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Rapport

INTRODUCTION

1. La Consultation sur les problèmes des pêches de la zone sahélienne a été organisée à Bamako du 13 au 20 novembre 1974 afin d'étudier l'effet de la sécheresse sur les pêches de la zone sahélienne et de formuler un programme d'action générale pour la protection et le développement à long terme de l'activité halieutique dans cette zone. Cette Consultation a servi aussi de réunion de synthèse de la mission pêche subventionnée par le PNUD à la demande du Comité des pêches continentales de la FAO, le CPCA, qui visite les pays suivants dans l'ordre donné, du 6 octobre au 12 novembre 1974: le Niger, le Dahomey, le Tchad, le Cameroun, le Nigeria, la Côte-d'Ivoire, la Haute-Volta, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie.

2. Il est rappelé que le CPCA a été établi par la FAO en vertu de l'Article VI dela Constitution, afin de fournir au Directeur général de la FAO et aux pays membres un instrument consultatif intergouvernemental pour faciliter la réalisation du programme de la FAO en Afrique et la coopération régionale pour le développement, l'utilisation et la conservation des ressources halieutiques dans les eaux continentales en Afrique.

3. Le Comité Permanent Inter-Etats pour la Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) et la Commission du Fleuve Niger étaient les Agences intergouvernementales de coopération pour la mission pêche FAO/PNUD et la Consultation sur les problèmes des pêches de la zone sahélienne.

PARTICIPANTS

4. Les pays suivants étaient représentés par des experts en pêches: la Côte-d'Ivoire, le Dahomey, l'Ethiopie, la Haute-Volta, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le Tchad. Les Agences Internationales suivantes étaient aussi représentées par des experts: la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), le Bureau des Nations Unies pour le Sahel (UNSO), la Commission Economique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO), la Communauté Economique Européene (CEE), le Fonds Européen de Développement (FED), l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM), l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) (voir Annexe 1).

OUVERTURE DE LA CONSULTATION

5. La Consultation a été ouverte par S.E. le Ministre des Finances de la République du Mali, M. Tiéoulé Konaté, qui a souhaité la bienvenue aux participants. Il expliqua que le Mali, bien qu'éprouvé par la sécheresse, avait fait beaucoup de progrès dans le domaine du développement des pêches grâce à la création d'un organisme autonome de gestion des pêcheries, ainsi qu'â l'appui financier matériel et humain du Fonds Européen de Développement (FED). Il insista sur l'importance du programme de lutte contre les infestations des dermestes, sur la nécessité de former les cadres aux différents niveaux et le besoin d'approfondir la recherche sur la dynamique des stocks. Il assura les participants que, vu la grande importance économique des ressources protéiniques de poisson de la zone, le Mali mettrait au service de toute action commune des pays sahéliens tous ses acquis en matière d'organisation et de promotion de la pêche (voir Annexe 2).

6. Le Représentant Résident du PNUD au Mali, Monsieur J.P. Schellenberg, au nom du Directeur du PNUD et du Directeur général de la FAO, souhaita la bienvenue aux participants de la Consultation. Il souligna l'importance de la mission pêche FAO/PNUD et de la réunion de synthèse. L'aménagement rationnel des trois grands bassins fluviaux et lacustres de la zone sahélienne doit tenir compte, a-t-il dit, des besoins en eau de chaque catégorie d'utilisateurs de façon à tirer le maximum de profit en termes de bien-être social. Il est donc nécessaire que les pays riverains coordonnent leur stratégie de développement et d'aménagement intégrée des pêches (voir Annexe 3).

7. Le Secrétaire Exécutif du CILSS, M. T. Konaté, rappela la création du Comité Inter-Etats, en septembre 1973, dont le but est de lutter contre la sécheresse en associant tous les pays de la zone sahélienne à une seule et unique action de développement. Le rôle coordinateur du CILSS devrait, a-t-il dit, faciliter la formulation de projets de développement et avancer leur réalisation. Il a émis le voeu de voir naître un projet précis à caractère régional se proposant de revaloriser le potentiel halieutique de la zone (voir Annexe 4).

ADOPTION DE L'ORDRE DU JOUR

8. L'Ordre du Jour de la Consultation a été approuvé (voir Annexe 5).

ELECTION DU BUREAU DE LA CONSULTATION

9. Selon la coutume le pays hôte a été prié d'assumer la présidence de la Consultation en la personne de M. J. Keita, Directeur des Eaux et Forêts.

M. B.F. Dada, Nigeria, a été élu premier Vice-Président et M. H. Loko, Dahomey, deuxième Vice-Président de la Consultation.

DEROULEMENT DES DEBATS SUR LES SUJETS TECHNIQUES

10. Les débats se sont déroulés dans l'ordre prévu au Calendrier de la Consultation (document FPSZ/74/2) et sont résumés ci-dessous dans cet ordre.

Rapports nationaux

11. La Côte-d'Ivoire, le Dahomey, l'Ethiopie, la Haute-Volta, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le Tchad ont soumis des rapports nationaux (document FPSZ/74/Inf. 2) dont la plupart ont été objet de débats.

Climatologie

12. Les documents de M. Winstanley (Précipitations et débits des cours d'eau dans la zone sous-saharienne [10°–20° nord] - FPSZ/74/6) et de M. Louis (Les grandes sources fondamentales d'énergie naturelle [ensoleillement, précipitations] - FPSZ/74/7) ont servi de base à la discussion.

13. M. Winstanley a analysé les enregistrements de la pluviométrie depuis le début du siècle pour un certain nombre de stations réparties dans la zone. Les variations de la pluviométrie dans le temps et l'espace ont été décrites et mises en relation avec les conditions climatiques et les conditions de la circulation atmosphérique dans d'autres parties du monde. Pour la zone considérée dans son ensemble il y a eu 5 sécheresses principales au cours du siècle, se produisant à des intervalles irréguliers de 7 à 30 ans environ: 1901–4, 1911–15, 1940–42, 1947–49 et 1968–73. Les séries de temps de données pluviométriques soumises à différentes méthodes d'analyse statistique n'ont révélé aucun cycle régulier. La récente sécheresse a été plus sévère le long de la frange nord de la zone sahélienne et sa sévérité a diminué vers le sud. Le long de la côte guinéenne les chutes de pluie ont dépassé le niveau normal pendant la période 1968–73. En se basant sur une analyse de données historiques Winstanley a prédit que les chutes de pluie dans toute la zone seraient moyennes ou au-dessus de la moyenne dans les cinq prochaines années. Il est extrêmement probable qu'il y ait une ou deux autres sécheresses affectant toute la zone entre 1980 et 2000 environ.

14. M. Daget a présenté une communication de M. Louis sur l'autorégulation de la pluviométrie et la relation entre l'activité solaire et la pluviométrie à Maiduguri. Cette dernière relation et le concept d'autorégulation ont servi de base pour la Prévision des pluies dans la station de Maiduguri pour les années 1974 et 1975 et pourraient servir pour l'ensemble de la zone sahélienne. Il y a eu une grande discussion sur les vues contradictoires, savoir si les fluctuations de la pluviométrie étaient cyoliques ou non. Il a été conclu que les fluctuations climatiques sont d'une importance fondamentale dans la structure socio-économique des pays sahéliens et qu'il faut encourager les recherches à aller plus avant.

15. Vu l'importance que revêtent les pluies sur les pêches intérieures de la zone sudanosahélienne, il est recommandé:

  1. que les recherches de climatologie soient systématiquement poursuivies sur la base des deux conceptions avancées ci-dessus pour arriver à une plus grande précision météorologique des prévisions annuelles;

  2. que le CILSS informe l'OMM de l'importance des fluctuations climatologiques dans les pêches intérieures.

Hydrologie

16. Les documents de M. Lamagat (La sécheresse dans le Sahel Ouest-Africain et ses conséquences sur les zones inondées dans les bassins du Niger, du Sénégal et du Lac Tchad, FPSZ/74/8) et de MM. Chouret et Lemoalle (Evolution hydrologique du Lac Tchad durant la sécheresse, FPSZ/74/9) ont servi de base à la discussion.

17. Depuis 1968, la situation climatologique du Sahel Ouest-Africain a été caractérisée par un déficit pluviométrique généralisé qui est allé on s'accentuant de 1971 à 1973 inclus. Cette période de sécheresse a été un peu moins sévère que celles des années 1910 à 1914 ou 1940 à 1944, que ce soit à l'échelle de 3 ou de 5 ans. Néanmoins à l'échelle annuelle, 1972 ou 1973 semblent avoir été des records absolus au plan des apports annuels des fleuves et surtout des débits d'étiage.

18. Depuis 1968, le Sénégal est resté déficitaire. Le déficit pour le module a été de 28 pour cent en 1970, 22 pour cent en 1971, 66 pour cent en 1972 et à peu près du même ordre de grandeur en 1973. Depuis 1971, il n'y a pas eu de débordement notable du fleuve.

19. Pour le Niger, après une crue supérieure à la moyenne en 1969, les déficits pour le module à Koulikoro ont été de 28 pour cent en 1970, 18 pour cent en 1971 et 30 pour cent en 1972. Les crues 1972 et 1973 n'ont presque pas alimentéles lacs de la rive gauche, Faguibine, Tele, Takara, Gouber. Quant aux lacs de la rive droite, ils ont été eux aussi très peu alimentés. Le Koraron était à sec fin février 1973 de même que les Lacs Garou et Haribongo, alimentés par le Niangaye. A la mi-décembre 1972, dans le delta central, seul le triangle Diafarabé, Tenenkou, Guro-Modi était en eau. Il n'y avait aucun débordement dans la zone du Lac Débo ni dans les zones situées plus en aval.

20. Dans le Lac Tchad, on a assisté depuis 1964 à une baisse continue du plan d'eau, qui s'est aggravée depuis 1968, les apports des six dernières années étant tous déficitaires. L'exondation de la Grande Barrière a eu lieu au niveau de Baga Kawa en juin 1973. La cuvette nord, coupée de son alimentation en eau, a vu sa surface diminuer rapidement. La surface des eaux libres est tombée à 8 000 km2 environ, soit le tiers de ce qu'elle était en 1964. Les Yaérés ou plaines inondables du Nord Cameroun n'ont été en eau ni en 1972 ni en 1973, années pour lesquelles il n'y a eu aucun débordement des fleuves Chari et Logone.

21. Il semble, toutefois, que durant l'hivernage 1974 les précipitations aient été excédentaires sur toute la zone sahélienne et, parfois, largement. Il pourrait en être de même pour les débits. A titre d'exemple, le maximum du Niger à Koulikoro a nettement dépassé le débit normal de 10 pour cent environ.

Biologie des pêches du Sahel

22. Les rapports de M. Daget (Biologie des pêches du Sahel, Annexe 6), et les documents de MM. Stauch et Oji-Alala (Evolution des pêches du Bassin du Lac Tchad durant les cinq dernières années, FPSZ/74/5) et de M. Fall (Evolution des pêches du Bassin du Fleuve Sénégal, FPSZ/74/10) ont servi de base à la discussion.

23. Il est difficile d'évaluer quantitativement les effets de la sécheresse sur la production de poissons dans l'ensemble des régions sahéliennes. Dans les bassins fluviaux proprement dits une baisse de production très forte a été enregistrée en 1973, alors qu'au Lac Tchad la production a notablement augmenté. L'hydraulicité en 1974 ayant été voisine du niveau normal, la reconstitution des stocks ne semble nulle part compromise et devrait se réaliser en un ou deux ans dans toutes les eaux naturelles en communication avec les fleuves.

24. L'importance des stocks exploitables est en relation étroite avec les surfaces inondées chaque année en période de crue. Une meilleure connaissance de cette relation permettrait de prévoir un ou deux ans d'avance le tonnage optimal que l'on pourrait prélever sur les stocks sans compromettre leur reconstitution. Ceci nécessite l'obtention de statistiques de production plus complètes et plus précises que celles que l'on possède actuellement, et des recherches sur la dynamique des stocks exploités. Pour atteindre ces objectifs il convient d'envisager le recrutement et la formation de cadres moyens et supérieurs qui existent en nombre insuffisant ou manquent totalement dans certains pays.

25. La Consultation a vivement recommandé qu'au sein d'un programme régional pour le développement des pêches de la zone sahélienne une place importante soit donnée à l'amélioration de la statistique, à la recherche sur la dynamique des stocks et à la formation des cadres à tous les niveaux.

Supervision de la production et de l'effort de pêche

26. Par suite des très grandes différences dans l'intérêt historique des pays du Sahel pour leurs pêches, la qualité des relevés de la production des pêches varie considérablement. Comme il est presque impossible de développer et de diriger les pêcheries sans connaître les résultats des programmes entrepris, il est essentiel de superviser le fonctionnement de ces pêcheries partout dans la région. Il faut des relevés plus fiables des captures, de l'effort exercé pour la pêche, de la valeur de la production, de la distribution et de la commercialisation des captures, ainsi que des exportations et importations de poisson et d'engins de pêche. En outre, il faut de meilleures données des déplacements des pêcheurs car leur mobilité est responsable de beaucoup de changements dans l'intensité locale de la pêche ainsi que de nombreux de problèmes d'une harmonisation internationale de la réglementation de ces déplacements.

27. L'assistance dans l'organisation et la mise en oeuvre du programme de supervision des pêches peut être particulièrement efficace dans ces bassins fluviaux si elle est fournie sur une base régionale. Les poissons et nombre de pêcheurs se déplacent beaucoup et il est nécessaire d'évaluer sur une base régionale l'état des stocks ainsi que les effets de tout changement effectué localement sur le fleuve ou les pêcheries. Il est donc grandement souhaitable d'apporter quelques normalisations. Il faut faciliter l'échange de ces données aussi bien officieusement qu'officiellement si une analyse ou en particulier une action doit être entreprise rapidement.

Ecologie des pêches des plaines d'inondation

28. Le document de M. Welcomme (Ecologie des pêches des plaines d'inondation, FPSZ/74/4) a servi de base à la discussion sur ce sujet.

29. Comme les pêches dans la zone sahélienne dépendent en grande mesure des plaines d'inondation, il importe de tenir compte des connaissances acquises dans d'autres régions qui peuvent constituer un cadre pour envisager les activités ultérieures de développement et d'aménagement devant être entreprises dans la région.

30. La productivité des plaines d'inondation est étroitement liée aux cycles alternants des saisons d'inondation et d'assèchement. En ce qui concerne la composante aquatique du système, on constate une augmentation de la productivité à la fois des plantes et des invertébrés pendant la phase de montée des eaux. Cette productivité diminue parallèlement à la décrue et est minimum aux basses eaux. Ces variations de la productivité primaire provoque des changements dans les populations de poisson. Les périodes d'activité reproductrice et de croissance élevées alternent avec des périodes de faible croissance, de reproduction négligeable et de mortalité élevée aux basses eaux.

31. L'existence de ce cycle et les travaux effectués dans d'autres régions d'Afrique conduisent à la conclusion que l'importance de la population de poissons est étroitement liée à l'intensité du régime d'inondation. En outre, cela est confirmé par la nature des fluctuations d'une année è l'autre des captures dans plusieurs systèmes, y compris celles du Niger à Mopti. Une corrélation étroite est observée entre les captures de n'importe quelle année et l'intensité de l'inondation pendant la ou les année(s) la précédant immédiatement.

32. La dépendance étroite des pêches et du cycle d'inondation est le point crucial pour des conflits possibles entre les pêches et les autres utilisations des plaines d'inondation (agriculture, élevage, riziculture, etc.). Par exemple, les cultures en saison sèche peuvent nécessiter le drainage précoce de la plaine et, en conséquence, le contrôle du régime d'inondation peut diminuer l'intensité et la durée de l'inondation. De la même façon, dans plusieurs régions d'Afrique les barrages ont arrêté tout le cycle d'inondation sur des surfaces importantes de plaines d'inondation et les pertes de population de poisson qui en résultent sont à peine compensées par l'augmentation de la production des réservoirs.

33. Il peut être possible de prendre des mesures pour préserver une certaine production des tributaires du fleuve en aval des barrages qui peuvent également être utilisés pour augmenter les rendements des plaines non contrôlées. L'une de ces mesures est l'élevage de poissons dans l'eau retenue en barrant les marigots qui drainent les cuvettes des plaines d'inondation. Cette méthode, qui retient de l'eau toute l'année dans les cuvettes a été essayée avec succès au Nigeria et au Sénégal. La Consultation est d'avis que ce type d'aménagement offre de grandes possibilités dans la région sahélienne et doit être encore perfectionné dans le cadre de tout projet de développement des pêches dans la zone.

34. Pour les raisons énumérées ci-dessus, la Consultation a exprimé l'opinion que les pêches dans les plaines d'inondation doivent être considérées comme étant intimement liées aux autres utilisations des plaines. Tous les plans de développement de ces régions doivent donc comporter la participation du personnel des pêches pour permettre la représentation adéquate de ce secteur vital.

35. L'insuffisance de connaissance des mécanismes écologiques à la base de la productivité de ces systèmes a aussi été notée, ainsi que la nécessité d'importantes études continues pour l'élaboration adéquate de politiques d'aménagement de ces régions et de protection de leurs stocks. Le groupe de travail du CPCA sur les plaines d'inondation paraît être l'organisme approprié pour coordonner ces études au niveau du continent et éventuellement au niveau mondial. Il a donc été suggéré que le groupe de travail se réunisse régulièrement.

Possibilité de pisciculture au Sahel

36. La discussion sur ce sujet a résulté d'une présentation orale de M. Vincke et de la mention dans les rapports nationaux que certains pays envisagent la pisciculture et parfois la rizi-pisciculture comme moyen d'augmenter leurs ressources en protéines animales.

37. Les conditions de réussite d'une pisciculture intensive sont a priori la proximité de centres urbains, la disponibilité d'eau, de sous-produits agricoles locaux pour l'alimentation des poissons, d'engrais organiques ou minéraux à un prix compétitif et enfin, la disponibilité d'espèces de poissons appropriées à un tel élevage commercial. Dans certains cas, l'on pourrait envisager des élevages associés tels que porcs-poissons et canardspoissons.

38. Les possibilités de développement de la pisciculture intensive au Sahel devront faire l'objet de prospections sur le terrain.

39. La rizi-pisciculture ou élevage de poisson en rizières irriguées, pourrait également être pratiquée, à condition de pouvoir se procurer facilement les alevins d'espèces qui se prêtent à un tel élevage.

40. Dans l'immédiat se pose le problème de remise en exploitation des plans d'eau naturels qui étaient permanents et des mares du même type, mais qui se sont asséchés complètement. Ces dépressions, après les pluies de 1974, se sont à nouveau remplies, mais il s'avérera sans doute nécessaire de les ré-empoissonner.

41. Il faut aussi prévoir le déversement d'alevins d'espèces valables dans les retenues artificielles existantes, mais non encore empoissonnées, et également dans celles qui sont actuellement en construction.

42. Pour la mise en valeur de certains de ces plans d'eau, il y aurait lieu d'envisager la oréation de petites piscicultures d'alevinage. D'autres pourront sans doute être empoissonnées au départ de stations existantes, si toutefois elles ne sont pas trop éloignées des endroits de déversement.

43. Les mares et ouvettes temporaires s'assèchent au moment de la décrue. Il semble possible d'aménager ces endroits pour y conserver de l'eau plus longtemps et d'avoir ainsi une production piscicole plus importante. Ce type d'aménagement devrait être essayé, à titre expérimental, dans un endroit judicieusement choisi.

44. Les problèmes relatifs à l'élevage du poisson ont suscité des interventions de toutes les Délégations. L'essentiel des discussions a porté sur les points suivants:

Technologie du poisson et des pêches

45. Le rapport de M. Charbonnier (Traitement et Commercialisation du poisson, voir Annexe 7) a servi de base à la discussion. Les participants ont manifesté, comme représentants des pays producteurs ou consommateurs, l'intérêt qu'ils attachaient à ce problème.

46. Il est apparu évident que les soins apportés à la préparation, au stockage, à l'emballage et au transport du poisson doivent garantir au consommateur un produit sain et de qualité.

47. Pour ce qui est du traitement proprement dit, il s'avère que le salage suivi de séchage, s'il est bien accepté dans certaines régions est, dans d'autres, peu prisé. Le fumage est, pour sa part, handicapé par le manque de combustible en zone sahélienne, et la réunion a estimé que les installations de fumage devraient être conçues de telles sorte qu'elles permettent de fumer le maximum de poisson avec le minimum de combustible.

48. Les participants ont estimé que la lutte contre l'infestation par les insectes, qui provoque d'énormes pertes, devrait revêtir un aspect prioritaire. Ils ont appris avec intérêt le résultat des expériences en laboratoire, effectuées à Mopti par l'Opération pêche, au moyen de deux insecticides biodégradables, la Bioresmétrine et le Gardona. La technique consiste à tremper le poisson frais pêché, pendant un certain laps de temps, dans une solution convenable de ces insecticides, puis de le mettre à sécher normalement. Les expériences démontreraient une bonne protection du poisson contre les insectes pendant une longue durée.

49. Des craintes se sont cependant manifestées sur la toxicité possible des insecticides employés, et sur les erreurs de dosage qui pourraient se produire quand l'insecticide, sortant du stade expérimental, sera utilisé par les pêcheurs eux-mêmes.

50. Un participant, à ce propos, a suggéré qu'il serait utile de faire des expériences comparées d'efficacité et de coût entre les insecticides et le sel qui se comporte - comme l'ont montré des expériences - comme un répulseur d'insectes nécrophages.

51. L'accent a été mis sur l'intérêt qu'il y aurait à réduire le cycle de la commercialisation du poisson, étant donné que les pertes par infestation sont proportionnelles à la durée du stockage et du transport. Les difficultés de cette entreprise ont été soulignées et l'une des mesures suggérées a été de recommander aux autorités compétentes d'améliorer les réseaux de communication entre les lieux de production et ceux de consommation.

52. La technologie de la pêche a donné lieu à une brève discussion: il semble en effet que les pêcheurs - surtout depuis l'introduction des fils de nylon - soient parvenus à une grande maîtrise dans la fabrication des engins de pêche. Pourtant, à la lumière d'observations faites sur le Lac Tchad et qui démontreraient que ce Lac est, en temps normal, sous-exploité, les participants ont estimé que l'accent devrait être mis sur la technologie de la pêche en eau profonde et dans les fleuves, pour permettre une intensification et une extension de l'exploitation qui se fait, en général, à l'époque des basses eaux.

53. Les difficultés d'établir une réglementation du matériel de pêche ont été soulignées, étant donné la taille très variable des espèces à capturer. Les participants ont estimé que l'obstacle principal consiste dans la mise en application de cette réglementation, et que les effectifs affectés à cette tâche sont, d'une manière générale, nettement insuffisants.

54. La consultation, en conclusion de ces débats, a estimé que tout plan de développement de la pêche devrait comprendre entre autres des programmes de traitement et de commercialisation du poisson ainsi que de technologie de la pêche.

Formation professionnelle

55. Des enquêtes effectuées par la FAO ont montré que la formation professionnelle se range parmi les principales exigences pour le développement des pêches en Afrique, et plus spécifiquement dans la zone sahélienne où les problèmes qui se présentent diffèrent de ceux d'autres pêcheries.

56. En ce qui concerne la formation professionnelle, il existe à Bouaké, Côte-d'Ivoire, une école des pêches intérieures permettant la formation de 10 cadres moyens et ingénieurs des travaux des pêches, chaque année en 10 mois de cours. L'école est patronnée par l'organisme français, le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT) et les candidats provenant de tous les pays de langue française doivent avoir au moins un niveau d'enseignement correspondant au BEPC français. Parmi les recommandations faites pour améliorer le programme de cette école figurent la prolongation à 2 ou 3 ans de la durée des cours et la mise en relief de l'aspect pratique de l'administration des pêches intérieures.

57. En ce qui concerne la zone centrafricaine, un projet PNUD/FAO RAF/054 a formé de 1967 à 1971 un certain nombre de fonctionnaires des pêches de la République Centrafricaine, du Gabon, du Congo et du Cameroun. Le projet avait son siège à Bangui (R.C.A.) et donnait des cours sur la pisciculture à un niveau de recrutement similaire à celui de Bouaké.

58. En se basant sur les recommandations de ce projet, on envisage sa continuation, qui aura pour but de former les fonctionnaires des pêches de la région centrafricaine à la fois dans les disciplines de la pisciculture et des pêches intérieures.

59. En s'appuyant sur les résultats de la mission qui a visité la zone sahélienne en octobre–novembre 1974, on recommande maintenant la création d'une école de formation professionnelle dans un des pays de la zone. Mopti a été proposé comme siège de l'école. En outre, il a été proposé que la structure de la formation soit divisée en trois catégories, à savoir:

  1. premier niveau ou niveau élémentaire pour les candidats sortis de l'enseignement primaire;

  2. niveau moyen ou intermédiaire pour les candidats venant de l'enseignement secondaire;

  3. niveau supérieur pour les candidats de formation universitaire.

60. La Consultation a donné son accord pour que les candidats sortis de l'enseignement primaire destinés aux postes d'exécution tels que “encadreurs” ou “moniteurs” soient formés dans leur propre pays par des organismes appropriés devant être établis par le gouvernement concerné, et qu'une telle formation reste hors de la responsabilité des institutions régionales.

61. Il y a eu accord unanime pour que les étudiants au niveau intermédiaire destinés aux postes de contrôleur ou d'ingénieur des travaux soient formés par une école régionale.

62. La Consultation a proposé de fixer le siège de cette école à Mopti.

63. L'école se spécialisera également dans la formation de fonctionnaires des pêches au niveau le plus élevé possédant un titre universitaire pour les pays sahéliens ou même pour d'autres fonctionnaires de langue française en dehors de la zone sahélienne.

64. La recommandation de créer un tel institut de formation professionnelle dans la région de Mopti est due au fait que le type de formation que l'on peut trouver en dehors de l'Afrique ou dans les universités d'Afrique ne convient pas et que le delta du Moyen Niger offre toutes les conditions naturelles pour une formation pratique sur le terrain.

65. En ce qui concerne la formation de chercheurs en biologie des pêches, technologie, économie et statistiques halieutiques, il est recommandé qu'un cours de formation complémentaire d'un an ou deux leur soit donné à l'institut proposé à Mopti et que cette période comprenne des visites d'étude aux autres institutions travaillant dans ce domaine.

66. La formation théorique et pratique devant être donnée à Mopti à ces spécialistes serait possible si le Centre de recherches, dont l'importance pour le Sahel a été soulignée par plusieurs délégués, devenait une institution complémentaire du centre de formation proposé.

67. Il faut mentionner, en particulier, la recommandation du délégué du Nigeria, à savoir, que les institutions de son pays se spécialisant dans la formation halieutique pourraient être utilisées éventuellement pour la formation de fonctionnaires des pêches d'autres pays. En particulier, il a proposé que le Centre de formation de Baga au bord du Lac Tchad soit davantage aidé afin d'être à même de recevoir des étudiants au niveau moyen.

68. Il sera essentiel que, dans tous les pays, le personnel formé soit employé sur le terrain. En conséquence, une enquête préliminaire sur les besoins en fonctionnaires des pêches des différents pays doit être entreprise pour définir la grandeur et les programmes détaillés du Centre de formation.

Organisation de l'Administration des Pêches

69. La préoccupation de la Consultation dans sa discussion de l'administration des pêches a été l'avenir des cadres qui seraient formés au Centre de formation régional. Le voeu a donc été émis que le programme de développement des pêches de la zone sahélienne devrait aussi pourvoir aux besoins des pays en experts-conseil pour les aider à restructurer l'organisation des pêches où cela s'avère nécessaire, afin d'assurer un avenir productif aux cadres formés.

Programme d'assistance au développement des pêches de la zone sahélienne

70. Le programme d'assistance au développement des pêches de la zone sahélienne a été présenté par M. Aubray du Service des Opérations de la FAO (voir Annexe 8). Il a donné lieu à de nombreuses interventions. Il y a cependant eu accord unanime des participants sur le programme proposé et sur le choix de Mopti pour le Centre de formation.

71. Certains participants ont souligné le besoin d'aide à l'échelle nationale pour la formation des moniteurs, d'autres ont exprimé le désir que les mois/hommes de consultants prévus pour la première phase du projet soient utilisés où cela sera possible pour aider à réaliser les programmes nationaux existants.

72. En outre, les problèmes ayant trait au transport du poisson (routes et motorisation), le programme existant de l'école du CTFT de Bouaké et des séminaires d'étude dans la région du Sahel ont été retenus pour examen durant la première phase du projet.

73. La durée de la première phase du projet a été fixée à 12 mois. Enfin, il a été recommandé à l'unanimité que le PNUD, le CILSS et le Bureau des Nations Unies pour le Sahel à Ouagadougou prennent les mesures nécessaires pour démarrer immédiatement la première phase du projet.

Annexe 1
LISTE DES PARTICIPANTS

PAYS DE LA ZONE SAHELIENNE MEMBRES DU CPCA

Cameroun

     -

Côte-d'Ivoire

DIARRA, M.
Ingénieur Eaux et Forêts
Sous-Directeur Pisciculture et Pêches continentales
Ministère de l'Agriculture
Abidjan

Dahomey

LOKO, H.
Directeur des Pêches
B.P. 383
Cotonou

Ethiopie

KETSELA, Ato T.
Director of Fisheries Division
Ministry of Agriculture
Addis Ababa

Haute-Volta

OUEDRAOGO, I.
Chef, Service Pêches
Direction Service Forestier et Environnement
Ministère Plan et Développement Rural
B.P. 7044
Ouagadougou

Mali

KEITA, J. (Chargé de liaison)
Directeur, Service des Pêches
Bamako

KONARE, A.
Directeur Opération Pêche
Mopti

KONE, A.
Directeur-général adjoint
Service des Eaux et Forêts
Bamako

COULIBALY, L.)Service des Eaux et Forêts Bamako
DIALLO, F.)
TEMBELY, A.)
LAMINE, H.A.M.)
DOGNY, J.)
TRAORE, B.)
KEITA, C.)

Mauritanie

GUELEM, T.
Chef du Service des Pêches
Ministère de Planification et Développement Industriel
Nouakchott

Niger

NAJADA, I.
Directeur Forêts
Niamey

Nigeria

DADA, B.F.
Chief Planning Officer
Federal Fisheries Department
PMB 12529
Lagos

Sénégal

FALL, A.O.
Ingénieur
Responsable Pêches
Service Forêts
Développement Rural
Dakar

Soudan

     -

Tchad

DIGUERA, B.
Chef, Inspection Eaux et Forêts
Sarh

COMMISSIONS REGIONALES
 
Commission du Bassin du Lac Tchad
B.P.727
N'Djamena
Tchad
 -N'GARAM, A., Directeur, Div. Pêches
 
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO)
B.P. 643
Ouagadougou
Haute Volta
 -SOW, A.
Chef, Bureau Communautaire des produits de la pêche
   
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX COOPERANT
 
Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS)
Ouagadougou
Haute-Volta
 -KONATE, I.
Secrétaire executif
 
Commission du Fleuve Niger
B.P. 729
Niamey
Niger
 - 
 
BUREAU DES NATIONS UNIES POUR LE SAHEL (UNSO)
B.P. 366
Ouagadougou
Haute-Volta
 -PLACKTOR, P.
   
 
ORGANISATIONS INTERNATIONALES
 
Communauté Economiqe Européenne (CEE)
Bruxelles
Belgique
 -BERTRAND, M.
Fonds Européen de Développement (FED)
Mali
 
Organisation Météorologique Mondiale (OMM)
Genève
Suisse
 -LAMAGAT, J.P.
ORSTOM, Mali
 
Agence Canadienne de Développement Inter-National (ACDI)
 -NADEAU, J.
Représentant ACDI
Bamako, Mali
 -PROULX, A.
Economist
 -WINSTANLEY, D.
Climatologiste
 
PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD)
 -CORDONE, A.
Représentant du PNUD
866 United Nations Plaza
New York, N.Y., 10017
 -SCHELLENBERG, J.-P.
Représentant Résident du PNUD
Bamako, Mali
   
Projets FAO/PNUD
Projet de recherche et de formation en pisciculture, Bangui, République Centrafricaine
 -VINCKE, M.J.
Directeur du Projet
Projet Pêche, Mopti
 -SZABO, A.
Technologiste (traitement du poisson)
 -RAIMONDO, P. (PROPESCA, Italie)
Responsable formation
Développement des pêches, Etat du Nord Maiduguri, Nigeria
 -STAUCH, A.
Fonctionnaire des pêches FAO
Programme de développement des pêches du Lac Kossou, Abidjan, Côte-d'Ivoire
 -COCHE, A.
Directeur du projet

ORGANISATION POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE
FANFANT, R.
Représentant de la FAO dans le pays Bamako, Mali
 
WEST, W.-Q.B.
Fonctionnaire régional des pêches
Bureau Régional de la FAO pour l'Afrique
Accra, Ghana
 
 
Département des Pêches
Division des ressources halieutiques et de l'Environnement
HENDERSON, H.F.
Service de la prospection et de l'évaluation des ressources aquatiques
Fonctionnaire principal - Ressources halieutiques (Evaluation)
Service des OpérationsWELCOMME, R.L.
Biologiste des pêches - plaines d'inondation
AUBRAY, R.
Chargé des Opérations, projets
RUDE, G.
Assistant administratif
Expert-conseilDAGET, J.
ORSTOM
24 rue Bayard
Paris 8è, France
Service des politiques et de la PlanificationCHARBONNIER, D.
Fonctionnaire des pêches
 
Secrétariat
Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA)GAUDET, J.-L.
Secrétaire
CORBET, Mme F.
Sténographe bilingue
TraducteurCHAUX, J.L.-Rome, Italie
InterprètesCURTIS, M.-France (Interprète en chef)
FARRELL, P.-Italie
PHILLIPS, O.-Nigeria
CARASSO, G.H.-France
Techniciens interprétationAMEDONE, E.J.K.
MALLET, L.R.
“Radio Ghana Corporation”
Accra, Ghana
Secrétariat localGAUDREAU, Mme L.
WACHOWIAK, Mme M.
DELORME, Mme L.

Annexe 2
DISCOURS D'OUVERTURE DE SON EXCELLENCE TIEOULE KONATE, MINISTRE DES FINANCES ASSURANT L'INTERIM DE M. LE MINISTRE DE LA PRODUCTION

M. le Représentant Résident du PNUD au Mali, M. le Secrétaire du Comité des Pêches Continentales pour l'Afrique, MM. les Délégués, Honorables Invités, Mesdames, Messieurs,

C'est un agréable devoir pour moi de présider, au nom du Gouvernement de la République du Mali, la cérémonie d'ouverture de la Consultation Intergouvernementale sur les Problèmes de Pêche en zone sahélienne.

Permettez-moi tout d'abord de souhaiter la bienvenue à tous les délégués des pays africains frères, comme des organisations internationales et nationales de l'Aide et de Coopération. C'est toujours un instant de joie et d'encouragement pour un malien de souhaiter la bienvenue à des délégations africaines venues pour parler des intérêts de l'Afrique. Ce sont certainement les conditions géopolitiques de notre pays qui ont fait de nous des partisans convaincus d'une construction africaine centrée sur l'Afrique et le sujet qui nous occupe aujourd'hui et qui fera l'objet de vos débats est un sujet centré exclusivement sur l'Afrique; en effet le poisson des eaux continentales d'Afrique est pêché par des africains, commercialisé par des africains et consommé presque exclusivement dans la région et surtout par les populations rurales. C'est pourquoi le Gouvernement de la République du Mali attache le plus grand intérêt aux problèmes de pêche.

C'est pourquoi aussi, sont profonds et sincères, les remerciements et félicitations de notre Gouvernement envers le Directeur-général de l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture pour l'initiative heureuse qu'il a eu d'organiser cette consultation.

Nos remerciements vont également au Programme des Nations Unies pour le Développement pour avoir accepté de financer la tenue d'une telle réunion.

Ces deux organisations internationales montrent ainsi leur détermination d'aider les pays africains à résoudre leurs problèmes de base à savoir: organisation rationnelle de l'exploitation des ressources naturelles pour les besoins réels des populations africaines.

Messieurs les délégués, pendant une dizaine de jours, vous allez discuter, en spécialistes, des problèmes des pêcheries continentales en zone sahélienne, vous serez aidés pour ce faire par une vaste expérience accumulée au fil des années par les différents gouvernements qui ont eu à entreprendre des actions concrètes en faveur du développement des activités de pêche. Je vous invite à analyser et critiquer ces actions afin de déterminer les goulots d'étranglement qui restent à rompre. Vous allez bien sûr analyser les problèmes des pêcheries sous un éclairage nouveau: celui des années de sécheresse passée. Vous constaterez que ces années de sécheresse ont eu une répercussion fâcheuse sur les stocks de ressources.

En analysant brièvement le cas des pêcheries maliennes, je vous dirais que notre pays a fait beaucoup de progrès dans le domaine du développement des pêches par la création d'un organisme autonome de gestion des pêcheries, d'éducation des pêcheurs et de promotion du commerce du poisson. Avec un appui financier, matériel et humain important du Fonds Européen de Développement (FED), notre pays a engagé un vaste programme de lutte contre le gaspillage des prises. Nous avons mis au point et commencé à diffuser les techniques de destruction des insectes qui détériorent le poisson. Ce gaspillage représentant de 30 à 40 pour cent de pertes constituait le principal goulot d'étranglement en 1965–66. Nous souhaitons vivement la poursuite de l'action du FED, afin de consolider les acquits et amorcer une véritable éducation des pêcheurs.

La mise en oeuvre de ce programme de lutte contre les gaspillages a mis en lumière deux autres goulots d'étranglement:

  1. l'absence d'une institution de formation d'un niveau suffisant et adaptée à nos conditions spécifiques. Avec l'appui de l'assistance technique fournie par le FED nous avons mis en place un service d'encadrement de base compétent et actif tandis que des administrateurs, et gestionnaires des pêcheries de niveau élevé nous fait cruellement défaut. Il en est de même des cadres techniques et scientifiques

  2. la connaissance du niveau des stocks et de sa dynamique, sans lesquelles il est illusoire d'agir sur l'effort des pêches, donc de mettre en place une législation véritablement adaptée à une gestion correcte des pêcheries.

Le Gouvernement de la République du Mali est décidé à casser, dans les années à venir, ces deux goulots d'étranglement. Il est prêt à le faire avec l'aide internationale et en collaboration avec les pays africains ayant des problèmes semblables. Il est prêt à apporter son modeste concours à tous les pays désireux de profiter de son expérience. Il mettra au service de toute action commune des pays sahéliens, tous ses acquits en matière d'organisation et de promotion de la pêche.

Le Gouvernement de la République du Mali considère qu'une bonne gestion des ressources piscicoles de ses eaux continentales est d'une haute priorité, car ces ressources constituent un des principaux apports protéiniques dans l'alimentation des populations; il est également convaincu que tout investissement dans le développement de la pêche est d'avance payant, car c'est un secteur d'activité très dynamique.

Je ne saurais terminer sans vous exhorter, Messieurs des délégués, à une réflexion profonde sur les besoins réels du développement des pêches des eaux continentales d'Afrique. Je souhaite que de vos discussions naisse un programme d'ensemble de l'action à mener pour un développement harmonieux des pêcheries sahéliennes.

Je vous remercie.

Annexe 3
DISCOURS DE M. J.P. SCHELLENBERG
REPRESENTANT RESIDENT DU PNUD AU MALI

C'est pour moi un honneur, au nom du Directeur du Programme des Nations Unies pour le Développement et du Directeur-général de la FAO, de vous souhaiter la bienvenue à cette Consultation sur les problémes des pêches du Sahel.

Ainsi que vous le savez sans doute, cette Consultation a été organisée par le Comité des Pêches Continentales pour l'Afrique (CPCA) de la FAO, sous l'égide du PNUD. Elle fera le point d'une mission pêche dans les pays du Sahel, qui a couvert une dizaine de pays depuis le début octobre 1974. Le PNUD, en répondant en juillet dernier à l'appel du CPCA pour une mission d'urgence dans le domaine de la pêche continentale l'a fait pour des raisons bien précises, notamment:

C'est pourquoi il a été convenu que la Mission pêche aurait pour double but d'évaluer l'étendue des dommages causés par la sécheresse au Sahel dans les zones d'activités halieutiques et de préparer un plan d'action régional pour la protection et le développement à long terme de la pêche dans une zone historiquement pauvre en protéine animale, cette carence s'aggravant dans les années de disette.

Chose curieuse, seuls quelques uns d'entre nous, à ce jour, réalisaient vraiment l'importance et le potentiel de la pêche dans la région située immédiatement au sud du Sahara. Une vue d'ensemble nous révèle, entre les 10ème et 15ème parallèles, une vaste zone sillonnée de fleuves très importants, de très nombreuses rivières et de plusieurs lacs. Il s'agit de trois grands bassins, notamment, du Sénégal, du Niger et du Tchad. A titre indicatif, les statistiques démontrent que cette zone, peuplée d'une vingtaine de millions d'habitants, produit, en temps normal, approximativement 300 000 tonnes de poisson frais. Ceci représente un apport très important de protéine d'excellente qualité, dont une grande partie est consommée localement. Nous savons d'ailleurs que le produit de cette zone est très recherché à travers toute l'Afrique occidentale, que ce soit sous forme de Banda ou de Salanga ou sous forme, toute récente, de capitaine fumé ou encore de granulés.

Les biologistes ici présents nous font savoir que plus de 120 espèces de poissons habitent les fleuves et les lacs de ces trois grands bassins. Ils affirment également que la productivité halieutique dépend en grande partie de l'abondance et de l'étendue des plaines d'inondation durant la saison des grandes crues. Ces plaines constituent de riches pâturages pour la reproduction et la croissance des poissons. Ce facteur biologique est très important.

Il est tout aussi évident que les fleuves de la région du Sahel jouent un rôle important dans nombre de domaines d'activités économiques en dehors des pêches. Citons d'abord, en particulier, l'agriculture avec ses projets d'assainissement, de contrôle des inondations et de travaux d'irrigation; ensuite, la fourniture d'énergie électrique avec ses barrages et réservoirs; enfin, tous usages industriels et domestiques et les dangers inhérents de pollution.

Ces activités sont non seulement en conflit entre elles, mais en outre, par les modifications qu'elles apportent à l'écosystème, elles menacent souvent la survie des stocks de poissons nécessaires aux pêcheries, tant artisanales que commerciales.

Il faut donc noter, selon l'opinion scientifique la mieux informée, que toute intervention qui modifie le régime des eaux en rapetissant la surface des plaines d'inondation ou en dimunuant la durée de l'inondation ne peut que résulter en une baisse de la production de poisson.

Il n'y a cependant aucun doute dans mon esprit que l'aménagement rationnel des trois grands bassins fluviaux et lacustres de la région du Sahel doit tenir compte des besoins en eau de chaque catégorie d'utilisateurs de façon à en tirer le maximum de profit en termes de bien-être social. A cet effet, il est donc essentiel que les pays riverains coordonnent leur stratégie de développement et d'aménagement intégrés des pêches.

Les Nations Unies, autant que les pays concernés, attachent une importance primordiale au développement intégré des trois grands bassins du Sahel. La création du Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), en 1973, le programme adopté par la première réunion des Chefs d'Etats membres du CILSS à Ouagadougou, en septembre 1973, l'inventaire des projets (Compendium) préparé par une mission multi-agences du système des Nations Unies, sous la direction du Bureau spécial pour le Sahel et, enfin, l'ouverture du Bureau du Sahel des Nations Unies à Ouagadougou, en septembre 1974, en sont les preuves indéniables.

Il est vrai qu'à ce jour, le développement des pêches occupait une place négligeable dans cette planification intégrée des activités économiques du Sahel. Fort heureusement, la mission FAO/PNUD qui a précédé cette réunion de synthèse et la présence ici de la plupart des directeurs des pêches des pays du Sahel replacent l'industrie de la pêche dans la perspective qu'elle mérite. Il est incontestable que pour certains pays du Sahel, tels le Mali, le Tchad, le Niger et le Sénégal, l'industrie de la pêche occupe une place vitale dans l'économie de la région souvent comparable à l'élevage.

Espérons donc que cette réunion de synthèse couronne les efforts de la mission FAO/PNUD et qu'elle atteigne ses objectifs, c'est-à-dire, la formulation d'un plan d'action concret pour la protection et le développement de la pêche continentale dans la région si éprouvée du Sahel.

Annexe 4
DISCOURS DE M. IBRAHIMA KONATE, SECRETAIRE EXECUTIF DU CILSS
(COMITE PERMANENT INTER-ETATS DE LUTTE CONTRE LA SECHERESSE DU SAHEL)

M. le Président, M. le Représentant Résident du PNUD, Excellences, Messieurs,

Compte tenu du fait que le but de la Mission, ainsi que les objectifs fondamentaux de la présente Conférence ont été définis par vous-même, Monsieur le Président, et par le Représentant Résident du PNUD, je me permets, au nom du CILSS, qui est, avec la Commission du Fleuve Niger, l'Agence principale de coopération, je voudrais donc remercier tout d'abord le Gouvernement du Mali d'avoir bien voulu abriter ces assises. Mes remerciements vont également aux différents pays, aux organisations intergouvernementales et internationales qui ont bien voulu mettre à la disposition de la Mission des experts et des savants de renommée mondiale et, enfin, aux pays non-membres du CILSS qui ont accepté de participer à cette Consultation.

Etant donné l'importance sociale, économique, nutritive de la pêche dans nos pays, je me permettrai de formuler deux voeux:

Annexe 5
ORDRE DU JOUR

  1. Ouverture de la Consultation

  2. Adoption de l'ordre du jour et organisation de la Consultation

  3. Election du bureau de la Consultation

  4. Examen d'ensemble des problèmes des pêches dans la région du Sahel

  5. Plan d'action pour la protection et le développement des pêches dans le contexte des priorités économiques du Sahel

  6. Affaires diverses

  7. Adoption du rapport


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