9. REPRODUCTION DES POISSONS9.0 Introduction1. Il existe plusieurs méthodes de reproduction des poissons d'élevage. Leur choix est fonction de la biologie de la reproduction des espèces considérées, des conditions ambiantes locales et des installations disponibles. Ces méthodes peuvent être classées en trois catégories: reproduction naturelle; reproduction semi-naturelle; reproduction artificielle. 2. Dans le cas de la reproduction naturelle, les poissons mâles et les poissons femelles sont placés ensemble dans une zone de ponte, par exemple un petit étang ou un enclos où ils pondent naturellement. Cette méthode est utilisée d'ordinaire pour assurer par exemple une production à bon marché de tilapias. 3. La reproduction efficace de certaines espèces exige parfois des modifications du milieu ambiant, tel qu'un nouvel approvisionnement en eau et un net relèvement du niveau d'eau de l'étang dans le cas du poisson-chat africain Clarias, la présence d'une végétation herbeuse utilisée comme collecteur d'oeufs dans le cas de la carpe commune, ou encore la présence de nids artificiels dans le cas des poissons-chats américain et européen, Ictalurus et Silurus. 4. En ce qui concerne la reproduction semi-naturelle, les poissons (en général seulement les femelles) reçoivent initialement une injection de produits chimiques, par exemple d'extrait de glande pituitaire*, qui déclenche le processus de reproduction. Mâles et femelles sont ensuite rassemblés dans une zone de ponte spécialement préparée, par exemple un petit étang herbeux ou un enclos où la ponte a lieu. Les oeufs fertilisés sont généralement recueillis puis élevés dans des conditions privilégiées, naturelles ou artificielles. 5. Dans le cas de la reproduction artificielle, les femelles reçoivent une ou plusieurs injections de substances chimiques, destinées à contrôler la maturation finale des oeufs au repos dans les ovaires. Dès que ces oeufs sont parvenus à maturité, ils sont extraits du corps des femelles. Les mâles reçoivent aussi habituellement une injection. Les oeufs sont fertilisés artificiellement avec le sperme des mâles et élevés dans des conditions contrôlées.
6. Chacune de ces méthodes de reproduction est principalement conditionnée par un ensemble de facteurs environnementaux, comme indiqué dans le tableau ci-dessous pour la carpe commune, par exemple. 7. La description détaillée des techniques de reproduction des poissons figure dans les manuels mentionnés ci-dessous:
8. La lecture des sections suivantes vous permettra d'en savoir davantage sur certains des principaux aspects pratiques de la reproduction des poissons par les méthodes naturelles et semi-naturelles:
9.1 Préparation des géniteurs en vue de la ponteObtention de géniteurs1. Le succès de la propagation de vos poissons exige pour les deux sexes des individus sains et parvenus à maturité sexuelle. Il s'agit de votre stock de géniteurs. 2. Il existe deux méthodes pour obtenir de tels géniteurs. (a) Capture de poissons en milieu naturel à l'aide d'engins de pêche (voir sections 8.2 et 8.3) et transport des poissons vivants jusqu'à la ferme piscicole (voir chapitre 13). lis peuvent alors y être stockés soit dans des étangs de géniteurs jusqu'à ce qu'ils aient atteint la maturité sexuelle, soit dans des étangs de stabulation s'ils ont été capturés pendant la saison de ponte et s'ils sont déjà parvenus à maturité. (b) Elevage à la ferme proprement dite de géniteurs, ce qui facilite l'amélioration progressive du stock grâce à une gestion soigneuse. Gestion des étangs de géniteurs3. Les étangs de la ferme où vous pensez élever vos géniteurs doivent être bien adaptés à l'espèce considérée. Le maintien de températures soigneusement contrôlées et d'une eau bien oxygénée (voir sections 2.4 et 2.5) contribuera à la réussite de votre élevage. En outre, les poissons doivent disposer d'un abondant approvisionnement en nourriture naturelle (voir section 10.1), bien adapté au régime alimentaire particulier des géniteurs. Au cours de la période de maturation, il y a lieu de fournir, si nécessaire, un complément alimentaire constitué d'ingrédients riches en protéines (voir section 10.2). La densité d'empoissonnement des géniteurs doit être adaptée aux disponibilités alimentaires, mais doit toujours rester relativement faible. Sélectionnez les étangs réservés aux géniteurs de façon à en faciliter l'accès, tout en les protégeant du braconnage. 4. Il est préférable de conserver un stock de géniteurs relativement jeunes, constitué de poissons de tailles petite à moyenne en fonction de l'espèce considérée. Les poissons de ce type produisent davantage d'oeufs de meilleure qualité, avec un meilleur rendement d'utilisation de la nourriture. Choix de géniteurs appropriés5. Lorsque la saison de reproduction arrive, les géniteurs doivent être soigneusement choisis. Seuls les poissons prêts à la ponte doivent être utilisés. Il convient de choisir les poissons présentant les caractéristiques ci-après. (a) L'abdomen des mâles doit libérer quelques gouttes de laitance lorsqu'il est légèrement comprimé. (b) L'orifice génital des femelles doit être gonflé et protubérant, de couleur rose/rougeâtre; leur abdomen doit être arrondi et mou, dénotant ainsi la présence de gonades arrivées au stade dormant. 6. Lorsqu'il y a risque d'agressivité chez les mâles (par exemple, dans le cas des poissons chats ou de ponte incontrôlée (tilapias et carpe commune), les poissons des deux sexes doivent être placés dans des étangs distincts après avoir été sélectionnés.
Utilisation d'extraits de glande hypophyse7. Si vous souhaitez utiliser des méthodes de reproduction semi-artificielles ou artificielles, vous devez vous procurer des substances chimiques (ou hormones*) qui jouent un rôle décisif dans l'ovulation, c'est-à-dire la maturité finale des oeufs dormants, Ces substances chimiques, les gonadotropines, sont produites, accumulées et emmagasinées dans la glande pituitaire du poisson, appelée hypophyse*, pendant leur passage au stade de la maturité sexuelle. 8. Cette petite glande pituitaire se trouve dans la partie supérieure de la tête du poisson, sur le côté ventral du cerveau. La collecte de ces glandes prélevées sur des poissons parvenus à maturité ne pose aucune difficulté, de même que leur stockage en vue d'une utilisation ultérieure, si nécessaire, et l'extraction des hormones gonadotropes qu'elles contiennent, comme il sera expliqué ci-après. 9. Il est particulièrement important de recueillir les glandes pituitaires sur des poissons convenablement choisis, pour être sùr que ces glandes contiennent suffisamment de gonadotropines pour être efficaces. Il y a lieu de choisir les poissons présentant les caractéristiques suivantes:
Note: La plupart des glandes pituitaires récoltées commercialement ont été prélevées sur des poissons de taille importante, par exemple des carpes communes et des saumons. Elles peuvent aussi servir à la propagation d'autres espèces. 10. La glande pituitaire peut être prélevée sur un poisson récemment tué de deux façons: en coupant et ouvrant la tête, ou en prélevant la glande pituitaire au moyen d'une foreuse. L'utilisation d'un cadre en bois facilitera les opérations effectuées sur la tête du poisson pour la couper ou y percer un trou.
Récolte des glandes pituitaires par sectionnement de la tête11 Pour ouvrir la tête, procédez comme suit.
Prélèvement de glandes pituitaires par perforation du crâne
12. It est souvent plus facile d'utiliser une foreuse, de préférence électrique, équipée d'une mèche spéciale, éventuellement fabriquée dans un atelier local. Procédez comme suit.
(e) Extrayez la mèche de forage ainsi que le petit bouchon de matière
osseuse et de tissu qu'elle contient.
13. Vous pouvez ensuite soit utiliser cette glande immédiatement, soit la stocker en vue d'un usage ultérieur (voir paragraphes 14 et suivants). Note: Pour être sûr que la carotte prélevée contient effectivement la glande, choisissez un diamètre de mèche de forage adapté, Les diamètres appropriés sont de 2,5 cm pour des poissons d'un poids inférieur ou égal à 1 kg, de 4 cm pour ceux dont le poids est compris entre 3 et 4 kg, et de 5 à 6 cm pour les poissons de poids plus important. Stockage d'hypohyses fraîchement prélevées14. Si vous prévoyez de conserver les hypophyses pendant un certain temps, une façon simple de les traiter est la suivante. (a) Après avoir recueilli l'hypophyse, placez-la dans un petit flacon contenant de l'acétone. En extrayant l'eau et les matières grasses, ce produit aura pour effet de durcir et de protéger l'hypophyse, ainsi que les hormones qu'elle contient.
(b) Rassemblez dans le même flacon toutes les hypophyses prélevées le même jour.
(c) A peu près toutes les 8 heures, renouvelez le bain d'acétone au cours d'une période d'une durée totale de 24 heures. Ensuite, videz entièrement l'acétone.
(d) Séchez les hypophyses durcies sur du papier buvard.
(e) Placez les glandes sèches au fond de petits récipients en verre et pressez-les sous une boulette de coton hydrophyle. Obturez les récipients par des bouchons en liège hermétiques et scellez-les à la clre ou avec un produit analogue comme de la paraffine. Etiquetez-les de façon à indiquer l'origine des glandes et la date des prélèvements effectués.
(f) Placez les récipients scellés dans un sac en plastique, ou dans un dessicateur, ou encore dans un récipient étanche à l'air, en présence d'un produit dessicant, par exemple des cristaux de gel de silice ou de chlorure de calcium .
15. Les hypophyses séchées à l'acétone peuvent être stockées de cette façon en toute sécurité pendant plusieurs années, sans qu'il soit nécessaire de les réfrigérer, dans la mesure où elles sont protégées contre l'humidité. Vous pouvez également conserver au congélateur des hypophyses fraîchement prélevées. Extraction des hormones gonadotropes contenues dans les hypophyses16. Les hormones gonadotropes injectées pour provoquer l'ovulation et/ou la ponte sont extraites des hypophyses, soit immédiatement après avoir été prélevées, soit après un certain temps de stockage. Procédez comme suit. (a) Prenez le nombre de glandes nécessaires en fonction de la dose d'hormones à utiliser, selon les indications des ouvrages spécialisés mentionnés à la section 9.0 (paragraphe 7). Exemple Vous prévoyez d'injecter des extraits séchés d'hypophyse à 34 femelles (poids moyen 2 kg; deux injections chacune) et à 17 mâles (poids moyen 1,5 kg; une injection chacun), Il vous faudra les quantités suivantes d'hypophyses sèches:
(b) Préparez une solution de sel à 0,65 pour cent (solution saline): dissolvez 6,5 g de sel de cuisine ordinaire dans 1 l d'eau pure, Utilisez soit de l'eau bouillie filtrée, soit de l'eau distillée, Prenez un récipient en verre propre et mélangez soigneusement, Conservez cette solution dans une bouteille obturée au moyen d'un bouchon de liège. (c) Calculez la quantité nécessaire de solution saline d'après les indications des ouvrages cités ci-dessus.
Exemple Dans le cas de l'exemple ci-dessus, Il vous faudra probablement :
Majorez de 10 pour cent les volumes calculés ci-dessus de solution saline pour tenir compte vos pertes. (d) Broyez dans un mortier le nombre voulu d'hypophyses jusqu'à obtention d'une bouillie ou d'une poudre fine. Exemple La première série d'injections nécessitera 20,4 mg + 10 pour cent = 20,4 mg + 2,1 mg = 22,5 mg de glandes solt quelque 22,5 mg / 2,5 mg = 9 glandes finement broyées.
(e) Mesurez le volume prescrit de la solution saline à 0,65 pour cent et versez-la dans le mortier sur la bouillie ou la poudre obtenue. Il est préférable d'utiliser une seringue pour doser convenablement ces petites quantités. Exemple Pour réaliser la premiere série d'injections, mesurez 34 ml + 10 pour cent = 34 ml + 3,4 ml = 37,4 ml de la solution saline préparée au préalable
(f) Mélangez soigneusement la solution saline et les hypophyses pilées de façon que les hormones gonadotropes contenues dans le tissu glandulaire passent dans le liquide. (g) Laissez décanter, ou mieux encore, séparez le liquide supérieur (surnageant) des fragments de matières glandulaires au moyen d'une petite centrifugeuse manuelle.
Mode d'injection de la solution hormonale aux poissons17. Les géniteurs choisis doivent être préparés
en vue de l'injection hormonale. (a) Tôt le matin, choisissez dans les étangs de stabulation les géniteurs mâles et femelles qui devront recevoir une injection le jour même. Vérifiez soigneusement que les individus choisis sont prêts à la ponte, comme indiqué au paragraphe 5. (b) Transportez-les près de la zone de ponte ou dans l'écloserie. Stockez-les dans un filet ou dans un bassin avec un bon approvisionnement en eau, en maintenant mâles et femelles séparés. (c) Préparez tout le matériel nécessaire: quantités adéquates d'extrait hypophysaire; emplacement de travail propre; bassin, étang ou filet de récupération pour les géniteurs. Une fois les préparatifs terminés, préparez les poissons. (d) SI possible, anesthésiez les poissons devant recevoir une injection en les plaçant dans une solution chimique convenablement choisie de 50 à 100 l (voir section 8.7); si la taille des poissons varie trop d'un individu à l'autre, traitez-les successivement par lot de taille identique. (e) Surveillez attentivement en permanence les poissons sous sédatif et, si nécessaire, replacez-les rapidement dans une eau convenablement aérée. 18. Procédez ensuite à l'injection de la solution hormonale. (a) En fonction du poids vif de chaque géniteur, remplissez une seringue de la dose exacte requise de solution hormonale. (b) Sortez le géniteur de l'eau avec une épuisette (voir section 8.4). Posez doucement le poisson sur une surface souple et douce, par exemple un morceau de mousse de caoutchouc, et immobilisez-le à l'intérieur du filet. (c) Injectez lentement l'extrait suivant un angle de 45º :
19. Immédiatement après l'injection, replacez le poisson dans une eau convenablement aérée. Suivant la méthode de propagation utilisée, il est possible de le replacer:
Exemple
Maturation des oeufs20. Le temps nécessaire à la maturation complète des oeufs initialement formés (appelé également période d'ovulation) s'exprime d'ordinaire en nombre d'heures nécessaires à la température ambiante de l'eau. Cette indication est mesurée en degrés-heures (dh). 21. Pendant la période d'ovulation, vous devez mesurer la température
de l'eau (en °C) à la fin de chaque heure et ajouter les valeurs obtenues
successivement. Lorsque vous êtes sur le point d'atteindre le nombre de
degrés-heures prescrit (voir exemple ci-dessous), vos poissons sont prêts
à pondre. Exemple Des géniteurs de carpes communes reçoivent l'injection décisive d'hypophyse à 20 h. Mesurez toutes les heures la température de l'eau du bassin où ils sont stockés.
Le lendemain matin à 6 h, le nombre total de degrés-heures devrait atteindre 239,6º, ce qui est très proche du nombre nécessaire dans ce cas particulier, soit 240 à 260º. Il faut alors commencer à surveiller attentivement les poissons. 22. Le nombre de degrés-heures prescrit dépend:
23. L'expérience devrait vous apprendre à mieux estimer le nombre de degrés-heures nécessaire dans chaque cas particulier. Exemple Le nombre de degrés-heures nécessaires dans différentes circonstances si l'on veut atteindre la pleine maturité des oeufs dans l'intervalle de température optimale (voir tableau 24) est indiqué ci-dessous:
9.2 Ponte induite et récolte des oeufsChoix de l'emplacement de la ponte induite1. La ponte induite peut avoir lieu dans différents types d'enclos de ponte (ou frayères), par exemple:
Empoissonnement de la frayère2. Il est toujours préférable d'introduire un plus grand nombre de mâles (M) que de femelles (F) dans la frayère, par exemple (1 F / 2 ou 3 M) ou ( 2 F / 3 M) ou (3 F / 4 M), afin d'assurer une reproduction efficace 3. Le nombre total de géniteurs à placer dans la frayère dépend des dimensions de celle-ci et de la taille des géniteurs. Exemple Une frayère de 2 m2 de surface peut recevoir une population de géniteurs de carpes communes constituée comme suit:
4. Dès que la ponte a eu lieu, les géniteurs sont habituellement retirés de la frayère et stockés dans un étang en vue d'une utilisation ultérieure.
Récolte des oeufs fécondés5. Le choix de la méthode à utiliser pour récolter les oeufs fécondés après la ponte dépend du type d'oeufs obtenus. (a) Les oeufs non adhésifs, tels que les oeufs flottants de carpes chinoises et le oeufs semi-flottants de carpes indiennes, sont faciles à recueillir soit à l'intérieur de la frayère si celle-ci n'est pas trop grande, au moyen d'une épuisette à mailles fines, soit à l'extérieur en filtrant l'eau évacuée à travers une nappe de filet à mailles fines. (b) Les oeufs adhésifs, tels que ceux de la carpe commune et des poissons-chats, doivent être recueillis au moyen de dispositifs de collecte des oeufs décrits aux paragraphes 6 à 8 et illustrés ci-contre. Après la ponte, ces collecteurs garnis d'oeufs adhésifs sont généralement transférés dans un autre enclos où ont lieu l'incubation et l'éclosion (voir section 9.3).
Fabrication de dispositifs simples pour la collecte d'oeufs adhésifs6. Pour récolter des oeufs adhésifs, il peut suffire d'utiliser des plantes aquatiques immergées récemment cueillies et propres, telles que Elodea, Hydrilla ou Najas ou encore les racines de végétaux flottants tels que la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes). Placez dans la frayère une quantité de végétaux sensiblement égale au double du poids des femelles qui s'y trouvent, ou encore une quantité suffisante pour recouvrir à peu près la surface de la frayère.
7. Avec les matériaux disponibles sur place, on peut également confectionner soi-même, à moindre frais, un type de collecteur particulier (appelé kakaban en Indonésie). Procédez comme suit. (a) Prenez des matières végétales fibreuses (environ 40 cm de long), telles que des feuilles de palmier, des petites branches de pin ou de longues herbes sèches. (b) Prenez des perches de bambou de 4 à 5 cm de diamètre et d'environ 1,20 m de long. Fendez-les en deux dans le sens de la longueur; faute de bambou, vous pouvez utiliser des piquets en bois. (c) Introduisez le matériel végétal dans les perches de bambou fendues. Fixez-le soigneusement en assemblant solidement les deux moitiés de tiges de bambou. 8. Ces collecteurs sont montés ensemble de façon à former une sorte de radeau que l'on peut installer légèrement au-dessus du fond de l'étang, au moyen de deux longues perches fixées à l'aide de piquets et de cordages. Les collecteurs d'oeufs peuvent aussi être posés sur un bâti léger constitué de piquets, à 20 ou 30 cm audessus du fond de l'étang. Il faut prévoir environ 5 m² de kakaban par kilogramme de géniteurs femelles.
9.3 Incubation et éclosion des oeufsDéveloppement des oeufs de poisson1. Le développement des oeufs commence dès qu'ils ont été fécondés et qu'ils se trouvent au contact de l'eau. Il se déroule par étape jusqu'à éclosion des larves de poissons. Il s'agit de la période d'incubation. Noté: Le caractère adhésif de certains oeufs, comme ceux de la carpe commune, du poisson-chat africain et des tilapias qui pondent sur substrat, apparaît également dès que ce type d'oeufs se trouve au contact de l'eau. Il devient particulièrement marqué de 30 à 60 secondes après. 2. L'incubation comporte trois phases principales de développement des oeufs. (a) La phase de gonflement de l'oeuf (voir stades 1, 2 et 3 ci-dessous): les oeufs secs fécondés absorbent de l'eau pour s'hydrater et l'espace périvitellin se développe. Dans le noyau de l'oeuf, le pôle animal apparaît à la partie supérieure du vitellus. Les oeufs se développent en volume (oeufs gonflés humides) et deviennent plus gros que les oeufs secs (voir tableau 22). (b) La phase de division cellulaire et de développement du germe (voir 4, 5, 6 et 7): le pôle animal monocellulaire se subdivise en 2, 4, 8, 16 et 32 cellules successivement, toutes disposées en une seule couche. Des divisions cellulaires ultérieures produisent un blastoderme en plusieurs couches (voir 5) au terme de la phase morula*. Cette étape est suivie des étapes ci-dessous:
(c) La phase de développement de l'embryon (voir 8): l'embryon du poisson se forme autour du vitellus. La tête et la queue sont formées, et on peut distinguer les yeux. Les mouvements s'intensifient jusqu'à ce que la coquille de l'oeuf soit rompue et que l'éclosion se produise. Note: Les oeufs sont dits "embryonnés" dès qu'on peut distinguer les yeux de la larve, sous la forme de deux points noirs
Note: Lorsqu'un oeuf fécondé à sec est placé dans l'eau, il prend une forme arrondie (1) et peu de temps après il commence à gonfler (2). L'eau s'infiltre entre la coquille et le noyau de la cellule (pôle animal et masse vitelline), créant ainsi l'espace périvitellin. Lorsque la phase de gonflement est terminée (3), le pôle animal du noyau forme une petite protubérance sur la masse vitelline. Il se divise (4), puis se divise à nouveau pour atteindre les phases morula (5), blastula (6) et gastrula (7). L'embryon apparait finalement et on peut distinguer la queue, la tête et les yeux (8). Il se transforme alors en larve, brise la coquille et éclôt (voir les différentes phases du développement des larves à la section 9.4). 3. Le bon développement de l'oeuf exige un environnement favorable, propre à l'espèce considérée:
4. Vous devez pouvoir distinguer les oeufs en mauvais état des oeufs sains (voir tableau ci-dessous). Si possible, triez et enlevez les oeufs morts puisqu'ils risquent de devenir une source d'infection fongique et bactérienne des oeufs vivants (voir section 15.2).
Note: Les oeufs de poisson sont particulièrement sensibles aux perturbations pendant la phase de division cellulaire du pôle animal et jusqu'à la fin du stade morula. Aussi convient-il particulièrement de commencer l'incubation des oeufs aussitôt que possible après leur fécondation, et de ne pas les transporter tant qu'ils sont vulnérables.
Durée de la période d'incubation5. Le temps nécessaire pour que l'oeuf fécondé se transforme en larve dépend principalement de l'espèce considérée, ainsi que de la température et de la teneur en oxygène dissous de l'eau. On l'exprime communément en degrés-jours, indication égale à la somme des températures quotidiennes moyennes de l'eau pendant la période d'incubation, suivant un mode de calcul analogue à celui utilisé pour déterminer la maturation des oeufs chez les géniteurs femelles (voir section 9.1). 6. Il est possible d'estimer la durée de la période d'incubation aux températures de l'eau voisines des valeurs optimales, d'après les indications du tableau 23. Il ne faut pas oublier que la période est d'autant plus courte que la température de l'eau est plus élevée à l'intérieur de cet intervalle de variation. Note: Evitez les températures trop élevées, susceptibles de provoquer des déformations et un faible taux de survie des oeufs; il est généralement préférable d'incuber les oeufs plus lentement pour obtenir une meilleure qualité des larves.
Choix d'un dispositif d'incubation des oeufs7. Il existe différents types d'incubateurs. Choisissez le type le mieux adapté à vos besoins en fonction des facteurs suivants:
Note: Le caractère adhésif des oeufs peut être supprimé grâce à un traitement utilisant certains produits chimiques (voir ouvrages spécialisés). 8. La consultation du tableau 24 devrait faciliter le choix du type d'incubateur le plus approprié. La lecture des paragraphes suivants vous fournira des indications supplémentaires concernant chacun de ces incubateurs.
Enclos simples comme incubateurs9. Les enclos simples tels que les hapas et les caisses grillagées peuvent servir à incuber les oeufs adhésifs recueillis sur des kakabans (voir section 9.2). (a) Les hapas sont de préférence en tissu synthétique et ont des dimensions hors tout d'environ 2 m x 1 m x 1 m de hauteur. L'ouverture des mailles doit être suffisamment fine (environ 0,5 mm) pour empêcher les larves qui éclosent de s'échapper. La partie supérieure de la poche de tissu est montée sur de minces cordelettes. Les angles du haut et du bas sont fixés à des bambous ou à des piquets en bois solidement enfoncés dans le fond d'un plan d'eau peu profond. (b) Les caisses grillagées sont constituées d'un solide bâti en bois auquel du treillis métallique ou de la toile moustiquaire en matière plastique est fixée de façon à former un enclos cubique ou rectangulaire. Des supports sont placés sur les deux côtés de manière qu'on puisse disposer horizontalement un ou plusieurs kakabans; ces caisses sont placées dans un plan d'eau statique peu profond pendant la période d'incubation. 10. Il convient de couvrir l'enclos d'incubation, afin d'éviter l'action prédatrice des oiseaux et des grenouilles. 11. Il est préférable de transférer les kakabans garnis d'oeufs adhésifs pour les placer dans ces enclos d'incubation au cours de la première soirée après la ponte. Si la ponte a lieu de nuit, ce transfert peut s'effectuer de 8 à 10 heures après, à l'aube. Les distances de transport doivent être courtes et les kakabans doivent être recouverts d'un tissu humide. 12. Après l'éclosion des larves, retirez les kakabans des enclos d'incubation, nettoyez-les soigneusement et séchez-les. Il est possible de les réutiliser à plusieurs reprises. Note: L'incubateur représenté ci-contre est facilement transportable d'un endroit à l'autre puisque le cadre en bois et les piquets forment un ensemble. Ce cadre en bois n'est cependant pas toujours nécessaire, et il est possible de n'enfoncer dans le fond de l'étang que la série de piquets pour supporter l'enclos en filet (voir illustration ci-après).
Enclos doubles comme incubateurs13. Vous pouvez facilement fabriquer vous-même un hapa à double parol en ajoutant un hapa intérieur destiné à contenir les oeufs. (a) Pour le hapa extérieur, utilisez une maille très fine (0,5 mm), en coton ou en tissu synthétique, afin de retenir les larves écloses; 2 m x 1 m x 1 m de haut sont de bonnes dimensions. Fixez ce hapa aux quatre piquets d'angle plantés au fond d'un plan d'eau statique. (b) Pour le hapa intérieur, utilisez une maille plus grande
(2 à 2,5 mm), par exemple de la toile moustiquaire en nylon à mailles
rondes; 1,50 m x 0,80 m x 0,50 m de haut sont de bonnes dimensions.
14. Installez cet incubateur en eau peu profonde. Etalez les oeufs fécondés de façon uniforme sur le fond du hapa intérieur. Au moment de l'éclosion, les larves tombent dans le hapa extérieur, laissant derrière elles les coquilles d'oeufs et les oeufs morts dans le hapa intérieur. Retirez celui-ci dès que l'éclosion est terminée. Il convient de limiter l'action prédatrice des oiseaux et des grenouilles en couvrant le dessus de l'incubateur. Note: Cet incubateur est semblable à celui de la page 76. Il peut également être réalisé à partir d'une série de piquets enfoncés dans le fond d'un étang, comme indiqué à la ci-dessous.
Bacs ou auges d'incubation15. Une simple auge de 1 à 3 m de long, de 0,30 à 0,50 m de large et d'environ 0,30 m de profondeur, en bois, en fibre de verre ou en métal permet d'incuber différents types d'oeufs. L'eau pénètre à une extrémité et s'écoule par I'autre.Il faut prévoir un débit suffisant pour fournir I'oxygène nécessaire et emporter les déchets tout en évitant un débit trop fort. Placez les oeufs de la façon suivante. (a) Les oeufs adhésifs peuvent être étalés en une couche sur la moitié aval du fond de I'auge. (b) Les ooeufs adhésifs peuvent également être incubés sur leur collecteur placé dans I'auge. (c) Les oeufs non adhésifs, tels que les oeufs de truite, doivent être suffisamment lourds pour ne pas être emportés par le courant d'eau. Veillez à ce que celui-ci se répartisse uniformément à travers I'auge et ne soit pas trop fort. Disposez les oeufs en les écartant du point d'arrivée d'eau, en une seule couche.
16. Il est possible d'améliorer nettement cette auge simple en y plaçant une claie d'incubation destinée à recevoir les oeufs fécondés. Pour réaliser une telle claie, procédez comme suit:
Seaux d'incubation17. Vous pouvez facilement réaliser ce type d'incubateur avec un récipient largement ouvert, par exemple une jarre en terre ou un seau en plastique. (a) Environ 5 cm au-dessus du fond, placez un tamis destiné à retenir les oeufs non adhésifs à l'intérieur du récipient. (b) Fixez à l'intérieur du couvercle du récipient une grille à mailles fines empêchant les larves écloses de s'échapper. (c) Dans l'axe du récipient, fixez un tube vertical (d'environ 1 cm de diamètre intérieur). Il doit dépasser légèrement le tamis du fond. Raccordez-le à sa partie supérieure à l'arrivée d'eau. 18. Les oeufs fécondés sont introduits dans le récipient. Le débit d'eau est réglé de façon que les oeufs restent en suspension et se déplacent très lentement pendant les deux premières phases de développement. Le débit d'eau est légèrement augmenté lorsque les oeufs atteignent le stade embryonné (apparition des yeux).
Transformer une bouteille en incubateur19. Il existe de nombreux endroits où l'on peut se procurer des bouteilles en plastIque de 1 à 2 l, souvent utilisées comme contenant de boissons gazeuses. Elles peuvent facilement être transformées en incubateurs. 20. Nettoyez soigneusement la bouteille et sectionnez la base. Taillez une encoche dans le bord supérieur pour assurer l'évacuation de l'eau, si nécessaire. 21. Utilisez la bouteille comme suit:
22. Il est également possible d'utiliser la bouteille sans tuyau d'arrivée d'eau inférieur. (a) Maintenez le bouchon fileté en place et faites passer l'eau par un petit tube de la partie supérieure de la bouteille jusqu'à proximité du fond. La partie inférieure du tube se trouve près de la base de la bouteille. En règle générale, il n'est pas nécessaire d'installer un écran filtrant. (b) Installez la bouteille sur un support approprié comme dans le cas précédent. En l'occurrence, le fond de la bouteille peut reposer directement sur la base du support, puisqu'il n'y a aucun tuyau en dessous.
Incubateurs verticaux à entonnoir23. Ces incubateurs sont disposés de façon que l'eau pénètre par le fond, circule verticalement de bas en haut et sorte par la partie supérieure. Le courant d'eau maintient la masse des oeufs en suspension en lui imprimant un léger mouvement continu, sur une partie de la hauteur de la colonne d'eau. 24. Il existe deux principaux types d'incubateurs verticaux, selon la forme de l'entonnoir:
25. Les incubateurs verticaux à entonnoir sont les dispositifs le plus souvent utilisés pour les oeufs non adhésifs et lorsque la couche adhésive des oeufs a été enlevée. Il est possible d'utiliser divers matériaux pour les fabriquer:
Leur contenance en eau varie entre 6 et 10 l jusqu'à plus de 100 l. 26. Ces incubateurs doivent toujours être placés verticalement:
Note: Dans certains cas, il convient de prévoir un dispositif de drainage pour l'eau évacuée des incubateurs. Il est possible d'installer à cet effet une gouttière constituée par exemple d'un tuyau de matière plastique ou d'un segment de tige de bambou coupé en deux dans le sens de la longueur.
27. Il est possible de se procurer auprès de fournisseurs spécialisés en matériel piscicole des jarres d'incubation de fabrication industrielle, munies de dispositifs d'arrivée d'eau et de drainage. Leur coût risque toutefois d'être élevé Pour faire des économies, vous pouvez les réaliser vous-même en utilisant les matériaux disponibles sur place, comme indiqué ci-dessous.
Fabrication d'un incubateur vertical à entonnoir simple, en plastique(Adapté de E. Woynarovich, 1975. Elementary guide Io fish culture ln Nepal, p. 80-81. Rome, FAO.) 28. Vous pouvez réaliser un incubateur vertical à entonnoir simple avec une feuille ou une gaîne de matière plastique résistante. Ci-dessous figure une liste de matériaux permettant de réaliser un incubateur d'une capacité de 8 à 10 l (15 à 16 cm de diamètre).
29. Procédez de la façon suivante. (a) Découpez le gainage en plastique comme indiqué, de manière à obtenir deux cônes. (b) Si vous n'avez pas de gainage en plastique, utilisez des feuilles de plastique planes et découpez-les comme indiqué. (c) Assemblez par de petits points de couture (par exemple de 3 mm) les lignes indiquées, de façon à obtenir des surfaces coniques, en les faisant chevaucher de 1 cm. Il est également possible d'utiliser des agrafes, mais elles dureront moins longtemps. (d) Emboîtez les deux entonnoirs l'un dans l'autre, de manière que les bords d'assemblage soient diamétralement opposés. (e) Maintenez fermement le cercle de fil de fer entre les deux feuilles de plastique à la partie supérieure de l'entonnoir. Cousez-le en place à la main, avec du fil solide. (f) Repliez la double couture réalisée à la partie supérieure de l'entonnoir sur le fil de fer et vers l'extérieur, puis percez quatre trous à travers le plastique sous l'anneau, par exemple au moyen d'un clou porté à une température suffisante. Fixez-y deux boucles de ficelle. (g) Placez la pomme d'arrosage à l'intérieur de l'entonnoir, au fond. Fixez-la avec une pince. Sinon, placez un morceau de tissu grossier sur l'extrémité du tuyau d'arrivée d'eau. (h) Enfoncez l'extrémité du tuyau d'arrivée d'eau dans la tige de la pomme d'arrosage. (i) Fixez solidement avec de la ficelle le fond de l'entonnoir autour du tuyau. (j) Suspendez l'entonnoir avec de la ficelle ou des cordes à un support, au moyen des deux boucles. L'incubateur est maintenant prêt à l'usage.
Fabrication
d'un incubateur vertical à entonnoir de qualité, en plastique et en tissu
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31. Procédez comme suit.
(a) Préparez la partie conique inférieure de l'incubateur découpez une pièce plus ou moins grande dans la feuille plastique de suivant un tracé circulaire de 45 cm de rayon comme indiqué. Assemblez par points de 3 mm les deux côtés rectilignes de la pièce de matière de façon à laisser un bord de 1 cm.
(b) Préparez la partie cylindrique de l'incubateur:
(c) Fixez la partie cylindrique supérieure à la partie conique inférieure: cousez-les ensemble par plusieurs rangées de points de 3 mm. Veillez à ce que la couture soit à l'extérieur.
(d) Fixez l'anneau supérieur à la toile: retournez vers l'extérieur le bord supérieur du cylindre en l'enroulant autour de l'un des anneaux de fil de fer. Cousez-le solidement à la main.
(e) Fixez deux paires de boucles (ficelle, cordelette) autour de l'anneau pour pouvoir suspendre l'entonnoir verticalernent.
(f) Cousez des morceaux de ruban de 15 cm de long autour de la partie médiane de l'incubateur au point de jonction de la partie conique et de la partie cylindrique. Fixez le deuxième anneau de fil de fer autour de l'incubateur au moyen de ces rubans
(g) Fabrication du régulateur de débit d'eau :
Note: Au lieu d'un régulateur d'eau à double entonnoir, vous pouvez également utiliser une pomme d'arrosoir suivant les indications relatives au type d'incubateur précédent
(h) Ajoutez l'orifice de collecte des larves (particulièrement important dans le cas d'oeufs flottants):
(i) L'incubateur est maintenant prêt à l'usage. Accrochez-le verticalement par les deux boucles en ficelle à un support surélevé, à l'intérieur d'un bac contenant de l'eau. Fixez un poids à la partie inférieure. Reliez le tuyau d'arrivée d'eau à l'alimentation en eau, par l'intermédiaire d'un robinet régulateur de débit. Réglez le niveau d'eau du bac de manière qu'il reste en permanence légèrement au-dessous de l'anneau supérieur de l'incubateur.
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H Utilisation de l'entonnoir
d'incubation
suspendu verticalement à l'intérieur d'un bac rempli d'eau |
32. Vous avez appris plus haut à distinguer les oeufs fécondés de bonne qualité des oeufs défectueux. Dès que le développement de l'oeuf parvient au stade de la fermeture du blastopore (voir paragraphe 2 ci-dessus), vous devez si possible sortir de l'incubateur les oeufs défectueux. Aux stades suivants, vous souhaiterez aussi sans doute enlever les détritus tels que les coques d'oeufs au fur et à mesure de l'éclosion.
33. Cette tâche est relativement aisée dans le cas d'oeufs non adhérents Incubés dans une auge ou dans un incubateur vertical transparent, au moyen d'un tube de siphonnage. Procédez comme suit:
(a) Prenez un segment de tube (de 1 à 1,5 cm de diamètre) d'une longueur au moins double de la hauteur de l'incubateur.
(b) Introduisez l'extrémité de ce tube dans la couche d'eau supérieure de l'incubateur.
(c) Tout en maintenant l'autre extrémité du tube nettement au-dessous du niveau de la première extrémité, aspirez l'eau du tube pour amorcer le siphon et déversez l'eau dans un seau.
(d) Siphonnez les oeufs défectueux un par un en déplaçant lentement l'extrémité supérieure du tube de siphonnage dans l'incubateur.
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34. Le nombre d'oeufs qu'on peut incuber dans un incubateur dépend de la taille individuelle des oeufs gonflés (voir tableau 22). Il dépend en outre de la surface disponible pour étaler les oeufs en une seule couche, ainsi que du volume d'eau utilisable dans l'incubateur.
(a) Dans la poche intérieure d'un incubateur à double paroi en tissu (hapa de 1,5 x 0,8 = 1,2 m²), il est possible d'étaler de 50 000 à 100 000 oeufs de carpes indiennes de manière uniforme.
(b) Dans les claies d'une auge d'incubation, il est possible d'étaler de 400 à 600 oeufs de truite (de 4 à 5 mm de diamètre) par 100 cm² de surface, soit quelque 50 000 oeufs par m2 de surface d'eau.
(c) Dans un seau d'incubation de 10 l, il est possible d'incuber environ 100 000 oeufs de truite.
(d) Dans un incubateur vertical à entonnoir, il est préférable de ne remplir la partie conique qu'à 30 à 50 pour cent de sa capacité, surtout pour l'élevage d'oeufs flottants plus délicats.
35. Pendant la période d'incubation, il convient de régler le débit d'eau suivant le stade de développement des oeufs (voir paragraphe 2).
(a) Pendant le gonflement des oeufs, le débit d'eau doit être au minimum. Dans les incubateurs à entonnoir, il doit être juste suffisant pour permettre à la masse d'oeufs de se déplacer très lentement dans la partie inférieure de l'incubateur.
(b) Depuis le stade de division cellulaire initiale jusqu'à la fin du stade morula, le débit d'eau doit être légèrement augmenté. En cas d'utilisation d'un incubateur à entonnoir, il faut veiller à ce que la masse d'oeufs continue de se déplacer lentement dans la partie inférieure de l'incubateur.
(c) Depuis le stade blastula jusqu'au moment où les oeufs sont embryonnés (yeux visibles), il faut à nouveau augmenter légèrement le débit d'eau. Dans un incubateur à entonnoir, veillez à ce que la masse d'oeufs continue de se déplacer un peu plus vite et dans un volume légèrement plus important de l'incubateur.
(d) Depuis le stade de l'oeuf embryonné jusqu'à l'éclosion, le débit d'eau doit être à nouveau augmenté afin de répondre aux besoins en oxygène des embryons qui se développent. Dans un incubateur à entonnoir, la masse d'oeufs doit se déplacer plus vite et dans environ la moitié du volume total de l'incubateur.
Exemple
De quels débits d'eau aurez-vous besoin? .
(a) Incubation d'oeufs de truites dans une auge :
(b) Pour des oeufs de carpes chinoises dans un incubateur cylindro-conique en plastique et tissu, il faudra:
(c) Pour des oeufs de carpe commune incubés en jarres de verre de 7 l, il faudra environ:
Débit d'eau dans des jarres cylindro-coniques
de 7 l pour oeufs de carpe à différents stades de développement
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Notes: Pendant les 10 premières heures, le débit d'eau doit être réglé successivement à des valeurs allant de 0,2 à 0,4 l/min pendant la phase de gonflement des oeufs (1) et de 0,6 à 0,8 I/min pendant les phases de division cellulaire/morula (2). Lorsque la phase blastula a commencé, Il faut augmenter le débit d'eau pour le porter à 1-1,2 l/min (3). Enfin, lorsque la queue, les yeux et la pigmentation des embryons sont visibles, le débit doit être augmenté à une valeur comprise entre 1,5 et 2 l/min (4).
9.4 Elevage des larves |
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1. L'élevage des larves intervient depuis l'éclosion des oeufs jusqu'au moment où les larves:
Les larves deviennent alors ce qu'on appelle généralement de jeunes alevins. Développement des larves de poissons2. Cette période larvaire est marquée essentiellement par le développement des organes alimentaires et respiratoires. Le sac vitellin fournit les substances nécessaires à la croissance et au développement. Sa taille diminue progressivement jusqu'à disparition complète, un peu après que les larves ont commencé à absorber de la nourriture extérieure. La durée de cette période dépend donc généralement dans une large mesure de la taille initiale du sac vitellin, qui varie d'une espèce à l'autre, et de la vitesse de développement des larves, laquelle dépend avant tout de la température de l'eau. Pour chaque espèce, il existe un intervalle optimal de température, analogue à celui qui a été défini pour l'incubation des oeufs (voir tableau 23). De même, la durée de la période d'élevage des larves est définie en degrés-jours (dj), comme la période d'incubation (voir section 9.3). Cette durée est généralement de trois à quatre jours pour la plupart des poissons d'eau chaude, mais elle est plus importante pour les poissons d'eaux plus froides. Exemple Durée de la période d'élevage des larves à la température optimale. (a) Eau froide:
(b) Eau chaude : |
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3. L'élevage des larves exige que les conditions suivantes soient réunies:
4. Il faut en outre prévoir un dispositif d'élevage adapté au comportement spécifique des larves:
Note: Le comportement des larves peut varier au cours de leur développement. Il vous faudra modifier les conditions d'élevage en conséquence.
Comportement des larves
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5. Il existe plusieurs types de dispositifs d'élevage des larves correspondant à différentes conditions ambiantes.
(a) Des enclos en eau statique doivent être utilisés de préférence pour des larves particulièrement mobiles. Choisissez leur emplacement dans le plan d'eau de façon à bénéficier des courants créés par le vent (voir section 2.5), ce qui favorise une bonne oxygénation de l'eau dans les enclos. Il convient de nettoyer régulièrement les mailles des parois afin de maintenir un bon renouvellement de l'eau. Ces enclos ont été décrits plus haut (voir section 9.3), par exemple:
(b) Des enclos en eau courante sont également à préférer pour des larves très mobiles en raison du danger lié au manque d'oxygène dissous dans certaines parties des enclos. Il est facile d'en confectionner un en procédant comme suit:
(c) Des auges alimentées par de l'eau courante, qui conviennent aussi aux larves actives, sont semblables à celles décrites ci-dessus (voir section 9.3). En cas d'utilisation pour l'incubation, les claies intérieures sont retirées une fois l'éclosion terminée et les larves sont élevées dans les auges; le débit d'eau doit alors être maintenu à environ 3 à 5 I/min.
(d) Des petits bassins sont également utilisables pour les larves actives; ils sont généralement de forme circulaire ou carrée à angles arrondis, construits en plastique renforcé de fibres de verre, en tôle ondulée, ou encore formés d'un châssis de bois ou de métal couvert à l'intérieur de PVC renforcé ou de butyl. Ces bassins ont généralement de 1 à 4 m de diamètre et 80 cm de profondeur. La profondeur d'eau varie de 10 à 50 cm. Le débit est d'environ 1 à 2 I/min par kilogramme de larves. Chaque mètre cube peut contenir jusqu'à 5 kg de larves.
(e) Des dispositifs d'élevage en entonnoir conviennent particulièrement bien pour les larves passives qui restent au fond ou se déplacent peu. Ils peuvent être obtenus auprès d'entreprises spécialisées (jarres d'alevinage) ou être fabriqués sur place à partir de divers types de matériaux, par exemple de tissu, de matière plastique ou de fibre de verre (voir paragraphes 7 à 9). Faites bien attention à deux points particulièrement importants pour l'élevage des larves:
6. Ces entonnoirs fonctionnent comme indiqué plus haut pour l'incubation des oeufs (voir section 9.3), mais leur taille est généralement plus importante.
7. Pour élever des larves, vous pouvez réaliser un dispositif semblable à celui décrit à la section 9.3, mais plus grand. Une fois terminé, ce dispositif est également suspendu verticalement dans l'eau. Vous trouverez ci-dessous une liste de matériaux à utiliser pour fabriquer un dispositif d'élevage d'une capacité de 200 l (60 cm de diamètre).
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Note: Il faudra un débit d'eau d'environ 12 à 15 I/min dans ce type d'entonnoir d'élevage. |
8. Une jarre autonome d'élevage des larves pouvant contenir jusqu'à 500 000 larves peut être fabriquée facilement en fibre de verre, au moyen d'un moule. Utilisez les dimensions indiquées pour réaliser un modèle de 200 l. A la partie supérieure de la jarre. Installez un cadre léger soutenant un anneau de filtrage constitué d'un tissu filtrant synthétique dont les mailles ont de 0,2 à 0,4 mm. Collez la partie inférieure de ce filtre à la paroi de la jarre, au moyen d'une colle résistante à l'eau, à environ 10 cm au-dessous du rebord. Faites reposer la jarre verticalement sur un trépied solide constitué de barres de fer soudées, protégées de la rouille par plusieurs couches de peinture. Veillez à ce que la partie supérieure de la jarre soit parfaitement horizontale pour que l'eau puisse s'écouler sur tout le pourtour.
Jarre d'élevage des larves en
fibre de verre
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9. En cas d'utilisation de cette jarre de grande dimension, il est indispensable d'avoir un débit constant d'alimentation en eau de 12 à 15 l/min et de nettoyer régulièrement l'anneau filtrant comme suit:
Dimensions suggérées pour la fabrication
d'une
jarre en fibre de verre de 200 l de capacité |
Nettoyez régulièrement l'anneau de filtration
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10. Dans le cas de certains poissons, par exemple les carpes chinoises, il est possible de transférer automatiquement les larves récemment écloses directement dans un dispositif d'élevage, par la technique dite du "swimming out",. A cet effet, Il est possible d'utiliser trois dispositifs à entonnoir en plastique et en tissu (voir section 9.3 et ci-dessus), placés dans un récipient rempli d'eau. Sitôt l'éclosion commencée, procédez comme suit:
(a) Abaissez le niveau d'eau immédiatement en dessous de l'anneau-support du tissu filtrant des incubateurs à entonnoir, de façon que les orifices de sortie des larves se trouvent juste au-dessous de la surface de l'eau du récipient.
(b) Installez un dispositif d'élevage des larves de plus grande dimension à un niveau inférieur, entre les deux incubateurs à entonnoir.
(c) Reliez l'orifice d'évacuation des larves de chacun de ces incubateurs à un orifice d'entrée ménagé dans le dispositif central d'élevage des larves, au dessus de l'anneau-support du tissu filtrant.
11. Si vous n'utilisez pas cette méthode, il vous faudra sortir les larves de l'incubateur d'une autre façon.
(a) Une fois l'éclosion terminée, siphonnez doucement les larves hors de l'incubateur. Veillez à placer l'extrémité inférieure du tube de siphonnage sous le niveau de l'eau dans le récipient de transfert.
(b) A la fin de la période d'élevage des larves, siphonnez de manière analogue les jeunes alevins hors du dispositif d'élevage ou utilisez une épuisette à mailles fines.
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1. Maintenant que vous connaissez les principaux éléments dont l'écloserie est constituée, à savoir les jarres, les auges, les bassins, etc., vous pouvez envisager de concevoir une petite écloserle proprement dite pour assurer la production nécessaire. La réalisation de cette écloserle exigera les moyens suivants
2. Avant de décider des détails de conception et d'agencement de votre écloserie, il convient de bien réfléchir à différents aspects.
(a) Examinez le ou les sites éventuels disponibles. Vérifiez la superficie disponible et son relief (voir Pisciculture continentale., la topographie) et les possibilités d'approvisionnement en eau (voir Pisciculture continentale., l'eau). Réfléchissez aux ouvrages dont vous pourriez avoir besoin (voir Pisciculture continentale: les étangs et leurs ouvrages).
(b) Déterminez les besoins généraux de votre écloserie, afin de définir son type, son importance et son agencement, en tenant compte des facteurs suivants:
(c) Elaborez un programme d'empoissonnement et de production fondé sur le type d'informations mentionnées au cours de ce chapitre: nombre et taille des géniteurs, oeufs et alevins, types et dimensions des équipements et capacité de production, besoins en eau correspondants, etc. Consultez par exemple le tableau 25a et, compte tenu de l'espèce produite et du type d'équipement à utiliser, estimez:
(d) Poursuivez l'étude de ce programme d'empoissonnement et de production, compte tenu des données concernant la disponibilité de géniteurs, le moment, de la ponte, le moment de l'éclosion et les périodes de première alimentation exogène et d'élevage initial, de façon à établir une ébauche de programme d'exploitation (voir deux exemples ci-dessous). Chaque séquence (ponte, éclosion, élevage des larves, etc.) peut être définie comme un lot ou un cycle.
(e) Examinez le calendrier d'un tel lot ou cycle et demandez-vous si vous allez opérer avec un seul lot par saison ou par année, ou avec plusieurs (le cas échéant pour des espèces différentes). Ainsi, lorsqu'un lot est terminé dans un bassin ou un incubateur, ce bassin ou cet incubateur peut être nettoyé et utilisé pour le lot suivant. De cette façon, les équipements que vous aurez installés vous permettront de produire davantage. Préparez enfin la version définitive de vôtre programme d'exploitation.
(f) Assurez-vous que l'espace et l'approvisionnement en eau disponibles suffiront en première approximation aux besoins de la production prévue. Le tableau ci-dessous pourra fournir des indications utiles. Le cas échéant, modifiez en conséquence les programmes établis en changeant soit les objectifs de votre production, soit le nombre de cycles, La production prévue pourrait être réalisée par exemple avec des installations moins importantes, mais à raison d'un nombre accru de cycles.
PLAN DEXÉCUTION
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PLAN D'EXÉCUTION
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3. Après avoir estimé le nombre et la taille de chacun des éléments nécessaires à l'écloserie, il est possible d'en définir l'emplacement et la disposition relative. A cet effet, il convient d'examiner les points suivants.
(a) Le tableau ci-contre peut aussi vous servir à évaluer les superficies intérieures totales nécessaires pour les bassins de stabulation et les bassins de ponte, l'équipement d'écloserie, les systèmes d'approvisionnement en eau, l'espace réservé aux voies d'accès, les zones de stockage et de travail et, le cas échéant, I'espace réservé à un petit bureau/laboratoire, l'ensemble constituera l'écloserie principale, Dans la plupart des cas, celle-ci est installée dans un seul et unique bâtiment, bien que les systèmes plus importants et plus complexes puissent comporter plusieurs bâtiments, par exemple une unité réservée aux géniteurs, une unité d'éclosion et une unité d'entretien/stockage.
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Note: L'espace nécessaire tient compte des canalisations, des supports, etc. N'oubliez pas de prévoir l'espace nécessaire aux accès - personnel de l'écloserie, filets, bacs, etc. -, ainsi que l'espace de stockage et les dégagements nécessaires pour l'entretien de la robinetterie.
(b) Estimez les superficies extérieures nécessaires pour les étangs de géniteurs, les installations de conditionnement ou de reproduction, les installations d'élevage des larves et jeunes alevins et les voies d'accès. Identifiez les zones qu'il convient d'implanter à proximité de l'écloserie principale et qui, le cas échéant, doivent être partiellement abritées et/ou clôturées.
(c) Examinez le ou les sites disponibles et définissez un emplacement adapté et pratique, suffisamment étendu pour qu'on puisse y installer les différentes zones prévues, mais offrant une configuration raisonnablement concentrée, facilitant l'agencement du système d'alimentation en eau et des voies d'accès, et conforme aux exigences de sécurité. Déterminez l'emplacement du bâtiment de l'écloserie proprement dite.
(d) Faites un croquis des implantations réelles prévues sur le site choisi; dessinez en particulier l'implantation interne de l'écloserie, en vous rappelant que:
Exemple
Les dimensions types d'une écloserle destinée à la production de jeunes alevins de carpes communes (voir exemple précédent à la page 105) ou d'alevins de tilapias sont résumées dans la tableau ci-contre.
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COUPE AA
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4. L'organisation de l'alimentation en eau de l'écloserie présente une importance particulière pour son bon fonctionnement. Certains des aspects à prendre en considération sont les suivants: .
(a) Il est possible d'utiliser une alimentation en eau par gravité provenant d'une rivière ou d'un cours d'eau, de l'eau pompée de rivières, d'étangs ou de lacs, ou encore de l'eau de la nappe phréatique.
(b) Veillez à disposer d'une quantité suffisante d'eau de la qualité voulue pendant les périodes de fonctionnement de l'écloserle. Contrôlez la qualité de l'eau (voir chapitre 2).
(c) Il peut s'avérer nécessaire de filtrer l'arrivée d'eau au moyen de grilles et/ou de filtres (voir section 2.9). S'il s'agit d'eau provenant d'un puits ou de la nappe phréatique, Il vous faudra parfois aérer l'eau pour être sûr qu'elle contient suffisamment d'oxygène (voir section 2.7).
(d) Si l'eau n'est disponible qu'à certains moments, Il vous faudra sans doute prévoir son stockage. Déterminez la consommation quotidienne de l'écloserie et prévoyez le nombre d'heures ou de jours de stockage nécessaires. Il est possible d'utiliser à cet effet des bassins en béton ou des étangs de terre (voir L'eau, chapitre 4). Si le réservoir d'eau est placé à une altitude supérieure à celle de l'écloserle, l'alimentation en eau peut se faire par gravité. Sinon, Il faudra utiliser une pompe.
Exemple
Une écloserle consomme 10 l/min d'eau pour l'éclosion, 10 m³/jour pour remplacer l'eau des bassins de géniteurs et 5 m³/jour pour les opérations de lavage, de nettoyage, etc. La consommation quotidienne totale est donc égale à:
(10 l/min x 60 min x 24 h/1 000) + 10 m3/j + 5 m3/j = 14.4 m3/j + 10 m3/j + 5 m3/j = 29.4 m3/j.
Une capacité de stockage équivalente à la consommation de 10 journées d'exploitation équivaudra par conséquent à 29,4 m³/j x 10 = 294 m³; ce volume pourrait par exemple être fourni grâce à un étang d'une superficie d'environ 300 m² et d'une profondeur moyenne de 1 m.
(e) Les besoins en matière de qualité de l'eau sont habituellement différents pour les géniteurs, pour la ponte et l'éclosion et pour l'alevinage. Il convient en général de fournir l'eau de meilleure qualité aux zones affectées aux bassins de ponte et à l'éclosion. Toutefois, vous aurez peut-être la possibilité de limiter les opérations de traitement de l'eau ou d'utiliser une autre alimentation en eau pour d'autres parties du système. Si nécessaire, vous pouvez par ailleurs réutiliser l'eau de l'éclosede dans les étangs d'alevinage et les étangs de géniteurs.
(f) Les tâches de lavage, de nettoyage, etc, exigeront probablement une petite arrivée supplémentaire d'eau domestique. Les eaux résiduaires ainsi obtenues ne doivent pas être déversées dans les étangs car elles risquent de contenir des détergents, des produits chimiques, etc.
5. L'alimentation en eau et le drainage des étangs extérieurs peuvent être organisés comme pour les étangs piscicoles normaux au moyen de canaux, de tuyaux et de vannes (voir Les étangs et leurs ouvrages, chapitre 8). On utilise habituellement un système d'alimentation en eau par canalisation pour les bassins extérieurs et pour les zones internes de l'écloserie. Ses principales caractéristiques sont les suivantes.
(a) L'alimentation en eau s'effectue par gravité ou par pompage, soit directement dans la conduite d'alimentation principale, ou plus généralement vers un réservoir de tête qui fournit une capacité de stockage de courte durée et permet de régler le débit alimentant les autres bassins, Il est en général assez volumineux pour assurer au moins 10 min de debit. Il faut un réservoir de 1 m² pour un débit de 100 l/min Dans certains cas, un bassin de stockage peut servir de réservoir de tête (voir pages 110 et 111).
(b) La base du réservoir de tête est généralement installée à au moins 1 m au-dessus des bassins de l'écloserie. Le réservoir a habituellement une profondeur de 0,5 à 1 m et peut être installé contre un mur, sur un bàti en bois ou sur le toit de l'écloserie. Il peut être en béton, en bois (avec un revêtement de polyéthylène ou de butyl), en fibre de verre ou en matière plastique. Dans certains cas, des réservoirs d'alimentation en eau domestique peuvent convenir.
(c) Le tuyau d'alimentation principal relie normalement le réservoir de tête aux réservoirs de l'écloserie. Ensuite, des tuyaux d'alimentation secondaires desservent de petits groupes de bassins, et des tuyaux d'alimentation Individuels desservent les bassins proprement dits. Ces tuyaux sont habituellement en PVC ou en ABS. Leur diamètre est fonction du débit à acheminer et de la hauteur (charge hydraulique) disponible à partir du réservoir de tête (voir Les étangs et leurs ouvrages, section 3.8). A titre indicatif, le tableau 26 présente des valeurs types susceptibles d'être utilisées .
6. Après avoir étudié en détail les questions d'implantation et d'alimentation en eau, vous pouvez procéder à la construction et à l'équipement de l'écloserie.
Certains des points à prendre en considération sont énumérés ci-après.
(a) Choisissez un type de bâtiment approprié pour l'écloserie proprement dite. Il peut s'agir d'un simple abri, d'un bâtiment préfabriqué ou d'une construction locale traditionnelle, ou encore d'un bâtiment en maçonnerie ou en béton plus important. Assurez-vous que les fondations conviennent
(b) Vérifiez les coûts totaux de mise en exploitation du site (consultez par exemple Les étangs et leurs ouvrages, section 12.8),des zones externes du bâtiment de l'écloserie, des installations d'incubation et du système d'alimentation en eau. Modifiez les quantités et/ou les spécifications, si les coûts ne correspondent pas au budget fixé. Vérifiez que les coûts par alevin produit ne sont pas excessifs par rapport aux normes locales.
(c) Une fois la décision prise d'aller de l'avant, faites les préparatifs nécessaires à la construction des ouvrages. Procédez conformément aux indications fournies au chapitre 12 du manuel Les étangs et leurs ouvrages.
(d) N'oubliez pas de fixer le calendrier d'exécution du chantier en tenant compte de facteurs tels que la disponibilité de main-d'oeuvre locale, l'incidence de la saison des pluies ou de la saison sèche, l'approvisionnement en reproducteurs et le calendrier de la saison de reproduction.
(e) Terminez la réalisation du secteur de l'écloserie en prévoyant les aménagements appropriés en matière de voies d'accès, de clôtures de sécurité, d'installations de drainage, et d'autres services si nécessaire.
(f) Les eaux de drainage des différentes unités et des incubateurs s'évacuent normalement soit par des canaux, généralement en maçonnerie ou en béton, soit par des tuyaux encastrés dans le sol ou apparents (voir Les étangs et leurs ouvrages section 3.8, et section 8.2), où figurent des indications détaillées quant au choix des dimensions nécessaires). Prévoyez la possibilité de vidanger régulièrement les bassins et les incubateurs. Veillez à ce que les unités drainées puissent être facilement nettoyées et désinfectées.