Le point sur les crises alimentaires

En Afrique de l’Ouest, la récolte devrait être relativement satisfaisante au Sahel (à l’exception du Sénégal et du Cap-Vert), mais les perspectives sont moins favorables dans les pays du golfe de Guinée, notamment dans le nord du Nigéria et dans le nord du Ghana, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur les marchés de céréales régionaux et conduire à une augmentation des prix. Dans certaines zones localisées de la sous-région, où les rendements ont été gravement affectés par le retard des pluies ou par les inondations, les populations risquent de se trouver confrontées à des pénuries alimentaires et une aide pourrait leur être nécessaire. Au Ghana, pays le plus gravement touché, la sécurité alimentaire de plusieurs régions au nord du pays, touchées par les inondations, était déjà précaire en raison de la pluviosité insuffisante et des récoltes réduites enregistrées durant la campagne agricole de 2006. Dans l’ouest du Sahel, la faible production intérieure, qui s’inscrit dans un contexte de marchés internationaux tendus, a exercé une forte pression inflationniste sur le marché alimentaire national, réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs urbains et ruraux. Cette situation a déjà provoqué des troubles sociaux en Mauritanie et au Sénégal, qui sont fortement tributaires des importations céréalières du marché international.

En Afrique de l’Est, après deux années marquées par des récoltes supérieures à la moyenne dans de nombreux pays, la sécurité alimentaire globale s’est légèrement améliorée. Le nombre de personnes identifiées mi-2006 comme étant fortement et extrêmement exposées à l’insécurité alimentaire et nécessitant une aide humanitaire, est passé de quelque 7 millions à environ 6 millions aujourd’hui, les plus forts reculs étant enregistrés au Kenya et en Éthiopie. En Somalie au contraire, après une réduction temporaire, les mauvaises récoltes de la campagne principale, le renouvellement des conflits et les déplacements ont de nouveau provoqué une augmentation de la population affectée, qui représente aujourd’hui quelque 1,5 million de personnes. En Érythrée, les prix des céréales demeurent élevés, affectant la sécurité alimentaire de larges portions de la population. En Éthiopie, malgré l’allégement des restrictions sur les échanges dans la région des Somalis, les ménages continueront dans une grande partie de la région d’être exposés à l’insécurité alimentaire. Dans la plupart des autres zones, les bonnes récoltes prévues devraient améliorer la situation des disponibilités vivrières. La sécurité des ménages les plus pauvres continue toutefois d’être menacée par la cherté des produits alimentaires. Au Kenya, pour la première fois depuis plus de 45 ans, plusieurs petits essaims de criquets pèlerins adultes ont envahi certaines zones du nord-est du pays, endommageant les cultures situées près de la rivière Dawa, à la frontière éthiopienne. Une aide alimentaire continue d’être apportée à un grand nombre d’habitants des zones pastorales affectées par la précédente sécheresse et par des conflits pastoraux persistants. Au Soudan, conséquence de l’insécurité qui continue de prévaloir au Darfour, les déplacements et la perte de moyens d’existence devraient se poursuivre et les taux de malnutrition se détériorer au cours des prochains mois en raison d'un accès insuffisant à l'alimentation. Dans le sud du Soudan, en dépit d’une offre céréalière globalement adéquate, l'inadaptation du système de transport et de commercialisation empêchera de procéder à des transferts significatifs depuis les zones excédentaires vers les zones déficitaires. En Ouganda, la population menacée, estimée à quelque 1,5 million de personnes, continuera d’être fortement exposée à l’insécurité alimentaire et d’être largement tributaire de l’aide alimentaire.

En Afrique australe, en raison de récoltes réduites et d’augmentations significatives des prix céréaliers intérieurs et à l’importation, l’insécurité alimentaire s’est aggravée dans plusieurs pays. Au Zimbabwe, où les derniers chiffres font état d’une inflation de 7 983 pour cent, un record mondial, où le chômage est extrêmement élevé et où sévit une pénurie de biens alimentaires et non alimentaires, la crise économique continue de s’aggraver, affectant selon les estimations 4,1 millions de personnes exposées à l’insécurité alimentaire. En raison des sécheresses, le Lesotho et le Swaziland ont enregistré pour la troisième année consécutive de mauvaises récoltes céréalières, ce qui exclut toute possibilité d’amélioration de la sécurité alimentaire dans ces pays, frappés par des problèmes de pauvreté et par l’impact du VIH/SIDA.

Dans la région des Grands Lacs, la persistance des conflits dans le nord-est de la République démocratique du Congo a touché de nombreuses personnes qui ont désormais besoin d'une aide alimentaire. Cette assistance est également nécessaire au Burundi après la récolte totale réduite de cultures vivrières en 2007, à laquelle il faut ajouter la réinstallation des rapatriés et des PDI.

En Extrême-Orient, une aide alimentaire d’urgence est nécessaire au Bangladesh après qu’un cyclone de catégorie 4 ait frappé le pays mi-novembre, causant des dommages importants et affectant près de 8,5 millions de personnes dans 30 districts. Une aide alimentaire d’urgence localisée est également nécessaire au Viet Nam, aux Philippines et au Népal à la suite des inondations et glissements de terrain. Après la réception de plus de 500 000 tonnes d’aide alimentaire au cours des derniers mois, la situation de la sécurité alimentaire s’est améliorée en République populaire démocratique de Corée. Le pays devrait toutefois souffrir en 2007/08 (novembre/octobre) d’un écart important entre les besoins et l’offre de céréales au plan national, résultant de difficultés économiques et des graves inondations de juillet et de septembre. En Mongolie, la baisse de la production de blé et de foin en 2007 a compromis les perspectives de sécurité alimentaire des populations rurales pour cet hiver. Au Sri Lanka, la sécurité alimentaire de la population vulnérable s’est détériorée, en raison de la résurgence des troubles civils, de la réduction de la production céréalière pour cette année et de l’augmentation des prix à l’importation des céréales. La situation de la sécurité alimentaire s’est récemment détériorée au Timor-Leste en raison des prix élevés des céréales sur les marchés mondiaux, de la baisse de la production céréalière due au mauvais temps et d’une invasion acridienne.

Au Proche-Orient, en Iraq, à la suite d’une légère amélioration de la situation de la sécurité, quelques centaines d’Irakiens réfugiés en République arabe syrienne ont récemment rejoint le flux régulier et modeste de personnes ayant pris le chemin du retour. Les expatriés qui ont cherché asile dans les pays voisins seraient deux millions, un nombre similaire de personnes ayant été déplacées à l’intérieur du pays.

En Amérique centrale et aux Caraïbes, les précipitations ont été largement supérieures à la normale aux mois de septembre et d’octobre. D’importantes inondations et coulées de boue ont touché le Nicaragua, la République dominicaine, Haïti et les États du Tabasco et du Chiapas dans le sud-est du Mexique, entraînant des pertes sévères localisées de cultures vivrières et commerciales et la mort de milliers de têtes de bovins. La situation de la sécurité alimentaire semble particulièrement difficile dans la Région autonome de l'Atlantique nord (RAAN) du Nicaragua, où les moyens de subsistance fragiles de la population locale ont déjà été affectés par le passage de l’ouragan Felix en septembre.

En Amérique du Sud, après que le plus grave incendie de l’histoire du Paraguay ait détruit en septembre presque un million d’hectares de forêts, de parcours et de terres arables, une période de sécheresse prolongée a sévèrement affecté l'important secteur de l’élevage dans la région d’El Chaco.