6. LA FERTILISATION DES ÉTANGS PISCICOLES


Utilisation d'engrais pour augmenter la production de nourriture naturelle destinée aux poissons

6.0   Introduction

1. Les engrais sont des substances naturelles ou synthétiques qui sont utilisées dans les étangs pour augmenter la production d'organismes alimentaires naturels qui seront consommés par les poissons. Ces organismes sont notamment le phytoplancton, le zooplancton et les insectes (voir manuel chapitre 10). Ils font tous partie d'une chaîne alimentaire* complexe qui converge vers la production de poisson. En augmentant la disponibilité des éléments nutritifs principaux, les engrais favorisent le développement d'algues planctoniques, qui fournissent de la nourriture à de nombreux poissons. La fertilisation favorise également la production d'espèces animales qui se nourrissent d'algues, notamment certains poissons comme la carpe argentée chinoise et le tilapia du Nil.

2. Quand on ajoute de l'engrais dans un étang piscicole, les produits chimiques qu'il contient se dissolvent dans l'eau, où:

3. Cette seconde partie peut également aider au développement de bactéries, responsables de la décomposition des matières organiques. La décomposition des matières organiques peut à son tour libérer d'autres éléments nutritifs dans la vase ou l'eau. Les produits chimiques attachés aux particules de sol peuvent également être ultérieurement libérés de nouveau dans l'eau lentement, sur une longue période de temps. Ils peuvent aussi s'enfoncer plus profondément dans la vase et le sol; ils n'auront alors plus d'incidence sur la masse d'eau, à moins que le fond de l'étang ne soit mis à sec ou labouré (voir section 2.5).

4. La plupart de ces phénomènes sont liés à la qualité de l'eau et contrôlés par celle-ci, en particulier la température, le pH, l'alcalinité et la teneur en oxygène dissous.

Action des produits chimiques contenus dans les engrais lorsqu'ils sont dissous dans l'eau

Différents types d'engrais

5. Les engrais utilisés dans les étangs sont classés en deux groupes distincts:

6. Ces deux types d'engrais présentent des avantages et des inconvénients, qui sont énumérés au tableau 13. Choisissez le type de fertilisation qui correspond le mieux à vos besoins. Le choix peut dépendre non seulement des produits disponibles sur place mais aussi de la taille de l'exploitation.

a) Les fermes piscicoles de petite taille utilisent en général des engrais organiques, étant donné qu'ils sont à bon marché et disponibles sur place.

b) Les fermes piscicoles de grande taille ont souvent recours aux engrais inorganiques car ils sont plus faciles à stocker et à distribuer.

7. On obtient souvent les meilleurs résultats en combinant l'utilisation des deux types d'engrais.

TABLEAU 13
Comparaison entre engrais organiques et engrais inorganiques

Comment utiliser au mieux les engrais

8. Lorsque vous utilisez des engrais pour augmenter la production piscicole de votre étang, vous devez vous efforcer d'établir et de maintenir une population dense d'algues planctoniques (phytoplancton) et de zooplancton, qui devraient donner une belle couleur verte à l'eau. Une population planctonique aussi dense est souvent appelée «fleur d'eau».

9. Pour établir et maintenir une bonne densité de fleur d'eau moyennant un coût minimal, veillez aux points suivants:

a) L'eau de l'étang et le sol du fond doivent être neutres ou légèrement alcalins. Chaulez-les si nécessaire (voir chapitre 5).

b) S'il y a de la vase au fond de l'étang, elle doit être de bonne qualité, pas trop épaisse et principalement constituée de fins détritus car trop de cellulose* ralentit sa décomposition. Contrôlez la végétation émergée et l'épaisseur de la vase, si possible en vidangeant et en asséchant (voir section 2.5).

c) Réduisez la concurrence pour les éléments nutritifs et la lumière solaire en contrôlant la végétation flottante et submergée (voir section 4.9).

d) Ralentissez autant que possible la vitesse de renouvellement de l'eau pour éviter l'évacuation d'eau riche en éléments nutritifs et en plancton.

e) Fertilisez chaque étang selon ses caractéristiques particulières; par exemple, utilisez davantage d'engrais dans les cas suivants:

f) Ajoutez davantage d'engrais selon les besoins en fonction de la densité du plancton (voir section 10.1), en utilisant si possible de petites quantités de façon régulière.

Qualités chimiques d'une eau d'alimentation pauvre
Phosphates
Nitrates
Potassium
Calcium et magnésium
Moins de 0, 1 mg/l
Moins de 2 mg/l
Moins de 0,1 mg/l
Moins de 15 mg/l

10. Si les engrais sont disponibles en quantité limitée, donnez la priorité aux étangs dans lesquels la disponibilité de nourriture naturelle est la plus importante, par exemple les étangs d'alevinage et les étangs de géniteurs.

11. Ne fertilisez pas l'étang si:

Décider de la nécessité d'utiliser des engrais

12. La transparence au disque de Secchi (voir section 2.3) peut être utilisée comme méthode simple permettant d'évaluer la turbidité due au plancton et la nécessité d'une fertilisation supplémentaire dans un étang piscicole. Selon la valeur observée, surveillez et gérez l'étang comme indiqué au tableau ci-après.

13. Si vous n'avez pas de disque de Secchi, vous pouvez utiliser votre bras à la place. Plongez votre bras verticalement dans l'eau. Tant que votre main n'est pas visible lorsque votre coude est au niveau de la surface de l'eau, il n'y a pas besoin de fertilisation.

Note: Evitez de trop fertiliser. Cela est peu rentable et dangereux pour vos poissons.

14. Les sections suivantes vous donneront plus d'informations sur les engrais organiques et les engrais inorganiques et sur la manière de les utiliser au mieux.

 

6.1   Engrais inorganiques pour la pisciculture

Différents types d'engrais inorganiques

1 . Un engrais inorganique agricole peut contenir plusieurs types d'éléments nutritifs:

2. Toutefois, ces engrais ne sont désignés qu'en fonction des éléments nutritifs primaires qu'ils contiennent.

a) Les engrais qui ne contiennent qu'un ou parfois deux éléments nutritifs primaires conservent leur nom chimique, par exemple superphosphate (P) ou phosphate d'ammonium (N + P) (voir tableau 14).

b) Ceux qui comportent deux ou trois éléments nutritifs primaires, appelés engrais mixtes, sont désignés en fonction de leur niveau NPK, c'est-à-dire leur pourcentage en poids des trois éléments nutritifs primaires;

Exemple

100 kg d'un engrais mixte appelé 8-8-2 contiennent 8 kg d'azote, 8 kg équivalent P2 O5 et 2 kg équivalent K2 O, le reste du poids étant composé de matières inactives. De même, un engrais 10-20-0 contient 10 pour cent d'azote, 20 pour cent équivalent P2 O5, et 0 pour cent équivalent K2 O.

Note: Pour déterminer la quantité de phosphore pur P ou de potassium pur K qu'un engrais mixte contient, multipliez les valeurs équivalentes comme suit:

Exemple

Les 100 kg d'engrais mixte 8-8-2 (de l'exemple précédent) contiennent:

3. Les engrais inorganiques le plus couramment utilisés dans la pisciculture sont énumérés au tableau 14. Les concentrations exactes en éléments nutritifs peuvent varier d'un fournisseur à l'autre, selon l'origine de l'engrais. De plus, de nombreux types d'engrais mixtes sont commercialisés en fonction des besoins locaux des cultures. Prenez contact avec votre bureau local de développement agricole pour obtenir des renseignements sur les engrais inorganiques disponibles sur place.

TABLEAU 14
Concentration en éléments nutritifs primaires dans les engrais inorganiques habituels
(en pourcentage, selon le poids)

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Choisir des engrais inorganiques

4. En général, le phosphore est l'élément nutritif primaire le plus souvent absent des eaux naturelles, ce qui gène la bonne croissance des algues planctoniques. C'est pourquoi les engrais phosphatés sont habituellement les engrais inorganiques les plus efficaces pour les étangs piscicoles dans la plupart des régions du monde.

5. Les engrais azotés sont parfois utiles, notamment en climats tempérés et dans des bassins versants où l'agriculture est très peu développée. Ils sont surtout utilisés pour éviter un déséquilibre du rapport P:N dans l'eau, ce qui risque de se produire lorsqu'on n'utilise que des engrais phosphatés. Si le rapport P:N est trop élevé, des cyanobactéries(ex-algues bleu-vert) pourront se développer au lieu des algues vertes plus souhaitables. Dans les tropiques, où la fixation de l'azote par les bactéries et les algues est beaucoup plus active, les engrais azotés sont moins nécessaires. Dans les étangs plus anciens dont le fond est recouvert d'une bonne couche de vase, ils sont habituellement inutiles.

Note: Certains engrais azotés, comme les composés d'ammonium et d'urée, favorisent la formation d'acides. En cas d'utilisation en étang piscicole, il faudra peut-être un chaulage supplémentaire pour maintenir le pH de l'eau et l'alcalinité totale dans des limites adéquates (voir section 5.1).

6. Les engrais potassiques ne sont pas nécessaires en général, sauf dans des endroits spécifiques où il y a une carence de potassium. Cela peut se produire dans des étangs construits dans des zones marécageuses ou des sols tourbeux. Un supplément de potassium pourra également être utile dans des étangs à fond dur, où il y a peu de végétation aquatique.

7. Avant de dépenser trop d'argent pour des engrais inorganiques, vérifiez ce qui suit:

a) La qualité chimique de l'eau d'alimentation: faites effectuer une bonne analyse chimique, afin de déterminer les concentrations en phosphore total, phosphates, azote, nitrates et potassium, ainsi que l'alcalinité totale et le pH.Le cas échéant, faites de nouveaux contrôles au cours de saisons différentes.

b) La nature du sol du fond de l'étang (sableux/léger ou argileux/lourd) et ses caractéristiques chimiques, comme le pH et les concentrations en calcium et en éléments nutritifs primaires, doivent être étudiées.

c) La solubilité dans l'eau de l'engrais est importante (voir tableau 14) , notamment pour les engrais phosphatés. Recherchez:

8. D'autres conseils sont donnés au tableau 15. N'oubliez pas non plus que certaines des substances que vous utilisez pour lutter contre les ennemis des poissons (voir sections 4.6 et 4.7) ont un effet fertilisant. Le cyanamide calcique, par exemple, contient 18 à 22 pour cent d'azote.

TABLEAU 15
Critères d'utilisation des engrais inorganiques

Mélanger les engrais inorganiques avec d'autres substances

9. Pour économiser du temps et de la main-d'oeuvre, les engrais inorganiques sont couramment mélangés à d'autres engrais ou à des substances telles qu'engrais organiques ou amendements calcaires.

10. Toutefois, vous devez éviter certains mélanges dans lesquels les composants réagissent les uns avec les autres, la qualité de l'engrais s'en trouvant détériorée.

11. Pour plus de sûreté, vérifiez le schéma ci-dessous et appliquez les règles suivantes:

a) Ne jamais mélanger ensemble les engrais ci-après et attendre au moins deux semaines entre des épandages distincts:

b) Vous pouvez mélanger ensemble, mais seulement au moment de l'utilisation:

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Stocker les engrais inorganiques

12. Il est préférable d'éviter d'avoir à stocker des engrais inorganiques pendant longtemps. Achetez-les en petites quantités, en fonction de vos besoins, et conservez- les le moins longtemps possible, en particulier les engrais azotés et potassiques.

13. Protégez les engrais de l'humidité et de la pluie en les entreposant sur une plate- forme de bois sous un toit ou en les recouvrant de bâches de plastique, ou en effectuant les deux à la fois.

14. N'achetez pas d'engrais qui présentent des signes d'humidité.

 

Fertiliser vos étangs piscicoles

15. A moins que le cycle de production ne soit très court, les engrais inorganiques sont habituellement utilisés à intervalles réguliers dans les étangs piscicoles:

16. L'utilisation d'engrais inorganiques pendant le cycle de production doit être fondée sur des observations de la qualité de l'eau et du comportement des poissons (voir section 6.0). Le tableau ci-après vous aidera à décider s'il faut ou non fertiliser votre étang.

Fertilisez votre étang avec des engrais inorganiques si vous
observez au moins l'un des phénomènes suivants

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Choisir la quantité d'engrais inorganique

17. Comme vous l'avez déjà appris, le type et la quantité d'engrais inorganique à utiliser peuvent varier considérablement d'un étang à l'autre. Il est donc impossible de recommander le mélange ou le dosage spécifique qui donnerait les meilleurs résultats dans tous les endroits. Toutefois, le tableau 15 résume les points dont il faut tenir compte pour bien s'orienter.

18. Il est préférable de déterminer la quantité d'engrais nécessaire dans chacun de vos étangs en procédant par tâtonnement, comme suit:

a) Lorsque l'étang est rempli d'eau, faites une application initiale d'engrais phosphaté équivalant à 125-175 g P2 O5 /100 m2 ou 12,5 à 17,5 kg/ha.

b) Si vous avez besoin d'azote supplémentaire, appliquez suffisamment d'engrais azoté pour obtenir un rapport de 4 à 8 N pour chaque unité de phosphore, en tenant compte si possible de l'azote déjà présent dans l'étang pour éviter tout gaspillage d'engrais. Plus l'eau est riche et la densité des poissons élevée, plus cette proportion d'azote doit être élevée.

Exemple

Vous souhaitez planifier un programme de fertilisation pour votre étang. Vous vous procurez des superphosphates contenant 20 pour cent équivalent P2 O5, (tableau 14) et vous décidez de les appliquer au taux de 150 g P2 O5/100 m2.

a) Quelle est la quantité de superphosphate dont vous avez besoin pour 100 m2?

b) Quelle est la quantité d'azote dont vous avez besoin pour 100 m2 pour un rapport P:N = 1:6?

c) Quelle est la quantité d'engrais azote dont vous avez besoin pour 100 m2?

S'il y a déjà peu d'azote dans l'étang ou si vous n'êtes pas sûr des concentrations, ajoutez de l'azote en tenant compte des quantités de phosphore et d'azote calculées ci-dessus. Il vous faudra 400 g d'azote. Si, par exemple, vous utilisez du nitrate d'ammonium avec 35 pour cent d'azote (tableau 14), vous devez utiliser (100 g x 400 g) ÷ 35 g = environ 1 140 g/100 m2 d'étang.

Si vous connaissez le niveau d'azote (par exemple parce que vous l'avez mesuré), vous pouvez économiser des engrais. Si, par exemple, l'azote total N = 3 mg/l = 3 g/m3 et l'eau a une profondeur de 1 m:

c) Sept à dix jours après avoir épandu la première dose d'engrais, mesurez la transparence au disque de Secchi avant d'appliquer une nouvelle dose, et diminuez ou augmentez en conséquence les quantités utilisées préalablement.

d) Répétez cette opération à intervalles réguliers de 7 à 15 jours, de façon à maintenir la transparence au disque de Secchi entre 40 et 60 cm pendant tout le cycle de production.

e) Vérifiez constamment la qualité de l'eau et le comportement des poissons, afin de modifier éventuellement votre programme de fertilisation (voir les critères du tableau du paragraphe 16).

Note: Si de l'engrais potassique est nécessaire, utilisez 0,35 à 0,80 kg équivalent K2 O/100 m2, compte tenu des conditions locales (voir tableau 15).

Distribuer des engrais inorganiques

19. Pour distribuer des engrais inorganiques, tenez compte des recommandations suivantes:

a) Distribuez-les régulièrement, à intervalles très courts de préférence de 7 à 15 jours, en particulier si le fond de l'étang est sableux et s'il n'est recouvert que d'une mince couche de vase.

b) Pour chaque traitement, utilisez de faibles doses d'engrais.

c) Avant le traitement et ensuite pendant quelques jours, réduisez autant que possible l'alimentation d'eau.

d) Pour obtenir de bons résultats, ne jetez jamais d'engrais solides directement dans l'eau de l'étang. Cela est particulièrement important pour les engrais phosphatés, car la vase ou le sol du fond de l'étang peuvent très vite transformer le phosphore soluble en composants insolubles, qui sont alors d'une utilité limitée pour l'eau de l'étang.

20. Il y a deux méthodes principales de fertilisation des étangs:

21. Vous pouvez utiliser les engrais inorganiques secs directement et les laisser se dissoudre lentement. Les courants d'eau contribuent à disperser les substances chimiques dissoutes sur l'ensemble de la superficie de l'étang. Dans les petits étangs, utilisez au moins un point d'épandage pour 1 000 m2 de superficie d'eau. Dans les étangs plus grands, utilisez deux à trois points par hectare.

22. Un certain nombre de méthodes permettant de répartir les engrais inorganiques secs sont présentées ci-après.

a) Suspendez à un piquet un petit sac en coton ou en toile de jute, à environ 30 cm sous l'eau. Placez dans ce sac la dose de 7 à 15 jours d'engrais correspondant à la superficie d'eau concernée. A la fin de cette période, retirez les matières insolubles du sac et ajoutez une nouvelle dose d'engrais. Vous pouvez également utiliser une boîte perforée ou un filet à mailles fines.

b) Placez un récipient perforé flottant, tel qu'un panier tressé ou une boîte en plastique perforée de trous, à l'intérieur d'une chambre à air de voiture. Utilisez ce récipient selon les instructions données au paragraphe a) ci-dessus.

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c) Immergez une plate-forme de bois à 30 cm sous l'eau et fixez-la à 30 cm au moins au-dessus du fond de l'étang. Les doses d'engrais sont placées sur la plate- forme, soit directement s'il n'y a pas de risque qu'elles soient emportées, soit dans des sacs d'engrais ouverts lorsque les courants d'eau sont trop forts.

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23. Pour obtenir de meilleurs résultats, vous pouvez utiliser des engrais inorganiques dissous de deux manières:

a) Pour une fertilisation périodique de l'étang, dissolvez soigneusement la dose d'engrais nécessaire dans un grand récipient comme un fût métallique propre de 200 l rempli d'eau de l'étang A l'aide de seaux, répartissez cette solution uniformément sur toute la surface de l'étang en procédant à partir des berges ou, le cas échéant, d'une embarcation.

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b) Pour une fertilisation continue de l'étang, construisez une ou plusieurs plate- formes de bois émergées dans l'étang. Sur ces plate-formes, installez à titre permanent un grand récipient comme un fût métallique de 200 l, muni d'une petite valve d'évacuation située à 10 cm environ au-dessus de sa base. Il vous faudra environ cinq récipients de ce type par hectare. Remplissez chaque récipient avec 100 à 150 l d'eau et dissolvez-y la dose d'engrais appropriée. Ouvrez la valve juste assez pour que la solution s'écoule régulièrement au cours d'une période de plusieurs jours.

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6.2   Engrais organiques: les fumiers animaux

1 . Dans de nombreux cas, notamment sur les petites exploitations, les engrais organiques sont le moyen le plus efficace pour augmenter la présence de nourriture naturelle dans les étangs, afin d'améliorer la production piscicole.

Différentes sortes d'engrais organiques

2. Plusieurs sortes de matières organiques, la plupart du temps des déchets, peuvent être utilisées comme engrais organiques. Les plus courantes sont les suivantes:

3. Les paragraphes qui suivent vous donneront des renseignements sur les fumiers animaux. Dans les sections 6.3 et 6.4, vous en apprendrez davantage sur les autres sortes d'engrais organiques.

Fumiers animaux en tant qu'engrais organiques

4. En tant qu'engrais pour les étangs, les fumiers animaux offrent tellement d'avantages qu'ils devraient être utilisés chaque fois que possible.

5. En tant qu'aliment direct, ils peuvent remplacer en partie les aliments de complément (voir section 10.3). Par exemple, les jours de fumure, on pourra supprimer l'alimentation supplémentaire. Certains poissons, comme le tilapia du Nil, pourraient même être produits en quantités importantes sans alimentation supplémentaire.

6. Ils constituent une source supplémentaire de gaz carbonique (CO2) , qui est très important pour l'utilisation efficace des éléments nutritifs présents dans l'eau. C'est ce qui se produit en particulier lorsqu'ils sont utilisés avec des engrais inorganiques.

7. Ils augmentent l'abondance de bactéries dans l'eau, qui accélèrent la décomposition des matières organiques (voir section 2.0), et servent également de nourriture pour le zooplancton, qui à son tour augmente aussi en abondance.

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8. Ils ont des effets bénéfiques non seulement sur la structure du sol du fond de l'étang mais aussi sur la faune benthique comme les larves de chironomides.

9. Toutefois, les fumiers animaux présentent certains inconvénients, la plupart du temps liés à leur faible teneur en éléments nutritifs primaires, à leurs effets négatifs sur la teneur en oxygène dissous et à la réticence de certains pisciculteurs à utiliser des déchets animaux directement dans les étangs piscicoles.

Composition des fumiers animaux

10. La composition chimique du fumier organique varie considérablement selon l'animal duquel il provient - à savoir l'espèce, l'âge, le sexe, son type d'alimentation - et selon la manière dont le fumier est traité, c'est-à-dire sa fraîcheur relative, les conditions de stockage et le taux de dilution avec de l'eau. Dans certains cas, on peut obtenir des déchets composés d'excréments et d'urine, alors que dans d'autres on ne peut recueillir que des déchets solides.

Note: Il est préférable d'utiliser le fumier provenant des bovins et des porcs lorsqu'il est frais. On peut stocker le fumier provenant des poulets et des canards.

11. Dans le monde entier, la plupart des fumiers animaux proviennent d'un nombre limité d'espèces, comme les buffles, le gros bétail (boeufs, vaches laitières ou boeufs d'engraissement), les chevaux ou les ânes, les moutons, les chèvres, les porcs, les lapins et la volaille (poulets, canards, oies). Des exemples de la composition en éléments nutritifs NPK du fumier solide, sur la base du poids sec, sont présentés au tableau 16.

12. Les fientes de poule sont très riches en éléments nutritifs. Les déjections de porc sont habituellement plus riches que celles de mouton ou de chèvre. La bouse de vache et le crottin de cheval sont plus pauvres en éléments nutritifs, en particulier lorsque les animaux se nourrissent uniquement d'herbe. Leur contenu en fibres est relativement élevé. L'excrément de buffle est le fumier le plus pauvre de tous.

TABLEAU 16
Exemples de la composition NPK de fumiers animaux (pourcentage du poids sec après séchage au four)
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Quelle quantité de fumier les animaux produisent-ils?

13. La quantité totale de fumier produit chaque jour par divers animaux dépend surtout de leur poids vif, comme le montre le tableau 17. Les porcs, par exemple, produisent chaque jour en moyenne un dixième environ de leur poids vif en déchets totaux frais, qui comportent des déchets solides et de l'urine. Un peu moins de la moitié est constituée de fumier solide.

14. Selon les conditions dans lesquelles le fumier est collecté, il sera peut-être mélangé à d'autres sortes de matières organiques telles que:

15. En pareils cas, la quantité d'engrais organique recueilli chaque jour risque d'être plus élevée. Sa qualité varie également en fonction des matières qui y sont mélangées.

Poids moyen annuel de fumier animal total produit
par divers animaux de ferme (par 100 kg de poids vif*)

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* Sur la base d'un fumier exempt de litière et provenant d'animaux captifs.
Note: Voir également tableau 17.

TABLEAU 17
Production journalière estimée de déchets provenant d'animaux de ferme

Choisir le meilleur fumier animal pour votre étang piscicole

16. S'il existe plusieurs sortes de fumiers, il vous faut choisir le meilleur pour fertiliser votre étang, en tenant compte des critères suivants:

a) Le fumier doit pouvoir se dissoudre et se disperser facilement dans l'eau. Il faut préférer les fumiers liquides ou les déchets solides de volaille, car la bouse de vache ou le crottin de cheval contiennent habituellement beaucoup de cellulose insoluble, en particulier s'ils sont mélangés à de la litière.

b) Il doit se présenter sous forme de petites particules et non de gros morceaux.

c) Utilisez-le aussi frais que possible. De grandes quantités d'azote et de carbone se perdent pendant l'entreposage, notamment si le fumier est laissé à l'air libre ou sous la pluie.

d) Assurez-vous qu'il a une teneur élevée en éléments nutritifs, comme cela est examiné plus haut(voir également le tableau 16).

e) Le fumier doit être facile à collecter. Les animaux sous abris ou en enclos produisent un fumier plus concentré que ceux qui sont en liberté. On peut concevoir les abris d'animaux de façon à améliorer la collecte et la distribution du fumier vers les étangs (voir chapitre 7).

Note: Dans des étangs nouveaux au sol sableux, on peut préférer la bouse de vache à haute teneur en fibres pour favoriser la formation de vase au fond de l'étang.

Quand fertiliser votre étang avec du fumier animal

17. On fertilise habituellement les étangs avec du fumier animal au moins 10 à 15 jours avant de les réempoissonner. Dans les étangs vidés, le fumier est épandu sur le fond de l'étang juste avant le remplissage (voir paragraphes 30 à 33). Dans les étangs non vidangés, l'engrais est mélangé à l'eau (voir paragraphes 36 à 38).

18. Après la première application, l'étang doit être fertilisé à intervalles réguliers pendant toute la durée du cycle de production. Pour obtenir de meilleurs résultats, fertilisez fréquemment votre étang avec du fumier, à intervalles courts, de préférence au moins une fois par semaine. Le mieux est une application quotidienne.

De récentes recherches ont montré que les meilleurs résultats en matière de fertilisation sont obtenus dans les étangs où un flux constant de carbone organique est maintenu à travers l'ensemble de la chaîne alimentaire (voir section 10.1). Des populations denses d'algues planctoniques, de bactéries et de zooplancton peuvent alors s'établir et être relativement stables, empêchant ainsi des pics soudains d'abondance de l'un ou l'autre groupe. La qualité de l'eau, par exemple la teneur en oxygène dissous, est aussi beaucoup plus stable et favorable à la production piscicole.

19. Comme vous l'avez déjà appris (voir section 6.1), il faut surveiller de très près votre étang pendant la fertilisation pour éviter toute perte de poissons. Cela est particulièrement important si vous utilisez des engrais animaux. Continuez de fertiliser un étang seulement si:

20. Si vous n'avez pas assez de fumier animal pour fertiliser tous vos étangs, donnez la priorité à ceux pour lesquels les effets sont particulièrement bénéfiques:

Quand fertiliser votre étang avec des engrais organiques

Utiliser le fumier animal en toute sécurité

21. A cause de l'augmentation de la demande en oxygène dissous provoquée par l'adjonction de matières organiques dans l'eau de l'étang, vous devez limiter la quantité de fumier animal à appliquer en une seule fois. Cette quantité maximale de sécurité est exprimée habituellement en kilogrammes (kg) de matières sèches (MS) par hectare (ha) et par jour (j) abrégée en kg MS/ha/j.

22. La quantité maximale de sécurité de fumier animal en climats frais et tempérés est de 60 kg MS/ha/j ou 0,6 kg MS/100 m2/j; en climats chauds et tropicaux, ce maximum est de 120 kg MS/ha/j ou 1,2 kg MS/100 m2/j .

23. Vous pouvez mesurer vous-même la quantité de matières sèches que contient un fumier en particulier. Prélevez exactement 100 g de fumier que vous voulez utiliser et placez-le dans un récipient sec tel qu'une boîte de conserve. Pesez le fumier et le récipient (P1 grammes). Placez le récipient sans couvercle dans un four et chauffez-le à environ 180 º C pendant quatre heures. Pesez de nouveau le fumier et le récipient (P2 g). La différence (P1 - P2 = P3 g) est la teneur en humidité (en pourcentage) du fumier. Le poids de matières sèches est MS (en g) = 100 g - P3. C'est également le pourcentage de matières sèches que contient votre fumier.

Exemple

Pesez 100 g de bouse de vache recueillie dans une ferme et placez-les dans une boîte. Le poids total P1 = 185 g. Après avoir séché l'échantillon dans un four, vous obtenez P2 = 145 g. La teneur en humidité du fumier est P3 = 185 g - 145 g = 40 g. La teneur en matières sèches de votre fumier est MS = 100 g - 40 g = 60 g ou 60 pour cent.

24. A l'inverse, vous pouvez vous reporter à l'avant-dernière colonne du tableau 17, qui vous donne la teneur moyenne en matières sèches de fumiers frais, exprimée en pourcentage des déchets solides. Ces valeurs ne sont que des approximations et peuvent être très différentes de la valeur réelle du fumier que vous vous proposez d'utiliser. Par exemple, de la bouse de vache fraîche contient habituellement 20 pour cent de matières sèches, alors que de la bouse de vache séchée peut en contenir jusqu'à 80 pour cent. Il est donc toujours préférable de mesurer la teneur en matières sèches si vous le pouvez.

25. Ensuite, vous pouvez facilement déterminer:

Note: Si vous utilisez du fumier liquide (ou purin), vous devez être encore plus prudent en raison de sa teneur relativement élevée en ammoniac, qui est un gaz très toxique pour le poisson. N'utilisez pas plus de 1 000 l/ha/j, soit 10 l/100 m2/j.
Exemples

a) 100 kg de fumier de porc solide et frais contiennent environ 20 kg de matières sèches. Si vous avez 375 kg de fumier, il contient 20 kg x 3,75 = 75 kg de matières sèches. En climats frais, vous pouvez utiliser sans danger 60 kg MS/ha/j (voir paragraphe 22). Par conséquent, dans le cas présent, vous pouvez appliquer chaque jour le fumier de porc disponible à 75 kg MS ÷ 60 kg MS/ha/j = 1,25 ha d'étangs.

b) Quantité maximale de fumier solide frais qui peut être appliquée sans danger, par jour et par 100 m2 d'étang en climats tropicaux (voir aussi tableau 17);

Fumier solide 
 Quantité maximale
(kg frais/100 m2/j)
Buffles
Gros bétail
Chevaux 
Moutons/chèvres
Porcs
Canards
Poules
6,3
6,0
5,2
3,4
6,0
2,8
4,8

Attention: Si vous n'utilisez pas du fumier tous les jours mais seulement une fois par semaine, cela ne veut pas dire que vous pouvez en répandre sept fois plus en une seule fois dans votre étang. La quantité maximale de sécurité reste la même. Si vous souhaitez utiliser davantage de fumier, vous devez réduire les intervalles entre deux applications consécutives. Distribuez du fumier par exemple deux ou trois fois par semaine.

Contrôler la quantité de fumier animal à appliquer

26. La quantité de fumier animal à appliquer dans un étang donné varie considérablement selon des facteurs tels que le climat, la qualité de l'eau et du sol, les caractéristiques du fumier et le type de système cultural (type de poisson, densité d'élevage, longueur de la période d'élevage). Comme pour les engrais inorganiques, il est impossible de recommander un traitement qui soit valable en toutes circonstances.

27. Pour obtenir les meilleurs résultats dans votre cas particulier, vous pouvez recourir à l'une des méthodes suivantes:

a) A titre indicatif, dans les petits étangs ruraux tropicaux d'une surface généralement comprise entre 100 m2 et 300 m2 , distribuez une fois, ou de préférence deux fois par semaine, l'un des fumiers suivants:

b) Pour une distribution beaucoup plus contrôlée en climats chauds, et avec une densité d'élevage relativement faible:

c) En climats chauds, avec une densité d'élevage plus élevée:  

Exemple 1

Dans les tropiques, vous souhaitez fertiliser un étang de 400 m2 contenant une faible densité de poissons, avec du fumier frais de poule contenant 25 pour cent de matières sèches. Vous pouvez procéder comme suit:

a) Dix jours avant rempoissonnement, épandez les fientes fraîches de poule à une dose équivalant à 15 kg MS/100 m2 ou 15 x (100 ÷ 25) = 60 kg de fientes par 100 m2. Vous aurez besoin de 4 x 60 kg = 240 kg de fientes pour fertiliser votre étang.

b) Sept jours après l'empoissonnement, mesurez la transparence au disque de Secchi qui est de 60 cm. Distribuez du fumier frais de poule dans l'étang à une dose équivalant à 0,5 kg MS/100 m2 ou 0,5 x (100 ÷ 25) = 2 kg de fientes par 100 m2 . Distribuez 4 x 2 kg =  8 kg de fientes sur l'ensemble de l'étang.

c) Sept jours après, mesurez la transparence au disque de Secchi qui est de 55 cm. Fertilisez l'étang avec une dose équivalente augmentée égale à 0,8 kg MS/100 m2.

d) Chaque semaine, vérifiez la qualité de l'eau et ajustez la quantité de fumier.

Exemple 2

Dans les tropiques, vous souhaitez fertiliser un étang de 250 m2 peuplé de 10 kg d'alevins de tilapia du Nil avec du fumier de porc solide et frais contenant 20 pour cent de matières sèches. Vous pouvez procéder comme suit:

a) Dix jours après le réempoissonnement, épandez le fumier de porc à une dose équivalant à 10 kg MS/100 m2, soit 10 x (1 00 ÷ 20) = 50 kg de fumier de porc/100 m2. Pour fertiliser votre étang, vous avez besoin de 2,5 x 50 kg = 125 kg de fumier frais de porc.

b) Trois jours après le réempoissonnement, mesurez la transparence au disque de Secchi qui est de 50 cm. Fertilisez l'étang à une dose équivalente de matières sèches/ 100 m2 de 1÷ 10 du poids de poisson/100 m2. Comme il y a 10 kg de poisson/250 m2 = 4 kg de poisson/100 m2, vous avez besoin de (4 kg ÷ 10) = 0,4 kg MS/100 m2. Il vous faudra donc 0,4 x100 ÷ 20) = 2 kg de fumier de porc par 100 m2, soit (2 kg x 2,5) = 5 kg de fumier de porc pour votre étang.

c) Si vous avez suffisamment de fumier, distribuez chaque jour 5 kg de fumier de porc pendant les deux semaines suivantes, en vérifiant soigneusement la qualité de l'eau et le comportement des poissons dans l'étang.

d) Après deux semaines, si la qualité de l'eau le permet, augmentez légèrement la quantité journalière de fumier de porc, en passant par exemple de 5 à 5,5 kg/jour. Rectifiez cette quantité le cas échéant pendant les jours suivants.

e) Toutes les deux semaines, augmentez légèrement la quantité journalière jusqu'à ce que vous atteigniez la quantité maximale de sécurité de 6 kg/100 m2/jour, soit (6 kg x 2,5) = 15 kg/jour pour votre étang.

Mélanger les fumiers animaux

28. Si vous n'avez pas suffisamment d'une seule sorte de fumier animal, vous devrez peut-être mélanger deux sortes de fumiers pour obtenir la quantité totale de matières sèches nécessaire à vos étangs.

29. Calculez la quantité du second fumier (F2 en kg) dont vous avez besoin à l'aide de la formule:

F2 = [MStot - (F1 x MS1)] ÷ MS2

F1 = quantité disponible du premier fumier, en kilogrammes;
  MS1 = teneur en matières sèches du premier fumier, en pourcentage;
  MS2= teneur en matières sèches du second fumier, en pourcentage;
  MStot = total de matières sèches nécessaires pour fertiliser les étangs, en kilogrammes.

Exemple

Les étangs de votre ferme piscicole recouvrent une superficie de 2 ha ou 2 x 10 000 m2 = 20 000 m2 Pour fertiliser correctement le fond des étangs avec du fumier, vous avez besoin de 10 kg MS/100 m2 soit un total en matières sèches de 10 kg x (20 000 m2 ÷ 100 m2) = 2 000 kg. Cela équivaut à 2 000 x (100 ÷ 25) = 8 000 kg de fientes de poule, pour une teneur en matières sèches de 25 pour cent. Cependant, vous ne pouvez vous procurer que 3 000 kg de fientes de poule, le reste du fumier devant être des excréments de porc solides, dont la teneur en matières sèches est de 20 pour cent.

Calculez la quantité de fumier de porc (F2) qu'il vous faudra mélanger aux fientes de poule avant de traiter vos étangs, de la façon suivante:

et donc F2 = [2 000 kg - (3 000 kg x 0,25)] ÷ 0,20 = 1 250 kg ÷ 0,20 = 6 250 kg.

Epandre du fumier animal sur le fond d'un étang vidangé

30. Le fond asséché d'un étang vidangé doit être fertilisé avec du fumier au moins deux semaines après son chaulage (voir section 5.4). On peut utiliser en même temps des engrais inorganiques, sauf s'ils contiennent trop de calcium, comme les scories de déphosphoration (voir section 6.2).

31. Habituellement, il est préférable de ne pas étaler le fumier sur toute la surface de l'étang, mais de le disposer en petits tas ou en rangées à intervalles réguliers.

Note: Un certain nombre de méthodes concernant l'emplacement et la répartition du fumier animal dans diverses situations sont illustrées ci-après. Toutefois, ces exemples illustrés ont un caractère général et doivent être adaptés aux conditions locales (qualité et quantité de fumier disponible, qualité de l'eau, conditions météorologiques, etc.).

Si l'alimentation en eau peut être contrôlée, disposez le fumier
animal à intervalles réguliers sur la surface de l'étang ...



Si l'alimentation en eau ne peut pas être contrôlée et que le
renouvellement de l'eau risque d'être trop rapide, entassez
le fumier animal à intervalles réguliers le long des digues de l'étang ...

32. Dans de nouveaux étangs à sol sableux, le fumier doit être étalé sur toute la superficie du fond de l'étang et être enfoui dans le sol de surface. Il est préférable d'utiliser de la bouse de vache et/ou du crottin de cheval mélangé à de la litière d'étable ou à des fientes de poule.

33. Dès que le fumier a été appliqué, commencez à remplir l'étang d'eau.

... toutefois, dans de nouveaux étangs à fond sableux, étalez le fumier animal
sur toute la superficie du fond de l'étang et enfouissez-le à faible profondeur

Distribuer du fumier animal dans des étangs sous eau qui n'ont pas encore été empoissonnés

34. Si l'empoissonnement n'a pas encore eu lieu dans l'étang, on pourra distribuer du fumier animal pur de façon uniforme sur toute la surface de l'eau.

35. Toutefois, si l'on utilise du fumier mélangé à de la litière, il est préférable de faire de petits tas le long des digues. Mélangez ces petits tas de temps à autre.

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Distribuer du fumier animal dans des étangs sous eau qui ont été empoissonnés

36. Une fois que l'étang a été empoissonné, vous pouvez distribuer du fumier liquide directement sur toute la surface de l'eau.

37. Toutefois, les fumiers solides ne devront être appliqués qu'indirectement. Utilisez l'une des méthodes suivantes:

a) Un panier flottant fixé à l'intérieur d'une chambre à air, comme au point (b) du paragraphe 22.   Préparez la quantité de fumier à distribuer dans l'étang. Remplissez le panier avec une partie de ce fumier; placez-le dans la chambre à air et fixez-y de longues cordes. A partir des digues, faites glisser le panier flottant sur toute la surface de l'eau. Le fumier va se ramollir et se dissoudre progressivement dans l'eau. Remplissez de nouveau le panier lorsque nécessaire, jusqu'à ce que tout le fumier ait été distribué.

b) Des tas de fumier. Placez le fumier sous l'eau, en tas à intervalles réguliers, le long des digues de l'étang.

c) Un enclos allongé construit le long d'une digue, sur un ou plusieurs côtés de l'étang. Si vous utilisez ce type d'enclos (voir sections 6.3 et 6.4), étalez et mélangez le fumier sur toute la longueur de l'enclos.

d) Dans des étangs plus petits, il est préférable de construire un enclos dans chacun des deux coins peu profonds de l'étang. Fertilisez les enclos, comme vous l'avez appris au point (c) ci-dessus.

38. Lorsque vous planifiez la fertilisation de vos étangs, souvenez-vous de ce qui suit:

a) Il est préférable d'utiliser le fumier animal aussi frais que possible. Vérifiez que vous pouvez vous en procurer le jour où vous en avez besoin.

b) Il faut laisser s'écouler au moins 15 jours entre le chaulage et la fumure.

c) De préférence, épandez le fumier tôt le matin, environ deux à trois heures après le lever du soleil.

d) On obtient les meilleurs résultats en combinant fumier et engrais inorganique. Un apport de phosphore et d'azote est habituellement bénéfique pour maintenir une bonne population de plancton (voir section 6.1).

e) Surveillez et ajustez constamment la fertilisation en vérifiant la qualité de l'eau (voir paragraphe 19) et le comportement des poissons (voir section 2.5).

Note: Si vous élevez des animaux de ferme, n'oubliez pas qu'il est plus avantageux de les garder près de vos étangs d'élevage. Dans certains cas, vous pourrez même élever des animaux sur l'étang, qui sera ainsi fertilisé de façon automatique et continue sans dépense ni travail supplémentaire. Le chapitre 7 vous donnera davantage d'informations sur la manière d'intégrer élevage animal et pisciculture.

6.3   Autres engrais organiques

1 . Plusieurs engrais organiques autres que le fumier animal sont couramment utilisés sur les exploitations piscicoles de petite taille. Ces engrais sont habituellement des déchets que l'on peut se procurer à peu de frais et localement. Une partie de ces engrais est consommée directement par le poisson, tandis que l'autre partie accélère la croissance des divers organismes de la chaîne alimentaire, utilisés comme nourriture par les poissons.

2. Les engrais organiques, autres que le fumier animal, le plus couramment utilisés sont les suivants:

Note: Il est préférable d'utiliser le sang pour une alimentation directe du poisson (voir section 10.6).

Note: Des déchets comme les balles de riz, les bagasses de canne à sucre et la sciure de Bois sont riches en cellulose, qui se décompose très lentement dans l'étang. N'en utilisez pas trop, à moins que vous ne tentiez de constituer un fond d'étang de bonne qualité sur sol sableux.

3. Les quantités moyennes de ces engrais organiques à appliquer aux petits étangs sont indiquées au tableau 18. Utilisez-les régulièrement, en évitant de surcharger l'étang avec une réserve pour plusieurs semaines. Vérifiez la qualité de l'eau pour ajuster les quantités utilisées. A l'exception des déchets d'abattoir et des tubercules de manioc, ces engrais organiques sont amoncelés en un ou plusieurs tas dans l'eau de l'étang. Vous pouvez également utiliser un enclos allongé ou un enclos d'angle, comme indiqué au paragraphe 37, c) et d). L'engrais organique est entassé et compacté à l'intérieur, afin de déclencher une production de compost sous eau (voir section 6.4). Comme décrit plus haut, il est préférable de retourner ou au moins de mélanger le tas de compost chaque semaine, avant d'y ajouter de nouvelles matières organiques.

TABLEAU  18
Engrais organiques couramment utilisés dans les installations
piscicoles de petite taille

4. La végétation telle que graminées coupées, déchets végétaux et fruits en décomposition peut être utilisée pour fabriquer un compost simple (voir section 6.4) dans l'étang proprement dit.

a) Fabriquez un cadre en bois ou en bambou d'environ 2 m x 2 m selon la taille de l'étang.

b) Fixez-le dans la partie peu profonde de l'étang, à environ 1 m de la berge.

c) Coupez en petits morceaux 200 à 250 kg de matières végétales, par 100 m2 d'étang.

d) Entassez toute cette végétation dans le cadre afin qu'elle se décompose sous eau. Compactez soigneusement le tas en le piétinant.

e) Après sept à dix jours, retournez le tas et enlevez tous les morceaux non décomposés qui sont restés durs.

f) Ajoutez des matières végétales finement coupées sur le sommet du tas et compactez soigneusement. Vous aurez besoin de 20 à 25 kg/100 m2 d'étang.

g) Sept à dix jours plus tard, retournez le tas, enlevez tous les morceaux durs et ajoutez de nouveau 20 à 25 kg/100 m2 de matières végétales finement coupées.

h) Répétez cette opération environ chaque semaine.

6.4   Compostage

Compostage et production de poisson

1 . Le compostage se caractérise par la décomposition intensive par des micro- organismes de matières organiques, en général sous conditions contrôlées. Ce processus permet d'utiliser toute une gamme de déchets, résidus et végétation naturelle à bon marché pour la production d'un produit propre, sec et riche en matières organiques et éléments nutritifs primaires. Ce produit s'appelle compost.

2. Comme vous l'avez appris précédemment (voir section 6.3), on peut utiliser le compost dans les étangs d'élevage comme engrais organique. Dans les étangs vidangés, le compost est étalé sur tout le fond de l'étang à la dose de 50 kg/ 100 m2 et mélangé à la couche superficielle du sol avant le remplissage. Ensuite, on peut distribuer régulièrement du compost dans l'étang pour fertiliser l'eau, car il présente le grand avantage de ne pas augmenter la demande d'oxygène dissous dans les mêmes proportions que d'autres engrais organiques. Pour cette raison, le compost convient particulièrement bien aux étangs d'alevinage.

3. On peut également utiliser directement le compost en tant qu'aliment à bon marché pour un certain nombre d'espèces de poissons, comme le poisson-chat et le tilapia du Nil, dans des systèmes de pisciculture simples (voir section 10.2).

4. Vous pouvez également utiliser du compost pour augmenter la production de votre potager. Vous devriez l'utiliser chaque fois que possible.

Processus de fabrication de compost

5. La fabrication de compost est effectuée par l'intermédiaire de différents groupes de micro-organismes comme des bactéries, des champignons* et des protozoaires*, qui ont besoin principalement de carbone (C) et d'azote (N) pour leur développement. C'est pour obtenir ces substances qu'ils décomposent les matières organiques disponibles. Ce processus de décomposition sera particulièrement actif dans les conditions suivantes:

6. Meilleures seront ces conditions, plus rapidement le compost sera prêt.

Rapport C/N des matières organiques

7. Le rapport C/N est le rapport entre la teneur en carbone et la teneur en azote de la matière organique concernée. Ce rapport est habituellement exprimé sous forme d'un seul nombre qui indique le nombre de fois qu' il y a plus de carbone que d'azote.

Exemple

Si le rapport C/N de fumier de porc est en moyenne 14, cela veut dire que cette matière organique contient 14 fois plus de carbone que d'azote.

8. Les rapports C/N des matières organiques couramment utilisées pour fabriquer du compost dans les zones rurales sont donnés au tableau 19. D'après ces chiffres, on peut constater que:

TABLEAU  19
Rapports C/N moyens des matières utilisées pour fabriquer du compost


Composer un mélange ayant un bon C/N

9. Certaines matières organiques, comme les tiges et les feuilles de soja, les coques d'arachide, les vieilles graminées et mauvaises herbes ainsi que certains déchets de fruits, ayant un bon rapport C/N compris entre 30 et 40 peuvent être utilisées directement pour fabriquer du compost. Dans la plupart des autres cas, il faudra mélanger plusieurs types différents de matières ayant des rapports C/N faibles et élevés dans de bonnes proportions, afin d'obtenir un rapport C/N satisfaisant.

10. Pour mélanger dans de bonnes proportions, procédez comme suit.

a) Etablissez une liste des matières que vous prévoyez d'utiliser pour fabriquer du compost. Regardez leur rapport C/N au tableau 19.

b) Classez-les en deux groupes en fonction de leur rapport C/N: C/N faible inférieur à 40 et C/N élevé supérieur à 40.

c) Si vous utilisez plusieurs matières appartenant à l'un de ces groupes, calculez le C/N moyen du groupe pour les quantités de chaque matière disponibles.

d) Calculez les proportions (sur la base du poids sec) dans lesquelles vous devez utiliser les matières de chaque groupe pour obtenir un rapport C/N compris entre 30 et 40.

e) Calculez la quantité de matières de chaque groupe nécessaire au mélange, compte tenu de leur teneur en matières sèches et de leur humidité respectives.

11. Les matières à C/N très élevé, comme la sciure ou les copeaux de bois, peuvent être activées non seulement par l'adjonction de matières à C/N faible, mais aussi par:

à la dose d'environ 1 pour cent du poids des matières brutes à C/N élevé.

12. N'ajoutez pas de chaux ni de cendres aux matières utilisées pour fabriquer du compost, car cela pourrait augmenter les pertes en azote à mesure que le pH augmente.

Exemple

Vous prévoyez d'utiliser du fumier de porc (C/N 14), des fientes de poule (C/N 19) et de la paille de riz (C/N 110) pour fabriquer du compost.

Vous avez deux groupes de matériaux:

Dans le premier groupe, vous prévoyez d'utiliser 30 pour cent de fumier de porc et 70 pour cent de fientes de poule. Le C/N moyen du groupe est égal à (114 x 0,30) + (110 x 0,70) = 11,2.

Calculez les proportions de chaque groupe qu'il faut mélanger à l'aide d'un graphique simple (voir ci-dessous) fondé sur:

Pour obtenir de bons résultats, votre compost (sur la base du poids sec) sera composé:

Si la teneur moyenne en matières sèches du fumier de porc est de 20 pour cent, celle des fientes de poule de 25 pour cent et celle de la paille de riz de 80 pour cent, il vous faudra alors les matières suivantes pour 100 kg de compost:

Deux méthodes générales de compostage

13. Le compost peut être produit dans deux types de conditions:

14. Chaque type présente des caractéristiques spécifiques qui sont résumées au tableau 20. Dans certains systèmes agricoles, on utilise les deux types de compostage, par exemple la préparation aérobique dans les parties extérieures du matériau et la préparation anaérobique dans la zone intérieure où il y a peu d'oxygène. En pisciculture, le compostage est habituellement pratiqué de deux manières:

TABLEAU 20
Caractéristiques particulières des méthodes de compostage

Compostage dans l'étang (aérobique/anaérobique)

15. Vous avez déjà appris comment préparer du compost avec de la végétation aquatique et terrestre dans l'étang proprement dit, où cette végétation peut être amoncelée à l'intérieur d'un cadre de bambou. Des enclos allongés ou des enclos d'angle dans l'étang sont également couramment utilisés à cette fin.

16. Vous pouvez utiliser des matières végétales simples, comme des graminées ou des graines de coton; si l'une des matières, telles que la paille de riz, a un rapport C/N élevé, il sera préférable d'alterner une couche de cette matière avec une couche d'une autre matière à C/N faible, comme le fumier animal, les graines de coton ou les déchets de fruits ou de légumes.

17. Le tas doit être bien tassé sous eau, par exemple en piétinant soigneusement chaque couche. Faites dépasser légèrement le tas au-dessus de la surface de l'eau, étant donné que sa hauteur diminuera lentement. Chaque semaine, ajoutez de nouvelles couches de matières pour le reconstituer.

18. Pour obtenir de très bons résultats:

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Compostage à terre (aérobique)

19. Si vous décidez de préparer le compost à terre, il est plus facile d'utiliser la méthode aérobique. Il est alors important de garantir qu'il y a toujours de l'air dans le tas de compost pour maintenir une décomposition rapide et totale des matières organiques. A cette fin, n'oubliez pas ce qui suit.

a) Commencez à constituer un nouveau tas de compost en plaçant une première couche de matières végétales grossières, par exemple des rachis de feuilles de bananier, de la paille ou des tiges de canne à sucre, sur une hauteur d'au moins 25 cm. Cette couche devrait permettre la circulation d'air tout en absorbant les liquides riches en éléments nutritifs provenant des couches supérieures.

b) Coupez les matières utilisées pour le compost en petits morceaux de 3 à 7 cm.

c) Empilez sans tasser toutes les matières, en laissant de l'espace entre les couches. Ne compactez jamais le tas de compost.

d) Ne faites pas un tas trop haut pour éviter qu'il ne se tasse sous son propre poids.

e) Maintenez le tas humide mais non mouillé. Trop d'eau empêcherait la circulation de l'air. Protégez votre tas de la pluie (trop humide) et du soleil (trop sec).

f) Retournez le tas de temps à autre pour l'aérer et éviter une production de chaleur trop intense au centre. Introduisez un morceau de bois au milieu du tas, attendez quelques minutes avant de le retirer. Si le tas est trop chaud, sec ou trop odorant, il est temps de le retourner.

20. Il y a deux manières d'empiler les matériaux:

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21. N'oubliez pas qu'il vous faudra de l'eau pour la fabrication de compost. Pour vous simplifier la tâche, placez le tas de préférence près d'une source d'eau, par exemple un étang, et près de l'une des principales sources de matières que vous utiliserez pour le compost, un abri d'animaux par exemple.

Préparer du compost à partir de coupes de graminées

22. Pour préparer un compost à bon marché avec des coupes de graminées en conditions tropicales, vous pouvez utiliser la méthode d'empilage simple indiquée ci-après:

a) Préparez les matières végétales. Vous aurez besoin de:  

b) Choisissez un endroit propre et tassez le sol de surface. Délimitez les angles d'une surface rectangulaire de 2 m x 4 m avec quatre piquets dépassant de 1,5 m le niveau du sol.

c) A l'intérieur de cette zone, et en partant du périmètre, constituez une couche de 40 cm de coupes de graminées, soit environ 250 kg.

d) Répandez uniformément par-dessus environ un quart du terreau. Mélangez-le à la couche de terre en secouant.

e) Mouillez la couche avec 100 l d'eau, en utilisant un arrosoir.

f) Répétez cette opération trois fois pour construire un tas à quatre couches d'environ 1,5 m de hauteur.

g) Protégez le tas sous un petit abri construit par exemple avec du bambou et de l'herbe. Il est préférable de fermer les côtés avec des écrans de paille amovibles.

h) Retournez le tas environ 25 jours plus tard. Reconstruisez-le avec des couches de 30 cm, en arrosant chaque couche avec environ 100 l d'eau.

i) Répétez la dernière opération environ 16 jours plus tard.

j) Selon la température et les matières utilisées, votre compost devrait être prêt après sept à huit semaines.

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Préparer du compost avec des jacinthes d'eau

23. Pour préparer en conditions tropicales un compost à bon marché avec des jacinthes d'eau (Eichornia crassipes), utilisez la méthode d'empilement ci-après:

a) Préparez vos matériaux. Vous aurez besoin de:

b) Mélangez soigneusement les jacinthes fraîches et séchées.

c) Délimitez les angles d'une surface carrée de 3,5 m x 3,5 m avec des piquets dépassant de 1,5 m le niveau du sol.

d) A l'intérieur de cette zone, constituez une première couche de matériaux grossiers d'environ 25 cm de hauteur.

e) Etalez par-dessus une couche de 40 à 50 cm de plantes mélangées.

f) Enfoncez les tiges de bambou verticalement dans cette dernière couche, jusqu'à la première couche, à environ 0,8 à 1 m l'une de l'autre.

g) Continuez à constituer le tas autour des tiges de bambou avec le reste du mélange de plantes.

h) Protégez le tas contre la pluie et le soleil.

i) Après 14 jours environ, retournez le tas, arrosez-le s'il est trop sec.

j) Un mois plus tard environ, votre compost devrait être prêt.

Note: Au lieu de bambou, vous pouvez également utiliser des tiges de plantes comme le maïs, liées en fagots de cinq ou six tiges.

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Préparer du compost à partir de matières végétales et de fumier animal

24. Une méthode simple pour préparer du compost en zones rurales tropicales avec divers matériaux, tels que feuilles d'arbres, herbe, déchets ménagers, balles de riz, paille et fumier animal, est la suivante:

a) Délimitez les angles d'une surface carrée de 1,5 m x 1,5 m avec des piquets dépassant le niveau du sol de 1,5 m.

b) A l'intérieur de cette zone, constituez une première couche de matériaux grossiers de 25 cm environ de hauteur. Coupez le reste des matériaux en petits morceaux.

c) Ajoutez une deuxième couche de 5 à 10 cm composée de matériaux à faible C/N de préférence du fumier animal. Humidifiez selon le besoin.

d) Continuez à constituer le tas jusqu'à ce qu'il atteigne 1,5 m de hauteur en ajoutant d'autres couches. Alternez des couches de 20 cm constituées de matériaux à C/N élevé avec des couches de 10 cm constituées de matériaux à C/N faible. Si vous n'avez pas assez de fumier animal, saupoudrez un peu d'engrais azoté sur le dessus de chaque couche à C/N élevé (voir section 6.1). Humidifiez chaque couche de sorte qu'elle soit humide mais non détrempée.

e) S'il ne pleut pas, vous aurez peut-être besoin d'arroser le dessus du tas tous les trois jours.

f) Retournez le tas après 10 à 14 jours. Vérifiez régulièrement la production de chaleur et d'humidité.

g) Votre compost devrait être prêt 10 à 15 jours plus tard.

Note: Vous pouvez protéger le tas de compost contre le soleil et les fortes pluies en le couvrant avec une épaisse couche de paille et en arrondissant le sommet du tas.

Préparer du compost en fosse

25. Cette méthode consiste à creuser plusieurs fosses l'une à côté de l'autre. Elles peuvent être de n'importe quelle grandeur, mais il est préférable qu'elles ne soient pas trop profondes. Une bonne taille serait 1,5 m x 3 m sur 1,5 m de profondeur.

26. Pour préparer le compost afin d'en avoir constamment à disposition, procédez comme suit:

a) Au fond de la première fosse, constituez une première couche de matériaux grossiers, de 30 cm d'épaisseur. Des tiges et des feuilles de bananier hachées ainsi que de la paille hachée feront l'affaire.

b) Ajoutez une deuxième couche d'environ 10 cm d'épaisseur composée d'un mélange de matériaux à C/N faible, y compris du fumier animal si vous en avez, et humectez s'il y a lieu.

c) Installez à la verticale, ou à l'horizontale, des fagots de graminées, de tiges ou de brindilles, ou des tuyaux de bambou (voir paragraphe 23 a ci-dessus), pour aménager des espaces dans le tas de compostage.

d) Ajoutez d'autres couches, en alternant des couches de 20 cm de matériaux à C/N élevé avec des couches de 10 cm à C/N faible, et humectez chaque couche s'il y a lieu. Aménagez d'autres espaces d'aération.

e) Lorsque la fosse est remplie et que le tas dépasse le niveau du sol, recouvrez-le avec une bonne couche de paille.

f) Arrosez le tas, si nécessaire, tous les trois jours.

g) Après trois semaines environ, en climats tropicaux, retournez le tas et transférez-le dans une fosse vide, à proximité. Mouillez s'il y a lieu et recouvrez le nouveau tas de paille.

h) Recommencez la fabrication de compost dans la première fosse vide tout en vérifiant le processus dans la seconde.

i) Selon le climat et le type de matériaux utilisé:  

j) Transférez le tas de la première fosse dans la seconde.

k) Recommencez à faire du compost dans la première fosse.

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