Directeur général QU Dongyu

Soixante-treizième session du Comité des produits (session extraordinaire)

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

22/01/2021

Soixante-treizième session du Comité des produits (session extraordinaire)

Observations liminaires de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Réunion à distance, 22 janvier 2021, 09 h 30 – 10 heures

Transcription

 

Bonjour à Rome et bon après-midi aux participants de Jakarta

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

Bonne année, Xīnnián kuàilè!

1. Je suis heureux de vous accueillir à cette session extraordinaire du Comité des produits.

2. Le nom a été attribué au comité il y a longtemps, dans les années 1950. Ce comité fait partie des premiers qui ont été créés. Nos prédécesseurs avaient déjà compris que de nombreux problèmes s’attachaient aux produits.

3. À cette époque nous n’avions ni commerce, ni Organisation mondiale du commerce ni Organisation internationale du commerce fonctionnelle. Au demeurant, le Comité des produits a été le premier comité créé au sein du Système des Nations Unies pour traiter l’ensemble des questions liées aux marchandises.

4. Aujourd’hui, l’ordre du jour sera consacré à la nouvelle version de la vision et de la stratégie relatives aux activités de la FAO en matière de nutrition.

5. Il est capital que nous, en notre qualité de Secrétariat, mettions sur pied une bonne stratégie, en travaillant avec vous!

6. J’ai encouragé chacun d’entre nous à collaborer étroitement avec les autres pour ouvrir la voie à un avenir meilleur en améliorant la production, la nutrition, l’environnement et, au bout du compte, les conditions de vie.

7. En particulier, l’aspiration de la FAO à une meilleure nutrition signifie éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition en facilitant l’accès de chacun à des aliments peu coûteux, sans danger, nutritifs et variés et à une alimentation saine.

8. Mais pour répondre à cette aspiration et atteindre son objectif, la FAO doit tirer parti de l’ensemble de ses compétences techniques et de ses outils.

9. C’est pourquoi, il faut que la stratégie relative aux activités de la FAO en matière de nutrition rende compte intégralement du potentiel et de la contribution de l’Organisation dans son entier pour élever le niveau de nutrition partout dans le monde – un mandat fondamental de la FAO énoncé dans le préambule de son Acte constitutif.

10. Aujourd’hui, la nutrition soulève des problèmes encore plus importants que par le passé – persistance de taux élevés de sous-alimentation et de dénutrition à l’échelle mondiale et recrudescence du surpoids et de l’obésité.

11. Et la pandémie de covid-19 est venue nous rappeler brutalement bon nombre de dures réalités.

12. Elle nous a rappelé la relation étroite qui existe entre la mauvaise nutrition et la maladie.

13. L’essentiel est le système immunitaire in situ. Une bonne nutrition et une alimentation saine aident aussi le corps à se doter d’un système immunitaire fort.

14. Chez les personnes sous-alimentées, les symptômes des maladies infectieuses risquent d’être plus graves. 

15. Les personnes qui souffrent de surpoids, d’obésité et de maladies non transmissibles risquent elles aussi d’avoir des symptômes aigus et elles ont été frappées de plein fouet par la covid-19. C’est d’ailleurs ce qui explique que les personnes âgées souffrant déjà de maladies graves sont les plus vulnérables.

16. La pandémie nous a aussi rappelé les difficultés rencontrées par de nombreuses personnes pour accéder à un régime alimentaire sain.

17. Nous avons observé la rapidité avec laquelle des individus et des familles, partout dans le monde, ont vu l’offre de produits alimentaires se tarir, les prix fluctuer et leur pouvoir d’achat décliner.

18. La vitesse à laquelle l’insécurité alimentaire a compromis la qualité de l’alimentation, et un risque élevé de malnutrition s’est répandu dans le monde, devrait tous nous choquer!

19. Mais ces problèmes ne sont pas nouveaux et cette alerte est l’occasion de déclencher une action collective!

20. Il existe plusieurs façons de garantir à chacun un régime alimentaire sûr et sain en s’appuyant sur des systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients.

21. C’est pourquoi, la FAO a un rôle unique à jouer dans la mobilisation de politiques et d’actions cohérentes au service d’une meilleure nutrition. 

22. En sa qualité d’institution spécialisée des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, travaillant sur tous les éléments des systèmes agroalimentaires, la FAO joue un rôle moteur s’agissant d’accélérer la mise en œuvre des politiques et des actions visant à assurer à chacun un régime alimentaire sain.

23. C’est précisément ce rôle de moteur qui fait de la FAO une organisation de premier plan en matière de nutrition. Voilà pourquoi, le Secrétaire général des Nations Unies nous a demandé d’accueillir le Secrétaire des Nations Unies pour la nutrition.

24. Cela est cohérent avec les recommandations issues de l’évaluation des activités de la FAO en matière de nutrition réalisée en 2019, qui indiquaient que la vision et la stratégie de la FAO devaient définir et préconiser des améliorations permettant de combattre toutes les formes de malnutrition grâce aux approches fondées sur le choix des aliments, aux systèmes alimentaires et aux régimes alimentaires sains.

25. La lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes, aujourd’hui et à l’avenir, suppose une action concertée menée par l’ensemble des parties prenantes dans le cadre d’un partenariat.

26. Nous pouvons parvenir à une meilleure nutrition pour chacun mais, pour cela, nous avons besoin de votre aide. 

27. Nous savons que le commerce influe sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire et les environnements alimentaires, donc sur la disponibilité et les prix des aliments.

28. Le commerce peut contribuer à la diversification des denrées disponibles sur le marché tout au long de l’année. 

29. Il peut aussi appuyer les moyens d’existence et être une source de revenus pour des millions de personnes, ce qui a des incidences sur les aliments auxquels elles peuvent accéder et qu’elles ont les moyens d’acheter.

30. Cependant, tous ces enjeux sont porteurs de changements et tout changement crée de nouveaux enjeux.

31. Comment faire en sorte de diversifier l’alimentation pour la rendre plus saine – un objectif louable – tout en limitant le risque d’accroissement de la consommation d’aliments hautement transformés, lesquels doivent être limités dans un régime alimentaire sain, n’est-ce pas? 

32. Comment rendre les marchés et le commerce plus favorables à l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition?

33. Comment parvenir à instaurer des modes d’alimentation peu coûteux, sûrs et sains de manière à libérer le potentiel de développement colossal offert par l’amélioration de la nutrition?

34. En tant que membres du Comité des produits, vous détenez les compétences et le mandat relatifs aux marchés et au commerce dans les systèmes agroalimentaires. Vous pouvez contribuer à répondre à ces questions et mettre au point un ensemble de solutions. Nous avons besoin d’un ensemble de solutions et pas d’une solution unique. Une solution unique ne peut pas résoudre un problème complexe. Hier, je me suis exprimé lors de la session d’hiver du Forum écosocial en Autriche.

35. Nous avons tiré plusieurs enseignements de la pandémie. Premièrement, le commerce international doit rester actif, ouvert, rapide et aussi efficace que possible. Deuxièmement, nous devons encourager la production locale et l’approvisionnement local. Troisièmement, nous devons mettre en place des dispositifs de protection et de sécurité sociale à l’intention des personnes vulnérables. Enfin et surtout, tous les Membres doivent accorder plus d’attention aux systèmes agroalimentaires.

36. Lorsque vous êtes bien nourris, vous ignorez presque l’importance de l’alimentation et de l’agriculture. Quand vous commencez à souffrir de la faim, il est déjà trop tard pour planter parce qu’il faut attendre des mois et des semaines avant de récolter.

37. Avec les systèmes agroalimentaires, il faut adopter une réflexion stratégique. C’est un secteur axé sur les marchandises mais c’est avant tout un bien public. J’ai expliqué à de nombreuses grandes personnalités internationales que le système agroalimentaire était un véritable bien public mondial. Chacun devrait avoir de quoi se nourrir. C’est la base des droits de l’homme.

38. La vision et la stratégie relatives aux activités de la FAO en matière de nutrition cadreront la façon dont la FAO peut remplir sa mission dans ce domaine pour lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes en accélérant la mise en œuvre de politiques et d’actions ayant une réelle incidence à tous les niveaux des systèmes agroalimentaires afin d’assurer une alimentation saine à chacun. Dans ce contexte, nous devons considérer dans leur ensemble, et non individuellement, l’intégralité de la filière, l’intégralité de la chaîne de production et la chaîne d’approvisionnement. Depuis l’environnement agricole, jusqu’à la production, la transformation, la chaîne d’approvisionnement puis la consommation, il faut s’attaquer au problème globalement, en adoptant non seulement le point de vue du secteur agricole mais aussi celui de l’environnement socioéconomique.

39. C’est ainsi que nous concrétiserons la vision d’un monde où chacun se nourrit d’aliments sains issus de systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients.

40. Nous attendons avec intérêt les travaux que vous mènerez aujourd’hui pour que la totalité des compétences, de l’expérience et des connaissances techniques de la FAO soit mise à contribution au service de cette mission importante.

41. Bien entendu, une réunion ni même une année de travail n’y suffira pas. Les systèmes agroalimentaires sont un secteur économique vert inscrit dans la durée, qui existe génération après génération.

42. Je vous remercie.