Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

COMMENT VALORISER LES RESSOURCES HYDRO-AGRICOLES EN AFRIQUE DE L’OUEST ?

Question 1 : Le domaine des ressources  en eau souterraine est-il bien connu ? Où et comment peut-on disposer des informations y afférentes ?

Réponse 1 : Au Bénin, le domaine des ressources en eau n’est que l’affaire des initiés. Il s’agit des institutions qui en ont la charge. Cependant, dans les communautés, ce domaine n’est pas mal connu puisse que les populations ont besoin de l’eau pour tous les besoins vitaux, ceux de leurs bétails et de leurs plantes. Pour ce qui concerne les populations, elles ont des méthodes empiriques et traditionnellement pour découvrir les gisements d’eau souterraine. Elles utilisent des moyens traditionnels pour procéder au forage.

Pour obtenir des informations fiables dans le domaine, il faut se référer à la Direction Générale de l’Eau (et ses démembrements sur le territoire national), à EAA (Eau et Assainissement en Afrique ex-CREPA), à la Société Nationale des Eaux du Bénin, aux chancelleries de l’Allemagne, des Pays Bas, au Collège Polytechnique Universitaire de l’Université d’Abomey Calavi au Bénin, au Ministère de Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Il s’agit de données documentaires dans les centres de documentation de ces structures. Mais les communautés rurales constituent également des sources d’information. Ici, c'est-à-dire dans leurs cas, il faut une enquête auprès d’elles.

Question 2 : Comment extraire l’eau souterraine si on ne dispose pas des  technologies appropriées et de l’énergie requise?

Réponse 2 : Pour procéder à l’extraction de l’eau souterraine au Bénin, les populations font des forages de puits à grand diamètre. Avec des pioches, des houes, elles font le creusage du puits. Par une longue corde au bout de laquelle est fixé un panier ou un récipient et une poulie traditionnelle, la terre amassée est enlevé du trou jusqu’à ce que le puits mouille. Du nord au sud, la technologie est la même. Dès que le puits a mouillé, l’extraction  de l’eau se fait toujours par le puisage avec une longue corde au bout de laquelle est fixé un récipient qui passe dans une poulie traditionnelle suspendue à deux bois fourchus placés au bord du puits.

Pour une extraction rapide en vue d’une irrigation à grande échelle en vue d’atteindre les 35,8 km³ d’eau souterraine soit 10% des réserves souterraines, il faut changer de technologie ou du moins améliorer celle décrite et qui est disponible. Autrement la sécurité alimentaire envisagée au bout d’un processus d’irrigation ne sera qu’un vain mot.

Question 3 : Quels modes de gestion des infrastructures pour garantir  la viabilité et la durabilité des projets d’irrigation à travers l’amélioration de la productivité des cultures et de l’eau ?

Réponse 3 : Ces infrastructures d’extraction archaïques ne peuvent pas garantir une quelconque production irriguée à fort rendement car ce mode d’extraction de l’eau est épuisant pour tous les acteurs de la chaîne de production. Donc avant de parler de mode de gestion, il faut tout d’abord parler de la stratégie à envisager pour une bonne et rapide extraction de cette eau. Là-dessus, il y a deux problèmes à résoudre. Le premier est la possibilité d’améliorer la capacité des populations à atteindre une bonne nappe. Le second est de faciliter le puisage de l’eau. Si ces conditions sont bien réunies, la question de gestion des infrastructures ne se posera plus. Car, pour les populations, l’eau étant vitale, elle ne s’amuse pas avec surtout si elle n’est pas abondante et facile d’accès. Pour la mémoire, l’on peut se rappeler que dans certaines contrée, des marres sont protégée est soumises à des interdits communautaires bien respectés.

Il y a lieu donc de pouvoir amener les producteurs et les éleveurs à se doter de puits familiaux  pour assurer une bonne irrigation des champs et un bon breuvage pour les animaux. C’est parce que les puits ne sont pas disponibles et que le peu qui existe ne suffit pas pour les besoin de l’homme que l’on assiste encore à une irrigation à petite échelle et à la transhumance des pasteurs à la recherche de pâturage. Si les puits sont disponibles, les éleveurs vont facilement cultiver et irriguer des champs de foin pour le bétail. Les problèmes que pose actuellement la transhumance pourraient trouver de solutions.

Question 4 : Faut il un  appel à l’action pour un alignement et une harmonisation des différentes initiatives, tenant compte des objectives et priorités nationales en vue d’une approche commune de mise en œuvre par les acteurs  du  développement de l’irrigation au Sahel ?

Réponse 4 : Un alignement et une harmonisation des initiatives seraient l’idéal. Mais ce qui urge, c’est la mise à disposition de ressources, de technologies accessibles aux populations en la matière. Cela peut propulser la multiplication des puits et forages. Dans cette foulée, l’harmonisation pourrait venir en appoint. La mise à disposition de ressources suppose l’accès aux crédits de forage (à taux zéro, ou même par une subvention), le renforcement des capacités par la formation pour l’utilisation des technologies améliorées, la disponibilité des matériaux… Les technologies dont nous parlons doivent être des technologies de proximité facile d’accès qui réduiront le temps de puisage et augmenteront la quantité d’eau puisée en temps réel.

 

F. Tékpon GBLOTCHAOU

Administrateur Civil, Ingénieur en Développement Local,

Diplômé en Science et Technique de l'Information et de la Documentation, Etudiant-Chercheur en Droit International et Organisations Internationales.

Président de IPAD-RADEL, Coordonnateur National de

l'Alliance Contre la Faim et la Malnutrition au Bénin (ACFM),

Vice Président du Réseau Francophone des Alliances Contre la Faim et la  Malnutrition de l'Afrique de l'Ouest.

Président de la Plateforme des Alliances Contre la Faim  et la Malnutrition de l'Afrique de l'Ouest

Cotonou BENIN