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GUYANE Des pêcheurs sur de petites embarcations ont amarré dans un site de débarquement estuarien – FISH4ACP améliore la chaîne de valeur. ©FAO/Nieuw Image Media

Panorama de la pêche et de l’aquaculture mondiales

Il est de plus en plus reconnu que les secteurs de la pêche et de l’aquaculture contribuent de façon significative à la sécurité alimentaire et à la nutrition mondiales en ce début du XXIe siècle. Si l’on veut que cette contribution puisse se développer, il faut accélérer la mise en œuvre des transformations nécessaires à l’instauration d’une pêche et d’une aquaculture mondiales durables et équitables, en faisant évoluer les politiques, la gestion, l’innovation et l’investissement. Le rapport 2022 sur La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture1 présente des statistiques actualisées et vérifiées2 sur le secteur (encadré 1) et analyse le cadre d’action international dans lequel celui-ci s’inscrit, ainsi qu’une sélection d’initiatives et de mesures à fort impact visant à accélérer les efforts déployés à l’échelle internationale pour soutenir la réalisation des objectifs de développement durable. Il examine les effets et les conséquences de la pandémie de covid-19 sur la production halieutique et aquacole3 et sur l’utilisation et le commerce de leurs produits.

Encadré 1 Plus de sept décennies de statistiques de la FAO sur les pêches et l’aquaculture: 1950-2020

Les statistiques font partie des fonctions essentielles de la FAO. Depuis sa fondation, l’Organisation a notamment pour mandat, au titre de l’article premier de son Acte constitutif1, de recueillir, de regrouper, d’analyser et de diffuser des informations sur la nutrition, l’alimentation et l’agriculture. Le système de statistiques de la FAO joue un rôle essentiel dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation, ses données complètes et de grande qualité permettant aux pays de prendre des décisions éclairées dans le cadre de leurs politiques visant à éliminer la faim et à encourager une utilisation durable des ressources naturelles. L’Organisation offre en particulier la seule source de statistiques sur les pêches et l’aquaculture à l’échelle planétaire, FishStat, qui constitue un bien public mondial unique pour l’analyse et le suivi du secteur. Ces statistiques sont organisées en différentes collections de données (production halieutique et aquacole, transformation, commerce, flotte, emploi et consommation) librement accessibles, sous divers formats et dans un éventail d’outils et de produits, par pays ou groupes de pays, espèces ou groupes d’espèces, environnement d’exploitation, etc. L’année 2022 marque une étape importante pour la FAO, la période 19502020 étant désormais couverte dans la majeure partie des ensembles de données statistiques sur les pêches et l’aquaculture – soit la plus longue série chronologique de tous les ensembles de données statistiques publiés par l’Organisation. Une série d’initiatives, notamment des ateliers et des publications spéciales, va célébrer cet événement majeur, l’objectif étant de renforcer les interactions et le dialogue avec les Membres et les utilisateurs afin de répondre à leurs besoins.

Les statistiques halieutiques et aquacoles de la FAO reposent principalement sur les données recueillies chaque année auprès de sources nationales au moyen des questionnaires associés à chaque ensemble de données et sur les informations communiquées par les pays. Tous les ans, les pays sont invités à fournir les informations relatives à l’année écoulée, et à valider et réviser les données des années les plus récentes. La qualité des statistiques de la FAO dépend fortement de l’exactitude et de la fiabilité des données recueillies et transmises par les pays. La FAO s’efforce de valider et de garantir la validité des données officielles qu’elle reçoit. Ces statistiques sont soigneusement analysées et recoupées avec différents ensembles de données et les autres informations disponibles. Lorsque des anomalies ou des lacunes sont mises en évidence, la FAO collabore avec les pays concernés pour examiner les problèmes et trouver des moyens de les résoudre. L’Organisation s’assure ainsi de la cohérence des données officielles qu’elle diffuse.

La résolution des incohérences dans les données peut cependant être un processus laborieux et de longue haleine. Le cas échéant, l’Organisation procède à des estimations (signalées par la mention «E») dans les bases de données et les statistiques publiées. Cela incite souvent les pays à apporter des corrections; ils sont nombreux à avoir ainsi collaboré avec la FAO pour résoudre les problèmes de fiabilité de leurs statistiques halieutiques et aquacoles.

Les statistiques nationales communiquées par les pays sont la principale – mais pas la seule – source de données utilisée par la FAO pour alimenter et actualiser ses bases de données sur la pêche et l’aquaculture. Les statistiques fournies par les autorités nationales sont complétées et, dans certains cas, remplacées par d’autres données plus fiables, notamment les volumes de captures communiqués par les organes régionaux des pêches (ORP). Le Groupe de travail chargé de coordonner les statistiques des pêches, à sa dix-huitième session (en 1999)2, a recommandé à ses membres «de considérer, de manière générale, l’organe régional – qui est chargé d’évaluer les stocks – comme la source la plus fiable de données», considérée comme fournissant les «meilleures estimations scientifiques». Conformément à cette recommandation, la FAO compare régulièrement les données relatives aux captures qu’elle reçoit des bureaux nationaux à celles validées par les ORP, notamment pour les thonidés et les espèces apparentées.

En l’absence de données ou en cas de lacunes, la FAO procède à des estimations à partir des meilleures informations fournies par d’autres sources, notamment les ORP pour ce qui concerne les pêches de capture. En sa qualité d’organisme chef de file pour la collecte et la diffusion de statistiques mondiales sur les pêches et l’aquaculture, la FAO est tenue de produire des estimations pour l’ensemble des pays qui ne communiquent pas de données ou dont les données sont partielles, afin de pouvoir présenter des agrégats pertinents aux niveaux mondial, régional et national. Cette activité est particulièrement importante au regard de la mission essentielle consistant pour la FAO à établir les bilans alimentaires qui permettent d’évaluer la situation de l’approvisionnement alimentaire dans les pays et de suivre l’évolution des disponibilités alimentaires et de la sécurité alimentaire.

Il est essentiel de connaître la situation et l’évolution de la chaîne de valeur dans sa totalité pour élaborer des politiques solides et pour évaluer et suivre les résultats en matière de gestion des pêches et de l’aquaculture. La FAO est particulièrement attentive à apporter des améliorations substantielles dans les détails fournis par espèce et par pays. En même temps, la demande pour des statistiques plus détaillées et ponctuelles par secteur et aux niveaux national et infranational a fortement augmenté.

L’élaboration des politiques et la planification sont souvent entravées par des informations insuffisantes. Pourtant, peu d’améliorations notables concernant la disponibilité générale de données ont été constatées au cours des deux dernières décennies dans de nombreux pays en raison d’un manque de ressources humaines et financières. C’est notamment le cas des statistiques sur la pêche artisanale et la pêche de subsistance. Il manque en outre de nombreuses statistiques cruciales au niveau mondial, notamment sur les conditions économiques et sociales, les rejets de poisson et la capacité de pêche.

La FAO ne communique pas uniquement des données aux fins du suivi au niveau mondial, elle joue également un rôle essentiel en apportant à de nombreux pays des services d’assistance technique et de renforcement des capacités dans le domaine des statistiques sur les pêches, en élaborant des méthodes et des normes applicables aux statistiques dans le domaine des pêches et de l’aquaculture et en facilitant la coopération internationale par l’intermédiaire du Groupe de travail interorganisations chargé de coordonner les statistiques des pêches, créé en 1960, et dont la FAO assure le secrétariat. La FAO est fermement convaincue que la collaboration avec les pays est le seul moyen efficace d’améliorer les statistiques des pêches et de l’aquaculture. Le but est essentiellement d’appuyer des politiques qui correspondent aux besoins nationaux en matière de gestion des pêches et de l’aquaculture, mais aussi de répondre aux besoins des ORP et de l’Organisation. Toutefois, la FAO reconnaît que les améliorations dans les principaux programmes nationaux de collecte de données demandent des ressources financières, humaines et technologiques, si l’on veut que les pays puissent renforcer convenablement leurs capacités pour mettre en œuvre et entretenir les processus souvent complexes et demandeurs de ressources que sont la collecte des données, leur traitement et les systèmes de notification.

La production mondiale d’animaux aquatiques de 2020 est estimée à 178 millions de tonnes, un léger recul par rapport au record absolu atteint en 2018, avec 179 millions de tonnes (tableau 1 et figure 1). La pêche de capture a contribué à ce chiffre à hauteur de 90 millions de tonnes (51 pour cent) et l’aquaculture, à hauteur de 88 millions de tonnes (49 pour cent). Sur le total produit, 63 pour cent (112 millions de tonnes) l’ont été en mer (70 pour cent par la pêche de capture et 30 pour cent par l’aquaculture) et 37 pour cent (66 millions de tonnes) dans les eaux continentales (83 pour cent par l’aquaculture et 17 pour cent par la pêche de capture). La valeur totale de la production mondiale à la première vente est estimée à 406 milliards d’USD, dont 141 milliards pour la pêche de capture et 265 milliards pour l’aquaculture. Outre la production d’animaux aquatiques, 36 millions de tonnes (poids frais) d’algues3 ont été produites en 2020, dont 97 pour cent par l’aquaculture, essentiellement la mariculture.

TABLEAU 1LA PÊCHE ET L’AQUACULTURE DANS LE MONDE: PRODUCTION, UTILISATION ET COMMERCE1

SOURCE: FAO.
1 Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les alligators, les caïmans et les algues. Les chiffres ayant été arrondis, la somme ne correspond pas toujours au total.
2 Les données relatives à l’utilisation pour la période 2018-2020 sont des estimations provisoires.
3 Source des données sur la population: ONU. 2019. 2019 Revision of World Population Prospects. In: ONU. New York. https://population.un.org/wpp (page web consultée le 22 avril 2022).
SOURCE: FAO.

Figure 1Production halieutique et aquacole mondiale

SOURCE: FAO.
NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les alligators, les caïmans et les algues. Les données sont exprimées en équivalent de poids vif.
SOURCE: FAO.

Sur le volume total d’animaux aquatiques produit, plus de 157 millions de tonnes (89 pour cent) ont été utilisées pour la consommation humaine. Les 20 millions de tonnes restantes ont servi à des fins non alimentaires, principalement pour produire de la farine de poisson et de l’huile de poisson (16 millions de tonnes, soit 81 pour cent) (figure 2).

Figure 2Production halieutique et aquacole mondiale: utilisation et consommation apparente

SOURCE: FAO.
NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les alligators, les caïmans et les algues. Source des données sur la population: ONU. 2019. 2019 Revision of World Population Prospects. In: ONU. New York. https://population.un.org/wpp (page web consultée le 22 avril 2022).
SOURCE: FAO.

La consommation apparente3 mondiale de produits alimentaires d’origine aquatique3 a progressé au taux annuel moyen de 3,0 pour cent de 1961 à 2019, soit presque deux fois le rythme annuel d’accroissement de la population mondiale (1,6 pour cent) au cours de la même période. La consommation par habitant de produits alimentaires issus d’animaux aquatiques a augmenté de 1,4 pour cent par an environ, passant de 9,0 kg (en équivalent de poids vif) en 1961 à 20,5 kg en 2019. Les données préliminaires pour 2020 indiquent un léger recul, à 20,2 kg. Cette même année, l’aquaculture a produit 56 pour cent du volume total de produits alimentaires issus d’animaux aquatiques destinés à la consommation humaine. Au cours des dernières décennies, la consommation par habitant de produits alimentaires issus d’animaux aquatiques a été très nettement influencée par l’augmentation des disponibilités alimentaires, l’évolution des préférences des consommateurs, les progrès technologiques et la croissance des revenus.

Les produits alimentaires d’origine aquatique font toujours partie des produits alimentaires les plus échangés dans le monde, puisqu’en 2020, on comptait 225 États et territoires déclarant une activité commerciale afférente aux produits halieutiques et aquacoles4. Les exportations mondiales de produits d’origine aquatique4, à l’exclusion des algues, ont totalisé 60 millions de tonnes environ (poids vif) en 2020, pour une valeur de 151 milliards d’USD (tableau 1). Ce chiffre dénote un recul important (de 8,4 pour cent en valeur et 10,5 pour cent en volume) par rapport au chiffre record de 67 millions de tonnes (165 milliards d’USD) atteint en 2018. Globalement, de 1976 à 2020, la valeur des exportations mondiales de produits halieutiques et aquacoles (à l’exclusion des algues) a progressé à un taux annuel moyen de 6,9 pour cent en valeur nominale et de 3,9 pour cent en valeur réelle (corrigée de l’inflation), ce qui correspond à un taux de croissance annuel de 2,9 pour cent en volume pour cette même période.

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