4.  PROTÉGER LES STRUCTURES DE LA FERME ET LES STOCKS DE POISSON

4.0   Introduction

1. L'érosion du sol a des effets négatifs sur la qualité de l'eau ainsi que sur l'installation piscicole proprement dite. Vous devez protéger votre installation contre l'érosion et ses effets, si vous voulez maintenir des niveaux de production satisfaisants à un coût raisonnable. L'érosion du sol doit être surveillée non seulement sur l'exploitation proprement dite, mais aussi sur l'ensemble du bassin versant en amont de celle-ci. Cette responsabilité incombe habituellement à l'administration régionale. En cas de besoin, tous les pisciculteurs concernés devront s'adresser aux autorités pour obtenir aide et assistance. Toutefois, sur vos terres ainsi que sur celles qui se trouvent à proximité, il faudrait que vous vous occupiez de la conservation du sol chaque fois que cela est nécessaire. Il est préférable que les exploitants locaux travaillent de concert pour atteindre cet objectif.  
Réseau de cours d'eau avec six bassins versants

La conservation des sols peut être aussi utile
sur les terres avoisinantes que sur vos terres

2. La conservation des sols consiste notamment à:

3. Il est évident que vous devrez également vous occuper de surveiller l'érosion et ses effets en aval de votre installation piscicole.

4. La lutte contre les ennemis des poissons dans les étangs d'élevage concerne à la fois les animaux nuisibles qui peuvent se nourrir de vos poissons et les végétaux qui peuvent abriter des organismes minuscules responsables de maladies et d'infections. Les animaux peuvent concurrencer vos poissons du point de vue de la nourriture, et il se pourrait que végétaux et animaux réduisent le potentiel de production de vos étangs.

5. Pour obtenir les meilleurs résultats possibles, vous devez lutter contre ces ennemis dans les étangs d'élevage:

  • après chaque récolte de tout le poisson et avant le réempoissonnement: pour les étangs qui sont complètement vidangés (voir section 4.6), et pour les étangs qui ne sont pas complètement vidangés (voir section 4.7);
  • pendant le cycle de production (voir section 4.8).

6. Parallèlement, il faut contrôler la végétation (voir section 4.9).

4.1   Conservation des sols

Introduction

1 . Vous avez déjà appris dans un précédent ouvrage de cette série (voir manuel 4, L'eau) que chaque fois que le sol n'est pas parfaitement horizontal, une partie de l'eau de pluie s'infiltre et une partie ruisselle en surface. Lorsque l'eau s'écoule sur une pente, elle entraîne avec elle des particules provenant du sol de surface. Plus l'écoulement est important et rapide, plus il y a de particules emportées. Ce processus s'appelle l'érosion; il peut entraîner:

  • des dégradations graves de la pente proprement dite et des propriétés du sol, ce qui réduit la fertilité;
  • une arrivée d'eau turbide en bas de la pente et des problèmes de dépôts de sol ailleurs.

2. Si votre installation piscicole se trouve au fond d'une vallée ou si votre canal d'alimentation principal en eau traverse des terrains en pente, vous devrez essayer de contrôler autant que possible l'érosion des sols sur les pentes pour empêcher que des eaux turbides ne s'écoulent dans votre étang. Cette pratique, appelée conservation des sols, peut engendrer des avantages non négligeables:

  • des sols plus riches sur les pentes et une plus grande production de divers produits tels que bois, fruits, fourrage ou aliments pour vous et votre famille;
  • une meilleure qualité de l'eau dans vos étangs d'élevage et une production plus importante de poisson.

Note: Si vous n'êtes pas en mesure de lutter contre l'érosion dans le bassin versant de votre ferme piscicole, vous pouvez avoir recours à un canal de protection pour recueillir et détourner les eaux turbides, par exemple autour d'un étang de retenue ou d'un étang en contre-bas alimenté par des eaux de ruissellement (voir manuel 20, Les étangs et leurs ouvrages, section 11.5). Vous pouvez également améliorer la qualité de l'eau d'alimentation en utilisant un bassin de décantation (voir manuel 20, Les étangs et leurs ouvrages, section 11.6).

 
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Types d'érosion

3. L'érosion du sol par la pluie se produit en phases successives.

4. Au début, la pluie entre en contact avec la surface du sol, provoquant l'éclatement et le jaillissement de particules de sol, tandis que l'eau humidifie progressivement la surface du sol et s'infiltre en profondeur. Cela s'appelle l'érosion par éclaboussement. Elle ameublit le sol mais n'en déplace pas de grandes quantités.

Erosion par éclaboussement

5. Sur un terrain plat, dès que le sol de la couche supérieure est saturé et que le processus d'infiltration diminue, une couche d'eau se forme à la surface et l'érosion par éclaboussement s'arrête; si le sol n'est pas horizontal, l'eau commence à ruisseler sur la pente, entrainant avec elle de fines particules de sol. Cela s'appelle l'érosion superficielle.

Erosion superficielle

6. Lorsque l'érosion superficielle n'est pas maitrisée, l'eau de ruissellement creuse les couches arables et de petits canaux se forment. Cela s'appelle l'érosion en rigoles.   7. Si le ruissellement est intense, des courants plus larges transportant un mélange eau- sol creusent de plus en plus profondément les canaux. Cela s'appelle l'érosion en ravines.
     
Erosion en rigoles
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De petits canaux ou rigoles creusés par l'eau de ruissellement...
 
Erosion en ravines
GR000145.JPG (47633 byte)
... peuvent devenir rapidement de grands canaux ou ravines...

Facteurs ayant une incidence sur l'érosion des sols

8. L'érosion des sols dépend avant tout des facteurs suivants:

a) Les caractéristiques physiques du sol, en particulier sa texture, structure et perméabilité (voir manuel 6, Le sol).

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b) La pente du terrain: plus la pente est forte, plus la vulnérabilité à l'érosion augmente:

  • une pente nulle ou très douce (0 à 4 pour cent) signifie une faible vulnérabilité à l'érosion;
  • une pente douce (4 à 12 pour cent) signifie que la vulnérabilité à l'érosion augmente rapidement;
  • une pente modérée (12 à 20 pour cent) signifie que la vulnérabilité est élevée et que l'érosion doit être maîtrisée, notamment si la pente est mise en culture;
  • une pente raide (plus de 20 pour cent) signifie qu'en présence de cultures la lutte contre l'érosion exige des techniques spéciales.
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Rappel: Plus la pente est forte, plus il est important et plus il est difficile de protéger le sol contre l'érosion.

c) La végétation présente: elle protège le sol contre l'érosion. Les racines contribuent à stabiliser les particules de sol et à augmenter la perméabilité des couches inférieures. Les matières organiques qu'elle apporte dans le sol, comme l'humus, augmentent la résistance à l'érosion et ralentissent le ruissellement. Elle peut également contribuer au dépôt des particules de sol.

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9. Pour lutter contre l'érosion des sols, il vous faudra avoir recours à des techniques de conservation des sols qui modifient et optimisent ces facteurs. Il en existe plusieurs, notamment:

  • l'aménagement de la végétation naturelle;
  • des pratiques contrôlées en matière de culture;
  • l'utilisation de moyens de contrôle physiques.

10. Les paragraphes ci-après vous donneront des renseignements sur ces diverses méthodes. Si vous prévoyez d'utiliser l'une ou l'autre d'entre elles, il sera préférable de demander des conseils précis à l'agent de vulgarisation local chargé de la conservation des sols.

11. En pratiquant dès le début la conservation des sols, vous empêcherez la formation de ravines. Il est plus facile de prévenir l'érosion que de s'occuper des ravines une fois qu'elles sont formées. Il est très important de stabiliser dès que possible toute ravine naissante, afin d'éviter qu'elle s'allonge, s'élargisse ou se creuse. Sinon, il sera peut-être impossible, ou en tout cas extrêmement difficile et coûteux, d'y remédier. On trouvera dans la publication Cahier FAO: Conservation nº 13/2, FAO watershed management field manuel - Gully control (1986) une description des méthodes possibles de stabilisation des ravines.

Aménagement de la végétation naturelle pour la conservation des sols

12. En aménageant la végétation naturelle sur les terrains en pente, il est possible de garantir que le sol acquiert une plus grande résistance à l'érosion.

a) Dans les zones recouvertes de forêts, maintenez la couverture du sol aussi intégralement que possible en gérant l'exploitation des arbres et en protégeant la forêt contre le pâturage excessif et les feux. Les forêts ayant une bonne végétation basse, des systèmes radiculaires bien disséminés et un bon couvert par les feuilles offrent les meilleures conditions.

b) Dans les zones de savane, contrôlez l'utilisation du feu pour la régénération des pâtures et donnez la préférence aux feux précoces pour garantir suffisamment de nouvelles pousses avant le début des pluies. Evitez le pâturage excessif, notamment par les moutons et les chèvres. Dès que possible, prévoyez des rotations pour les pâturages.

Maintenir un bon couvert forestier en gérant l'exploitation
et en évitant le pâturage excessif et les feux


Contrôler l'utilisation du feu pour garantir de nouvelles pousses
avant le début des pluies; protéger contre le pâturage excessif

Culture du sol en vue de sa conservation

13. Lorsque le sol est cultivé, les techniques de conservation peuvent comporter les étapes ci-après.

a) Evitez de répéter la culture du même produit, en alternant les cultures et en gardant le sol couvert aussi longtemps que possible, en particulier au début de la saison des pluies.

b) Améliorez la couverture du sol  en augmentant la fertilisation et la densité de culture. Prévoyez d'ensemencer et de récolter de façon que le sol soit recouvert pendant les plus fortes pluies.

c) Associez plusieurs cultures de manière à maximiser la protection du sol.

d) Entre deux cycles de cultures, recouvrez le sol d'un paillis constitué par exemple des résidus de la dernière récolte.

e) Pratiquez des cultures de couverture végétale, habituellement des légumineuses ou des graminées. Les graminées sont plus efficaces; elles sont utilisées soit seules, soit mélangées à des légumineuses (voir tableaux 5 et 6). Elles sont un excellent fourrage pour le bétail et même pour certains poissons herbivores, comme la carpe herbivore chinoise.

Exemples de rotation des cultures sur trois ans

Ensemencer plusieurs cultures en même temps

f) Labourez le sol suivant les courbes de niveau que vous aurez tracées (voir manuel 16, La topographie).Cette mesure est à elle seule très efficace si le sol est suffisamment perméable et si la pente ne dépasse pas 3,5 pour cent.

g) Cultivez la terre suivant les courbes de niveau tracées et non pas horizonalement ou perpendiculairement à la pente. Plus la pente est raide, plus il est important d'entreprendre toute activité de culture le long des courbes de niveau.

h) Etablissez des bandes de végétation pérenne* de 3 à 8 m de large pour séparer les bandes cultivées le long des courbes de niveau de 15 à 30 m de large. Vous pouvez utiliser:

  • des clôtures vivaces faites de buissons et d'arbres (voir tableau 7);
  • des bandes absorbantes constituées soit de graminées, soit de graminées mélangées à des légumineuses (voir tableaux 5 et 6), soit une combinaison de ces deux types.

Note: La fin de la présente section vous donnera davantage de renseignements sur cette méthode particulière de conservation des sols.

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Exemple de végétation pérenne plantée suivant les courbes de niveau pour séparer les bandes cultivées
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TABLEAU 5
Graminées utiles pour la conservation des sols
  1P = pérenne.
2S = semences; BR = boutures de racines; BT = boutures de tiges.
3(non) = possible daans le cadre d'une gestion appropriée.

TABLEAU 6
Légumineuses utiles pour la conservation des sols
  1 P = pérenne; A = annuelle.
2 S = semences; BT = boutures de racines

Recours à des moyens physiques pour conserver le sol

14. Ces moyens impliquent en général d'importants mouvements de terre, souvent difficiles à organiser et coûteux à réaliser. Si les méthodes décrites ci-dessus ne sont pas suffisantes pour lutter contre l'érosion sur votre sol, en particulier si vous souhaitez cultiver une pente assez raide plusieurs années de suite, il vous faut demander des conseils spécialisés au responsable de la vulgarisation agricole de votre région.

15. Il existe plusieurs moyens physiques possibles, selon les conditions locales de la pente, la qualité du sol et les caractéristiques des précipitations. Ce sont:

  • les banquettes d'érosion sur courbe de niveau;
  • les rigoles d'infiltration;
  • les terrasses sur courbe de niveau;
  • les barrages de régulation des ravines.

a) Les banquettes d'érosion sur courbe de niveau sont formées par une série de crêtes horizontales ou légèrement en pente destinées à intercepter et à retenir temporairement l'eau de ruissellement. La partie aval des banquettes peut être plantée de végétation pérenne pour améliorer la résistance à l'érosion. Les banquettes d'érosion sont utiles dans les zones assez sèches, où le ruissellement est abondant après de fortes pluies, sur des pentes n'excédant pas 20 pour cent.

Les banquettes d'érosion sur courbe de niveau interceptent et
retiennent temporairement l'eau de ruissellement de surface


Profil montrant la construction de banquettes d'érosion sur courbe de niveau

b) On creuse des rigoles d'infiltration pour permettre aux eaux de ruissellement de surface de s'accumuler et de s'infiltrer dans le sol. Ces rigoles peuvent également canaliser l'eau en excès vers les extrémités latérales des cultures où l'évacuation devra être contrôlée. Vous pouvez planter la pente en aval de la rigole de végétation pérenne afin d'accroître sa stabilité. Ce type de rigole convient bien dans les zones où les précipitations dépassent 400 mm par an, où les pentes à forte densité de culture sont supérieures à 10 pour cent et les sols assez imperméables.   
Les rigoles d'infiltration sur courbe de niveau recueillent
l'eau de ruissellement de surface

Note: Les rigoles peuvent aussi être légèrement inclinées pour canaliser l'eau en excès vers les extrémités latérales des champs

Profil montrant l'aménagement de rigoles d'infiltration

c) Les terrasses sur courbe de niveau, qui offrent des bandes de terre cultivable pratiquement planes, peuvent être aménagées derrière des talus pentus protégés par de la végétation pérenne ou, s'il y a assez de pierres disponibles, derrière des murs de soutènement en pierre. Ce type de terrasse convient à des pentes très raides et à celles où le ruissellement est abondant après des pluies de moyenne intensité.

Terrasses sur courbe de niveau aménagées à l'arrière de
talus raides plantés de graminées

 
Terrasses sur courbe de niveau aménagées à l'arrière
de murs de soutènement


d) Les barrages de régulation des ravines sont de petits barrages construits en travers des ravines ou des petits cours d'eau. Ils retiennent l'eau de ruissellement, limitent l'érosion en aval et sont utiles dans les zones sèches à fort ruissellement et à pentes moyennes ou raides. On peut construire ce genre de barrage à l'aide de divers matériaux disponibles localement, tels que pierres ou branches d'arbre entrelacées maintenues en place par deux rangées de piquets de bois. Il est très important que le sommet du barrage soit plus bas que les bords de la ravine, de sorte que l'eau qui déborde reste dans la ravine.

Note: Déblayez 15 à 30 cm de terre du fond et des parois de la ravine avant de mettre en place le barrage et son radier.


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Méthode simple de conservation des sols: la terrasse qui s'établit d'elle-même

16. Si vous prévoyez de pratiquer des cultures de rapport sur des terres ayant une pente douce à modérée (de 4 à 20 pour cent), vous pourrez avoir recours à une méthode simple de lutte contre l'érosion du sol, qui consiste à encourager la formation progressive de terrasses naturelles presque horizontales en luttant contre l'érosion superficielle.

17. Des bandes étroites de végétation pérenne sont plantées assez proches les unes des autres suivant les courbes de niveau, sur la pente à protéger. En général, plus la pente est raide, plus les bandes de végétation seront nombreuses. Le cas échéant, un filtre, fait de branchages et de résidus végétaux légèrement enterrés à l'avant de la bande de végétation, contribuera à stabiliser la végétation et à accélérer la formation de la terrasse. La végétation ralentit le ruissellement, ce qui permet aux particules de sol transportées de se déposer, d'abord dans les bandes de végétation et ensuite plus en amont sur la pente. Les racines de la végétation s'enfoncent de plus en plus à mesure que le talus aval des terrasses se forme.

Note: A mesure que le sol s'accumule dans l'herbe, les racines s'enfoncent de plus en plus, ce qui contribue à stabiliser les talus des terrasses.

Terrasse naturelle qui s'est formée sur plusieurs années entre des bandes de graminées plantées en suivant les courbes de niveau
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Autres manières d'encourager l'établissement d'une terrasse naturelle suivant les courbes de niveau

 


Note: Toutes les méthodes décrites ci-dèssus permettront de constituer des terrasses naturelles au fil des années, de la façon similaire aux terrasses formées par des bandes enherbées présentées à la page 98.


Choix de la bande de végétation pour une terrasse naturelie

18. On peut constituer des bandes de végétation pérenne le long des courbes de niveau de plusieurs manières.

a) Une végétation spontanée peut s'établir si vous arrêtez de cultiver des bandes étroites de terre.

b) Vous pouvez cultiver du fourrage vert en particulier et des légumineuses pour produire des aliments pour le bétail, sous forme soit de pâturage contrôlé soit de fourrage coupé, frais ou séché voir (tableaux 5 et 6 ci-dessus). De même, vous pourriez cultiver de la citronnelle, de la canne à sucre ou du sisal, s'il y a un marché pour ces produits.

c) On pourra ajouter une rangée d'arbustes ou d'arbres à ce type de végétation pour produire du bois de construction, du bois de chauffage, des fruits ou d'autres fourrages pour le bétail. Les espèces suggérées, qui devront être sélectionnées en fonction des caractéristiques locales du climat et du sol, sont notamment:

  • les arbustes ou arbres légumineux pour le fourrage (voir tableau 7);
  • d'autres arbres pour une production diversifiée (voir tableau 8);
  • des arbres fruitiers éventuellement pour la production de mangues, avocats, papayes, bananes et divers agrumes, s'il y a une demande locale et des débouchés. Si possible, utilisez des variétés améliorées génétiquement.

d) On peut constituer une clôture vivace avec des arbustes (plantés de façon plus dense) et des arbres.

Etablir et maintenir les bandes de végétation

19. Les bandes de végétation pérenne doivent être établies en plusieurs phases:

a) Délimitez et marquez les courbes de niveau à intervalles réguliers, en les espaçant de façon à former des bandes cultivées de 15 à 30 m de large (voir manuel 16/2, La topographie).

b) Préparez les bandes juste avant le début des pluies.

c) Etablissez la végétation après une bonne chute de pluie, en plantant de préférence soit des jeunes plants, soit des boutures, pour couvrir le sol aussi rapidement que possible.

d) Les plants sont produits en pépinière et repiqués dans les bandes le long des courbes de niveau après quelques semaines. La pépinière doit avoir des plate- bandes bien préparées. Les semences sont disposées en rangées à environ 1,5 à 2 cm de profondeur et recouvertes de sol bien tassé. Elles peuvent également être plantées dans de petits sacs de plastique contenant de la terre, ce qui contribue à retenir l'humidité et à contrôler les mauvaises herbes.

e) Les boutures doivent être en bonne santé, avoir environ six mois et au moins deux noeuds. Les petites boutures sont plantées à un angle de 40°, avec un noeud dans le sol. Les boutures plus longues sont enterrées à environ 10 à 15 cm de profondeur.

f) Protégez soigneusement tous les plants et boutures du pâturage jusqu'à ce que la végétation soit bien établie. Cela peut prendre de trois à cinq ans pour les arbustes et les arbres.

g) Contrôlez les mauvaises herbes, notamment autour des jeunes plantes.

h) Placez le faux filtre immédiatement en amont de la végétation en enterrant à fleur de sol des branches, des résidus végétaux ou des stipes de feuilles de bananiers.

20. Les bandes de végétation doivent être entretenues régulièrement.

a) Réparez et renforcez toute partie endommagée dans la bande, en plantant de la végétation supplémentaire dans les zones fragiles.

b) A mesure que la terrasse se constitue, placez de nouveaux faux filtres en amont de ceux qui sont enterrés. Réparez-les si nécessaire.

c) Surveillez l'érosion localisée soit sur le bord inférieur des terrasses, soit sur leur talus raide; réparez immédiatement en ajoutant de la végétation.

Traitement des pentes raides

21. Sur des pentes dont l'inclinaison est supérieure à 15-20 pour cent, il ne sera peut- être pas suffisant de planter des bandes de végétation pérenne pour lutter convenablement contre l'érosion du sol. Avec cette méthode, la superficie de terre se prêtant à la culture sera également très réduite, en raison de l'espace étroit entre les bandes de végétation.

22. Il faudrait donc tenir compte des conseils suivants:

a) Evitez de pratiquer des cultures de rapport.
b) Limitez les cultures à celles de plantes pérennes.
c) Sélectionnez ou favorisez les arbustes et les arbres qui protègent le sol. Bien aménagée et bien protégée du feu, une forêt naturelle sera peut-être la meilleure solution.
d) Si vous choisissez de planter des arbustes et des arbres, il sera préférable de construire des micro-terrasses individuelles plutôt que de recourir à des techniques plus coûteuses et plus élaborées. Protégez ces terrasses de l'érosion en plantant des graminées et des légumineuses sur les talus relevés. Protégez vos plantations contre le pâturage, le feu et les coupes non contrôlées.

4.2   Protection des fermes piscicoles contre le vent

Protéger les étangs du vent

1 . Lorsqu'un vent fort souffle sur un étang d'élevage, il influe sur l'environnement de plusieurs manières.

a) ll augmente l'évaporation à la surface de l'étang, en particulier si c'est un vent sec, d'où une perte d'eau plus importante.

b) ll crée des remous et fait circuler l'eau, provoquant des courants d'eau de surface vers la digue de l'étang qui est face au vent et ramenant des courants plus profonds dans la direction opposée. Ces courants contribuent au transfert de chaleur et d'oxygène dissous de la surface vers les eaux plus profondes.

c) ll peut générer des vagues, qui accélèrent considérablement l'oxygénation de l'eau de surface (voir section 2.5), bien que l'action des vagues contre la digue sous le vent puisse endommager celle-ci en accélérant l'érosion.

d) ll peut retarder le réchauffement des petits étangs destinés à la reproduction et à l'alevinage au tout début de la saison chaude, si ce vent est relativement froid.

2. Bien que le vent présente des avantages certains pour la pisciculture, principalement parce qu'il maintient le brassage et l'oxygénation de l'eau des étangs, il y a des cas particuliers dans lesquels vous souhaiterez protéger au moins une partie de votre ferme piscicole:

  • pour réchauffer très tôt dans la saison les petits étangs de reproduction et d'alevinage s'il y a prédominance de vents relativement froids;
  • pour réduire la vitesse du vent et la taille des vagues provoquées sur les grands étangs, afin de mieux lutter contre l'érosion des digues.

Assurer une protection contre le vent

3. Une méthode facile d'assurer une protection contre le vent consiste à construire un écran simple, en utilisant par exemple de la toile, du plastique ou du bambou refendu tressé, déployé entre des piquets de bois verticaux. L'écran présente l'avantage de pouvoir être installé facilement à l'endroit et au moment voulus. Toutefois, il n'offre une protection que sur une distance très limitée à l'arrière de l'écran, peut-être trois à six fois sa hauteur, selon les conditions.

4. Si vous avez besoin d'une protection plus permanente sur une plus grande superficie, il est en général préférable d'installer un brise-vent vivace, fait de végétation pérenne et conçu pour réduire la vitesse du vent juste au-dessus du niveau du sol. Ce genre d'écran offre également d'autres avantages.

a) Il donne la possibilité d'élargir la gamme de produits et d'augmenter les profits de la ferme piscicole, grâce à la production de bois de construction et de chauffage, de fourrage animal, de fruits, de tannin, de fibres, etc.

b) ll fournit au bétail une zone d'ombre où l'on peut aussi réaliser certaines tâches, comme le triage des poissons vivants et l'entretien du matériel.

 

Caractéristiques d'un brise-vent efficace

5. Un brise-vent efficace doit avoir certaines caractéristiques. Il doit être:

  • semi-perméable en particulier dans sa partie inférieure, 40 pour cent environ de sa superficie totale étant constitués de petites ouvertures réparties de façon régulière (une perméabilité moins grande réduit d'autant plus la vitesse du vent; toutefois, les turbulences diminuent la longueur de la superficie protégée, étant donné que seule la densité de la première rangée exposée directement au vent en modifie la vitesse; en revanche, une brèche ouverte dans un brise-vent augmentera la vitesse du vent et devrait être évitée).
  • relativement mince: plus le brise-vent devient épais, plus sa perméabilité au vent diminue et son efficacité décroît en conséquence;
  • de coupe transversale rectangulaire pour réduire au minimum les turbulences dans la zone protégée;
  • aussi haut que possible car plus le brise-vent est haut, plus la zone protégée qui se trouve à l'arrière est étendue;
  • assez long pour éviter les turbulences latérales dans la zone protégée (la longueur du brise-vent doit être égale à au moins 12 fois sa hauteur maximale);
  • perpendiculaire à la direction du vent.

Note: Vérifiez soigneusement la direction dominante du vent contre laquelle vous cherchez à vous protéger. Si cette direction est trop variable, vous pourrez soit augmenter la longueur du brise-vent, soit en installer plusieurs dans des direction différentes.

Shémas montrant la différence de protection obtenue avec des brise-vent semi-perméables et imperméables

Concevoir un brise-vent vivace

6. Lorsque vous concevez un brise-vent vivace, vous devez tenir compte des points suivants:

  • emplacement du brise-vent;
  • utilisation d'arbres hauts;
  • utilisation d'arbres plus petits, de taillis ou d'herbes hautes.

a) Installez le brise-vent à au moins 3 m de la ligne médiane des digues de l'étang, et même plus en retrait si les arbres sont susceptibles d'avoir de longues racines horizontales.

b) Utilisez au moins une rangée continue de grands arbres. Le cas échéant, ajoutez une ou plusieurs rangées d'arbres plus petits, de taillis ou même de hautes herbes pour compléter la partie basse de l'écran semi-perméable.

c) La zone protégée s'étendra un peu à l'avant du brise-vent et beaucoup plus à l'arrière, la vitesse du vent étant réduite de façon proportionnelle à la hauteur maximale (H en m) du brise-vent:  

  • de 20 pour cent à partir d'environ 1 x H à l'avant jusqu'à environ 10 à 15 x H à l'arrière;
  • de 50 pour cent à partir d'environ 0,5 x H à l'avant jusqu'à environ  1,5 à 2,5 x H à l'arrière.

Exemple

La hauteur maximale du brise-vent est de 10 m. La zone protégée s'étendra au mieux sur environ 10 m à l'avant et 150 m à l'arrière du brise-vent.

d) De préférence, plantez plusieurs rangées d'arbres:

  • pour éviter que des trouées se forment dans le brise-vent, par exemple si certains arbres meurent de maladie;
  • pour permettre l'exploitation des arbres arrivés à maturité tout en laissant au moins une rangée de protection;
  • pour améliorer la survie des jeunes arbres, qui résistent mieux aux vents forts lorsqu'ils sont plantés sur des bandes de terre plus larges.
Caractéristiques de protection possibles lors de la conception d'un brise-vent

e) Pour protéger des zones étendues, vous aurez peut-être besoin de plusieurs brise-vent parallèles. La distance entre chacun d'eux devra être d'environ 15 fois leur hauteur maximale.

f) Choisissez des espèces arboricoles bien adaptées aux conditions locales de climat et de terrain. Demandez conseil à votre agent de vulgarisation forestière ou agricole.

g) Diversifiez autant que possible les avantages de votre brise-vent, selon vos propres besoins et ceux de votre communauté. Adaptez le volume de production de chaque produit à la demande locale.

h) En outre, préférez des espèces arboricoles ayant les caractéristiques suivantes:

  • hauteur suffisante pour la zone à protéger;
  • feuillage homogène du haut en bas de la cime et feuillage persistant perméable au vent;
  • croissance rapide en hauteur;
  • volume de la cime réduit;
  • pivot solide et système radiculaire horizontal limité;
  • régénération facile, soit naturellement par ensemencement, soit par recépage*.
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  Note: Les meilleurs résultats semblent être obtenus avec des brise-vent constitués d'au moins quatre rangées d'arbres plantés sur une bande de terre de 10 à 12 m de largeur.

Choisir la végétation à utiliser pour un brise-vent

7. Très peu d'espèces arboricoles ont toutes ces caractéristiques souhaitables; il est donc habituellement nécessaire de mélanger différentes espèces pour garantir que le brise-vent ait l'efficacité et la structure désirées.

8. Dans la plupart des cas, vous aurez besoin de grands arbres pour augmenter la taille de la zone protégée et obtenir divers produits ligneux; selon les conditions locales, vous pouvez utiliser:

  • des arbres légumineux, comme Acacia albida, A. auricoliformis, Albizzia lebbek ou Tamarindus indica (voir tableau 7), Cassia siamea, Prosopis chilensis;
  • certains arbres qui poussent vite mais ont une vie relativement courte, comme Azidarachta indica (margousier), Eucalyptus camaldulensis (il a besoin d'au moins trois mois secs par an), ou Casuarina equisetifolia (voir tableau 8);
  • certains arbres plus lents à pousser mais qui vivent longtemps, comme Parkia biglobosa (voir tableau 8) et Cupressus spp.

9. Vous aurez également besoin de petits arbres et de taillis pour compléter le brise- vent au-dessous de la cime des hauts arbres. Ces espèces produiront surtout du bois de chauffe, du fourrage pour les animaux et des fruits. Selon les conditions locales, vous pourrez utiliser de petits arbres légumineux (voir tableau 7) ou fruitiers (par exemple Anacardium occidentale, anacardier; Morus spp., mûrier).

10. Dans la partie inférieure du brise-vent, vous pourrez également planter:

  • des graminées fourragères pérennes, comme Andropogon gayanus (herbe de Gambie, 600 à 1 100 mm de précipitations annuelles et cinq à six mois secs par an), Chloris gayana (herbe de Rhodes, 600 à 1 200 mm de précipitations annuelles et quatre à six mois secs par an) ou d'autres espèces (voir tableau 5);
  • du taillis épineux, tel Acacia (A. mellifera, A. senegal), pour empêcher que le brise-vent soit endommagé par des animaux errants;
  • du taillis non consommé par le bétail, comme Euphorbia balsamifera (sols secs) ou E. tirucalli (sols humides).
TABLEAU  7
Arbres et buissons légumineux utiles pour la conservation des sols et les brise-vent
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TABLEAU  8
Arbres et arbustes non légumineux utiles pour la conservation des sols et les brise-vent
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Divers types de brise-vent

11. On peut planter divers types de brise-vent, constitués habituellement de deux à six rangées, selon le genre d'avantages supplémentaires que l'on veut en retirer mais aussi du terrain disponible. Les types habituels de brise-vent sont les suivants:

a) Brise-vent à deux rangées: une espèce d'arbre qui pousse vite associée à une espèce plus petite. Cette dernière peut être plantée soit devant, soit derrière les grands arbres, selon la résistance au vent de l'une ou l'autre des espèces.

b) Brise-vent à trois rangées: deux rangées d'arbres hauts, dont l'un peut avoir une croissance rapide mais une vie relativement courte (par exemple Eucalyptus spp. ou Azidarachta indica) et l'autre peut pousser lentement mais durer longtemps (par exemple Acacia albida ou Tamarindus indica); et une rangée de végétation plus basse pour le bois de chauffe, le fourrage, les fruits, etc. On pourra prévoir une production de bois importante à partir de l'exploitation et même de la suppression de la rangée du milieu lorsque le brise-vent devient trop épais.

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c) Brise-vent à quatre rangées: particulièrement utile pour d'autres avantages tels que fourrage, poteaux et bois de chauffe. Les quatre rangées pourront être plantées de la même espèce arboricole, par exemple un arbre légumineux. Dans les endroits secs, envisagez du Cassia siamea et dans les endroits humides, Dalbergia sissoo. Plantez ces arbres en rangées alternées et espacez-les de 3 m.

d) Brise-vent à cinq rangées: d'avant en arrière, on pourra planter les espèces suivantes: Cajanus sp., Casuarina equisetifolia, Acacia nilotica (ou deux rangées intérieures de Cassia siamea).

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Etablir, entretenir et renouveler un brise-vent

12. Pour établir votre brise-vent, procédez par étapes:

a) Procurez-vous ou cultivez des plants vigoureux de même taille des espèces arboricoles que vous avez choisies.

b) Préparez soigneusement la bande de terre prévue pour les plantations en ameublissant le sol à une profondeur de 0,6 à 0,8 m et en creusant des trous profonds. Ajoutez de l'engrais, si nécessaire.

c) Après le début des pluies, plantez les jeunes arbres.

d) Protégez-les du feu et des dommages causés par les animaux qui paissent.

e) Remplacez tous les plants morts dès que possible.

f) Arrosez les plants si besoin est, au moins jusqu'à ce qu'ils aient développé un système radiculaire profond.

g) Contrôlez les mauvaises herbes et binez le sol régulièrement autour des plants.

13. Une fois que le brise-vent est établi et qu'il croît rapidement, entretenez-le de façon régulière; cela vous permettra en même temps d'avoir des produits ligneux.

a) Enlevez, et le cas échéant remplacez, les arbres morts ou malades, ou ceux qui croissent trop lentement.

b) Si la perméabilité de l'écran devient trop faible ou si la croissance des arbres commence à diminuer, réduisez la densité des arbres.

c) Si nécessaire, procédez à un étêtage* des arbres.

d) Continuez à protéger les plantations contre les pâturages excessifs, le feu et les coupes incontrôlées.

e) Améliorez, si nécessaire, l'efficacité du brise-vent en ajoutant une ou plusieurs nouvelles rangées de végétation.

14. Lorsque les arbres du brise-vent arrivent à maturité, leur capacité à réduire la vitesse du vent diminue considérablement. ll faudra les exploiter et les renouveler. La pratique la plus courante est d'exploiter d'abord une moitié du brise-vent en coupant une ou deux rangées d'arbres au niveau du sol. Cette végétation est ensuite renouvelée soit par recépage, soit par de nouvelles plantations; l'autre moitié du brise- vent est coupée quelques années plus tard. Ce système est particulièrement facile à gérer avec une plantation à quatre rangées, mais il est possible d'adopter un schéma similaire pour d'autres types de brise-vent.

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4.3   Comment protéger les digues contre l'action des vagues

1 . Dans les étangs relativement grands ou mal protégés des vents forts, le clapotis des vagues contre la partie supérieure des digues peut provoquer des dommages considérables. Ce type d'érosion est particulièrement actif:

  • dans des étangs qui viennent d'être construits;
  • sur les parois internes des digues de l'étang qui sont face au vent.

2. Pour protéger les digues contre l'action du vent, vous pouvez recourir à l'une des méthodes suivantes:

a) A peu près au niveau normal de l'eau et au-dessus de la zone à protéger, installez une ou plusieurs rangées de morceaux de bois ou de tiges de bambou de 1 à 1,5 m de large. Serrez-les bien les unes contre les autres. Attachez soigneusement chaque rangée, par exemple à l'aide de piquets en bois, afin que la protection soit maintenue en position.

b) Vous pouvez également utiliser des nattes de bambou refendu, de joncs ou de fibres de 1,5 à 2 m de large, fixées dans la digue. Elles ne durent pas longtemps, mais ne côûtent pas cher et peuvent être facilement enlevées ou remplacées. On peut également utiliser pour une protection temporaire une bâche en plastique ou de grandes feuilles de palmier ou de bananier, par exemple.

c) Construisez une barrière avec des tiges de bambou ou des pieux enfoncés l'un à côté de l'autre sur la pente de la digue, à environ 0,5 m du bord de l'eau lorsque celle-ci est à son niveau normal. Pour renforcer cette barrière, vous pouvez attacher ensemble les extrémités supérieures des pieux ou des tiges avec des lianes ou des cordes.

 
     

d) On peut construire une barrière similaire avec des fagots de 30 cm d'épaisseur de roseaux, de paille ou de branches, empilés et attachés bout à bout entre deux rangées de piquets.

e) Des fagots flottants de paille ou de branches peuvent être assemblés en une ligne continue juste devant la digue. Assurez-vous qu'ils se trouvent au moins 30 cm au-dessous du niveau de l'eau.

 
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f) Il est possible de construire une protection plus permanente s'il y a des pierres ou des cailloux facilement disponibles. Utilisez-les en une couche de 25 cm d'épaisseur, étalée sur une bande de 1,5 à 2 m de largeur qui s'étendra au-dessous et au-dessus du niveau d'eau normal prévu. Des coques de noix de coco ou des matériaux similaires peuvent être également utilisés. Dans des cas extrêmes tels qu'un grand étang de barrage, un enrochement fait de préférence à la main sera peut-être nécessaire sur une fondation de graviers de 25 cm d'épaisseur.

g) Une rangée de troncs flottants de 25 cm de diamètre au maximum, attachés bout à bout, peut être ancrée à environ 2 m du bord de l'eau. S'il est prévu que le niveau d'eau de l'étang fluctue, n'oubliez pas de laisser un peu de jeu dans les cordes d'ancrage.

 
     

h) L'une des meilleures méthodes de contrôle de l'action des vagues et l'une des plus durables est peut-être celle qu'offre une végétation aquatique dense. Habituellement, on plante une bande de 2 m de large de plantes aquatiques verticales résistantes, des joncs par exemple, devant la digue à protéger. Si vous prévoyez d'utiliser cette méthode, vous devrez concevoir la digue:

  • soit avec une très faible pente comprise entre 1:4 et 1:8 en commençant à 0,3 m au-dessous du niveau d'eau normal;
  • soit avec un accotement horizontal construit à 0,5 m au-dessous du niveau d'eau normal et d'une largeur de 3 m

i) Pour protéger des vagues les jeunes plantes aquatiques jusqu'à ce qu'elles aient poussé, attachez des fagots de joncs, de paille ou de branches devant l'accotement horizontal, comme indiqué ci-dessus en d. Lorsque la bande de végétation a atteint sa taille adulte, vous pouvez enlever la protection.

 

4.4   Comment protéger les digues et les canaux contre l'érosion

Protéger vos digues

1. Vous avez déjà appris comment protéger des digues nouvellement construites contre l'érosion provoquée par la pluie, en les recouvrant dès que possible d'une épaisse couche d'herbe (voir manuel 20, Les étangs et leurs ouvrages, section 6.9). Vous devez entretenir soigneusement cette couverture herbacée, la tailler de façon régulière et, le cas échéant, y mettre des engrais.

2. Vous avez également appris comment protéger vos étangs d'élevage contre le vent (voir section 4.2) et contre l'action des vagues qui en résulte (voir section 4.3).

3. Les digues doivent être également protégées contre les dommages causés par les allées et venues fréquentes du bétail, comme vous l'apprendrez ultérieurement (voir section 4.5).

4. L'érosion de la digue peut également se produire au niveau de la prise d'eau sous l'action de l'eau d'alimentation. On pourra assurer une protection soit:

Protéger vos canaux

5. Les canaux d'alimentation, de drainage et de dérivation sont sujets à l'érosion, notamment si le courant d'eau dépasse la vitesse maximale admissible (voir manuel 20, Les étangs et leurs ouvrages, section 8.2). L'érosion superficielle pendant la pluie peut également se produire le long des pentes des parois latérales des canaux, si elles ne sont pas correctement protégées.

6. Il existe différents moyens d'assurer une protection supplémentaire aux canaux; pour ce faire, vous pouvez utiliser l'une des manières simples ci-après:

a) Prenez d'abord toutes les mesures possibles pour réduire le débit d'eau dans les sections de canaux concernées (par exemple en vidangeant les étangs progressivement) ou pour réduire l'érosion superficielle (par exemple en dérivant l'eau des pentes latérales à l'aide de petites tranchées).

b) Vous pouvez relier ces tranchées avec des lits filtrants de gravier, si vous avez besoin de faire descendre l'eau en toute sécurité le long des parois d'un canal. Ce sont des bandes de graviers de 30 à 40 cm de large et de 20 à 30 cm d'épaisseur, qui sont placées en diagonale sur la paroi de la pente.

c) Etablissez et entretenez une solide couverture herbacée courte sur les parois raides des canaux, en utilisant des graminées similaires à celles qui sont recommandées pour les digues des étangs (voir manuel 20, Les étangs et leurs ouvrages, section 6.9).

d) Protégez les parois des canaux avec des morceaux de bois ou de bambou enfoncés l'un à côté de l'autre dans le fond du canal.

e) On peut également utiliser des fagots de bâtons ou de branches attachés bout à bout.

7. Des méthodes plus coûteuses consistent à:

Note: Toute modification de la qualité des parois d'un canal aura une incidence sur la capacité de débit de ce canal (voir manuel 20, les étangs et leurs ouvrages, section 8.2).

4.5   Contrôle des allées et venues au moyen de clôtures

1 . Des clôtures sont souvent utilisées sur les fermes piscicoles:

  • pour protéger les étangs empoissonnés des voleurs;
  • pour protéger les digues, les ouvrages et les plantations des animaux.

2. Les clôtures peuvent également être utilisées comme brise-vent (voir section 4.3), pour diversifier la production (bois, fruits, feuilles), pour protéger l'intimité et améliorer l'apparence de votre installation piscicole.

3. Il existe différents types de clôtures. Vous devrez choisir celui qui vous convient en fonction de l'objectif principal recherché et de la somme d'argent que vous souhaitez investir. Le tableau ci-après vous aidera dans votre choix.


Clôtures de haies vives

4. Une clôture de haie vive est faite d'arbres et d'arbustes plantés de façon très rapprochée en forme de haie, et régulièrement taillés pour constituer une barrière qui empêche les animaux d'entrer.

5. Si les matériaux sont facilement disponibles, ces clôtures sont assez bon marché à installer et nécessitent seulement d'être plantées. Elles présentent également l'avantage d'offrir des profits supplémentaires, tels que la production de bois, de fruits et de fourrage, de servir de brise-vent bas et d'être une caractéristique attractive dans le paysage.

6. Toutefois, avant d'envisager l'utilisation de haies vives comme clôtures, vous devez savoir:

  • qu'elles poussent en général rapidement, ce qui exige de la main d'oeuvre pour les tailler régulièrement, parfois deux fois par an;
  • qu'il faudra peut-être ajouter un autre type de clôture en des points particuliers, afin qu'elles soient véritablement efficaces;
  • que les haies nécessitent davantage d'espace que certains autres types de clôtures.

7. On peut utiliser plusieurs sortes d'arbustes et d'arbres pour constituer une clôture de haie vive. Si la disponibilité de fourrage animal pour le broutage est l'un des principaux bénéfices qui vous intéressent, il faudra planter des arbrisseaux ou des arbres légumineux qui poussent vite et résistent aux pâturages et à la taille, tels que Cassia siamea (séné de Thaïlande) ou Gliricidia sepium (amélanchier du Nicaragua). Pour assurer la protection contre les animaux et les voleurs, une haie vive d'épineux peut être efficace. Vous pourrez également utiliser l'agave plantée en rangées alternées pour la production de sisal (A. sisalana) ou de tampico (A. cantala). Des plantations de cactus sont une autre possibilité.


Clôtures empilées

8. Une clôture empilée est faite d'une rangée de résidus végétaux coupés, empilés sur une hauteur suffisante pour maintenir à l'écart les animaux et parfois aussi les personnes. Le mieux est d'utiliser des branches épineuses, mais vous pouvez également vous servir de n'importe quel déchet provenant du défrichement des terres ou de l'abattage d'arbres. Attachez les matériaux par endroits à des poteaux verticaux pour leur donner plus de solidité.

9. Une clôture de ce type dure en général plusieurs années, bien qu'elle puisse également être très vulnérable au feu, à la pourriture et aux termites.

Clôtures en treillis

10. Une clôture légère et simple peut être fabriquée avec de la natte tressée, par exemple de la natte de bambou, de joncs ou de feuilles, fixée à un cadre de bois ou à des tiges de bambou, avec des barres horizontales servant de support en haut et en bas. Il faudra consolider ce type de clôture avec des tasseaux transversaux pour qu'elle reste droite.

 

Clôtures faites de barreaux et de poteaux

11. Une telle clôture comporte des poteaux de bois solidement plantés dans le sol à intervalles réguliers et assemblés par des barreaux de bois horizontaux. Ce genre de clôture convient particulièrement dans les zones où il y a du bois ou du bambou.

12. Ce type de clôture est facile à fabriquer. Procédez comme suit:

a) Préparez des poteaux de bois solides d'au moins 12,5 cm de diamètre et de 1,8 à 2,6 m de longueur. Le cas échéant, traitez le bois pour accroître sa résistance aux termites et à la moisissure (voir manuel 20, Les étangs et leurs ouvrages, section 3.1).

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b) Préparez les barreaux en bois, en utilisant habituellement soit des tiges de bambou refendu, soit des pièces rondes en bois de 10 cm de diamètre.

c) Enfoncez les poteaux verticalement dans le sol à une profondeur de 0,5 à 0,8 m et à intervalles de 2,5 à 4 m. Le cas échéant, ajoutez des supports transversaux pour consolider les poteaux.

d) Fixez les barreaux aux poteaux, en rangées horizontales de trois à cinq barreaux. Raccordez les barreaux aux poteaux seulement, mais pas tous sur le même poteau.

e) Installez des poteaux de chaque côté des ouvertures prévues. Peut-être souhaiterez-vous aussi installer des passes ou des échaliers qui permettent de franchir la clôture (voir fin paragraphe 26).

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Clôtures en fil de fer

13. Une clôture en fil de fer est faite de plusieurs fils de fer bien tendus entre une série de poteaux verticaux. De telles clôtures sont coûteuses; elles ne devraient être installées que dans les zones où elles sont nécessaires et où l'on ne peut pas en construire de meilleur marché. Il existe deux types de fil de fer, habituellement galvanisé pour être protégé de la corrosion:

  • le fil de fer simple, qui est meilleur marché mais plus difficile à installer correctement; 
  • le fil de fer barbelé, qui est plus difficile à manipuler, rouille plus rapidement et peut causer des blessures graves aux animaux. Il est très utile pour le haut de la clôture.
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14. Le fil de fer simple est défini par son calibre (voir tableau page 120), alors que la qualité du fil de fer barbelé est définie par trois nombres qui précisent le calibre, le nombre de pointes (deux ou quatre) et la distance entre celles-ci (8 à 11 cm); par exemple, «l6 x 4 x 11» correspond à un fil de fer de calibre 16 avec quatre pointes tous les 11 cm.

Calibres des fils de fer simples
Equivalences entre les calibres habituels de fil de fer (en mm)
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  Note:
BWG  = Calibre de Birmingham (Royaume-Uni).
ISWG = Calibre de norme internationale.
USG   = Calibre des Etats-Unis.
PG     = Calibre de Paris (France).

Données relatives aux calibres de fil de fer de Paris et de Birmingham
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15. Les poteaux de bois sont en général meilleur marché que les poteaux de ciment, mais ils résistent moins à la moisissure, au feu et aux termites. Choisissez un bois dur résistant ou traitez-le avec un conservateur s'il n'est pas assez solide (voir manuel 20, Les étangs et leurs ouvrages, section 3.1).

16. Il y a deux types de poteaux dans une clôture en fil de fer:

  • les poteaux de soutien, aux barrières, aux extrémités des lignes droites, aux points intermédiaires le long d'une portion de fil de fer longue et chaque fois que la pente du sol varie; 
  • les poteaux intermédiaires, placés à intervalles réguliers entre les poteaux de soutien.

17. La stabilité et l'efficacité de la clôture en fil de fer dépendra de la résistance et de la stabilité des poteaux de soutien. Vous devez donc les choisir et les fixer avec un soin particulier.

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18. Vous pouvez utiliser, au lieu des poteaux habituels, des poteaux vivants, qui seront soit les arbres qui poussent le long de la clôture, soit des arbres plantés spécialement à cet effet. Ils côutent peu et durent longtemps; ils offrent d'autres avantages tels que bois, fruits, fourrage pour les animaux et ombre. Le Gliricidia sepium est un arbre légumineux très largement utilisé à de faibles altitudes en Amérique latine, où il est taillé à 1-1,5 m pour que le bétail puisse directement le brouter; il fait d'excellents poteaux vivants.

Note: Les arbres qui seront utilisés comme poteaux vivants devront être plantés à l'avance pour qu'ils aient le temps de bien s'enraciner.

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19. Pour fabriquer une clôture en fil de fer simple, procédez comme suit:

a) Délimitez la ligne correspondant à la clôture aussi droite et ininterrompue que possible.

b) Dégagez la zone.

c) Installez des poteaux de soutien, de 2 m de long environ aux barrières, aux passes, aux coins, au sommet et au bas des pentes, ainsi qu'à tous les points intermédiaires si la distance en ligne droite est supérieure à 150-200 m. Ces poteaux doivent avoir au moins 15 cm de diamètre et être enfoncés à 80 cm de profondeur. Consolidez-les correctement selon leur emplacement:  

  • consolidez les poteaux d'angle avec une traverse placée dans la direction de chacune des lignes de la clôture;
  • consolidez les poteaux des extrémités ou des barrières dans la direction de la ligne de la clôture;
  • consolidez les poteaux de soutien intermédiaires en divers points le long de grandes portions de clôture.
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20. On peut utiliser différents types de traverses selon les conditions du sol:

  • des traverses diagonales simples ou doubles qui stabilisent le poteau en s'appuyant sur une surface ou un support enterré, à un angle de 30 à 40º; 
  • un assemblage traditionnel avec une traverse diagonale entre deux poteaux; 
  • un assemblage avec une traverse horizontale et un double fil de fer torsadé tendu entre deux poteaux.

21. Vous pouvez soit placer ces poteaux dans des trous creusés ou forés et les entourer de sol bien tassé, soit les enfoncer dans le sol après avoir taillé leur extrémité en pointe pour leur donner davantage de stabilité. Pour cela, il sera peut- être utile de fabriquer un pilon manuel simple, comme indiqué ci-après:

    a) Procurez-vous un tuyau d'acier de 20 cm de diamètre et de 90 cm de long.

    b) Obturez l'ouverture supérieure en y soudant une plaque d'acier de 25 cm x 25 cm.

    c) A l'autre extrémité, soudez deux poignées.

22. Les poteaux doivent être maintenus à la verticale par une personne, tandis qu'une autre personne se trouvant sur une plate-forme surélevée, telle que l'arrière d'un camion ou un banc de bois mobile, frappe sur la tête du poteau avec le pilon manuel.

Fabrication d'un pilon manuel simple
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23. Installez, bien en ligne et à intervalles de 3 à 5 m, les poteaux intermédiaires, qui auront environ 1,6 à 1,8 m de long. Ils doivent avoir de 7,5 à 12,5 cm de diamètre et être enfoncés à une profondeur de 40 à 60 cm.

24. Installez le fil de fer du bas à 15-40 cm au-dessus du sol, en l'attachant d'abord à un poteau de soutien et en l'amenant directement au poteau de soutien suivant. Le fil est ensuite bien tendu à l'aide d'un levier en bois et fixé au poteau. Veillez à ce que le fil de fer passe à l'intérieur de tous les poteaux intermédiaires. Passez le fil de fer une fois autour de tous les poteaux d'angle et fixez-le en l'enroulant et en l'agrafant aux poteaux. Fixez lâchement le fil de fer aux poteaux intermédiaires avec des agrafes.

25. Installez les autres rangées de fils de fer (trois ou cinq) en procédant de bas en haut, à intervalles de 20 à 30 cm, comme indiqué ci-dessus. Le fil de fer du haut doit être 10 cm en dessous de la tête des poteaux. Ramassez ensuite tous les morceaux de fil de fer, clous et agrafes tombés pa terre, afin que les animaux ne les avalent pas ultérieurement.

26. Lorsque tous les fils de fer ont été posés et tendus, il est temps d'installer les barrières. Des points de franchissement des clôtures pour les travailleurs des étangs, tels que des passes, devront aussi être aménagés au moment de la construction. Toutefois, des dispositifs de franchissement, tels que des échaliers, peuvent être posés après l'achèvement de la clôture. Trois sortes de barrières, deux sortes de passes et un échalier sont illustrés ci-dessous.

Note: Il est plus facile de tendre le fil de fer si des tendeurs de fil de fer sont installés à titre permanent tous les 20 à 25 m; le tendage final est effectué une fois que le fil a été fixé à chaque extrémité aux poteaux de soutien.




Barrière renforcée
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Points de franchissement d'une clôture
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Clôtures en grillage

27. Les clôtures en grillage sont surtout utilisées dans les fermes piscicoles pour arrêter les intrus et protéger les stocks de poisson contre le vol. Pour être efficaces, ces clôtures doivent êtres hautes, compactes, solides et surmontées de fil de fer barbelé. Elles peuvent être assez coûteuses et il conviendra de les utiliser seulement pour protéger des stocks de poisson de grande valeur, tels que des stocks de géniteurs, ou de grandes quantités de poisson stockées en étangs avant la commercialisation.

28. On utilisera habituellement pour ce genre de clôture de protection du grillage à mailles en losanges résistant, d'environ 2 m de haut, fixé à des poteaux distants de 3 m. On pourra utiliser des traverses pour consolider l'assemblage et ajouter du fil de fer barbelé au-dessus du grillage pour augmenter l'efficacité. Les rangées de fil de fer barbelé devront être placées en diagonale vers l'extérieur pour rendre l'accès plus difficile.

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 Clôtures en pierre

29. Lorsqu'il y a des pierres en abondance, on pourra construire une clôture à peu de frais en empilant des pierres «sèches» en un mur de 0,7 à 1,2 m de large à la base. Bien que la construction exige beaucoup de main-d'oeuvre, le coût d'entretien est assez bas. Pour plus de sécurité, on peut ajouter de petits poteaux de bois surmontés de rangées de fil de fer barbelé.

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Assurer un accès contrôlé au bétail

30. Dans certaines fermes intégrées, le bétail doit avoir accès au moins à un étang pour boire. Il est alors préférable de limiter l'accès à une partie de l'étang, qu'il faudra soigneusement protéger contre l'érosion par du gravier, du béton ou de l'asphalte. Vous pouvez utiliser les clôtures décrites précédemment pour limiter l'accès.

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4.6   Lutte contre les ennemis des poissons en étangs vidangés

1. Les poissons d'élevage ont de nombreux ennemis et concurrents, comme les poissons sauvages, les grenouilles, les insectes et les oiseaux, contre lesquels il faut les protéger.

2. Cette protection est particulièrement importante lorsque les poissons sont encore très petits, par exemple dans les étangs d'alevinage. Vous pouvez protéger vos poissons de diverses manières.

a) Vous pouvez lutter contre ces ennemis après chaque récolte totale et avant de réempoissonner l'étang, le choix de la méthode dépendant du fait que:

  • vous pouvez vidanger complètement votre étang (voir section 4.6 ci- dessous);
  • vous ne pouvez pas vidanger complètement votre étang (voir section 4.7);

b) Pendant chaque cycle de production, alors que les poissons grossissent dans l'étang, vous devez essayer de lutter de façon continue contre les ennemis les plus dangereux (voir section 4.8).

3. La lutte contre les ennemis dans des étangs vidangés, appelée aussi désinfection des étangs, vise plusieurs objectifs, à savoir:

  • tuer les animaux aquatiques prédateurs, tels que poissons carnivores, jeunes grenouilles et insectes laissés dans les flaques d'eau et la vase, qui survivront et se nourriront des jeunes poissons qui seront stockés; 
  • éliminer tous les poissons non récoltés, lesquels plus tard concurrenceront les nouveaux stocks pour l'espace et la nourriture, en particulier s'ils se reproduisent sans contrôle; 
  • détruire les parasites des poissons et leurs hôtes intermédiaires, comme les mollusques, et contribuer ainsi à lutter contre les maladies (voir chapitre 15).

4. Certains traitements de désinfection produisent des avantages supplémentaires, par exemple améliorer la qualité de l'eau et du sol du fond de l'étang (voir section 5.0) ou augmenter la fertilité de l'étang.

5. Les étangs en terre sont très faciles à désinfecter une fois que l'eau a été vidangée aussi complètement que possible, soit par gravité pour les étangs vidangeables, soit par pompage pour ceux qui ne le sont pas. Le cas échéant, assurez la vidange des mares d'eau résiduelles en creusant de petites tranchées supplémentaires en direction de la tranchée principale de drainage.

6. ll existe plusieurs façons de désinfecter un étang vidangé. Elles sont habituellement combinées pour donner les meilleurs résultats.

a) Gardez l'étang à sec (de préférence par temps chaud et ensoleillé). Les rayons ultraviolets du soleil ont un effet stérilisant puissant. Selon la température de l'air, gardez l'étang entièrement à sec entre 24 heures (au minimum) et un mois .

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Durée de la période de séchage selon la température de l'air
Température  de l'air (ºC) 
Durée minimale de la période
de séchage
 30 
20
Moins de 20
  24 heures
 4 jours
30 jours

Note: Vous avez appris au début de ce manuel comment garder un étang asséché pour améliorer la qualité de l'eau (voir section 2.5). N'oubliez pas que certains types d'étangs ne doivent pas rester à sec trop longtemps.

b) Répandez ou versez un produit chimique toxique (voir ci-après) dans les mares et les flaques d'eau restant au fond de l'étang. Laissez le produit chimique agir pendant quelques jours. Les procédures habituelles sont résumées au tableau 9.  
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c) Etalez un produit chimique toxique uniformément sur le fond et les parois humides de l'étang. Laissez le produit agir pendant deux à trois jours. Remplissez l'étang lentement de façon à recouvrir seulement le fond d'une couche d'eau peu profonde. Attendez 15 jours. Vidangez ensuite lentement, en veillant à ne pas causer la mortalité de poissons en aval. Avant de remplir de nouveau complètement l'étang, il sera peut-être nécessaire de le rincer encore une fois.  

TABLEAU 9
Désinfectants courants pour des étangs complètement vidangés

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Note: Pour une désinfection approfondie, il est préférable de traiter deux fois l'étang vidangé, à un intervalle de 8 à 15 jours. Remplissez l'étang 10 à 15 jours après le second traitement.

7. Les trois produits chimiques couramment utilisés pour désinfecter les étangs de terre vidangés (voir tableau 9) sont les suivants:

  • la chaux vive, CaO (oxyde de calcium), vendue sous forme de blocs ou de poudre; c'est un produit extrêmement caustique qui doit être manipulé avec de grandes précautions (voir ci-après). En raison de sa toxicité durable, les blocs de chaux vive doivent être écrasés soigneusement avant utilisation, mais un épandage uniforme reste difficile. ll est mieux d'utiliser du lait de chaux, préparé au moment où l'on en a besoin en mélangeant une mesure de blocs de chaux vive et quatre mesures d'eau.
  • la chaux hydratée ou éteinte, Ca(OH)2 (hydroxyde de calcium), est une fine poudre qu'il faut également utiliser avec précaution car elle contient au moins 65 pour cent de CaO (ne l'acheter et ne l'utiliser que si elle vient d'être fabriquée);
  • le cyanamide calcique, CaCN2, est une poudre contenant 60 à 70 pour cent de CaO et 18 à 22 pour cent d'azote; il est très toxique pendant plusieurs mois après son application. Il faut veiller en particulier, lorsqu'on draine la solution de l'étang, à ne pas tuer les poissons en aval. Rincez l'étang soigneusement avant de le remplir définitivement.

8. On peut aussi utiliser pour désinfecter des étangs vidangés certains sous-produits agricoles qui sont peu onéreux lorsqu'ils sont disponibles sur place, par exemple le son de riz (400 à 1 000 kg/ha), la mélasse de sucre non raffinée (400 à 500 kg/ha) et de la poussière ou des copeaux de tabac (300 kg/ha). Etalez la quantité nécessaire du sous-produit sur le fond de l'étang. Recouvrez avec 5 à 10 cm d'eau pendant 10 à 15 jours. Il est préférable de ne pas vidanger l'étang mais de le remplir, de façon à ne pas perdre l'effet fertilisant du désinfectant organique. Avant de réempoissonner, vérifiez soigneusement la teneur en oxygène dissous (voir section 2.5).

Note: Avant d'appliquer la poussière ou les copeaux de tabac, il est préférable de faire tremper les sacs dans l'eau pendant la nuit. Cette mesure empêchera la poussière de s'envoler avec le vent pendant l'épandage sur le fond de l'étang.

Précautions à prendre lorsqu'on manipule des produits chimiques dangereux

9. Lorsque vous utilisez des produits chimiques caustiques et toxiques, il faudra faire particulièrement attention à vous-même mais aussi aux autres. Prenez les précautions suivantes:

a) Si possible, choisissez un jour sans vent pour appliquer le produit chimique. Si vous devez le faire par un jour venteux, progressez dans le sens du vent, en évitant que les produits chimiques soient soufflés dans votre direction ou dans celle des autres.

b) Protégez soigneusement la peau et les yeux pour éviter tout contact avec les produits chimiques, en utilisant des vêtements imperméables, des bottes, des lunettes de protection et un chapeau.

c) Evitez de respirer les produits chimiques. Protégez votre bouche et votre nez avec un morceau de tissu.

d) Lavez-vous soigneusement les mains avant de toucher la nourriture.

e) Nettoyez soigneusement tout le matériel et les vêtements une fois que vous avez fini de traiter l'étang.

f) Entreposez tout produit chimique de façon qu'il ne présente aucun danger pour la vie animale ou humaine, en particulier les enfants.

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4.7   Lutte contre les ennemis des poissons en étangs non vidangés

1. Si l'étang ne peut pas être complètement vidangé, par exemple parce qu'il n'est pas vidangeable ou qu'il n'y a pas d'eau disponible pour le remplir pour le prochain cycle de production, il faut se débarrasser des ennemis tels que poissons sauvages, oeufs de grenouilles, têtards et mollusques, après la récolte du poisson, en traitant l'eau restée dans l'étang. Dans les étangs de premier alevinage, il faudra également détruire les insectes voraces et même certains organismes du zooplancton* avant le réempoissonnement.

Lutte contre les ennemis en traitant l'eau

2. Après avoir récolté votre poisson, procédez comme suit pour lutter contre ses ennemis:

a) Abaissez le niveau de l'eau aussi bas que possible, en n'oubliant pas qu'il vous faudra ensuite de l'eau pour remplir l'étang.

b) Estimez le volume (en m3) d'eau présente dans l'étang, en multipliant la superficie (en m2) par la profondeur moyenne (en m) (voir manuel 4, L'eau, section 2.0).

c) Traitez l'eau avec l'un des produits proposés au tableau 10, en vous assurant qu'il se mélange complètement à l'eau de l'étang. Il devrait tuer tous les poissons, oeufs de grenouilles, têtards, mollusques et la plupart des insectes.

d) Après 10 à 12 heures, récoltez les poissons morts avec un filet.

e) Attendez 10 à 15 jours pour que le poison organique se dégrade et disparaisse.

f) Mettez quelques poissons dans l'étang, en les maintenant de préférence dans un filet immergé ou une petite cage de façon à pouvoir les observer de très près.

g) Si ces poissons servant de test survivent bien et ne présentent aucune réaction anormale, votre étang est prêt à être empoissonné.

Note: Outre les filets, on a recours à une autre méthode similaire pour récolter le poisson en étangs non vidangeables (voir manuel 21, La gestion, section 11.1).


Lutte contre les ennemis en étangs non vidangés
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TABLEAU 10
Contrôle des ennemis des poissons en étangs non vidangés

  1 Avantage supplémentaire: chaulage de l'eau (voir section 5.1).
2 Equivalant à 1 g/m3 de roténone pure.
3 Rend l'eau de l'étang acide; mieux s'il est suivi d'un traitement à la chaux vive (15 g/m3) pour améliorer la qualité de l'eau (voir section 5.1).
4 Avantage supplémentaire: fertilisation organique.

3. Certains des produits énumérés au tableau 10 nécessitent d'être traités avant d'être utilisés dans l'étang:

a) Racines de Derris: choisissez des racines fraîches et petites. Coupez-les en petits morceaux. Vous devez les faire tremper pendant la nuit, puis les attendrir, les écraser et les presser pour en extraire la roténone; diluez et mélangez à l'eau de l'étang.

b) Tourteau de graines de thé: séchez et broyez finement les graines. Laissez-les tremper dans de l'eau tiède pendant 24 heures. Diluez et mélangez à l'eau de l'étang.

c) Roténone ou saponine: mélangez à de l'eau la quantité totale nécessaire. Traitez l'étang tout en maintenant cette solution bien mélangée.

Lutte contre les insectes et les organismes du zooplancton nuisibles dans les étangs d'alevinage

4. Plusieurs insectes aquatiques, comme les larves et adultes de dytiques, les nymphes de libellule et les nèpes adultes, peuvent attaquer et détruire de nombreux petits alevins dans vos étangs de premier alevinage. La plupart de ces insectes aquatiques absorbent également la nourriture nécessaire à la croissance de vos petits poissons. Certaines des plus grosses espèces de zooplancton peuvent aussi nuire aux très jeunes alevins. Vous devez les protéger de ces ennemis:

  • en nettoyant les fossés herbeux aux alentours de la ferme piscicole; 
  • en remplissant d'eau votre étang d'alevinage pas plus de deux semaines avant le réempoissonnement, s'il a été complètement vidangé; 
  • en traitant l'eau de l'étang d'alevinage pour éliminer les insectes nuisibles et parfois des organismes du zooplancton, comme indiqué aux points 5 et 6 ci-après.
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5. Pour éliminer les insectes aquatiques qui viennent à la surface de l'eau pour respirer de l'air, tels que les très nuisibles Notonecta, Nepa, Ranatra et les espèces de dytiques, procédez comme suit:

a) Eliminez toute la végétation de l'étang. Coupez l'herbe court sur les pentes internes des digues.

b) Trois ou quatre jours avant l'empoissonnement, passez lentement un filet à mailles fines dans l'eau pour capturer autant d'insectes que possible et éliminez- les.

c) De préférence par un jour calme et sec, mais 12 à 24 heures avant l'empoissonnement, étalez une fine couche d'une substance huileuse sur la surface de l'eau (voir tableau 11).

d) Maintenez cette couche intacte pendant au moins deux heures. Si nécessaire, répandez davantage de substance huileuse, de façon que la couche reste ininterrompue sur toute la surface de l'étang.

Note: Plus il y a de vent, plus vous aurez besoin de substance huileuse et moins le traitement sera efficace.


TABLEAU  11
Lutte contre les insectes aquatiques nuisibles respirant en surface

6. Pour éliminer tous les insectes aquatiques ainsi que les gros organismes du zooplancton, il vous faudra acheter des produits chimiques agricoles spéciaux. La plupart sont des phosphates organiques, des insecticides commerciaux tels que Baytex, Dipterex, Dylox, Flibol, Fumadol, Masoten et Sumithion. Ce dernier est particulièrement utile car il est toxique pour les insectes, les copépodes et les cladocères mais pas pour les petits organismes du zooplancton comme les rotifères (voir section 10.1), aliment naturel des très jeunes poissons. Procédez comme suit:

a) Calculez le volume (en m3) de l'eau présente dans l'étang d'alevinage. Celui-ci devra être de préférence à moitié plein seulement.

b) Mesurez la quantité totale d'insecticide nécessaire pour traiter le volume d'eau. Selon le type de produit chimique que vous utilisez, la quantité peut varier de 0,25 à 3 g/m3. Vérifiez soigneusement les calculs concernant le volume d'eau.

c) Dissolvez cette quantité d'insecticide dans 10 à 20 l d'eau.

d) Appliquez cette solution uniformément sur l'étang, soit directement à partir des berges si l'étang est assez petit, soit à partir d'une embarcation si l'étang est plus grand.

e) Attendez quatre ou cinq jours avant d'empoissonner l'étang avec de jeunes alevins. Cela permettra aux organismes du zooplancton de petite taille de bien se développer de nouveau.

4.8   Lutte contre les ennemis des poissons en étangs empoissonnés

1 . Une fois que le poisson a été introduit dans les étangs, il doit être protégé autant que possible contre les prédateurs tels que poissons carnivores, grenouilles, tortues, serpents, oiseaux et mammifères. Le vol de poisson par des personnes peut également exiger des mesures préventives.

Lutte contre les poissons sauvages

2. Une fois qu'un étang a été traité en vue d'éliminer tous les poissons indésirables (voir sections 4.6 et 4.7), il doit être protégé afin de ne pas être réinfecté par l'eau d'alimentation, grâce à l'utilisation d'un des dispositifs de filtration décrits précédemment (voir section 2.9).

3. Ces dispositifs de filtration sont particulièrement importants pour les étangs de premier alevinage et de reproduction.

Piéger les tortues aquatiques

4. Construisez un piège à tortues simple de la façon suivante:

a) Assemblez quatre planches pour faire un cadre en bois carré. Ajoutez quatre pieds. Le cadre doit être assez haut pour pouvoir dépasser de 30 cm au moins le niveau de l'eau dans la partie peu profonde de l'étang.

b) Ajoutez un fond en treillis ou en grillage.

c) Fixez soigneusement le piège dans l'eau peu profonde.

d) Installez à l'extérieur de ce cadre une planche inclinée qui relie le fond de l'étang au haut du cadre. Elle servira de rampe aux tortues.

e) A l'extrémité supérieure de la planche inclinée, fixez une autre planche qui bascule vers l'intérieur du cadre sous l'effet d'un poids. Si vous utilisez des charnières à ressort, la planche basculante reviendra en position normale une fois que la tortue sera tombée dans le piège.

f) Tout autour du bord supérieur du cadre, plantez une rangée de clous assez rapprochés et courbez-les légèrement vers le bas.

5. Appâtez le piège en son centre avec du poisson ou de la viande. Toutes les tortues qui grimperont sur la planche inclinée et qui passeront sur la planche basculante devraient tomber dans le piège.

Piéger les serpents d'eau

6. Un piège cylindrique simple, de 25 cm de diamètre et de 70 cm de longueur peut être fabriqué avec du treillis métallique fin. Les ouvertures à chaque extrémité sont obturées par des entonnoirs, dont l'un peut être facilement retiré.

7. Installez plusieurs pièges près de l'endroit où les jeunes poissons viennent s'alimenter. La moitié des pièges devra être fixée en dessous de la surface de l'eau. Appâtez les pièges avec des poissons ou des grenouilles mortes et vérifiez-les chaque jour.

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Lutte contre les grenouilles

8. Les grenouilles sont également nuisibles dans les étangs de reproduction et de premier alevinage, où certaines espèces comme Xenopus se nourrissent activement de petits poissons; les têtards font concurrence aux poissons pour la nourriture.

9. La lutte contre les grenouilles n'est pas facile et il est rare qu'elle soit totalement réussie. Pour réduire le plus possible la population, essayez régulièrement ce qui suit:

a) Attrapez les têtards, soit avec une épuisette, soit avec un carrelet. Utilisez le carrelet au-dessus d'une mangeoire où les têtards se regroupent, ou appâtez le filet avec de la nourriture pour les attirer. Un carrelet peut être fixé à un pieu mobile, et ce dispositif peut être déplacé à l'intérieur d'un étang ou d'un étang à l'autre.

b) Piégez les grenouilles adultes, notamment Xenopus, avec un piège en grillage appâté et placé le long des berges de l'étang. Ce piège est semblable au piège à serpents décrit ci dessus.

c) Clôturez les étangs qui ont besoin d'une protection particulière à l'aide d'un matériau sur lequel les grenouilles ne peuvent pas grimper, comme du plastique ou de la tôle ondulée. Cette protection devrait avoir au moins 50 cm de hauteur.

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Protection des étangs contre les oiseaux

10. Plusieurs sortes d'oiseaux sont très friands de poisson, par exemple les martins- pêcheurs, les hérons, les aigles-pêcheurs, les pélicans et les cormorans. Dans les étangs peu profonds et aux endroits où le poisson est concentré, les dommages et les pertes causés peuvent être considérables.

11. ll y a plusieurs moyens de protéger les zones particulièrement vulnérables de l'installation piscicole, comme les étangs à géniteurs, les étangs d'alevinage, de reproduction et de stockage. Les moyens couramment utilisés sont:

  • des dispositifs destinés à faire peur aux oiseaux, installés à proximité ou à l'intérieur de l'étang, par exemple épouvantail, assemblage de morceaux de bambou, assemblage de boîtes vides, morceaux de miroir attachés à une ficelle ou drapeaux; 
  • des fils de fer fins ou des ficelles tendus en travers de l'étang, perpendiculairement aux vents dominants, pour empêcher les oiseaux de se poser sur l'étang, de voler au ras de l'eau ou d'y plonger. Sur les petits étangs, les fils de fer ou les ficelles devront être séparés de 50 à 70 cm, et sur les étangs plus grands, de 8 à 15 m; attachez des bandes colorées sur les fils de fer; 
  • clôturer les parties les moins profondes de l'étang ou tendre des fils de fer fins situés à environ 50 cm au-dessus du niveau de l'eau et à 50 cm des bords de l'étang pour empêcher les oiseaux de patauger dans l'eau; 
  • recouvrir les étangs avec des filets.

12. L'un des meilleurs moyens de dissuasion reste l'activité humaine près des étangs. Si vous habitez dans votre ferme piscicole, vous aurez beaucoup moins de problèmes que si vos étangs sont complètement isolés.

Lutte contre les mammifères nuisibles

13. Les mammifères aquatiques peuvent être nuisibles de deux manières:

  • certains, comme la loutre, sont des prédateurs actifs; 
  • d'autres, comme le rat musqué, peuvent endommager sérieusement les étangs en creusant de longs terriers au-dessus du niveau de l'eau.

14. Hormis la pose de clôtures, qui peut être coûteuse, on obtient de très bons résultats:

  • en les attrapant, à l'aide de pièges spécialement conçus;
  • en les empoisonnant, à l'aide d'appâts empoisonnés.

15. Il faut prendre des mesures dès que vous avez découvert qu'un animal est devenu actif sur la ferme proprement dite ou dans les environs.

Lutte contre le braconnage

16. Les vols de poissons par des personnes sont malheureusement assez fréquents dans les fermes piscicoles, surtout si les étangs sont isolés et éloignés de la maison d'habitation.

17. Comme vous l'avez vu à la section 4.5, une clôture de sécurité est coûteuse. Son utilisation doit être limitée à la protection des stocks de poissons de grande valeur, comme les stocks de géniteurs et de poissons comestibles prêts pour la commercialisation.

18. Pour protéger un étang d'engraissement contre le braconnage avec des filets comme des seines ou des éperviers (voir manuel 21, La gestion, sections 8.2 et 8.3), vous pouvez utiliser l'une des méthodes simples suivantes:

a) Jetez des tiges de bambou dépouillées de leurs feuilles mais ayant beaucoup de branches latérales dans l'étang, en particulier le long de ses berges.

b) Prenez un arbuste et élaguez toutes ses branches en laissant des moignons de 10 à 15 cm près du tronc. Coupez l'extrémité à l'endroit où le tronc a environ 15 cm d'épaisseur. Taillez cette extrémité en pointe et enfoncez l'arbuste tête en bas à environ 50 cm de profondeur dans le fond de l'étang. Répétez la même opération avec plusieurs arbustes; placez-en quelques-uns à 1,5 m ou 2 m des berges et les autres sur le reste de la superficie de l'étang.

c) Fabriquez des crochets d'environ 60 cm de longueur avec des tiges de fer et placez-les dans de vieux récipients métalliques remplis de béton. Mettez ces dispositifs à divers endroits de l'étang.

d) Installez une série de piquets en bois dans le fond de l'étang. Reliez-les entre eux avec du fil de fer barbelé ou entourez simplement le sommet de chaque piquet de plusieurs couches de fil.

19. Il est habituellement difficile de voler le poisson en vidangeant un étang, à moins qu'il ne soit pas surveillé pendant de longues périodes. Evitez ce risque et évitez aussi les pertes d'eau causées par les personnes qui toucheront aux dispositifs de vidange sans y être autorisées. Rendez les accès à ceux-ci et aux tuyauteries difficiles, en enlevant les poignées des valves et, le cas échéant, en installant des cadenas sur les planchettes des moines et des digues percées.

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4.9   Contrôle de la végétation aquatique dans les étangs

Introduction

1 . La végétation aquatique peut se présenter sous diverses formes, que l'on qualifie habituellement de plantes flottantes, submergées ou émergées. La présence d'un peu de végétation aquatique peut ne pas être nuisible mais si elle prend trop d'importance, elle peut entraver la bonne gestion de l'étang d'élevage. Il devient alors nécessaire de contrôler cette végétation pour plusieurs raisons:

a) La végétation absorbe trop de nutriments de l'eau ou de la vase du fond de l'étang.

b) Elle réduit la pénétration de la lumière solaire dans l'eau, et donc la photosynthèse (voir section 2.0).

c) Elle offre un refuge aux ennemis et compétiteurs des poissons.

d) Elle rend le fond de l'étang trop riche en fibres cellulosiques, ce qui ralentit le processus de décomposition de la vase.

e) Elle peut gêner considérablement la récolte des poissons.

2. La végétation doit être contrôlée régulièrement dans le cadre de la gestion habituelle des étangs. Il est moins coûteux de se débarrasser de la végétation tant qu'elle n'est pas trop abondante. La production d'aliments naturels et les conditions d'hygiène n'en seront que meilleures.

Rappel: Une frange de végétation émergée peut être utile pour protéger les digues exposées au vent (voir section 4.3).

3. Il y a trois façons de lutter contre la végétation aquatique:

  • méthodes biologiques, à l'aide d'animaux spécifiques;
  • méthodes mécaniques, à la main ou mécaniquement;
  • méthodes chimiques, en appliquant des produits chimiques spécifiques.

4. Vous devez, dans la mesure du possible, choisir des méthodes biologiques ou mécaniques. ll ne faut avoir recours aux méthodes chimiques que dans les cas où les autres méthodes ne peuvent pas être utilisées, par exemple à cause du coût élevé de la main-d'oeuvre ou de la taille importante de l'exploitation piscicole.


Contrôle de la végétation aquatique par des moyens biologiques

5. On peut utiliser efficacement certains poissons herbivores pour lutter contre un grand nombre de plantes, par exemple:

  • la carpe herbivore (Ctenopharyngodon idella): utilisez des poissons de 100 à 200 g pour une densité moyenne d'empoissonnement de 1,5 à 2 kg/1 00 m2 de surface d'eau. 
  • Puntius gonionotus: utilisé habituellement comme grands alevins de 10 à 20 g de poids moyen à la densité de 2 à 5 kg/1 00 m2
  • Tilapia rendalli et Tilapia zillii utilisés comme grands alevins de 10 à 20 g de poids moyen à la densité de 2 à 5 kg/1 00 m2, ou comme poissons plus gros (au moins 50 g) à la densité de 1 à 2 kg /100 m2.

6. A condition de ne pas être trop dures, la plupart des plantes flottantes, submergées et même émergées, sont mangées par ce type de poisson. Plus le poisson est gros, plus les plantes dont il peut se nourrir habituellement seront hautes et dures.

7. Certains poissons, comme la carpe commune, peuvent contrôler indirectement la croissance de la végétation en creusant la vase du fond de l'étang pour trouver leur nourriture, augmentant ainsi la turbidité de l'eau. On a observé qu'un minimum de 10 poissons de 250 g ou plus  est nécessaire pour 100 m2 de surface d'eau. On peut obtenir des résultats analogues en fertilisant l'eau, ce qui augmentera la turbidité due au plancton (voir section 6.0).

8. Les canards peuvent également contribuer à réduire la végétation submergée dans les parties peu profondes de l'étang lorsqu'ils cherchent des aliments (voir section 7.3). Ils se nourrissent également de certaines plantes flottantes, telles que la lentille d'eau, Lemna sp.

Certaines espèces de poissons et les canards
peuvent contribuer à réduire la végétation

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Contrôle de la végétation aquatique par des moyens mécaniques

9. L'enlèvement à la main de la végétation aquatique est probablement la méthode la plus couramment utilisée. Elle peut être très efficace dans les petits étangs, notamment si elle a lieu dans des étangs vidangés juste avant le remplissage.

10. Il est préférable d'arracher entièrement les plantes enracinées. Avec certaines espèces robustes émergées, comme le roseau et le papyrus, cela n'est pas toujours possible.

11. Si les racines des plantes sont trop difficiles à arracher, coupez-les aussi près que possible du sol, lorsque l'étang est à sec ou après que le niveau de l'eau a été abaissé. Ensuite, il faut remplir de nouveau l'étang aussitôt que possible.

12. Dans les petits étangs, les algues filamenteuses et les plantes flottantes sans racines, comme la lentille d'eau, peuvent être enlevées à l'aide d'une épuisette attachée à l'extrémité d'une longue perche. On peut enlever la végétation à racines superficielles avec un râteau ou un crochet fixé à une corde solide.

13. Il faut toujours éliminer de l'étang la végétation détachée, afin d'empêcher toute nouvelle pousse et d'éviter l'accumulation de débris organiques en décomposition qui pourraient causer une carence d'oxygène dissous (voir section 2.5). Ces matériaux végétaux peuvent être utilement recyclés en engrais organique par compostage (voir section 6.4). Lorsque ces matériaux sont assez secs, il est parfois préférable de les empiler sur le fond de l'étang vidangé et de les brûler. On pourra ensuite répandre les cendres sur le fond de l'étang.

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Contrôle de la végétation aquatique par des moyens chimiques

14. Il existe dans le commerce plusieurs produits chimiques qui permettent de lutter contre les algues (algicides) ou les plantes aquatiques (herbicides), notamment les espèces émergées et flottantes. La lutte contre les espèces submergées est beaucoup plus complexe, surtout dans les étangs sous eau et empoissonnés.

15. Pour lutter contre les algues et leur prolifération, le mieux est d'utiliser du sulfate de cuivre (CuSO4) , algicide puissant et à bon marché, qui peut être utilisé sans danger dans les étangs empoissonnés dont l'alcalinité totale de l'eau est suffisamment élevée. Pour obtenir de très bons résultats, n'oubliez pas les points suivants:

a) Déterminez l'alcalinité totale de l'eau (voir section 5.0). Si elle est supérieure à 50 mg de CaCO3/l, vous pouvez traiter l'étang en présence du poisson. Sinon, il vous faut d'abord récolter le poisson.

b) Déterminez le type d'algue à éliminer:  

  • pour les espèces monocellulaires microscopiques ou les espèces plus importantes vivant en colonies, utilisez une dose moyenne de 0,1 à 0,3 g de sulfate de cuivre par mètre cube d'eau;
  • pour les espèces filamenteuses ou multicellulaires, telles que Spirogyra, Anabaena, Oscillaria, Chara ou Nitella, vous aurez besoin de doses plus élevées de sulfate de cuivre. Procédez conformément au tableau ci après.

Rappel: 1 micromètre (micron) = l µm = 0,001 mm ou un millième de millimètre.

Exemples d'algues monocellulaires

Note: Barres verticales = 10 µm.

 

Exemples d'algues vivant en colonies

Note: Barres verticales = 10 µm


Contrôle des algues filamenteuses avec du sulfate de cuivre
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c) Si l'étang est empoissonné, il vaut mieux traiter seulement un tiers ou la moitié de la surface de l'étang à la fois, en particulier si l'alcalinité totale de l'eau est faible ou si vous utilisez des concentrations supérieures à 1 g/m3.

d) Il est très important de déterminer soigneusement le volume d'eau à traiter (voir manuel 4, L'eau).

e) Si possible, choisissez un jour sans pluie et sans vent.

f) Il sera peut-être nécessaire de répéter le traitement après quelques semaines.

g) Après le traitement et l'élimination des algues, observez de près tout signe de carence d'oxygène dissous et prenez les mesures qui s'imposent (voir section 2.5).

h) Le sulfate de cuivre est un poison. Manipulez-le avec prudence et rangez-le en lieu sûr.

16. Si possible, testez la dose de sulfate de cuivre que vous prévoyez d'utiliser sur quelques-uns de vos poissons que vous aurez placés dans deux ou trois récipients en plastique ou en verre remplis d'eau de l'étang, avant de traiter l'étang empoissonné. Observez le comportement des poissons pendant 24 à 36 heures (voir également section 15.3).

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17. Le sulfate de cuivre se présente sous deux formes, en poudre et en cristaux. Pour traiter l'étang, utilisez l'une des méthodes suivantes:

a) Pour la poudre, répartissez uniformément la quantité nécessaire sur toute la surface de l'étang à traiter.

b) Sinon, pour la poudre ou les cristaux fins, dissolvez entièrement la quantité nécessaire dans 10 à 20 l d'eau tiède et appliquez cette solution concentrée de façon régulière sur la superficie d'eau à traiter. Vérifiez que la solution reste bien mélangée. Veuillez à ce qu'elle se mélange bien à l'eau de l'étang.

c) Pour les cristaux, placez la quantité nécessaire dans un ou plusieurs petits sacs faits d'un matériau à mailles, comme du filet de pêche. Fixez ces sacs à un support flottant. Répartissez le produit chimique dans l'étang aussi uniformément que possible en faisant glisser d'avant en arrière le support sur la surface à traiter. Vous pouvez utiliser:  

  • dans un petit étang, une chambre à air;
  • dans un étang de taille moyenne, deux chambres à air reliées par un morceau de bois;
  • dans un grand étang, une embarcation sur les flancs de laquelle sont attachés les sacs.

18. L'utilisation d'herbicides pour éliminer les plantes aquatiques supérieures est beaucoup plus délicate. Le succès de l'opération dépend du choix du produit chimique le mieux adapté, compte tenu surtout du type de végétation, du moment de l'année, des espèces de poisson présentes, de la méthode de traitement utilisée et du soin avec laquelle elle est appliquée. Dans les exploitations piscicoles, tout traitement avec des herbicides doit être effectué uniquement par du personnel compétent et qualifié.