Poules indigènes à double aptitude pour la production biologique
De nombreuses races anciennes de poules indigènes allemandes sont menacées d’extinction. Leur élevage n’est pas économiquement viable, même pas en production biologique, puisque le marché est dominé par un petit nombre de souches modernes de poules hybrides hautement productives spécialisées soit dans la ponte, soit dans la production de viande. Outre la perte de biodiversité qu’entraînerait l’extinction de ces races anciennes, se pose le problème éthique de l’abattage des poussins mâles des lignées de poules pondeuses. Le projet « RegioHuhn », financé par le Programme Fédéral pour l’Agriculture Biologique et Autres Formes d’Agriculture Durable (BÖLN), cherche à trouver des solutions à ces problèmes. Le Centre d’Information et de Coordination pour la Diversité Biologique (IBV) du Bureau Fédéral pour l’Agriculture et l’Alimentation (BLE) a soutenu le développement du projet en réunissant divers acteurs impliqués.
Le projet, d’une durée de trois ans, étudiera, dans des conditions de production biologique, les performances de six races locales menacées de poules, telles que la poule Mouette de la Frise orientale ou la poule de Malines. Par croisements, de nouvelles poules à double aptitude seront créées, donnant lieu à une production avicole économiquement intéressante dans un contexte agricole régional. À travers ce projet, l’Institut Friedrich-Loeffler pour la Génétique des Animaux d’Élevage à Mariensee (FLI-ING), en collaboration avec l’Institut d’État bavarois pour l’agriculture (LfL/BaySG Kitzingen), l’Université de Bonn et le service de conseil expert de Naturland, vise à montrer, à l’échelle régionale, de nouvelles voies pour une production plus durable.
Conserver la diversité des races régionales – assurer la durabilité de l’aviculture
Comme souligne le chef du projet, le professeur Dr. Steffen Weigend de l’Institut Friedrich-Loeffler, « la meilleure façon de conserver la diversité des races locales de poules, c’est en utilisant celles-ci ». Au FLI-ING, la recherche se concentre sur les races locales Mouette de la Frise orientale et Ramelsloher, au LfL Kitzingen les races Altsteirer et Augsburger sont étudiées et à l’Université de Bonn la recherche porte sur la race Bielefelder Kennhuhn et la poule de Malines. Des éleveurs privés collaborent au projet en fournissant des œufs à couver.
Ces races anciennes de poules se caractérisent principalement par leur grande rusticité mais, en tant que poules traditionnelles à double aptitude, elles sont bien en deçà, en termes de performances, par rapport aux souches modernes de ponte et d’engraissement. Par conséquent, en croisant ces volailles indigènes avec des animaux de lignées hautement productives, les croisements dits utilitaires seront créés. Les animaux croisés feront l’objet d’un contrôle des performances dans lequel seront évalués aussi bien des paramètres liés à la ponte que des paramètres en rapport avec l’aptitude à l’engraissement.
Évaluation en conditions pratiques de l’élevage et de la commercialisation au niveau régional
« Nous espérons trouver des poules à double aptitude performantes et faciles à élever », explique Werner Vogt-Kaute du service de conseil de Naturland. Afin de s’assurer que le projet a une applicabilité pratique, plusieurs exploitations de Naturland qui élèvent des volailles et font de la commercialisation directe participeront au projet. Les exploitations de Naturland contribueront à l’évaluation des performances des animaux et de la commercialisation des produits au niveau régional.