Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

Profil des membres

Dr. OURA Kouadio Raphaël Oura

Organisation: Université Alassane Ouattara
Pays: Côte d'Ivoire
Domaine(s) de spécialisation
I am working on:

Chercheur géographe rural, je travaille sur les questions foncières et principalement sur les pertes de terres dues à l'étalement urbain. J'encadre des étudiants sur cette thématique de l'étalement urbain aussi bien en Guinée qu'en Côte d'Ivoire. Mes écrits (articles et un ouvrage) évoquent les contraintes foncières que représente l'étalement urbain et comment y faire face.

Faites-nous part de vos commentaires sur les objectifs et le contenu proposé pour ce rapport, tels que décrits ci-après.

Pensez-vous que le champ d'application proposé est suffisamment large pour permettre d'analyser et de discuter des questions clés concernant le rôle des systèmes alimentaires urbains et péri-urbains dans la réalisation de la sécurité alimentaire et de la nutrition? Y a-t-il des lacunes ou des omissions majeures?

Non, je pense que le champ d’application proposé n’est pas suffisamment large pour permettre d’analyser et discuter des questions clés concernant le rôle des systèmes alimentaires urbains et périurbains. En effet, la question de la sécurité alimentaire prend en compte la qualité et la quantité. Et si on doit aborder la qualité, je pense les questions d’usage des pesticides est très importante en situation d’étalement urbain et d’urbanisation. Face à la forte demande, les producteurs s’adonnent en effet à un surdosage des pesticides pour répondre à la fois à la contrainte foncière et à la forte demande de maraîcher. De deux, les objectifs doivent prendre en compte la lutte contre l’étalement urbain. En effet, tout projet de développement s’inscrit dans la durabilité. Lutter pour un accès durable à la nourriture sans chercher à lutter contre l’étalement urbain représente une faiblesse dans la lutte.

Faites-nous connaître les bonnes pratiques et les expériences réussies en matière de renforcement des systèmes alimentaires urbains et péri-urbains dans le contexte de l'urbanisation et de la transformation rurale, y compris dans les situations d'urgence ou de conflit.

Il faut dire que l’agriculture urbaine ne peut pas répondre à toute la demande urbaine en vivres. Il faut l’appui des villages périphériques. Ainsi, en Côte d’Ivoire, il existe « des marchés matinaux » de vivriers, approvisionnés par les paysans en produits frais venant chaque matin de ces campagnes proches. Ces marchés permettent aux paysans d’écouler facilement leurs produits mais permettent à la fois aux citadins de se nourriture de façon saine, avec une réduction de pesticide sur les produits, contrairement à ceux produits en ville. Et même en situation de crise, comme le Covid-19, ces marchés ont continué de tourner, en s’adaptant d’ailleurs à la circonstance.

Veuillez partager la littérature récente, les études de cas et les données qui pourraient aider à répondre aux questions suivantes :

1.            Quels sont les principaux goulets d'étranglement qui freinent la contribution des systèmes alimentaires urbains et péri-urbains à la sécurité alimentaire et à la nutrition?

Les principaux goulets sont la restriction quotidienne de la terre agricole dédiée à l’agriculture urbaine et l’usage abusif des pesticides dans ce type d’agriculture sans une politique publique forte qui vienne contrôler le mode d’usage de ces produits. Par ailleurs, il y a un racket très fort sur les routes d’approvisionnement des villes de sorte à dissuader les paysans à se rendre sur ces lieux et écouler convenablement leurs produits. Par ailleurs, il n’y a aucun moyen chez nous de faire la part entre les produits bio et les produits avec pesticide. Cela ne peut encourager les producteurs du bio de sorte qu’ils commencent tous par tendre vers le mésusage des pesticides. En absence de distinction en ces produits sur le marchés, ils sont vendus au même coût au grand dam de ceux qui essaient de produire du bio.

2.            Comment transformer les systèmes alimentaires urbains et péri-urbains et les rendre plus équitables et accessibles, aussi bien pour les acteurs du système alimentaire qu'en termes de sécurité alimentaire et de résultats nutritionnels?

La ville est peuplée de populations d’origines diverses, avec des cultures diverses. Les produits de l’agriculture urbaine, considérés parfois comme des produits occidentaux, ne peuvent répondre aux besoins de tous les citadins.  Il faut donc, en plus de la proximité géographique souhaitée dans le système alimentaire, rechercher aussi une proximité culturelle qui pourra garantir une sécurité alimentaire de tous les citadins, surtout ceux qui restent attachés à la culture africaine en leur proposant des produits locaux venus des villages proches.

3.            Comment renforcer la résilience des chaînes d'approvisionnement alimentaire urbaines, formelles et informelles, locales et mondiales, afin de garantir la sécurité alimentaire et la nutrition en milieu urbain?

L’agriculture urbaine n’est pas à mesure de répondre à toute la demande de la ville en produits vivriers. Il faut donc pour une résilience des chaînes d’approvisionnement, intégrer les campagnes périurbaines à la chaîne, en soutenant cette agriculture de ces campagnes par une meilleure organisation des paysans en coopératives de production et de commercialisation de leurs produits.

4.            Quels changements faut-il apporter à la planification urbaine pour mieux soutenir toutes les dimensions de la sécurité alimentaire, y compris le soutien aux droits de l'homme, à l'agencéité et à la durabilité? Comment renforcer l'action des acteurs locaux dans les systèmes alimentaires urbains et péri-urbains? 

La première action doit être dans le sens de la préservation des terres agricoles du périurbain. Il faut une politique publique qui face de la lutte contre l’étalement urbain, une étape fondamentale de la lutte contre plusieurs fléaux urbains dont la question de la sécurité alimentaire. L’étalement urbain limite l’accès aux produits agricoles tant sur le plan de la quantité que la qualité, à cause justement des contraintes foncières et par ricochet de l’usage abusif des pesticides.

5.            Comment les autorités nationales et municipales peuvent-elles renforcer les potentialités des villes à faible émission de carbone, inclusives, relativement auto-suffisantes et résilientes pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition à la suite du changement climatique et d'autres crises?

L’une des principales sources d’émission de carbone dans nos villes, c’est d’abord la destruction des ressources naturelles dont elles sont responsables. Les autorités doivent veiller à cette perte de ces ressources foncières et naturelles  par les villes. Aussi, en cas de changements climatiques, les bas-fonds deviennent des espaces de culture qui permettent aux paysans d’être résilients. Malheureusement, nos bas-fonds sont devenus des espaces de compétition entre les bâtis et l’agriculture. Il revient aux autorités de garantir la survie de ces bas-fonds, sans que les bâtis ne viennent les faire disparaître.

6.            Quelles sont les politiques les plus appropriées (et les lacunes des politiques existantes) dans le cadre du continuum rural-urbain pour résoudre les problèmes de régime foncier, d'expansion urbaine sur les terres agricoles et de concurrence croissante pour les ressources naturelles?

En Côte d’Ivoire, il revient aux populations du rural périurbain de décider du lotissement de leur terroir villageois. Cette liberté qui leur est offerte, sans les accompagner sur les risques de la perte de leurs terres au profit des lotissements, conduit bien souvent à des lotissements anarchiques et à des spéculations foncières qui conduisent à l’étalement urbain. Il faut que l’Etat ait à nouveau le contrôle de ces lotissements qui se font sans le moindre respect des règles de l’urbanisme. Les populations bradent les terres et se retrouvent quelques années après sans aucune ressource foncière pour répondre à la demande sans cesse croissante de la ville en vivres. L’anarchie est si prononcée que la promotion immobilière est devenue une activité assez rentable mobilisant du même coup plus d’une vingtaine d’acteurs aux enjeux divergents (articles). C’est donc la course à la terre pour le bâti au détriment de la terre agricole.

7.            De quelle manière les systèmes alimentaires urbains et péri-urbains peuvent-ils garantir la satisfaction des besoins alimentaires et nutritionnels de groupes spécifiques de personnes, tels que les migrants, les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les enfants, les adolescents, etc.?

Ces catégories sociales sont généralement les plus vulnérables devant l’urbanisation galopante. Et quand ces situations arrivent ou en situation de difficulté, l’agriculture urbaine devient une source d’emplois. Lutter donc contre la perte accélérée de ces terres pourraient permettre à certains d’entre eux de continuer à pratiquer cette activité et se maintenir un peu dans le système alimentaire en garantissant par exemple l’autoconsommation.

8.            Les marchés territoriaux peuvent-ils renforcer la sécurité alimentaire et la nutrition des populations urbaines, et quels sont les avantages et les défis qu'ils représentent?

Il ne peut pas avoir de sécurité alimentaire dans les villes sans qu’elles ne recourent à d’autres marchés autres que ceux que leur offre l’agriculture urbaine. Il faut donc une facilitation des échanges entre les villes, surtout les plus grandes, et les marchés territoriaux. Ils présentent l’avantage de satisfaire aux besoins immédiats des citadins mais présentent le défi de réduire le pouvoir d’achat des autres populations qui voient souvent les prix des produits grimper localement, alors les villes qui n’en produisent pas en reçoivent en quantité suffisante.

9.            En quoi l'incorporation de pratiques liées à l'agriculture résiliente au climat et à l'économie circulaire dans l'agriculture urbaine et péri-urbaine peut-elle apporter des co-bénéfices pour tous sur le plan climatique et renforcer la résilience climatique?

L’économie circulaire peut renforcer la rentabilité agricole et réduire l’usage de produits phytosanitaires aux effets ressentis tant sur le plan sanitaire qu’environnemental. Cette agriculture résiliente peut donc lutter contre la dégradation continue de l’environnement et garantir a contrario la sociale à travers de nouveaux emplois agricoles créés. Une agriculture à fort rendement peut permettre à beaucoup de paysans de poursuivre leur activité d’agriculteur sans qu’ils se mettent en conflit. Ce qui veut dire qu’une telle agriculture est source de cohésion puisqu’elle réduit les risques de conflits. Bref, c’est une agriculture durable puisqu’elle réduit les risques de pollution environnementale, les risques sanitaires et garantit la cohésion sociale.

10.         Comment les citoyens peuvent-ils être impliqués et habilités à conduire des processus inclusifs, transparents et participatifs pour les transformations urbaines, en assurant les synergies et la complémentarité avec les conseils municipaux?

Il faut une co-construction des espaces périurbains pour les villes ne se bâtissent plus au détriment des populations rurales et de la sécurité alimentaire de tous. Or, telle que les choses se passent en ce moment, les populations rurales ne font que subir sans qu’on leur laisse le choix de décider de comment penser ou imaginer leur environnement de vie.

11.         Comment les expériences des communautés urbaines pour améliorer l'accès aux aliments frais et aux régimes alimentaires sains peuvent-elles inspirer des politiques publiques plus larges?

Les marchés matinaux qui se créent un peu partout dans nos villes ivoiriennes sont des expériences des communautés elles-mêmes qui ne sont pas encore saisies par les autorités municipales pour innover davantage dans le sens d’améliorer  ces fonctionnements informels qui font bénéficier au moins aux citadins la consommation de produits sains.

Ce membre a contribué à/au:

    • Bonjour chers collègues

      Recevez ainsi mes réponses aux questions qui ont été posées. Merci! Oura!

      Faites-nous part de vos commentaires sur les objectifs et le contenu proposé pour ce rapport, tels que décrits ci-après.

      Pensez-vous que le champ d'application proposé est suffisamment large pour permettre d'analyser et de discuter des questions clés concernant le rôle des systèmes alimentaires urbains et péri-urbains dans la réalisation de la sécurité alimentaire et de la nutrition? Y a-t-il des lacunes ou des omissions majeures?

      Non, je pense que le champ d’application proposé n’est pas suffisamment large pour permettre d’analyser et discuter des questions clés concernant le rôle des systèmes alimentaires urbains et périurbains. En effet, la question de la sécurité alimentaire prend en compte la qualité et la quantité. Et si on doit aborder la qualité, je pense les questions d’usage des pesticides est très importante en situation d’étalement urbain et d’urbanisation. Face à la forte demande, les producteurs s’adonnent en effet à un surdosage des pesticides pour répondre à la fois à la contrainte foncière et à la forte demande de maraîcher. De deux, les objectifs doivent prendre en compte la lutte contre l’étalement urbain. En effet, tout projet de développement s’inscrit dans la durabilité. Lutter pour un accès durable à la nourriture sans chercher à lutter contre l’étalement urbain représente une faiblesse dans la lutte.

      Faites-nous connaître les bonnes pratiques et les expériences réussies en matière de renforcement des systèmes alimentaires urbains et péri-urbains dans le contexte de l'urbanisation et de la transformation rurale, y compris dans les situations d'urgence ou de conflit.

      Il faut dire que l’agriculture urbaine ne peut pas répondre à toute la demande urbaine en vivres. Il faut l’appui des villages périphériques. Ainsi, en Côte d’Ivoire, il existe « des marchés matinaux » de vivriers, approvisionnés par les paysans en produits frais venant chaque matin de ces campagnes proches. Ces marchés permettent aux paysans d’écouler facilement leurs produits mais permettent à la fois aux citadins de se nourriture de façon saine, avec une réduction de pesticide sur les produits, contrairement à ceux produits en ville. Et même en situation de crise, comme le Covid-19, ces marchés ont continué de tourner, en s’adaptant d’ailleurs à la circonstance.

      Veuillez partager la littérature récente, les études de cas et les données qui pourraient aider à répondre aux questions suivantes :

      1.            Quels sont les principaux goulets d'étranglement qui freinent la contribution des systèmes alimentaires urbains et péri-urbains à la sécurité alimentaire et à la nutrition?

      Les principaux goulets sont la restriction quotidienne de la terre agricole dédiée à l’agriculture urbaine et l’usage abusif des pesticides dans ce type d’agriculture sans une politique publique forte qui vienne contrôler le mode d’usage de ces produits. Par ailleurs, il y a un racket très fort sur les routes d’approvisionnement des villes de sorte à dissuader les paysans à se rendre sur ces lieux et écouler convenablement leurs produits. Par ailleurs, il n’y a aucun moyen chez nous de faire la part entre les produits bio et les produits avec pesticide. Cela ne peut encourager les producteurs du bio de sorte qu’ils commencent tous par tendre vers le mésusage des pesticides. En absence de distinction en ces produits sur le marchés, ils sont vendus au même coût au grand dam de ceux qui essaient de produire du bio.

      2.            Comment transformer les systèmes alimentaires urbains et péri-urbains et les rendre plus équitables et accessibles, aussi bien pour les acteurs du système alimentaire qu'en termes de sécurité alimentaire et de résultats nutritionnels?

      La ville est peuplée de populations d’origines diverses, avec des cultures diverses. Les produits de l’agriculture urbaine, considérés parfois comme des produits occidentaux, ne peuvent répondre aux besoins de tous les citadins.  Il faut donc, en plus de la proximité géographique souhaitée dans le système alimentaire, rechercher aussi une proximité culturelle qui pourra garantir une sécurité alimentaire de tous les citadins, surtout ceux qui restent attachés à la culture africaine en leur proposant des produits locaux venus des villages proches.

      3.            Comment renforcer la résilience des chaînes d'approvisionnement alimentaire urbaines, formelles et informelles, locales et mondiales, afin de garantir la sécurité alimentaire et la nutrition en milieu urbain?

      L’agriculture urbaine n’est pas à mesure de répondre à toute la demande de la ville en produits vivriers. Il faut donc pour une résilience des chaînes d’approvisionnement, intégrer les campagnes périurbaines à la chaîne, en soutenant cette agriculture de ces campagnes par une meilleure organisation des paysans en coopératives de production et de commercialisation de leurs produits.

      4.            Quels changements faut-il apporter à la planification urbaine pour mieux soutenir toutes les dimensions de la sécurité alimentaire, y compris le soutien aux droits de l'homme, à l'agencéité et à la durabilité? Comment renforcer l'action des acteurs locaux dans les systèmes alimentaires urbains et péri-urbains? 

      La première action doit être dans le sens de la préservation des terres agricoles du périurbain. Il faut une politique publique qui face de la lutte contre l’étalement urbain, une étape fondamentale de la lutte contre plusieurs fléaux urbains dont la question de la sécurité alimentaire. L’étalement urbain limite l’accès aux produits agricoles tant sur le plan de la quantité que la qualité, à cause justement des contraintes foncières et par ricochet de l’usage abusif des pesticides.

      5.            Comment les autorités nationales et municipales peuvent-elles renforcer les potentialités des villes à faible émission de carbone, inclusives, relativement auto-suffisantes et résilientes pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition à la suite du changement climatique et d'autres crises?

      L’une des principales sources d’émission de carbone dans nos villes, c’est d’abord la destruction des ressources naturelles dont elles sont responsables. Les autorités doivent veiller à cette perte de ces ressources foncières et naturelles  par les villes. Aussi, en cas de changements climatiques, les bas-fonds deviennent des espaces de culture qui permettent aux paysans d’être résilients. Malheureusement, nos bas-fonds sont devenus des espaces de compétition entre les bâtis et l’agriculture. Il revient aux autorités de garantir la survie de ces bas-fonds, sans que les bâtis ne viennent les faire disparaître.

      6.            Quelles sont les politiques les plus appropriées (et les lacunes des politiques existantes) dans le cadre du continuum rural-urbain pour résoudre les problèmes de régime foncier, d'expansion urbaine sur les terres agricoles et de concurrence croissante pour les ressources naturelles?

      En Côte d’Ivoire, il revient aux populations du rural périurbain de décider du lotissement de leur terroir villageois. Cette liberté qui leur est offerte, sans les accompagner sur les risques de la perte de leurs terres au profit des lotissements, conduit bien souvent à des lotissements anarchiques et à des spéculations foncières qui conduisent à l’étalement urbain. Il faut que l’Etat ait à nouveau le contrôle de ces lotissements qui se font sans le moindre respect des règles de l’urbanisme. Les populations bradent les terres et se retrouvent quelques années après sans aucune ressource foncière pour répondre à la demande sans cesse croissante de la ville en vivres. L’anarchie est si prononcée que la promotion immobilière est devenue une activité assez rentable mobilisant du même coup plus d’une vingtaine d’acteurs aux enjeux divergents (articles). C’est donc la course à la terre pour le bâti au détriment de la terre agricole.

      7.            De quelle manière les systèmes alimentaires urbains et péri-urbains peuvent-ils garantir la satisfaction des besoins alimentaires et nutritionnels de groupes spécifiques de personnes, tels que les migrants, les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les enfants, les adolescents, etc.?

      Ces catégories sociales sont généralement les plus vulnérables devant l’urbanisation galopante. Et quand ces situations arrivent ou en situation de difficulté, l’agriculture urbaine devient une source d’emplois. Lutter donc contre la perte accélérée de ces terres pourraient permettre à certains d’entre eux de continuer à pratiquer cette activité et se maintenir un peu dans le système alimentaire en garantissant par exemple l’autoconsommation.

      8.            Les marchés territoriaux peuvent-ils renforcer la sécurité alimentaire et la nutrition des populations urbaines, et quels sont les avantages et les défis qu'ils représentent?

      Il ne peut pas avoir de sécurité alimentaire dans les villes sans qu’elles ne recourent à d’autres marchés autres que ceux que leur offre l’agriculture urbaine. Il faut donc une facilitation des échanges entre les villes, surtout les plus grandes, et les marchés territoriaux. Ils présentent l’avantage de satisfaire aux besoins immédiats des citadins mais présentent le défi de réduire le pouvoir d’achat des autres populations qui voient souvent les prix des produits grimper localement, alors les villes qui n’en produisent pas en reçoivent en quantité suffisante.

      9.            En quoi l'incorporation de pratiques liées à l'agriculture résiliente au climat et à l'économie circulaire dans l'agriculture urbaine et péri-urbaine peut-elle apporter des co-bénéfices pour tous sur le plan climatique et renforcer la résilience climatique?

      L’économie circulaire peut renforcer la rentabilité agricole et réduire l’usage de produits phytosanitaires aux effets ressentis tant sur le plan sanitaire qu’environnemental. Cette agriculture résiliente peut donc lutter contre la dégradation continue de l’environnement et garantir a contrario la sociale à travers de nouveaux emplois agricoles créés. Une agriculture à fort rendement peut permettre à beaucoup de paysans de poursuivre leur activité d’agriculteur sans qu’ils se mettent en conflit. Ce qui veut dire qu’une telle agriculture est source de cohésion puisqu’elle réduit les risques de conflits. Bref, c’est une agriculture durable puisqu’elle réduit les risques de pollution environnementale, les risques sanitaires et garantit la cohésion sociale.

      10.         Comment les citoyens peuvent-ils être impliqués et habilités à conduire des processus inclusifs, transparents et participatifs pour les transformations urbaines, en assurant les synergies et la complémentarité avec les conseils municipaux?

      Il faut une co-construction des espaces périurbains pour les villes ne se bâtissent plus au détriment des populations rurales et de la sécurité alimentaire de tous. Or, telle que les choses se passent en ce moment, les populations rurales ne font que subir sans qu’on leur laisse le choix de décider de comment penser ou imaginer leur environnement de vie.

      11.         Comment les expériences des communautés urbaines pour améliorer l'accès aux aliments frais et aux régimes alimentaires sains peuvent-elles inspirer des politiques publiques plus larges?

      Les marchés matinaux qui se créent un peu partout dans nos villes ivoiriennes sont des expériences des communautés elles-mêmes qui ne sont pas encore saisies par les autorités municipales pour innover davantage dans le sens d’améliorer  ces fonctionnements informels qui font bénéficier au moins aux citadins la consommation de produits sains