Pour être efficace, un service de contrôle des aliments a besoin dune législation alimentaire de base ayant pour objectifs de protéger le consommateur contre les risques sanitaires et les procédés frauduleux et dassurer la loyauté dans les transactions commerciales des produits alimentaires. Il doit sy ajouter une réglementation dapplication et des normes alimentaires, basées sur les textes du Codex Alimentarius. Pour assurer lapplication de ces textes, il est nécessaire de prévoir une organisation formée de cadres administratifs compétents, dinspecteurs et danalystes disposant de méthodes appropriées, de laboratoires et autres installations adaptées.
Même si certains pays nont pas encore de véritables politiques de la qualité, quils continuent à piétiner devant les goulots détranglement administratifs ou face à limmobilisme et à linertie de lAdministration dans le domaine des contrôles, de plus en plus nombreux sont les pays dAfrique francophone qui ont fait un effort pour remédier à ces problèmes.
La FAO a assisté de nombreux pays de la région à renforcer leurs services de contrôle alimentaire, comme par exemple récemment au Burkina Faso ou au Gabon. Cette assistance technique se base sur les concepts mentionnés ci-dessus. Il sagit le plus souvent de réviser les textes législatifs et réglementaires sur lalimentation et le contrôle alimentaire et de proposer une législation et une réglementation adaptées aux concepts actuels des contrôles. Dautres pays sont encore confrontés au chaos réglementaire avec, dans certains cas, des lois existant depuis la colonisation. Ces lois sont tombées dans loubli au niveau de lapplication et sont même parfois ignorées des nouveaux projets de textes soumis à lexamen des instances représentatives qui omettent leur modification ou leur abrogation, ce qui aurait évité des doubles emplois et des contradictions. Ailleurs, le code pénal ne connaît pas la notion de fraude commerciale, doù labsence dinfraction pénale sur les produits et marchandises. Lassistance de la FAO sattache aussi à proposer des textes de procédure fixant les compétences des agents de contrôle et les garanties à apporter aux administrés, aux justiciables et aux opérateurs économiques contre larbitraire et limpartialité de lAdministration. Cette démarche est importante et lon sait les difficultés auxquelles de nombreux pays doivent encore faire face par manque de clarté dans la définition des missions de certaines Administrations où les chevau-chements de responsabilités existent entre différents services.
Dune façon générale, la préparation des textes sur la qualité dans la plupart des pays africains est laissée aux services de contrôle. Il est important de rappeler ici que ces textes doivent être préparés non seulement par et avec les services de contrôle, mais aussi en coordination avec toutes les instances administratives, au niveau central ou local, et avec les opérateurs économiques et les consommateurs, afin de les soumettre à lavis de tous et éviter tout chevauchement dans les attributions des différentes Administrations concernées ou conflits dintérêts divers. Lassistance.de la FAO a été un catalyseur dans de nombreux pays de cette coordination indispensable à la bonne mise en place dune structure nationale coordonnée et intégrée de contrôle alimentaire.
Ce besoin de coordination et dintégration des activités de contrôle a aussi été soutenu au niveau de linfrastructure des services de contrôle afin déviter ce qui encore se retrouve dans quelques pays, cest-à-dire des brigades de contrôleurs où chacun cherche à se tailler un domaine dintervention aussi vaste que possible pour lequel les compétences restent, pour beaucoup dentre elles, indéchiffrables et leur utilité incertaine. Par ailleurs, une fonction publique de contrôle mal rémunérée entraîne la démobilisation des inspecteurs et/ou leur «récupération» par le secteur privé.
Il est reconnu que de nombreux services publics de contrôle ne disposent pas de moyens techniques suffisants pour certifier la qualité des produits à lexportation ou à limportation. La qualification des inspecteurs est souvent remise en cause. Les prélèvements déchantillons pour analyse se font souvent arbitrairement. La validité des résultats danalyse est sujette à caution. Des saisies sont opérées pour des raisons parfois jugées infondées. Lassistance de la FAO dans ces domaines a été importante, que ce soit dans le domaine de la formation du personnel (administrateurs, inspecteurs, analystes des structures de contrôle) ou dans la modernisation des équipements et matériels dinspection et de laboratoire. Cependant, des efforts certains sont encore nécessaires dans ces domaines et la rotation des personnels rend toujours plus utile la répétition des activités de formation.
De plus en plus nombreux sont les Gouvernements qui ont compris quen matière de politique de la qualité, le choix devrait être porté sur la professionnalisation du système de contrôle fondé sur un seul organisme, ou une coordination des Administrations concernées. Les Pouvoirs publics ont perçu limportance du facteur qualité et commencent à lui accorder lattention quil mérite et, par voie de conséquence, ils commencent à donner les moyens nécessaires à la mise en place de structures efficaces de contrôle.
Malgré tout, beaucoup reste encore à faire dans les pays africains pour établir lefficacité des activités de contrôle dans le secteur agroalimentaire. La FAO encourage les pays à soutenir leurs efforts dans ce domaine pour reformuler et adapter leurs législations, réglementations et normes alimentaires avec les textes disponibles internationalement, comme la loi de base de lalimentation proposée conjointement par la FAO et lOMS et les textes du Codex Alimentarius, ces derniers ayant une importance encore plus grande depuis leur prise en compte comme textes de référence internationale par les accords de lOMC (en particulier laccord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires et celui sur les obstacles techniques au commerce). La mise en place de structures intégrées et fonctionnelles pour les services de contrôle est une activité soutenue par la FAO comme un moyen efficace de développer des actions de contrôle des aliments avec des personnels dinspection et danalyse qualifiés pour appliquer les concepts les plus actuels du contrôle avec des laboratoires adaptés. Enfin, la coordination des actions de contrôle au niveau national et municipal et limplication de tous les opérateurs concernés, en particulier les agents économiques, les producteurs, les industriels, les commerçants et même les consommateurs sont vivement encouragées pour que le contrôle alimentaire mis en uvre le soit dans sa globalité et soit accepté comme tel par tous les intervenants.