1 État des terres, des sols et de l’eau

1.5 Pollution de l’eau imputable à l’agriculture

La pollution de l’eau est en train de devenir un problème mondial, qui touche directement la santé, le développement économique et la sécurité alimentaire. Bien que d’autres activités anthropiques, comme les établissements humains (l’urbanisation) et l’industrie contribuent aussi pour une part importante à cette pollution, l’agriculture en est devenue la principale source dans de nombreux pays. La dégradation de la qualité de l’eau est une menace non négligeable pour la sécurité sanitaire des aliments et la sécurité alimentaire.

©FAO/Ivo Balderi
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©FAO/Aamir Qureshi
©FAO/Aamir Qureshi

Actuellement, on estime que quelque 2 250 km3/an d’effluents sont rejetés dans l’environnement: 330 km3/an d’eaux usées urbaines, 660 km3/an d’eaux usées industrielles (y compris de l’eau de refroidissement) et 1 260 km3/an d’eau de drainage des terres agricoles.

La capacité des sols à stocker, retenir et dégrader les contaminants transmis par l’eau ne suffit plus face aux traitements des sols appliqués par les humains sur les terres cultivées et les pâturages, de sorte que les niveaux élevés d’azote, de salinité et de demande biologique en oxygène (DBO) se généralisent.

L’utilisation dans l’agriculture d’engrais de synthèse contenant de l’azote réactif a continué d’augmenter depuis 2000, passant de presque 81 millions de tonnes à un pic de 110 millions de tonnes en 2017, avant des signes d’un léger recul en 2018. La production industrielle d’engrais et la fixation biologique de l’azote dans l’agriculture représentent 80 pour cent de la fixation anthropique de l’azote. Le taux de croissance mondiale de l’utilisation de phosphore dans l’agriculture n’est pas très important puisque la quantité utilisée est passée de 32 millions de tonnes en 2000 à un pic de 45 millions de tonnes en 2016, avant de baisser notablement. Les estimations indiquent que l’apport total de phosphore dans les cours d’eau qui résulte d’une utilisation anthropique est approximativement de 1,47 million de tonnes par an, 62 pour cent provenant de sources ponctuelles (domestiques et industrielles) et 38 pour cent de sources diffuses (agriculture). L’emploi de potasse à des fins agricoles a augmenté, passant de 22 millions de tonnes en 2000 à près de 39 millions de tonnes en 2018. L’impact sur l’eutrophisation de l’eau douce n’est pas caractérisé, comme il l’est pour l’azote et le phosphore, mais la potasse contribue à la salinité du fait du ruissellement.

Les autres problèmes particulièrement inquiétants sont la pollution causée par de nouveaux contaminants chimiques, comme les pesticides, les produits pharmaceutiques vétérinaires et le plastique, et la résistance potentielle aux antimicrobiens qui n’est actuellement que très peu réglementée ou surveillée. La carte S.11 présente les régions du monde où les pesticides sont un sujet de préoccupation.

CARTE S.11. RÉGIONS DU MONDE EXPOSÉES À UNE POLLUTION PAR LES PESTICIDES
Sources: Tang et al., 2021a; data from Tang et al., 2021b, modified to comply with UN, 2021.
Sources: Tang et al., 2021a; données tirées de Tang et al., 2021b, modifiée pour être mise en conformité avec UN, 2021.

Quelques faits relatifs aux terres et à l’eau

  • • À l’échelle mondiale, les cultures pluviales produisent 60 pour cent de l’alimentation et occupent 80 pour cent des terres cultivées. Les cultures irriguées, quant à elles, produisent 40 pour cent de l’alimentation et occupent 20 pour cent des terres.
  • • En 2000, les zones urbaines occupaient moins de 0,5 pour cent de la superficie émergée de la planète. Cependant, la croissance rapide des villes (en 2018, 55 pour cent de la population mondiale vivait en milieu urbain) a eu des conséquences notables sur les ressources en terres et en eau, en empiétant sur de bonnes terres agricoles.
  • • Environ 33 pour cent de nos sols sont modérément à fortement dégradés.
  • • L’érosion emporte entre 20 et 37 milliards de tonnes de terre végétale par an, ce qui réduit les rendements des cultures et la capacité du sol à stocker le carbone, les éléments nutritifs et l’eau et à participer aux cycles de ces différents éléments. Les pertes annuelles de production céréalière dues à l’érosion ont été estimées à 7,6 millions de tonnes.
  • • Toujours à l’échelle mondiale, l’agriculture consomme 72 pour cent du total des prélèvements d’eau de surface et d’eau souterraine, principalement à des fins d’irrigation.
  • • L’indicateur 6.4.2 des ODD, qui porte sur le stress hydrique, a augmenté, de 17 pour cent en 2017 à 18 pour cent en 2018, avec des variations notables selon les régions.
  • • Les prises de poisson dans les eaux intérieures ont atteint 11,9 millions de tonnes au total en 2019, soit 13 pour cent de la production mondiale des pêches de capture. Sur le total mondial des prises de poisson, 80 pour cent ont été réalisées par 17 pays seulement. L’Asie arrive en tête des captures continentales, avec 66 pour cent du total mondial des prises.