De nombreuses mutations socio-économiques sont en cours en Afrique de l’ouest et s’accompagnent de défis croissants pour les systèmes alimentaires urbains. Les villes africaines voient leur population s’accroître rapidement, du fait de la croissance démographique et des migrations rural-urbain. Le triple fardeau de la malnutrition y est important avec une prévalence de la malnutrition par excès en croissance constante, de même que les maladies non transmissibles d’origines alimentaires, (hypercholestérolémie, diabète, hypertensions, etc.). Les villes doivent relever le défi d’assurer à la population une alimentation suffisante, régulière et saine pour tous mais aussi offrir des opportunités d’emplois à la population croissante et de plus en plus jeune. Les villes africaines sont caractérisées par un secteur informel prépondérant et un morcellement de l’offre alimentaire, avec une myriade de micro-entrepreneurs et entrepreneuses (souvent informels) dans le secteur du commerce, de la transformation ou des services (restauration). Cela participe à la méconnaissance que l’on a des systèmes alimentaires urbains en Afrique de l’ouest, surtout dans les villes secondaires qui font l’objet de moins d’études sur ce sujet. Ces villes sont pourtant celles qui accueillent le plus fort taux de croissance démographique (ex. au Sénégal, le taux de croissance à Dakar est estimé à 2.8% tandis qu’il serait de 4.3% dans les autres villes en moyenne) et sont souvent plus reliées aux territoires ruraux environnants que les capitales ne le sont. Ziguinchor se situe dans le sud du pays en basse-Casamance, l’une des régions du Sénégal qui offre un environnement et un climat favorables au développement de différentes cultures céréalières, horticoles et maraîchères. La région est en outre dotée d’importantes ressources halieutiques et de produits forestiers non ligneux. L’agriculture occuperait, au moins à temps partiel, 80% de la population de cette région (ANSD; 2014). L’agriculture se pratique depuis longtemps dans la commune et dans sa périphérie immédiate. Mais le développement du bâti et des infrastructures restreint les terres cultivées1 (voir cartes 1,2,3). Avec une population estimée à environ 240000 habitants (ANSD, 2019) dont 40% a moins de 18 ans et une croissance démographique annuelle supérieure à 4%, l’enjeu d’une alimentation durable de la ville s’impose comme une priorité.