FAO au Cameroun

Une stratégie nationale pour combattre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée au Cameroun

25/03/2022

La FAO accompagne le pays dans la formulation d’un plan d’action visant le respect de l'Accord de 2009, relatif aux mesures du ressort de l'Etat du port (AMREP).

Au Cameroun, la question de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) est lancinante et ses conséquences, considérables tant sur le plan social, économique, qu’environnemental. Il s’agit d’un fléau mondial qui s’opère aussi bien en haute mer que dans les eaux sous juridiction nationale et pourrait être associé au crime organisé.

Bien qu’il se soit engagé en 2009 à respecter la politique de la FAO visant à prévenir, contrecarrer et éliminer les pêches INN, le Cameroun s’est récemment vu administrer un carton jaune de l’Union européenne (UE). Cet avertissement est fondé sur l'identification de lacunes dans la capacité du pays à respecter, en sa qualité d'État du pavillon, d’État côtier, d'État du port et d'État de commercialisation, les normes établies par le droit international de la mer.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) propose d’assister le Cameroun à travers une évaluation participative des capacités, besoins et écarts des instruments politiques, juridiques et de suivi, contrôle surveillance en matière de lutte contre la pêche INN, en vue d’en favoriser la mise en œuvre systématique.  C’est ainsi que du 7 au 11 mars 2022, la FAO a facilité un atelier de formulation d’une stratégie nationale et d’un plan d’action visant à éliminer la pêche INN au Cameroun. Cet atelier national était financé par l’Union Européenne et s’est déroulé à Douala, en présence des représentants des différentes administrations nationales, parties prenantes à la filière. 

Mutualiser les efforts pour le respect de l’AMREP

Face à l’immensité des mers et océans, aucun pays et encore moins aucun secteur pris individuellement ne peut à lui seul lutter contre la pêche INN. La rencontre des différentes administrations impliquées dans le suivi, le contrôle et la surveillance des activités de pêche à Douala a permis de mettre en commun les efforts et les avantages comparatifs de toutes les parties prenantes de la chaine de valeur. Structuré en plusieurs sessions, l’atelier national a porté sur des présentations et des discussions techniques complétées par des séances de groupes de travail. Les échanges ont permis d’aborder diverses thématiques, entre autres, le cadre international de la lutte contre la pêche INN, la gouvernance et la gestion durable des pêches aux niveaux national et régional, les mesures relatives à l’Etat du port et celles liées au commerce.

Au terme des travaux, les recommandations ont relevé les manquements liés aux aspects institutionnels, politiques, légaux et opérationnels. Elles visent entre autres la modernisation du cadre juridique camerounais pour prendre en compte les instruments internationaux visant à lutter contre la pêche INN, le renforcement des capacités de tous les personnels impliqués, la mise en œuvre d’une coopération efficace entre les administrations concernées et la révision de la politique de développement du Pavillon.

Pour le Capitaine de corvette Yves Itondo participant à l’atelier, ces travaux viennent poser les jalons pour que «chacune des administrations représentées puisse considérer que c’est un départ pour le combat contre la pêche INN au Cameroun et autres exploitations abusives des eaux ».

Combattre la pêche INN pour une meilleure conservation et la gestion durable de nos océans

Selon l’UE, « La pêche illicite, non déclarée et non réglementée constitue l'une des menaces les plus graves qui pèsent sur l'exploitation durable de la mer, représentant un danger majeur pour le milieu marin, la durabilité des stocks halieutiques et la biodiversité marine. » Au Cameroun, le Dr Guy Iréné Mimbang, Directeur des pêches, de l’aquaculture et des industries halieutiques au Ministère de l’élevage, des pêches et industries animales (MINEPIA) rassure que des actions sont d’ores et déjà mises en œuvre pour éliminer ce fléau, en collaboration avec d’autres administrations. Il s’agit notamment de la mise en œuvre d’un protocole d’accord entre le MINEPIA et le Ministère de la défense, pour capitaliser les efforts de lutte contre la pêche INN, dont les premiers résultats sont jugés encourageants par la partie nationale.

Sur financement de l’Union européenne et en collaboration avec le Ministère de l’élevage, des pêches et industries animales (MINEPIA), la FAO contribue également à la lutte nationale contre la pêche INN. L’atelier de lancement à Douala initie ainsi le projet de mise en conformité du cadre juridique et opérationnel camerounais avec les instruments internationaux et les mécanismes régionaux de lutte contre la pêche INN, et notamment l’accord sur les mesures du ressort de l’Etat du port (AMREP) au Cameroun, pour une pêche plus productive et durable.