Ibrahima Kouma

Service de Contrôle Vétérinaire et de l’Hygiène Alimentaire de Satama-Sokoro
Côte d'Ivoire

1) Quel est le plus grand défi de communication lié à la Résistance aux Antimicrobiens (RAM) et l’utilisation inappropriée d’antimicrobiens (UMA) en Afrique ?

Le grand défi de communication lié à la Résistance aux Antimicrobiens (RAM) et l’utilisation inappropriée d’antimicrobiens (UMA) en Afrique est la participation des experts de la communication audio-visuelle et digitale. Seuls ces professionnels de la communication sont outillés pour véhiculer le message. C’est le principe de « ONE HEALTH » où toutes les spécialités qui rentrent dans la ligne de la santé animale, environnementale et humaine, la sociologie, la communication, l’économie, le droit, doivent jouer son rôle pour atteindre l’objectif commun.

2) Quelle est la meilleure approche pour communiquer sur d’autres antimicrobiens (antifongiques, antiparasitaires, antiviraux, pesticides), et pas seulement sur les antibiotiques ? Etant donné que les virus, les champignons et les parasites peuvent également être résistants aux médicaments couramment utilisés pour traiter et avoir un impact sur la santé et les systèmes alimentaires, comment pouvons-nous communiquer sur ces problèmes en plus des bactéries résistantes aux antibiotiques ?

D’abord, la législation doit être réformée afin réglementer l’accès à ces antimicrobiens ; il faut créer une agence continentale de gestion et de mise sur marché africain avec des représentations dans chaque région d’Afrique. La meilleure approche pour communiquer est de produire des vidéos en dessin animé et des films documentaires en plusieurs langues africaines et de les diffuser par les  acteurs de « ONE HEALTH ». Il ne faut pas oublier de se servir des réalités d’Afrique pour éviter que certains pensent que les RAM n’existent qu’ailleurs.

3) Comment intégrer plus souvent le sujet de la RAM dans les médias ? Comment assurer la visibilité de la RAM parmi les autres « sujets d’actualités » ?

Pour intégrer plus souvent le sujet de la RAM dans les médias, il faut former professionnels du média et les dirigeants africains sur l’impact de l’UMA et de la RAM sur la santé publique, tout en leur faisant savoir que personne n’est à l’abri car les erreurs d’une seule personne peut mettre la vie des milliers de personnes et plus en danger. Quant à la visibilité de la RAM parmi les autres « sujets d’actualités », il faut parrainer certains groupements ou personnes afin qu’ils inondent les médias sociaux.

4) Quels canaux, méthodes ou mécanismes de communication les mieux adaptés et les plus susceptibles d’avoir un impact sur le terrain dans les pays africains ?

N’oublions pas que plus de la moitié des africains sont sur les réseaux sociaux, il faut se servir de ces médias sociaux pour véhiculer le message. Il faut aussi recruter des volontaires engagés de tous horizons, spécialités et couches sociales et les mettre en mission comme des relais.

5) Quel groupe de partie prenante devrait, selon vous, être considéré comme prioritaire pour la diffusion de messages ciblés visant à sensibiliser à l’UMA et à la RAM ?

L’approche « ONE HEALTH » doit être privilégié. Nous savons que 60% des maladies infectieuses humaines sont d’origine animale et 70% de ces zoonoses proviennent des animaux sauvages ; lors du traitement de ces maladies infectieuses, les antimicrobiens sont utilisés à tort ; donc les professionnels de la santé animale et environnementale doivent être en première ligne et à leur côté ceux de la communication.

6) Aux niveaux national, régional et continental, qui devrait, à votre avis, prendre la direction et la responsabilité des activités de sensibilisation et de plaidoyer sur l’UMA et la RAM ?

Au niveau national, il faut un comité « ONE HEALTH » avec pour président de direction le représentant de la FAO et son vice un professionnel de la santé animale ou environnementale.

Aux niveaux régional et continental, la direction et la responsabilité doit revenir au représentant de FAO régional et continental.