Directeur général QU Dongyu

Rencontre de haut niveau: Action à l’appui de la prévention et de l’élimination de la famine

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

04/10/2021

Rencontre de haut niveau: Action à l’appui de la prévention et de l’élimination de la famine

Allocution

de

M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

telle que prononcée

le 4 octobre 2021

 

Excellences, 

Mesdames et Messieurs,

 

1.     Nous faisons face aujourd’hui à des crises alimentaires sans précédent sur plusieurs fronts.

2.     La famine et la mort par inanition sont une réalité actuelle.

3.     Au cours de l’année précédente, la FAO et ses partenaires ont alerté à plusieurs reprises au sujet de la forte aggravation du taux d’insécurité alimentaire aiguë de niveau élevé et de l’étendue des zones touchées, de plus en plus nombreuses.

4.     Nous avons plaidé collectivement pour des mesures préventives.

5.     Et nous avons demandé que soient immédiatement débloqués et distribués 6,6 milliards de dollars des États-Unis,

6.     afin que nous puissions agir rapidement et de manière décisive pour éviter les famines et empêcher que davantage de personnes ne sombrent dans des situations d’urgence.

7.     Alors que nous approchons de la fin de l’année 2021, la situation ne cesse de se détériorer.

8.     Plus d’un demi-million de personnes dans quatre pays sont dans une situation d’insécurité alimentaire catastrophique.

9.     D’après les données de la FAO, plus de 41 millions de personnes sont au bord de la famine, dans des conditions appelant une intervention d’urgence.

10.    Il y a six mois, quand nous avons créé le Groupe spécial de haut niveau sur la prévention de la famine, j’espérais que je pourrais vous parler aujourd’hui des progrès accomplis.

11.    Mais ce n’est pas le cas.

12.    La FAO a redoublé d’efforts et a intensifié sa collaboration avec des partenaires clés afin de répondre collectivement à tout un ensemble de besoins humanitaires.

13.    En effet, c’est en unissant nos forces que nous avons le plus d’impact!

14.    La FAO a continué à développer ses activités visant à renforcer la résilience, notamment dans des contextes fragiles.

15.    Rien que ces derniers mois, dans les 6 pays désignés comme prioritaires par le Groupe spécial de haut niveau, la FAO a aidé au moins 5,5 millions de personnes à produire les denrées alimentaires dont elles absolument ont besoin.

16.    Cela notamment grâce à son Initiative Main dans la main et à son Programme d’intervention et de redressement dans le contexte de la covid‑19.

17.    Toutefois, la répartition des fonds alloués à la composante sécurité alimentaire de l’assistance humanitaire reste fortement déséquilibrée.

18.    Une part importante des ressources est affectée uniquement à l’assistance alimentaire et l’aide d’urgence aux moyens de subsistance est largement négligée.

19.    Une étude du Réseau mondial contre les crises alimentaires indique que le secteur agroalimentaire reçoit moins de 10 pour cent de l’assistance humanitaire.

20.    Pourtant, ce secteur représente le principal moyen de subsistance pour une grande partie – jusqu’à 80 pour cent – des personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë à un degré élevé.

21.    C’est inimaginable et inacceptable!

22.    L’assistance alimentaire et l’aide aux moyens de subsistance doivent aller de pair.

23.    La prévention de la famine doit commencer dans les zones rurales – c’est-à-dire là où les besoins sont les plus importants – et elle doit être axée sur la production de denrées alimentaires et la préservation en vie des animaux d’élevage. 

24.    L’aide d’urgence aux moyens de subsistance doit permettre à la population d’avoir accès à des aliments nutritifs, et ce même quand elle est privée de toute autre forme d’aide.

25.    Il ne s’agit pas seulement de survie, mais aussi de préparer l’avenir.

26.    Quand nous négligeons la question des moyens de subsistance dans les zones rurales, nous mettons les personnes devant un choix cruel: rester sur place et risquer de mourir de faim,

27.    ou bien tout abandonner pour tenter de trouver de l’aide et de survivre en allant rejoindre des camps ou des villes surpeuplées.

28.    Quand la FAO fournit de l’argent en espèces et des semences résistantes à la sécheresse à des cultivateurs de Madagascar, elle leur permet de rester sur leurs terres, de continuer à produire des denrées alimentaires, de se constituer un revenu et de faire que leurs enfants soient bien nourris et scolarisés.

29.    L’aide aux moyens de subsistance présente un excellent rapport efficacité-coût!

30.    En ce moment, des centaines de milliers de familles au Yémen sont confrontées au risque imminent de perdre leur unique source de revenus à cause de maladies animales facilement évitables.

31.    Avec seulement 8 dollars des États-Unis, la FAO peut vacciner et vermifuger un troupeau moyen – soit 5 moutons ou chèvres – et protéger ainsi ce capital valorisé à 500 dollars sur le marché local.

32.    Cela profite également à la production de lait, qui augmente souvent d’au moins 20 pour cent, ce qui peut avoir un effet important sur la nutrition dans les ménages, particulièrement chez les enfants.

33.    Au Soudan du Sud, nous avons distribué à 545 000 familles des kits de subsistance essentiels contenant des semences de céréales et de légumes et du matériel de pêche, ce qui assure un apport vivrier régulier et nutritif à près de 3,3 millions de personnes.

34.    Au Burkina Faso et dans le nord du Nigéria, nous avons pu fournir à plus de 700 000 personnes des semences, de l’argent en espèces et d’autres intrants soumis à des contraintes de temps.

35.    Mais 1,4 million de personnes n’ont pas pu participer à la campagne principale de semailles cette année, pourtant indispensable, car les fonds alloués étaient insuffisants.

36.    Pour l’ensemble des 6 pays prioritaires, la FAO a reçu moins du quart des ressources nécessaires à l’aide d’urgence aux moyens de subsistance.

37.    Nous restons extrêmement préoccupés par la crise à Haïti, où les ressources sont limitées et où les moyens de subsistance sont mis à mal par la covid‑19, les séismes, les maladies des animaux d’élevage et les turbulences de l’économie.

38.    Ces deux derniers mois, Martin et moi, ainsi que d’autres collègues, nous sommes fortement investis en Afghanistan, mais je reste préoccupé par les besoins humanitaires moins visibles des vastes zones rurales, là où vit 70 pour cent de la population du pays.

39.    C’est pourquoi, je souhaite remercier nos Membres pour leur généreux soutien et leur souci d’éviter l’aggravation de la crise dans ce pays.

40.    En Afrique de l’Est, les perspectives sont alarmantes.

41.    Les deux dernières saisons humides n’ont pas été fructueuses et les prévisions ne sont pas bonnes.

42.    On prévoit que, pour la troisième fois consécutive les précipitations seront insuffisantes pour les cultures et l’élevage, ce qui aura des répercussions importantes pour la sécurité alimentaire.

43.    L’année dernière, la FAO et ses partenaires ont évité une crise alimentaire dans la région lors de la recrudescence du criquet pèlerin.

44.    Le retour sur investissement a été énorme. Il est estimé à 15 pour 2.

45.    La lutte antiacridienne et les mesures de protection des moyens de subsistance ont permis d’éviter d’importantes pertes – estimées à plus de 1,5 milliard de dollars des États‑Unis – sur les cultures de base et les troupeaux.

46.    La sécurité alimentaire de plus de 36‑millions de personnes a ainsi été préservée.

47.    Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que soit déclarée une famine pour intervenir.

48.    Le Groupe spécial de haut niveau nous donne l’opportunité d’unir nos forces pour éveiller les consciences et prendre des mesures préventives pour éviter les famines.

49.    Mais apporter uniquement une assistance humanitaire ne suffit pas.

50.    Nous devons œuvrer ensemble à une transformation de nos systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, inclusifs, résilients et durables.

 

Chers amis et collègues, 

51.    Il n’y a pas de temps à perdre!

52.    À ce jour, seulement 150 millions de dollars des États-Unis ont été versés sur les 6,6 milliards nécessaires.

53.    Mon collègue David Beasley va vous fournir plus d’informations à ce sujet.

54.    Vous avez entre vos mains la possibilité de préparer un avenir meilleur pour tous.

55.    Il faut agir maintenant pour obtenir des résultats concrets.

56.    Travaillons ensemble!

57.    Je vous remercie de votre attention.