55. Le représentant de l'OMS a signalé que, lors des réunions conjointes en 1970, les Comités d'experts FAO/OMS ont examiné un certain nombre de questions qui relèvent des rubriques générales suivantes: contaminants, additifs alimentaires, aliments irradiés et résidus de pesticides. Le Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires a pris note d'une résolution (WHA 23.50) adoptée par la vingt-troisième Assemblée mondiale de la Santé, résolution qui:
“INVITE les Etats Membres:
à communiquer immédiatement à l'Organisation mondiale de la Santé toute décision qu'ils pourraient prendre à l'effet de limiter ou d'interdire l'usage d'un additif alimentaire; et
à compléter le plus tôt possible cette information par la communication des faits qui ont motivé la décision;
PRIE le Directeur général, s'il y a lieu:
de transmettre immédiatement aux Etats Membres les informations reçues en application du paragraphe 1 ci-dessus;
de faire diligence pour évaluer toute manifestation nouvelle et significative de toxicité d'un additif alimentaire déterminé, s'il y a lieu en convoquant une réunion d'experts, en consultation avec la FAO le cas échéant;
de communiquer sans retard aux Etats Membres les conclusions de toute réunion de cette nature.”
A la suite de cette résolution, des renseignements sur l'utilisation de certains additifs alimentaires ont été communiqués ces derniers mois à l'OMS pour transmission aux Etats Membres.
56. Dans son étude sur le mercure, le Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires a pris note d'un certain nombre de constatations alarmantes: le caractère épidémique des intoxications; la grande sensibilité du foetus; la présence, dans le sang et les cheveux des populations à régime piscivore vivant dans les régions non épidémiques, de quantités de mercure presque égales à celles qui suscitent des, symptômes d'intoxication; et l'existence, chez l'homme, d'une corrélation entre l'exposition au mercure provenant du poission et la fréquence des ruptures chromosomiques. En conséquence, le Comité a estimé qu'il fallait prendre des mesures pour réduire le plus possible la pollution du milieu par le mercure. Le Comité n'a pas émis d'objection à l'égard des nouvelles utilisations proposées pour le cuivre et le sulfate de cuivre dans le traitement des denrées alimentaires et il n'a recommandé aucune modification par rapport à la dose maximum préalablement recommandée. Etant donné que les concentrations de l'ion stanneux habituellement présentes dans les denrées alimentaires par suite de contamination sont assez faibles, le Comité d'experts a recommandé que l'on adopte, pour l'étain, les limites qu'impliquent de bonnes techniques de fabrication.
57. Le Comité d'experts a passé en revue les données disponibles sur les cyclamates et a recommandé, étant donné que plusieurs questions importantes restent en suspens, qu'aucune DJA ne soit fixée pour ces substances. Il a néanmoins reconnu que l'emploi des cyclamates pouvait présenter certains avantages.
58. Au sujet du glutamate monosodique, le Comité d'experts a assigné une DJA dans réserves applicable à l'ensemble de la population, à l'exception des enfants de moins d'un an. Il a recommandé de ne pas employer les huiles végétales bromées comme additifs alimentaires.
59. Le Comité a également élaboré des spécifications relatives à un certain nombre de solvants d'extraction et a recommandé que leurs résidus dans les aliments soient réduits à un niveau minimum, inférieur à celui qui découlerait de considérations purement économiques.
60. Le Comité d'experts a recommandé que l'OMS poursuive les calculs sur ordinateur de la dose potentielle d'additifs alimentaires ingérée et que les responsables chargés d'organiser les enquêtes sur la consomamtion alimentaire et d'en analyser les résultats consultent la FAO et l'OMS, de manière que les données collectives puissent être exploitées au maximum par les personnes s'occupant de calculer la dose des additifs alimentaires ingérés.
61. Pour faciliter la solution de diverses questions posées par les intoxications mercurielles, l'OMS accorde un soutien financier partiel à l'Institut national des sciences de l'hygiène de Tokyo ainsi qu'à l'Université de Dundee (Ecosse) qui font des études sur ce sujet. Elle subventionne également le Centre de toxicologie de l'University of California, Davis (Etats-Unis d'Amérique), qui est chargé de préparer un rapport descriptif sur la répartition du mercure dans les denrées alimentaires.
62. La consommation de certains poissons tropicaux s'est accompagnée d'une augmentation, dans les collectivités humaines, du nombre des épisodes d'intoxication généralement attribuables à l'ingestion de poissons, de coquillages et de tortues contaminés. L'emploi croissant des produits chimiques en agriculture et dans l'industrie a par ailleurs entraîne un danger potentiel de contamination des aliments d'origine marine. Pour recueillir des renseignements plus circonstanciés qui permettraient d'évaluer ces différents risques, il a été créé en 1969 au World Life Research Institute de Colton, Californie (Etats-Unis d'Amérique), un Centre international mixte FAO/OMS de référence sur les biotoxines marines. En outre, une demande a été soumise concernant la mise en oeuvre d'un projet financé par le Programme des Nations Unies pour le développement afin de garantir l'innocuité des aliments d'origine marine.
63. Pour tenter d'évaluer la salubrité des denrées irradiées, un Comité mixte FAO/AIEA/OMS d'experts des aliments irradiés s'est réuni en avril 1969. Au vu des données disponibles, ce Comité a recommandé d'accepter provisoirement l'irradiation du blé et des pommes de terre. Pour l'aider dans ses travaux futurs, un projet international a été entrepris dans le domaine des aliments irradiés. L'OMS participe à ce projet à titre consultatif.
64. La réunion conjointe du Groupe de travail FAO des résidus de pesticides et du Comité OMS d'experts des résidus de pesticides s'est tenue à Rome du 9 au 16 novembre 1970. A cette occasion, les participants ont examiné un certain nombre d'amendements, d'adjonctions et d'éclaircissements concernant les tolérances ou les limites pratiques de résidus qui avaient été recommandées par de précédentes réunions conjointes. La tolérance recommandée antérieurement pour la teneur en DDT admissible dans le poisson a été supprimée.
65. En outre, le Comité a examiné pour la première fois plusieurs pesticides, notamment un certain nombre d'herbicides. Il a également étudié de nouveaux renseignements concernant des pesticides qui avaient fait l'objet d'un examen antérieur. Dans certains cas, seules des doses journalières acceptables (DJA) ou des tolérances temporaires ont été fixées pour ces composés. Dans le cas de l'endrine, il a été possible pour la première fois d'établir une DJA et de recommander des tolérances et des limites pratiques de résidus.
66. De nouvelles données toxicologiques concernant la dieldrine et les herbicides 2, 4-D et 2,4,5-T ont été passées en revue. Le Comité n'a pas été en mesure de fixer des DJA pour les herbicides, car il ne disposait pas de renseignements sur leur toxicité chronique. Il a reconnu que les utilisations actuellement homologuées du 2,4-D et du 2,4,5-T sur les cultures céréalières ne donnaient pas lieu à l'apparition de résidus importants.
67. Le Comité s'est également inquiété des graves effets toxiques du diquat et du parquat, du fait en particulier de la sensibilité relativement élevée de l'homme à l'égard de ce dernier composé.
68. Le Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires a tenu sa quinzième session à Rome du 16 au 24 juin 1971. Il a évalué des additifs chimiques et des contaminants de denrées alimentaires auxquels s'intéresse la Commission.
69. L'OMS a communiqué aux gouvernements des rapports sur ses activités en matière d'hygiène alimentaire, notamment: fourniture de services consultatifs à divers pays ayant besoin d'assistance, organisation de séminaires et de cours de formation, publication des rapports de plusieurs réunions de comités d'experts, échange de chercheurs et octroi de bourses d'études.
70. Le troisième rapport du Comité FAO/OMS d'experts de l'hygiène et du lait a été publié en 1970. Le rapport du Comité FAO/OMS d'experts de la brucellose, paru plus récemment, s'occupe de questions intéressant notamment la transmission de la maladie par les aliments et contient des recommandations sur les mesures à prendre pour combattre la brucellose. L'Assemblée mondiale de la Santé est convenue d'organiser en 1972, à l'intention des pays africains, un séminaire sur les méthodes à utiliser pour surveiller et combattre les zoonoses ainsi que les infections et intoxications transmises par les aliments. Le séminaire examinera entre autres les infections et intoxications d'origine alimentaire les plus fréquentes en Afrique, les mesures de lutte applicables dans les conditions locales et le trafic international de la viande, du poisson et d'autres produits animaux qui peuvent servir de vecteurs pour la transmission des maladies.
71. De nouveaux progrès ont été réalisés dans l'uniformisation des méthodes microbiologiques d'analyse des aliments, y compris les méthodes d'échantillonnage, les techniques d'examen et l'évaluation des résultats. On a également élaboré des spécifications microbiologiques pour un certain nombre de produits alimentaires, en particulier ceux qui font l'objet d'un commerce international. L'OMS collabore étroitement dans ce domaine avec la Commission internationale des spécifications microbilogiques ppour les aliments. Celle-ci a publié un ouvrage contenant toute une série de méthodes microbiologiques et intitulé “Microorganisms in food. Their significance and methods of enumeration”, sous la direction de F.S. Thatcher et D.S. Clark (University of Toronto Press, 1968). Les méthodes de détection des agents pathogènes des plus importantes maladies transmises par les aliments font actuellement l'objet d'études dans plusieurs laboratoires sous les auspices de l'OMS. Il s'agit de 14 laboratoires des pays suivants: Canada, Danemark, France, Japon, Pays-Bas, Suède, Royaume-Uni, Etats-Unis et U.R.S.S. Un autre groupe de laboratoires de la Belgique, de la République fédérale d'Allemagne, de l'Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Suisse et du Royaume-Uni, qui bénéficient de l'aide de l'OMS, s'emploient à uniformiser les méthodes de détection des salmonelles dans les denrées alimentaires. Un autre laboratoire qui collabore avec l'OMS à Copenhague a entrepris d'élaborer des techniques pour la manutention et la préparation des prises d'essai d'aliments aux fins de l'analyse microbiologique.
72. En étroite collaboration avec l'OMS, la Commission internationale des spécifications microbiologiques pour les aliments met actuellement au point des plans d'échantillonnage statistique pour les aliments aux fins de l'analyse microbiologique. Les résultats de ce travail extrêment difficile et complexe ont été étudiés lors des conférences de Mexico (1970) et d'Opatija (1971). On a exprimé l'espoir que ce travail serait terminé pour la conférence de l'année prochaine. La Commission internationale a rédigé un document contenant des considérations théoriques et pratiques sur le prélèvement d'échantillons d'aliments pour l'analyse microbiologique; la Commission a examiné ce texte à sa session de 1971. Y figuraient en particulier des plans d'échantillonnage pour plus de 200 produits alimentaires.
73. L'OMS a considérablement élargi son programme en matière de virologie alimentaire. Il apparaît que l'étiologie de 40 à 50 pour cent des foyers signalés de maladies transmises par les aliments demeure inconnue, même dans des pays développés. Il se pourrait que certaines de ces maladies soient d'origine virale. On a reconnu que les données disponibles dans ce domaine étaient en général limitées aux virus, qui provoquent des symptômes cliniques caractéristiques chez l'homme, ce qui facilite la recherche de la source de virus. De nombreux travaux supplémentaires sont nécessaires afin de déterminer l'importance et le pouvoir infectieux pour l'homme d'autres virus de maladies transmises par les aliments. Le programme de l'OMS en matière de virologie alimentaire comporte trois éléments, à savoir:
élaboration de méthodes de dépistage des virus dans les aliments;
étude des effets de diverses techniques de transformation des aliments sur la survie ou la destruction des virus dans les denrées alimentaires;
rassemblement de données sur la présence des virus dans les aliments.
Deux consultations sur la virologie alimentaire se sont tenues à Genève et une autre aura lieu en juillet. Deux groupes constitués chacun de plus de vingt spécialistes ont été chargés de rassembler des données sur la présence de virus dans le lait cru et la viande fraîche (Tchécoslovaquie) et dans les denrées transformées (Etats-Unis).
74. L'OMS accorde son appui à des travaux de recherche réalisés dans divers pays du monde entier en vue de combattre certaines de plus importantes zoonoses telles que la brucellose, la leptospirose, la toxoplasmose, l'échinococcose (hydatidose), la cysticercose-taeniose, la trichinellose et d'autres maladies parasitaires dans le cas desquelles les aliments pourraient jouer un rôle important comme agents de transmission à l'homme.
75. La délégation du Maroc a demandé de plus amples renseignements sur la formation du personnel dans le domaine de l'hygiène et de l'inspection des viandes. Le Cours mixte FAO/OMS sur l'hygiène des viandes s'est tenu en 1965, 1967 et 1969; des cours sur la gestion et le fonctionnement des abattoirs ont eu lieu au Danemark en 1962, 1964, 1966 et 1968. En 1970, sur la recommandation des participants aux cours précédents, on a réuni les domaines d'étude de ces deux catégories de cours et l'on a établi un nouveau type de cours sous le nom de Centre combiné FAO/OMS sur l'hygiène des viandes et le développement des abattoirs.
76. Le Centre FAO/OMS de formation des inspecteurs des viandes fonctionne chaque année au Kenya depuis 1966. Une Réunion ad hoc sur l'enseignement et la formation professionnelle dans le domaine de la production, de la manutention, de l'hygiène et de la commercialisation des viandes a été organisée par la FAO à Rome du 11 au 15 janvier 1971. La Réunion ad hoc a recommandé que le Centre combiné sur l'hygiène des viandes et le développement des abattoirs soit transformé en un cours sur le développement de la production et de l'industrie de la viande. Elle a recommandé en outre d'établir en Afrique un centre régional permanent de formation dans le domaine de la viande. La délégation de la Nouvelle-Zélande a souligné la nécessité de développer plus avant l'hygiène et l'inspection des viandes et a également mentionné que l'Association vétérinaire mondiale d'hygiène alimentaire avait convoqué à Langford, prés de Bristol (Angleterre), du 14 au 16 décembre 1970, une Table ronde sur l'hygiène et l'inspection des viandes dans le monde actuel, qui s'est occupée des progrès à réaliser dans ce domaine.
77. La FAO et l'OMS accordent la priorité aux demandes d'assistance des Etats Membres visant à renforcer le contrôle des aliments à l'échelon national. Les deux organisations resserrent leur collaboration en vue d'améliorer les services fournis aux gouvernements. Au cours de sa septième session comme de l'actuelle, un certain nombre de délégations ont évoqué le besoin de renforcer les services de contrôle des aliments dans leurs pays et ont exprimé le désir de voir les deux organisations considérer ce domaine comme hautement prioritaire. Les Etats Membres déterminent leurs propres priorités inter se pour divers programmes de développement. Toutefois, au cas où l'avis des deux organisations serait demandé, celles-ci seraient heureuses de soumettre leurs avis à l'examen des autorités nationales. Les gouvernements des Etats Membres procèdent actuellement à leur “programmation par pays”, selon le système préconisé par le PNUD, et les Etats Membres qui ont besoin d'une assistance à cet effet pourraient demander, s'ils le désirent, que le contrôle des aliments soit englobé dans le programme et reçoive un degré de priorité élevé. La FAO et l'OMS feront de leur mieux pour fournir l'assistance et les avis techniques nécessaires dans les différents secteurs du contrôle des aliments. Il pourrait s'agir entre autres d'élaborer la législation alimentaire de base et les règlements d'application y afférents, d'établir des laboratoires et de former des inspecteurs et des analystes des denrées alimentaires.
78. La Commission note que le projet d'ordre du jour pour la Conférence des Nations Unies sur l'environnement humain, qui se tiendra à Stockholm en 1972, comporte un point traitant de l'identification, des effets et du contrôle de la contamination dans la chaîne alimentaire de l'homme En collaboration avec d'autres institutions des Nations Unies comme l'AIEA, la FAO et l'OMS participent à la préparation de documents à soumettre au Secrétariat de la Conférence des Nations Unies. Il s'agira probablement d'un document de travail qui pourrait aboutir à la formulation de certaines recommandations et à l'application de mesures concrètes dans le domaine d'activité de la Commission. Bien qu'il soit trop tôt pour indiquer la position exacte que le Secrétariat de la Conférence, puis la Conférence elle-même pourront prendre à l'égard de ce document, le projet met l'accent sur les travaux de la FAO et de l'OMS dans le domaine du contrôle des aliments en général et, plus particulièrement, sur l'évaluation des risques que les contaminants peuvent faire courir à la santé. Il souligne l'importance des activités de la Commission du Codex Alimentarius, la nécessité de renforcer les dispositifs de contrôle des aliments à l'échelon national et le besoin de mettre au point un programme de rassemblement et d'évaluation de données sur la contamination des aliments à l'échelon international, sous l'égide de la FAO et de l'OMS. Il se pourrait que les délibérations de la Conférence de Stockholm et les recommandations qu'elle formulera au sujet de la contamination des aliments influent notablement sur les activités de la Commission, ainsi que sur le programme de travail futur de la FAO et de l'OMS.