Une des conditions évidentes pour la survie des organisations d'auto-promotion réside dans le fait que celles-ci doivent, parmi tant d'autres alternatives, générer plus de profits ou offrir plus d'avantages à leurs membres. Ce stimulant est également fondamental pour les organisations en émergence.
Une gestion efficace est indispensable pour la réalisation de cet objectif. Au cours de la phase de constitution et d'émergence, une ou plusieurs personnes auront la charge de piloter le processus, à savoir: l'identification, l'harmonisation et la hiérarchisation des intérêts et objectifs, la planification des activités, etc.. Le succès d'une organisation d'auto-assistance dépend énormément des compétences de ses leaders en gestion.
Les ressources mises en commun doivent être bien gérées, leur utilisation et la mise en oeuvre des activités planifiées, qui en sont issues doivent être contrôlées, le flux des informations et le processus de prise de décision doivent être organisés, de nouveaux membres doivent être recrutés, etc.. Les gestionnaires d'organisations d'auto-assistance doivent avoir les aptitudes et les compétences nécessaires pour gérer avec succès les activités de l'organisation afin que l'objectif relatif à l'amélioration des conditions de vie des membres (la tâche principale étant la promotion du membre) soit atteint à la satisfaction de ceux-ci.
Une condition supplémentaire de survie d'une organisation d'auto-assistance autonome réside dans la participation des membres. La participation du membre doit se faire à trois niveaux:
participation dans la recherche des ressources (apport d'input), par exemple, contribution au capital, en main-d'oeuvre, ou la livraison des produits,
participation au processus de prise de décision de la coopérative en tant que membre de l'assemblée générale, des assemblées de sections, des comités spécialisés ou en tant que responsable élu au sein du conseil d'administration, et
participation aux risques, aux avantages, aux pertes, participation à la production, au partage du bénéfice de l'année, écoulée, remboursement des prêts, participation à la capitalisation de l'entreprise, au droit d'usage des infrastructures et des services communs.
Au cas où toutes les conditions mentionnées ci-dessus sont remplies, l'ajustement des activités de la coopérative aux besoins et aux intérêts de ses membres est fondamental pour le succès de l'organisation. Les besoins et les intérêts peuvent changer de temps à autres et tous les membres n'ont pas les mêmes intérêts puisque leurs conditions de vie diffèrent. De ce constat découlent deux questions. Quels sont ceux dont les intérêts doivent prévaloir? N'y a-t-il pas risque à ce que certains membres dominent les autres?
Les organisations d'auto-assistance doivent développer des mécanismes d'exploitation de l'information, de communication et de contrôle entre les membres et la direction si les intérêts des membres doivent déterminer les activités et la production d'avantages (voir Chapitre 5.3).
Généralement, les membres ont trois mécanismes de participation et de contrôle:
critique et suggestions (verbal ou écrit),
vote aux assemblées générales,
consommation effective des services de l'organisation d'auto-promotion ou choix préférentiel pour ceux des concurrents (acceptation ou refus des services offerts par l'organisation d'auto-assistance).
La participation au sein d'une organisation d'auto-assistance dépend de la compétence et de la motivation de ses membres. Si les membres sont très peu compétents et très peu motivés, cela doit constituer un indicateur pour les agences d'appuis à l'auto-promotion montrant que la promotion d'institutions coopératives complexes n'est pas judicieuse. Les effets d'un tel choix peuvent être négatifs car les membres pourraient ne pas contrôler de façon adéquate une telle organisation d'auto-assistance et y participer à leur risque et périle. Si les membres sont très peu compétents, les organisations d'auto-assistance créées doivent être simples et faciles à contrôler.
Ceci est primordial afin de s'assurer que l'organisation d'auto-assistance travaille at bénéfice de ses membres (voir page 20). Une gestion hautement sophistiquée n'aurait pas de sens pour administrer les activités d'une organisation d'auto-assistance complexe qui n'a ni les moyens ni les capacités de communiquer avec ses membres si ceux-ci sont très peu qualifiés. Le type d'organisation et le système de gestion doivent correspondre à la compétence des membres.
Si une organisation d'auto-assistance est incapable de promouvoir les intérêts de ses membres en raison d'une mauvaise communication, les membres ne seront pas motivés à apporter leurs propres ressources. Jusqu'à présent, les ressources des membres constituent une condition sine qua non à la survie d'une organisation d'auto-assistance autonome. Une condition essentielle pour la mobilisation des membres et de ce fait pour le succès de toute organisation d'auto-assistance est constituée par les avantages offerts aux membres. Il ne suffit pas de générer des bénéfices mais ceux-ci doivent également profiter aux membres. La participation des membres aux avantages de leur organisation (production) est une condition sans laquelle ils ne confieront pas leurs propres ressources à l'usage commun de l'organisation d'auto-assistance (participation à l'input).
En plus des conditions internes ci-dessus énumérées (auto-détermination, auto-organisation, auto-gestion), il est nécessaire pour la survie des organisations d'auto-assistance que celles-ci demeurent indépendantes et souveraines, comptant sur leurs propres ressources, et qu'elles ne soient pas utilisées comme des instruments pour atteindre des buts exogènes (Etat ou autres institutions).
Les conséquences qui résultent de la dépendance des organisations d'auto-assistance vis-à-vis des ressources extérieures sont le fait que ces organisations sont transformées ou assimilées à des instruments et institutions officielles ou publiques. (Nous en débattrons dans les chapitres qui suivent.)
