Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

Consultations

Réaliser le potentiel du commerce intra-régional pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique de l’Ouest

Tout comme la production et la transformation, la commercialisation contribue à augmenter la valeur des produits agricoles. Elle contribue à rallier les zones excédentaires et les zones déficitaires de produits agricoles. Elle influence les bilans alimentaires qui déterminent les deux dimensions principales de la sécurité alimentaire que sont la disponibilité et l’accessibilité à « des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante » (FAO, 1996). Le marché constitue donc le relais essentiel permettant aux ménages d’assurer leur sécurité alimentaire. On estime entre 62 % (Burkina Faso) et 87 % (Sénégal) la contribution des marchés à l’approvisionnement alimentaire des ménages en Afrique de l’Ouest (Allen et al., 2011).

L’intégration régionale, et donc l’intégration des marchés, serait alors d’une grande utilité pour la région ouest-africaine. En tant que moyen pour surmonter les inconvénients de la petite taille de marché de certains pays, elle permettrait de mettre en commun les ressources et d’élargir les marchés à l’espace de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’intégration régionale devrait engendrer plus de choix pour les consommateurs et accroître la concurrence au sein de la région. Car, elle devrait induire une plus grande exploitation des potentialités agroécologiques de la région et la création d’un marché de proximité important pour plusieurs spéculations.

Malheureusement, l’espace ouest-africain apparaît comme une zone faiblement intégrée, valorisant mal la diversité et la complémentarité de ses zones agroécologiques et de ses économies (CEDEAO, 2005). On estime qu’environ 10 à 15 % des échanges des pays membres sont réalisés à l’intérieur de l’espace CEDEAO, pendant que dans l’Union Européenne, à l’inverse, les Etats membres réalisent plus de 60 % de leurs échanges commerciaux extérieurs au sein même de la zone d’intégration. Pire, l’exportation de certains produits agricoles est faite au détriment des besoins alimentaires de la région. Pendant que l’insécurité alimentaire sévit encore en Afrique de l’Ouest, on note que des produits alimentaires sont convoyés vers d’autres continents, alors même que la demande reste insatisfaite dans la région. C’est par exemple le cas de la banane plantain dont la production du Ghana est essentiellement exportée vers les USA et l’Europe, alors que la demande interne n’est pas couverte. Pourtant, la préoccupation de développement agricole centré sur l’espace ouest africain a fait l’objet de résolutions importantes, notamment le Traité révisé de la CEDEAO du 24 juillet 1993 et la Politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) adoptée par les Chefs d’Etats de la CEDEAO le 19 janvier 2005 à Accra (Ghana) (CEDEAO, 2005 ; CEDEAO, 2008). Le Traité révisé de la CEDEAO prévoit en son article 25 des dispositions sur le développement et la sécurité alimentaire dans l’espace ouest africain, notamment l’harmonisation des politiques de sécurité alimentaire en accordant une attention particulière à l’adoption d’une politique agricole commune. L’ECOWAP quant à elle vise à «… contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté dans les États membres, ainsi que des inégalités entre les territoires, zones et pays ».

Dans ces conditions, on se pose les questions suivantes :

  1. Quels produits agricoles de l’Afrique de l’Ouest sont exportés hors du continent pendant que leur demande intérieure dans la région n’est pas couverte, et pourquoi ?
  1. Quels produits agricoles sont mal distribués, déficitaires dans certains pays et perdus ou gaspillés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, et pourquoi ?
  1. Quels sont les obstacles matériels à la mise en œuvre des dispositions réglementaires régionales sur le commerce des produits agricoles en Afrique de l’Ouest ?
  1. Comment améliorer la fluidité des échanges de produits agricoles dans la région, surtout avec le Nigeria, le plus grand marché de consommation en Afrique de l’Ouest ?

Ce sont là les questions par rapport auxquelles vos contributions sont attendues. L’objectif est de mettre en évidence les potentialités et les obstacles au commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest d’une part, et de recueillir les propositions de stratégies pour relever le défi en vue de l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans cette région d’autre part.

Merci d’avance de votre participation !

Emile N. HOUNGBO

Université d’Agriculture de Kétou,

Bénin

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Merci cher modérateur

Je crois bien que le système de warrantage marchera avec le Nigéria (dans un contexte de libre de circulation des biens et des personnes) même si le Nigéria ne doit pas être le seul pays à viser pour la commercialisation des céréales. Le warrantage fait allusion à l’organisation des producteurs qui vendent leurs produits (céréales) en vente groupée au moment où les prix des produits sont à la hausse. Dans les communes du Bénin telles que les communes de Kalalé, Nikki, Sègbana, etc (zones frontalières au Nigéria), de grands commerçants aussi bien nigérians que béninois viennent acheter le maïs pour le revendre au Nigéria. Mais, ceci sera plus facilité dans un contexte de la libre circulation des biens et des personnes entre le Nigéria et ses pays voisins. A titre illustratif, au cours de l’année 2014, les OP qui font le warrantage autour du maïs au Bénin avaient eu de sérieux problèmes d’écoulement du fait par exemple de « l’interdiction de la sortie des vivriers » sur le territoire béninois pour la sécurité alimentaire selon les producteurs. Le prix du sac de 100 kg du maïs qui devrait aller au moins à 20 000 FCFA en période de soudure était à 10 000 FCFA ; plongeant les OP des situations difficiles. Le maïs était excédentaire au Bénin cette année 2014.

Ainsi, la libre circulation des biens et des personnes est la condition sine qua none pour faciliter les échanges commerciaux entre les pays voisins et le Nigéria. Il faudrait aussi comme je l'avais dit, une relation contractuelle entre les trois types d’acteurs (OP, commerçants, consommateur) du Nigéria et des pays voisins.

Merci 

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Thank you Dear Moderator

I do believe that the warrantage system will work with Nigeria (in a context of free movement of goods and people) even if Nigeria should not be the only country to aim at trading in cereals. The warrantage mentions the producers’ organizations who sell their products (cereals) as a group at the moment when the prices of the products are at their highest. In some municipalities in Benin, such us Kalalé, Nikki, Sègbana, etc (areas that are on the border with Nigeria), large scale traders, both Nigerian and Beninese, come to purchase maize for resale in Nigeria. However, this will become easier in a context of free movement of goods and people between Nigeria and its neighboring countries. As an illustrative example, in the course of 2014, the farmer´s organizations that engaged in the warrantage on maize in Benin had serious disposal problems due for example to the banning of exports of food crops throughout Benin for food security according to producers. The price of a 100kg sack of maize, which should cost at least 20 000 FCFA in times of shortage, was 10 000 FCFA, creating difficult situations for farmer´s organizations. Maize was in surplus in Benin during 2014.

In this way, free movement of goods and people is the indispensable precondition to facilitate trade exchanges between Nigeria and its neighboring coutries. It is also necessary, as I have said, to have a contractual relationship between the three categories of actors (producers’ organizations, traders and consumers) of Nigeria and its neighboring countries.

Thank you.

>> English translation below <<

Avant de procéder à une synthèse complète des nouvelles contributions, il me plaît de recueillir des réponses à ces questions qui me viennent à chaud.

1) M. Komlan ASSIGNON a souligné que "La libre circulation des biens et des personnes tant prônée par la CEDEAO et l’UEMOA demeure toujours un vain mot. Il faut la concrétiser pour le bonheur des peuples africains. Pourquoi la libre circulation des biens et des personnes demeurent un vain mot ?

2) M. Janvier EGAH a aussi souligné "qu’avec le système de warrantage, on pourrait maitriser la commercialisation des céréales à l’intérieur de la région ouest africaine. Ce système de warrantage marchera si facilement avec le Nigeria, le plus gros consommateur de la région ?

Merci de m'éclairer.

Emile N. HOUNGBO

Facilitateur de la discussion

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Before a complete synthesis of new contributions, I would like to collect answers to these burning questions:

 1) Mr. Komlan Assignon stressed that "The free movement of goods and people advocated by ECOWAS and WAEMU [West African Economic and Monetary Union] still remains just words.It has to be made reality for the wellbeing of the people of Africa. It must be realized for the happiness of African people." Why the free movement of goods and people remains just words?

 2) Mr. Janvier EGAH also says that "with the warrantage system, we could control trading of cereals in the West African region." Would this system work easily ih Nigeria, the largest consumer of the region?

 Thank you for enlighting me.

 Emile N. HOUNGBO

 Facilitator of the discussion

>> English translation below <<

Cher Modérateur,

D'entrée de jeu, je vous félicite pour avoir initié un débat aussi important pour notre sous-région. 

En général les question de sécurité alimentaire sont analysées à travers des problématiques de production, amélioration des rendements, etc. La thématique de la présente conférence électronique va au delà des aspects traditionnels de la sécurité alimentaire pour aborder des question de circulation transfrontalières des produits, d'organisation de marché et d'intégration sous régionales.

1) Quels produits agricoles de l’Afrique de l’Ouest sont exportés hors du continent pendant que leur demande intérieure dans la région n’est pas couverte, et pourquoi ?

Très peu de produits sont dans ce registre. En général, ce qui se passe, c'est que les meilleures qualité des produits de l'Afrique de l'ouest sont envoyés hors du continent alors que les deuxième, troisièmes et dernier choix sont gardés pour la consommation locale. C'est cas du Sucre produit par exemple au Bénin, des noix d'anacarde grillées, les mangues séchées du Burkina, etc.  

2) Quels produits agricoles sont mal distribués, déficitaires dans certains pays et perdus ou gaspillés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, et pourquoi ?

L'igname, la pomme de terre, l'oignon sont des produits mal distribués dans la zone. Au Bénin par exemple, il existe une appréciable disponibilité de l'igname, parfois sa disponibilité est même  excédentaire dans certaines région du pays. Mais dans des pays voisin comme le Niger, le déficit en ce produit est permanent. Il n'existe aucune vraie action permettant de de distribuer conséquemment l'igname pour satisfaire la grande demande du marché Nigérien en ce produit.   

Aussi avec son grand cheptel animal, le Niger peut par exemple mieux desservir les  pays comme le Bénin, le Togo. Hélas, il n'existe aucune stratégie pour distribuer au delà des frontières, ce produit à forte valeur nutritive. 

3) Quels sont les obstacles matériels à la mise en œuvre des dispositions réglementaires régionales sur le commerce des produits agricoles en Afrique de l’Ouest ?

L'inexistence de réseaux routier fiable et de compagnies de transport adéquates susceptibles d'assurer le transport transfrontalier des produits.

4) Comment améliorer la fluidité des échanges de produits agricoles dans la région, surtout avec le Nigeria, le plus grand marché de consommation en Afrique de l’Ouest ?     

Il faut: 

Encourager l'installation d'entreprise leader et d'entreprise pilote. 

Susciter la coopération entre les pays afin 'avoir des entreprises learders avec des représentations dans les différents pays. 

Renforcer les liens d'affaires entre les différents acteurs des CVA relatives au 

Construite un réseau routier qui désert les différents pays. 

Encore toutes mes félicitation!

Dr. Ir. Mohamed Nasser BACO

Agro-sociologue

Maître Assistant des Universités du CAMES

Chef du Département Economie et Sociologie Rurales

Faculté d'Agronomie (FA), Université de Parakou (UP)

  

Dear Moderator

From the outset, I congratulate you for having initiated such an important discussion for our sub-region. 

In general,   food security questions are analyzed in terms of production issues, yield improvements, etc. The subject of the present online conference goes further than the traditional issues of food security to address the question of the movement of goods across frontiers, organization of markets and sub-regional integration.

Which of West Africa´s agricultural products are exported out of the continent while regional internal demand is not being met? And why?

Very few products come under this heading. In general, what happens is that the products of best quality in West Africa are exported out of the continent while the second, third and last choices are kept for local consumption. It is the case, for example, of sugar produced in Benin, roasted cashew nuts, dry mangoes from Burkina, etc.

Which agricultural products are poorly distributed, in short supply in some countries and wasted or thrown away in other countries in West Africa? And why?

Yam, potatoes and onions are products that are badly distributed in this area. In Benin for example, there is a significant availability of yam, sometimes this availability is even surplus in certain regions of the country. But in some neighboring countries like Niger, the shortage of this product is permanent. There is no real activity that facilitates the distribution of yam to satisfy the great demand for this product in the Niger market.

Also with its big herd of livestock, Niger for example, could be of greater help.

How can the fluidity of agricultural products exchanges in the region be improved, especially with Nigeria, the largest consumer market in West Africa?

It requires:

Support for the setting up of a lead business and of a pilot enterprise.

Generation of cooperation between countries with the objective of creating lead businesses with representatives in the different countries.

Reinforcement of business links between the different CVA actors.

Construct ion of a road network joining the different countries.

Once again, my congratulations!

Dr. Ir. Mohamed Nasser BACO

>> English translation below <<

Bonjour chers participants,

Je remercie le Forum pour l’initiative sur une question commune dont les éléments de réponse ne peuvent qu’être apportés dans une vision commune. Je remercie également les participants qui ont montre de leurs intérêts à travers leurs pertinentes contributions à ce forum.

Le sujet est d’importance capitale puisque la question de sécurité alimentaire est l’une des priorités des gouvernements des pays de l’Afrique de l’Ouest. Comme Dr Aliou Niang l’a dit, les produits en excédent à l’échelle d’un pays sont parfois mal distribués à l’intérieur du pays; créant ainsi des poches d’insécurité alimentaire.

Sans risque de me tromper, je peux dire que chaque pays enregistre un excédent dans la production d’un au moins des produits agricoles alimentaires. Cet excédent pourrait contribuer à combler le déficit dans un autre pays voisin à travers le commerce intra-régional.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. Dans cette région du continent, le commerce intra-régional est un moyen pour faciliter la distribution géographique des produits agricoles ; et ceci avec la politique de la CEDEAO qui prône la libre circulation des biens.

A mon avis, même si je suis d’accord avec la plupart des participants à ce forum, je pense aussi que l’analyse de la contribution du commerce intra-régional doit être faite en fonction des types de produits (produits périssables tels que les produits maraîchers et non périssables tels que le maïs, le sorgho, etc). Vous savez par exemple que le Burkina alimente le Bénin avec les produits maraîchers notamment la tomate de contre saison au moment où les tomates produites à grande échelle dans une région du Bénin pourrissent pendant la période d’abondance. Actuellement, dans les grandes villes du Bénin, la tomate est fortement prisée. S’il y avait un moyen de conservation efficace, la commercialisation de ces produits pourrait être répartie sur toute l’année et permettra aux producteurs de jouir des prix rémunérateurs. Par contre, les céréales (aliments de base) au Bénin pourraient être facilement conservées pour couvrir toute l’année. Pourtant, on enregistre pour ces céréales, des périodes de soudure toute simplement parce que les producteurs des denrées alimentaires notamment de base, bradent les produits agricoles pour survivre et faire face à certains besoins sociaux. Ces mêmes producteurs ré-achètent les mêmes produits pendant la soudure à des prix élevés.

Je pense qu’il faudrait qu’on arrive à une contractualisation entre les organisations des producteurs, les commerçants intra-régionaux et les grandes villes en fonction des types de produits. Nous devons également réfléchir sur des questions de conservation notamment des produits périssables (maraîchers). Pour les céréales, je pense qu’avec le système de warrantage sur lequel je fais ma thèse en relation avec la sécurité alimentaire, on pourrait maitriser leur commercialisation à l’intérieur de la région. Les OP de warrantage des céréales peuvent être en relation avec les commerçants de la région qui à leur tour alimenteront les semi-grossistes et les détaillants des villes des autres pays.

Hello Dear Participants

I am grateful to the Forum for the initiative taken on a common question on which the components of a response can only be gathered through a common vision. I am also grateful to the participants for showing their interest through their helpful contributions to this forum.

The subject matter is of paramount importance because the question of food security is one of the priorities for governments in the countries of West Africa. As Dr Aliou Niang has said, excess products on a per country scale are sometimes badly distributed within the country, thus creating pockets of food insecurity.

I can safely say that each country produces a surplus of at least one agricultural food product. This surplus could help satisfy the shortage in another neighboring country through intra-regional trade.

Unfortunately this is not the case. In this region of the continent, intra-regional trade is a means to facilitate the geographical distribution of agricultural products; and this is with the ECOWAS policy that advocates the free movement of goods.

In my opinion, even if I agree with the majority of participants in the forum, I also believe that the analysis of the contribution of intra-regional trade must be done on the basis of product types (perishable products such as vegetables and non-perishable such as maize, sorghum, etc.). You know, for example, that Burkina supplies Benin with vegetable products, particularly tomatoes produced out of season, at a moment when the tomatoes produced on a large scale in a region of Benin rot during the period of abundance.  Currently, in Benin’s big towns, tomatoes are highly valued. If there were a means of efficient conservation, sales of these products could be spread over the whole year and would allow producers to enjoy profitable prices. By contrast, cereals (basic food) in Benin could be easily conserved to cover the whole year. However, these cereals have periods of short supply simply because the producers of food stuff, especially basic products, sell off stocks of agricultural products to survive and to cope with some social needs.   These same producers have to re-purchase, at higher prices, the same products during periods of shortage.

I believe we need to arrive at a series of undertakings on each type of product between the producers’ organizations, the intra-regional retailers and the big towns.  At the same time, we have to study the question of conservation, in particular of perishable products (vegetables). Regarding cereals, I believe that with the warrantage system, which was the topic of my thesis in relation to food security, one could control their trading within the region. The farmers’ warrantage organizations could be connected with the regional merchants who are, in their turn, supplying the semi-wholesalers and the retailers in the towns of other countries. 

 

>> English translation below <<

Merci pour l’occasion offerte.

Je crois qu’en ce qui concerne notre sous-région ouest africaine par exemple, nous avons un atout climatique à savoir la présence des pays côtiers et des pays à climat type sahélien. Cet atout favorise une grande diversité dans la production de denrées alimentaires ; cette diversité doit favoriser la spécialisation des pays et des régions en matière de production agricole, c’est une grande potentialité à exploiter.

Malheureusement nos pays vont en rang dispersé en termes de commerce intra-régional.

Une autre contrainte est la quasi inexistence d’industrie de transformation agro alimentaire dans nos pays, bien entendu la recherche scientifique a généré beaucoup de technologies de transformation mais qui ne sont pas appliquées faute de moyen financier et de la non confiance à nos propres institutions de recherche, de sorte que nous enregistrons de forte perte de denrées à cause de la mauvaise conservation : le cas de tomate, pomme de terre, oignon etc.

Cette considération fait qu’à un moment de l’année il y a pénurie donc les prix flambent ou à un autre moment, c’est plutôt l’abondance avec ses conséquences.

Il est impératif de généraliser l’utilisation des semences améliorées à haut rendement et d’aller vers la totale maîtrise de l’eau et soustraire l’agriculture africaine des caprices du changement climatique tel qu’on le voit de nos jours.

La libre circulation des biens et des personnes tant prônée par la CEDEAO et l’UEMOA demeure toujours un vain mot. Il faut la concrétiser pour le bonheur des peuples africains.

En conclusion, nos pays doivent revoir leur politique de développement allant dans le sens d’un effectif regroupement sous régional et pourquoi pas africain, la mécanisation à haute dose de l’agriculture la maîtrise de l’eau, la transformation et la conservation des denrées. Le salut des peuples africains passent par là.

Komlan ASSIGNON,

ITRA/DL, Lomé, Togo.

 

Thank you for the opportunity offered.

I believe that as far as our West African sub-region is concerned, for example, we have a climatic advantage, namely the presence of coastal countries and of countries with a Sahelian climate.  This advantage favors a great diversity in the production of food stuff, which must favor specialization in countries and in regions in terms of agricultural production, and is a great potential to be exploited.

Unfortunately our countries are not well organized in terms of intra-regional trade. Another constraint is the almost nonexistent agro food transformation industry in our countries, of course scientific research has developed many transformation technologies but they are not used due to the lack of financial means and the lack of confidence in our own research institutions, with the outcome that we record severe losses of food stuff due to poor conservation: as is the case for tomatoes, potatoes and onions. This aspect means that at a certain times of the year there is shortage where the prices spike and, at other times, it is more a case of abundance, with its consequences.

It is imperative that the use of improved high yield seeds becomes generalized and that we work towards the total control of water and to protect African agriculture from the vagaries of climate change that we see now-a-days.

The free movement of goods and people advocated by ECOWAS and WAEMU [West African Economic and Monetary Union] still remains just words. It has to be made reality for the wellbeing of the people of Africa.

To conclude, our countries must revise their development policies towards an effective sub-regional and, why not, African regrouping, a great deal of mechanization of agriculture, control of water, and the transformation and conservation of food stuff. The salvation of Africa´s peoples rests on that.

 

Komlan ASSIGNON,

ITRA/DL [Institut Togolese de Recherche Agronomique, Togolese Institute for Agricultural Research], Lome, Togo

>> English translation below <<

Ces sept jours de discussion en ligne révèlent déjà des éléments intéressants soulevés par les participants. On note par exemple que l’augmentation des prix des produits agricoles est parfois due au non respect du principe de la libre circulation des biens et des personnes dans la région CEDEAO, notamment entre le Sénégal et la Gambie. A cela s’ajoute aussi le manque de dispositifs efficaces de manutention/conservation des produits et de transformation agroindustrielle pour fabriquer des produits dérivés à partir de produits agricoles qui pullulent dans certains pays (mangue, poisson, tomate, manioc, pomme de terre, oignon, …) en vue de la satisfaction des besoins importants de la région. C’est ainsi que les produits dérivés, tels que l’amidon et la pâte de tomate, sont importés vers le Nigeria par exemple.

Le problème des tracasseries routières occupe aussi une place non négligeable dans le blocage des échanges intra-régionaux en Afrique de l’Ouest. Le problème a lieu même à l’intérieur du même pays, le cas du Sénégal. L’organisation de la Foire Internationale de l'Agriculture et des Ressources Animales (FIARA) rencontre des difficultés à cause des tracasseries auxquelles les populations sont soumises sur l’axe Bamako-Dakar. Il se révèle que la papaye peut être exportée du Bénin vers la Guinée.

Il y a donc nombre de produits agricoles qui sont mal distribués en Afrique de l’Ouest, tant entre pays qu’à l’intérieur d’un même pays. Aussi, se dégage-t-il des aspects que nous devrons mieux éclairer.

  1. Lesquelles des de tracasseries subies par les acteurs commerciaux les empêchent concrètement d’échanger dans la région : taxation douanière, l’escroquerie, la corruption, le rançonnement, l’insécurité ?
  2. L’état physique des voies de communication n’est-il pas aussi un obstacle à la fluidité des échanges dans la région ? N’est-il pas plus aisé aujourd’hui d’exporter des produits agricoles du Ghana vers les USA ou l’Europe, que de le faire vers le Nigeria ou le Mali ? La diversité des voies de communication qui devrait servir la région est-elle efficacement exploitée ? Le niveau des échanges s’améliorerait-il significativement si en plus des voies terrestres routières qui se présentent souvent dans des états dégradés, sont aménagées et exploitées des voies fluviales, aériennes, maritimes et ferroviaires ? 
  3. L’inexistence d’une monnaie unique dans l’espace CEDEAO, à l’image de l’euro, est-elle aussi à accuser ?

Emile N. HOUNGBO

These last seven days of online discussion already bring out some interesting issues raised by the participants. One can see for example that the increase in prices of agricultural products is due in some cases to the lack of respect for the principle of free movement of goods and people in the ECOWAS region, especially between Senegal and Gambia. To that is added the lack of effective means of storage and handling of products and of agro-industrial transformation facilities to make products derived from agricultural crops which are overabundant in some countries (mangoes, fish, tomatoes, cassava, potatoes, onions …) in order to satisfy the severe shortages elsewhere in the region. So some derived products, such as starch and tomato paste, are imported by Nigeria for example.

The road hassle problem also plays a not inconsiderable part in the barriers to intra-regional exchanges in West Africa. The problem has occurred even inside the same country, which is the case for Senegal. The organization of the Foire Internationale de l'Agriculture et des Ressources Animales (FIARA) [International Fair for Agriculture and Animal Resources] encounters problems due to the hassling to which people are subject on the Bamako-Dakar axis. It appears that papaya can be exported from Benin to Guinea.

There is accordingly a number of agricultural products which are badly distributed in West Africa, both between countries and within the same country. That is why some aspects should be explained with more details. 

  1. Which of the hassles suffered by commercial operators prevents them absolutely from trading in the region: custom charges, fraud, corruption, extortion, insecurity?
  2. Is the physical condition of the transport systems not also an obstacle to the flow of trade in the region? Is it not easier at present to export agricultural products from Ghana to the USA or Europe rather than to Nigeria or Mali? Is the range of transport links which should serve the region efficiently exploited? Would the level of trade  be significantly improved if,  in addition to the road networks, which are often in a deteriorated condition, communications by riverine, air, sea and rail facilities were improved and exploited ?
  3. Is the lack of a common currency unique to the ECOWAS area, such as the Euro in Europe, also to blame?

Emile N. HOUNGBO

 

 

>> English translation below <<

Merci

Ce qui est dommage dans la zone de Cayar au Sénégal, c'est le fait de voir pourrir dans les champs des tonnes de pomme de terre et d'oignon faute de chambres de conservations alors que la grande partie du pays (Nord et le Sud) a un besoin énorme de ces produits. 

Aussi, quelques intermédiaires préferent vendre ces produits dans les pays limitrophes alors que la demande locale est encore là. Il est urgent de revoir nos politiques de commerce. 

Dans cette zone des Niayes, vous verrez des plantations de mangues pourrirent, faute d'organisation pour l'écoulement des produits. Des pertes séches pour des familles confrontées à la pauvreté alors que les sources de revenus sont là.

Le commerce inter Etat reste encore à l'étape de la théorie. Car , imaginez toutes ces tracasseries pour ces commercants pour faire le tronchon Bamako-Dakar pour participer à la Foire Internationale de l'Agriculture et des Ressources Animales (FIARA). La libre circulation des personnes et des biens doit etre une réalité finalement. 

Les peuples sont en avancent par rapport à nos Etats dans ce commerce inter-Etat et à la libre circulation des personnes et biens, car les villages frontaliers ont fini de briser ces chaines qui entravent les developpement de l'Afrique. 

What is sad in the area of Cayar in Senegal to see tons of potatoes and onions  rotting in the fields because of a  lack of storage silos while the greater part of the country (north and south) has very great need of these products.

Also, some middle-men prefer to sell their products in the neighboring countries while local demand is still unsatisfied. Our trading policies should be urgently reviewed.

In the area of Niayes, you will see plantations with rotting mangoes, caused by lack of organization for the flow of products. An absolute loss for families facing poverty, even though, sources of income are at hand.

Inter-state trade is still at the theoretical stage.

Just imagine for instance all the hassle for these traders to make the journey from Bamako to Dakar to participate in the Foire Internationale de l'Agriculture et des Ressources Animales (FIARA) [International Fair for Agriculture and Animal Resources]. The free movement of people and goods should be made a reality once and for all.

People are ahead of our States in this inter-state trade and in the free movement of people and goods, because the border villages have in the end broken down the chains that obstruct Africa´s development.

 

>> English translation below <<

Bonjour chers tous,

Je commence par remercier le Forum d’avoir suscité un débat très intéressant et merçi pour le Pr d’avoir bien posé la problématique.

Il existe un lien direct entre commerce et sécurité alimentaire ; entre intégration régionale et sécurité alimentaire. Certains Etats ouest africains connaissent des excédents alors que meme à l’intérieur du pays, le meme produit n’est pas suffisament distribué ou accessible pour tous et d’autres Etats membres en sont totalement déficitaires. Nous pensons  aux centaines voir milliers de tonnes  de mangues  qui  pourrissent au Sud du Sénégal ; aux tonnes de poissons jetées en mer ou dans les plages au Sénégal faute de conservation et de débouchées dans la sous région.  En Afrique de l’ouest l’information commerciale n’est pas disponible, on ne sait pas qui a quoi et qui a besoin de quoi.

Deux exemples pour illustrer les rapports entre le commerce et la sécurité alimentaire ; entre l’intégration régionale et la sécurité alimentaire. En 2014, la Gambie avait fermé ses frontières (une pratique assez fréquente et aux antipodes des textes juridiques de la CEDEAO) et elle constitue un passage pour rallier le Sud du Sénégal. Avec le contournement du pays, les prix de denrées alimentaires ont fini par passer du simple au double dans le Sud.

Les textes de la CEDEAO prévoient la libre circulation des produits du règne animal et ceci participe au renforcement de la sécurité  alimentaire en Afrique de l’Ouest. Lors de la fête de la Tabaski, le marché du Sénégal est approvisionné  principalement par le bétail en provenance de la Mauritanie. En 2013, avec la crise malienne, il y avait une grande pénurie de moutons et les prix exorbitants, beaucoup de pères de famille n’avaient pas honoré leur obligation de sacrifier le mouton pour cette fête religieuse. En  2014, le mouton malien est revenu et avec l’application des textes de la CEDEAO, la fete été belle pour tous : le marché était suffisamment approvisionné et les prix, à la portée  de tous.

Il ne faut pas aussi perdre de vue que l’Accord de Partenariat Economique signé entre la CEDEAO et l’Union européenne pourrait avoir une incidence sur la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest.

Dr Aliou Niang

Docteur en Droit International Economique

CACID

Good day everyone!

I begin by thanking the Forum for organizing such an interesting debate and I thank you for having well stated the problem.

There is direct link between trade and food security; between regional integration and food security. Certain West African States have surpluses, while even inside the country the same product is not sufficiently distributed or accessible to everyone, and other member States are totally without it. We think of the hundreds or maybe thousands of tons of mangoes which rot in the south of Senegal; of the tons of fish thrown into the sea or on beaches in Senegal for lack of means of conservation and of outlets in the sub-region.  In West Africa commercial information is not available; one does not know who has what, or who wants what.

Two examples to illustrate the relatioship between trade and food security; between regional integration and food security. In 2014, Gambia closed its frontiers (a very frequent practice and one that is contrary to the laws governing ECOWAS) and the country is a corridor to join the south of Senegal. With the country having to be by-passed, the prices of food products ended up doubled in the south.

The regulations of ECOWAS establish the free movement of animal products and this contributes to the reinforcement of food security in West Africa. For the feast of Tabaski, the Senegalese market is mainly supplied with livestock from Mauritania. In 2013, with the Malian crisis there were not sufficient sheep and the prices were exorbitant, many heads of families being unable to honor their obligation to kill a sheep  for this religious feast. In 2014, the Malian sheep arrived and with the application of the ECOWAS laws, the feast was beautiful for everyone: the market was sufficiently provided and the prices accessible to all.

Also, we must not overlook that the Economic Partnership Agreement signed between the European Union and ECOWAS could have an effect on food security in West Africa.

Dr Aliou Niang

Docteur en Droit International Economique [Doctor in Economic International Law]

CACID [Centre africaine pour le Commerce, la Integration et le development; African Centre for Trade, Integration and Development]

 >> French translation below <<

Two examples of West African exported agricultural products whose regional internal demand is not being met:
1. cassava; Nigeria is the world's largest cassava producer but processes a minimum percentage of the crop, and this leads to no trade in value-added cassava products and the import of glucose and dextrose starch-based products which can be derived from cassava 
2. tomatoes; Nigeria is the largest sub-Saharan producer, yet due to post-harvest losses it can fulfil only one third of processing demands, and thus has to import (largest importer of tomato paste in Africa)
 
 

Ci-après deux exemples de produits agricoles exportés par l’Afrique de l’Ouest alors que leur demande interne à l’échelle de la région reste insatisfaite :

1. Manioc : le Nigéria est le plus grand producteur mondial de manioc. Toutefois, il ne transforme qu’un pourcentage infime de ce produit. Il n’y a donc aucun échange commercial de produits du manioc à valeur ajoutée et les produits issus d'amidon comme le glucose et le dextrose qui peuvent être dérivés du manioc sont importés.

2. Tomates : le Nigéria est le plus grand producteur de la région subsaharienne ; toutefois, en raison des pertes post-récoltes, il ne peut satisfaire qu’un tiers des demandes de traitement et doit donc importer (il est le plus grand importateur de concentré de tomates d’Afrique).

 

>> English translation below <<

Bonjour Chers,

Merci pour cette discussion qui est d'une grande importance pour nos communautés agricoles et pour l'atteinte de la sécurité alimentaire.

Je suis d'avis avec Yacoubou et Herbert qui ont ressorti le potentiel en commercie intra-régional en Afrique de l'ouest et des potentialités agricoles qui y existent. Par exemple, il existe des produits agricoles (fruits, céréales, etc.) de cette région qui sont exportés hors du continent pendant la demande interieure reste non couverte comme la papaye, l'ananas, la pastèque, la banane, etc. A mon avis, cela est dû au fait que ce ne sont que ces opportunités qui sont exposées aux producteurs à travers le commerce équitable. Dans ce cadre, ils sont formés aux normes de production pour pouvoir répondre aux besoins de ces pays alors que le marché existe dans les pays membres de cette région. Pour exemple, la papaye manque ou est vendue à 1.000 FCFA à des moments donnés  à Conakry au moment où elle est disponible au Bénin même en période de soudure. Ce qui constitue déjà une opportunité pour ces producteurs dans l'afrique de l'ouest.

Merci 

Good day!

Thank you for this discussion which is very important for our agricultural communities and for achieving food security.

I agree with Yacoubou and Herbert who have brought up the potential for intra-regional trade in West Africa and some of the agricultural opportunities arising there. For example, there are agricultural products (fruit, cereals, etc.) in this region which are exported out of the continent while internal demand is not satisfied for, such as: papaya, pineapple, watermelon, banana, etc. In my opinion, that is caused by the fact that these are just opportunities opened up to the producers through fair trade. Within this framework, they have adjusted to the norms of production which enable them to respond to the needs of those countries, while there is a market in the member countries of this regionl For example, there is no papaya or it is sold at CFA 1000 at certain times in Conakry while it is available in Benin, even during periods of shortage. This represents already one opportunity for producers in West Africa.

Thank you.