Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

La campagne et la ville sont deux facettes d’une même réalité spatiale et socio-temporelle mue par l’accroissement de la population. Elles ne s’opposent donc pas. Autant la campagne est indispensable, autant la ville l’est. Dans le processus, tout se passe comme si « la ville chasse la campagne ». Au départ, l’homme a toujours souhaité vivre dans un milieu qui lui procure à la fois habitat et vivres. La campagne, espace à faible densité de population, constitue de ce fait le cadre propice à ce mode de vie pour la population. Elle est l’espace cultivé, de production de vivres et de matières premières pour les villes, le siège de la demande de produits manufacturés et d’équipements agricoles et artisanaux produits en ville. Mais, à mesure que la population augmente, les besoins sociocommunautaires augmentent et obligent à repousser la campagne pour que prenne place la ville, espace habité, urbanisé. Car, avec l’élévation de la densité de la population, il faut plus d’habitations et d’infrastructures sociocommunautaires (écoles, centres de santé, police, justice, adduction d’eau, éclairage public, …). Cette évolution ou transformation de la campagne en ville par l’urbanisation se fait selon le degré d’organisation des pays.

Pour les pays bien organisés, tout est planifié en sorte que, malgré l’urbanisation, certaines fonctions rurales ne disparaissent pas totalement, et donc les activités agricoles et forestières continuent de se faire dans la ville avec une ampleur plus ou moins modeste. Ce sont des pays qui disposent d’un bon plan d’aménagement de l’espace, des pays qui anticipent bien. En réalité, l’urbanisation n’exige pas systématiquement la disparition de la production agricole ; surtout que les besoins alimentaires demeurent et sont même plus grands du fait de la forte population. Si l’urbanisation suit un tel schéma, la sécurité alimentaire est améliorée dans les villes qui se créent ainsi. C’est le cas des villes comme Abidjan en Côte d’Ivoire et Ibadan au Nigeria où se développent, en plus des activités maraîchères, des spéculations agricoles de grand champ comme le manioc et la banane plantain. Ce n’est en revanche pas le cas dans toutes les villes africaines, notamment Cotonou au Bénin et Ouagadougou au Burkina Faso. Dans la Commune d’Abomey-Calavi au sud-Bénin, des espaces anciennement réservés pour l’agriculture et la conservation de l’environnement (zone de cultures annuelles, …) sont morcelés et transformés presque totalement aujourd’hui en habitations.

Pour plus d'informations, un article publié dans la revue AGRIDAPE est joint à ce texte.