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Conclusions

Il faut absolument que les autorités et la population comprennent et admettent que le surpâturage d'aujourd'hui conduit inévitablement à la désertification de demain laquelle doit également être combattue et arrêtée par une reforestation suffisante. Celle-ci est seule capable de s'opposer à l'érosion éolienne et de favoriser la percolation des eaux de pluies sinon la pluviosité elle-même.

La sauvegarde du couvert ligneux dépend aussi des économies de combustibles de la part des populations et les campagnes menées en faveur de l'emploi de foyers améliorés n'est pas sans importance. Plus radicale encore serait la réduction du cheptel caprin, véritable calamité et acteur ultime mais le plus actif dans le processus de la désertification.

La survie des troupeaux durant les mois de soudure sera facilitée par diverses mesures sortant du cadre de cette étude et que, pour cette raison, nous ne développons pas davantage: vente des bêtes de boucherie en début de saison sèche, élimination des mâles en surnombre, sédentarisation de l'élevage avec développement de la traction bovine et cultures fourragères, exploitation équilibrée des prairies aquatiques à Echinochloa stagnina localement désignées sous le nom de gourgoutières, réduction drastique du cheptel dès que s'annonce une sucœssion d'années sèches au lieu de le laisser périr, sans récupération mais après avoir mangé jusqu'à la racine des herbes, etc.

Pour ce qui est des programmes de reboisement artificiel, coûteux et difficiles, il faut y songer lors des années relativement pluvieuses garantissant une bonne reprise et non lorsque la succession d'années particulièrement sèches rappelle le risque de désertification.

La protection contre le feu et le surpâturage, la reforestation, la survie du bétail en période critique de fin de saison sèche, tous ces problèmes très importants pour la survie du Sahel et de ses populations peuvent trouver une solution, au moins partielle, dans un type d'exploitation sylvoagropastoral bien pensé. L'Unesco (1981) a analysé de nombreux exemples d'aménagements imaginés en Afrique et dans d'autres régions arides du globe, où l'élevage est une activité importante.


Protection des plantations forestières


Choix des essences
Organisation des plantations
Entretien par le feu
Nettoyage complet par le feu
Nettoyage complet par le feu et le pâturage
Brûlage par lignes
Entretien après exploitation
Effets sur les arbres
Conclusions


Les plantations forestières sont peu pratiquées sous climat équatorial dont la flore naturelle est variée et riche en essences de grande valeur. Et si l'aménagement forestier en prévoit, elles ne courent guère de risque de destruction par le feu. Aussi, nous ne nous y attarderons pas.

Il en est tout autrement des forêts claires et surtout des savanes souvent pauvres en arbres à croissance rapide, dont le bon port et les qualités technologiques justifient leur multiplication à grand frais. C'est donc d'elles qu'il sera question ici.

Choix des essences

Dans les régions à climat tropicale où le feu est un danger permanent et grave, la résistance à l'incendie est un facteur de sélection au même titre que la rapidité de croissance, la productivité, les dimensions atteintes, ainsi que l'ensemble des qualités technologiques. Or ce fut assez rarement le cas par le passé, ce qui explique bien des déboires et des frais élevés de protection. Faute d'une élimination rapide consécutive à une expérimentation, c'est souvent la destruction par un incendie accidentel qui a fait connaître, bien tard, la sensibilité de l'espèce.

Tout comme les éléments de la flore locale, les essences exotiques sont plus ou moins résistantes au feu. Donnent généralement satisfaction les divers eucalyptus, cassias, acacias, le teck, Grevillea robusta, Gmelina arborea, etc. Schnell (1971) relève la bonne adaptation au feu des forêts claires à Pinus khasya et P. merkusii. Nous-même avons testé, dans le sud-est du Zaïre, toutes les espèces introduites, donnant la préférence à celles qui supportent le mieux le feu, pour l'établissement de plantations de rapport. Les autres n'ont d'intérêt que comme arbres de collection et d'ornement.

Parmi les pins, outre les deux espèces citées ci-dessus, supportent parfaitement un incendie au moins léger: Pinus caribaea, P. Iongifolia, P. pinaster, P. michoncana, etc. Par contre, d'autres espèces sont très sensibles au feu comme Pinus patula (Schmitz et Herinckx, 1969; Schmitz et Misson, 1959).

Près de Lubumbashi, sur sol sec et pauvre, une plantation de Pinus khasya d'une quinzaine de mètres de haut fit l'objet d'un essai de gommage. En fin de saison sèche, un incendie revigoré par la résine (écoulements + godets), ainsi que par les aiguilles sèches accrochées aux rugosités de l'écorce et accumulées dans les ramures, a brûlé la plantation. L'effeuillaison fut totale mais, avant le retour des pluies, tous les arbres avaient reverdi.

Devant ce succès, le feu a été mis à une jeune parcelle assez claire dont les sujets, hauts de 2 à 3 m, étaient répartis parmi une végétation de fortes touffes d'Hyparrhenia tout aussi élevés. La saison sèche était déjà fort avancée et nous avons profité des heures chaudes de la journée ce qui provoqua un brasier particulièrement violent, les flammes montant à 5 et 6 m de haut. Quelques semaines plus tard, les arbres étaient garnis de nouvelles aiguilles et aucun d'eux n'était mort. Seules quelques branches inférieures étaient desséchées. Plusieurs sujets furent brûlés une seconde fois, le sol ayant été recouvert d'un épais paillis d'herbes sèches. Les jeunes arbres perdirent, une nouvelle fois, toutes leurs feuilles tandis qu'une seconde feuillaison se produisait quelque temps avant les premières pluies. Un seul sujet bas mourut.

Or Pinus khasya, espèce originaire du sud-est asiatique, est assez indifférent quant au sol et s'accomode de climats très variés. Sur sol de qualité moyenne, à Lubumbashi, une plantation de 18 ans issue de plants éduqués 6 mois en pépinière a donné 560 m³ de bois de plus de 35 cm de circonférence par hectare complet (correction faite pour l'occupation par les termitières), après avoir livré 90 m³ lors d'une première éclaircie. Le bois était de très bonne qualité quoique les tiges présentassent souvent une légère courbure à leur base. Les essais technologiques de résistance ont montré une qualité nettement supérieure à celle des résineux utilisés pour le soutènement des mines en Europe, ainsi que pour la construction et la menuiserie légère (Schmitz, Fouarge et Roosen, 1960).

Sous le nom de Pinus insularis, les forestiers désignent une race géographique de Pinus khasya plus océanique des Philippines. Au Shaba et en Zambie, cette forme a montré une croissance plus active encore, ainsi qu'une plus grande uniformité et une parfaite rectitude de la base du tronc.

Devant de telles qualités, il est regrettable de constater, par exemple, que le vaste et coûteux projet de reboisement des crêtes entrepris au Burundi, utilise principalement Pinus patula. Certes, il est plus facile localement de s'en procurer des graines, les peuplements sont parfaitement réguliers et de très belle venue mais le bois est de qualité médiocre, bleuit rapidement par attaque de champignon sitôt après l'abattage et, surtout, meurt dès qu'il est simplement léché par les flammes. Or la saison sèche y est relativement sévère et les sols enrésinés souvent très secs.

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Organisation des plantations

Parcellaire

Dans leur ensemble, les essences exotiques sont plus sensibles au feu que les espèces locales de savanes et de forêts claires. Elles nécessitent donc des mesures particulières de protection même si on envisage de les traiter par brûlage précoce ou de contre-saison.

Rabattus par le feu, les très jeunes résineux risquent de disparaître tandis que les feuillus rejetant bien de souche sont simplement rabattus mais produisent plusieurs pousses dont il faut ensuite supprimer les brins excédentaires.

Autant pour faciliter la surveillance et la protection que l'évacuation des produits, toute plantation de quelque étendue, est subdivisée en parcelles limitées par des voies d'accès. Leur superficie élémentaire dépend des risques d'incendie. Il ne faut cependant pas sous-estimer ce danger et créer des parcelles trop grandes. Les dimensions des parcelles centrales peuvent être supérieures à celles des parcelles périphériques puisque le risque d'incendie venant de l'extérieur y est moindre. De même, si plusieurs espèces sont cultivées et pour autant que les conditions de sol et d'humidité leur conviennent, les essences les plus résistantes seront plantées en bordure, les plus sensibles étant réservées pour le milieu du peuplement.

Le pourtour de la plantation doit être spécialement protégé des feux parcourant la brousse environnante. Parfois la plantation s'appuie sur une route ou un cours d'eau. Sinon on établira un large coupe-feu ou un chemin soigneusement entretenus.

Pour les essences quelque peu délicates, on les protègera en introduisant une espèce résistante dans les deux ou trois lignes extérieures de la parcelle. Lors du nettoyage du chemin, ces lignes qui le bordent seront incinérées également, renforçant ainsi l'effet de pare-feu.

Rideaux pare-feu

On a proposé de nombreuses essences pouvant jouer ce rôle mais rares sont celles qui conviennent parfaitement. En région soudano-sahélienne, on cite souvent l'anacardier qui présente l'avantage de produire des fruits très recherchés. D'après ce que vous avons pu voir, il ne sert de coupe-feu efficace que si le sousétage en est soigneusement sarclé. Un tel travail peut se justifier par la récolte fruitière qu'il garantit mais, dans de telles conditions, beaucoup d'autres solutions sont valables. Ainsi, on peut consacrer une large bande de terrain autour de la plantation, aux cultures agricoles du personnel employé dans la plantation ou même des paysans des villages voisins.

Généralement, on choisit une espèce présentant une certaine valeur, bas branchue ou s'éduquant en taillis dense, opposant un obstacle efficace aux flammes et projections de flammèches. La plupart des eucalyptus conviennent pour cet usage. Le terrain qu'ils occupent n'est donc pas perdu puisque l'exploitation, en furetage, de leur taillis fournit du petit bois de feu et d'oeuvre, des perches, piquets, manches d'outils, etc.

Les espèces à feuillage persistant sont préférables car le feu sévit en saison d'effeuillaison généralisée. Sans avoir fait de recherche approfondie en ce domaine, il nous a semblé que Syncarpia laurifolia, originaire des régions côtières australiennes, convient parfaitement. L'espèce vit au Queensland et en Nouvelle-Galles du Sud sous des climats comptant de 1 à 7 mois de saison sèche avec une pluviosité de 1 500 à 750 mm d'eau hivernale ou printanière. Peu exigeante au point de vue des températures, elle préfère les sols relativement frais. Dans une parcelle d'arboretum de Lubumbashi, des sujets de 25 ans mesuraient de 12 à 17,50 m de hauteur. Le tronc est court et irrégulier, fortement branchu et le couvert est épais. Les sujets de lisière présentent de longues branches basses qui, agitées par le vent, balaient et nettoient le sol de toute végétation. La couverture morte aussi bien que le feuillage vivant sont peu inflammables. Les arbres ne souffrent que s'ils sont atteints par un feu violent et durable mais rejettent ensuite vigoureusement du tronc et des branches au point d'effacer tout dégât dès les premières semaines de saison des pluies. La végétation présente donc un mur épais de branches, fermé sur une hauteur de 10 à 15 m. Mais l'espace peut dépasser largement cette taille sans rien perdre de son efficacité. Le bois en est lourd, dur et durable, résistant aux termites et aux tarots. Il est rougeâtre et prend un beau poli mais émousse les outils. C'est un bois de feu médiocre.

Entretien par le feu

Chemins coupe-feu

Pour autant que la chose soit possible, le pourtour de la plantation doit être soigneusement nettoyé par un brûlage efficace bien que très hâtif, survenant avant les feux précoces allumés non loin, qui pourraient autrement atteindre le peuplement. Au besoin, ce brûlage sera complété par une seconde mise à feu là où des herbes ont échappé et risquent de laisser passer un incendie ultérieur.

Lorsque le peuplement est limité par un chemin, on s'appuie sur lui pour brûler vers l'extérieur. Mais il faut aussi nettoyer et incinérer les hautes herbes qui occupent l'accotement intérieur. C'est la raison pour laquelle on prévoit souvent une lisière pare-feu renforçant encore l'effet de la bande nettoyée.

Les voies de pénétration et bordures des parcelles servent aussi de parefeu. Si elles sont enherbées, on fauche ou rabat leur végétation selon deux bandes externes afin de hâter leur dessication. Puis on y met le feu en veillant à ce qu'il progresse vers le centre du chemin. On l'arrête en lisière des plantations après qu'il ait traversé l'éventuel rideau pare-feu. De la sorte, un incendie se déclarant au sein d'une parcelle ne pourra en sortir et gagner les autres.

Brûlage des parcelles

Après quelques années de développement et si l'espèce le supporte, le feu est également utilisé pour le nettoyage des parcelles mêmes. Si la végétation basse est très développée, le feu remplacera un sarclage devenu indispensable. Sinon il sert à réduire l'importance de la litière, souvent épaisse et très inflammable.

Sur base des risques encourus, le responsable choisit entre le nettoyage en plein de la parcelle et celui limité à des bandes parallèles et se croisant pour former un damier aux mailles d'autant plus petites que le danger d'incendie accidentel est élevé.

La réelle difficulté réside dans la première mise à feu. A ce moment, les plants sont petits, et la strate herbacée encore bien développée du fait d'un couvert réduit, tandis que la masse végétale morte s'est accumulée durant plusieurs années.

Plusieurs possibilités s'offrent donc selon la sensibilité de l'essence cultivée et l'état de couverture du sol.

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Nettoyage complet par le feu

Pour le premier brûlage, on recourt souvent au feu de contre-saison. Après les premières pluies qui ont rabattu les vieilles herbes et mouillé la litière, le feu peut être léger. L'emploi du lance-flamme ou de bonnes torches est souvent indispensable car le feu est difficile à allumer. Il faut avoir atteint un certain développement pour que la chaleur dégagée l'aide à s'étendre. Même allumé en fin de journée et par temps calme, il prend de la vigueur à certains endroits alors qu'ailleurs il s'éteint si on ne l'active pas.

Une bonne coordination est donc nécessaire pour mener à bien ce premier nettoyage. Tandis que certains allument le front d'incendie, d'autres suivent sa progression. Une touffe d'herbes sèches dans une main, ils l'activent là où il s'endort. De l'autre main, ils portent une branche feuillée ou une large pelle de caoutchouc pour le rabattre dès qu'il s'emballe et risque de causer quelque dégât.

Lorsque la couverture de feuilles mortes est épaisse, seules celles du dessus sont assez sèches pour brûler. Les cendres produites accélèrent la décomposition de la couche inférieure plus humide et davantage habitée par les microorganismes assurant l'humification.

Le travail de mise à feu peut se poursuivre durant le début de la nuit car la lueur des flammes oriente les ouvriers au travers de l'épaisse fumée. Il peut aussi se faire en plusieurs séances, chacune devant attendre le retour de conditions favorables. Le feu allumé plus tard en saison pluvieuse trouve une jeune repousse d'herbe dont la destruction ne fait que diminuer d'autant la biomasse à éliminer l'année suivante.

Brulage par lignes

Les années suivantes, la mise à feu est plus facile à réaliser. Si la plantation a bien réussi, très rapidement les arbres gagneront en hauteur tandis que leur couvert qui s'épaissit réduira le développement de la strate herbacée déjà fortement amoindrie par le brûlage initial. Le danger d'incendie se limitera donc à la litière. Les feuilles mortes et les brindilles couvrant le sol, il revient, au forestier, de juger de la possibilité de les consumer partiellement par un simple brûlage précoce ou s'il faut recourir encore à un feu de contre-saison. Le feu hâtif présente l'avantage de la facilité car son intensité est plus aisée à régler par le choix de la date et de l'heure de l'opération. Bien vite, l'élagage naturel des branches basses supprimera tout risque de dégât aux arbres.

Nettoyage complet par le feu et le pâturage

Dans les régions d'élevage, si la strate herbacée est abondante et pour autant que la plantation n'en souffre pas, le bétail peut être admis dans la parcelle. La préférence est donnée au mouton qui lors de ses déplacements risque moins d'abîmer les jeunes plants que les bovins, et qui les broute peu, au contraire de la chèvre. Le passage assez rapide du troupeau a pour effet bénéfique de supprimer une partie des herbes à brûler et d'écraser les autres qui sècheront plus rapidement et maintiendront le feu près du sol. Peut-étre même, le seul pâturage suffira-t-il pour éliminer tout risque d'incendie

Le mouton ayant l'habitude d'avancer en groupe compact tout en paissant, on peut facilement adapter sa vitesse au mieux de l'objectif poursuivi. Trop rapide, il laissera trop d'herbe, trop lent, il aura tendance à s'attaquer quelque peu aux arbres. Le prélèvement des feuilles et rameaux inférieurs ne peut qu'améliorer l'élagage mais il ne faudrait pas qu'il y ait broutement d'écorce ou blessure par frottement. Pour bien diriger le troupeau, il est bon d'adjoindre au berger un ou deux travailleurs de la plantation qui veilleront à la sauvegarde des jeunes plants.

Brûlage par lignes

Nous avons pratiqué ce brûlage dans de jeunes plantations de pins envahies de hautes herbes, en place d'un sarclage qui, de toute façon, couvrait le sol d'une épaisse couche de végétation sèche capable d'alimenter un incendie violent et durable.

Si la situation le permet, on peut faire précéder la mise à feu du passage d'un petit troupeau de moutons (ou de chèvres s'il s'agit de pins qui ne seront pas broutés). Les animaux doivent parcourir deux ou trois interlignes contiguës, à intervalle régulier et cela, dans deux directions perpendiculaires, en damier. L'écart entre deux bandes successives dépend des risques d'incendie accidentel.

Sinon, ce sont les ouvriers qui parcourent ces bandes, rabattant les herbes à coups de houe, de gourdin ou de coupe-coupe, sans nécessairement les sectionner. Ainsi écrasées, elles sècheront plus vite que les voisines laissées intactes et le feu ne consumera qu'elles. Ce faisant, on a soin d'écarter autant que possible les végétaux rabattus du pied des jeunes plants pour éviter que, le feu s'attardant à leur pied, ne les abîme.

Dès que la végétation écrasée est assez sèche, on y met le feu, ligne par ligne, activant le brasier ici pour bien nettoyer le sol, le calmant ailleurs dès qu'un arbuste risque d'être atteint.

Les années suivantes, le responsable choisira entre plusieurs possibilités. Si les rangées nettoyées l'année précédente portent peu de repousse et de litière et si les plants qui les occupent n'ont pas souffert, l'opération sera reconduite aux mêmes endroits. Il peut y avoir avantage à décaler les lignes de quelques rangées d'arbres. Dans ce cas, pour les interlignes choisies, ce sera un premier brûlage. Enfin, si la végétation herbacée a fortement régressé, on peut très bien pratiquer un feu sur toute l'étendue de la parcelle. Le feu prive alors le terrain d'une partie de l'humus que produirait la litière mais il faut mettre en balance le risque de destruction de la plantation par un incendie tardif.

Ainsi après quelques années, selon les risques d'incendie et la sensibilité des essences plantées, plusieurs degrés de nettoyage par le feu sont à adopter, en fonction de l'importance du risque d'incendie. Il est possible de:

* brûler toute la superficie par une mise à feu précoce normale;

* incinérer la litière, partiellement et souvent hors-saison, par bandes de plus en plus distantes, ou limiter l'incinération aux seuls chemins et rideaux pare-feu éventuels, en laissant peut-être le feu progresser quelque peu dans la plantation pour élargir la bande nettoyée.

* protéger uniquement la périphérie du bloc et les chemins intérieurs qui seraient trop enherbés.

Entretien après exploitation

Chaque exploitation peut être une circonstance de recrudescence des risques d'incendie non seulement du fait d'une circulation accrue au travers de la plantation, mais surtout du fait de l'abandon, sur le sol, de nombreux déchets végétaux qui, rapidement, se dessèchent.

Coupes d'éclaircie

Après quelques années, commencent normalement les coupes d'éclaircie. Les tiges marquées en délivrance sont exportées après ébranchage, étêtage et, parfois, écorçage, ce qui laisse des amas de petits bois et de feuillage au sein de la parcelle.

S'il s'agit d'une espèce ne rejetant pas de souche, comme les pins, ou si l'on ne désire pas que les souches se regarnissent, on entasse ces rémanents à l'emplacement des arbres abattus donc loin des sujets réservés. C'est le cas lorsque la première éclaircie se fait par lignes entières afin d'ouvrir des voies d'accès supplémentaires pour le débardage des produits.

Le mieux est d'incinérer les branches au moment de la coupe alors qu'elles sont encore en sève et qu'il y a une main-d'oeuvre importante sur le parterre, pouvant intervenir rapidement en cas d'incendie On ajoute les branches une à une sur le feu pour mieux le contrôler. Comme l'exploitation des bois d'oeuvre et de sciage se pratique généralement en saison de repos végétatif, il faut prendre grand soin que le feu ne gagne la litière avoisinante qui n'aurait pas été déjà incinérée. Autant que possible, le brûlage précoce de la parcelle précédera la coupe.

On peut aussi abandonner les rémanents sur le parterre de coupe jusqu'à la saison des pluies afin de les incinérer progressivement par mises à feu de contre saison. Mais le risque d'incendie peut être grand en fin de saison sèche lorsque tous ces petits bois sont bien secs. Dans ces conditions, il est impératif que la parcelle d'éclaircie soit préalablement protégée de tout feu potentiel provenant des environs.

Dans les régions où le bois de feu est rare, il y a intérêt à autoriser les ouvriers de la plantation, après journée, ou la population voisine à façonner le maximum de fagots pour la vente ou la carbonisation.

Si l'on recherche une repousse des souches et que l'écartement entre les plants est faible, la solution la meilleure est de sacrifier quelques-unes de ces souches, de loin en loin, pour y allumer les feux. Les branches y sont apportées, également une à une pour éviter de trop hautes flammes. Bien entendu, les rémanents issus des bordures de la parcelle sont incinérés en dehors de celle-ci, dans les chemins d'accès.

Coupes terminales

Une fois que les derniers arbres ont atteint leur âge d'exploitabilité optimale, la parcelle est mise à blanc en une ou deux opérations.

Les essences rejetant de souche peuvent avoir déjà produit assez de tiges de remplacement à l'occasion des coupes d'éclaircie successives. Il n'est donc peutêtre plus nécessaire d'assurer la repousse des dernières souches exploitées, d'autant plus qu'elles rejettent généralement avec moins de vigueur que les plus jeunes. Les rémanents peuvent ainsi être amassés et incinérés à l'emplacement des arbres abattus.

Si la régénération n'est pas suffisante, il faudra protéger les nouvelles souches au moins aux endroits les plus clairsemés.

Dans l'un et l'autre cas, la plantation aura très probablement été préalablement traitée par le feu précoce. Comme après chaque coupe d'éclaircie et afin de protéger les très jeunes rejets, on procède à un brûlage très hâtif, généralement au lance-flamme, qui épargne les nouvelles souches portant de très jeunes pousses. On peut aussi nettoyer le pourtour des souches en même temps que l'on met en tas les rémanents, Dès l'année suivante, le brûlage sera normal et jouera son rôle disélection entre les rejets, comme nous l'avons vu au sujet de l'entretien des coupes. Souvent, chez le teck et plus rarement chez les eucalyptus, les rejets d'une même cépée montrent, très tôt, une différence de vigueur importante. La seule sélection par le feu suffira alors au dépressage des brins et dispensera d'un griffage long et fastidieux.

Certaines essences comme les pins et cyprès ne rejettent pour la plupart pas de souche et doivent donc être régénérées par semis ou plantation nouvelle. C'est alors qu'il est avantageux de procéder à la coupe définitive en deux opérations. La première coupe ouvre largement le couvert en prélevant environ la moitié des arbres. Les rémanents sont alors uniformément répartis sur le parterre, entre les arbres réservés (de haute taille et aux troncs bien élagués). Le feu y est mis assez tôt afin qu'il ne consume que les fines branchettes et le feuillage desséchés. La chaleur dégagée est alors suffisante pour aider à la dissémination et à la germination des graines. La combustion de la partie supérieure de la litière, la moins tassée et la moins décomposée, favorise l'enracinement des jeunes plantules que nourrissent les cendres. Très souvent le sol est garni d'un abondant recrû après la saison des pluies. Si la régénération est considérée comme assurée, on peut alors procéder à l'enlèvement du reste du peuplement. Si le climat est aride, on peut attendre la fin de la première saison sèche afin de juger du taux de survie des plantules et reporter d'un an, la coupe finale. Les rémanents de cette dernière exploitation sont consumés en petits tas, par feu léger, afin de ne pas détruire trop de brins de semis. On peut aussi les incinérer en tas étroits, allongés et parallèles qui seront autant de voies de pénétration dans le futur peuplement.

Si tout s'est bien passé, le peuplement obtenu par ensemencement naturel est complet et beaucoup trop fourni. La sélection naturelle opère premier tri parmi les brins. Dès que leur taille est suffisante et que le sol se couvre des premières chutes de feuilles, il faut penser à protéger la parcelle de l'incendie. On choisit alors entre les modes de brûlage décrits plus haut: en plein, en lignes, de contre-saison ou de début de saison sèche, etc.

Effets sur les arbres

Les avantages de l'introduction des techniques de brûlage précoce dans l'aménagement et l'entretien des plantations forestières ne sont nullement négligeables. Outre le coût très inférieur à celui du sarclage manuel ou mécanique, pour une protection toute aussi efficace contre les feux accidentels, l'emploi du feu présente les avantages suivants:

* il exerce une sélection active au sein des plantations, des semis naturels ou des jeunes taillis (rejets de souche), qui dispense d'une opération de dépressage fort coûteuse;

* il favorise l'élagage naturel et l'élimination des fourches basses et des sujets mal formés;

* il élimine en partie parasites et prédateurs et détruit les feuilles mortes qui servent généralement de support aux champignons nuisibles;

* il n'entame pas la litière dans toute son épaisseur, ce qui permet une certaine humification du sol;

* dans le cas de plantations hétérogènes du point de vue densité, le feu favorisera un certain embuissonnement du sous-bois et des clairières, au détriment d'un enherbement qui comporterait de gros risques d'incendie

* il permet d'envisager de nouveau, l'utilisation des essences forestières abandonnées car jugées trop sensibles au feu, bien qu'elles présentent tout un éventail de qualités intéressantes. Soumises comme préconisé plus haut à des feux légers, non seulement elles y opposent suffisamment de résistance, mais, comme le souligne Delvaux (1958), elles subiront une acclimatation progressive aux feux précoces annuels.

Conclusions

Plus encore que la forêt claire et la savane boisée habituées au feu depuis très longtemps, les plantations forestières artificielles doivent être traitées avec soin. Le responsable agira avec précaution, tenant compte de nombreux facteurs et choisissant, parmi les diverses techniques proposées, celle qui lui paraît la plus adéquate. Si l'espèce plantée présente une certaine résistance naturelle au feu, il y a toute possibilité de recourir au brûlage pour la protéger des incendies accidentels.

Bien qu'il soit difficile de donner des directives précises pour chaque cas particulier, on peut, pour résumer, conseiller de:

* bien quadriller les plantations étendues en parcelles plus petites, par un réseau de voies de circulations aménagées en pare-feu;

* doubler éventuellement ces chemins de rideaux boisés coupe-feu d'espèces plus résistantes ou éduquées en taillis denses;

* pratiquer les feux précoces en plein ou par bandes croisées au sein des parcelles;

* le faire dès que possible pour empêcher une trop forte accumulation de végétation morte et éduquer les arbres dès leur jeune âge;

* réserver les parcelles périphériques les plus exposées aux essences les plus résistantes, si les conditions édaphiques le permettent;

* pratiquer la régénération par un brûlage bien conçu, qu'il s'agisse de rejets de souches ou di semis naturels;

* sélectionner parmi les ouvriers attachés à la plantation ceux qui paraissent les plus aptes à former une équipe de base chargée de la conduite des brûlages de protection et de l'incinération des rémanents;

* ne pas négliger les risques d'incendie allumé volontairement ou accidentellement, à l'intérieur de la plantation;

* suivre scrupuleusement les règles de mise à feu qui seront données plus avant.


Semis sur cendres


Etat des anciennes coupes
Aménagement des parterres de coupes
Conduite des peuplements
Semis sur brûlis d'herbes


Afin d'illustrer les différents types de semis pouvant être pratiqués dans l'aménagement des parterres de coupes, nous ferons un rappel historique relatif aux divers types d'exploitation pratiqués au Shaba et en Zambie, avant et après l'indépendance du Zaïre, en essayant d'isoler les cas d'espèce afin de décrire le type d'ensemencement qui convient à chacun.

Aux abords des centres miniers et industriels, la forêt claire, très étendue et relativement riche, subit depuis longtemps divers types d'exploitation. Outre le défrichement requis par une agriculture encore itinérante, on connaît l'exploitation de bois de feu destiné à la cuisson des briques, à l'alimentation en combustible de certaines installations industrielles, aux besoins domestiques et, jadis, aux chemins de fer. La carbonisation se pratique sur place, en meules de 50 à 125 stères et on estimait à 10 000 tonnes la quantité annuelle de charbon de bois vendue à Lubumbashi, avant 1960, lorsque carbonisation et commerce du charbon étaient encore soumis à un certain contrôle (Schmitz et Misson, 1960). Une telle quantité de charbon correspond à la transformation de quelque 165 000 stères de bois. Enfin, les sociétés minières exploitaient du bois d'oeuvre, de petit sciage et des rondins de soutènement des galeries. A la même époque, la mine de Kipushi située à quelque 30 km de Lubumbashi, consommait environ 3 000 tonnes de ces bois, par an, équivalant à un écrémage annuel de 6 000 ha de forêt claire, certains secteurs trop pauvres n'étant pas exploités (Schmitz, Fouarge et Roosen, 1960). Depuis lors, cette exploitation a été abandonnée, le boisage des galeries ayant été remplacé par un soutènement métallique. Par contre, la coupe de bois de feu et la carbonisation ont fortement augmenté.

Au Shaba, aucune coordination n'existait entre ces types d'exploitation. Un vaste secteur était réservé aux mines, d'autres à la coupe de bois de feu par les européens tandis que la carbonisation était pratiquée principalement par des charbonniers autochtones, au gré de leur convenance. Par contre, le service forestier zambien dirigeait le maximum d'exploitants de bois de feu et de charbonniers vers les coupes de bois de mines récemment terminées. Ils y trouvaient un peuplement certes privé de ses meilleurs sujets, mais qui leur convenait parfaitement avec son réseau de voies de desserte en bon état et ses houppiers fraîchement abattus prêts à être récupérés à moindres frais.

Etat des anciennes coupes

Selon les produits recherchés, les anciennes coupes présentent des aspects très différents qui orientent leur aménagement ultérieur.

Coupes de bois d'oeuvre

La relative pauvreté de la forêt claire fait que l'exploitation de bois de sciage et d'industrie ne prélève que un à trois arbres par hectare et exerce une action davantage qualitative que quantitative. Nous n'envisagerons pas l'aménagement de ce type de coupe d'autant plus que, dans le cas des mines du Shaba, nous avons vu que le boisage des galeries était fortement réduit. La solution la meilleure est celle appliquée en Zambie: délimiter les exploitations de bois de feu et de carbonisation dans les coupes de bois d'oeuvre récemment terminées.

Coupes de bois de chauffage

Ici la coupe est beaucoup plus importante car la redevance due pour l'obtention du permis de coupe est fixée, par l'agent forestier, sur base d'une estimation de la contenance en stères par hectare et non plus sur déclaration des produits exportés. L'exploitant a donc tout intérêt à enlever le maximum de bois.

Aussi, après la coupe, il ne reste, sur le parterre, que des bois jugés trop coûteux à débiter ou sans valeur: arbres très durs, peu branchus, à latex abondant,

à épines, arbustes et buissons occupant principalement les hautes termitières, gros troncs qu'il faudrait découper et fendre, petites branches, etc.

Chantiers de carbonisation

L'état du parterre est comparable à celui décrit au cas précédent. Il subsiste encore quelques arbres donnant un charbon de mauvaise qualité, ainsi que d'autres qui sont trop pénibles à abattre ou trop difficiles à transporter par les hommes, car trop éloignés de la meule. Les gros troncs ne sont pas davantage récupérés puisque leur cuisson ne serait que très partielle.

La distance du portage ne dépassant guère une trentaine de mètres, l'exploitation se fait en cercles laissant souvent de petits bouquets d'arbres non exploités.

La principale particularité de ce type d'activité, réside dans la présence d'aires de carbonisation avec, parfois, de petites parcelles de culture lorsque le charbonnier s'est installé, avec sa famille, sur les lieux de son travail.


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