Allocution d’ouverture de la 37e session de la Conférence régionale pour l’ Asie et le Pacifique
de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
20/02/2024
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je suis ravi d’être avec vous aujourd’hui pour l’ouverture de la réunion ministérielle de la Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique. Cette session, plus longue, durera quatre jours pour permettre plus d’échanges entre les membres de la FAO de la région.
Il s’agit d’une tribune de premier plan qui vous permettra, en tant que responsables de l’élaboration des politiques, de partager vos idées et vos réussites avec vos homologues d’autres pays de la région Asie et Pacifique, et au-delà. Elle vous donnera l’impulsion pour avancer plus rapidement dans la transformation des systèmes agroalimentaires dont cette région – et le monde – a besoin.
Il est temps de concrétiser cette transformation!
Après avoir vécu plusieurs années placées sous le signe de la pandémie, lesquelles ont mis à rude épreuve les systèmes agroalimentaires, le monde et cette région relèvent la tête et vont de l’avant. À commencer par Sri Lanka, dont la capacité à surmonter de nombreuses difficultés socioéconomiques, à se relever et à se reconstruire avec le soutien de la FAO est un exemple dont nous pouvons tirer un grand nombre d’enseignements précieux.
Je suis ravi de pouvoir dire que, comme la FAO, Sri Lanka suit le principe des «quatre R V1.0». J’ai hâte de revenir dans le pays avant la fin de mon mandat pour fêter sa réussite.
À la FAO, nous suivons l’approche des «quatre R V1.0»:
- Relèvement après la pandémie et la défaillance des infrastructures – suite à la restructuration du siège et des bureaux régionaux et sous-régionaux, nous nous consacrons cette année aux bureaux de pays.
- Réforme de nos systèmes et de notre mode de gestion pour les adapter aux objectifs visés et à notre mandat.
- Reconstruction du réseau et des capacités globales de la FAO, le véritable avantage comparatif de l’Organisation étant le réseau et l’espace de dialogue qu’elle fournit à ses membres.
- Renaissance de l’Organisation dans l’optique d’un avenir meilleur – notre objectif collectif suprême, à concrétiser ensemble.
Désormais, vous connaissez bien le Cadre stratégique de la FAO pour 2022-2031, qui nous fait tendre vers les quatre améliorations, à savoir amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie, sans laisser personne de côté.
Je me réjouis de voir comment Sri Lanka met en pratique les quatre améliorations.
Ne laisser personne de côté, c’est la principale finalité des objectifs de développement durable (ODD). Or, nous devons passer par les quatre améliorations pour atteindre ces objectifs.
Pour y parvenir, j’entends renforcer les bureaux de pays de la FAO pour maximiser leur impact sur le terrain et épauler les membres au niveau national.
Près de 80 ans ont passé et la FAO reçoit des financements plus importants de la part des donateurs. En retour, ceux-ci attendent transparence, efficacité et résultats de l’Organisation. Pour répondre à ces exigences, nous devons faire preuve de méthode. C’est pourquoi, j’ai entrepris la refonte du siège, puis celle des bureaux régionaux et sous-régionaux, et maintenant celle des bureaux de pays.
Je souhaitais vous donner une image claire de ce que j’entendais faire, de ce que j’avais accompli et de ce que j’allais entreprendre, afin que vous puissiez bien me comprendre et faire preuve d’une totale transparence.
Afin d’accélérer et d’amplifier l’obtention de résultats tangibles et probants sur le terrain, j’ai convoqué à Rome en décembre dernier la toute première Conférence de travail mondiale des représentants de la FAO. Il était important d’organiser cette manifestation car nos représentants sont au cœur de notre réseau. Le rôle qu’ils jouent au niveau national est la première image de l’Organisation pour les membres et les partenaires. La deuxième édition aura lieu en décembre prochain à Bangkok. Nous passerons donc de Rome aux régions!
Chers et chères collègues,
La transformation des systèmes agroalimentaires de cette région passera par une action coordonnée de l’ensemble des ministères, ainsi que par la collaboration avec le secteur privé, les instituts de recherche, le monde universitaire et la société civile à tous les niveaux, du sommet au bas de la pyramide.
Je dis toujours que les ministres de l’agriculture sont nos points d’entrée car nous passons par eux pour contacter d’autres ministères concernés, les autorités locales, le secteur privé et tous les partenaires.
C’est pourquoi les membres de cette Conférence ont contacté et consulté tous les partenaires. Nous devons collaborer de manière efficace, rationnelle et cohérente. Faire preuve de cohérence est essentiel pour atteindre notre objectif commun. Nous devons tous orienter nos efforts dans la même direction pour arriver au même point.
Les défis planétaires actuels pèsent sur les activités de l’Organisation, mais la nouvelle FAO est mieux adaptée et elle est prête à répondre aux besoins des membres.
Ensemble, nous sommes prêts à faire plus et mieux!
Il convient d’être judicieux pour mobiliser les ressources efficacement et s’adapter à des situations mouvantes dans cette énorme région, tout en restant à l’écoute des besoins particuliers de chaque pays et de chaque zone.
Je me suis entretenu avec le Président de Sri Lanka ce matin. Nous avons évoqué la manière dont, au cours des deux dernières années, grâce à des fonds de l’USAID, près de 2 millions d’agriculteurs sri-lankais avaient eu accès à des engrais adaptés peu couteux, sans que soient dépensés des montants importants.
C’est pourquoi je demande à tous nos donateurs de changer de modèle. N’oubliez pas que c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses amis!
Au cours des deux dernières années, la FAO a obtenu des résultats car elle a bénéficié du soutien de solides donateurs, au bon moment et de la bonne manière.
Lors de ma réélection, je me suis engagé à travailler sur cinq grands objectifs:
- Un: accroître la mobilisation de ressources.
- Deux: exploiter pleinement le potentiel de la FAO et promouvoir une transformation axée sur l’innovation, y compris en créant un musée mondial de l’alimentation et de l’agriculture ainsi qu’un réseau. Cela constituera un héritage marquant non seulement pour la région Asie et Pacifique, mais aussi pour le reste du monde. Il est possible de promouvoir à la fois l’agriculture traditionnelle et les technologies de pointe.
- Trois: veiller à ce que le Forum mondial de l’alimentation continue d’accompagner l’initiative Main dans la main, de promouvoir la science et l’innovation, ainsi que de mobiliser les jeunes du monde entier en tant qu’acteurs du changement au service de la transformation des systèmes agroalimentaires de la planète. C’est pourquoi je suis reconnaissant aux membres d’avoir soutenu la création du Bureau des jeunes et des femmes. Cette nouveauté fait partie du changement structurel que je suis en train de mettre en œuvre. Je souhaite notamment remercier tous les membres issus de la région pour leur soutien total.
- Quatre: renforcer les capacités et les compétences de la FAO au service des membres et des agriculteurs de la planète en renforçant les bureaux de pays.
- Cinq: progresser en termes de ressources humaines pour attirer des talents du monde entier. J’invite les personnes de la région à postuler, car de nombreux pays de cette partie du monde sont actuellement sous-représentés. Rejoignez la FAO pour travailler avec nous à la réalisation de notre mission collective!
Lors de ma visite début janvier au Bureau régional de Bangkok, nous avons discuté des moyens de faire plus pour les membres de la région Asie et Pacifique. J’ai mis en avant l’avantage comparatif de la FAO s’agissant d’aider les membres à augmenter leur production, par exemple dans le secteur de l’aquaculture.
Nous venons de célébrer le Nouvel An chinois, une période pendant laquelle nous souhaitons toujours des excédents. C’est pourquoi le poisson est si important. En effet, le poisson et le riz sont très importants dans de nombreuses cultures de la région.
Nous menons actuellement une étude dans tous les États insulaires du Pacifique pour déterminer comment augmenter la production, ce dont nous ferons rapport au Conseil de la FAO en décembre. Nous procéderons de même aux Caraïbes, puis en Afrique.
Cela fait partie de la suite donnée à la Conférence sur les petits États insulaires en développement organisée en 2023. Il faut une vraie solidarité au niveau international au sein du système des Nations Unies. Il en est souvent question, mais nous avons besoin de plus de gestes concrets, et il nous faudra agir à l’issue de la prochaine Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement. C’est pourquoi j’ai créé, il y a quatre ans, le Bureau des petits États insulaires en développement, des pays les moins avancés et des pays en développement sans littoral. Voilà une action concrète!
Dans le même temps, nous poursuivons l’amplification de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, ainsi que le développement de partenariats et d’alliances stratégiques, comme l’initiative Main dans la main, avec les institutions financières internationales, le secteur privé, les organismes régionaux, la société civile, etc.
L’objectif est de combler les déficits d’investissement et de financement au profit de ceux qui en ont le plus besoin, en particulier les petits producteurs et les exploitations familiales.
Nous devons accélérer la modernisation du secteur agricole – j’ai également échangé sur le sujet avec le Président de Sri Lanka.
Malgré ses nombreux défis, la région Asie et Pacifique dispose d’importants atouts pour occuper une place de premier plan dans le monde dans beaucoup de domaines. La région Asie et Pacifique compte aujourd’hui trois des cinq plus grandes puissances économiques au monde. En outre, au cours des 20 dernières années, de nombreux pays de la région sont sortis de la catégorie des pays les moins avancés et ont rejoint celle des pays à revenu intermédiaire. Qui dit changement de catégorie, dit changement de priorités. Il convient de totalement revoir le modèle de développement des systèmes agroalimentaires.
Bien que la faim et la sous-alimentation restent courantes dans certains pays, de nombreux pays de la région contribuent à l’alimentation d’une grande partie du reste du monde. En effet, la région abrite la majorité de la production aquacole et rizicole, sans oublier le secteur des protéines, en pleine croissance.
Mais nous devons faire plus avec moins de ressources.
Nous devons faire preuve de créativité, nous tourner vers l’action et chercher à obtenir des résultats pour opérer les changements nécessaires afin d’accélérer la mise en œuvre des stratégies nationales et internationales visant à renforcer l’efficacité, le caractère inclusif, la résilience et la durabilité des systèmes agroalimentaires: quatre axes d’amélioration indispensables!
Pour parvenir à la durabilité, nous avons besoin d’un chemin. Un agriculteur doit pouvoir produire avec moins: moins de surface et moins d’eau, c’est une question d’efficacité. Il faut renforcer l’inclusion pour que tout le monde puisse récolter de manière équitable les fruits du développement économique. Pour accroître la résilience, nous avons besoin de davantage d’investissements dans les infrastructures sous-tendant les systèmes agroalimentaires.
Cela peut vraiment faire la différence pour les quatre améliorations et stimuler de manière transversale la mise en œuvre du Cadre stratégique de la FAO dans les 10 prochaines années.
Je suis fermement convaincu que cette région peut devenir le moteur de changement dont le monde a besoin pour que tous les pays du monde accélèrent les efforts visant à atteindre, voire à dépasser, les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Avec un engagement et une volonté politiques forts, des politiques porteuses, des investissements suffisants et des modèles fonctionnels innovants, cette région peut être un chef de file et une inspiration pour le reste du monde.
Unie dans l’action aux niveaux mondial, régional et national, la FAO se tient à vos côtés pour faciliter le changement.
Je vous souhaite des échanges fructueux dans ce beau pays qu’est Sri Lanka. Puisse cette Conférence déboucher sur des orientations efficaces pour guider les activités de la FAO dans la région Asie et Pacifique.
Votre contribution sera à l’origine d’initiatives, de politiques et de recommandations de la FAO, et il vous incombera de vous les approprier et de les mettre en œuvre sur le terrain.
Je tiens à remercier le Président de la Conférence de tous ses efforts pour donner une grande portée à cette manifestation. Vous êtes nos amis et nous vous seconderons dans votre mission!
Je vous remercie de votre attention.