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3. ADMINISTRATION ET INSTITUTIONS CONCERNEES PAR LA PECHE ET LA PISCICULTURE

Dans les années 80, un Ministère du développement rural coiffait l'ensemble des sous-secteurs de l'agriculture, la pêche et la pisciculture relevant d'une Direction des eaux et forêts. Le Ministère des Eaux-Forêts-Chasse-Pêche-Tourisme-Environnement (MEFCPTE) a par la suite été chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique nationale dans les domaines forestier, faunique, halieutique, touristique et environnemental. En 1995, le MEFCPTE a été scindé en deux ministères: le Ministère des Eaux-Forêts-Chasse-Pêche (MEFCP), et le Ministère de l'environnement et du tourisme (MET). Les autres sous-secteurs de l'agriculture relèvent aujourd'hui pour leur part du Ministère de l'agriculture et de l'élevage (MAE).

Chacun de ces trois ministères est directement ou indirectement concerné par la pêche et la pisciculture, soit dans le cadre de structures permanentes (ex. agences de développement) ou de projets de développement intégré.

3.1 Administration des pêches et de la pisciculture

Le secteur de la pêche et de la pisciculture relève de la compétence technique du Ministère des Eaux-Forêts-Chasse-Pêche (MEFCP), et en particulier, du Service des ressources halieutiques, rattaché à la Direction de la Faune. Le secteur des pêches et de la pisciculture ne relève par conséquent d'aucune direction technique spécialisée. Dans le domaine de la pêche et de la pisciculture, la Direction de la Faune a notamment pour mandat d'organiser et surveiller la pêche fluviale et lacustre, de soutenir techniquement les coopératives de pêche, de sensibiliser et vulgariser les techniques modernes de pêche et pisciculture, et de lutter contre la pollution des eaux.

Le Service des ressources halieutiques ne dispose pour le moment ni de budget, ni de programme de travail. Ses moyens humains se résument par ailleurs à deux cadres, dont l'un est à l'heure actuelle en formation à l'étranger, et l'autre est détaché auprès d'une autre direction technique du ministère.

La faiblesse de ses capacités de fonctionnement peut être expliquée par plusieurs raisons, dont le rôle relativement modeste joué par le secteur dans l'économie du pays, la méconnaissance de la filière pêche considérée jusqu'à présent comme une activité de cueillette, la priorité accordée par le MEFCP à la protection de la faune et à la foresterie, et l'échec relatif des programmes d'assistance de développement de la pisciculture qui ont quelque peu "découragé" l'administration à intervenir dans le secteur.

Par ailleurs, on peut souligner qu'il existe une forte mobilité au sein du personnel du MET, et en particulier parmi les cadres et techniciens spécialisés et expérimentés dans le domaine de la pêche et surtout de la pisciculture. La forte mobilité des agents est un facteur contraignant réel pour la formulation, la mise en oeuvre et le suivi effectifs d'une politique de développement du secteur de la pêche et de la pisciculture en RCA.

Sur le terrain, le MEFCP comprend 16 Divisions forestières, soit une Division par Préfecture. Les Chefs de Division forestière ont rang et prérogatives de Directeur de Service, et peuvent notamment, à ce titre, concevoir des projets de développement. Mais au niveau du terrain, les services décentralisés du Ministère ont essentiellement un rôle coercitif, les agents eaux et forêts ayant du reste reçu une formation para-militaire.

Les actions et programmes d'encadrement technique sont surtout menés dans le cadre de projets de développement régionaux. A cet égard, il convient de mentionner que des agents techniques et des cadres du MEFCP peuvent être également détachés, au cas par cas, sur des projets de développement intégré régionaux dont la coordination peut relever d'autres ministères comme le MAE.

Le Centre piscicole national (CPN) est un organisme para-étatique, créé à la fin des années 60 pour soutenir le développement de la pisciculture en RCA. Le CPN est un établissement public, rattaché au MEFCP, jouissant d'une autonomie administrative et financière. Le CPN est basé sur le site de la station de la Landjia. Il est administré par le Conseil du Centre, composé d'un représentant des différents ministères impliqués dans la gestion des activités piscicoles (planification, eau, économie, développement rural, éducation nationale, santé publique, recherche scientifique et technique).

Le CPN a pour objet de promouvoir le développement de la pisciculture à travers notamment la recherche, la production d'alevins, la formation et l'organisation de la vulgarisation. Pendant de nombreuses années, le CPN a également rempli, en plus de ses attributions dans le domaine de la pisciculture, un rôle de facto de Service des pêches, en particulier pour les échanges d'information entre le niveau central et le niveau régional.

Le CPN a constitué pendant longtemps la pièce centrale de la stratégie gouvernementale pour le développement de la pisciculture. En raison de l'arrêt des projets sectoriels, et de l'apparition en parallèle de projets de développement régionaux intégrés avec compétence en pisciculture, le CPN a progressivement perdu de son importance. Il est néanmoins consulté au cas par cas dans le cadre de l'élaboration des programmes de travail des projets de développement régionaux.

Par ailleurs, le Ministère dispose d'un statut particulier lui permettant d'auto-financer ses activités sur la base des divers droits et taxes qu'il est autorisé à percevoir. A cet égard, un Fonds de développement forestier et touristique (FDFT) a été créé récemment pour regrouper au sein d'une structure unique les organismes, spécialisés et indépendants, qui existaient auparavant. Le CPN n'a pas été associé à ce regroupement, en raison probablement de l'absence de recettes générées par le secteur de la pêche et de la pisciculture. Cependant, sur le plan institutionnel, le FDFT a la possibilité de financer des projets concernant la pêche et la pisciculture, au titre de la promotion et de la valorisation de la faune aquatique.

3.2 Autres institutions concernées par la pêche et la pisciculture

Depuis la fin de l'année 1993, le Ministère de l'agriculture et de l'élevage (MAE) est un Ministère technique spécialisé, au niveau central, en matière de conception, coordination, suivi et évaluation des programmes et projets de développement rural. Sur le terrain, des agences agrées par le MAE, ainsi que différents programmes régionaux de développement intégré, mettent en oeuvre la politique du Ministère. Bien que ne faisant pas partie de manière implicite de ses attributions, le développement de la pêche et de la pisciculture concerne de plus en plus le MAE. Cela s'explique notamment par la politique du Gouvernement en matière de développement rural, qui consiste notamment à promouvoir une "approche système", différente de l'approche filière, où la pêche et la pisciculture font partie intégrante des systèmes de production agricoles.

L'Agence centrafricaine de développement agricole (ACDA) est un établissement public à caractère administratif, établi en 1992 avec le concours de la Banque Mondiale. L'ACDA constitue un organisme clé pour le MAE dans le cadre de l'application de la nouvelle politique agricole, basée sur l'approche système. A la différence des projets de développement régionaux, également chargés de la mise en oeuvre de la politique agricole, l'ACDA est une structure permanente du MAE. Dans le court-terme, l'ACDA devrait concentrer ses activités dans les régions nord-ouest (Paoua) et centre-est (Bambari), en zone caféière et cotonnière. A moyen terme, l'Agence pourrait étendre ses activités à la région centre-ouest.

L'ACDA intervient en milieu rural par le biais d'animateurs et de conseillers techniques villageois, et de techniciens spécialisés, dans les domaines de l'alphabétisation, de la vulgarisation, de l'encadrement technique, de la formation en économie, ou encore de l'assistance administrative pour traiter certains dossiers (crédit...). L'ACDA a prévu de mener des activités dans le domaine des pêches et de la pisciculture au titre de la diversification. Il s'avère, en effet, que de nombreux agriculteurs situés dans sa zone d'intervention sont propriétaires d'étangs, ou pêcheurs occasionnels. L'Agence, qui n'a pas encore entièrement défini sa stratégie d'intervention en la matière, souhaiterait la mise en place de mécanismes de collaboration avec le MEFCP.

Le Ministère de l'environnement et du tourisme (MET), créé en 1995, est responsable de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique gouvernementale dans les domaines de l'environnement et du tourisme. Le MET est doté d'une Direction de la promotion et de la gestion de l'environnement, dont la fonction est de concevoir et contrôler l'application de la réglementation environnementale en liaison avec les services compétents des ministères concernés. Il existe par ailleurs une Direction de la coordination de l'action environnementale, dont la fonction est d'harmoniser les politiques et programmes intersectoriels de gestion des ressources naturelles et de l'environnement.

La productivité des pêcheries et la durabilité des exploitations piscicoles dépendent en grande partie de la qualité des milieux aquatiques. Dans ce cadre, le MET devrait logiquement être associé systématiquement aux programmes de gestion du secteur de la pêche et de la pisciculture, éventuellement dans le cadre du Plan national d'action environnementale (PNAE) en préparation.

3.3 Recherche et formation

La recherche halieutique et piscicole relève depuis peu de la compétence de l'Institut centrafricain de recherche agronomique (ICRA), créé en 1993. L'Institut est habilité à entreprendre et développer les recherches sur les productions végétales, animales, forestières, halieutiques et autres ressources naturelles. L'ICRA relève du MAE. Cependant, son Comité de gestion comprend un représentant du MEFCP. L'Institut dispose de ressources propres

lui permettant de garantir son indépendance financière. A l'heure actuelle, celui-ci bénéficie notamment du soutien financier de la Banque Mondiale.

L'ICRA est, à l'heure actuelle, sur le point de boucler l'élaboration de ses programmes de recherche. Ses grandes orientations sont de coordonner les activités de recherche au niveau national, de prendre en compte les besoins exprimés par les paysans, et de développer l'approche système.

En ce qui concerne la pisciculture, les objectifs de l'ICRA sont d'élever le niveau de la pisciculture familiale au stade artisanal, d'améliorer la reproduction induite du clarias, et de suivre les nouvelles productions telles que l'élevage des carpes, des hétérobranchus, ou encore des crevettes. Au courant de l'année 1995, l'écloserie de la station de la Landjia a pu fonctionner grâce à une aide du Département des eaux et forêts de l'ICRA pour l'achat de produits (hypophyse, artémia), ainsi qu'avec les recettes générées par la vente d'alevins. Cela a néanmoins représenté un budget insignifiant pour mener des recherches dans de bonnes conditions.

S'agissant de la pêche, les programmes de recherche de l'Institut pourraient être définis prochainement, sur la base des résultats du Séminaire national tenu en octobre 1995. L'ICRA semblerait accorder pour le moment une attention particulière aux aspects hydro-biologiques. Un programme portant sur la transformation du poisson a également été inscrit dans le cadre du programme de travail du département Technologie.

A noter par ailleurs la présence d'une représentation de l'ORSTOM à Bangui, qui pourrait, à la faveur d'une réorientation de ses programmes de recherche, mener des travaux en matière d'hydrobiologie et/ou de préservation de l'environnement aquatique.

La formation des ingénieurs et techniciens des eaux et forêts s'effectue à l'Institut supérieur de développement rural (ISDR), basé à M'Baïki. Une spécialisation pêche-pisciculture y est notamment organisée. L'ACDA est également compétente en matière de formation dans le domaine de la pêche et de la pisciculture.

Au cours des années 80, le personnel technique et d'encadrement spécialisé dans le domaine de la pêche et de la pisciculture a pu généralement bénéficier de formations complémentaires, soit dans le cadre de projets de développement, soit à l'étranger (Nigéria/ Port-Harcourt, Côte d'Ivoire/ Bouaké, Mauritanie/ Nouadhibou, Cameroun/ Garoua), dans des domaines se rapportant surtout à la pisciculture. Des étudiants sont encore envoyés aujourd'hui en formation à l'étranger.

A l'heure actuelle, il existe un nombre important de cadres et techniciens centrafricains, spécialisés et expérimentés dans le domaine de la pisciculture. Cependant, la plupart de ces cadres et techniciens sont utilisés par le Ministère au sein d'autres services, souvent à des postes de responsabilité, ou détachés sur des projets faune et forêt où il existe des perspectives de carrière.

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