Directeur général QU Dongyu

Réunion 2021 des ministres de l’environnement du G20

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

22/07/2021

Réunion 2021 des ministres de l’environnement du G20

Allocution de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

Texte avant allocution

Naples, le 22 juillet 2021

 

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs,

1.         C’est un honneur pour moi de m’adresser aux participants à la réunion ministérielle du G20 sur l’environnement.

2.         Permettez-moi tout d’abord de saluer les efforts consentis par la présidence italienne du G20 afin que la question de la sécurité alimentaire et des systèmes agroalimentaires figure parmi les priorités de l’action internationale,

3.         puis d’insister sur l’importance du rôle que joue le G20 dans la mise en avant d’une action collective visant à promouvoir des solutions innovantes et durables pour la transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux.

4.         Favoriser la mise en place de systèmes agroalimentaires qui soient plus efficaces, inclusifs, résilients et durables est le fil conducteur du Cadre stratégique de la FAO, récemment approuvé.

5.         Cet instrument guidera notre action dans les dix prochaines années, s’agissant d’aider les Membres à concrétiser les «quatre améliorations» attendues en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie, et cela, en ne laissant personne de côté!

 

Mesdames et Messieurs,

6.         L’humanité est aujourd’hui confrontée à la triple crise planétaire de l’appauvrissement de la biodiversité, de la crise climatique et des conséquences de la pandémie.

7.         Le défi à relever au niveau mondial est double.

8.         D’une part, nous devons répondre à la demande croissante de produits agricoles – denrées alimentaires, fibres, aliments pour animaux et combustibles –,

9.         tout en réduisant à zéro, d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre, qui représentent aujourd’hui six tonnes par habitant en moyenne.

10.       D’autre part, nous devons conserver la biodiversité, gérer les ressources naturelles, et l’eau en particulier, de manière pérenne et protéger et restaurer les écosystèmes. Ces objectifs sont interdépendants.

11.       Face au changement climatique et à des épisodes de sécheresse et des inondations de plus en plus intenses et fréquents, le problème de la faim s’aggrave dans le monde.

12.       Les écosystèmes liés à l’eau sont essentiels pour le maintien des moyens d’existence, la sécurité alimentaire et la nutrition.

13.       Pourtant, la vie de plus d’un milliard de personnes est durement impactée par la rareté de l’eau ou les pénuries d’eau.

14.       Pour mettre les choses en perspective, près d’un milliard d’hectares de terres agricoles pluviales et de pâturages subissent de plein fouet des épisodes récurrents de sécheresse.

15.       Par ailleurs, plus de 60 pour cent des terres cultivées irriguées sont soumises à un niveau élevé ou très élevé de stress hydrique.

16.       De plus, la concurrence croissante dont les ressources en eau font l’objet accentue les inégalités d’accès à l’eau,

17.       laissant ainsi de côté les plus pauvres et les plus vulnérables,

18.       en particulier les petits exploitants agricoles et les femmes, ainsi que des communautés entières telles que les pêcheurs en eaux intérieures.

19.       Ces problèmes sont graves et nous ne pouvons pas les ignorer!

20.       Nous devons renforcer l’efficience d’utilisation de l’eau et favoriser une gestion durable de cette ressource pour faire face à sa rareté et améliorer la qualité des ressources hydriques et des aliments.

21.       En misant sur l’innovation numérique et sur des mécanismes de gouvernance plus performants,

22.       en ayant recours à des investissements propres à favoriser une gestion durable de l’eau,

23.       une agriculture respectueuse de la nature, ainsi que les infrastructures et technologies relatives à l’eau,

24.       nous pouvons atténuer les pénuries d’eau,

25.       faire en sorte que la répartition des ressources hydriques garantisse une utilisation plus efficace de l’eau,

26.       protéger notre base de ressources naturelles et

27.       assurer l’accès à l’eau, pour tous les usages. 

 

Chers collègues,

28.       Pour avoir une alimentation saine, nous avons besoin d’un environnement sain!

29.       L’appauvrissement de la biodiversité et le changement climatique sont des défis interdépendants, face auxquels il faut agir sur tous les fronts.

30.       Le processus d’appauvrissement de la biodiversité de la planète progresse à un rythme alarmant.

31.       Afin d’inverser cette tendance, la FAO est fermement déterminée à intégrer la biodiversité dans tous les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture.

32.       Il s’agit de développer à une plus grande échelle des systèmes de production tenant compte de la biodiversité et de les intégrer dans notre processus décisionnel,

33.       de la conception des politiques jusqu’à la mise en œuvre des projets.

34.       Les Membres de la FAO ont récemment adopté la Stratégie de la FAO relative à l’intégration de la biodiversité dans tous les secteurs de l’agriculture ainsi que le plan d’action correspondant.

35.       En étroite collaboration avec ses Membres et ses partenaires, la FAO participe au processus d’élaboration d’un instrument concret et ambitieux, le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après‑2020,

36.       visant à soutenir l’utilisation durable, la conservation et la régénération de la biodiversité et des écosystèmes dans les paysages de production terrestres et marins.

37.       Au début du mois, nous avons coorganisé un Dialogue mondial sur le rôle de l’alimentation et de l’agriculture dans le Cadre mondial de la biodiversité.

38.       Cette manifestation de haut niveau, qui a rassemblé des ministres, des scientifiques, des exploitants pratiquant l’agriculture familiale ainsi que des représentants du secteur privé et de la société civile – de tous les secteurs de l’agriculture et de l’environnement –,

39.       a permis de mettre clairement en évidence que les personnes et la nature sont indissociables

40.       et qu’il existe, au sein des secteurs agricoles, des solutions cruciales pour faire face aux crises de la biodiversité et du climat.

41.       Les conclusions du Dialogue mondial permettront de redéfinir le rôle de l’agriculture et de l’alimentation dans le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après‑2020.

42.       En tout état de cause, une action décisive exige un environnement porteur,

43.       y compris en termes d’institutions, de politiques et de soutien financier,

44.       en faveur des petits producteurs, de ceux qui pratiquent l’agriculture familiale et des peuples autochtones,

45.       qui sont les véritables gardiens in situ de nos ressources naturelles.

 

Chers amis,

46.       Pour toutes ces raisons, il est important que les ministres de l’environnement du G20 travaillent en collaboration plus étroite avec nous.

47.       Le renforcement de notre coopération avec les pays du G20 peut permettre d’obtenir des résultats tangibles qui changent véritablement la donne pour la planète.

48.       Ainsi, les niveaux actuels d’investissement sont loin d’être suffisants.

49.       Si l’on mobilisait les fonds nécessaires à la remise en état des terres dégradées, il serait pourtant possible de mettre un terme à la déforestation d’ici à 2030.

50.       Inverser le processus de déforestation contribuera à atténuer les effets du changement climatique et à réduire le risque de propagation de zoonoses.

51.       Inverser le processus d’appauvrissement de la biodiversité et de dégradation des terres permettrait de dégager 1 400 milliards d’USD par an.

52.       Il faut réaffecter les subventions agricoles qui ont des effets négatifs sur le climat et la biodiversité de la planète.

53.       Il faut investir, sur la durée, dans le domaine de la recherche-développement

54.       et mettre ainsi au point des innovations et des technologies qui permettront de produire plus tout en engendrant moins d’émissions et ce, dans le cadre des limites environnementales.

55.       La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, qui vient de débuter sous l’égide de la FAO et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), est l’occasion rêvée d’unir nos efforts.

56.       En vertu du mandat de la FAO, nous allons axer notre action sur la restauration des écosystèmes dans l’objectif de renforcer la sécurité alimentaire, de transformer les systèmes agroalimentaires, de faire face aux effets du changement climatique et de conserver la biodiversité.

57.       La Décennie pour la restauration des écosystèmes coïncide avec la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale,

58.       qui nous rappelle combien les savoirs, les traditions et les pratiques optimales des petits producteurs, des pêcheurs, des éleveurs et des forestiers dans le monde sont importants.

59.       Cette sagesse doit aller de pair avec les outils modernes qu’offrent la science, la technologie et l’innovation,

60.       afin de pouvoir tirer parti, collectivement, de la puissance de la nature

61.       et relever avec succès les défis liés au changement climatique, à la lutte contre la pauvreté et au renforcement de la sécurité alimentaire.

62.       La FAO est désireuse de resserrer sa collaboration avec vous, Mesdames et Messieurs les ministres, afin de concrétiser ces nobles objectifs.

Je vous remercie de votre attention.