Combler le fossé numérique en milieu rural - Cadre Législatif
Le Programme visant à combler le fossé numérique en milieu rural s’appuie sur des concepts définis dans les “Approches des moyens d’existence” pour un développement durable, un ensemble de directives générales de programme qui privilégient une analyse globale et centrée sur les personnes des besoins et des actifs divers et fluctuants des parties prenantes. Les programmes s’attachent en particulier à renforcer les liens entre le niveau macroéconomique (politiques et institutions) et le niveau local (communautés et individus).
La FAO a mené des études conjointement avec le Ministère du développement international du Royaume-Uni (DFID) et l’Institut du développement d’outre-mer du Royaume-Uni (ODI) afin de définir les principaux éléments à prendre en compte pour appliquer l’Approche des moyens d’existence dans les interventions visant à renforcer l’impact de l’information et de la communication pour le développement.
Cadre Législatif
- Adapter le contenu au contexte local
- Exploiter les systèmes existants et travailler avec les politiques en vigueur
- Prise en considération de la diversité
- Renforcement des capacités
- Accès équitable et autonomisation
- Création des réseaux de partenariats
- Adopter des approches réalistes des technologies
- Affectation des coûts de l’information
Document imprimable avec des résumés des éléments du cadre de huit politiques: disponible ici
Adapter le contenu au contexte local
Les agriculteurs préfèrent les informations locales (endogènes) aux informations extérieures (exogènes). On peut utiliser des exemples pris dans d’autres régions mais les agriculteurs ne seront vraisemblablement pas motivés si l’on ne tient pas compte des conditions spécifiquement locales. Les informations sur l’alimentation et l’agriculture devraient donc tenir compte particulièrement des conditions agro-écologiques locales, du climat et de la topographie ainsi que des aspects culturels et économiques locaux de la production, de la commercialisation et de la transformation. (Il peut être plus important de faciliter la communication entre les diverses institutions pertinentes locales que de transmettre des informations provenant d’Internet, au niveau local. Les agriculteurs ont toutefois utilisé avec succès Internet et la télévision interactive pour débattre à distance de problèmes spécifiques locaux avec des spécialistes.) Il existe aussi d’énormes possibilités d’enrichir les systèmes nationaux et internationaux d’information avec des connaissances locales spécialisées. Cela nécessite toutefois une bonne connaissance du milieu local ainsi que des techniques élaborées permettant d’adapter l’information, à un usage local, national et international.
Exploiter les systèmes existants et travailler avec les politiques en vigueur
De nombreux systèmes d’information, à l’instigation des donateurs, ont des objectifs trop ambitieux et sont excessivement complexes et théoriques. Les initiatives sont souvent planifiées et mises en œuvre à partir de zéro, sans tenir compte des processus organisationnels fondamentaux et des dispositions institutionnelles qui influent sur l’utilisation de l’information. En outre, elles ignorent souvent les « laissés-pour-compte » éventuels, qui pourraient par la suite faire obstacle à la mise en œuvre. Les erreurs entrent généralement dans deux catégories: vouloir créer de nouveaux systèmes de communication au lieu de renforcer ceux qui sont en place et acceptés, et méconnaître l’impact que l’environnement politique aura sur l’intervention.
Systèmes existants
L’expérience a montré que les systèmes les plus efficaces qui permettent de fournir à des utilisateurs spécifiques des informations spécifiques sont simples et modestes, et sont élaborés à partir de systèmes de communication et de collecte de données existants. L’accent mis actuellement, dans les pays en développement, sur les systèmes d’information basés sur Internet risque de compromettre les réseaux d’information existants, riches et efficaces. Grâce à une meilleure connaissance des systèmes existants, les concepteurs de projet peuvent renforcer les technologies de communication de manière à ce qu’elles soient pertinentes et utiles aux utilisateurs. Ils devraient aussi s’efforcer d’obtenir le soutien des 'promoteurs' internes qui plaident pour le changement, de respecter les valeurs culturelles locales et d’offrir des récompenses aux individus qui fournissent des informations.
Politiques en vigueur
De même, il est contreproductif de concevoir des interventions sans une connaissance approfondie des politiques en vigueur et de leur impact sur:
- la libre circulation de l'information et de la communication dans une société, verticale ou horizontale, publique ou privée;
- la manière dont les recettes sont créés et taxées;
- la censure ou, au contraire, l’absence de contrôle du contenu.
Prise en considération de la diversité
La participation de toutes les parties prenantes – hommes, femmes, jeunes, personnes âgées, de catégories sociales et groupes ethniques différents – est fondamentale, en particulier pour l’appropriation et la durabilité. Malheureusement, les initiatives d’information et de communication pour le développement dans les zones rurales peuvent diviser les parties prenantes si la diversité des intérêts et des positions n’est pas prise en compte. Les initiatives qui ne prévoient pas les incidences qu’elles pourront avoir sur les différents segments de la population risquent d’aggraver les inégalités en favorisant certains groupes au détriment d’autres. Les interventions qui s’efforcent d’offrir un accès équitable à tous les groupes, et qui donnent aux différents groupes les moyens de s’exprimer sur la façon dont elles sont élaborées et déployées, peuvent dans la pratique réduire l’inégalité.
Renforcement des capacités
Il est important de renforcer les capacités à tous les niveaux afin d’améliorer les informations concernant les moyens d’existence. Les organismes intergouvernementaux ont besoin de développer leur potentiel pour travailler sur les infrastructures internationales des technologies de l’information, sur les politiques et les normes. Les organismes internationaux et bilatéraux ont besoin de moyens d’action pour pouvoir aider les autorités à élaborer des partenariats avec le secteur privé et développer des systèmes et des stratégies d’information au plan national. Au plan sous-national, il est nécessaire d’aménager et d’étendre les réseaux électroniques et de les relier avec les zones rurales. Il faudra aussi améliorer les capacités locales en matière de collecte, de stockage et de diffusion des informations pour combler l’écart qui existe entre ceux qui fournissent les informations et ceux qui les utilisent. A cet égard, les autorités locales et les institutions non gouvernementales doivent être soutenues et mises en valeur pour fournir davantage d’informations localement. L’apprentissage de la lecture et du calcul, surtout pour les groupes marginalisés, est un objectif prioritaire. Sans cette éducation de base, les capacités locales d’utilisation et de création d’informations sont gravement compromises.
Accès équitable et autonomisation
On a enregistré, ces dernières années, des progrès rapides dans le domaine de la transmission à longue distance des informations. Toutefois, si cette possibilité n’est pas offerte à tous, les disparités sociales, économiques et politiques existantes pourraient bien se perpétuer. Pour l’instant, la télévision et la radio sont mieux implantées qu’Internet, surtout en Afrique. L’expérience des télécentres et des radios rurales communautaires connectées à Internet a prouvé qu’il était possible de mettre les informations d’Internet à la disposition d’un grand nombre de personnes. Le défi consiste à étendre l’application de ces démarches et de permettre aux collectivités rurales et aux autorités locales des pays en développement, de gérer l’information de manière plus efficace. Il concerne aussi la mise en place de stratégies de communication, afin que les informations concernant les moyens d’existence soient accessibles aux populations démunies.

Création des réseaux de partenariats
Pour promouvoir des moyens d’existence durables, les systèmes d’information et de communication doivent pouvoir assurer un partage horizontal et vertical de l’information. Le partage horizontal se fait entre organisations au même niveau, comme par exemple les instituts de recherche ou les organisations d’agriculteurs. Le partage vertical est celui qui se fait entre organisations de niveaux différents, par exemple dans les pouvoirs publics, les instituts de recherche nationaux ou les organismes locaux de vulgarisation.
Les systèmes verticaux fonctionnent mieux dans les organisations très intégrées hiérarchiquement ayant des systèmes d’information compatibles, alors que les systèmes horizontaux prospèrent dans un environnement où nombre d’organisations différentes forment un réseau mouvant de partenaires désireux de partager des informations spécifiques. À l’époque du réseautage, il est nécessaire d’adopter un nouveau modèle pour la mise en commun des connaissances et des informations avec des processus plus flexibles et plus ouverts à la participation. Processus qui opèrent au sein d’un réseau mondial d’information souple mais compatible. On peut créer des partenariats dynamiques et flexibles entre les individus et les organisations à tous les niveaux qui réduisent les cloisonnements entre les niveaux. Les partenariats dans et entre les communautés peuvent aider à résoudre les problèmes d’appropriation, de connectivité, de durabilité et d’apprentissage des techniques de l’information. Ils peuvent aussi intégrer les connaissances locales et externes qui peuvent avoir des effets positifs directs sur les personnes démunies. Cette approche de partenariat pourrait se substituer au processus traditionnel de circulation de l’information à sens unique, partant d’une source d’information scientifique et destinée à une communauté isolée et privée d’information. Cette nouvelle démarche pourrait s’appuyer sur des partenariats dynamiques de mise en commun de l’information, fonctionnant sur un principe de circulation de l’information dans les deux sens, à tous les niveaux.
Adopter des approches réalistes des technologies
L’utilisation des technologies dans les initiatives d’information et de communication augmente de manière exponentielle, ce qui pose un redoutable problème de coordination. On accorde aujourd’hui une importance particulière à l’élaboration concrète d’une série de technologies compatibles entre elles facilitant les échanges d’informations entre les différents systèmes. Même dans les pays développés, les exemples d’interventions qui intègrent avec succès les technologies de l’information avec des stratégies réalistes de gestion de l’information et de communication sont exceptionnels. Le manque de méthodes appropriées d’évaluation des nouvelles technologies signifie que le suivi et l’évaluation sont rarement efficaces, ce qui ne permet pas d’identifier aisément les leçons essentielles qu’il faut tirer des interventions. On utilise toutefois, de plus en plus, les technologies d’information reposant sur l’informatique, même pour les zones les plus isolées et même si la plupart des ruraux pauvres qui sont en général les principaux bénéficiaires des programmes de développement, utilisent seulement les informations transmises oralement.
Il est essentiel d’adopter une démarche plus réaliste dans le domaine des technologies de l’information. Dans les pays en développement il s’agit souvent d’utiliser diverses techniques en associant les anciennes et les nouvelles. On peut citer de nombreux exemples de mécanismes novateurs permettant de mettre Internet à la portée des zones rurales à l’aide des technologies existantes, comme par exemple la radio rurale, les fournisseurs de services en zone rurale, ou peut-être les liaisons radio à haute fréquence ou les cabines Internet dans les villages.
Affectation des coûts de l’information
Un élément important de la conception des interventions est leur financement à long terme. Encore tout récemment, on a estimé que les informations destinées au développement agricole et rural étaient un bien public dont tous les habitants du globe pouvaient disposer gratuitement. Plus récemment, les donateurs et les pouvoirs publics ont adopté une position qui fait la part belle au secteur privé, chargé d’assurer l’information et les services de vulgarisation agricole. Cette orientation pénalise les agriculteurs pauvres.
Les investissements d’infrastructures nécessaires à l’information sont importants mais il est facile de calculer leurs coûts et il est possible de les récupérer par le biais des redevances téléphoniques et de la publicité, comme cela est attesté par de nombreux exemples. Par contre, il est plus difficile de chiffrer les coûts réels et occultes de l’information fournie aux agriculteurs pauvres pour qu’ils puissent renforcer leurs capacités d’intervention, tout comme les répercussions sociales et économiques qui en découlent et sans lesquelles il est difficile de justifier un investissement public.
Par ailleurs, la capacité des fournisseurs à couvrir leurs propres coûts, ou pour les services tributaires du recouvrement des coûts, la capacité des clients à payer et la rentabilité sont des facteurs qui affectent la viabilité économique des services d’information. Il faut de toute urgence approfondir ces questions et parvenir à un nouveau consensus sur la question des coûts de l’information destinée aux agriculteurs pauvres, et sur les services d’information durables. Cependant, il importe de déterminer clairement dès la conception d’une intervention si elle doit être considérée comme un bien public (école, hôpital) dont la viabilité financière n’est pas nécessairement un objectif, ou comme une entreprise commerciale dont la réussite dépend de sa capacité à créer des recettes suffisantes pour couvrir les dépenses et atteindre un équilibre financier.