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Chapitre 1: LE CONCEPT DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE


1.1 - Questions

Déjà en 1948, lors de la ratification de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le droit à l’alimentation a été reconnu ne fut-ce qu’indirectement. Le Conseil Alimentaire Mondial reprit le thème en 1974 et déclara que: “Chaque homme, femme et enfant a le droit inaliénable d’avoir à manger et ne doit pas souffrir de malnutrition afin de se développer pleinement et de conserver ses facultés physiques et mentales”.

La banque mondiale (1986) a défini la sécurité alimentaire au milieu des années 80 comme l’accès pour tout le monde et à tout moment à une nourriture en suffisance afin de mener une vie active et saine. L’individu est l’élément central de cette définition. Afin d’arriver à une bonne situation nutritionnelle pour chaque individu, il faut à chaque fois passer par les étapes suivantes:

a) mettre à disposition une alimentation suffisante;
b) permettre l’accès individuel à une alimentation suffisante et adéquate;
c) acquérir individuellement une alimentation suffisante et adéquate;
d) consommer individuellement une alimentation suffisante et adéquate;
e) digérer l’alimentation consommée.
Le concept de la sécurité alimentaire a évolué au fil des années. Dans les années 70, le déficit au niveau de la consommation alimentaire était principalement attribué à une offre insuffisante et non garantie de nourriture (étape a) sur le plan national et international, pour laquelle la quantité nécessaire était calculée sur la base de besoins physiques objectivement établis. Sen (1981) a lancé l’idée dans les années 80 que ce n’était pas tant une offre insuffisante et non garantie de nourriture qui était à la base de la famine et de la sous-alimentation mais bien une carence dans l’accès aux denrées alimentaires. Les famines se sont d’ailleurs souvent présentées dans un environnement où la nourriture abonde. La disponibilité alimentaire est seulement une condition nécessaire, mais pas suffisante à la consommation alimentaire (étape b). En outre la recherche sur le terrain apprend pourtant que même un accès assuré à une alimentation en suffisance ne constitue pas la garantie d’un bon état nutritionnel. La nourriture doit être obtenue (étape c). Ainsi ceux qui se trouvent en insécurité alimentaire préfèrent parfois avoir faim plutôt que de vendre directement une partie de leurs actifs en échange de denrées alimentaires. Le capital physique peut être divisé en capital productif tel que la terre, les animaux, les arbres, l’équipement, et en capital non productif tel que les bijoux, une habitation et l’épargne. Le capital humain d’une personne comprend son travail, sa connaissance technique et sa santé. Son capital social se construit à partir de sa position sociale, de sa famille, de sa parenté et de son cercle d’amis. Un individu vit généralement dans une famille. Ainsi l’acquisition finale de la nourriture se fait au niveau de la famille, tandis que la consommation réellement individuelle est aussi définie par la répartition à l’intérieur de la famille. Le rôle de la femme semble être ici crucial (étape d). Pour arriver à un bon état nutritionnel, la santé, les soins portés aux enfants et l’environnement sanitaire jouent finalement aussi un rôle important (étape d-e). La voie vers une bonne situation nutritionnelle se trouve parsemée d’obstacles.

La sécurité alimentaire constitue une manière d’aborder la problématique du développement; c’est un principe organisateur. On ne devrait pas s’attendre à des projets de sécurité alimentaire, mais plutôt à des stratégies de sécurité alimentaire. Les stratégies sont supposées porter à l’action et les stratégies de sécurité alimentaire conduisent à un ensemble de politiques et de programmes interconnectés mis en place afin d’améliorer l’accès à l’alimentation.

L’étude de la sécurité alimentaire comprend la chaîne alimentaire dans son entièreté, depuis la production jusqu’à la consommation en passant par la commercialisation. L’utilisation de ces différentes formes de capital dans une combinaison bien définie donne à la personne en insécurité alimentaire accès à la nourriture. Dans le cas d’une population urbaine, ce capital se borne souvent à une main-d’oeuvre et une connaissance technique limitée: l’agriculture urbaine et périurbaine et le petit commerce. Il est évident que dans une situation de crise, le nombre des commerçants dans le petit commerce ainsi que dans l’agriculture urbaine (horticulture et petits ruminants) augmente.

1.1 - Questions

1. Comment peut-on définir “la sécurité alimentaire” (5 étapes)?

2. Quel est le capital principal d’un individu en insécurité alimentaire?

3. Quelles activités économiques dans une métropole africaine sont adaptées au capital des pauvres?


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