L'alimentation rwandaise dépend fortement de ce qui est produit au niveau familial.
On mange ce que le champ produit; il est vendu très peu de la production, seulement dans la mesure où l'on a besoin de l'argent pour acheter du sel ou de l'huile. En ce qui concerne l'alimentation, l'argent est encore utilisé pour acheter du savon, des habits, la construction des maisons, l'achat des ustensiles de ménage, des cotisations publiques, etc… Puis, en périodes de soudure on fait des efforts pour gagner un peu d'argent avec la commercialisation de la bière de bananes produite à la maison, pour acheter des haricots secs, des patates douces ou de la farine de sorgho.
Le repas principal est celui du soir et représente parfois la seule nourriture de la journée. Souvent la préparation du repas de midi dépend de la disponibilité du temps. Puis, c'est très courant de ne pas prendre de petit déjeuner, et si on le prend, il est composé des restes du repas du soir précédent, de la bouillie (de sorgho ou de maïs) ou, en milieu urbain et selon ce qu'on se permet, du thé (au lait et sucré) avec du pain. En grandes lignes on peut dire que le plat principal du jour est composé de haricots avec un féculent (tubercules, racines ou bananes plantains) et bien des rwandais m'ont dit que sans haricots on ne mange pas un vrai repas.
Des céréales sont cultivées (sorgho, maïs et en moindre quantité du riz, du blé ou de l'éleusine), mais j'ai l'impression qu'elles ne sont pas souvent intégrées dans le repas consistant du jour pour pouvoir profiter de la capacité complémentaire des céréales et des légumineuses, qui, mélangées ensemble, contribuent considérablement à une amélioration qualitative de l'apport protéinique. Et sans doute c'est la peine de remarquer en plus, qu'à ceci il n'est guère fait attention dans la vulgarisation ni dans l'enseignement nutritionnel.
La consommation des légumes est assez réduite. Les poireaux, les oignons et les tomates, si disponibles, ne sont utilisés que pour donner le goût au repas et donc en quantités limitées. D'autres légumes connus sont la courge et les feuilles vertes indigènes (pas cultivées), surtout considérés comme un aliment de pauvreté. Le chou blanc est cultivé, mais est surtout un produit commercial.
En ce qui concerne les fruits, il y a surtout la consommation d'avocats et de bananes mûres. L'apport des aliments d'origine animale est très réduit ainsi que celui de matières grasses. La viande est un aliment de fête. Les oeufs, dans la mesure où l'on peut les trouver et se les offrir, sont surtout réservés aux enfants. Le lait consommé provient surtout de l'aide alimentaire sous forme de lait en poudre écrémé et utilisé dans le thé. L'approvisionnement en lipides provient surtout de la consommation de l'huile de palme, mais réduite et importée du Zaïre, ou d'autres huiles végétales approvisionnées sous forme d'aide alimentaire. J'ai connu l'existence d'une seule huilerie de maïs au Rwanda, récemment mise en usage.
Dans le cas de manque d'huile, on fait cuire les aliments, même la viande, dans de l'eau avec du sel. Très peu d'épices et plats d'accompagnement sont connus pour rendre le goût aux repas ou leur apporter des variations.
Manger est plutôt conçu comme moyen de se nourrir, qui est une nécessité de la vie et qu'on ne fait pas en public, malgré qu'on le fait bien en compagnie d'autres membres de la famille ou des visiteurs de la maison mais sans parures. A part lors des fêtes (de mariage ou de baptême, par exemple) on n'invite pas de visiteurs à la maison exclusivement pour partager le plaisir de prendre un repas pour lequel on aurait fait un peu plus d'attention que d'habitude. Cependant, on peut bien partager ce qu'on a avec quelqu'un d'autre qui passe par hasard ou qui n'a rien chez lui. Il est rare qu'on trouve des friandises à côté de la route et plus rare encore de voir quelqu'un les manger en public.
On peut s'étonner finalement que dans les CERAI'S (enseignement post-primaire où dans des cours pour filles il est prêté attention entre autres à la cuisine) des préparations comme celles de crêpes et de la confiture, sont enseignées.