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Documents d'information

RAPPORTS NATIONAUX

COTE-D'IVOIRE

Résumé

Malgré ses 350 000 km2 de plans d'eau (fleuves et lacs) la Côte-d'Ivoire est tributaire des pays exportateurs pour son approvisionnement en poisson. Ceci n'est pas dû au manque de poisson, mais au fait que cette ressource est sous-exploitée. Il semble cependant que les populations ivoiriennes aient pris conscience de cette situation depuis la construction du barrage de Kossou et de nombreuses demandes des autorités locales parviennent à la Direction de la Pisciculture et des Pêches en Eaux Continentales en vue de procéder à la formation des populations autochtones. Ce service doit surmonter de nombreuses difficultés, principalement d'ordre financier, le manque d'infrastructure et l'insuffisance de cadres pour la formation des pêcheurs.

Abstract

In spite of its 350 000 km2 of water bodies area (rivers and lakes), Ivory Coast relies on imports for its fish supply. This is not due to lack of fish but to insufficient exploitation. However, since the construction of the Kossou dam there seems to be an awareness of this situation and many requests are made to the Fish Culture and Inland Fisheries Directorate by local authorities for training local populations. The Directorate is faced with many difficulties, mainly financial, lack of adequate infrastructure and insufficient teams of fishery officers for training the fishermen.

1. IMPORTANCE DES PECHES DU SAHEL DANS L'ECONOMIE IVOIRIENNE

La Côte-d'Ivoire importe chaque année 12 000 à 14 000 tonnes de poisson fumé et séché en provenance des pays sahéliens, ce qui représente 9 pour cent environ de sa consommation annuelle nationale en produits halieutiques.

Cette situation va demeurer pendant longtemps encore et risque d'augmenter proportionnellement à l'évolution de la population de 2 à 5 pour cent dans les années à venir.

La situation des pêches maritimes étant statique depuis quelques années en raison de la pauvreté de nos côtes, obligera le Gouvernement à procéder à la reconversion totale de sa flottille de pêche afin de pouvoir pêcher au delà de nos eaux territoriales grâce aux accords passés avec les pays amis.

Un effort est aussi entrepris du côté des pêches continentales pour la formation intensive de pêcheurs en vue de l'exploitation des nombreux plans d'eau qui sont actuellement sous exploités.

Mais tout ce déploiement de ressources ne pourra véritablement être rentable que dans 5 à 10 ans.

Pendant tout ce temps, nous dépendrons beaucoup de l'importation de poissons des pays sahéliens qui seront nos sources d'approvisionnement en quantité et en qualité des produits halieutiques.

En comptant sur les efforts de pêche et la qualité de conditionnement de leurs produits dont ils sont seuls détenteurs des secrets, nous pouvons en toute quiétude développer nos pêches.

Nos sources d'approvisionnement ayant souffert de la sécheresse ces temps derniers, il était à craindre qu'une pénurie en produits halieutiques ne s'en suive.

Heureusement que des pluies se sont abattues sur ces régions régularisant, pour ainsi dire, les cours des fleuves qui tarissaient.

Si un souhait est à formuler, ce serait celui de voir chaque année à la période des cultures, cette pluie prodiguer son action bienfaisante à la fois aux agriculteurs et aux pêcheurs.

2. READAPTATION, PROTECTION DES PECHES

Les mesures réglementaires doivent être prises selon les conditions du milieu dans lequel est situé la pêcherie.

Elles ne doivent pas être arbitraires; elles seront prises dans des cadres bien déterminés. Elles ne seront opportunes que si elles sont fondées sur des bases biologiques saines et solides.

Elles doivent être applicables sans aucune contestation.

Elles ne seront admises que si elles sont comprises à la fois par l'autorité et l'opinion publique.

Donc il n'est pas nécessaire de faire une réglementation pour son existence, mais la faire en partant de données qui ne prêtent à aucune confusion.

Les mesures réglementaires doivent essentiellement concerner les méthodes répréhensibles de pêche succeptibles soit de détruire la faune aquatique soit d'en diminuer la productivité.

La rédaction d'une réglementation à l'usage des pêcheries doit tenir compte de trois principaux facteurs:

  1. La sauvegarde de la faune halieutique: par l'interdiction de la destruction des stocks par des méthodes de pêche utilisant des engins dangereux tels que les explosifs, ou la pose de moyens de capture dans les frayères de certaines espèces vulnérables.

  2. La sélectivité des captures: par la fixation de taille minimale de certaines espèces qui capturées en dessous de cette norme risquent de provoquer leur disparition totale du plan d'eau. En un mot, ce qui revient à réglementer les mailles des filets.

  3. L'aménagement de l'environnement: par la lutte contre la pollution des eaux dûe aux rejets de produits toxiques ou nuisibles à la faune piscicole. Cette partie de la réglementation s'adressera surtout aux industriels qui sont responsables de l'écoulement des eaux usées de leurs usines dans les fleuves et lacs au bord desquels sont le plus souvent installés leur établissement.

3. DEVELOPPEMENT A LONG TERME DES PECHES

Les pêches continentales ont été de tout temps un parent pauvre parmi les secteurs à développer particulièrement dans les pays en voie d'émergence.

Si nous constatons un déséquilibre flagrant dans le secteur pêche par rapport aux autres notamment l'agriculture, c'est que nos Gouvernements respectifs ont donné la priorité au plus urgent, c'est-à-dire la production des céréales afin de combler les déficits à l'importation de ces produits alimentaires qui pesaient et continuent de peser lourdement dans nos balances de paiement.

Les objectifs en agriculture étant plus ou moins atteints, il serait souhaitable que nos responsables se penchent sur ce grand malade qu'est la pêche pour la faire sortir de l'ornière dans laquelle elle est engagée depuis des décennies.

La consommation de produits halieutiques de la population ivoirienne est estimée à 131 000 tonnes pour l'année 1975; elle augmentera régulièrement dans les années à venir de 10 à 15 pour cent. La production actuelle ne dépassant pas 78 000 tonnes et devant rester stationnaire pour une bonne période encore, notre déficit ne fera que s'accentuer.

La seule issue qui s'offre à la Côte-d'Ivoire est la formation à outrance de 60 000 à 70 000 pêcheurs soit 1/100ème de la population totale pour pouvoir d'abord se suffire et ensuite faire parti du club des exportateurs.

Ce qui demande pour les décennies futures un véritable sacrifice financier qui se chiffrera pour les 5 premières années de mise en route de l'opération entre CFA.F. 1 500 millions à 2 000 millions.

Cette somme servira à la mise en place des infrastructures, à la formation des encadreurs de base, de l'encadrement et des fonds nécessaires à la commercialisation des matériels de pêche (achat et cession à crédits).

3.1 Structure administrative souhaitable

La pêche ne pourra valablement se développer dans un cadre aussi rigide que celui des administrations de pêches actuelles.

Pour une meilleure évolution, la pêche a besoin à tout moment d'une disponibilité financière et humaine immédiate.

Les structures régissant les pêches ne pouvant y convenir, il faut penser à la mise en place d'un organisme possédant toutes les latitudes d'intervention se passant de toutes longues démarches et lenteurs caractéristiques de nos organisations chargées de la destinée des pêches.

L'organisme qui peut convenir au développement des pêches est, à notre avis, un organisme taillé à l'image de nos sociétés de développement étatiques ayant leur structure propre, l'Etat n'intervenant qu'en début et fin d'exercice.

Cette société d'intervention ne pourra être viable que si elle dispose des moyens financiers importants au lieu des subsides habituels. Donc pour un meilleur fonctionnement, elle aura recours aux prêts intérieurs avec le cautionnement de l'Etat.

3.11 Structure administrative de cet organisme

En prenant comme exemple le cas de la Côte-d'Ivoire, où les pêches continentales et les pêches maritimes tendant vers le même but, c'est-à-dire procurer à la population des produits halieutiques pour la consommation et pourquoi pas, à exporter le surplus, doivent être réunies au sein du même organisme qui doit avoir la structure administrative suivante:

  1. Un conseil d'administration: chargé de l'approbation des programmes et de la fixation de l'enveloppe financière nécessaire au fonctionnement annuelle de la société.

  2. Une direction générale: chargée de la coordination et la planification des programmes à long terme; elle s'occupe des prises de décisions administratives et techniques ayant directement un rapport avec le bon fonctionnement des services centraux.

  3. Les directions spécialisées: c'est-à-dire la direction des pêches maritimes et celle des pêches continentales chargées de répercuter sur les techniciens de terrains, les ordres émanant de la direction générale et de l'élaboration des programmes de leur département respectif.

En outre chaque direction pourra s'articuler selon la nécessité, en plusieurs sousdirections pour une meilleure répartition des efforts et des tâches et pour une bonne efficacité. Puisque nous sommes dans le domaine des pêches continentales, les différentes sous-directions pourraient être les suivantes:

  1. Une sous-direction des pêches continentales: elle sera chargée de l'application et du contrôle sur le terrain, du contenu programme et du collationnement des rapports provenant des services techniques du terrain. Elle participe à l'élaboration des programmes annuels et à court terme.

  2. Une sous-direction de la pisciculture: chargée des problèmes de pisciculture et aquaculture. Elle aura pour tâche essentielle la production de poissons de repeuplement des lacs et fleuves.

  3. Une sous-direction des affaires administratives et financières: chargée des problèmes administratifs, financiers, commerciaux et de la gestion du personnel. Elle sera notamment chargée de la gestion du matériel des pêches, de son achat, de sa distribution et du recouvrement de la créance auprès des pêcheurs.

  4. Une cellule de formation des encadreurs: chargée de la formation du recyclage et du suivi des encadreurs.

  5. Une cellule de la statistique: chargée de récolter les renseignements sur le terrain afin d'évaluer les efforts de pêche, les prises, etc., en vue de mieux éclairer la société sur son rendement.

  6. Une cellule de technologie des engins: chargée de l'étude technique des engins à vulgariser et de la mise au point de nouvelles techniques de pêches et de conservation des produits halieutiques.

  7. Les organismes de recherches: ils pourront intervenir en tant que consultant, c'est-à-dire la direction générale des pêches pourra par contrats les charger d'études scientifiques dans les domaines précis dans le but de la promotion immédiate de la pêche.

3.2 Les structures de base en liaison directe avec le terrain
  1. Les divisions régionales: chargées de la politique régionale de pêche s'occuperont plus particulièrement du contrôle des centres de gestion pour l'application, des programmes et les consignes provenant des autorités directionnelles.

  2. Les centres de gestion ou cantonnement de pêche: sont chargés de l'application des programmes en liaison constante avec les divisions de pêches, dans la zone dépendant de leur autorité.

  3. Les postes de formation et d'animation: implantés dans les zones immédiates des lacs ou fleuves où l'action de formation et d'animation doit se dérouler, en vue d'être en contact permanent avec les pêcheurs à encadrer. Les responsables de ces postes sont chargés de la formation de l'encadrement et de l'animation des pêcheurs riverains.

Tel que décrit, l'organisme dont nous souhaitons la naissance, sera une véritable organisation de développement des pêches, peut-être que certains la trouveront utopique, mais avec la prolifération de nombreux barrages hydro-électriques, hydro-agricoles ces temps derniers, sans compter ceux en voie de réalisation et le déficit en produits halieutiques quasi chronique, nous serons amené dans un proche avenir à envisager une telle solution afin de sortir de l'impasse dans laquelle nous sommes engagés depuis longtemps.

La superficie totale de nos plans d'eau atteindra bientôt 350 000 km2 lacs et fleuves y compris.

Avec une occupation rationnelle de 2 000 à 10 000 pêcheurs selon l'importance des plans d'eau, nous parviendrons aisément à atteindre notre objectif.

3.3 Problèmes techniques

Candidats pêcheurs: En ce qui concerne les candidats pêcheurs, leur recrutement ne posera pas de problèmes en Côte-d'Ivoire. Actuellement, le marché de l'emploi étant presque saturé, des élèves ayant été obligés d'arrêter leurs études au niveau du Certificat d'Etudes Primaires ou du BEPC se comptent par milliers. Ceux-ci refusant “le retour à la terre”, seront sans doute tenter par l'appât du gain rapide que procure la pêche.

Sur ce plan, notre optimisme repose sur des faits réellement vécus lorsque l'AVB démarrait sa politique de reconversion des populations sinistrées du bord du Lac de Kossou. Au début, il y avait une certaine réticence de la part de ces braves cultivateurs qui ne voulaient pas se départir de leurs activités coutumières. Cependant, après les premiers résultats financiers obtenus par les quelques volontaires qui ont accepté de collaborer à l'opération, tous ceux qui étaient les fervents adeptes de l'agriculture, ont abandonné leurs parcelles de culture qui leur avaient été cédées pour se ruer sur la pêche.

Pour ne pas faire échouer l'opération agricole, il a fallu trouver d'autres astuces pour freiner cet engouement subit.

Actuellement, le revenu moyen annuel net des pêcheurs formés et encadrés par l'AVB varie entre CFA.F. 200 000 et 300 000.

4. PRINCIPAUX OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DES PECHES

4.1 Problème de l'information et de la formation

Si les pêches ont des difficultés dans tous les domaines pour leur développement, la responsabilité peut être imputée particulièrement aux gestionnaires des pêches qui ne font pas l'effort essentiel pour faire sentir à la fois aux autorités gouvernementales et à l'opinion publique l'importance de ce département.

Car le rôle de l'information est capital dans le développement des pêches parce que mal éclairésles gouvernements ne comprendront jamais la nécessité de dégager des crédits importants pour l'exécution des programmes élaborés à cet effet.

Le public prendra aussi en mal les mesures réglementaires qu'on lui imposera, tant qu'il ne comprendra pas l'utilité de la sauvegarde de la faune aquatique.

L'information doit donc accompagner ou précéder toute action de développement.

4.11 Information du Gouvernement

Elle doit se faire à tout moment et en toute circonstance. Les personnalités qui seront les plus concernées sont les parlementaires qui sont le plus souvent appelés à voter le budget. Etant les élus du peuple et un contact permanent avec les réalités locales, ce sont ceux qui les premiers prendront conscience de l'importance des problèmes de la pêche.

Ils seront les meilleurs porte-paroles des techniciens auprès du Governement, surtout si certains d'entre eux ont leur population locale directement concernée par l'opération.

L'administration des pêches doit fréquemment faire des causeries sur son département en mettant en relief tous les avantages que l'on pourra tirer du développement des pêches.

Par l'intermédiaire de son Ministère de tutelle, il fera entendre sa voix en conseil des ministres à l'occasion de toute mission entreprise à l'extérieur à l'aide de communications écrites remises à son ministre.

4.12 Information de la population et des pêcheurs

L'administrateur usera de tous les moyens d'informations disponibles: radio, télévision, presses. Il profitera de son passage dans les localités pour provoquer une causerie avec les autorités locales et la population. La campagne de sensibilisation doit se faire par tous les techniciens, notamment ceux directement en contact avec les populations concernées.

On n'oubliera jamais de souligner l'importance de l'opération, les avantages que les populations concernées peuvent en tirer.

La meilleure des preuves qui puisse convaincre, c'est d'avoir une opération similaire, voisine de la zone où l'on se propose d'entreprendre une formation, surtout si celle-ci a réussi.

Il suffira d'envoyer quelques volontaires de la localité à animer prendre contact avec des pêcheurs déjà initiés qui arrivent à gagner leur vie.

4.2 Problèmes financiers

De tous les problèmes qui affectent le développement des pêches, c'est sans nul doute le problème financier.

Malgré tout le potentiel humain disponible, si les moyens financiers ne précèdent pas l'action des techniciens, la rupture qui s'en suit risque de faire échouer lamentablement tous les efforts entrepris pour insuffler une nouvelle vigueur aux pêches.

Toutes les actions sur le terrain doivent s'enchaîner comme dans le déroulement d'un film. Après la mise en place des infrastructures, des équipements, viennent ensuite les processus de formation, d'encadrement, d'animation et de crédits.

Si les sommes nécessaires à la réalisation de chaque structure qui constitue chacune un maillon indispensable de la chaîne arrivent à être dégagées cela ne suffit pas. Il faut qu'elles puissent être facilement utilisées, donc dépouillées de toutes les procédures administratives qui si elles permettent un contrôle efficace de l'utilisation du denier public, sont néanmoins des obstacles certains au bon déroulement de l'entreprise. Par exemple avant la formation de candidats pêcheurs on prévoit le nombre de matériel nécessaire à leur équipement; la commande est lancée pour que la réception des équipements coïncide avec la fin de la formation, c'est-à-dire 1 à 2 mois à l'avance. Mais avec les procédures administratives on risque de réceptionner les matériels 2 à 3 mois après la formation; ce qui peut occasionner un découragement parmi les futurs candidats, qui ne voient pas venir l'équipement de ceux déjà formés.

Il arrive assez souvent que les projets de développement nationaux se heurtent à l'impossibilité du Gouvernement d'en assurer le financement, l'Etat a donc recours à des sources de financement extérieures dont la mise en place suit des processus très longs et quant à l'utilisation elles posent autant de problèmes que les sources locales.

Il serait souhaitable que les organismes de prêts se penchent sur ce problème afin de faciliter à la fois la mise en place des sommes demandées et l'utilisation de celles-ci en diminuant le temps d'études de viabilité des projets.

C'est ici que le problème de l'information prend toute son importance. Si les administrateurs des pêches arrivent en toute objectivité à informer à la fois le Gouvernement et la sphère internationale de la situation des pêches dans leur pays et à évaluer avec une certaine précision leur besoin, cela ne pourra que faciliter l'obtention des moyens qu'ils demandent afin de développer les domaines dont ils ont la responsabilité.

En conclusion, si le problème financier est un obstacle certain au développement des pêcheries, l'information peut être un stimulant à la réalisation des projets si elle précède les demandes de moyens financiers indispensables à toute opération de l'élévation du niveau de vie humaine.

4.3 Problèmes techniques

La motorisation des embarcations: La motorisation, si elle facilite grandement les tâches du pêcheur, elle n'est pas néanmoins recommandée pour le moment surtout au niveau d'une certaine catégorie de pêcheurs.

En effet si un pêcheur équipe son embarcation d'un moteur d'une puissance de 6 CV à CFA.F. 140 000 au prix de revient minimum de CFA.F. 450 l'heure, s'il possède 20 unités d'effort de pêche soit 2 000 m2 de filets maillants du type lac lui permettant de capturer 60 kg de poisson frais par nuit de pêche soit 12 kg de poisson fumé, ce qui lui revient à CFA.F. 6 000 en poisson frais et à peine CFA.F. 1 200 en poisson fumé à raison de CFA.F. 100 le kg pour les 2 catégories.

Si la durée de sortie est estimée à 2 heures de temps par jour, pour la pose et la relève des filets, il dépensera CFA.F. 900 à chaque sortie.

S'il parvient à vendre tout son produit en frais, il lui restera CFA.F. 5 100 pour l'amortissement du reste de son équipement, mais si son produit est écoulé en fumé comme c'est le plus souvent le cas lors des campagnes de pêche loin des ports d'attache, le pêcheur n'aura plus que CFA.F. 300 ce qui est nettement insuffisant.

Comme on le constate, le traitement du poisson (fumage et séchage) diminue le poids du poisson d'au moins de 2/3, mais aucune compensation n'est observée sur le prix de vente qui demeure le même pour les deux qualités de produits.

Pour faire un réajustement, il faut vendre le produit au moins 5 fois le prix homologué ce qui le rendrait inabordable.

De cette déduction il apparaît que le pêcheur a intérêt de pêcher près de son port d'attache afin de pouvoir écouler son produit en frais.

Le moteur étant conseillé pour donner un large champ d'action donc à effectuer des campagnes de pêches, paraît très onéreux dans ce cas.

Il faut donc repenser le problème de motorisation des embarcations qui ne pourra être rentable que dans le cas des transports lacustres et fluviatiles.

Notre objectif étant l'élévation du niveau de vie de pêcheurs par le développement des pêches, il serait bon de rechercher des solutions économiques qui puissent rentabiliser les efforts de ceux qui nous font confiance.

4.4 Problèmes de personnel qualifié

(i) Pour une efficacité certaine, il faut que les techniciens sachent à fond leur métier à tous les niveaux, du technicien supérieur au plus petit cadre subalterne.

La formation doit aussi concerner tous ceux qui coopèrent au développement des pêches; les hydrobiologistes, limnologistes, icthyologistes, biométriciens, etc., dont l'action n'est pas immédiatement perceptible dans l'opération, mais néanmoins vitale pour une pêcherie.

Il a été constaté que le plus souvent la formation du personnel qualifié s'arrête aux techniciens supérieurs et cadres moyens des pêches, sans se soucier des techniciens subalternes.

Ceci est une des graves erreurs qui est le plus souvent commise. Alors que ce sont ceux qui sont en contact avec les pêcheurs. On s'est la plupart du temps contenté de leur donner une formation dite “sur le tas” qui ne convient pas toujours.

(ii) Le formateur doit non seulement connaître à fond son métier pour être efficace, mais aussi être un vulgarisateur, un animateur doué ayant une très bonne notion des relations humaines. Ce qui doit faciliter son travail.

Ces qualités ne sont pas des dons, mais elles s'acquièrent par un enseignement scolaire.

Il est donc nécessaire d'instituer soit au niveau national ou international, un centre de formation de techniciens subalternes qui sont à la base même des actions de développement des pêches.

Des sessions de recyclage de techniciens à tous les niveaux doivent être instituées afin de permettre à ceux-ci d'être au courant des nouvelles méthodes et techniques mises au point entre temps.

(iii) La réussite du développement des pêches sera sans nul doute l'oeuvre des techniciens qualifiés qui auront à leur disposition tous les moyens nécessaires à la réalisation des objectifs qu'ils se sont fixés pour la réussite du programme.

CONCLUSION

La Côte-d'Ivoire est et restera tributaire encore pour une longue période des pays exportateurs de produits halieutiques, malgré ses nombreux plans d'eau estimés à 350 000 km2 (fleuves et lacs compris) sans compter les nombreux barrages hydro-agricoles disséminés à l'intérieur du pays et la création en 1975 des barrages hydro-électriques sur le Sassandra, le Bandama et le Comoé.

Cet état de fait est dû à l'insuffisance de pêcheurs sur ces plans d'eau.

Notre problème n'est donc pas un manque de produits piscicoles, mais seulement une question d'exploitation.

Depuis l'avènement du barrage de Kossou et l'effort nécessaire déployé par l'AVB et la FAO pour former les riverains de ce plan d'eau, une nette prise de conscience se fait au sein de la population ivoirienne.

La rentabilité de l'opération n'ayant pas fait de doute auprès des populations riveraines (CFA.F. 200 000 à 300 000 de revenu annual net en moyenne), la direction de la pisciculture et des pêches en eaux continentales est l'objet de nombreuses sollicitations de la part des autorités locales ayant un barrage hydro-électrique ou hydro-agricole dans leur région, en vue de procéder à l'image de l'AVB, à la formation des populations autochtones.

Bien que la direction de la pisciculture et des pêches en eaux continentales soit toute disposée à remplir ce rôle qui est d'ailleurs le sien, elle se trouve confrontée à des nombreuses difficultés qui sont d'abord d'ordre financier le manque d'infrastructures adéquates, et un effectif réduit d'agents susceptibles d'être utilisés à la fois pour la formation et l'encadrement des pêcheurs.

L'Etat ivoirien ayant été convaincu par le succès obtenu par l'AVB dans la transformation des cultivateurs en pêcheurs a bien voulu consentir un effort louable en mettant à la disposition du Secrétariat d'Etat chargé des parcs nationaux les crédits nécessaires à l'implantation des infrastructures indispensables au bon déroulement des opérations pêches des années à venir.

Les obstacles freinant le développement des pêches en Côte-d'Ivoire ne sont pas seulement d'ordre financier, mais une question de personnel d'encadrement.

Actuellement rien n'a été fait pour la formation d'encadreurs subalternes valables. Tous ceux qui sont présentement des encadreurs sur le lac d'Ayamé sont des agents qui ont reçu une formation communément appelée sur le “tas”.

DAHOMEY

Résumé

Les pêches intérieures sont pratiquées dans les fleuves et les lagunes. Tous les cours d'eau existants ne sont pas permanents et sont pêchés en crue et en décrue comme les plaines d'inondation. Dans le Bas-Dahomey, il existe un réseau de nappes d'eau saumâtre, progressivement dessalée pendant la saison pluvieuse. En l'espace de 15 ans on a enregistré un déficit croissant en protéines animales. Pendant la même période (1958–73) la production des pêches continentales a diminué de 38 500 t à 19 075 t. Tous les cours d'eau n'ont pas été affectés. Les effets de la sécheresse n'ont pas été immédiats, mais on a observé que le Bassin du Niger n'était plus inondé.

Abstract

Inland fisheries are practised in rivers and lagoons. Not all the existing streams are permanent and they are fished at the rising and lowering of the floods, as happens with floodplains. In Southern Dahomey there is a network of brackish lagoons which are progressively desalted during the rainy season. An increasing deficit in animal proteins has been recorded for the last 15 years. During the same period (1958–73) the production of inland fisheries decreased from 38 500 t to 19 075 t. Not all the streams have been affected. The effects of the drought were not immediate, but it has been observed that the Dehomean Basin of the Niger is no longer flooded.

1. INTRODUCTION

La présente consultation sur les problèmes des pêches du Sahel pour laquelle ce rapport est rédigé nous limite, compte tenu des sujets prévus à l'ordre du jour. Néanmoins, nous profiterons de l'occasion qui nous est donnée pour faire un survol rapide de la situation de la pêche au Dahomey, car, bien que ce soit le cas ici, les modifications des conditions de pêche dans une région donnée peuvent avoir des répercussions sur les activités halieutiques dans une autre.

2. GENERALITES SUR LES PLANS D'EAU ET LES ENGINS DE PECHE

La pêche est pratiquée au Dahomey dans les eaux intérieures (lagunes et fleuves) et la mer.

Les pêches dans les eaux intérieures (pêches continentales) sont habituellement réparties en deux types: les pêches fluviales et les pêches lagunaires.

2.1 Les pêches fluviales sont effectuées dans les principaux fleuves qui sont:

2.11 Le Niger, qui constitue la limite septentrionale du pays qu'il sépare de l'Etat du même nom; il s'étend sur une distance de 220 km et ses affluents, le Mékrou, l'Alibori et la Sota représentent une longueur supplémentaire de 70 km environ. Associée à ce système, une plaine d'inondation formée de zones de longueurs différentes couvre une superficie maximale de 20 km2.

2.12 L'Ouémé, qui traverse le pays du nord au sud après un parcours en diagonale de direction nord ouest-sud est. Il offre une longueur de 450 km. Ses tributaires, l'Okpara et le Zou ont un parcours sensiblement nord sud. Le delta de l'Ouémé est très bas et constitue une plaine inondable de superficie élevée (100 000 ha environ).

2.13 La Pendjari, affluent de la Volta Blanche prend sa source dans l'Atakora et, après un trajet courbe qui la porte vers le nord-est, elle descend vers le sud-ouest pour servir de frontière entre le Dahomey et la Haute-Volta. La longueur exploitable de son cours en zone dahoméenne est de 80 km environ. La Pendjari est bordée par des terres basses qui sont rapidement recouvertes par les eaux en saison pluvieuse.

2.14 Le Couffo se jette dans le lac Ahémé qu'il alimente abondamment pendant la saison des pluies.

2.15 Le Mono dont les eaux sont reprises dans le sud par la Sazué n'est dahoméen que sur la fin de son parcours. Il possède avec la Sazué une vaste zone inondable en période de crue.

2.16 La Sô se jette dans le lac Nokoué dans la partie nord-ouest de celui-ci. Une plaine basse et inondable lui est associée sur la fin de son parcours. Il présente des caractéristiques semblables à celles de l'Ouémé qui se jette dans le même lac, mais au nord-est.

Il faut ajouter à ces cours d'eau une importante série de lacs d'eau douce qui sont situés dans le sud du pays, au nord des lacs et lagunes d'eau saumâtre. Ce sont dans l'ouest, les lacs Togbadji (400 ha environ à l'étiage), Dahounta (40 ha environ), Djétoué (20 ha environ), Dati (70 ha environ), Toho (10 km2 environ), et dans l'est, les lacs Azili (200 ha environ), Célé (200 ha environ).

Tous les cours d'eau existants ne sont pas permanents. Dans ces cours d'eau et les bassins qui leur sont associés la pêche se pratique essentiellement soit en eau, à la crue et à la décrue, soit dans les trous à poissons, chenaux creusés dans les terres inondables et qui restent en eau en saison sèche, période durant laquelle les poissons sont capturés; soit enfin sur les plaines d'inondation pendant le retrait des eaux dans de nombreuses cuvettes naturelles situées sur les rives de l'Ouémé, du Niger et de la Pendjari, pêche qui fournit une importante prise à la décrue et en saison sèche.

Le nombre de pêcheurs actifs qui vivent des pêches fluviales est difficile à estimer par le fait que les activités halieutiques sur ces plans d'eau sont saisonnière et que par ailleurs ces pêcheurs sont souvent amenés à se déplacer pour se rendre en d'autres lieux plus productifs.

2.2 Les engins de pêche les plus employés sont:

Les principaux poissons d'eau douce du Dahomey sont: les Polyptères, les Tilapia appelés injustement “Carpes”, Heterotis niloticus, plusieurs espèces de Mormyridae, Distichodus, Labeo, Hipsetus, Clarias, Chrysichthys et Synodontis.

2.3 Les pêches lagunaires

Il existe dans le Bas-Dahomey tout un réseau de nappes d'eau saumâtre, progressivement déssalée pendant la saison pluvieuse et d'importance inégale qui sont:

2.31 Le Lac Nokoué et la Lagune de Porto -Novo: d'une superficie totale de 14 700 ha, ces deux plans d'eau communiquent entre eux par de petits bras appelés “Totche”. Ils sont alimentés par deux cours d'eau qui y déversent leurs eaux par le nord; il s'agit de l'Ouémé et de la Sô. Depuis 1961 leurs eaux sont salées, sauf en période de crue, à cause de la communication devenue permanente avec la mer.

2.32 Le Lac Ahémé et les lagunes environnantes, dont celles de Ouidah et de Grand-Popo. Ils couvrent 10 200 ha de terre dans la partie sud-ouest du pays. Comme le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, ce sont des plans d'eau de profondeur relativement faible (2 à 2,5 m environ).

L'importance économique et sociale de ce système vient du fait qu'il est extraordinairement peuplé et qu'il comprend une population très dense dont une proportion élevée vit de la pêche.

La population vivant exclusivement de la pêche est évaluée à 55 000 personnes pour le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, 45 000 personnes pour le lac Ahémé et les lagunes de Ouidah et de Grand-Popo. On pense que la population active serait de 30 000 pêcheurs et aides-pêcheurs.

Dans le passé, les pêcheurs riverains des lagunes étaient plus stables et menaient une activité presque exclusivement tournée vers la pêche. Mais des considérations économiques sont intervenues qui ont modifié ce comportement.

2.4 Les engins

Les procédés de pêche sont très variés. Les engins peuvent être groupés en cinqu catégories.

  1. Les filets: éperviers, filets à crevettes, filets maillants et havenaux pour la capture de Ethmalosa, Tilapia, Muges, Heterotis et crevettes.

  2. Les nasses de formes et tailles différentes pour les captures de silures, Heterotis, crevettes, crabes.

  3. Les paros “acadjas”, circulaires ou rectangulaires pour le Tilapia principalement. Les “acadjas” sont des parcs de branchages de superficie variable, plantés en pleine eau et constituant une sorte de mangrove artificielle où le poisson vient se nourrir, vivre et se multiplier. Une ou deux fois par an, les “acadjas” sont intégralement pêchés après avoir été cernés. On estime qu'il faut environ 50 t de branchages pour constituer un “aoadja” d'un hectare. Après chaque pêche, on rajoute aux anciens branchages restant en place, environ 300 kg de nouveaux branchages par are. Cette technique constitue un procédé ingénieux de pisciculture. Le rendement des grands “acadjas” est particulièrement éléve, puisqu'on l'évalue à 10–15 t à l'hectare par an.

  4. Les lignes, appâtées ou non, pour Chrysichthys.

  5. Divers autres procédés: foënes, balances pour crabes, trous à poissons avec nasses ou filets pour silures, Heterotis, Tilapia.

Ces différentes techniques sont utilisées saisonnièrement en fonction des lieux de pêche du poisson, ainsi que des époques de crues et de décrues.

2.5 Principales espèces économiques

Ce sont: Ethmalosa fimbriata, Cichlidae (Tilapia heudeloti, T. zillii), Mugilidae (Mugil cephalus, Liza falcipinnis et Liza grandisquamis), Ilisha, Pellonula, Elops, Chrysichthys, enfin crevettes et crabes.

2.6 Les pêches maritimes

La côte dahoméenne est longue de 120 km environ; très linéaire et s'étalant d'est en ouest, elle est continuellement battue par les vagues de déferlement et ne présente aucun abri ou refuge naturel aux embarcations.

Ces raisons ont toujours freiné le développement des pêches maritimes, celles-ci étant forcément limitées aux possibilités des simples pirogues devant être échouées après chaque sortie en mer.

2.61 La pêche maritime artisanale

On a coutume de distinguer deux types de pêches maritimes. La région littorale est exploitée artisanalement par 1 000 à 3 000 pêcheurs qui utilisent environ 500 pirogues.

Les engins de la pêche maritime artisanale se limitent aux sennes de plage fournissant d'abondantes fritures aux filets maillants dérivants à sardinelles, aux filets maillants dormants et aux lignes.

2.62 La pêche maritime industrielle

La pêche maritime industrielle de naissance très récente (la pêche maritime artisanale est née, semble-t-il, au Dahomey, vers le début du siècle) n'a connu un développement qu'avec la construction du port de commerce (1963) et celle du port de pêche (1971). Nous y reviendrons dans la suite de notre rapport.

3. SITUATION AVANT L'INDEPENDANCE

Des statistiques assez sérieuses avaient été établies avant l'Indépendance et les chiffres les plus connus datent de 1959. Il résulte de ces enquêtes que les eaux intérieures dahoméennes produisaient annuellement près de 38 500 t de poissons. Par contre la pêche maritime industrielle était quasi inconnue et le poisson de mer consommé (2 000 à 3 000 t) provenait des prises des pêcheurs artisanaux et était en grande partie auto consommé.

La valeur élevée de la production des eaux continentales était à mettre sur le compte des lagunes et lacs saumâtres qui pour une surface totale de 24 400 ha permettaient des prises annuelles de 25 000 t se décomposant comme suit:

 Surface
(ha)
Production
(tonnes)
Lac Nokoué et lagune de Porto-Novo14 70016 000
Lac Ahémé et lagunes de Ouidah et de Grand-Popo10 200  9 000

Cette production d'une valeur de près de 1 m de francs CFA (sur la base de 40 F le kg) était possible pour les principales raisons suivantes:

Les milieux dulcaquicoles quant à eux, produisaient une quantité totale de 13 500 t environ. L'apport de l'Ouémé (région deltaïque principalement) dépassait la moitié des prises en milieu d'eau douce.

Le Niger et ses affluents fournissaient 3 000 t environ.

4. PLANIFICATION GOUVERNEMENTALE

Dès le début de l'Indépendance un plan de développement économique avait été élaboré de manière à fixer des objectifs à atteindre dans chacun des domaines des industries nationales.

Dans le domaine des pêches, les prévisions à court terme entrant dans le cadre du plan quadriennel étaient, cela va de soi, déduites des objectifs à long terme fixés au cours d'une enquête socio-économique effectuée en 1962 par la SEDES (Société d'Etudes pour le Développement Economique et Social) sur requête du Gouvernement dahoméen.

Les pêches continentales, vieilles de plusieurs décades étaient à un stade très avancé et semblaient avoir atteint un niveau de production qu'il était difficile de dépasser. Les pêches maritimes industrielles, par contre, venaient de voir le jour et les pêches maritimes artisanales, encore au stade primaire, étaient susceptibles d'un développement rapide à condition que des mesures soient prises pour l'assurer.

On conçoit donc que la SEDES se soit adressée aux pêches maritimes pour fournir les poissons supplémentaires pour faire face aux besoins futurs du pays compte tenu de l'augmentation du niveau de vie prévisible, de l'essor démographique et des exportations possibles.

D'après les études de la SEDES les besoins du poisson de mer à satisfaire pour les vingt années à venir devraient être:

AnnéesPêche industrielle
(en tonnes)
Pêche artisanale
(en tonnes)
1961     400     600
1966  4 000  7 600
197114 00010 100
197624 00010 500
198128 00011 000

Pour atteindre ces objectifs des projets avaient été élaborés qui sont:

5. EVOLUTION DEPUIS L'INDEPENDANCE - SITUATION ACTUELLE

Ces objectifs étant fixés il sera question dans les lignes qui suivent de mettre en relief les étapes parcourues et les résultats obtenus. Le tableau en annexe résume les éléments de cette évolution.

Il ressort de tout cela que les pêches maritimes n'ont pas répondu aux espoirs qui étaient placés en elles et que par la suite la pêche continentale a connu une baisse spectaculaire.

Il est plus qu'évident que le Dahomey a connu très tôt un manque de protéine animale, déficit qui va en grandissant. Plusieurs raisons sont à l'origine de cet état de chose.

5.1 Dans le domaine maritime

5.11 La pêche artisanale

Les conditions indispensables pour obtenir les productions prévues n'ont pas été réalisées oune l'ont été qu'en partie. Ainsi la motorisation des pirogues n'a été que partiellement introduite; de même les actions sur les méthodes de pêche n'ont past été menées avec succès. Enfin, les groupements coopératifs se sont rapidement disloqués faute d'un encadrement permanent et après avoir accumulé des dettes restées jusqu'a présent impayées.

5.12 La pêche industrielle

L'absence d'un abri sûr (un port de pêche) a longtemps limité le développement de la pêche maritime industrielle. A partir de 1963 les bateaux pouvaient déjà bénéficier de l'accueil offert par le port de commerce qui cédait une partie de ses quais aux activités halieutiques. Le port de pêche proprement dit n'a été fonctionnel qu'à partir de 1971.

La production a donc pu s'accroître jusqu'à une valeur de 6 592 t en 1972, grâce à une augmentation progressive du nombre de chalutiers. Les captures auraient pu varier proportionnellement au nombre de bateaux, mais plusieurs facteurs sont intervenus pour réduire des valeurs théoriques prévisibles, il s'agit de:

5.2 Dans le domaine continental

Avant 1958, la production des pêcheries des eaux continentales (38 500 t) satisfaisait une grande partie des besoins protéiniques du Dahomey. En l'espace de 15 ans cette production a diminué considérablement pour n'être plus que de 19 075 t en 1973.

Cette baisse n'intéresse pas tous les plans d'eau, et ceux qui sont touchés le sont à différents niveaux.

5.21 Les plans d'eau non touchés par la diminution de la production des pêcheries:

Pour la plupart de ces cours d'eau des estimations ont été faites à des périodes différentes et nous pensons que les valeurs données doivent être considérées comme des valeurs moyennes d'une production annuelle.

Au nord de Bonou, la pêche se pratique pendant la période des basses eaux seulement par des pêcheurs isolés.

Entre Sagon (niveau Zagnanado) et le pont de Savè on compte sept villages ou campements de pêcheurs qui tirent annuellement 150 à 200 t de poissons de eaux libres du fleuve Ouémé, de ses affluents et des marigots avoisinants.

Deux plans d'eau assez importants existent au nord de Bonou; il s'agit des lacs Célé et Azilli. Ces deux lacs font l'objet d'une pêche saisonnière réglementée. Le lac Célé produit 100 t de poisson et le lac Azilli 400 t.

Sur le reste du fleuve, on pêche, pendant la saison sèche, les espèces de grandes tailles comme le Lates (capitaine d'eau douce) à l'aide des filets maillants à grandes mailles.

Entre le pont de Savè et Bétérou, on dénombre six campements de pêcheurs qui capturent annuellement 100 à 200 t de poissons.

La pêche dans l'Ouémé supérieur peut être développée si l'on facilite l'accès du fleuve par des pistes practicables en toutes saisons; la navigation sur ce fleuve étant impossible pendant la saison sèche (sept à neuf mois par an) il est difficile aux pêcheurs de visiter aisément tous les points d'eau susceptibles de leur procurer une activité rentable.

La Pendjari

Les seules statistiques que nous possédons sur la production de ce cours d'eau datent de mars 1968.

Les conditions de pêche y sont les mêmes que dans l'Ouémé supérieur: filets maillants à maille variant entre 40 et 100 mm ce qui nous autorise à écarter toute idée de surexploitation.

Le problème qui se pose ici est que les pêcheurs installés au nord de ce cours d'eau sont tous des Ghanéens. Non seulement aucun pêcheur dahoméen ne tire profit des 140 t1 annuellement pêchées mais encore le poisson n'est pas vendu en territoire dahoméen, toute la production étant dirigée vers les pays voisins et principalement le Ghana.

La Couffo et le Mono

Aucune étude statistique n'a été entreprise sur ces plans d'eau. Nous pouvons toutefois avancer que leur production n'a pas notablement varié compte tenu du fait que les conditions naturelles n'y ont pas changé.

5.22 Les plans d'eau ayant enregistré une baisse de production:

L'Ouémé au sud de Bonou (Ouémé inférieur)

D'après une estimation de Lemasson, la région deltaïque du fleuve Ouémé produisait 10 000 t de poisson en 1955. Cette production n'a pas subi de changement notable jusqu'en 1959 et peut-être jusqu'en 1961.

Les études faites en 1967–68 et 1968–69 donnent respectivement 5 000 et 3 000 t de poisson frais. L'autoconsommation est évaluée à un chiffre constant de 1 500 t.

Nous pouvons considérer la production de 1967–68 comme une valeur exceptionnelle favorisée par les longues pluies de l'année 1968. Par conséquent 3 000 t seraient le tonnage produit en une année normale à partir de 1965, même après 1970, année à partir de laquelle aucun relevé statistique n'a été assuré et qui correspond au départ de l'expert de la FAO.

Il ressort de nos statistiques établies de 1967 à 1969 que, pendant les saisons sèches, l'on pêche 30 pour cent de la production totale annuelle dans tout le delta et 70 pour cent pendant les saisons pluvieuses. Ainsi, en 1968–69, 900 t de poisson dont 750 t dans les trous à poissons et 150 dans le lit du fleuve sont pêchées pendant les saisons sèches tandis que 2 100 t dont 1 300 t dans la plaine d'inondation sont prises pendant les saisons pluvieues.

En l'espace de dix ans la production de la région deltaïque est passée de 10 000 à 3 000 t. Quelles sont les causes de cette baisse?

La cause provient essentiellement de l'ouverture permanente de la lagune de Cotonou sur la mer. Les conséquences en sont multiples.

Une situation de surexploitation s'installe progressivement. La taille des poissons diminuant et le rendement des engins de pêche ayant baissé dans le même rapport les pêcheurs commencèrent à confectionner des filets et nasses à petit maillage. Il y a alors réduction de la taille des poissons actuellement pêchés.

Le Lao Nokoué et la Lagune de Porto-Novo

L'ouverture permanente du chenal de Cotonou sur la mer, conséquence directe de la construction du Port de Cotonou a modifié les conditions du milieu et provoqué une baisse très sensible du rendement des pêcheries: filets, nasses, lignes, parcs acadjas.

Les études lagunaires effectuées de 1963 à 1965 par le Centre Technique Forestier Tropical ont prouvé que la production du lac Nokoué et de la lagune de Porto-Novo n'était plus que de 9 500 t en 1965, les pertes subies par les pêcheries et les industries connexes étant évaluees cette année-la à 200 millions de francs (ordre de grandeur minimum).

Une nouvelle série d'études commencée en juillet 1967 s'est poursuivie jusqu'en avril 1970. L'évolution des conditions écologiques étant toujours défavorable à la vie des poissons et à un bon rendement des pêcheries, la situation générale a continué de se dégrader. Les prises totales des lacs Nokoué et lagune de Porto-Novo étaient alords de 5 100 t en 1969, soit une perte de 10 900 t en l'espace de neuf ans (le Centre Technique Forestier Tropical 1969).

Comme pour le cas précédent, il n'existe aucune donnée sur la production de ces plans d'eau depuis le départ de l'Expert de la FAO qui coïncide par ailleurs avec la fin des études lagunaires dont il a été question ci-dessus. Quelques observations biologiques non approfondies effectuées par un autre expert à la fin d'un séjour d'un mois en février 1974 ont permis de conclure que les conditions écologiques continuent de se dégrader.

Le Lac Ahémé

Pour une superficie de 9 700 ha, le lac Ahémé et les lagunes de Ouidah et de Grand-Popo ont produit 8 800 t1 en 1969–70. Il ne semble pas que la production annuelle ait sensiblement varié jusqu'à cette année-là. On pourrait même penser à un léger accroissement à cause de l'augmentation progressive de la surface des acadjas et de la fréquence plus élevée de la pêche dans ces derniers. Mais des pratiques de pêche très anarchiques pouvaient conduire à une surexploitation d'autant plus à craindre que, pendant la saison des pluies, les zones de frayère étaient systématiquement pillées par les enfants qui capturaient des milliers de petits Tilapia immatures.

Depuis 1970 la production du lac n'a cessé de baisser chaque année encore plus du fait que les acadjas ont été enlevés. En effet la réorganisation de la pêche dans le lac Ahémé, réorganisation rendue nécessaire pour les raisons évoquées ci-dessus, exigeait une réglementation nouvelle. Il avait été donc procédé en 1970 dans un premier temps, à l'enlèvement systématique de tous les acadjas. Mais le projet n'avait pu trouver un début d'exécution pour des raisons qui sortent du cadre de ce rapport. La conséquence directe, comme il fallait s'y attendre, en est la baisse spectaculaire de la production piscicole. Les données nous manquer pour évaluer les prises actuelles, mais les observations qui continuent d'être menées aux trois postes fonctionnels du plan d'eau nous montrent que la réduction dépasse 75 pour cent.

Le Fleuve Niger

Les premiers chiffres de production dont nous disposons pour le bassin dahoméen du fleuve Niger datent de 1962. Deux enquêtes faites par deux organismes différents donnent des valeurs sensiblement égales.

D'une part la FAO et l'ONU ont estimé que 1 100 t de poisson fumé transitaient par le marché de Malanville en direction du Ghana et du Togo: ce qui correspond à un poids frais voisin de 3 000 t. Mais on ne saurait dire la part de cette production que provient des eaux dahoméennes du Niger. D'autre part la SEDES avance pour cette même année une production totale de 3 000 t (poisson frais) pour les eaux dahoméennes du fleuve.

A part ces données de 1962, les chiffres connus d'une production globale datent de 1968–69. L'expert hydrobiologiste de la FAO alors en fonction au Dahomey a, après une série d'enquêtes qui l'ontamené sur les marchés de Malanville et de Karimama (les deux principaux marchés de poisson), estimé la production des eaux dahoméennes du Niger à 1 200 t. La production a donc baissé par rapport à celle de 1962 (3 000 t). Tout en reconnaissant que l'hypothèse de la surpêche devait être écartée, l'expert hydrobiologiste notait que le fléchissement de la production et le ralentissement général de la pêche dans le Niger coïncidaient avec le développement de la pêche dans le lac Volta (Ghana) et avec la politique de restriction menée par le Ghana en matière d'importation de poisson. On pense donc conclure en disant que le manque de débouchés a été le véritable frein au développement de la pêche au Niger.

1 Valeur de 1968–69 donnée par R.L. Welcomme, Spécialiste de la pêche dans “Evolution de la Pêche intérieure, son état actuel et ses possibilités” (Rapport du Gouvernement du Dahomey)

6. EFFETS DE LA SECHERESSE SUR LA PECHE AU NIGER

Le Sahel, primitivement limité au-delà de la frontière nord du Dahomey, s'est étendu et élargi depuis ces dernières années à tel point que l'on peut avancer, sans se tromper, qu'une bonne partie de la région nord du pays se trouve déjà pratiquement en zone sahélienne. Les spécialistes des études climatologiques et hydrographiques reconnaissent que les caractéristiques du climat sahélien sont relevées cette année jusque dans des régions situées à l'intérieur des terres dahoméennes. Pour un non initié qui, par ailleurs, entend souvent dire que la sécheresse avance de 8 km par an et depuis une dizaine d'années au moins, cela est facilement admis et les faits suivants soulèvent des inquiétudes.

Pour l'Administration des pêches, les effets de la sécheresse sur les produits de la pêche n'ont pas été remarqués immédiatement pour les raisons que nous avons évoquées plus haut et qui découlent d'une analyse sur les marchés, analyse appuyée par les mesures de politique économiques prises au Ghana. Donc séduits vers les années 1968, 69 et 70 par la corrélation qui existait entre la baisse de la production du fleuve Niger et les restrictions et autres phénomènes concurrentiels au niveau du Ghana, il n'a pas été facile de comprendre plus tôt qu'un autre phénomène s'ajoutait au précédent pour décourager les efforts du pêcheur. En effet la réduction et même la suppression du marché ghanéen ne pouvaient justifier à elles seules la baisse continue et régulière du poisson vendu sur le marché de Malanville comme l'indique le tableau ci-dessous.

AnnéesQuantité
(en tonnes)
Observations
1968528 
1969439 
1970  
1971  
1972271 
1973135 
1974  33(1o semestre)

Il est facile de concevoir que les autres marchés (Togo, Nigeria, etc.) qui continuaient d'exister et au niveau desquels la demande devait même avoir augmenté, résorberaient une quantité quasi constante de poisson fumé.

Les observations sur le terrain prouvent que le bassin dahoméen du Niger ne connaît plus les crues en provenance du fleuve. Seules les crues des affluents dahoméens demeurent. Depuis trois ans les plaines basses ne sont plus inondées.

7. LES PROJETS D'AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT

Les solutions proposées pour le développement de la pêche dans les plans d'eau du Dahomey sortent du cadre de ce rapport.

Cas du Fleuve Niger

Bien avant que l'on ne ressente les contre-coups de la sècheresse et au moment où les restrictions du Ghana pouvaient décourager les pêcheurs, les responsables des pêches du Niger et du Dahomey, après des consultations et séances de travail, en étaient arrivés à élaborer, avec la collaboration de l'expert hydrobiologiste1 un “projet de requête portant sur le développement des pêches dans les eaux daho-nigériennes du Fleuve” (1970).

La commission spéciale ainsi créée après avoir reconnu que les résultats obtenus individuellement par les deux pays en matière de pêche étaient loin d'être satisfaisants, avait trouve que seule une coopération régionale pouvait permettre un développement harmonieux des pêcheries du fleuve.

Le but du projet était donc de “promouvoir, avec l'assistance du PNUD/FS et de la FAO, le développement du potentiel des ressources halieutiques dans les eaux daho-nigériennes, du Fleuve Niger”.

Pour réaliser ce projet, d'une durée de 24 mois, une aide internationale avait été sollicitée (U.S. $ 288 200). Pour des raisons que nous ne saurions expliquer, ce projet n'avait pas été financé.

1 R.L.Welcomme - Spécialiste de la pêche (Hydrobiologiste)

SOLUTIONS D'AVENIR

La coopération régionale est devenue encore plus indispensable face à la situation actuelle. Cette coopération doit être recherchée dans le même esprit et sur les mêmes bases que ceux qui ont été à l'origine de travaux de la commission spéciale sus-mentionnées. Plusieurs solutions sont possibles:

  1. Une coopération à deux Dahomey-Niger

  2. Une coopération régionale élargie à d'autres pays, notamment le Nigeria, pourra être recherchée en vue de la mise en valeur piscicole de section du Fleuve Niger que ces pays influencent ou peuvent influencer directement ou indirectement par l'exercice de diverses activités d'intérêt national ou individuel; dans ce dernier cas il arrive que les activités soient exercées hors des frontières juridiques du pays d'où relève l'individu.

Nous pensons que cette réunion nous permettra de trouver des solutions à court et à long termes aux multiples problèmes qui se posent au niveau des pays riverains non seulement du Fleuve Niger, mais encore des autres plans d'eau importants, notamment le Sénégal et le Tchad. Une coopération internationale est indispensable dans ce domaine; la Commission du Fleuve Niger en est une, il faudra la renforcer de manière à accorder à la pêche une place spéciale car, après tout, l'élément qui ressent le plus les méfaits ou les bienfaits d'un aménagement hydraulique reste et demeure le poisson.

CONCLUSION GENERALE

Les pêches au Dahomey ont connu une baisse très importante qui fait du poisson une denrée rare et chère. Des aménagements sont prévus pour développer la production des divers secteurs intéressés par les industries halieutiques. Le premier frein à ce développement est le manque d'aide financière nationale et internationale. Il faudra veiller en outre à la formation d'un personnel qualifié, et à la mise au point d'un système rationnel de rassemblement de données statistiques.

Annexe

PRODUCTION ET COMMERCIALISATION (en tonnes)

 19631964196519661967196819691970197119721973
   P R O D U C T I O N    
Pêche maritime industrielle6281 1131 4087841 4211 6712 4434 2135 8166 5925 073
    "           "      à la ligne----210010080---
    "           "      traditionnelle5 2505 1505 1005 0003 5983 6003 9004 0004 1003 8003 600
    "     continentale29 50028 15024 75023 86023 41022 45020 62522 65821 65020 55019 075
Total35 37834 41331 25829 64428 43127 82127 06830 95131 56630 94227 748
    C O M M E R C I A L I S A T I O N    
Importation de poissons congelés
-----2 4462 0502 2873 9003 7354 771
Exportation pays riverain2 7001 7004001 0501 1804 0024 0003 1033 0072 2884 000
Exportation:           
- crustacés----1942162233264019021 023
- cuisses de grenouille-----1,51,5----
- poissons    2159,44,4617,3014

ETHIOPIE

Résumé

La consommation moyenne de poisson par personne par an est d'environ 0,015 kg, principalment à Addis-Abeba et Asmara; 95 pour cent de la population ne mange pas de poisson du tout.

Le rôle du poisson dans la nourriture a été sous-estimé jusqu'à ces dernières années. Les programmes de la Division des pêches en vue de l'exploitation des ressources des pêches incluent:

Le Gouvernement éthiopien a donné priorité absolue au développement du secteur pêches dans son Plan quinquennal de développement précédent.


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