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III. ADMINISTRATION ET SERVICES EN RAPPORT AVEC LA PECHE

3.1 Administration des pêches et de la pisciculture

La Direction des pêches (DP) est une Direction technique du Ministère de l'environnement et du tourisme (MET). La DP est directement rattachée à la Direction générale de l'environnement (DGE), qui est l'organe central de coordination et d'application de la politique gouvernementale dans les domaines forestier, piscicole, cynégétique, et d'amélioration du cadre de vie.

Au niveau régional, les Directions régionales de l'environnement et du tourisme (DRET) sont chargées de l'application de la politique du MET, en collaboration avec les Services centraux, ainsi que de l'identification et l'élaboration des programmes spécifiques à chaque région. Les DRET relèvent directement du Secrétariat général, et sont divisées en Services provinciaux (SPET) au nombre de 30, et en Services départementaux (SDET) dont le nombre est variable.

En mars 1993, le personnel d'encadrement technico-administratif du MET a été évalué à 560, chaque fonctionnaire, quelle que soit sa catégorie, étant à même de pouvoir évoluer dans tous les sous-secteurs relevant de la compétence du MET.

La DP est responsable de l'application de la politique gouvernementale en matière de développement et de gestion de la pêche et de la pisciculture. En particulier, elle est chargée de: organiser la production, l'exploitation et la commercialisation des ressources halieutiques; rechercher les voies et moyens pour garantir et soutenir la production de poisson; promouvoir la consommation de poisson; et adapter la réglementation aux exigences écologiques.

Avant la dernière réorganisation de la DP, la Direction comprenait, en plus d'un Secrétariat, un Service pêche, un Service pisciculture, et un Service équipement. Depuis le début de l'année 1993, les fonctions de la DP ont été redistribuées au sein de trois services, pour prendre en compte notamment le besoin de promouvoir la recherche appliquée et la collecte de donnnées statistiques: le Service pêche, le Service recherche, et le Service équipement. Au total, la DP compte huit ingénieurs et un assistant.

Au niveau décentralisé, le personnel d'encadrement avec compétences en pêches relève du Service des techniques forestières des DRET. Les agents spécialisés en halieutique sont en principe affectés dans les régions à forte potentialité piscicole. Toutefois, en raison des moyens de terrain, qui sont généralement alloués en priorité à la foresterie et à la faune, les agents spécialisés en halieutique ont un rôle qui se limite souvent au contrôle de la réglementation et à la vérification des permis de pêche. De plus, ces agents exercent leurs compétences dans un cadre para-militaire, ce qui ne facilite pas les contacts avec les pêcheurs.

Par ailleurs, du personnel contractuel peut être recruté dans le cadre de programmes ou projets de développement (ex: Programme d'urgence de la Kompienga (PUK)).

Les principaux problèmes rencontrés au niveau de la DP, et de l'encadrement du secteur en général, peuvent être décrits comme suit:

- le manque de moyens de fonctionnement de la DP, qui empêche les cadres de se rendre régulièrement sur le terrain et de suivre l'évolution des pêcheries, cette contrainte étant par ailleurs accentuée par les problèmes de remontée de l'information du niveau décentralisé vers la DP, en raison de l'organigramme du MET;

- les cadres, bien que de niveau ingénieur, ont une formation insuffisante en sciences humaines, et notamment en socio-économie des pêches et en planification du développement sectoriel, ainsi qu'en aménagement des pêcheries;

- le Service recherche n'a pour l'instant aucun programme de travail, en dépit des besoins urgents de développer et coordonner des programmes de recherche appliquée pour soutenir une politique d'aménagement des pêcheries;

- les cadres sont soumis à une grande mobilité, et les profils de poste ainsi que les programmes de travail ne sont pas clairement définis.

3.2 Autres institutions concernées par la gestion des ressources en eau

Le Ministère de l'eau est en charge, entre autres, de la mise en oeuvre et du suivi de la politique d'hydraulique agricole. Les aménagements hydro-agricoles dans les grands périmètres (vallée du Sourou, Douna, Bagré, ...) ont eu la priorité dans les Programmes d'investissement publics au cours des dix dernières années pour développer la riziculture, la culture du maïs et le maraîchage. Le Ministère travaille actuellement sur un "Programme de mise en valeur des infrastructures existantes" (forage, pompage, retenues d'eau). Dans le cadre de l'aménagement des retenues, le Ministère souhaite notamment améliorer les activités de maraîchage qui se sont développées en amont des périmètres irrigués, et lutter contre l'érosion des sols par le traitement des ravines, en complément des sites anti-érosifs de l'agriculture.

Le Ministère de l'eau encourage également la planification intégrée par bassin. A cet égard, un fonds communautaire de l'hydraulique destiné à couvrir les dépenses d'aménagement des bassins pourrait être créé. Mais la pêche en tant qu'activité utilisatrice de l'eau est rarement prise en compte par ces programmes d'aménagement. Par ailleurs, un Système d'information géographique (SIGBKF), qui comprendrait des indicateurs pour la pêche, pourrait être développé.

La Maîtrise d'ouvrage de Bagré (MOB) est un établissement public à caractère administratif, qui relève du Ministère de l'eau. La MOB a piloté la construction du projet de Bagré, et est chargée de la coordination des activités de développement dans les périmètres irrigués, en aval du barrage. La MOB n'est toutefois pas directement concernée par l'exécution des programmes d'aménagement du plan d'eau, ceci relevant de la compétence du MET. En revanche, elle pilote les activités de planification, lors de la conception des projets et de la recherche de financements. En 1987, une mission de formulation de projet a été réalisée, sur financement PNUD, par BDPA/COGESULT.

L'Office national des barrages et des aménagements hydro-agricoles (ONBAH), qui relève également du Ministère de l'eau, est responsable de l'entretien des barrages, et de la réhabilitation ou de l'extension des périmètres. Ses statuts ont été modifiés pour en faire une entreprise privée, mais l'ONBAH continue de mener des activités d'études, de suivi, et de planification d'interventions, pour le compte du Ministère de l'eau. L'ONBAH a réalisé en régie près de 60% des aménagements des périmètres irrigués, les 40% restant ayant été aménagés par des ONGs ou des entreprises privées.

3.3 Recherche et Formation

L'Ecole nationale des eaux et forêts (ENEF), implantée à Bobo-Dioulasso, est le centre de formation des agents forestiers. Cependant, depuis l'adoption des politiques d'ajustement structurel par le Gouvernement, l'ENEF ne fait plus que de la formation continue pour une trentaine d'agents du MET par an.

L'ENEF est actuellement en cours de restructuration. Un plan d'enseignement a été élaboré en 1993, le volet pêches étant mentionné dans le volet "Aménagement et production sylvo-agro-pastorale". Le programme de formation pour les agents demeure pour l'instant largement orienté vers la technologie des pêches et de la pisciculture, conformément aux orientations de la politique sectorielle des années 80, aujourd'hui dépassée. Ce programme pourrait toutefois être révisé prochainement, avec l'assistance de la DP.

Pour les agents désireux de se spécialiser en pêches, des possibilités de formation complémentaire sont offertes, soit à l'Institut des savanes de Côte d'Ivoire (IDESSA) dont le centre piscicole est implanté à Bouaké, pour acquérir un niveau de technicien en pisciculture, soit à l'Institut supérieur des sciences et technologies halieutiques de Nouadhibou (ISSTH), qui forme des techniciens halieutes.

La formation des cadres de l'administration des pêches, et du MET en général, est assurée par l'Institut du développement rural (IDR) de l'Université de Ouagadougou. Les étudiants suivent pendant quatre ans des troncs communs sur tous les secteurs du MET (faune, forêt, pêche), avant de se spécialiser dans l'un des trois secteurs en cinquième année. La spécialisation pêches comporte deux volets: un volet pêches, d'une part, qui comprend l'aménagement des pêches et la dynamique des populations, l'économie des pêches, et l'ichtyopathologie; et un volet pisciculture d'autre part, qui regroupe la pisciculture villageoise, la pisciculture semi-intensive en étangs, et la pisciculture intensive.

Les principaux instituts de recherche dans le domaine de la pêche et de la pisciculture sont l'IDR et l'Institut de recherches en écologie et biologie tropicale (IRBET). L'IDR, bien que manquant de moyens de fonctionnement, tente actuellement de réorienter ses programmes vers l'aménagement des pêcheries, en privilégiant les recherches portant sur la dynamique des populations de poissons, l'ichtyopathologie, et l'action de l'homme sur le développement sectoriel. Un projet de création de banque de données sur la biologie des espèces, la limnologie, le suivi des taux de capture, et l'économie des pêches, est par ailleurs actuellement à l'étude en collaboration avec le Service recherche de la DP.

L'IRBET, qui a repris les activités du Centre technique forestier tropical (CTFT), est un institut de recherche à part entière, contrairement à l'IDR qui assure également des enseignements. L'IRBET, à l'instar d'autres instituts de recherche dans le domaine du développement rural, relève du Centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST). L'IRBET ne mène pas de recherches strictement orientées sur la pêche, mais développe en revanche un programme important sur l'hydrologie et l'environnement.

3.4 Crédit

Il n'y a pas d'institution bancaire spécialisée dans la pêche au Burkina Faso. La Caisse nationale de crédit agricole (CNCA), qui est la banque la plus présente en matière de crédit rural, intervient essentiellement dans les cultures de rente, ou les productions domestiques à marchés bien structurés comme les céréales ou les viandes. La CNCA est intervenue à quelques reprises dans le domaine de la pêche, mais les expériences n'ont jamais été très concluantes.

Des lignes de crédit d'équipements pour la pêche ont été ouvertes par le passé, mais les systèmes n'ont pas duré en raison du manque d'interlocuteurs spécialisés en crédit pêche, entre les groupements et la Caisse nationale locale. Actuellement, la CNCA a de nouveaux projets avec des groupements de pêcheurs, dont les conditions de financement seraient celles du crédit à court terme, avec un intérêt de 15% sur une durée de 8 mois. Les contrats pourraient reposer sur le principe de solidarité mutuelle entre les membres d'un même groupement de pêcheurs.

L'un des principaux problèmes du crédit en milieu rural, et a fortiori pour le secteur des pêches où les plans d'eau sont aujourd'hui en régime de libre accès, est lié à l'inexistence de marché foncier, et ce, en dépit des nouvelles dispositions de la Réforme agraire et foncière (RAF).

Au cours de la dernière décennie, des projets de développement ont tenté de constituer des fonds de roulement gérés par les groupements de pêcheurs, pour le remboursement de crédits d'équipement. Les taux de remboursement ont été assez faibles dans l'ensemble, et lorsque les projets ont fermé, les fonds de roulement ont été rapidement dépensés, notamment pour le financement d'activités agricoles.

Les systèmes de crédit informel sont peu développés dans le secteur de la pêche, notamment en raison du manque de professionalisation des pêcheurs, qui pour la plupart sont aussi agriculteurs.

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