Un changement de paradigme dans les méthodes des écoles pratiques d’agriculture en Afrique orientale


Par M. David Phiri, coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Est

Le Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Est a élaboré un projet d’intégration des écoles pratiques d’agriculture dans les cursus des établissements d’enseignement supérieur. ©FAO/Orry Pratt

23/03/2021

Les écoles pratiques d’agriculture, ou «écoles sans murs», ont été présentées par la FAO et ses partenaires il y a plus de trente ans comme pouvant se substituer à la méthode de vulgarisation du sommet vers la base, qui prévalait alors. Ces écoles sont une manière de promouvoir l’expérimentation sur le terrain, l’organisation en groupes et les décisions locales à travers l’apprentissage par la découverte. 

Les écoles pratiques d’agriculture étant une réussite dans toute l’Afrique, elles font l’objet d’une demande croissante. Au Kenya et en Ouganda, par exemple, l’institutionnalisation de cette démarche est acquise ou en cours dans les principes et les dispositifs de vulgarisation au plan national; et d’autres pays ont fait connaître leur souhait de faire de même. 

La popularité et la diffusion de cette méthode d’apprentissage n’ont pas été sans poser certains problèmes, à savoir le maintien de la qualité de sa mise en œuvre au stade de sa généralisation, et celui des corrélations entre pratique de terrain, politiques-cadres et développement stratégique. 

En réponse à ces besoins, le Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Est a élaboré un projet d’intégration des écoles pratiques d’agriculture dans les cursus des établissements d’enseignement supérieur. 

Par l’intégration des méthodes de ces écoles dans les programmes de vulgarisation agricole des universités, les pays peuvent former les agents de vulgarisation actuels ou en former de futurs destinés à devenir des animateurs et maîtres formateurs compétents de ces écoles. Ces spécialistes de la vulgarisation guident les agriculteurs tout au long d’un cycle d’apprentissage d’une saison agricole.

L’institutionnalisation des écoles pratiques d’agriculture dans les cursus universitaires garantit un flux constant de diplômés possédant les compétences nécessaires pour faire des petits exploitants agricoles des producteurs mieux préparés à l’industrie agroalimentaire. Sur le long terme, sont escomptés des effets sensibles sur la sécurité alimentaire nationale et le développement durable.

Les écoles pratiques d’agriculture étant une réussite dans toute l’Afrique, elles font l’objet d’une demande croissante. ©FAO/Orry Pratt

Traduire les idées en action

En forgeant des moyens nationaux de déployer de meilleurs services de vulgarisation et d’appui-conseil, cette initiative a renforcé les capacités au sein des structures nationales, leur permettant de surmonter leur dépendance à l’égard d’organisations extérieures dans le développement des capacités de ces écoles.

 Cela représente un changement de paradigme qui jette des passerelles entre les ministères de l’agriculture et ceux de l’éducation. Désormais, les fondations sont posées d’un développement systématique des capacités des futurs corps d’agents de vulgarisation. Il ne fait aucun doute que les piliers de l’éducation, de la recherche et de la vulgarisation des établissements d’enseignement supérieur y trouveront une meilleure assise pour contribuer de manière significative à la réalisation des objectifs de développement durable, dont la Faim zéro.

Plus de 40 professeurs, maîtres de conférences et fonctionnaires d’Éthiopie, du Kenya et d’Ouganda ont été formés comme animateurs ou maîtres formateurs d’écoles pratiques d’agriculture. Grâce à cette initiative, les universités participantes proposent désormais des cours de ces écoles sanctionnées par un grade, un diplôme et un certificat.

 Dans chaque pays, la création de sites villageois de sensibilisation, où le personnel universitaire et des fonctionnaires nationaux, nouvellement formés, conduisent leurs propres groupes d’apprenants de ces écoles dans un apprentissage qui dure une saison agricole, constitue un élément central. Les agriculteurs ont perfectionné leurs compétences et acquis des connaissance sur les sujets non agricoles que sont les normes d’équité entre les sexes, le VIH/sida, la santé génésique ou la gestion financière.

À Mpigi (Ouganda), des professeurs et des conférenciers d’un certain nombre d’universités dirigent un exercice de classement des problèmes parmi les apprenants de l’école pratique d’agriculture. ©FAO/Orry Pratt

Liens utiles

Partenaires techniques:

Universités participantes: Éthiopie: Université Hasawa; Kenya: University Pwani; Ouganda: Université de Makerere, Université de Kyambogo, Collège agricole de Serere, Université chrétienne d’Ouganda, Université de Busitema et Université de Gulu.

 Forum africain pour le conseil agricole (AFAAS) et le Pôle des écoles pratiques d’agricultures, administré par l’AFAAS

 Éthiopie: Ministère de l’agriculture

Kenya: Ministère de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et des coopératives

Ouganda: Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche

1. No poverty, 4. Quality education