L’école pour promouvoir la nutrition en Afrique
Les maux ne cesseront pas pour l’Afrique tant que l’alimentation et la nutrition ne seront pas mises au devant des préoccupations des Etats africains. En tant que le continent qui connaît le plus fort taux de croissance démographique, quoi de plus normal que d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et l’autosuffisance alimentaire de cette population ?
C’est la condition qui devrait permettre de transformer cette population galopante en force productive et donc en moteur de développement (cas de la Chine), plutôt que de la contraindre à se comporter comme une charge et un frein au développement. Or, tout prouve aujourd’hui que l’Afrique pèche par la faiblesse de ses politiques agricoles et économiques. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne comptent maintenant pour la plus forte proportion de sous-nutrition dans le monde (FAO et al., 2015). Cette forte proportion de personnes sous-alimentées dans le monde est d’un grand impact sur l’état des femmes et de leurs enfants. Car, la malnutrition maternelle et infantile perpétue la pauvreté de génération en génération (FAO, 2015). On rencontre ainsi en Afrique à la fois la faim due à l’insuffisance quantitative d’aliments et les maladies liées à la malnutrition telles que le kwashiorkor, le diabète, l’anémie, le marasme nutritionnel, le béribéri. L’Afrique souffre non seulement de ne pas avoir suffisamment à manger et mais aussi parce qu’elle se nourrit mal. La question qui se pose est donc comment faire pour mettre plus l’accent sur la nutrition.
A ce sujet, il faut reconnaître que la nutrition est une question de culture. Elle est de ce fait influencée par les habitudes alimentaires (culturelles) et le niveau de connaissance des personnes concernées. Ainsi, l’intégration de la nutrition aux programmes d’études des établissements d’enseignement agricole est opportune. Mais, il ne s’agit pas seulement des écoles d’agriculture, mais de toutes les écoles (primaires, secondaires et universitaires) car, la question de la nutrition s’adresse à tous les consommateurs d’aliments et donc à tout le monde. Il faut travailler à forger des habitudes alimentaires favorables à la bonne nutrition. Ceci passe évidemment par l’école à travers des curricula consensuels impliquant les communautés, à travers des activités coopératives de production des élèves et écoliers. Ce dernier aspect s’avère très important parce qu’il constitue une piste privilégiée pour faciliter les échanges d’expériences intergénérationnels, la répercussion des connaissances reçues à l’école sur les parents. C’est une option qui pourrait déjà conduire à de bonnes pratiques agricoles et à des choix raisonnés de spéculations susceptibles d’entretenir une bonne santé et de lutter contre la malnutrition ; des espèces de plantes utilisées dans le traitement du diabète par exemple telles que l’orgueil de chine (Caesalpinia pulcherrima), le gingembre (Zingiber officinale).
Références :
FAO, FIDA & PAM (2015) : L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2015. Objectifs internationaux 2015 de réduction de la faim: des progrès inégaux. Rome, FAO, 66 p.
FAO (2015): The State of Food and Agriculture, Social protection and agriculture: breaking the cycle of rural poverty, Rome, FAO, 151 p.
الدكتور Emile Houngbo