Comme l’histoire agraire de notre humanité a maintes fois démontré (lire “Histoire des agricultures du monde”), la condition sine-qua-non pour pratiquer l’agriculture sur le long terme a toujours été la reproduction de la fertilité des sols, c’est à dire maintenir (voire améliorer) l’outil de base de la production dans des conditions permettant son usage a des fins productifs. On pourrait dire que la première preoccupation de tout agriculteur, homme ou femme, réside dans le maintien de la fertilité de base - et donc l’invention de techniques le permettant - et seulement ensuite l’invention de techniques productive pour utiliser cette fertilité. Le mot fertilité est ici employé dans le sense non seulement strictement agronomique mais aussi de la biodiversité de l’écosystème dans son ensemble. Preserver la biodiversité, et donc maintenir les haies en bordure des champs, la rotation des cultures, une utilisation de fertilisant “naturels” tant soit peu (guano péruvien par exemple, utilisation du fumier des animaux), nettoyer les fossés en bordures de champs (lire à ce propos le livre “Fossi e cavedagne benedicono le campagne”), garder les différents arbres, enfin l’humanité a eu cette préoccupation en tete depuis que l’agriculture a été inventé.
La question de la degradation des sols intervient donc dans l’ère moderne, quand la mécanisation et la chimisation ont bouleversés les pratiques d’antan. Petit à petit les agriculteurs/trices deviennent des facteurs de production comme tous les autres, soumis à des logiques productives décidées ailleurs et toujours à la recherche d’une augmentation de la productivité physique dans la vaine recherche d’une amélioration du niveau de vie. Comme je l’ai expliqué dans un texte en cours de publication (“Di chi è la terra”), alors qu’une famille paysanne du Centre de la France pouvait survivre - à la fin des années 30 - avec une productivité de 260 quintaux d’équivalents blé par actif, 50 ans plus tard, pour la même survie, il fallait une productivité de 2100 quintaux équivalents blé par actif. Une augmentation de presque huit fois qui seule pouvait être obtenue par une simplification du paysage agraire (élimination des haies, arbres, fossés) et une utilisations poussée d’intrants chimiques, le tout pour maintenir le meme niveau de vie.
L’agriculture dite moderne est donc la principale responsable de cet état de fait, auquel s’ajoute la formation d’un marché unique qui met en compétition des agricultures ayant des conditions de base différentes et inégales.
Sans s’attaquer à ce problème de fond, la recherche de roles différents pour hommes et femmes est risible. Quand une famille paysanne abandonne l’agriculture intensive, la division du travail, si division il y a, est essentiellement le fruit des us et coutumes locales, donc, encore une fois, de l’histoire.
Je ne pense donc pas qu’il y ait, dans l’absolu, des roles différents qui puissent favoriser une gestion plus soutenable des sols. Hommes et femmes paysannes, quand ils sont soumis aux dictats du marché internationale et qu’ils sont pris dans l’étau de l’agriculture “moderne”, c’est-à-dire qu’ils sont devenu des servants d’une forme de production dictée ailleurs, n’ont aucune possibilité de reverdir ce processus, sauf à en sortir. Le changements de mode de production, vers une agro-écologie, pourra donner des résultats, pas en insistant sur des dimensions périphériques au problème.
As the agrarian history of our humanity has repeatedly demonstrated (see "History of world agriculture"), the Sino-qua-non condition for practising agriculture in the long term has always been the reproduction of soil fertility, i.e. maintaining (or even improving) the basic tool of production so that it may be used for productive purposes. It could be said that the first concern of any farmer, male or female, is the preservation of basic fertility and thus the invention of techniques to enable it, and only then the invention of productive techniques to harness this fertility. In this case, the term fertility is used not only in the strictly agronomic sense, but also to refer to the biodiversity of the ecosystem as a whole. Preserving biodiversity, for example, by maintaining hedges at the edge of fields, rotating crops, using "natural" fertilizers (e. g. Peruvian guano, use of animal manure), cleaning ditches at the edge of fields (see the book "Fossi e cavedagne benedicono le campagne"), protecting different trees, etc. is an evidence that this concern has been of interest to humanity since the very first days of agriculture.
The issue of soil degradation arises in the modern era, when mechanization and chemical fertilization have disrupted the practices of the past. Gradually, farmers are becoming factors of production like any other, subject to productive rationales adopted elsewhere and always in search of increased physical productivity in the quest for an improvement in the standard of living. As I explained in a text that is being published ("Di chi è la terra"), whereas in the late 1930s a peasant family in central France could survive with a productivity of 260 quintals of wheat equivalents per worker, 50 years later, the required productivity for the same survival was 2100 quintals of wheat equivalents per worker. This is an increase of almost eight times that could only be achieved by simplifying the agrarian landscape ( removing hedges, trees, ditches) and making more extensive use of chemical inputs, all of which in order to maintain the same standard of living.
The so-called modern agriculture is therefore the main cause of this situation, combined with the formation of a single market that puts farmers with different and unequal basic conditions in competition with one another.
As long as this fundamental problem is not addressed, the search for different roles for men and women is absurd. Wheneverer a peasant family abandons intensive agriculture, the division of labour, if any, is essentially the result of local customs and habits, and therefore, once again, of history..
So I do not think that there are, in absolute terms, different roles that could foster a more sustainable soil management. When they are subject to the dictates of the international market and caught in the vice of "modern" agriculture, i.e. when they have become servants of a form of production dictated elsewhere, peasants, men and women alike, have no possibility of reversing this process, except by escaping from it. Results could be achieved by shifting production methods towards agro-ecology, not by emphasizing marginal dimensions of the issue.
Dr. Groppo Paolo
English translation below
Comme l’histoire agraire de notre humanité a maintes fois démontré (lire “Histoire des agricultures du monde”), la condition sine-qua-non pour pratiquer l’agriculture sur le long terme a toujours été la reproduction de la fertilité des sols, c’est à dire maintenir (voire améliorer) l’outil de base de la production dans des conditions permettant son usage a des fins productifs. On pourrait dire que la première preoccupation de tout agriculteur, homme ou femme, réside dans le maintien de la fertilité de base - et donc l’invention de techniques le permettant - et seulement ensuite l’invention de techniques productive pour utiliser cette fertilité. Le mot fertilité est ici employé dans le sense non seulement strictement agronomique mais aussi de la biodiversité de l’écosystème dans son ensemble. Preserver la biodiversité, et donc maintenir les haies en bordure des champs, la rotation des cultures, une utilisation de fertilisant “naturels” tant soit peu (guano péruvien par exemple, utilisation du fumier des animaux), nettoyer les fossés en bordures de champs (lire à ce propos le livre “Fossi e cavedagne benedicono le campagne”), garder les différents arbres, enfin l’humanité a eu cette préoccupation en tete depuis que l’agriculture a été inventé.
La question de la degradation des sols intervient donc dans l’ère moderne, quand la mécanisation et la chimisation ont bouleversés les pratiques d’antan. Petit à petit les agriculteurs/trices deviennent des facteurs de production comme tous les autres, soumis à des logiques productives décidées ailleurs et toujours à la recherche d’une augmentation de la productivité physique dans la vaine recherche d’une amélioration du niveau de vie. Comme je l’ai expliqué dans un texte en cours de publication (“Di chi è la terra”), alors qu’une famille paysanne du Centre de la France pouvait survivre - à la fin des années 30 - avec une productivité de 260 quintaux d’équivalents blé par actif, 50 ans plus tard, pour la même survie, il fallait une productivité de 2100 quintaux équivalents blé par actif. Une augmentation de presque huit fois qui seule pouvait être obtenue par une simplification du paysage agraire (élimination des haies, arbres, fossés) et une utilisations poussée d’intrants chimiques, le tout pour maintenir le meme niveau de vie.
L’agriculture dite moderne est donc la principale responsable de cet état de fait, auquel s’ajoute la formation d’un marché unique qui met en compétition des agricultures ayant des conditions de base différentes et inégales.
Sans s’attaquer à ce problème de fond, la recherche de roles différents pour hommes et femmes est risible. Quand une famille paysanne abandonne l’agriculture intensive, la division du travail, si division il y a, est essentiellement le fruit des us et coutumes locales, donc, encore une fois, de l’histoire.
Je ne pense donc pas qu’il y ait, dans l’absolu, des roles différents qui puissent favoriser une gestion plus soutenable des sols. Hommes et femmes paysannes, quand ils sont soumis aux dictats du marché internationale et qu’ils sont pris dans l’étau de l’agriculture “moderne”, c’est-à-dire qu’ils sont devenu des servants d’une forme de production dictée ailleurs, n’ont aucune possibilité de reverdir ce processus, sauf à en sortir. Le changements de mode de production, vers une agro-écologie, pourra donner des résultats, pas en insistant sur des dimensions périphériques au problème.
As the agrarian history of our humanity has repeatedly demonstrated (see "History of world agriculture"), the Sino-qua-non condition for practising agriculture in the long term has always been the reproduction of soil fertility, i.e. maintaining (or even improving) the basic tool of production so that it may be used for productive purposes. It could be said that the first concern of any farmer, male or female, is the preservation of basic fertility and thus the invention of techniques to enable it, and only then the invention of productive techniques to harness this fertility. In this case, the term fertility is used not only in the strictly agronomic sense, but also to refer to the biodiversity of the ecosystem as a whole. Preserving biodiversity, for example, by maintaining hedges at the edge of fields, rotating crops, using "natural" fertilizers (e. g. Peruvian guano, use of animal manure), cleaning ditches at the edge of fields (see the book "Fossi e cavedagne benedicono le campagne"), protecting different trees, etc. is an evidence that this concern has been of interest to humanity since the very first days of agriculture.
The issue of soil degradation arises in the modern era, when mechanization and chemical fertilization have disrupted the practices of the past. Gradually, farmers are becoming factors of production like any other, subject to productive rationales adopted elsewhere and always in search of increased physical productivity in the quest for an improvement in the standard of living. As I explained in a text that is being published ("Di chi è la terra"), whereas in the late 1930s a peasant family in central France could survive with a productivity of 260 quintals of wheat equivalents per worker, 50 years later, the required productivity for the same survival was 2100 quintals of wheat equivalents per worker. This is an increase of almost eight times that could only be achieved by simplifying the agrarian landscape ( removing hedges, trees, ditches) and making more extensive use of chemical inputs, all of which in order to maintain the same standard of living.
The so-called modern agriculture is therefore the main cause of this situation, combined with the formation of a single market that puts farmers with different and unequal basic conditions in competition with one another.
As long as this fundamental problem is not addressed, the search for different roles for men and women is absurd. Wheneverer a peasant family abandons intensive agriculture, the division of labour, if any, is essentially the result of local customs and habits, and therefore, once again, of history..
So I do not think that there are, in absolute terms, different roles that could foster a more sustainable soil management. When they are subject to the dictates of the international market and caught in the vice of "modern" agriculture, i.e. when they have become servants of a form of production dictated elsewhere, peasants, men and women alike, have no possibility of reversing this process, except by escaping from it. Results could be achieved by shifting production methods towards agro-ecology, not by emphasizing marginal dimensions of the issue.