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Rapport sur les produits


Pâte et papier

Pâte et papier

Les chiffres mondiaux de la production combinée de pâte, de papier et carton et de panneaux de fibre pour 1957 indiquent que, dans l'ensemble, le rythme de développement de ces industries après la guerre a accusé une baisse rapide. L'augmentation de l'activité industrielle générale dans ce domaine n'est que de 1,6 pour cent par rapport à l'année précédente, alors qu'elle était de 5,1 pour cent en 1956 et, en moyenne, de 7,2 pour cent pour la période 1947-55.

La production totale de papier et de carton en 1957 est estimée à 61,1 millions de tonnes, au lieu de 59,8 millions l'année précédente - soit une augmentation de 2,2 pour cent. La production de pâte de bois n'a augmenté que de 0,8 pour cent, passant de 49,7 millions de tonnes en 1956 à 50,1 millions en 1957, la production de panneaux de fibre s'est maintenue à 3,4 millions.

TABLEAU 1. - PRODUCTION MONDIALE DE PÂTE ET DE PAPIER - 1947-1957

Produit

1944

1955

1956

1957

1947-1955

1955-1956

1956-1957

Millions de tonnes

Pourcentage annuel d'augmentation

Pâte de bois

25,69

46,56

49,68

50,14

7,7

6,7

0,9

Pâte d'autres fibres

1,61

2,32

2,28

2,40

4,7

-

4,4

Papier et carton

33,79

57,55

59,75

61,13

6,9

4,0

2,3

Panneaux de fibre

1,54

3,16

3,38

3,42

9,4

7,3

1,2

TOTAL

62,63

109,59

115,09

117,09

7,2

5,1

1.6

Lorsqu'on observe ces faits, on est amené à se poser la question suivante: ce déclin du rythme de croissance est-il seulement temporaire ou indique-t-il un nivellement des tendances de la consommation à la fin de la période transitoire d'ajustement qui a suivi la guerre? On trouvera dans les paragraphes qui vont suivre une étude des tendances de la consommation pendant la période d'après-guerre comparée aux prévisions antérieures.

Pendant la période 1947-56, la production mondiale de pâte a presque doublé: d'un total de. 25,7 millions de tonnes en 1946, elle est passée à 49,7 millions en 1955. Au cours de la même période de dix ans, la production de papier et de carton a augmenté de 33,8 à 59,8 millions de tonnes et celle de panneaux de fibre de 1,5 à 3,4 millions. Toutefois, cet accroissement remarquable peut être attribué dans une certaine mesure à la reprise des affaires après la guerre. C'est ce que confirme le fait que le niveau de production d'avant guerre (1937), à l'exception de la production. de panneaux de fibre, était presque le même que celui de 1947; pâte de bois: 24,2, papier et carton: 29,9, panneaux de fibre: 250 000 tonnes.

La Conférence préparatoire sur les problèmes mondiaux de la pâte de bois, convoquée à Montréal par la FAO en 1949, avait établi des prévisions relatives aux besoins mondiaux de produits dérivés de la pâte de bois: papier journal, autre papier d'imprimerie, papier à écrire, papier à empaqueter, matériaux d'emballage et fibres textiles. La conférence prévoyait pour l'année 1955 une augmentation de 37 pour cent de la demande globale par rapport à 1948. Elle soulignait d'ailleurs que ce chiffre était tout à fait sujet a caution, et certains représentants se demandaient même si le chiffre prévu, calculé pour des conditions normales, serait atteint.

Mais, en fait, l'augmentation de l'activité économique au cours de cette période a donné lieu à une demande de produits tirés de la pâte - très supérieure au chiffre prévu, et l'augmentation annuelle, pendant la période 1948-55, a dépassé 7 pour cent alors que la conférence prévoyait 4 pour cent.

D'ailleurs, l'augmentation annuelle de la demande et de la production a varié considérablement au cours de la période, ainsi qu'il ressort des graphiques 1-3, qui montrent l'évolution de la demande et de la production et les modifications annuelles. Au cours des années qui ont suivi immédiatement la guerre, la production de pâte a augmenté rapidement, puis est venue une période d'immobilité en 1949, résultat du ralentissement des affaires qui s'était produit en Amérique du Nord au cours de cette année et de la précédente. En 1950 et 1951, la guerre de Corée a stimulé puissamment l'activité économique; de ce fait, la production de la pâte et du papier a augmenté rapidement au cours de ces mêmes années. En 1952, les industries de la pâte et du papier ont à nouveau souffert gravement, comme tous les produits forestiers, du ralentissement des affaires qui suivit le boom de 1950-51. Depuis 1953, ces industries recommencent à se développer, la confiance étant revenue, et, de toutes les régions du monde, on ne cesse d'annoncer des plans d'expansion et de modernisation.

FIGURE 1. - Développement de la production annuelle de pâte de bots, de pâte d'autres fibres et de pâte chimique, de 1946 à 1957.

FIGURE 2 - Développement de la production annuelle de papier et carton, de panneaux de fibre et autres papiers, cartons et papier journal.

FIGURE 3. - Taux d'accroissement annuel de la consommation de pâte de bois dans le monde, de 1946 à 1957.

TABLEAU 2. - CONSOMMATION ET PRODUCTION MONDIALE DE PÂTE DE BOIS - 1948-55

a Statistique mondiale des produits forestiers. Bilan de 10 années, 1946-1956, FAO, Rome, 1958.
[Au cours des dix années écoulées, la qualité et l'étendue des statistiques mondiales ont considérablement augmenté. On peut considérer la publication mentionnée ci-dessus comme le plus sûr des rapports statistiques publies dans le monde entier sur les produits forestiers pour la période d'après-guerre. C'est pourquoi on trouvera dans tout le présent rapport sur la pâte et le papier les chiffres révises fournis par cet ouvrage pour les années antérieures.]

b Exportations

Vers le milieu de 1956, pourtant, les chefs d'indus trie d'Amérique du Nord que l'industrie allait bientôt se trouver en face de difficultés, provenant d'un développement exagéré des facilités de production. Les plans élaborés alors laissaient prévoir, pour 1957 et 1958, une augmentation considérable de la capacité de production. La ralentissement économique, qui commença en Amérique du Nord en 1957, ajouta aux difficultés de l'industrie du bois, et la production de la pâte de bois, du papier et du carton dans cette région diminua de 2,3 pour cent par rapport au niveau record de 1956 (pâte 2,4 pour cent, papier et carton 1,8). En conséquence, le taux d'utilisation de la capacité de production globale de la pâte et du papier a baissé d'environ 10 pour cent, tombant de 93 pour cent environ en 1956 à 83 pour cent environ en 1957. Les chiffres pour le premier trimestre de 1958 indiquent une nouvelle baisse de la production, qui est inférieure d'environ 8 pour cent à celle de la période correspondante de 1957.

Néanmoins, ce déclin de la production nord-américaine n'a pas affecté sérieusement la production des autres régions, ainsi qu'il ressort du tableau 3. En fait, on observe, pour l'Europe, une augmentation du taux d'accroissement pour l'ensemble des produits et, pour le reste du monde, une baisse modérée. Il faut néanmoins remarquer, pour l'Europe, le vaste écart qui existe entre les taux d'accroissement de 1956 et de 1957 pour différents types de produits: papier journal 9,7 et 2 pour cent, autres genres de papiers et cartons 3 et 8,1 pour cent respectivement.

Pour en revenir à la comparaison entre les prévisions de Montréal et les faits réels, indiqués au tableau 2, il est à remarquer que l'augmentation annuelle de la production et de la consommation a dépassé les prévisions dans toutes les régions, sauf l'Amérique latine et l'Océanie. En Océanie, les chiffres réels correspondent à peu près aux prévisions (consommation plus faible, production plus élevée); en Amérique latine, la consommation est plus élevée mais la production plus faible. En Europe, la consommation ne dépasse que légèrement les prévisions, mais la production les dépasse dans des proportions considérables.

De même, l'étude FAO/Nations Unies sur «les ressources en pâte et en papier dans le monde» sous-estimait la production aussi bien que la consommation. Pour la consommation de la pâte de bois, l'étude prévoyait que la production passerait d'une moyenne de 37,1 millions de tonnes pour la période 1950-52, à 50,5 millions pour la période 1960-62, soit 13,4 millions de tonnes de plus, ce qui représentait une augmentation annuelle de 3,1 pour cent. Or, en 1956 (milieu de la période de dix ans sur laquelle portait l'étude), la consommation mondiale de pâte de bois a atteint 49,5 millions de tonnes, chiffre très voisin de celui qui était prévu pour les dix années. Ainsi, la consommation a augmenté en fait au taux de 6,6 pour cent par an, soit deux fois plus qu'il n'avait été prévu. Il n'est donc pas surprenant que la consommation de papier et de carton ait augmenté pendant la même période de 6,3 pour cent par an au lieu des 3,3 pour cent prévus.

TABLEAU 3. - AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DE PÂTE ET DE PAPIER DANS DIFÉRENTES RÉGIONS APRÈS LA GUERRE

Région

1947

1955

1956

1957

1947-1955

1955-1956

1956-1957

Millions de tonnes

Pourcentage d'augmentation

Amérique du Nord:


Pâte de bois

17,4

28,0

29,7

29,0

6,9

6,4

-2,4


Papier journal

5,1

6,9

7,3

7,4

4,9

5,8

+ 1,4


Autres papiers et cartons

18,5

26,9

27,1

26,3

4,8

0,7

-2,9


Panneaux de fibre

1,1

1,7

1,7

1,7

6,8

-

-

TOUS PRODUITS

42,1

63,5

65,9

64,5

5,5

3,6

-2,1

Europe:


Pâte de bois

6,9

13,0

13,6

14,2

8,2

4,7

4,4


Papier journal

1,6

3,1

3,4

3,5

8,6

9,7

1,5


Autres papiers et cartons

6,4

13,2

13,6

14,7

9,5

3,0

8,1


Panneaux de fibre

0,42

1,2

1,3

1,4

14,0

9,4

7,8

TOUS PRODUITS

15,3

30,5

31,9

33,8

9,0

4,6

6,0

Reste du monde:


Pâte de bois

1,3

5,6

6,3

6,9

20,0

12,5

9,2


Papier journal

0,35

1,14

1,3

1,4

15,9

14,0

7,7


Autres papiers et cartons

1,8

6,3

7,1

7,8

17,0

12,7

9,9


Panneaux de fibre

0,05

0,26

0,34

0,36

24,5

31,0

5,9

TOUS PRODUITS

3,5

13,3

15,0

16,5

18,2

13,1

9,5

En Europe, l'augmentation représente une fois et demie le chiffre des prévisions; en Amérique du Nord, où se consomme plus de la moitié du total mondial de papier et de carton, l'augmentation annuelle est de 70 pour cent supérieure aux prévisions.

Un certain nombre d'organisations nord-américaines, gouvernementales et privées, ont également publié des estimations de la consommation future et, en général, leurs résultats ont été les mêmes que ceux des études des Nations Unies: chiffres inférieurs à la réalité. De même, les prévisions faites en Europe par des organisations étrangères aux Nations Unies ont été en deçà de la réalité. Bien entendu, il ne s'ensuit nullement que les prévisions soient, en règle générale, inférieures à la réalité. Cet exemple montre simplement que les prévisions sont difficiles à établir et d'une portée limitée. Ces insuffisances résultent moins de fautes de méthode que de la difficulté qu'on éprouve à apprécier, de manière rationnelle, les tendances économiques d'un monde en évolution rapide et sujet à des crises nationales et internationales.

Il est pourtant nécessaire d'établir des prévisions afin d'élaborer des plans à long terme, principalement dans les pays insuffisamment développés; toutefois, ces prévisions doivent être constamment ravisées d'après les faits. Le présent article n'a pas pour objet de présenter de nouvelles prévisions concernant la demande dans les différentes régions du monde, mais simplement de tirer certaines conclusions générales des faits constatés dans passé, et plus particulièrement l'année dernière.

Situation générale

Un coup d'œil aux tableaux 1 et 3 révèle deux faits:

a) l'accroissement de la production de la pâte et du papier après la guerre s'est progressivement ralenti dans le monde entier, et

b) l'augmentation annuelle a varié sensiblement d'une région à l'autre.

Ces deux faits s'expliquent peut-être en partie par la réadaptation aux conditions normales qui a suivi la guerre. Il est pourtant hors de doute que l'augmentation continuera à un rythme sensiblement plus accéléré que celle de la population, et que la différence d'augmentation entre les régions subsistera assez longtemps. Compte tenu de toutes les réserves précédemment apportées à la valeur des prévisions relatives à la demande, il semble raisonnable de penser que la consommation mondiale de produits dérivés de la pâte et du papier continuera à augmenter à un rythme minimum compris entre 4 et 6 pour cent 1. Si l'économie mondiale se développe d'une manière plus favorable qu'elle ne l'a fait entre les deux guerres, l'augmentation annuelle de la consommation pourrait même dépasser le plus élevé de ces deux chiffres.

[1 Dans la période 1920-37, la production de pâte en Amérique du Nord et en Europe a augmenté au taux moyen annuel de 4,5 et 7,6 pour cent, respectivement.]

A supposer que l'augmentation annuelle de la demande globale ne soit que de 4 pour cent au cours des vingt prochaines années, la consommation de pâte et de papier doublera en dix-huit ans environ. Quatre-vingt-dix pour cent au moins de la production mondiale de papier et de carton dépendent du bois, qui constitue la principale source de matière première; au cours de cette brève période, le régime de l'approvisionnement en bois ne se modifiera sans doute pas sensiblement. Par conséquent, la production de pâte de bois passera probablement à une centaine de millions de tonnes d'ici 1975. Les abattages actuels de bois à pâte qui actuellement sont d'environ 210 millions de mètres cubes par an, devront donc s'élever à plus de 400 millions; cette augmentation représente près de 200 millions de mètres cubes, dont la majeure partie sera utilisée en Amérique du Nord et en Europe.

Pour satisfaire en partie cette augmentation considérable de la consommation de bois, on pourrait augmenter encore les ressources en matières premières en employant une plus grande quantité d'arbres à feuilles caduques ainsi qu'en utilisant de façon plus rationnelle les déchets industriels et forestiers. Néanmoins, la majeure partie des nouvelles ressources proviendra de l'abattage d'un plus grand nombre d'arbres, qui ne pourra s'effectuer qu'à un prix supérieur à celui d'aujourd'hui. On peut donc se demander très sérieusement si l'Amérique du Nord et l'Europe seront en mesure de continuer à approvisionner d'autres régions du monde alors qu'augmente rapidement leur demande de produits dont la matière première se fait de plus en plus rare dans les régions industrielles, particulièrement en Europe. En même temps, il ne faut pas oublier que les régions déficitaires ne seront probablement pas en mesure de consacrer une portion croissante de leurs gains en devises étrangères à l'achat de produits de consommation tels que la pâte et le papier.

TABLEAU 4. - CONSOMMATION MONDIALE DE PAPIER ET DE CARTON, 1950-52 A 1956, COMPAREE AUX PREVISIONS FAO/NATIONS UNIES POUR 1960-62

Région

Consommation de papier et de carton

Pourcentage d'augmentation

Pourcentage annuel d'augmentation

Moyenne de l'enquête 1950-52

Moyenne révisée 1950-52

Moyenne des prévisions 1960-62

Effective 1956

Prévisions 1950-52 à 1960-62

Chiffres réels 1950-52 à 1956

Prévisions 1950-52 à 1960-62

Chiffres réels 1950-52 à 1956

Millions de tonnes

Pourcentage

Europe

11,82

11,62

16,38

16,99

38,6

46,2

3,3

7,9

U.R.S.S.

1,92

1,65

3,00

2,69

56,3

63,0

4,6

10,3

Amérique du Nord


28,57

36,83

35,40

28,9

23,9

2,6

4,4

Amérique latine

1,45

1,41

2,54

1,98

75,2

40,4

5,8

7,0

Asie dont:

2,02

2,10

4,20

4,47

107, 9

112, 8

7,6

16,3


Japon

1,13

1,12

2,50

2,48

121,2

121,4

-

-


Chine

0, 21

0,38

0,50

0,95

138,1

150,0

-

-


Autres pays

0, 68

0,60

1,20

1,04

76,5

73,3

-

-

Afrique

0,45

0,40

0,71

0,51

57,8

27,5

4,7

5,0

Océanie

0,67

0,70

1,00

0,93

49,2

32,9

4,1

5,8

TOTAL MONDIAL

46,90

46,45

64,66

62,97

37,9

35,6

3,3

6,3

Catégorie

Papier journal

9,41

9,10

12,90

12,13

37,0

33,3

3,2

5,9

Autre papier à imprimer et papier à écrire

8,75

7,94

11,29

10,78

29,0

35,8

2,6

6,3

Autres papiers

11,43

12, 55

16,03

16,79

40,2

33,8

3,4

6,0

Carton:

17 ,31

16,86

24,44

23,27

41,2

38,0

3,4

6,6


Carton

(-)

(14,69)

(-)

(19,99)

(-)

(36,1)

(-)

(6,4)


Panneaux de fibre

(-)

(2,17)

(-)

(3,28)

(-)

(51,2)

(-)

(8,6)

TOTAL

46,90

46,45

64,66

62,97

37,9

35,6

3,3

6,3

Pâte de bois

Le tableau 5 indique la répartition régionale de la production et de la consommation de pâte, au cours des trois années 1937, 1947 et 1956.

Considérant d'abord la répartition régionale de la production de pâte, nous voyons que le pourcentage du total mondial représenté par l'Amérique du Nord est passé de 45 pour cent en 1937 à 60 pour cent en 1956, alors que la part de l'Europe est tombée de 47 à moins de 28 pour cent. La part des autres régions a augmenté, pendant la même période, de 8 à 12 pour cent du total mondial; cela tient surtout à ce que la production combinée de l'U.R.S.S. et du Japon a augmenté de plus de 2,8 millions de tonnes, sur une augmentation totale de 4,3 millions de tonnes pour toutes ces régions.

Le fait le plus remarquable, qui ressort du tableau 5, en dehors des grands progrès accomplis au Japon, en U.R.S.S. et en Océanie, aussi bien dans la période d'après-guerre que depuis 1937 est la lenteur des progrès observés en Europe, comparés à ceux d'avant-guerre. Ce fait acquiert encore plus d'importance si l'on compare ces chiffres de la production à ceux de la consommation qui a augmenté beaucoup plus rapidement: - moins 38 pour cent de 1937 à 1956 contre moins de 19 pour cent pour la production. Il en résulte que l'excédent de pâte a baissé: supérieur à 1,7 million de tonnes en 1937, il est tombé à 250 000 tonnes seulement en 1956, et on signale une nouvelle baisse pour l'année 1957 qui accuse un déficit apparent de 25 000 tonnes. Sans doute, l'année 1956 n'est pas tout à fait caractéristique de cette tendance étant donné, comme nous l'avons signalé plus haut, qu'elle a été marquée par un arrêt temporaire de la consommation européenne de pâte de bois; l'excédent de l'année 1956 est donc plus élevé qu'il n'aurait dû l'être; ce qui est confirmé par le fait que, déjà en 1955, l'Europe accusait un déficit de 65 000 tonnes. Néanmoins, en ce qui concerne les tendances à long terme, la conclusion inévitable est que l'Europe deviendra un importateur net de quantités considérables de pâte, a moins que les possibilités de production ne se développent beaucoup plus rapidement qu'elles ne l'ont fait jusqu'à présent. En tout cas, on peut cesser de la considérer pour l'avenir comme fournisseur éventuel de régions déficitaires, sauf bien entendu pour les quantités qui entrent normalement dans le commerce inter-régional et qui doivent être remplacées par des importations en provenance d'Amérique du Nord.

Un autre fait intéressant ressort du tableau 5: c'est qu'en Europe la première place est occupée par les trois pays du Nord qui, en 1956, ont produit ensemble 60 pour cent du total, soit la même proportion qu'en 1937.

L'Amérique du Nord qui, avant la guerre, était un importateur net pour plus de 1 million de tonnes, exporte aujourd'hui une quantité nette de plus d'un demi-million; 660000, 455000 et 625000 tonnes pour 1955, 1956 et 1957, respectivement. Les Etats-Unis accusaient encore en 1956 un déficit d'environ 1,6 million de tonnes (1,9 million en 1937). L'expansion actuelle de capacité de production des Etats-Unis devrait encore réduire d'ici quelques années les besoins d'importation de ce pays.

TABLEAU 5. - PRODUCTION ET CONSOMMATION RÉGIONALES DE PÂTE DE BOIS - 1937-56

Région

Production

Consommation

Différence

1937

1947

1956

1937

1947

1956

1937

1947

1956

Milliers de tonnes

Amérique du Nord

10.900

17.420

29.815

12.000

17.910

29.360

-1.100

-490

+455

Europe

11.385

6.925

13.578

9.659

6.020

13.331

+1.726

+905

+247


Trois pays septentrionaux

6.811

4.914

8.183

2.163

2.181

4.496

+4.648

+2.733

+3.687


Autres pays d'Europe

4.574

2.011

5.395

7.496

3.839

835

-2.922

-1.828

-3.440

U.R.S.S.

1.034

745

2.610

1.034

687

2.579

0

+58

+31

Asie

900

330

2.750

1.380

350

2.955

-480

-20

-205


Japon

900

282

2.180

1.370

288

2.322

-470

-6

-142


Chine continentale

-

30

500

-

30

500

0

-0

-0


Autres pays d'Asie

-

18

70

-

32

133

-

-12

-63

Amérique latine

27

105

338

233

340

715

-206

235

-377

Afrique

-

10

120

1

11

122

-1

-1

-2

Océanie

-

155

469

522

200

509

-52

-45

-40

Total mondial

24.246

25.690

49.685

24.360

25.518

49.521

-114

+172

+114

Régions autres que l'Amérique du Nord, l'Europe, l'U.R.S.S. et le Japon

27

318

1.497

296

612

1.979

-269

-294

-482

Ainsi, le Canada finira par devenir le seul fournisseur des régions importatrices. Le fait que les excédents nécessaires pour répondre aux besoins d'importation des régions déficitaires demeureront minimes comparés à la consommation considérable de l'Amérique du Nord place dans une situation précaire les pays importateurs, puisque la moindre modification du rapport offre-demande à l'intérieur du continent nord-américain peut suffire à modifier profondément les disponibilités de pâte sur le marché international

L'U.R.S.S., qui possède la plus grande superficie de forêts de conifères non encore exploitées. a augmenté sa production trois fois et demie depuis 1947, et plus de deux fois et demie par rapport. à l'avant-guerre. Sa production de pâte en 1956 et en 1957 était de 2,61 et de 2,75 millions de tonnes respectivement; les plans actuels de développement laissent prévoir une nouvelle augmentation de la production d'environ 1,2 million de tonnes d'ici 1960, lorsque la production atteindra environ 3,8 millions de tonnes. Il est particulièrement, intéressant d'apprendre qu'il existe des plans pour la création d'une nouvelle fabrique de pâte à rayonne, d'une capacité de production annuelle d'environ 380000 tonnes. Néanmoins, la plupart des sources d'informations estiment que la demande de pâte à rayonne et à papier continuera de dépasser l'offre intérieure pendant longtemps.

L'augmentation relativement faible de la production de pâte de 1956 à 1957 s'explique beaucoup plus par les difficultés de transport du bois de pâte que par une trop faible capacité de production de pâte. La situation restera apparemment la même cette année, puisque la production envisagée ne dépasse que d'environ 3 pour cent celle de 1957.

L'Asie, qui contient plus de 1 500 millions d'habitants, a fait des progrès remarquables; la production de pâte de bois est passée de 900 000 tonnes avant la guerre à plus de 2,75 millions en 1956. Que cette augmentation soit due à la guerre ressort clairement du fait que le chiffre de la production pour 1947 n'était que de 282 000 tonnes; ce qui rend encore plus frappants les résultats d'après-guerre.

Les statistiques détaillées de la production montrent toutefois que l'accroissement d'après-guerre est presque entièrement dû au Japon et à la Chine qui, ensemble, représentent 97 pour cent de l'augmentation de 2,43 millions de tonnes: Japon 78 et Chine continentale 19 pour cent. Pour le reste de la région, la production ne s'est accrue que de 52 000 tonnes, passant de 18 à 70 000 tonnes. Mais il ne faut pas oublier que ces chiffres se rapportent uniquement à la pâte de bois et que la région a réussi, dans une mesure importante, à développer sa capacité de production de pâte à partir de matières premières autres que le bois, en particulier le bambou. La production de pâte provenant d'autres fibres est ainsi passée de 195 000 tonnes en 1947 à 470 000 en 1956, mais ici encore, une bonne partie de cette augmentation est due au Japon et à la Chine continentale: plus de 50 pour cent.

Les importations de pâte pour l'ensemble de la région, qui étaient de 480 000 tonnes avant la guerre, sont tombées à 20 000 tonnes seulement en 1947, mais depuis lors elles ont progressivement remonté à 205 000. Ces chiffres donneraient à penser à première vue que les besoins en pâte sont assez bien couverts par les disponibilités locales. En fait, la demande est considérablement supérieure aux disponibilités, mais les pays de la région ne peuvent se permettre de consacrer à cet article un complément de devises étrangères et ils ne souhaitent pas non plus voir naître ou grandir une production de papier non intégrée.

On a tout lieu de craindre que la situation de l'Asie, en ce qui concerne les disponibilités en pâte et papier, n'empire rapidement au cours des prochaines dix années. Le Japon est déjà à court de matières premières fibreuses: en Inde, les fournitures de bambou aux fabriques existantes sont, dans bien des cas, insuffisantes; et, bien que certains pays de la région aient réalisé des progrès, l'expansion industrielle est encore très loin de correspondre à l'augmentation rapide de la demande potentielle.

En Amérique latine, où les ressources potentielles sont considérables, les perspectives d'avenir sont naturellement plus brillantes qu'en Asie. Néanmoins, on peut prévoir, d'ici 20 ou 30 ans, de grandes difficultés résultant moins d'un manque de matières premières économiquement exploitables que d'une insuffisance de capital, ou plutôt du fait qu'une industrie dont on ne peut attendre à coup sûr de gros profits immédiats n'attire guère les capitaux.

Bien que la production ait augmenté de plus de 600 000 tonnes depuis dix ans, les importations de pâte sont passées de 206 000 tonnes en 1937 à 235 000 et 377 000 au cours des années 1947 et 1956 respectivement. En outre, le manque de devises étrangères a limité les importations, dont le besoin à l'heure actuelle est sensiblement supérieur, surtout en Argentine et au Brésil. Plusieurs pays ont préparé des plans ambitieux, qu'ils sont sur le point de réaliser, pour répondre à cette demande encore insatisfaite et aux besoins croissants. Pourtant, tous ces plans sont encore loin de suffire à la demande prévisible.

Les deux autres régions déficitaires, l'Afrique et l'Océanie, ont réussi à développer leur production de pâte au même rythme que leur consommation. Depuis dix ans, la production a augmenté d'une centaine de milliers de tonnes en Afrique et d'environ 300 000 tonnes en Océanie. Toutefois, ces chiffres ne font pas ressortir exactement la situation, car ces régions importent une quantité considérable et croissante de papier et de carton, ainsi qu'il ressort du tableau 6.

Papier et carton

Le tableau 6 indique les tendances régionales de la production et de la consommation de papier et de carton pour les années 1937, 1947 et 1956.

TABLEAU 6. - PRODUCTION ET CONSOMMATION RÉGIONALES DE PAPIER ET DE CARTON, 1937-56

Région

Production

Consommation

Différence

1937

1947

1956

1937

1947

1956

1937

1947

1956

Milliers de tonnes

Amérique du Nord

15 832

23 665

34 445

15 042

23 050

33 686

790

615

759

Europe

11 674

7 985

16 992

10 704

7 090

15 814

970

895

1 178


Trois pays du nord

2.190

2 192

3 563

613

889

1 195

1 577

1 303

2 368


Autres pays d'Europe

9 484

5 793

13 429

10 081

6 201

14 619

-597

-408

-1 190

U.R.S.S.

965

789

2 579

965

774

2 625

-

+15

-46

Asie

1 080

959

3 966

...

810

4 393

...

-215

-427


Japon

970

287

2 568

...

285

2 455

...

+2

+113


Chine continentale

60

160

950

...

160

950

...

-

-


Autres pays d'Asie

50

148

448

...

365

988

...

-217

-540

Amérique latine

270

545

1 150

...

1 215

1.932

...

-670

-782

Afrique

-

25

135

...

225

380

...

-200

-328

Océanie

98

195

484

...

475

812

...

-280

-328

TOTAL MONDIAL

29 919

33 799

59 751

29 919

33 639

59 642

-

+160

+109

Non compris l'Amérique du Nord, l'Europe et l'U.R.S.S.

1.488

1 360

5 735

3 248

2 725

7 517

-1 760

-1 365

-1 782

Non compris l'Amérique du Nord, l'Europe, l'U.R.S.S. et le Japon

-

913

2 217

-

2 280

4 112

-

-1 367

-1 895

La répartition régionale de la production et de la consommation de papier et de carton correspond à celle de la pâte de bois; l'Amérique du Nord produit et consomme environ 57 pour cent du total mondial, l'Europe produit 28 pour cent et consomme 26 pour cent et les autres régions ensemble produisent 15 pour cent et consomment 17 pour cent de ce total.

L'Amérique du Nord dispose aujourd'hui d'un excédent exportable d'environ 750 000 tonnes, chiffre à peu près égal à celui d'avant-guerre; quant à l'Europe, ses exportations nettes ont passé de 970 000 tonnes à 1,2 million.

TABLEAU 7. - PRODUCTION RÉGIONALE DE PÂTE, DE PAPIER ET DE CARTON, EN POURCENTAGE DE LA CONSOMMATION

Région

Pâte

Papier et carton

1937

1947

1956

1937

1947

1956

Amérique du Nord

90,8

97,3

102,7

105,3

102,7

102,3

Europe

117,9

115,0

101,9

109,1

112,1

107,4

U.R.S.S.

100,0

108,4

101,2

100,0

100,6

98,2

Asie

65,2

94,2

93,1

...

73,5

90,3

Asie, non compris le Japon et la Chine continentale

-

56,3

52,6

...

40,5

45,3

Amérique latine

11,6

30,9

47,3

...

44,9

59,5

Afrique

-

90,9

98,3

...

11,1

35,5

Océanie

-

77,5

92,1

...

41,1

59,6

Les régions déficitaires ont toutes augmenté leurs importations, parfois dans des proportions considérables. Ainsi, en Asie (non compris le Japon et la Chine continentale), les importations nettes ont plus que doublé: de 217 000 tonnes en 1947 elles sont passées à 540 000 tonnes en 1956. L'Amérique latine, qui a accru sa production de plus de 700 000 tonnes de 1947 à 1956, a pourtant dû augmenter encore ses importations de plus de 110000 tonnes pendant la même période; cette augmentation représente presque uniquement des importations de papier journal.

L'analyse ci-dessus de la répartition régionale de la production et de la consommation de pâte et de papier montre que dans les régions déficitaires, tant le potentiel de production que les besoins d'importation ont augmenté. Ces régions ont-elles réussi à se rendre plus indépendantes de fournitures extérieures? Le tableau 7 montre quel pourcentage de la consommation régionale représente la production régionale.

Si l'on considère l'importance des chiffres pour 1956, on peut tout d'abord constater combien minimes sont les quantités disponibles pour l'exportation en Amérique du Nord et en Europe comparées à la consommation de ces pays: pour la pâte 2,7 et 1,9 pour cent, pour le papier et le carton 2,3 et 7',4 pour cent en Amérique du Nord et en Europe respectivement.

Parmi les régions déficitaires, l'Asie (non compris le Japon et la Chine continentale) et l'Amérique latine dépendent de l'extérieur pour la moitié environ de la pâte et du papier qu'elles consomment; l'Afrique et l'Océanie suffisent à peu près à leurs besoins de pâte mais doivent importer un pourcentage considérable de produits finis; l'Afrique 65 et l'Océanie 40 pour cent.

Les faits ont montré que certaines régions déficitaires ont réussi à se rendre plus indépendantes des importations. Mais les progrès réalisés depuis 10 ans à cet égard sont loin d'être satisfaisants, notamment en Asie (non compris le Japon et la Chine continentale) et en Amérique latine. En Asie, la demande d'importation de pâte a, en fait, augmenté, cependant que la demande d'importation de papier et de carton diminuait légèrement.

Toutefois, pour les régions déficitaires, le danger ne résulte pas tant de l'insuffisance des disponibilités intérieures que du fait que les besoins d'importation portent principalement sur deux produits essentiels: le papier journal et la pâte de résineux. Plus de 50 pour cent des importations de papier et toutes les importations de pâte appartiennent à ces deux catégories essentielles.

Bien qu'on ait effectué des progrès techniques considérables vers la solution du problème de la fabrication de la pâte à papier journal à partir de matières premières autres que le bois de résineux et vers la découverte de produits de remplacement, il s'écoulera encore beaucoup de temps avant que ces procédés ne puissent être appliqués d'une façon rentable à grande échelle, sauf dans des conditions tout à fait spéciales.

Etant donné que les conifères sont rares dans les régions manquant de pâte et de papier - et c'est l'une des raisons pour lesquelles l'industrie de la pâte et du papier s'est développée lentement - on a tout lieu de penser que les importations de papier journal et de pâte de résineux continueront d'augmenter.

Conclusions

Au début du présent rapport, on se demandait si l'année 1957 marquait un arrêt du développement après la période transitoire des ajustements d'après guerre. D'après l'analyse ci-dessus des faits survenus depuis dix ans, on peut affirmer avec certitude que tel n'est pas le cas. Il est tout à fait probable que le ralentissement observé l'an dernier se prolongera pendant une bonne partie de l'année 1958 et se manifestera également dans d'autres régions que l'Amérique du Nord. Il est également vraisemblable que cette période sera la plus difficile que les industries de la pâte et du papier aient connue depuis la guerre. Mais il est hors de doute qu'à la longue la tendance générale à long terme se manifestera de nouveau, que la demande augmentera régulièrement et qu'il sera difficile de satisfaire les besoins de la plupart des régions.

En fait, l'évolution d'après-guerre indique que, bien que les pays déficitaires aient effectué des progrès considérables qui les rendent plus aptes à satisfaire leurs besoins croissants de papier, les perspectives d'avenir sont plus inquiétantes qu'au début de la période de dix années. Par conséquent, les raisons qui ont poussé l'Organisation des Nations Unies et ses institutions spécialisées à appeler l'attention des Etats Membres sur les dangers que recèlent les tendances à long terme demeurent valables; il faut continuer de travailler énergiquement à la mise au point de plans réalistes de mise en valeur pour les régions les moins évoluées. Naturellement, ceux-ci doivent se fonder sur de bons principes économiques; autrement, il faudrait établir des tarifs douaniers, d'où résulterait une augmentation des prix aussi défavorable au progrès économique qu'au progrès culturel. Malheureusement, jusqu'ici, ce principe n'a pas toujours été appliqué, de sorte que le développement des marchés régionaux potentiels se heurte à des difficultés.

CENTRE DE FORMATION DES OUVRIERS FORESTIERS EN INDE

L'application des techniques modernes d'exploitation qui réduisent le gaspillage et économisent du temps est enseignée dans un Centre national de formation créé dans les basses chaînes himalayennes.

Organisé par le gouvernement de l'Inde avec l'aide du programme d'assistance technique de la FAO et du gouvernement suisse, le Centre de formation a commencé à fonctionner en mars. Deux catégories de cours ont été prévues: principes fondamentaux de l'exploitation et utilisation de l'outillage mécanique. Des groupes de stagiaires se sont succédé et ont reçu une formation de huit semaines dans chaque cours.

Pendant les cinq premiers mois, l'instruction a été donnée par une équipe de quatre instructeurs suisses dirigés par M. A. G. Winkelmann, Directeur de l'Office forestier central suisse et président du Comité mixte FAO/CEE des techniques de travail en forêt et de la formation des ouvriers forestiers. Grâce à ses efforts le matériel nécessaire à l'équipement du Centre fut amené de Suisse en Inde.

Le prix et l'installation de ce matériel sont revenus à l'équivalent de 520 000 dollars, dont 16 800 offerts à titre de don par le gouvernement helvétique.

Après le départ, en juillet, de M. Winkelmann et de son équipe d'instructeurs, la continuité du fonctionnement du Centre a été assurée par le fonctionnaire chargé de la branche «exploitation» à l'Ecole et à l'Institut forestiers de Dehra Dun.

La précision et le fini dans l'exécution ont marqué les diverses démonstrations faites par les stagiaires devant les Ministres et les autorités supérieures: elles ont comporte abattage et débusquage, utilisation d'outillage moderne, fonctionnement d'un câble aérien, d'une soierie mobile et d'autres matériels mécanisés. La simplicité a été la caractère dominant de tous les outils et de leurs techniques d'emploi.


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