Les chameaux bactriens – Une ressource inestimable dans le désert de Gobi
Le désert de Gobi, entre le sud de la Mongolie et le nord de la Chine, est l’un des environnements les plus hostiles au monde. Les températures peuvent descendre en dessous de -40°C la nuit et monter jusqu’à 50°C le jour. Malgré ces extrêmes, les chameaux bactriens (Camelus bactrianus) s’en sortent bien ici grâce à leur fourrure, longue et épaisse pendant les mois d’hiver mais courte et fine pendant les mois d’été. Ce trait adaptatif a fait de ces animaux une ressource très précieuse pour les éleveurs nomades qui résident dans cette région inhospitalière (FAO, 2010). En fait, les chameaux bactriens sont les seuls grands animaux adaptés à l’élevage dans cette région. Le chameau bactrien peut vivre jusqu’à 40 ans et, pour de nombreux habitants de la région, il est essentiel pour l’approvisionnement en peaux et en lait, ainsi que pour le transport. En outre, la laine de chameau bactrien possède de nombreuses propriétés bénéfiques. En plus d’offrir une excellente isolation dans des conditions météorologiques extrêmes, la laine a des propriétés hypoallergéniques, ne forme pas de petites boules de fibres, fréquentes dans de nombreux produits tricotés, et se trouve naturellement dans une large palette de couleurs différentes. Par ailleurs, outre ces caractéristiques économiques et textiles favorables, les chameaux bactriens jouent un rôle irremplaçable dans l’environnement et l’écosystème de Gobi. Ils broutent un buisson appelé saxaul et, par leur fumier, ils contribuent à la dispersion des graines du buisson, favorisant ainsi l’apparition de nouvelles forêts de saxaul. Ce service écosystémique aide à freiner l’accroissement de la désertification, ce qui constitue un problème environnemental croissant dans le Gobi. Les forêts de saxaul sont essentielles pour atténuer l’érosion causée par le vent, pour retenir l’humidité dans l’air et pour protéger les autres espèces de plantes contre le vent. De plus, les arbustes sont surexploités pour le bois de chauffage, ce qui rend le rôle des chameaux dans la propagation des forêts d’autant plus crucial.
Malgré leur importance vitale pour les habitants de Gobi et pour le désert lui-même, le nombre de chameaux en Mongolie a considérablement diminué au cours du dernier demi-siècle, passant de plus de 900 000 en 1950 à seulement 250 000 en 2002. Cette baisse résulte en partie de la politique gouvernementale des années 1990 qui limitait le nombre d’animaux d’élevage pouvant être possédés par un ménage. Cette politique n’a pas amélioré les conditions de pauvreté et de famine généralisées qui régnaient dans tout le pays à cette époque. Avec peu d’autres options, de nombreux Mongols ont choisi de manger de la viande de chameau, même si la consommation de cette viande constituait depuis longtemps un tabou. Reconnaissant le rôle essentiel que joue le chameau dans la vie en Mongolie, le gouvernement national a maintenant commencé à mettre en œuvre des programmes, comme celui du district de Gurvantes, qui récompense monétairement les éleveurs de chameaux pour chaque nouveau chameau né et sensibilise à la nécessité de leur conservation. Depuis 2007, la population de chameaux a cessé de décliner grâce à des programmes tels que le système de récompense monétaire. Ces programmes gouvernementaux, ainsi que d’autres efforts internationaux d’organisations non gouvernementales, assurent l’avenir des chameaux et des personnes qui en dépendent.
Sources: LPP, LIFE Network, UICN–WISP et FAO. 2010. Donner de la valeur ajoutée à la diversité du bétail – Commercialiser pour promouvoir les races locales et améliorer les moyens d’existence. FAO Production et Santé Animales Étude. Nº. 168. Rome.
Crédit de la photo: DAD-IS
Document connexe: https://www.fao.org/3/i1283f/i1283f.pdf