitable biologique est estimé et soustrait du total), à l'exception du jus d'orange, pour lequel le jus biologique du commerce équitable n'est actuellement pas disponible. Ainsi, pour 2001, on estime que 15 pour cent des bananes du commerce équitable étaient biologiques, et 25 pour cent en 2002 (les bananes du commerce équitable et nouvellement introduites sont souvent biologiques). (2) La part de marché est calculée en divisant le volume total de produit certifié par le volume total de produit importé dans la région concernée. (3) UE (15) + Suisse + Norvège, à l'exclusion des ventes en Italie par CTM Altromercato sans le label FLO/Transfair. (4) Total comprenant d'autres destinations (essentiellement la Nouvelle-Zélande et l'Europe de l'est). (5) Le café forestier inclut les labels Rainforest Alliance, ECO-OK et le label smithsonien "Bird Friendly". Le café smithsonien "Bird Friendly" est également biologique et peut être comptabilisé deux fois. (6) Les bananes du commerce équitable sur le marché japonais, importées depuis 1989 des Philippines par un OCA, Alter Trade Japan. Les bananes balangon étaient également vendues comme biologiques, et on ignore comment elles ont été affectées par la récente réglementation NAJ.

SOURCES: (7) Sources professionnelles, FLO et quelques statistiques officielles (République dominicaine et Aduanas au Pérou). (8) Biologique: pour l'Europe - SIPPO/FiBL/Naturland (2002); pour les États-Unis et le Japon: Banque mondiale (2002) et CCI (2002). Commerce équitable: FLO. Ombrage: Giovannucci (2001). (9) SIPPO/FiBL/Naturland (2002); CFC/FAO (2002); FLO. A noter qu'une grande partie du thé biologique n'est pas exportée (par ex. le marché biologique intérieur en Chine). La production totale de thé biologique est estimée à environ 9 000 tonnes. (10) FLO; FAO (2003).

5.2 ÉTUDE DE CAS: LE MARCHÉ DES BANANES BIOLOGIQUES ET DU COMMERCE ÉQUITABLE

Sources d’approvisonnement

Le principal fournisseur de bananes biologiques est la République dominicaine. En 2002, ses exportations dépassaient les 60 000 tonnes, excédant les exportations de bananes conventionnelles. Cependant, les exportations de la République dominicaine ont diminué pour la première fois depuis qu’elle a commencé à exporter des bananes biologiques, en raison d’une sécheresse qui a entravé la production au début 2002. Le second plus grand producteur de bananes biologiques est l’Équateur, avec environ 24 000 tonnes en 2002, après deux ans de taux de croissance élevés.

Les exportations péruviennes ont augmenté de manière spectaculaire depuis 2000, et elles augmentent encore. De nombreux petits cultivateurs ont achevé leurs périodes de conversion et le Pérou a exporté près de 19 000 tonnes en 2002, contre moins de 1 000 tonnes en 2000. Le Mexique a été pendant longtemps le second plus grand exportateur de bananes biologiques, mais en raison de taux de croissance inférieurs à ceux de l’Équateur et du Pérou, il ne se place désormais qu’en quatrième position, avec environ 14 000 tonnes en 2002.

D’autres fournisseurs de bananes biologiques sont la Colombie, le Guatemala, le Honduras et les Îles Canaries (Espagne). Les taux de croissance dans les Îles Canaries ont également été élevés, mais la base initiale était peu importante.

Les bananes du commerce équitable proviennent de Colombie, du Costa Rica, de la République dominicaine, d’Équateur, du Ghana, du Pérou, et des pays situés dans les Îles du Vent. Un ou deux groupes de producteurs sont enregistrés dans chaque pays.

Situation du marché

Biologique

Le tableau 2 et le schéma 1 offrent un panorama de la croissance du marché de la banane biologique au cours des dernières années. Les taux de croissance ont été très élevés, mais les importations biologiques ne représentent encore qu’environ 2,5 pour cent du marché européen total de la banane biologique et à peine plus de 1 pour cent du marché nord-américain.

La demande a été dans une large mesure commandée par la perception des avantages des produits biologiques pour la santé par rapport aux produits conventionnels. A ce jour, aucune preuve scientifique n’établit que les aliments cultivés selon des méthodes biologiques sont plus sains que les aliments cultivés selon des méthodes non biologiques. Néanmoins, une étude faite aux États-Unis indiquait que les enfants avec des régimes alimentaires à prédominance biologique absorbent moins de résidus de pesticides que les enfants avec des régimes conventionnels[74]. D’autres motifs de choix des bananes biologiques sont le goût, les préoccupations d’ordre environnemental et, dans une moindre mesure, des motifs altruistes (préoccupations face aux dangers pour la santé des travailleurs des plantations de bananes en raison du recours aux pesticides)[75].

Commerce équitable

A ce jour, les bananes du commerce équitable ont été vendues seulement en Europe. Les importations totales de bananes du commerce équitable ont augmenté pour passer de 12 500 tonnes en 1997 à environ 36 600 tonnes en 2002. De 1998 à 2001, cette augmentation était principalement due à un accroissement du nombre de pays où les bananes du commerce équitable sont vendues et à une croissance régulière des importations du commerce équitable de la Suisse (voir le tableau 3). Dans de nombreux pays, les ventes ont baissé après le succès initial. Par exemple, aux Pays-Bas, les bananes du commerce équitable ont gagné une part de marché de 10 pour cent en quelques mois après leur introduction en novembre 1996[76], mais ne représentent aujourd'hui qu'environ 2 pour cent du marché néerlandais total de la banane. Un développement similaire a été observé en Allemagne, où les bananes portant le label FLO ont presque disparu. Cependant, après l’introduction réussie au Royaume-Uni en 2000, la popularité des bananes du commerce équitable auprès des consommateurs britanniques s’est confirmée. De même, en Belgique les ventes ont repris en 2001 et sont de nouveau en augmentation. La tendance négative s’est également arrêtée au Danemark.

Tableau 2 - Estimations des importations de bananes biologiques fraîches par an et par région ou pays

Région ou pays

Importations (000 tonnes)(2)

Croissance annuelle

1998

1999

2000

2001

2002

1999-2000

2000-2001

2001-2002

USA et Canada

13 (3)

16

24,5

39

48

53%

60%

23%

Europe(1)

13

23,5

46,5

73

87,5

98%

57%

20%

Japon

3

5,5

6,5

5

5,3

18%

-23%

6%

Autres

-

-

-

0,5

0,5

-

-

-

Total

29

45

77,5

117,5

141,3

72%

52%

20%

NOTE: (1) UE (15) + Suisse + Norvège

SOURCES: (2) Sur la base d'estimations du secteur, de sondages nationaux et de statistiques nationales officielles, sauf mention contraire.

(3) Sauvé, 1998.

Figure 1 - Croissance des exportations mondiales de bananes biologiques depuis 1998

Tableau 3 - Importations vers l'Europe de bananes portant un label du commerce équitable

Pays

Importations (tonnes)

Croissance annuelle

1998

1999

2000

2001

2002

1999-2000

2000-2001

2001-2002

Suisse

7 500

10 778

11 403

13 170

15 090

6%

15%

15%

Royaume-Uni

-

-

5 557

9 701

11 426


75%

18%

Finlande

-

-

-

1 707

2 833



66%

Pays-Bas

5 200

4 180

3 603

2 303

1 996

-14%

-36%

-13%

Autriche

-

-

-

-

1 775




Belgique

849

431

401

925

1 314

-7%

123%

42%

France

-

-

-

82

696



750%

Suède

50

301

570

568

586

89%

0%

18%

Danemark

725

847

493

294

365

-42%

-40%

24%

Luxembourg

-

74

179

168

178

142%

-6%

6%

Norvège

-

-

-

33

154



367%

Allemagne

3 042

1 580

617

101

117

-61%

-84%

16%

Italie(1)

-

-

-

20

82



310%

Total

17 366

18 191

22 823

29 065

36 612

25%

27%

26%

NOTE: (1) En Italie, l’organisation de commerce alternatif CTM Altromercato a commencé en 2001 à vendre des bananes du commerce équitable de producteurs certifiés FLO se conformant aux critères commerciaux FLO, mais sans le label de Transfair Italy. Ces chiffres n’étaient pas disponibles et ne sont donc pas intégrés dans ce tableau, mais ils font partie de la demande du commerce équitable en Italie.

SOURCE: Données fournies par la FLO.

Figure 2 - Croissance des ventes de bananes du commerce équitable depuis 1997

La Suisse reste le plus grand marché de bananes du commerce équitable et, de manière quelque peu surprenante, ce marché continue de s’accroître. Les plus grandes chaînes de supermarchés distribuent et font la promotion des bananes du commerce équitable, qui occupent une part de marché d’environ 20 pour cent. Le succès est partiellement attribué à la forte sensibilisation du public aux questions du commerce équitable et à la promotion active par les deux principales chaînes de supermarchés. D’autres facteurs sont entre autres des primes de prix à la consommation inexistantes ou peu importantes[77] et un marché généralement ouvert aux bananes importées, sans restrictions de quotas.

En Finlande - un petit marché de la banane - les ventes de bananes du commerce équitable dans l’année de lancement (2001) étaient très bonnes et ont atteint 2 830 tonnes en 2002, estimées à 5 pour cent du marché total finlandais de la banane.

Environ 25 pour cent des bananes du commerce équitable sont estimées être également certifiées biologiques, et cette part augmente. En Norvège, par exemple, toutes les bananes du commerce équitable récemment introduites sont biologiques. Certains des producteurs enregistrés par la FLO (par exemple en Équateur et au Ghana) convertissent tout ou partie de leur production en biologique afin de pouvoir répondre à cette demande de «double certification». La stratégie suivie par Agrofair, principal importateur de bananes du commerce équitable, et détenu à 50 pour cent par les associations de producteurs, est de négocier des accords globaux pour la vente de bananes du commerce équitable et à «double certification». De cette manière, un marché est assuré pour les producteurs du commerce équitable qui, en raison des conditions climatiques et de la production conventionnelle environnante, ne sont pas en mesure de se convertir aux méthodes de production biologique.

L’organisme de certification équitable Transfair Japan n’est pas impliqué dans l’importation de bananes. Cependant, des bananes du commerce équitable sont présentes depuis 1989 sur le marché japonais, importées des Philippines par l’OCA Alter Trade Japan. Ces bananes «balangon» étaient également vendues comme biologiques, et on ignore comment celles-ci ont été affectées par la réglementation NAJ.

Prix

Biologique

Très peu de données sont disponibles sur les prix des bananes biologiques. Pour les produits frais en général, les primes de prix à la consommation rapportées s’échelonnaient de zéro pour les choux-fleurs en Italie en janvier 2002[78] à 175 pour cent pour un panier de légumes au Royaume-Uni[79]. Les prix à la consommation rapportés pour les bananes biologiques en Italie allaient de 2,00 €/kg en février 2002 à 4,71 €/kg en septembre de la même année. Le prix moyen sur la période de février à novembre 2002 était de 3,15 €/kg. Les prix ont plus varié dans les magasins spécialisés que dans les supermarchés, mais le prix moyen était le même pour les deux types de points de vente[80]. Les prix de la vente en gros en Italie s’échelonnaient d’un minimum de 1,40 €/kg à un maximum de 1,75 €/kg en 2003[81]. En Amérique du Nord, Dole a fortement pénétré le marché en 2001[82] et on peut s’attendre à ce qu’ils puissent maintenir les prix relativement bas en raison de leur système de distribution efficace et de leurs économies d’échelle.

Un commerçant a indiqué que les prix FOB et CAF sont restés assez stables, avec des prix CAF en Europe se situant à environ 17 €/caisse - ceci malgré une offre excédentaire à la fin 2002, lorsqu’une trop grande quantité de bananes biologiques a été importée en Europe et que les négociants ont eu des difficultés pour les revendre. Selon le Centre de suivi des marchés durables (Centro de Intelligenca sobre Mercados Sostenibles, ou CIMS), les prix FOB se situaient pour le premier trimestre 2003 entre 5,4 et 8,5 $E.-U./caisse, selon l’origine, et la prime biologique s’élevait généralement à 1 $E.-U./caisse[83]. Selon certaines sources, les prix FOB pour les exportations du Pérou s’élevaient à 5,5 $E.-U./caisse en 2001 et 6 $E.-U./caisse en 2002. Le prix au producteur pour les bananes biologiques au Pérou était de 2,3 $E.-U./caisse en 2002[84].

Certaines sources affirment que, pour assurer une production rentable de bananes biologiques, les prix à la production ne doivent pas être inférieurs au niveau actuel. La capacité de production de bananes biologiques est bien plus importante que le volume vendu aujourd’hui, en particulier au Pérou, mais les négociants préfèrent ne pas inonder le marché afin d’éviter une pression accrue sur les prix de la vente au détail. Ainsi, les producteurs doivent vendre sur le marché conventionnel des bananes provenant de plantations certifiées. On considère que la concurrence entre les producteurs se situe principalement sur la qualité, la surcapacité donnant aux négociants l’opportunité d’être plus exigeants.

Commerce équitable

Les prix FLO du commerce équitable sont déterminés sur la base des coûts de production. La FLO a estimé les coûts moyens de production par pays, et les calculs prennent en compte les coûts «supplémentaires» qui peuvent survenir en raison de critères pour la certification du commerce équitable, tels que le «minimum vital» pour les travailleurs. Le prix minimum du commerce équitable à payer par les commerçants sous licence est le prix de production plus une prime de commerce équitable. Une partie de cette prime peut être utilisée par l’association d’exploitants ou la direction de la plantation afin d’améliorer l’organisation ou la qualité des produits, ou pour effectuer d’autres investissements importants pour la durabilité économique à long terme. L’autre partie de la prime doit être utilisée pour des améliorations environnementales et sociales.

Perspectives du marché

Biologique

La part de marché totale des bananes biologiques et du commerce équitable a atteint 1,1 pour cent en Amérique du Nord et 2,9 pour cent en Europe occidentale. En Suisse, la part de 20 pour cent des bananes du commerce équitable ajoutée à celle des bananes biologiques ne provenant pas du commerce équitable portent probablement le total à plus de 30 pour cent. L’offre limitée a constitué une entrave importante à la croissance des ventes de bananes biologiques. Néanmoins, en 2001, l’offre a rattrapé la demande et une surcapacité a été constatée en 2002.

En 2000, la part des fruits et légumes frais biologiques dans les supermarchés conventionnels des États-Unis était d’approximativement 2 pour cent. Ainsi le marché potentiel des bananes biologiques en Amérique du Nord peut être estimé à au moins 2-2,5 pour cent du marché total de la banane. Cela correspond à des volumes de 85 000 à 100 000 tonnes pour l’Amérique du Nord, contre 48 000 en 2002. Avec les taux de croissance actuels, de tels volumes seraient atteints en 2005.

A plus long terme, la FAO a prévu que la consommation nord-américaine de bananes atteindra environ 4,6 millions de tonnes en 2010. A supposer que 5 pour cent de ce volume soit biologique, le marché potentiel des bananes biologiques sera d’environ 230 000 tonnes. Cela implique des taux de croissance annuels soutenus de près de 25 pour cent. De tels taux de croissance ont été observés depuis 1985 pour l’ensemble du secteur biologique des États-Unis.

En Europe occidentale, la croissance du marché de la banane biologique s’est ralentie, ce qui n’est pas très surprenant après l’augmentation spectaculaire de 1999 et 2000. Les parts de marché des bananes biologiques ont longtemps été très inférieures à celle d’autres fruits biologiques. Cependant, avec les forts taux de croissance, la part des bananes biologiques et des bananes du commerce équitable se situe aujourd’hui à près de 3 pour cent, proche semble-t-il des parts de marché des autres fruits biologiques. Les ventes devraient continuer d’augmenter à hauteur d’environ 10 à 15 pour cent par an, soit au taux de croissance d’autres fruits biologiques ces dernières années. Cela aboutirait à une part de marché d’environ 5 pour cent en 2005 et environ 8 pour cent en 2010 en Europe occidentale (CE15 + Norvège + Suisse), en prenant en compte les projections faites par la FAO pour le marché global de la banane.

Des superficies considérables sont apparemment encore en cours de conversion vers la certification biologique, en particulier en Équateur et au Pérou. Ces zones ajouteront à la surcapacité actuelle, et ces producteurs auront par conséquent des difficultés pour vendre leurs produits sur le marché biologique, et ne percevront probablement pas de prime de prix biologique tout en devant continuer à faire face aux coûts annuels de certification. Ils peuvent être confrontés à la difficile décision de savoir s’ils doivent sortir de la certification afin d’économiser les coûts de certification, mais avec le risque que si le marché s’améliore à l’avenir ils devront de nouveau se soumettre à la période triennale de conversion (à moins qu’ils ne puissent démontrer qu’aucun produit agrochimique n’a été appliqué au cours de la période non certifiée).

Commerce équitable

Le marché du commerce équitable dépendra fortement de la capacité à fournir des bananes du commerce équitable. Les perspectives du marché des bananes du commerce équitable semblent favorables. Une forte croissance peut être attendue en France, où la sensibilisation des consommateurs et la reconnaissance de la marque Fairtrade se sont spectaculairement accrues au cours des deux dernières années et deux chaînes de supermarchés ont commencé à vendre des produits du commerce équitable. D’autres pays où la croissance peut être attendue sont l’Autriche, la Finlande, le Royaume-Uni et l’Italie, quoique probablement sans le sigle FLO pour ce dernier pays. Le marché des bananes du commerce équitable aux Pays-Bas devrait continuer à diminuer. Ce pays, où les bananes du commerce équitable ont eu tant de succès lors de leur introduction, semble avoir perdu tout intérêt pour elles. Cependant, la baisse des ventes aux Pays-Bas sera probablement aisément contrebalancée par l’augmentation des ventes dans d’autres pays. Les ventes en Allemagne devraient se maintenir aux niveaux bas actuels, étant données la situation économique générale dans le pays et l’âpre concurrence des prix entre les supermarchés.

L’introduction d’un nouveau régime d’importation CE en 2001 a peu affecté le marché du commerce équitable. Les organismes de commerce équitable ne sont pas assurés de tirer profit de la transition vers un système d’importation uniquement tarifaire, dont la mise en œuvre est attendue pour 2006 ou 2008. Les groupes de producteurs du commerce équitable dans les pays ACP devraient être confrontés à des conséquences différentes de celles dans les pays non-ACP. Beaucoup dépendront des taux des nouveaux tarifs pour les diverses provenances. Pour les importateurs biologiques et du commerce équitable, qui sont des entreprises de tailles relativement petites par rapport aux importateurs conventionnels, l’abolition des licences de quotas pourrait constituer une amélioration parce qu’ils ne seraient plus tenus de fournir des garanties bancaires, qui peuvent atteindre aujourd’hui trois fois le chiffre d’affaires prévu[85].

Implications pour les producteurs de bananes

Bien que l’offre soit actuellement plus que suffisante pour satisfaire la demande, certains problèmes demeurent. Des sources professionnelles rapportent que le contrôle biologique de la cercosporiose noire et de la pourriture de la couronne reste une contrainte technique majeure à la culture et au transport des bananes biologiques. De plus amples recherches sur les méthodes de contrôle biologique pour les deux maladies seraient particulièrement bienvenues.

En outre, des règles phytosanitaires et des inspections strictes posent des défis pour le secteur de la banane biologique, notamment au Japon, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. De plus, les différentes réglementations biologiques sur les principaux marchés, y compris les différentes normes et surtout les différentes conditions d’inspection et de certification, coûtent beaucoup aux producteurs et aux négociants en temps et en argent.

Les différentiels de prix de vente au détail par rapport aux bananes conventionnelles pourraient diminuer, le commerce biologique essayant de réduire les inefficacités dans la distribution. De même, un nombre important de rejets à divers points le long de la filière d’approvisionnement est signalé, et les négociants essayent de réduire ce chiffre en sélectionnant la meilleure qualité au niveau des exploitations et en contrôlant mieux les dégâts post-récolte et liés au transport.

Pour les producteurs, le principal risque commercial de la conversion vers une production biologique est de ne pas trouver un point de vente biologique et de devoir vendre les bananes biologiques comme conventionnelles, malgré des coûts de production supérieurs. Un autre risque est la baisse des prix à la sortie des exploitations. Les nouveaux entrants risquent de ne trouver d'acheteur que s’ils sont en mesure de fournir une qualité supérieure pour le même prix par rapport à leurs concurrents. Il sera difficile de concurrencer les prix, si les coûts plus élevés de la production biologique doivent être couverts, en particulier juste après une période de conversion onéreuse.

Entrer sur le marché du commerce équitable est très difficile. La plupart des producteurs du commerce équitable enregistrés vendent encore une part considérable de leurs produits sur le marché conventionnel. La croissance dans ce marché de niche proviendra donc essentiellement des producteurs déjà enregistrés. Les nouveaux groupes de producteurs demandant la certification doivent démontrer qu’ils seront en mesure de vendre sur un nouveau marché du commerce équitable, afin d’éviter que leur certification ait une influence négative sur les associations déjà enregistrées. Ceci dit, Agrofair, principal importateur de bananes du commerce équitable en Europe continentale, a récemment ajouté un autre groupe de petits producteurs à sa base de fournisseurs, notamment pour s’approvisionner en bananes biologiques du commerce équitable.

5.3 MARCHÉS DES PRODUITS CERTIFIÉS SANS LABEL

Les systèmes de certification comme SA8000 et EurepGap, et une partie du programme SAN, certifient des équipements de production, mais cette certification n’aboutit pas (à ce jour) à l’apposition d’un label sur le produit. Ainsi les consommateurs ne peuvent pas faire un choix conscient de ces produits. Le «marché» de ces systèmes de certification se situe beaucoup plus au niveau des grossistes et des acheteurs.

Produits certifiés SAN

De nombreux produits certifiés SAN ne portent pas de label au niveau de la vente aux consommateurs. Seule une partie du café est vendue sous label, principalement sur le marché américain. Le reste trouve ses débouchés sur le marché conventionnel. Cela ne signifie cependant pas qu’un marché spécifique existe. Dans le cas des bananes, le SAN a convaincu les dirigeants de Chiquita au Costa Rica de collaborer avec eux dans le projet Better Banana. A cette époque, Chiquita était fortement critiquée par des ONG pour ses performances environnementales et sociales médiocres. Après les premières certifications de plantations Chiquita au Costa Rica, la direction de Chiquita à Cincinnati a pu se laisser convaincre qu’il était possible de collaborer avec une ONG sur des améliorations environnementales. Une incitation supplémentaire était probablement que cette collaboration serait bénéfique à leur image publique et pourrait calmer les critiques des ONG, qui, particulièrement en Europe, avaient coûté à Chiquita une mauvaise publicité certaine.

Ainsi le «marché» de cette certification fonctionne bien plus indirectement que dans le cas de la certification et la labellisation biologique et du commerce équitable. Par conséquent, aucun chiffre n’est disponible concernant la part de marché. Néanmoins, avec les propres plantations de Chiquita, certifiées à 100 pour cent ainsi que celles de la plupart de ses principaux fournisseurs, la part de marché des bananes certifiées SAN coïncide plus ou moins avec la part de marché de Chiquita. Cependant, selon certaines sources professionnelles récentes, Chiquita augmente la part d’externalisation, ce qui à son tour pourrait accroître le nombre de plantations non certifiées où elle s’approvisionne.

D’autres producteurs indépendants certifiés qui ne vendent pas à Chiquita n’ajouteraient que peu à la «part» certifiée SAN. Les zones et les volumes produits dans les unités de production certifiées SAN sont indiqués dans le tableau 4.

Tableau 4 - Surface des unités de production certifiées SAN, et volumes produits


Amérique du
Sud (1)

Amérique
centrale (2)

Amérique du
Nord(3)

Philippines

Total

Surface (ha) en avril 2003

Bananes

15 826

22 940

150

1 701

47 509

Agrumes

-

2 900(4)

-

-

2 900

Café

7 023

10 940

267

-

18 229

Volume produit (tonnes) en 2002

Bananes

441 000

791 000

4 500

51 000

1 287 500

Agrumes

-

14 164

-

-

14 164

Café

-

6 737

368

-

7 106

NOTES: (1) Colombie, Équateur et Brésil. (2) Costa Rica, El Salvador, Honduras, Guatemala et Panama. (3) Mexique et États-Unis. (4) Surface cultivée. La surface totale certifiée est de 7 050 ha.

SOURCE: Réseau de l’agriculture durable/Rainforest Alliance.

Produits certifiés SA8000

Le marché de la certification SA8000 est encore plus difficile à définir. Les rapports SA8000 peuvent être considérés comme faisant partie des initiatives générales de responsabilité sociale des entreprises (RSE). En effet, les rapports RSE annuels aujourd’hui publiés par de nombreuses grandes sociétés rendent habituellement compte des progrès de la mise en œuvre de la norme SA8000.

Le nombre de sites agricoles certifiés est passé de 5 en juin 2001 à 15 en décembre 2002. Parmi eux, 7 étaient impliqués dans la production ou la transformation du tabac, 4 étaient des ananas et autres fruits, 2 étaient des bananes, 1 était un site de transformation de café et 1 était un établissement vinicole. Les sites agricoles certifiés se situaient en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique latine. Outre les sites agricoles, 8 autres sites certifiés étaient impliqués dans le commerce alimentaire et la distribution, parmi lesquels 2 établissements de Coop Italy.

Parmi les principales multinationales dans l’industrie des produits frais, Dole est un membre signataire de la norme SA8000 (Programme d’implication d’entreprise, niveau deux), ce qui signifie que la société s’est engagée à travailler dans le sens d’une certification SA8000 pour ses propres sites et ceux de ses fournisseurs, et qu’elle doit publier des rapports sur les progrès réalisés. Malgré son engagement, le nombre de sites certifiés de Dole a baissé de 3 à 2 parce qu’elle a vendu son site Pascual Hermanos en Espagne, qui était en juin 2000 le premier site agricole à recevoir la certification SA8000. Chiquita fait également un rapport sur les progrès de mise en œuvre de SA8000 dans son rapport RSE, mais n’est pas encore un membre signataire (Programme d’implication sociale, niveau un: explorateur). Cependant, une des divisions Chiquita (Costa Rica) a déjà été certifiée SA8000.

Selon SAI, l’intégration relativement lente de la norme SA8000 dans l’agriculture est due aux difficultés de mise en œuvre de cette norme dans le secteur agricole. En particulier, il semble difficile d’adhérer aux dispositions sur les horaires maxima de travail pour les cultures saisonnières. Il se peut également que la pression du marché de la norme SA8000 ne soit pas encore aussi forte que, par exemple, dans les industries du textile.

Ceci dit, Coop Italy pourrait jouer un rôle catalytique pour l’adoption de la norme SA8000 dans l’agriculture. Coop Italy cherche à vendre plus de produits biologiques du commerce équitable dans ses magasins, ainsi que des produits issus d’établissements certifiés SA8000. La société pourrait donc encourager ses fournisseurs à obtenir la certification SA8000. Coop Italy a déjà exercé des pressions sur un de ses fournisseurs d’ananas au Kenya pour améliorer les conditions de travail, en réponse à une campagne de travailleurs et de consommateurs ciblant ce fournisseur. Pour accroître la pression, la campagne a utilisé le fait que l’acheteur - Coop Italy - était certifié SA8000.[86]

En fait, le système de membre signataire (Programme d’implication d’entreprise) pourrait encourager la mise en œuvre de la norme SA8000 grâce à la pression des acheteurs, comme pour EurepGap, bien que sur une échelle de temps bien plus souple puisqu’il n’existe pas de délais. Mises à part les différences évidentes dans le contenu des normes, la principale différence procédurale par rapport au système EurepGap est que la norme n’a pas été fixée par les acheteurs eux-mêmes et que les membres signataires s’engagent également dans la mise en œuvre de la norme dans leurs propres établissements et bureaux administratifs.

EUREPGAP

Dans le cas d’EurepGap «le marché» est le groupe de détaillants européens qui sont à l’origine de l’initiative. EurepGap n’ouvre guère de nouveaux marchés aux producteurs, car il est destiné à être mis en œuvre par les fournisseurs existants des détaillants impliqués. En 2003, EurepGap a déclaré[87]:

Il est ambitieux de parvenir à une logique globale et nous devons nous y plonger sur le long terme. Certains détaillants affirment que tous leurs fournisseurs devront être certifiés EurepGap en 2004. D'autres n'imposent pas de délai, mais se demanderont à un moment donné pourquoi leurs fournisseurs favoris ne sont pas certifiés EurepGap, et reviendront peut-être sur leur décision de commercer avec eux

La suggestion qu'un détaillant puisse annuler leur inscription sur une liste a suffisamment de poids pour convaincre les producteurs qu’ils doivent s'efforcer d'obtenir la certification.

Au jour de la rédaction du présent document, 5 systèmes européens de producteurs assurés étaient approuvés comme étant équivalents à EurepGap. EUREP a rapporté en décembre 2002 qu’un total de 3 889 cultivateurs étaient certifiés, pour une superficie totale de 61 425 ha. Sur ces cultivateurs certifiés, 39 se situaient en Amérique latine, 316 en Afrique (255 en Afrique du sud) et 3 en Asie.


[59] Yussefi et Willer, 2003.
[60] Yussefi et Willer, 2003.
[61] Lernoud, 2003.
[62] Yussefi, 2003.
[63] Walaga, 2003.
[64] Kortbech-Olesen, 2003.
[65] FAO, 2001.
[66] Organic Farmers Research Foundation, 1997.
[67] Dimitri et Greene, 2002.
[68] Kortbech-Olesen, 2003.
[69] Yussefi et Willer, 2003.
[70] CCI, 2002.
[71] D. Nordeng, Ecocert-Qai Japan Ltd., comm. pers.
[72] FAO, 2002.
[73] Pour de plus amples informations sur les marchés des agrumes biologiques, voir FAO. 2003a, et pour de plus amples informations sur les marchés du thé du commerce équitable, voir FAO. 2003b.
[74] Curl, Fenske et Elgethun, 2003.
[75] Zanoli et Naspetti, 2001.
[76] Eurofruit, 1997.
[77] Max Havelaar Stiftung, Suisse, 2001, comm. pers.
[78] AIAB, 2002.
[79] Ross, 2002.
[80] Osservatorio Nazionale dei Prezzi dei Prodotti Biologici, Italie.
[81] C.C.I.A.A., Bologne, Italie.
[82] Sources du secteur industriel.
[83] CIMS, 2003.
[84] S. Soldevilla Canales, ancien directeur du Programa de producción de banano orgánico en el valle del Chira, Pérou. 2003. comm. pers.
[85] Communication personnelle d’un importateur.
[86] Mutunga, Gesualdi et Ouma, 2002.
[87] FoodPLUS, 2003.

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