Depuis plusieurs années on a pu observer de sérieuses variations de débit de l'étiage du Niger causées par la sécheresse et l'augmentation de l'utilisation de l'eau en amont. En 1970, la FAO évalua à 10 000 tonnes la production de poisson. Le Service national des pêches estime que les potentialités pourraient atteindre 20 000 tonnes, y compris la partie nigérienne du Lac Tchad. La sécheresse a causé une réduction des prises d'au moins un tiers et affecté sévèrement la qualité du poisson. Les objectifs en vue d'une exploitation rationnelle du potentiel tendent à former les pêcheurs, accroître leur nombre, peupler les plans d'eau en espèces marchandes, faire de la pisciculture avec des étangs familiaux ou scolaires et organiser les pêcheurs en coopératives.
For several years enormous fluctuations have been recorded in the flow of the Niger due to the drought and to the increase of water utilization upstream. FAO estimated its production at 10 000 tons in 1970; the National Fisheries Service considers that the potentialities including its share of Lake Chad can reach 20 000 tons. The drought was the cause of a decrease of one third of the catches and of a change in quality of the fishes. The objectives for a rational exploitation of the potentialities are training of fishermen and increasing their number, stocking of water bodies with valuable fish species, family/school fish farming and organization of fishermen's cooperatives.
La République du Niger, située en Afrique de l'Ouest, couvre une superficie de 1 267 000 km2 et compte 4 millions et demi d'habitants. Cette population est composée essentiellement de:
Le Niger connaît deux grands types de climat chaud:
un climat désertique dans la plus grande partie de son territoire (850 000 km2 = -Isoyete 0 a 100 mm)
Dans cette région, les points d'eau permanents ou temporaires pouvant être pêchés sont inexistants ou presque.
un climat tropical avec une seule saison des pluies de 3 à 4 mois: sahélien dans la bande sud (400 000 km2, Isoyete 400–500 mm) et même soudanien jusqu'à 750 mm par an dans une petite partie de l'extrême sud-ouest.
Dans cette partie sahélo-soudanienne, l'exercice de la pêche est possible grâce à la présence de nombreux cours et plans d'eau.
L'hydrologie et les problèmes de l'eau au Niger sont des questions primordiales car elles conditionnent absolument toute la vie du pays.
L'évaporation, plus de 2 m par an, est très forte et elle est difficilement compensée par les apports des pluies (années très sèches de 1968 à 1974).
Le réseau hydrologique du Niger comprend:
La superficie totale de ce réseau est estimée à 400 000 ha.
TABLEAU I
Débits moyens journaliers
Années | Pluviométrie annuelle | Débit crue | Débit étiage | Module | ||
Déficitaire | Normale | Excédentaire | maximum m3/sec | m3/sec | m3/sec | |
1966–67 | + | 1 945 | 31,2 | 932 | ||
1967–68 | + | 1 968 | 32 | 1 064 | ||
1968–69 | + | 2 330 | 32 | 1 232 | ||
1969–70 | + | 2 365 | 22 | 1 193 | ||
1970–71 | + | -? | -? | -? | ||
1971–72 | + | 1 824 | 14 | 785 | ||
1972–73 | + | 1 700 | 3 | 728 | ||
1973–74 | + | 1 512 | 1,8 | 596 |
Commentaire: la lecture du Tableau I fait apparaître que le régime du Niger moyen a énormément varié ces dernières années
Exemple: jusqu'à l'étiage (données 1929–72) l'étiage centenaire du Fleuve Niger à Niamey était estimé à 10 m3/sec (par ajustement)
Les débits exceptionnels de crue enregistrés en 1967–68 et 1969–70 à Niamey sont dûs à l'ensablement des zones lacustres du Mali.
Les causes de cette variation du régime hydrologique sont de deux sortes:
TABLEAU II
Aménagements hydro-agricoles du fleuve
Années | Nom de l'Aménagement | Superficie (ha) | Culture |
1966 | Kirkisoye | 50 | Riz |
Sakoira | 36 | Blé, coton, haricot | |
Tilla-Kaina | 74 | Coton, haricot | |
Koutoukalle | 410 | Riz | |
1972–73 | Sagia | 115 | Riz |
Karma | 144 | Riz | |
Sona | 515 | Riz | |
Saga | 400 | Riz | |
Libore | 250 | Riz | |
N'Dounga | 300 | Riz | |
Kolo | 255 | Cultures diverses | |
1974–75 | Lossa | 100 | Riz |
Total 2 649 ha |
Au Niger, la pêche est pratiquée toute l'année par deux catégories d'exploitants, notamment:
les agriculteurs-pêcheurs ou pêcheurs occasionnels, qui en font une occupation d'appoint. Dans cette catégorie rentre une bonne partie des populations riveraines du fleuve (surtout des îles), du Lac Tchad et des mares intérieures. On a estimé à une dizaine de milles les pêcheurs occasionnels au Niger.
les pêcheurs professionnels ou pêcheurs à plein temps.
Sur le fleuve, on a recensé en 1972, 2 992 personnes vivant de la pêche, dont:
• | pêcheurs | = | 945 |
• | femmes | = | 1 106 |
• | enfants | = | 941 |
Commentaire: le recensement n'a touché ni les pêcheurs professionnels devenus sédentaires, ni les pêcheurs professionnels opérant sur les affluents en territoires dahoméens et voltaïques.
En 1969 on comptait 1 157 pêcheurs, non compris les femmes et les enfants.
Sur les eaux nigériennes du Lac Tchad, on a recensé 3 000 pêcheurs en 1972 (dont 80 pour cent ressortissants du Nigeria).
TABLEAU III
Répartition des pêcheurs et du matériel sur le Fleuve Niger (Recensement 1972)
Zone | Campements | Pêcheurs | G. Pirogues | P. Pirogues | Moteurs | Filets maillants | Eperviers | Ligne à hameçons | Nasses |
Labbezanga Ayerou | 8 | 39 | 9 | 33 | 8 | 136 | 26 | 55 | 55 |
Ayerou Bac Farie | 19 | 173 | 52 | 127 | 45 | 654 | 128 | 662 | 361 |
Bac Farie Tillibasse | 18 | 135 | 9 | 99 | 22 | 303 | 110 | 387 | 98 |
Tillibasse Fandara | 36 | 278 | 28 | 215 | 40 | 502 | 175 | 750 | 399 |
Fandara Dole | 25 | 318 | 8 | 233 | 34 | 575 | 223 | 1 078 | 473 |
Total | 106 | 945 | 106 | 711 | 149 | 2 170 | 622 | 2 932 | 1 386 |
Commentaire:
Pêcheurs - en 1969, on en a recensé 1 157 parmi lesquels 78,7 pour cent ressortissants du Niger, 18,5 pour cent du Nigeria, 2 pour cent du Ghana, Mali et Dahomey; en 1972, ils ne sont plus que 945. Il y a deux raisons qui expliquent la différence entre ces deux recensements:
Un nombre important de pêcheurs tant nigerians que nigériens sont allés s'installer sur le Lac Kandji (Nigeria).
Embarcations - il s'agit surtout des pirogues monoxiles en tronc d'arbres et tout récemment des pirogues en planches fabriquées à Niamey. Autrement, la majorité des pirogues sont confectionnées à Maidougouri en République Fédérale du Nigeria.
S'agissant des pirogues en planches fabriquées au Niger par un particulier, les différents prix sont donnés au Tableau V.
Les grandes pirogues sont destinées au transport du poisson et des familles de pêcheurs et les petites pirogues sont utilisées pour les prises. Leurs proportions sont données dans le Tableau ci-dessous.
Moteurs H.B. - très peu de pêcheurs opérant au Niger utilisant des moteurs H.B. et cela pour deux raisons:
• | en raison de la chèreté de l'engin | |
Exemples: | 1 moteur Johnson 20 CV à CFA.F. 350 000 | |
1 moteur Johnson 40 CV à CFA.F 550 000 | ||
• | parce que 41 pour cent de ceux-ci vivent non loin de leur village d'origine. |
La majorité des engins recensés sur le fleuve appartient aux pêcheurs non nigériens, généralement ressortissant du Nigeria et du Mali.
TABLEAU IV
Années | Nombre de moteurs H.B. | Observations | |
Montée pirogues | Descente pirogues | ||
1970 | - | 11 | Certaines familles de pêcheurs restent plus d'un an dans les campements de pêche avant d'effectuer le voyage retour |
1971 | - | 12 | |
1972 | 15 | 25 | |
1973 | 75 | 66 | |
1974 | 90 | en cours |
Engins de pêche - les engins de pêche les plus importants et les plus répandus sont:
Les mailles rencontrées vont de 20 à 130 mm avec prédominance des mailles de 40 et 80 mm.
En 1970, des estimations FAO évaluant à 10 000 tonnes de poids vif la production nigérienne, avec une exportation contrôlée de 4 000 tonnes et une importation de 400 tonnes. Cette production se répercutait alors à raison de 1,6 kg/personne/an.
Le Service national avait trouvé que 10 000 tonnes ne reflétaient pas suffisamment la réalité de la production car, partant du principe que le poids vif était réduit du tiers une fois le produit fumé, les seules exportations des produits du Fleuve Niger et de la partie nigérienne du Lac Tchad peuvent totaliser plus de 10 000 tonnes. Donc ceci sans considérer les produits commercialisés frais dans ces régions et ceux récoltés ailleurs. C'est pour cela que nous avons estimé que nos potentialités pourraient atteindre 20 000 tonnes en temps normal.
Dans la réalité, 6 000 à 7 000 tonnes sont censés être pris. Les Tableaux VI et VII renseignent sur les données statistiques pour la période 1958–74 concernant le Fleuve Niger à Niamey et pour l'année 1972 sans une évaluation globale.
Le Sahel tout entier a connu pendant 6 années une pluviométrie insuffisante. Cela s'en est ressenti sur les cours et plans d'eau. C'est ainsi que le débit de l'étiage du Fleuve Niger à Niamey est descendu à 0,4 m3/sec alors qu'il est monté jusqu'à 92,6 m3/sec en 1963. A ceci est venu s'ajouter l'utilisation de l'homme pour la culture: 2 650 ha d'aménagement hydro-agricole.
Les zones inondables ayant fortement diminué, l'aquifaune fluviale s'est trouvée condamnée à se contenter du seul lit au cours plus qu'incertain tant du point de vue abri que nourricier.
Par ailleurs, grand nombre de points d'eau permanents se sont complètement asséchés, ce qui pour certain ne s'est pas produit depuis 60 ans.
Le Lac Tchad même a connu un retrait de 10 à 15 km. Ce qui a converti certains pêcheurs à la culture de sorgho en décrue car il fallait pour continuer les opérations halieutiques, déplacer les villages de 2 km/an en moyenne.
Selon les pêcheurs professionnels qui ont persévéré, on déplore une réduction de prise au moins égale au ⅓ de celle des temps normaux. D'autre part, la qualité des poissons est sévèrement affectée, c'est le cas du Lates, très prisé par le consommateur, dont on peut à peine obtenir 50 kg fumé par jour vu le port de pêche de Bosso alors qu'avant 1968 les 500 kg quotidiens étaient chose facile.
Signalons que le budget national a toujours été aidé par les taxes douanières au moment de l'exportation. Des CFA.F. 25 millions enregistrés mensuellement en temps normal, au seul poste de Bosso les recettes ont baissé à CFA.F. 15 millions par mois.
Le budget des collectivités a également essuyé un sérieux contrecoup avec la diminution des pêcheurs par disparition ou amenuisement des points d'eau car les arrondissements au Niger perçoivent CFA.F. 2 000 et 4 000 respectivement auprès des nationaux et étrangers.
Pour exploiter rationnellement nos potentialités, les objectifs visés tendent à:
former les pêcheurs à l'emploi des engins et des techniques de prise dans le cadre de la CBLT où nous formons des pêcheurs auxquels il est remis un équipement de démarrage (pour CFA.F. 360 000).
augmenter l'effectif des pêcheurs, en intéressant davantage les nationaux à pêcher sur les points d'eau sous-exploités.
empoissonner les plans d'eau peuplés en espèces pas très appréciées avec des alevins d'essences valables.
faire de la pisciculture avec des étangs familiaux ou scolaires pour compenser la rareté ou le manque de protéine animale dû à la diminution du cheptel domestique.
enfin organiser les pêcheurs en coopératives.
En cours - formation de pêcheur Tchad CBLT-FAO - U.S.$ 265 000.
En instance de démarrage
Pisciculture expérimentale: financement CARE CFA.F. 9 millions
Développement pêches Tahona: financement C.W. Service CFA.F. 12 millions
(complément du financement non déterminé)
En quête de financement
Développement des pêches dans les eaux Daho-nigériennes: CFA.F. 93,5 millions
(présenté au PNUD sans résultat)
Formation des pêcheurs sur fleuve et création de coopératives: CFA.F. 54 millions.
TABLEAU V
Prix des pirogues en planches à Niamey
Désignation | Dimensions | Charge (kg) | Prix (CFA.F.) | ||
Longueur (m) | Largeur (cm) | Hauteur (cm) | |||
Pirogue No. 1 | 7 | 77 | 26 | 450 | 17 550 |
Pirogue No. 2 | 6,30 | 93 | 26 | 650 | 23 500 |
Pirogue No. 3 | 8,50 | 91 | 40 | 975 | 29 000 |
Pirogue No. 4 (à moteur) | 8,60 | 1,10 | 40 | 1 105 | 30 000 |
Pirogue No. 5 (à moteur) | 8,80 | 1,20 | 58 | 1 400 | 60 000 |
TABLEAU VI
Production 1972
Centre de production (Départements) | Production totale | Consommation locale | Exportation | ||
Frais | Fumé | Frais | Fumé | ||
(t) | (t) | (t) | (t) | (t) | |
Niamey | 700 | 630 | 25 | - | 45 |
Diffa | 4 653 | 750 | 250 | - | 3 653 |
Autres régions | 340 | 40 | 100 | - | 200 |
Totaux | 5 693 | 1 420 | 375 | - | 3 898 |
Commentaires:
Au niveau de Niamey des pesages quotidiens, effectués au marché par des enquêteurs de pêches ont permis d'enregistrer le tonnage de 602 tonnes de poisson frais. Le complément pour obtenir 700 tonnes, soit 100 tonnes n'est qu'une estimation des produits autoconsommés sur les lieux de pêches et de ceux qui ne transitent pas par le marché.
Pour Diff a également les 3 653 tonnes de l'exportation sont obtenus d'après le registre douanier de Bosso où l'on percevait alors CFA.F. 25 par colis de 25 kg environ de poisson fumé.
Tous les autres chiffres ne sont que les résultats d'une estimation et, très probablement, sous évalués.
Les espèces pêchées sont: Lates, Tilapia, Clarias, Synodontis, Baguis, Marmyrus, Clarotes et le silure.
TABLEAU VII
Statistique de production de poisson
Années | Quantité (t) | Temps de pesée | Observation | |
Poisson frais | Poisson fumé | |||
1958 | 344 070 | |||
1959 | 476 330 | |||
1960 | 938 111 | |||
1961 | 593 200 | |||
1962 | 456 250 | 1 867 100 | ||
1963 | 463 560 | 569 800 | ||
1964 | 474 500 | 737 968 | ||
1965 | 528 000 | 247 539 | ||
1966 | 370 250 | 79 435 | 149 j de pesée | |
1967 | 604 000 | 57 943 | ||
1968 | 405 085 | |||
1969–70 | travaux expert | Bacalbasa | Pas de pesage | |
1971 | 741 805 | |||
1972 | 602 181 | 171 020 | ||
1973 | 373 500 | 7 mois | Janv. à Juil. | |
1974 | 214 515 | 6 mois | Mai à Octobre |
Dans l'ensemble, les pêches du Nigeria n'ont pas autant souffert de la sécheresse que certains autres secteurs de l'agriculture. Néanmoins, du fait de la réduction de la production de bétail vif et de l'agriculture, la pression s'est accrue sur la production et sur la consommation de poisson. Afin de réduire la différence croissante entre la production domestique et la demande, le Gouvernament Fédéral a dû assouplir les restrictions sur les importations de poisson dans le pays. Les mesures à long terme prises par le Gouvernement pour augmenter la production locale de poisson et, en particulier, lutter contre les effets de la sécheresse dans les zones affectées comprennent la création de Services administratifs de développement des bassins des fleuves, l'aquiculture, un programme intégré de formation en matière de pêches, amélioration de la transformation du poisson, commercialisation et distribution.
Ce rapport considère seulement les eaux de la vallée du Sénégal. Les pêches assurent un revenu important aux populations de la zone, une source de nourriture riche en protéines animales et une occupation permanente à une fraction importante des populations de la vallée. A la suite de la sécheresse les ressources se sont fortement amenuisées au cours des cinq dernières années. Les principaux obstacles au développement des pêches continentales sont: la sécheresse, qui a influé directement sur la reproduction piscicole; la réduction de 40 à 60 pour cent des 100 à 120 000 ha de superficies inondables; la vitesse de retrait des crues; la prolifération des engins de pêche, principalement filets traînants, et la réduction des dimensions des mailles. Un programme d'action à long terme est prévu pour la protection et le développement des pêches continentales au Sénégal.
This report considers only the Senegal valley. Fisheries secure an important income to the populations of the zone; a source of food of high animal protein quality and permanent work to a large part of the valley population. Due to the severe drought, there was a great decrease of fish resources during the last five years. The main constraints to the development of inland fisheries include: the drought which had a direct impact on fish breeding; the 40 to 60 percent reduction of the 100 to 120 000 ha area normally flooded; the rapidity of the withdrawing of the flood; the multiplication of fishing gear, mainly large dragnets and illegal reduction of mesh size. Long-term action is being undertaken to protect and develop inland fisheries in Senegal.
Bien qu'au Sénégal “les eaux continentales comprennent toutes les eaux situées en deçà de la limite du continent, qu'il s'agisse des fleuves, rivières, ruisseaux, zones d'inondation, lacs, mares, lagunes, réserves d'eau naturelles et artificielles, et que ces eaux soient douces, saumâtres ou salées” (article 1er de la loi 63.40 du 10 juin 1963 réglementant la pêche), le Service des Eaux et Forêts chargé des problèmes des pêches dans les eaux intérieures s'est uniquement intéressé jusqu'à l'ensemble hydrologique du nord et de l'est du Sénégal (fleuve Sénégal et ses affluents; lac de Guiers et divers marigots).
Laissant de côté les bassins continentaux de la Casamance, du Sine Saloum, les plans d'eau des Niayes dont la production piscicole est cependant très importante pour l'économie sénégalaise, nous considérons seulement dans ce rapport les eaux de la vallée du Sénégal pour ce qui est du diagnostic de la situation actuelle; les perspectives intéressent par contre tous les plans d'eau intérieurs.
La pêche contribue à l'équilibre économique de la vallée du Sénégal sous les divers aspects étudiés ci-dessous en fournissant:
Un rapport établi en 1969 dans le cadre du Projet d'Aménagement Hydro-Agricole du Bassin du Sénégal estimait la production piscicole du fleuve à 30 000 tonnes.
Cette production vaut plus de 750 millions de CFA.F. valeur sensiblement égale à celle des cultures de décrue ou des produits de l'élevage.
D'après les résultats des enquêtes de la Mission Socio-Economique du Sénégal publiés en 1961 (M.I.S.O.E.S.) la pêche fournit les 18 pour cent du revenu des ruraux dans la vallée du Sénégal contre 40 pour cent à l'agriculture et 13 pour cent à l'élevage.
Le pêcheur possède le niveau de vie le plus élevé dans la zone avec un revenu annuel de plus de CFA.F. 60 000 contre moins de CFA.F. 40 000 pour les autres populations.
Le poisson fournit les 80 pour cent des produits animaux de la ration alimentaire des Toucouleurs, ethnie la plus importante de la vallée.
En saison sèche il relaie le lait et la viande plus rares.
Jusqu'en 1969 le poisson d'eau douce régularisait le ravitaillement des centres urbains en hivernage, moment où les apports de la pêche maritime sont déficitaires et à Dakar même un important marché était spécialisé en poissons d'eau douce de la vallée.
Le Service des Eaux et Forêts estime à environ 100 000 le nombre de personnes s'adonnant à la pêche et à plus de 10 000 celles occupées de façon permanente par cette activité (pêcheurs professionnels).
En un mot les ressources piscicoles participent de façon effective à l'équilibre économique de la vallée du Sénégal.
Malheureusement elles se sont fortement amenuisées au cours des cinq dernières années consécutives de sécheresse au Sahel.
La régression brutale de l'importance économique des pêches dans la vallée du Sénégal au cours des cinq dernières années a été provoquée par:
La reproduction et donc la perpétuation des populations piscicoles sont très étroitement tributaires des crues du fleuve; les principales caractéristiques de cette crue (précocité, amplitude, vitesse de retrait) influent directement sur la reproduction annuelle des différentes espèces piscicoles.
La précocité - Plus la crue est précoce plus elle permet à un grand nombre d'espèces de retrouver les conditions idéales de reproduction, en fonction de leur cycle biologique. La précocité, toutes choses égales par ailleurs, correspond à une plus grande période de couverture de la plaine inondable.
La sécheresse s'est manifestée non seulement par la réduction de la lame d'eau pluviale, mais également par un retard des pluies, même et souvent dans le haut bassin, entraînant ainsi un retard de la crue, donc la non-reproduction des conditions favorables des crues précoces.
L'amplitude des crues - Elle intervient en raison directe des superficies couvertes, à savoir, de l'étendue des prairies aquatiques refuges des reproducteurs et dispensatrices des ressources alimentaires; celles-ci jouent chaque année le rôle de pompe annuelle donnant “un coup de fouet” au stock piscicole d'autant plus important, c'est-à-dire avec une force régénératrice d'autant plus grande que les superficies inondées sont importantes.
Les superficies inondables en année moyenne et utilisables autant par le phénomène naturel de la reproduction des espèces que par les cultures de décrue le long de la vallée du côté sénégalais sont estimées à 100 à 120 000 ha par an. Elles ont été souvent au-dessous de ce chiffre au cours des plus dures années de la sécheresse.
Par ailleurs, les tributaires du fleuve Sénégal ont également une grande importance et pendant les années de sécheresse ils ont été peuou pas réalimentés du tout.
L'on pourrait certainement estimer à 40 voire 60 pour cent les réductions de superficies connues au cours de la période et selon les années.
La vitesse de retrait des crues - Elle a son importance autant du point de vue agricole que du point de vue piscicole; son action, se conjugant souvent et dans le même sens que la non-précocité de la crue, tend à réduire également la durée de submersion des terres inondées et à gêner la reproduction qui soit ne se fait pas complètement, soit est totalement inihibée.
La conjugaison de l'ensemble de ces effets a entraîné la disparition progressive des prairies aquatiques, la réduction de leur richesse spécifique, bref de leur potentiel en tant que facteur de reproduction et de production.
Les importants apports monétaires et alimentaires que procurait la pêche ont favorisé cette prolifération dont les plus efficaces ont naturellement la préférence des pêcheurs.
Cet engouement des grands filets s'est accéléré avec le désenclavement des régions fluviales, l'intervention de camions chargés de barre de glace venant chercher le produit pour les métropoles de l'ouest et du sud, a rapidement et intensivement monétarisé les activités de la pêche fluviale, qui passe rapidement en quelques années de la pêche de subsistance ou de satisfaction des besoins locaux à la pêche commerciale inter-régionale, partagée d'ailleurs avec d'autres pêcheurs “intrus” aux moyens souvent plus perfectionnés.
De même, le mouvement du pêcheur, au fur et à mesure que les stocks se réduisaient, do fait des effets combinés de la surexploitation et de la sécheresse a tendu à la multiplication de ces filets et, chose plus grave encore, à la réduction clandestine des dimensions des mailles. Les filets qui ont connu une prolifération particulière sont ceux décrits ci-dessous:
2.21 Les filets traînants
Avec des développements de plus de 250 m, des chutes de plus de 15 m, leur nombre a considérablement augmenté dans la vallée du Sénégal au cours des 20 dernières années, le Service des Eaux et Forêts en a recensé 500 dans la basse et moyenne vallée sur la rive sénégalaise.
L'emploi des filets traînants se trouve à l'origine de nombreux conflits parfois sanglants entre collectivités de pêcheurs.
En effet, dans certains biefs du Sénégal, dans certains marigots et fosses, les réglements coutumiers continuent à interdire la pêche aux filets traînants, tolérant seulement la pêche de subsistance qui garantit la ration journalière sans entamer le capital piscicole.
Par contre, pour les pêcheurs étrangers à ces biefs, équipés de filets traînants, il faut opérer dans ces fosses interdites au nom de la liberté de pêche pour capturer le plus de poissons à mettre sur les marchés.
La forme de l'exploitation du poisson oppose forcément les deux catégories de pêcheurs.
2.22 Les araignées en nylon
Posées pour plusieurs semaines les araignées en nylon (fil imputrescible) barrent littéralement la plupart des plans d'eau, en toute saison.
Leurs prix modiques (CFA.F. 4 000 à 6 000) font qu'il est courant de trouver avec un seul pêcheur un jeu de plus de cinq engins.
Comme ils sont aussi d'emploi facile (ils sont posés et relevés sans nécessiter souvent l'emploi d'une embarcation), tous les riverains des cours d'eau (même les éleveurs, les agriculteurs qui naguère ne pêchaient jamais) se sont mis à la pêche, à l'emploi de ces engins.
Nous n'avons cité ci-dessus que les principaux obstacles au développement des pêches continentales dans la vallée du Sénégal au cours des cinq dernières années. Une politique visant à limiter leurs effets néfastes sur l'économie de la région s'imposait.
Plusieurs actions sont entreprises au Sénégal pour protéger et développer les pêches continentales.
Cette action a consisté à:
3.11 Mettre en place une réglementation aussi complète que possible
Loi 63.40 du 10 juin 1963 portant délimitation des eaux continentales, de secteurs de pêche (unités naturelles d'exploitation et de gestion), etc.
Décret 65.506 du 19 juillet 1965 portant application de la loi 63.40.
Ce texte institue des conseils de pêche chargés de l'organisation locale de la pêche au niveau des secteurs de pêche, organise la pratique de la pêche, l'utilisation des engins de pêche, la protection du poisson, etc.
3.12 Créer des réserves de pêche
Classement de 19 fosses servant de refuges aux géniteurs en saison sèche.
3.13 A équiper le Service des Eaux et Forêts en pinasses, canots avec propulseurs de 20 ch
Cet équipement a démarré au lac de Guiers et doit intéresser tous les secteurs de la vallée (Richard-Toll, Podor, Matam et Bakel).
Cet équipement vise à une meilleure application de la réglementation de la pêche en assurant la mobilité adéquate des agents.
3.14 Harmoniser les réglementations de pêche sénégalaise et mauritanienne
Les tentatives du Sénégal pour atteindre cet objectif sont constantes.
La lutte contre le dépeuplement piscicole des eaux du Sénégal ne peut donner aucun résultat positif si tous les pêcheurs ne se conforment pas à une même politique d'exploitation rationnelle des ressources piscicoles, définé par les états riverains.
Ils sont formés au centre piscicole de Bouaké (Côte-d'Ivoire) et ces cadres sont chargés des problèmes des pêches continentales au Sénégal.
Au cours de stages de perfectionnement organisés à leur intention les pêcheurs sont initiés à la réglementation de la pêche, à la gestion coopérative, à la conservation des produits de la pêche, etc.; à leur retour dans leur milieu ils doivent animer les coopératives et conseils de pêche.
Vingt associations d'intérêt rural et coopératives ont été créées. Ces organismes ont connu beaucoup de difficultés au départ (encadrement par des services non spécialisés en pêche).
En plus des actions précitées, le Sénégal a inscrit dans son IVe plan de développement économique et social un certain nombre de projets:
La création d'unités administratives chargées de la gestion des eaux intérieures sénégalaises
Le projet concernant la structure administrative à mettre en place dans la vallée est joint au présent rapport (Annexe A) mais il convient de retenir qu'il existe un programme plus ambitieux de développement des pêches continentales dans toutes les eaux intérieures sénégalaises (fleuves Casamance et Saloum, lacs des Niayes, etc.) et visant à une meilleure exploitation de l'important potentiel piscicole de ces plans d'eau.
L'organigramme de la future administration sénégalaise qui sera chargée des problèmes de ces eaux intérieures est joint en Annexe B.
L'équipement de ce service fait l'objet d'un projet inscrit au IVe plan de développement economique et social;
La pisciculture semi-intensive dans les plans d'eau artificiels et dans les cuvettes de la vallée du Sénégal (voir sommaire projet type, Annexe C)
Ce dernier projet vise à réduire les effets de la sécheresse sur la production piscicole en essayant de la maintenir à un niveau acceptable.
En outre l'introduction de certaines espèces nobles (Lates niloticus) ou à croissance rapide (Heterotis niloticus, Tilapia) ou intéressantes pour les populations (Clarias, qui fournit le poisson sec le plus apprécié) sera entreprise dans les plans d'eau pauvres (Niayes);
Motorisation des pirogues des pêcheurs;
L'équipement des coopératives de pêche fluviale
Cette politique de protection et de développement des pêches continentales au Sénégal pourrait convenir pour tout le bassin du fleuve de même nom.
Dans cette région son application permettrait de réduire les effets de la sécheresse sur les pêches dont les plus ressentis par les populations demeurent:
la baisse notable des apports alimentaires et monétaires que procurent les pêches;
le déficit de poissons de plus en plus aigu dans les centres urbains en hivernage depuis que la production des pêches continentales ne supplée plus celle déficitaire de la mer;
l'exode des pêcheurs (les jeunes surtout) vers les villes (Dakar, Nouackchott, St. Louis, etc.) la pêche ne leur procurant plus des conditions de vie décentes comme autrefois.
La contribution du Comité des Pêches Continentales pour l'Afrique ou de toutes institutions voulant aider à la protection et au développement des pêches sahéliennes fortement éprouvées par la sécheresse pourrait consister à aider à mettre en oeuvre dans la vallée du Sénégal un programme de redressement s'inspirant sur celui appliqué au Sénégal.
Mise en place d'une réglementation commune aux états riverains du Sénégal dans le cadre de l'OMVS (Organisation pour la Mise en Valeur du Bassin du Sénégal) pour une meilleure exploitation
Développement de la pisciculture semi-intensive dans les réserves d'eau artificielle des unités d'aménagement, dans les cuvettes et mares de la vallée
A cet effet le Sénégal a pris bonne note du projet número RAF/74/041 dont le Conseiller Régional doit apporter son concours aux gouvernements africains en matière d'aquiculture (réaliser des études pilotes; enquêtes de terrains, formulation de programmes de développement) mais souhaite que le programme ne s'arrête pas aux études mais débouche sur des actions plus concrètes tel l'aménagement piscicole des cuvettes, mares, etc., recensées déjà dans la vallée.
L'établissement de statistiques aussi précises que possible pour une meilleure connaissance de la place des pêches continentales dans l'économie des pays riverains du Sénégal
Ces données convaincraient plus facilement les états de la nécessité de consentir des investissements en faveur des pêches.
La formation de personnels subalternes devant aider les cadres moyens en place dans la vallée et participer à la collecte des statistiques
Elle s'adresserait à des cadres du niveau de celui des Agents Techniques.
La fabrication d'embarcations en plastique renforcé destinées à l'équipement des pêcheurs
La lutte contre le déboisement va progressivement réduire le nombre des embarcations de pêche.
Enfin le Sénégal est intéressé par la mise en place d'une structure administrative qui va lui permettre l'aménagement et l'exploitation de toutes ses eaux intérieures (à présent le Service des Eaux et Forêts s'est occupé seulement de la vallée du fleuve Sénégal).
Bard, J., 1965 Aménagement piscicole dans le delta du fleuve Sénégal (C.T.F.T. - Nogent-sur-Marne)
Conseil Economique et Social du Sénégal, 1970 Etude sur la pêche fluviale au Sénégal
Direction des Eaux et Forêts, Divers rapports annuels
Fall, A.O., 1966 La pêche fluviale (Direction des Eaux et Forêts du Sénégal)
Lemasson, J., 1970 Etude préliminaire des incidences sur la pêche de l'aménagement hydroagricole de la vallée et du delta du fleuve Sénégal
Sene, E., 1974 La sécheresse de l'inter-décennie: son ampleur, sa signification et ses remèdes (Direction des Eaux et Forêts du Sénégal)
Fiche de Projet No. 1 - Pêche
Titre du projet: | Création d'unités administratives chargées de la gestion des eaux intérieures sénégalaises |
Secteur: | Agriculture |
Sous-secteur: | Pêche et pisciculture |
Nature du projet: | Economique et social |
I. INFORMATIONS GENERALES
La vallée du Sénégal possède plusieurs plans d'eau qui aménagés à des fins piscicoles et exploités rationnellement peuvent fournir d'importantes ressources alimentaires aux populations riveraines.
Le Sénégal forme depuis plusieurs années à l'Ecole Inter-Etats de Formation Piscicole de Bouaké (Côte-d'Ivoire) les fonctionnaires capables d'entreprendre tous les travaux d'aménagement de ces plans d'eau et d'encadrer les pêcheurs devant les exploiter.
II. OBJECTIFS DU PROJET
Ce projet vise à mettre en place et à équiper des unités administratives dirigées par des fonctionnaires spécialisés en pêche continentale et pisciculture, chargés de gérer les fonds d'eau intérieurs et d'encadrer le milieu pêcheur.
Il doit déboucher sur l'augmentation de la production piscicole des eaux du fleuve Sénégal pour un meilleur équilibre économique de la vallée.
III. CONSISTANCE ET PHASES DU PROJET
Le projet comportera:
La mise en place des structures administratives
1 service régional à St. Louis
3 secteurs spéciaux de pêche à Richard-Toll pour le lac de Guiers et la basse vallée
Matam pour la moyenne vallée
Bakel pour la haute vallée
L'équipement des unités administratives
L'équipement nécessaire se compose de:
4 land rovers long chassis
1 voiture 2 ch berline
1 vedette rapide
4 canots
4 moteurs hors-bord de 25 ch
IV. ORGANISATION DU PROJET
Le projet sera administré par le Service des Eaux et Forêts (Ministre du Développement Rural et de l'Hydraulique) chargé de la gestion des eaux continentales.
V. CALENDRIER ESTIMATIF POUR LA MISE EN OEUVRE DU PROJET
Le démarrage du projet ne dépend pas des résultats d'autres projets.
Cependant son exécution serait facilitée, les objectifs visés seraient atteints plus facilement si une réglementation de pêche commune aux états de l'OMVS était mise en place.
VI. ETAT ACTUEL DE LA FORMULATION DU PROJET
Inscrit au IVe plan de développement economique et social sénégalais le projet est déjà élaboré.
VII. COUT ET FINANCEMENT
Le coût du projet comporte:
(i) | Le coût des investissements | CFA.F. |
4 land rovers long chassis à CFA.F. 1 900 000/unité | 7 600 000 | |
1 voiture 2 ch Berline | 800 000 | |
1 vedette complète | 4 500 000 | |
4 canots à CFA.F. 800 000/unité | 3 200 000 | |
4 hors-bord de 25 ch à CFA.F. 250 000/unité | 1 000 000 | |
Total des investissements | 17 100 000 |
En prévoyant une majoration de 6 pour cent le coût total pour les investissements devient:
CFA.F. 17 100 000 + CFA.F. 1 026 000 = CFA.F. 18 126 000
Arrondi CFA.F. 18 000 000
(ii) Coût des charges récurrentes
Les frais des charges récurrentes se rapportent à l'achat de petit matériel pour l'équipement des véhicules, embarcations, l'achat de carburant et d'ingrédients, l'entretien et les réparations.
Ils sont estimés à CFA.F. 8 000 000 pour quatre années
Le coût général du projet s'établit ainsi:
CFA.F. 18 000 000 + CFA.F. 8 000 000 = CFA.F. 26 000 000
quant au financement il devra être assuré le plus rapidement possible l'action envisagée (lutte contre le dépeuplement piscicole et augmentation de la production) ne pouvant souffrir d'interruption.
VIII. AUTRES OBSERVATIONS EVENTUELLES SUR LE PROJET
(i) Le personnel nécessaire pour entreprendre le projet existe déjà au sein de l'Administration des Eaux et Forêts.
Les infrastructures des Inspections et Secteurs des Eaux et Forêts pourront abriter les unités de gestion envisagées.
(ii) Les effets du projet sont d'ordre économique et social.
Effets économiques
augmentation de la production par l'application de la législation sur la pêche;
valorisation de cette production par de meilleures techniques de conservation, etc.
Effets sociaux
la profession de pêcheur serait revalorisée et l'exode des populations qui vivent de la pêche (surtout les jeunes, les plus valides) vers les centres urbains (Dakar, St. Louis, Nouakchott) serait limitée, freinée.
Fiche de Projet No. 2 - Pêche
Titre du projet: | Pisciculture dans les plans d'eau artificiels et dans les cuvettes de la vallée du Sénégal |
Secteur: | Agriculture |
Sous-secteur: | Pêche et pisciculture |
Nature du projet: | Economique et social |
I. INFORMATIONS GENERALES
L'aménagement hydro-agricole de la vallée va se traduire pour le Sénégal par la diminution de la superficie de la plaine inondable du fait de l'écrêtement des crues et entraîner la baisse de la production piscicole étroitement liée à l'importance de la zone inondée.
Il est possible de compenser cette baisse en pratiquant la pisciculture dans certains plans d'eau de la vallée.
II. OBJECTIFS DU PROJET
Le projet vise à l'augmentation quantitative et qualitative de la production piscicole dans les plans d'eau artificiels des unités d'aménagement et dans les cuvettes plus ou moins permanentes de la vallée par la pisciculture semi-intensive.
III. CONSISTANCE ET PHASES DU PROJET
Le projet comportera:
Pour les cuvettes
La construction d'un barrage sur le marigot (tiangol) d'approvisionnement pour une meilleure permanence du plan d'eau, pour une plus grande surface sous eau, etc.
Pour améliorer le remplissage de la cuvette, la rectification du marigot d'approvisionnement (redressement, curage seuils, etc.) peut être envisagée en cas de besoin.
Pour les plans d'eau artificiels
Alevinage de la retenue d'eau.
IV. ORGANISATION DU PROJET
Le projet sera administré par le Service des Eaux et Forêts (Ministère du Développement Rural) chargé de la gestion des eaux continentales.
V. CALENDRIER ESTIMATIF POUR LA MISE EN OEUVRE DU PROJET
Le démarrage du projet ne dépend pas des résultats d'autres projets.
Cependant les premières unités à aménager devront être choisies non loin des industries agricoles existantes (rizeries notamment) pour profiter des sous-produits et apporter des matières organiques aux poissons.
En ce qui concerne l'alevinage des plans d'eau artificiels, les alevins peuvent être récoltés dans le fleuve Sénégal.
VI. ETAT ACTUEL DE LA FORMULATION DU PROJET
Le projet de mise en valeur de la cuvette expérimentale de “Wendou Edi” a été inscrit au IVe plan de développement sénégalais.
Ce sont les mêmes opérations qui seront entreprises pour les autres mares de la vallée dont les plus intéressantes sont déjà connues.
VII. COUT ET FINANCEMENT
(i) | Pour l'aménagement d'une cuvette, les dépenses suivantes sont prévues: | ||||
(a) | Construction d'un barrage | CFA.F. | |||
- | buse ARMCO de 100 cm de diamètre de 5 m à CFA.F. 50 000/m | 250 000 | |||
- | vannes à crémaillère + chicanes | 50 000 | |||
- | bâti de béton | 200 000 | |||
- | digue de fermeture et main-d'oeuvre | 2 000 000 | |||
(b) | Rectification du marigot - main-d'oeuvre | 2 500 000 | |||
(c) | Charges récurrentes annuelles (entretien, barrage et divers) | 100 000 | |||
Total | 5 100 000 | ||||
(ii) | Pour l'alevinage d'un plan d'eau artificiel | ||||
Récolte et transport des alevins, achat de sous-produits et divers, etc., il a été retenu un investissement par plan d'eau d'une somme de: CFA.F. | |||||
Coût total du projet - Pour une période quatre années il est prévu: | |||||
CFA.F. | |||||
- | l'aménagement test immédiat de 4 cuvettes à raison de CFA.F. 5 100 000/cuvette | 20 400 000 | |||
- | l'alevinage de 2 plans d'eau à Dagana, Gaé et Nianga à CFA.F. 250 000/plan | 500 000 | |||
Total | 20 900 000 | ||||
Extension du projet prévu sur 10 cuvettes | |||||
Provision totale amélioration production piscicole | 51 000 000 | ||||
Financement du projet: recherché. |
VIII. AUTRES OBSERVATIONS EVENTUELLES SUR LE PROJET
(i) Moyens logistiques et personnel
Sont ceux du Service des Eaux et Forêts: le projet fournira carburant et ingrédients pour les transports.
(ii) Les effets escomptés seront d'ordre économique et social.
Effets économiques
tonnages pêchés en cuvettes et plans d'eau aménagés 15 à 20 fois supérieurs (augmentation quantitative et qualitative);
pâturages (prairies aquatiques) pour les animaux domestiques;
cultures de décrue;
gibier d'eau et création de circuits cynégétiques;
élevage de canards domestiques;
réserves d'eau douce pour les populations et le bétail, etc.
Effets sociaux
un revenu annuel de CFA.F. 100 000 environ par personne sera assuré à plus de 20 pêcheurs par unité aménagée d'où meilleure fixation des populations de la région très touchées par l'exode rural.
(iii) Les populations limitrophes des cuvettes sont disposées à participer aux travaux d'aménagement par investissement humain ce qui peut réduire le coût des investissements.
La production de poisson du Lac Tchad était d'environ 100 000 tonnes par an; depuis la sécheresse on estime la production actuelle à presque 140 000 tonnes. Plus de 40 000 pêcheurs et leurs familles vivent des produits de la pêche. Il y a un commerce important avec les pays avoisinnants. La sécheresse a entraîné la disparition de nombreuses variétés de poisson et de profondes modifications de la végétation et de la faune lacustres. Il est à craindre qu'un rapide déclin ne fasse suite à une production totale maximum si le lac continue à baisser et que les stocks soient fortement réduits avant la remontée des eaux lacustres. Les projets à long terme comprennent la création de nouveaux centres, l'amélioration de la transformation du poisson et des méthodes de pêche, la construction de bateaux à moteur et l'organisation de la formation à tous les niveaux.
Production of the Lake Chad is about 100 000 tons/year of fresh fish; since the drought, however, there was a rise of the tonnage up to 140 000 tons. Over 40 000 fishermen and their families live on the lake fishery products and there is an important trade with the neighbouring countries. The drought has deeply modified both the lake flora and fauna and caused the disappearance of numerous fish species. Total production after a maximum will decline rapidly if the level of the lake still decreases and the stocks will be reduced before a further rise of the level of the lake. Long-term projects include the development of new centres, improvement of fish processing and fishing methods, boatbuilding and mechanization of the boats, and organization of training and teaching at all levels.
Pour parler de pêches il faut avoir chez soi un plan d'eau permanent avec du poisson dedans; le Sahel tchadien a donc le privilège d'avoir un petit lac (Fitri) et le plus important de la zone du Sahel, le Lao Tchad. Nous nous bornerons donc à donner un aperçu sur ces deux plans d'eau qui sont vitaux pour notre pays car à l'heure actuelle où l'humanité souffre de famine par manque de protéines, les problèmes des pêches doivent retenir au plus haut niveau l'attention des Organismes Internationaux en vue d'une solution adéquate.
Vestige d'une mer intérieure (la Mer Paléo-tchadienne), il a une superficie de 24 000 km2 en temps normal; il est alimenté par les eaux de pluie venant des régions du sud du pays. La pêche constitue au Tchad une activité essentielle dans l'économie de la nation, la production totale antérieure était estimée à 100 000 tonnes de poisson frais; depuis la sécheresse le niveau d'eau ayant considérablement baissé, les prises sont devenues très importantes et on estimerait la production actuelle à presque 140 000 tonnes de poisson frais, donc une augmentation de 40 pour cent. Cette quantité importante de poisson est une garantie sûre pour parer au manque de protéines que l'humanité subit à l'heure actuelle et représenterait un apport non négligeable d'argent aux pêcheurs nationaux (plus de CFA.F. 3 milliards). Le Tchad se place donc parmi les tout premiers pays producteurs de poisson en Afrique Intertropicale.
Malgré une évolution rapide des techniques de pêches durant ces dernières années, la pêche au Tchad reste encore à un stade de modernisation peu avancé.
Le Lac Tchad possède de vastes réserves de poissons et représente une source non négligeable et essentielle de substance pour les populations locales; il fait vivre plus de 40 000 pêcheurs et leur familles et donne lieu à un commerce très important entre les pays riverains. Les méthodes de transformation et de commercialisation se sont améliorées ces dernières années; des embarcations mieux adaptées aux conditions de travail ont été introduites et l'utilisation de filets maillants en fibre synthétique est adoptée à l'unanimité des pêcheurs.
Nous estimons qu'on peut encore augmenter les quantités de prises débarquées dans certaines zones et, en particulier, sur les îles en intensifiant la pêche avec des méthodes appropriées et la mécanisation.
Situé à 12°30 nord et 17°30 ouest, est un Lac Tchad en miniature qui n'est alimenté que par les eaux de pluie d'origine sahélienne tombant sur la cuvette centrale du Tchad. Sa superficie approximative est de 42 km2; peut être triplée au maximum des crues d'inondation de la zone deltaïque de ses principaux tributaires; le Batha, le Bahr Zerzer et le Bahr Zigaro.
Le plan d'eau est peu profond avec une flore aquatique (Neptunia, Echinoclea, Oryza, Ceratophyllum y abondent, etc.). La faune aquatique est identique à celle du Lac Tchad. Les Bilalas sont les pêcheurs désignés pour ce lac (habitant la région); ils pêchent avec des engins de pêches primitifs. Nous n'avons aucune donnée précise sur les prises du Lac Fitri et sur son potentiel en poisson; on a estimé les captures entre 2 000 et 3 000 tonnes.
Les pêches importantes s'effectuent sur le complément Logone-Chari, le delta et le lac même. Les espèces dominantes sont les suivantes (couramment capturées):
Alestes dentex
Alestes baremose
Gnatonemus
Citharinus divers
Eutropus niloticus
Mormyrus rume
Clarias et Heterobranchus
Heterotis niloticus
Hydrocyon
Lates niloticus
Labeo senegalensis
Tilapia niloticus
Au Tchad nous avons trois procédés de traitement du poisson.
Ne concerne que les petits poissons et les Alestes; parfois les Lates et autres gros poissons.
Consiste à couper en morceaux des gros poissons frais fendus ou coupés en morceaux longs (Alestes, Lates et autres) et les sécher ensuite.
Les méthodes mentionnées ci-dessus sont traditionnelles et ne sont pas parfaites. Au cours des manutentions nombreuses de la commercialisation ou pendant le stockage le poisson ainsi traité fait l'objet d'attaque des parasites ichtyophages (dermeste) et perd ainsi de 25 à 30 pour cent de son poids initial.
Empêche l'attaque des insectes et conserve bien le poisson; c'est donc le meilleur procédé à vulgariser. Les poissons fumés, séchés et salés sont commercialisés directement au Nigeria, Cameroun et République Centrafricaine. On peut réaliser des économies considérables en améliorant les méthodes de préparation du poisson, ce qui permettrait de réduire les pertes massives dues à la détérioration du poisson durant le transport et à l'attaque des insectes.
D'après les données précises recueillies à l'ORSTOM nous savons que le Lac Tchad est principalement alimenté par le Chari (83 pour cent), l'apport des autres tributaires: El Beïd, Komadogou-Yobé (7 pour cent); pluies tombant sur le Lac Tchad (10 pour cent). La superficie lacustre est passée par un maximum entre 1962 et 1965 (23 500 km2 à 22 000 km2) qui nous donne le grand lac, tandis qu'une diminution a été enregistrée dès 1966 et nous avons les superficies ci-après: 19 000 km2 en janvier 1972, 13 500 km2 en mai 1973 et 9 000 km2 en juillet 1973 (petit lac). Cette diminution est principalement due à l'exondation de la grande barrière de la pointe sud et de l'archipel de l'est.
La profondeur moyenne du lac est de 1,50 m; s'il n'est pas réalimenté pendant quelque temps on risque de voir un assèchement.
Depuis la sécheresse le lac est divisé comme suit:
la zone nord plus profonde jusqu'à 6 m et qui n'est pas réalimenté depuis deux ans;
la zone sud qui s'est asséchée;
une partie au-dessus Djimtilo avec eau profonde et l'archipel de Bol qui est marécageux.
Nous savons que l'évaporation sur le Lac Tchad est très importante, de l'ordre de 2,2 m par an, il faut une crue régulière de 90 cm sur l'ensemble du lac pour une période favorable. Grâce aux crues du Chari nous pouvons juger le lac; avec les données précises de l'ORSTOM, nous savons que la crue moyenne du Chari est 7,70 m (1971) crue maximale 9,10 m (1961) et minimale 4,35 m (1972); le lac avait atteint son maximum en 1960–61, il a été stable en 1962–64 et diminué en 1965 et 1966 quand les crues étaient faibles. Avec les pluies cette année on a obtenu une cote encourageante en-dessous de la moyenne qui est de 7,30 m (1974).
La baisse du lac dès 1971 a provoqué de profondes modifications sur la végétation lacustre, entraïnant une rare action des macrophytes de bordure des anciens rivages, on a vu alors des développements d'Embadjs (Aeschynomene et Sesbania) et des cypéracées (Cyperus articulatus) sur des surfaces exondées; la décomposition des papyrus, Embadjs, Ipomées, etc., est un fléau pour l'oxygène absorbé, l'eau a la couleur du thé; beaucoup de variétés de poisson ont disparu de cette zone, sauf les silures et les polyptères. On constate un changement de la population faunique à cause des conditions chimiques de l'eau et de nutrition changées; par contre le nord du lac abonde en variétés (Lates, Heterotis, Citharinus, etc.).
Il y a rupture d'empoissonnement aussi en période de sécheresse à cause de l'El-Beïd qui n'a pas coulé et le niveau du lac qui a baissé considérablement, et les archipels favorables ne sont plus utilisés par les poissons à cause des mauvaises conditions.
La production totale, après être passée par un maximum, va décliner rapidement si la baisse du lac continue et les stocks seront considérablement amoindris à la veille de la remontée ultérieure des eaux lacustres.
Le Lac Tchad est un lac tropical plat; il faudrait donc que l'effort de pêche ne soit pas d'emblée trop important pour éviter une surexploitation menaçante.
Les données statistiques de base sont insuffisantes d'une part à l'heure actuelle et un écosystème en perpétuel changement où l'environnement ne peut être considéré comme stable que durant des périodes courtes.
Il faudra donc dans de telles conditions faire une estimation de production optimale équilibrée pour chaque état de lac, car quelle que soit son extension, le lac continuera à faire l'objet d'une exploitation maximale, la demande en protéines restant toujours forte.
Le rôle que la pêche joue au Tchad n'est plus à démontrer dans l'économie de notre pays et vu le potentiel actuel en poisson, l'importance de sa protéine, ce que représente cette source pour la subsistance locale et le commerce extérieur, le développement des pêches est une nécessité.
Le Lac Tchad est une importante source de protéines à base de poisson pour la population tchadienne. Avec la sécheresse la demande en poisson a augmenté et celle-ci se fait sentir de jour en jour; pour parer à cela il est important d'assurer une exploitation maximale des ressources du lac et ceci dans le cadre des possibilités biologiques du milieu et d'assurer une meilleure préparation du produit de la pêche pour éviter les énormes pertes constatées sur les marchés. Il faut donc l'aménager et l'exploiter d'une manière plus rationnelle.
Il faut développer les services de vulgarisation et d'encadrement en créant de nouveaux centres, introduire et concevoir des méthodes adaptables et améliorées pour la capture, la transformation et la préservation du poisson sans oublier la construction et la mécanisation des bâteaux.
Organiser la formation professionnelle et l'enseignement en matière de pêche à tous les niveaux.
Une étude dynamique des populations devrait être entreprise sur le Lac Fitri afin de connaître le potentiel de ce plan d'eau.
Il faut créer deux postes de statistiques de pêche.
Apprendre aux pêcheurs le procédé de salage-séchage, emploi des moyens modernes de pêches, conservation et commercialisation du poisson.
Envisager de grouper les pêcheurs en coopérative pour faciliter l'écoulement du produit vu la distance avec la capitale.
Ayant fait ces preuves nous demanderions une continuité pour une meilleure conservation et un gain certain pour tous.
Etude statistique sur la pêche dans le Lac Tchad.
Les pluies de cette année ont apporté un peu d'espoir; les fleuves Chari et Logone ont atteint un niveau supérieur aux années précédentes, les Yaérés sont inondées et l'El-Beïd va couler entraînant avec lui des quantités de jeunes poissons, malgré l'abondance pluie, le lac n'a pas atteint son niveau moyen. Si les années à venir ne nous apportent des crues importantes, il faut craindre des pêches miraculeuses dans le nord du lac où les eaux non réalimentées et l'évaporation que nous connaissons auront considérablement diminués la surface lacustre, ce qui serait préjudiciable, car le manque d'eau fera mourir beaucoup de poisson; des mesures adéquates seraient donc à envisager.
Les Lacs Tchad et Fitri sont une réalité, cependant plusieurs problèmes nous opposent pour le développement harmonieux des pêches et leur exploitation rationnelle.
Les obstacles au développement des pêches dans ces zones sont, d'abord, les moyens et ensuite, le personnel pour l'exécution des projets futurs. Le poisson, alimentation de choix, représente une source sûre de protéines pour la lutte contre la faim et le Lac Tchad, son réservoir, doit retenir l'attention des Organismes Internationaux pour que dans le cadre de la solidarité humaine nous puissions le mettre en valeur pour le bonheur de nos populations, de ceux de pays riverains et, pourquoi pas, de l'Afrique.