Genre

Nouvelle base de données sur les inégalités entre les genres en droit foncier

Une nouvelle base de données en ligne, lancée par la FAO, renseigne largement sur l'une des principales pierres d'achoppement au développement rural : les inégalités largement répandues entre les hommes et les femmes en matière d'accès à la terre.

Les inégalités homme-femme en ce qui concerne les terres rurales sont flagrantes dans beaucoup de pays [FAO/A. Benedetti]

16/02/2010

Cette base de données, baptisée Genre et droit à la terre et élaborée en consultation avec les services statistiques nationaux, les universités, les organisations de la société civile et d'autres sources dans le monde, offre des informations mises à jour sur la façon dont les hommes et les femmes dans 78 pays ne sont pas égaux en matière de droits juridiques et d'accès à la terre.

Dans une bonne partie du monde, les femmes viennent loin derrière les hommes en ce qui a trait à la propriété des terres agricoles et l'accès aux revenus provenant de la terre, et cela bien qu'elles soient les principales productrices de cultures vivrières et qu'elles jouent un rôle crucial au sein de leurs foyers.

«La disparité dans l'accès aux terres est l'une des principales causes des inégalités sociales et économiques entre les hommes et les femmes dans les zones rurales. Elle met en péril la sécurité alimentaire des ménages et des communautés, et affecte la sécurité alimentaire nationale et le développement. Les informations (de la base de données) sont essentielles pour les décideurs et jusqu'ici les difficultés n'ont pas manqué pour recueillir des informations sur ce phénomène», indique Mme Marcela Villarreal, Directrice de la Division parité, équité et emploi rural de la FAO.

La base de données, accessible à tout un chacun ayant accès à l'Internet, offre aux décideurs et autres utilisateurs une meilleure image des grands changements sociaux, économiques, politiques et culturels qui influent sur l'accès à la terre et le respect des droits fonciers des femmes.

Elle couvre les lois nationales et coutumières qui régissent l'utilisation des terres, les droits de propriété et d'héritage, les traités et conventions internationaux, le régime foncier et les institutions connexes; les organisations de la société civile spécialisés en questions foncières et diverses sources statistiques.

Des informations à profusion

En effectuant une recherche par profils de pays, les utilisateurs peuvent trouver des réponses à des questions précises sur des sujets tels que le nombre total des propriétaires fonciers, le nombre total de femmes possédant des terres et le nombre de ménages ruraux dirigés par des femmes. Ils peuvent également effectuer des comparaisons sur un sujet donné entre deux ou plusieurs pays.

«Les décideurs ont, d'une part, une source exhaustive de renseignements sur les facteurs les plus pertinents en matière d'égalité en droit foncier dans leur pays et, d'autre part, la possibilité de faire des comparaisons entre les tendances et l'état du droit dans leur propre pays et d'autres pays», affirme Mme Zoraida Garcia, experte en parité et développement.

«Ils peuvent ensuite utiliser ces informations pour adapter leurs propres décisions et stratégies, mais aussi pour avoir une idée plus précise des effets éventuels que ces stratégies pourraient avoir sur l'émancipation économique réelle des femmes et sur le bien-être des communautés rurales», ajoute-t-elle.

La FAO a développé cet outil suite aux demandes fréquentes de ses Etats membres et d'autres acteurs de la communauté internationale qui souhaitaient comprendre comment les disparités entre les sexes influaient et étaient à leur tour influencées par les législations et coutumes foncières, indique en substance Mme Garcia tout en qualifiant de «positif» le fait que les pays aient reconnu l'importance cruciale de cette question fondamentale pour le développement.

Théorie contre pratique

Toujours selon l'experte de la FAO, on découvre en consultant la base de données un large fossé entre les droits formellement reconnus et la pratique.

Dans de nombreux cas, les constitutions nationales reconnaissent aux hommes et aux femmes les mêmes droits sur la terre, mais la réalité quotidienne est tout autre. Souvent, ces droits sont bafoués du fait de lois contradictoires ou de pratiques traditionnelles et institutionnelles qui ont la vie dure et attribuent les titres de propriété et l'héritage des terres aux hommes ou à la famille du père décédé.

En se développant au fil des jours, cette base de données inclura les suggestions des utilisateurs et les commentaires relatifs à la manière dont certaines informations spécifiques sont mises à profit lors des dialogues nationaux sur l'utilisation des terres, le genre et le développement agricole et rural.