FAO en Côte d'Ivoire

Réduction de l’impact environnemental et sanitaire des techniques de fumage traditionnel en Côte d'Ivoire

En Côte d’Ivoire, 11 à 14 kg de poissons sont consommés par habitant et par an (photo: © FAO)
14/08/2017

«Le poisson fumé joue un rôle significatif en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, représente 2/3 de la consommation des produits de pêche en Côte d’Ivoire et est encore obtenu suivant des méthodes vétustes de fumage traditionnel. Ces méthodes sont peu soucieuses de la santé des populations et de la préservation de l’environnement, malgré l’existence de technologies améliorées introduites dans le pays».

C’est le tableau énoncé par Germain Dasylva, Représentant de la  FAO en Côte d’Ivoire. C’était à l’occasion d’un atelier de partage et de restitution des travaux de recherche, organisé au bureau de la Représentation à Abidjan le 14 août 2017, en partenariat avec le Ministère des Ressources animales et halieutiques, sur le thème de la santé des femmes transformatrices, la sécurité sanitaire des produits et l’impact environnemental des systèmes de fumage de poisson dans les communautés de pêche artisanale.

Initié dans le cadre des activités d’autonomisation de la femme dans la chaine de valeur halieutique du programme d’appui au Mécanisme Multipartenaires de la FAO (FMM) visant à «permettre aux femmes de bénéficier de façon plus égale des chaînes de valeur agro-alimentaires», les 43  participants ont convenu des orientations pour des systèmes alimentaires durables et étaient issus des  Ministères des Ressources animales et halieutiques, de la Femme, de la protection de l’enfant et de la solidarité , de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique, de la Salubrité, de l’environnement et du développement durable, de la Santé et de l’hygiène publique, des Eaux et forêts et du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME, et avec la participation des représentants des agences sœurs des Nations-Unies, des partenaires techniques et financiers et des organisations de la société civile représentant les intérêts des acteurs de la chaine de valeur.

Des conséquences sanitaires et environnementales désastreuses  

Les résultats des travaux, présentés à cet atelier par une équipe de chercheurs de l’Université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody ont révélé que 50% des femmes sont atteintes de maladies respiratoires et 10% ont perdu leurs empreintes digitales, à force de tourner manuellement le poisson au four. 17% souffrent de fièvre typhoïde ou de tension artérielle pendant que 55% entretiennent des relations difficiles avec leurs conjoints. Ces résultats ont été obtenus après une année d’analyse des données collectées sur les sites de fumage de poissons à Abobodoumé, Grand-Lahou et Guessabo, et auprès des femmes fumeuses et non fumeuses des communautés de pêche.

Selon ces chercheurs, l’usage du four traditionnel nuit à la santé des femmes fumeuses, gravement affectée du fait de l’exposition prolongée aux fumées et à la chaleur. De même, l’usage abusif de combustibles constitués pour l’essentiel de mangroves a un impact considérable sur l’écosystème et par ricochet la durabilité des ressources naturelles car détruit les zones de reproduction du poisson. De plus, fumer 1 kilogramme de poisson requiert 5 kilogrammes de bois, sans compter l’émission massive de gaz C02 et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, composés cancérigènes pour le consommateur qui se déposent directement sur les poissons fumés de façon traditionnelle.

«Le poisson n’est pas seulement une source de protéines et de graisses bénéfiques, il est également l’unique source de nutriments essentiels. Il convient de s’accorder sur les initiatives durables de fumage pour préserver la santé des femmes transformatrices de poisson», a rappelé Meïté Anzoumana, directeur de cabinet au ministère des Ressources animales et Halieutiques, s’exprimant au nom du Ministre.

Une déclaration conjointe pour la valorisation des technologies innovantes

A travers le projet FMM, la FAO appuie ses États membres et ses partenaires dans le monde entier, dans le cadre de la réalisation des ODD 8, 5 et 12, pour garantir un emploi décent, promouvoir l’égalité entre les sexes et assurer une consommation et une production responsables dans le cadre de la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous.

En Côte d’Ivoire, en vue d’une création de richesse et de réduction de la pauvreté dans le pays, la FAO y a introduit depuis 2013, des fours FAO-Thiaroye dans les communautés de pêche artisanale, dans l’objectif de prévenir et atténuer les conséquences sanitaires, environnementales et économiques de procédés de fumage traditionnel, et surtout transformer la vie des femmes grâce à des technologies simples.

Une déclaration commune, adoptée à la fin de l’atelier a souligné la nécessité, pour la pêche artisanale en général et le maillon de  la transformation des produits de pêche en particulier de générer plus de santé et de richesse dans des conditions décentes de travail, sans impacter négativement  les ressources naturelles, en cohérence avec le Code de conduite pour une pêche responsable et les Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale. 

DECLARATION D’ABIDJAN DES PARTICIPANTS A L’ATELIER DE PARTAGE ET DE REFLEXION SUR LES RESULTATS DES TRAVAUX DE RECHERCHE