La FAO au Tchad

Lancement du projet "Renforcement de l’alerte précoce à base communautaire pour l’anticipation des aléas agro climatiques, la sauvegarde des moyens d’existence et la sécurité alimentaire des ménages vulnérables "

FAO Tchad-EM
10/08/2023

Le Tchad est régulièrement exposé à de nombreux chocs d’où une vulnérabilité conduisant à des crises alimentaires et nutritionnelles récurrentes. Les dérèglements climatiques s’ajoutant à d’autres facteurs conjoncturels tels que l’insécurité civile liée à Boko Haram, les crises économiques, constituent les principales problématiques auxquelles sont confrontés les populations tchadiennes. L’occurrence de la pandémie à COVID -19 et ses impacts sur les moyens d’existence crée un contexte inédit dans la chaîne des facteurs négatifs affectant significativement les activités économiques exacerbés par les crises climatiques qui sont les inondations et la sècheresse.

Malgré la récurrence des catastrophes (sécheresse et inondation), la capacité extrêmement limitée de préparation aux catastrophes empêche d'atténuer et de prévenir correctement les crises. Il n'existe pas de système d'alerte précoce adéquat, en raison de lacunes importantes dans les équipements, matériels de travail et les capacités de production d'alertes (à la fois en termes de surveillance et d'analyse des risques),

Parmi les principaux défis à relever, il y a la nécessité de surveiller et d’anticiper sur les aléas climatiques ainsi, d'évaluer rapidement les besoins essentiels afin de planifier l'assistance humanitaire requise et de mobiliser les ressources nécessaires.

Afin de combler ces gaps, la FAO Tchad entend renforcer les capacités des SAP nationaux et communautaires en matière de suivi et d’alerte précoce. Les activités clés porteront sur le renforcement de capacité du SAP en matière de coordination et de développement des outils/instruments pour la préparation et anticipation des aléas extrêmes hydrométéorologiques et climatologiques. Cela permettra une mise à disposition efficace des données et d’informations appropriées sur les menaces ou dangers aux populations à risque. Au niveau communautaire, la FAO vise aussi à renforcer le mécanisme d’action anticipatoire au niveau communautaire pour améliorer les capacités de sauvegarde des moyens d’existence déjà acquis par les communautés, et réduire les besoins et coûts relatifs aux interventions d’urgences.

Dans le cadre de la recherche continue de la résilience des populations affectées par les crises climatiques, la DG ECHO a alloué un fonds pour la mise en œuvre d’un projet intitulé "Renforcement de l’alerte précoce à base communautaire pour l’anticipation des aléas agro climatiques et la sauvegarde des moyens d’existence et la sécurité alimentaire des ménages vulnérables ".  Le projet a pour objectif de réduire les impacts humanitaires des crises et sauvegarder la sécurité alimentaire à travers l’anticipation et préparation des risques climatiques. De manière spécifique, le projet contribue au renforcement du système d’alerte précoce communautaire et local pour anticiper les risques climatiques notamment la sécheresse et les inondations en fonction des zones agroécologiques au Tchad avec focus dans les provinces du Logone Occidental, la Tandjilé, le Kanem et le BEG.

L’approche basée sur les actions anticipatoires exige un consensus croissant selon lequel il est souhaitable que le secteur humanitaire international passe d'une approche largement réactive à une approche anticipative : Planifier à l'avance la prochaine catastrophe, mettre en place les plans d'action et les financements avant une catastrophe, réduire l'impact d'une catastrophe et donc limiter les besoins humanitaires avec un regard projectif sur les prévisions hydrométéorologiques. Une approche anticipatoire conduit à une réponse plus efficace, efficiente et digne. Il protège également les progrès de développement durement acquis.

Aujourd'hui, nous pouvons prédire avec une confiance croissante la survenue et l'impact humanitaire de certains chocs climatiques et météorologiques. En combinant différentes approches analytiques, les événements météorologiques inhabituels peuvent non seulement être prédits, mais leur impact projeté peut être atténué de manière proactive sur la base d'actions anticipatoires pré-identifiées. S'appuyant sur des preuves de plus en plus nombreuses qu'agir avant l'apparition d'un danger prévisible est beaucoup plus efficace que la réponse humanitaire traditionnelle, a-t-il ajouté.

Pour Marc Mankoussou, Représentant a.i de la FAO au Tchad, les actions de ce projet consistent à la réalisation d'analyse spécifique sur l’alerte précoce/actions anticipatoires au niveau communautaire, local et central pour une meilleure appropriation du dispositif d’anticipation aux risques de catastrophe naturelle. Intégrer la gestion des risques climatiques en corrélation avec les actions anticipatoires des inondations et de la sécheresse dans la planification locale est une opportunité pour mieux comprendre l'interaction entre les risques, l'exposition, la vulnérabilité et de prévenir efficacement les impacts à venir.

L’action anticipatoire faut-il le rappeler, est une approche innovante qui permet de travailler en synergie avec différents acteurs pour la mise en œuvre d'actions prédéfinies afin de prévenir et d’atténuer, dans la mesure du possible, l'impact des événements météorologiques extrêmes sur la sécurité alimentaire et la nutrition des populations les plus vulnérables. L’approche met un accent particulier sur les services étatiques qui sont la Direction des Ressources en Eau, l’Agence Nationale de la Météorologie, le Système d’Information sur la Sécurité Alimentaire et l’Alerte Précoce et le Système Communautaire d’Alerte Précoce et de Réponse aux Urgences en abrégé SCAP-RU pour l’atteinte des résultats.

Selon Abakar Ramadan, Secrétaire d’Etat, Ministère de la Production et de la Transformation Agricole : L’objectif de cet atelier faut-il le rappeler, est d’informer et de sensibiliser toutes les parties prenantes sur les différentes composantes du projet, les actions prioritaires à mener ainsi que les approches d’intervention à mettre en œuvre.  Le projet contribue au renforcement des capacités du système d’alerte précoce sur l’évaluations et l’analyse rapide des risques au niveau local et national pour anticiper les risques des inondations et de sècheresse dans les départements de Lac Way, Tandjilé Ouest, le Nord Kanem et le Barh El Gazel Sud.

Face aux différentes crises naturelles auxquelles le Tchad est confronté, je vous invite de travailler dans une synergie totale d’actions avec le Gouvernement et de répondre de façon adéquate aux besoins humanitaires pour éviter une détérioration rapide de la situation des ménages les plus vulnérables. Aussi, nous devons faire en sorte que relier l’alerte précoce avec des actions anticipatoires soit une nouvelle façon de travailler ensemble afin de promouvoir une approche intégrée dans la gestion nationale des risques de catastrophe naturelles, a-t-il conclut.

Il faut noter que le Pôle Urgence/Résilience de la FAO au Tchad a bénéficié d’une subvention d’un million deux cent cinquante mille Euros (1.250.000 Euros) octroyée par la DG ECHO pour financer la mise en œuvre de ce projet « Renforcement de l’alerte précoce à base communautaire pour l’anticipation des aléas agro climatiques, la sauvegarde des moyens d’existence et la sécurité alimentaire des ménages vulnérables », pour une durée de 24 mois. Le projet travaillera en étroite collaboration avec les autorités administratives locales dans le fonctionnement des cadres de concertation départementaux et provinciaux pour l’élaboration des plans de contingence afin d’anticiper les risques d’inondation et de sécheresse dans les quatre départements des provinces du Logone Occidental, la Tandjilé, le Kanem et le Barh El Gazel.