2 Facteurs socioéconomiques de la demande de terres et d’eau

2.1 Transitions socioéconomiques et système alimentaire mondial

Les principales variables socioéconomiques qui déterminent la demande de ressources foncières et hydriques sont la croissance démographique, l’urbanisation et la croissance économique. Toutes influent sur le climat. Elles orientent la demande de produits agricoles dans des directions globalement prévisibles. Cela étant, l’instabilité géo-politique, les conflits et la migration peuvent ouvrir la voie à une pauvreté et une insécurité alimentaire généralisées. Après être demeurée stable pendant cinq ans, la prévalence de la sous-alimentation s’est accrue de 1,5 point de pourcentage en 2020 – pour atteindre un niveau proche de 9,9 pour cent. En 2020, dans le monde, plus de 720 millions d’individus souffraient de la faim et près d’une personne sur trois (2,37 milliards) n’avait pas accès à une alimentation adéquate. En 2019, quelque 3 milliards d’individus ne pouvaient prétendre à une alimentation saine, à commencer par les pauvres, et ce dans toutes les régions du monde.

Les pressions qui s’exercent actuellement sur des ressources renouvelables limitées en terres, en sols et en eau sont sans précédent. Les revenus plus élevés et les modes de vie urbains font évoluer la demande alimentaire vers une consommation de protéines animales, de fruits et de légumes, autant d’aliments qui nécessitent davantage de ressources pour être produits. La population mondiale devrait passer de 7,7 milliards de personnes en 2019 à 9,7 milliards en 2050, soit un accroissement de 26 pour cent. La croissance la plus rapide aura lieu dans les régions les plus pauvres, notamment l’Afrique subsaharienne où la population devrait doubler d’ici à 2050, ce qui pose d’immenses défis si l’on veut atteindre les ODD, en particulier l’ODD 1 (pas de pauvreté), l’ODD 2 (faim «zéro»), l’ODD 6 (eau propre et assainissement) et ODD 15 (vie terrestre).

©FAO/Erick-Christian Ahounou
©FAO/Erick-Christian Ahounou
©FAO/Giulio Napolitano
©FAO/Giulio Napolitano

Globalement, 80 pour cent des personnes en situation de pauvreté extrême vivent en milieu rural; la plupart vivent dans le monde en développement et leurs moyens d’existence dépendent de façon disproportionnée de l’agriculture. Ce secteur est donc essentiel si l’on veut réduire la pauvreté et atteindre les ODD, mais il est fortement exposé aux risques climatiques actuels et futurs. La prise en compte de ces risques est devenue une composante essentielle des stratégies d’amélioration de la résilience.

L’urbanisation anarchique et la migration forcée menacent la gestion durable des ressources. À l’horizon 2050, deux personnes sur trois vivront dans des villes plus ou moins importantes, et la majeure partie de cette urbanisation se fera dans les régions les moins développées d’Afrique et d’Asie. Les habitants des villes consomment 80 pour cent des aliments produits. Les aliments transformés peuvent occuper une place prédominante dans l’alimentation des urbains, ce qui a de graves conséquences sur la santé, comme la malnutrition, l’obésité et les carences en micronutriments.